L’assassinat de Clément Méric, militant antifasciste, a remis sur le devant de la scène la violence d’extrême droite.
Cet acte révoltant n’est pas isolé et fait suite à une série d’agressions ces derniers mois : passage à tabac et intimidations dans les milieux gays, incendies de camps de Rroms, molestation d’immigrés et plus particulièrement de femmes voilées… Ces passages à l’acte se sont multipliés avec les manifestations contre le mariage pour tous qui ont été l’occasion pour la droite et l’extrême droite, unies dans l’agitation réac- tionnaire, de reprendre la rue. En marge des cortèges, les groupes fascisants ont pris de l’assurance.La montée de l’extrême droite s’observe aussi sur le terrain électoral comme en attestent les résultats des législatives partielles dans la deuxième circonscription de l’Oise en mars 2013, où la candidate du FN Florence Italiani avait remporté 48, 4 % des suffrages au deuxième tour, devancée de peu par l’UMP, et ceux du candidat FN à Villeneuve sur Lot, l’ex-fief de Jérôme Cahuzac.
Un terrain labouré par le PS et l’UMP La montée de l’extrême droite est le résultat de la politique de l’UMP et du PS, à plus d’un titre. Renoncements et démagogie sur le terrain de l’immigration, devenue depuis des années un « problème », où les « pains au chocolat » de Coppé et les « auvergnats » d’Hortefeux se mêlent aux expulsions de sans-papiers et aux destructions de camps de Rroms, quelle que soit la couleur politique du ministre de l’Intérieur. Mais c’est peut-être plus encore sur le terrain social que les dégâts faits par le PS et l’UMP pro- fitent à l’extrême droite. Marine Le Pen, triomphale, déclarait en mars que « le FN devient aux yeux des Français, (…) le parti de l’espérance face à l’UMPS ».
Et en effet, quelle différence y a-t-il dans la politique mise en œuvre par Hollande par rapport à celle de Sarkozy ? La liste de mesures anti-ouvrières s’allonge sans cesse et dans le même temps les cadeaux aux privilégiés sont légion. Marine Le Pen a beau jeu de dénoncer les affaires et la « classe politique » auquel, au demeurant, elle appartient totalement. Reste que la démagogie de l’extrême droite trouve l’oreille et la sympathie de couches non négligeables de la population sur fond de déception et d’aggravation des conditions de vie qui laissent le champ libre aux « tous pourris », « tous pareils ».
Faire reculer l’extrême-droite Les réactions provoquées par l’assassinat de Clément Méric sont loin d’être à la hauteur, mais fort heu- reusement, dès le lendemain de son agression, puis dans les jours qui ont suivi, il y a eu des rassemblements de plusieurs milliers de personnes pour protester contre la menace que représente l’extrême droite. Mais c’est à une toute autre échelle qu’il faudra se mobiliser pour faire reculer le FN et les groupuscules fascisants.
Au quotidien, sur nos lieux de travail, dans les quartiers, il y a une lutte idéologique à mener contre tous les préjugés qui font le lit de l’extrême droite, relayés bien au-delà de ses rangs, contre les immigrés, les étrangers, les gays, les femmes…A chaque attaque ou pro- vocation de l’extrême-droite, il devient nécessaire de répondre le plus largement possible, en cherchant à gagner une majorité de la popu- lation à ce combat pour en dévoiler le caractère politique. Dès à présent, il faut aussi commencer à assurer l’autodéfense contre les exactions commises par des groupuscules fascistes partout où elles ont lieu. Ces tâches doivent être prises en charge par les organisations politiques, syndicales, associatives qui se retrouvent sur le terrain de la lutte contre l’extrême droite afin de se donner les moyens d’agir ensemble.
Mais parallèlement, alors que la crise et les politiques d’austérité divisent et précarisent, il est nécessaire que le mouvement ouvrier reprenne la main sur le terrain social pour empêcher les licenciements, pour contraindre le patronat à de réelles augmentations de salaires, mette à mal les projets gouvernementaux sur les retraites… C’est alors seulement que nous serons en mesure de voir réellement reculer l’influence de masse qu’a gagné l’extrême droite. Combien de temps encore laissera-t-on une grande bourgeoise comme Marine Le Pen se faire le chantre du « petit peuple » ? Combien de temps notre faiblesse laissera-t-elle la place à cette imposture ? Chaque recul que le mouvement ouvrier subit créé le terrain de la désespérance sur laquelle progresse l’extrême-droite.
Les organisations du mouvement ouvrier portent une importante responsabilité pour que notre camp social reprenne confiance en ses forces et développe ses propres perspectives politiques. Ne pas organiser de riposte aux mauvais coups du patronat et du gouvernement permet à l’extrême droite de gagner du terrain. C’est dès maintenant que cela se prépare.
Par Jihane Halsanbe Publié dans : Revue Tout est à nous ! 45 (juillet 2013)
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