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26 février 2023 ~ 0 Commentaire

un an après (solidarités ch)

ukraine-r

SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE UKRAINIEN UN AN APRÈS L’INVASION DES TROUPES RUSSES

Depuis l’invasion du territoire ukrainien par les troupes russes le 24 février 2022, c’est une guerre totale qui est menée par le régime de Poutine et ses généraux contre le peuple ukrainien.

L’« opération spéciale » qui avait comme but explicite de renverser le gouvernement ukrainien et de détruire la République d’Ukraine comme entité indépendante a été tenue en échec par la résistance admirable du peuple ukrainien.

Le gouvernement de Poutine prolonge depuis une année cette guerre de conquête avec la volonté d’annexer une grande partie du territoire ukrainien. Cette guerre provoque des victimes par dizaines de milliers, le déplacement de millions de personnes, des dommages immenses sur le territoire de l’Ukraine.

Les forces d’invasion russes commettent des crimes de guerre, et par leur caractère systématique, des crimes contre l’humanité, comme la destruction des infrastructures vitales, les déplacements forcées et la déportation de population, y compris des enfants. Sans oublier les viols massifs.

Le peuple ukrainien se bat pour la défense de ses droits et de ses libertés. Ce combat est aussi le nôtre, ici, contre toutes les formes de domination, contre tous les impérialismes, pour nos droits et libertés démocratiques.

En Russie même, des gens sont enrôlés de gré ou de force pour faire une guerre à laquelle des centaines de milliers de personnes cherchent à se soustraire et/ou courageusement s’y opposent frontalement.

Pour le mouvement solidaritéS, une paix durable ne pourra s’établir que sur la base d’un retrait de toutes les troupes d’invasion de tout le territoire de l’Ukraine, le retour dans des conditions de sûreté garantie, de tou-te-x-s les réfugié-e-x-s et des personnes déplacées.

C’est au peuple ukrainien de définir à quelles conditions des négociations pour une solution pacifique, fondée sur le droit à l’autodétermination des peuples, peuvent être engagées. Alors que se poursuit l’agression de Poutine et de son armée, solidaritéS soutient le droit à l’Ukraine d’obtenir les armes dont elle a besoin pour sa défense.

Dans la perspective de l’après-guerre en Ukraine et dans l’intérêt de sa population, le mouvement solidaritéS appelle à l’annulation de toutes les dettes contractées par l’Ukraine dans le cadre de l’aide obtenue durant cette guerre.

SolidaritéS dénonce les contorsions de la Suisse officielle relatives aux sanctions à l’égard du régime de Poutine et de ses oligarques. Sous prétexte de neutralité, les milieux économiques et bancaires, avec l’appui du Conseil fédéral, contribuent au financement de la machine de guerre de Poutine.

La Suisse, ses banques, sont un véritable paradis fiscal utile à tous les fauteurs de guerre et à toutes les dictatures de la planète. Seuls 3% des 150 à 200 milliards de francs appartenant aux oligarques russes sont gelés dans les banques helvétiques !

Plaque tournante du négoce des matière premières, la place financière helvétique continue à être utilisée par la Russie de Poutine. Et les entreprises suisse et russes produisant des composantes à double usage, militaire et civil, poursuivent leurs activités et leurs relations, contournant ainsi le prétendu régime des sanctions.

solidaritéS Lausanne, le 22 février 2023

https://solidarites.ch/

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25 février 2023 ~ 0 Commentaire

ukraine (courrier)

prague
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Venus de Russie ou d’Asie centrale, ils se vengent de Moscou en combattant pour l’Ukraine

Tchétchènes, Tatars de Crimée, Géorgiens, Biélorusses, Ouïghours et Kirghiz viennent grossir les rangs des bataillons de volontaires en Ukraine pour précipiter la défaite de la Russie sur le terrain, tout en rêvant de renverser Poutine.

Région de Kiev, Ukraine – La détonation sèche d’un fusil de précision retentit dans la vallée enneigée. Des soldats camouflés de blanc s’accroupissent et ouvrent le feu vers la hauteur qui leur fait face pour couvrir quatre hommes en train d’évacuer un blessé.

Cet exercice à balles réelles, destiné à de nouvelles recrues, a lieu un matin près de Kiev, la capitale ukrainienne. Mais l’affaire a quelque chose d’inhabituel. Si c’est un officier de l’armée ukrainienne qui donne les ordres, les hommes à l’entraînement sont membres d’un bataillon de volontaires tchétchènes, accompagnés de quelques Tatars de Crimée et d’Ukrainiens.

Des milliers de volontaires venus de l’étranger

Depuis longtemps déjà, l’état-major ukrainien affirme ne pas manquer de soldats, ce qui ne l’a pas empêché d’accueillir dans les rangs de son armée des milliers de volontaires, dont des ressortissants étrangers.

Beaucoup d’entre eux, comme les Tchétchènes, sont des réfugiés qui ont fui la Russie elle-même. D’autres viennent de pays environnants, comme la Géorgie, connus pour leur opposition à Moscou et au régime du président Vladimir Poutine. “On a vu ce qui était en train de se passer, explique Mouslim Madiyev, adjoint au commandant du bataillon tchétchène à la barbe grisonnante, qui porte un protège-oreille pour atténuer le bruit des tirs tandis qu’il observe l’exercice. L’Ukraine ne manque pas d’hommes, mais nous devons nous engager et participer à cette guerre.”

Beaucoup de volontaires vivaient déjà en Ukraine, que ce soit pour travailler ou pour échapper à la répression politique dans leur pays d’origine. Quelques-uns ont peiné à obtenir un visa et des permis de séjour, et leur désir de se battre a éveillé les soupçons de certains officiers et représentants des autorités ukrainiennes, qui se méfient particulièrement des tentatives d’infiltration.

Séparatistes tchétchènes et combattants biélorusses

Mais les volontaires semblent avoir trouvé leur place. Madiyev, vétéran des deux guerres tchétchènes contre Moscou, était un proche de Djokhar Doudaïev, l’ancien général soviétique qui avait gouverné la Tchétchénie lors de sa tentative d’indépendance dans les années 1990.

En exil, Madiyev s’est installé en Ukraine en 2016. Son bataillon, qui porte le nom du défunt dirigeant tchétchène, compte parmi les différentes unités tchétchènes qui ont rallié l’Ukraine dans son combat contre la Russie ces dernières années, dans le sillage du soulèvement des séparatistes soutenus par Moscou dans l’est du pays et de l’annexion de la Crimée en 2014. Madiyev refuse de dire combien de combattants il commande, et se contente de répondre : “Nous en avons assez.”

Il parle de l’invasion russe comme le font beaucoup d’Ukrainiens, affirme que si l’on n’arrête pas le Kremlin en Ukraine, il menacera bien d’autres pays d’Europe. Les combattants plus jeunes de son bataillon vont plus loin. “Notre objectif, c’est de libérer la république tchétchène d’Itchkérie, déclare l’un d’eux. (Payant)

15 janvier 2023

https://www.courrierinternational.com/

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25 février 2023 ~ 0 Commentaire

ukraine (quimper)

dz

250 personnes en soutien à la résistance du peuple ukrainien ce vendredi soir à kemper, les panneaux du NPA outre le soutien à nos camarades du mouvement social ukrainien et plus généralement à la résistance armée et non armée, cités également le nécessaire soutien aux peuples de Palestine et d’Iran.

kkkeper

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24 février 2023 ~ 0 Commentaire

gilbert achcar

achcar

Ukraine : cette nouvelle guerre froide doit prendre fin avant que le monde ne soit confronté à l’Armageddon

Un an de guerre, écrit Gilbert Achcar, et la Russie est toujours embourbée dans sa deuxième invasion du territoire internationalement reconnu de son voisin – qui s’est avérée beaucoup plus sanglante et dévastatrice que la première en raison de la résistance incomparablement plus forte de l’Ukraine.

La dimension internationale de la guerre a été dramatiquement soulignée par la récente visite du président américain Joe Biden dans un pays où il n’y a pas de concentration de troupes américaines. Les pays de l’OTAN augmentent leur soutien à l’Ukraine malgré toutes les spéculations sur la fatigue qui s’installe parmi eux. Et Pékin est sur le point de présenter un plan de paix, en consultant dûment Moscou au préalable – puisqu’ils sont censés être liés par une « amitié sans limites ».

Le récent discours de Vladimir Poutine n’a offert aucune perspective de paix, rejetant plutôt la responsabilité du conflit sur l’Occident : « Ils [l'Occident] ont commencé la guerre. Et nous avons utilisé la force et utilisons la force pour l’arrêter ». Pour aider à comprendre comment le monde a atteint cette dangereuse conjoncture – et pour parvenir à un jugement aussi juste que possible à son sujet – nous devons d’abord considérer la perspective historique. Il existe essentiellement deux descriptions contradictoires de la chaîne d’événements qui a conduit à l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022.

Vue du Kremlin

L’une des descriptions – que nous appellerons la version pro-russe – présente cette invasion comme une réaction de Moscou à trois décennies d’empiètement occidental dirigé par les États-Unis dans son ancienne sphère de domination, dans le cadre d’une volonté américaine d’hégémonie mondiale.

Les deux grands cycles d’élargissement de l’OTAN vers l’est ont été perçus par la Russie comme des gestes hostiles et provocateurs. D’autant plus que la Russie elle-même n’a jamais été invitée à rejoindre l’alliance dont la raison d’être a précisément été de la contrer après la seconde guerre mondiale. La Pologne, la Hongrie et la République tchèque ont été admises comme États membres de l’OTAN en 1999, sur fond de la première guerre menée par les États-Unis depuis la fin de la guerre froide qui a contourné le Conseil de sécurité de l’ONU, violant ainsi le droit international : la guerre du Kosovo.

Six autres États anciennement dominés par la Russie ont été intégrés à l’OTAN en 2004 (ainsi qu’un septième qui appartenait à l’ex-Yougoslavie). Il s’agit de trois anciennes républiques soviétiques, les trois États baltes : la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie. Cette fois, la toile de fond était l’invasion de l’Irak par les États-Unis qui avait commencé l’année précédente, contournant une fois de plus le Conseil de sécurité des Nations unies et constituant une nouvelle violation du droit international par Washington.

L’année précédente, George W. Bush avait unilatéralement abrogé le traité sur les missiles balistiques, au grand mécontentement de Moscou. Aussi, lorsqu’il a insisté, lors du sommet de l’OTAN à Bucarest en 2008, pour promettre l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine, Vladimir Poutine s’est senti poussé à agir avant que la Russie ne se retrouve à partager une longue frontière avec une alliance nord-atlantique hostile.

Les événements survenus en Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014 en ont été la conséquence. Poutine a finalement ordonné l’invasion de l’Ukraine dans une tentative (ratée) de parvenir à un « changement de régime » dans ce pays, à l’instar de ce que les États-Unis avaient tenté et raté en Irak.

La version de l’OTAN

La description opposée – que nous appellerons la version de l’OTAN – dépeint l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme l’enfant de la folie des grandeurs de Poutine et de son ambition de reconstituer le domaine impérial de la Russie tsariste et de l’Union soviétique.

Depuis qu’il est devenu président de la Russie au début du siècle, Poutine a progressivement augmenté la concentration du pouvoir entre ses mains et est devenu de plus en plus autoritaire. Ce processus s’est accéléré après son retour à la présidence en 2012, après la période intérimaire au cours de laquelle il a été officiellement remplacé dans ce rôle par son suppléant Dmitri Medvedev, tout en continuant à tirer les ficelles depuis le siège du Premier ministre. Confronté à une opposition massive à son retour, Poutine s’est senti menacé par la perspective d’une « révolution de orange » parrainée par l’Occident contre son pouvoir.

Il a envahi et annexé la Crimée afin de renforcer sa légitimité, sachant combien cette annexion serait populaire en Russie. Son succès dans cette entreprise et la relative modération de la réaction occidentale – ainsi que l’effet de son auto-isolement prolongé par crainte d’attraper le COVID – l’ont amené à envisager une étape supplémentaire dans la soumission au nationalisme russe en soumettant l’Ukraine. Il a essayé d’y parvenir en l’envahissant et a jusqu’à présent échoué lamentablement en raison de la résistance du pays qui a dépassé toutes les attentes.

Le sang-froid doit prévaloir… sinon…

Lequel de ces deux récits est le bon ? La réponse objective à cette question est : les deux. Elles sont toutes deux vraies et il n’y a aucune contradiction entre elles – en fait, elles se complètent parfaitement. En effet, le comportement de Washington après la guerre froide a fourni les conditions parfaites pour la croissance du revanchisme russe que Vladimir Poutine a fini par incarner. Où la reconnaissance de ces deux séries de faits nous mène-t-elle en ce qui concerne la poursuite de la guerre ?

Il ne fait aucun doute que la responsabilité principale de la tragédie actuelle incombe à la Russie. Son invasion de l’Ukraine n’a pas été provoquée et a été ouvertement préméditée. En supposant que Poutine ait cru que la plupart des Ukrainiens accueilleraient favorablement son « opération spéciale », il aurait dû l’annuler et retirer ses troupes dès qu’il est devenu évident qu’il se trompait.

Au lieu de cela, il a embourbé les militaires de son pays dans une longue guerre meurtrière et destructrice en Ukraine orientale. La Russie doit retirer ses troupes là où elles se trouvaient avant le 24 février 2022. Quant à la Crimée et aux parties du Donbas qui étaient contrôlées par les forces anti-Kyiv soutenues par la Russie depuis 2014, leur statut doit être réglé par des moyens pacifiques et démocratiques compatibles avec la Charte des Nations unies, parallèlement au déploiement de troupes de l’ONU dans les territoires contestés.

Le monde ne peut pas se permettre une nouvelle guerre mondiale pour rétablir ces règles. La nouvelle guerre froide, lancée par Washington moins de dix ans après la fin de la première et incarnée aujourd’hui par l’invasion meurtrière de l’Ukraine par la Russie et par de périlleux bruits de sabre autour de Taïwan, doit prendre fin avant de conduire à l’Armageddon. .

https://anticapitalistresistance.org/

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24 février 2023 ~ 0 Commentaire

le poing (npa)

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23 février 2023 ~ 0 Commentaire

quatrième internationale

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Déclaration du Bureau exécutif de la Quatrième Internationale

L’invasion russe, atroce et injustifiée, de l’Ukraine décidée par Poutine le 24 février 2022 et la guerre qu’elle a provoquée ont déjà causé plus de 100 000 morts de part et d’autre, et en Ukraine la moitié de ces mort·es sont des civils. La souffrance de celles et ceux qui, en Ukraine et en Russie, ont perdu des membres de leur famille et des amis est immense, à cause des crimes de guerre, des viols, des enlèvements d’enfants et des bombardements russes continus dans les zones civiles.

Le premier devoir des internationalistes est de soutenir et de se solidariser avec la résistance du peuple ukrainien, dans son opposition directe à cette invasion sanglante et dans l’auto-organisation de la société pour aider la population à survivre, avec un soutien particulier à celles et ceux qui jettent les bases d’une future société plus juste en défendant des politiques anticapitalistes, et aux réseaux féministes et LGBT.

Des millions d’Ukrainien·es ont été contraints de fuir le pays, laissant des familles et des communautés brisées. Elles et ils sont devenus des réfugiés, ce qui, selon les pays d’accueil, peut signifier sans statut permanent, sans logement, sans travail ou sans revenu, et faisant peser une lourde charge sur les pays voisins dont les populations se sont mobilisées pour apporter un soutien matériel.

En Russie et en Biélorussie, celles et ceux qui s’opposent à la guerre impérialiste de Poutine sont criminalisés. Les déserteurs de l’armée et ceux qui osent protester ouvertement sont sévèrement réprimé·es en Russie. Des centaines de milliers de personnes ont également été contraintes de fuir la Russie, souvent sans statut de réfugié et confrontées aux effets des mesures destinées à punir les partisans du régime russe. Ils méritent également notre entière solidarité.

Les gouvernements occidentaux ont utilisé la guerre à la fois pour justifier l’inflation galopante qui frappe durement les travailleur·es, et pour augmenter les budgets militaires, étendre l’OTAN et renforcer la rhétorique de la militarisation. Nous dénonçons à la fois les efforts visant à faire payer la crise capitaliste aux classes ouvrières et l’utilisation de la souffrance du peuple ukrainien pour justifier l’augmentation des budgets militaires.

La seule solution durable à cette guerre passe par :

– La fin des bombardements des populations civiles et des infrastructures de l’énergie ;

– Le retrait complet des troupes russes. Toute négociation doit être publique devant le peuple ukrainien ;

– Le droit du peuple ukrainien à déterminer son avenir, en fonction de son propre intérêt et dans le respect des droits de toutes les minorités ;

– Son droit de déterminer cet avenir indépendamment des intérêts de l’oligarchie ou du régime capitaliste néolibéral actuel, des conditions du FMI ou de l’UE, avec une annulation totale de la dette ;

– Le droit de tous les réfugié·es et personnes déplacées de retourner chez eux en toute sécurité et dans le respect de leurs droits ;

– La fin de toute répression des opposants russes à la guerre et, si nécessaire, leur accueil dans le pays de leur choix ;

– Le démantèlement de tous les blocs militaires, OTAN, OTSC, AUKUS.

Nous continuons également à lutter pour le désarmement mondial – notamment en ce qui concerne les armes nucléaires et chimiques.

 

Bureau exécutif de la Quatrième Internationale

20 février 2023

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06 février 2023 ~ 0 Commentaire

prisons (à l’encontre)

prisons (à l'encontre) dans Altermondialisme BKF5ID72WRGVZASBXVYA6KCDTE
«Nous, femmes prisonnières politiques, vivons dans une prison où l’ombre des peines de mort et les menaces de mort pèsent sur nombre de nos codétenues», écrit l’avocate Nargess Mohammadi dans sa cellule d’Evin.

Par Hasti Amiri, Noushin Jafari, Raha Asgarizadeh, Sepideh Qalyan, Nargess Mohammadi, Alieh Motlebzadeh, Bahareh Hedayat

«La peine de mort, en privant du droit à la vie, est l’une des violations les plus flagrantes des droits de l’homme. Pendant des décennies, la société iranienne a souffert de l’exécution de ses proches, et ces jours-ci, nous avons de nouveau assisté à l’exécution d’un certain nombre de jeunes manifestants, d’autres risquent toujours d’être exécutés.

Nous, femmes prisonnières politiques, vivons dans une prison où l’ombre des peines de mort et les menaces de mort pèsent sur nombre de nos codétenues. Parmi elles, Sepideh Kashani et Niloufar Bayani, deux militantes écologistes, saluées par les Iraniens pour avoir œuvré à la préservation de l’environnement et l’avenir de notre terre, en font partie. Il y a cinq ans, elles ont été arrêtées suite à une affaire montée de toutes pièces par les Gardiens de la révolution. Elles ont subi à des pressions psychologiques et physiques pendant deux ans dans des cellules d’isolement du quartier de sécurité, afin qu’elles avouent ce qu’elles n’ont pas fait et que leurs interrogateurs puissent justifier leur exécution. L’un des outils les plus écœurants utilisés par les Gardiens de la révolution pour obtenir des aveux est de mettre les détenues face à la mise en scène de leur propre exécution. Etre menacé de mort dans la solitude d’une cellule n’est pas loin d’une véritable exécution. Sepideh Kashani et Niloufar Bayani, ainsi que d’autres militantes écologistes ont été traduites en justice dans ces circonstances et ont été accusées d’espionnage sans aucune preuve légale, et ont même été accusées de «corruption sur Terre» [la charge la plus grave du Code pénal iranien qui entraîne généralement la peine capitale].

Une autre de nos codétenues, Maryam Haj Hosseini, scientifique renommée du pays, a été emprisonnée pendant 412 jours dans le quartier sécurisé du ministère de la Défense dans une région éloignée de Téhéran (une région montagneuse) et a été, chaque jour, menacée d’exécution. Elle a été accusée de «corruption sur Terre».

Mahahvash Shahriari et Fariba Kamalabadi (deux bahá’íes, une minorité religieuse persécutée en Iran) sont placées à l’isolement depuis de longs mois et soumises à d’intenses pressions mentales et physiques. Depuis leur arrestation, en raison de leurs croyances, elles ont été menacées de mort pour «corruption sur Terre» et espionnage. Lors de leur dernière arrestation, leurs interrogateurs ont évoqué clairement la volonté du ministère du Renseignement de pendre sept bahá’íes.

Zeinab Jalalian (militante Iranienne en faveur des droits des femmes kurdes) a subi des tortures mentales et physiques pour lui faire avouer une participation à une opération de lutte armée, ce qu’elle n’a jamais accepté. Shirin Alam Holi, militante kurde, a subi les mêmes méthodes et la violence du système judiciaire a conduit à son exécution.

Il est vrai que nous ne pouvons pas comprendre la profondeur de l’angoisse et la souffrance qu’elles ont subies, mais nous avons le devoir de pousser un cri contre les exécutions, et ce procédé qui consiste à menacer de mort des femmes dans la solitude de leur cellule.

Nous, prisonnières politiques du quartier des femmes de la prison d’Evin, avons décidé de déclarer notre soutien à ces militantes écologistes car cela fait cinq ans qu’elles sont en détention et de demander le soutien des institutions internationales des droits de l’homme, des combattants de la liberté et de l’opinion publique pour leur libération.

A cet égard, nous soulignons l’importance du récit afin d’enregistrer des faits historiques. Raconter les tortures est le seul moyen d’arrêter les tragédies humaines. Nous soutenons et apprécions l’acte des prisonnières telles que Sepideh Kashani et Nilofar Bayani, qui ont raconté le crime et la répression dans les chambres noires de salles d’interrogatoire et ont participé à sensibiliser l’opinion publique.

Nous déclarons notre rejet de la peine de mort, de la privation du droit à la vie et de toute forme de torture physique et psychologique, nous demandons à l’opinion publique internationale de lutter sans cesse pour arrêter la condamnation à mort des manifestants.»

5 février 2023 Alencontre

https://alencontre.org/

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31 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

iran (à l’encontre)

iran (à l'encontre) dans Altermondialisme IranJanv23-1024x618
«Le 29 janvier 2023, un tribunal iranien a condamné deux blogueurs à 10 ½ ans de prison chacun pour avoir publié une vidéo les montrant en train de danser sur la place centrale Azadi de Téhéran, dans un contexte de répression féroce des manifestations antigouvernementales»

Iran-Débat. «La mobilisation face au pouvoir théocratique et la mutation de l’expression du sentiment national iranien»

Par une froide journée de l’hiver 1987, une de mes camarades de classe, Fatemeh, a appris que son frère aîné de 17 ans – un combattant volontaire de l’armée iranienne – avait été «martyrisé» [obtenu le statut de martyr] pendant la guerre avec l’Irak. Fatemeh était dévastée. C’est le deuxième frère qu’elle a perdu dans une guerre qui a duré huit ans.

Des dizaines d’élèves et d’enseignants l’ont escortée jusqu’à la maison. Devant la porte, sa mère se tient debout, forte et grande. «Pas de condoléances», a-t-elle insisté, un enregistrement du Coran jouant en fond sonore. «Vous pouvez nous féliciter pour son martyre.»

A l’époque, moins d’une décennie après la révolution islamique [de 1979], la position de la famille n’était pas exceptionnelle. De nombreux Iraniens s’étaient ralliés à l’idéologie de l’islam politique et pensaient que de tels décès contribueraient à créer une utopie. Se battre contre la tyrannie présumée des Etats-Unis et de leurs alliés [Irak ici] dans la région – et mourir pour cette cause – était le rêve de nombreux garçons.

Cette armée loyale s’est réduite au cours de plus de quatre décennies d’existence de la République islamique, mais les dirigeants iraniens comptent toujours sur les inconditionnels pour faire face aux menaces intérieures et internationales qui ne cessent de croître. Les politiciens de la ligne dure estiment que des politiques telles que le port obligatoire du voile islamique pour les femmes permettent de satisfaire ces partisans. Mais ils ont ignoré les revendications des jeunes manifestant·e·s, supposant que ces mécontents ne risqueraient jamais leur vie.

Mais les dernières manifestations en Iran suggèrent un changement: une idéologie moderne et laïque a émergé. Les jeunes ont juré de remplacer la théocratie par une démocratie laïque, quel qu’en soit le prix. Les sociologues iraniens affirment que depuis l’époque de Zoroastre jusqu’à aujourd’hui, il est sans précédent d’assister à un mouvement sans lien avec la religion.

Les familles de ceux qui ont perdu leurs proches lors des récentes manifestations contre la répression de l’Etat ont exprimé leur satisfaction quant à la portée de la mort de leurs enfants. «Quand je réfléchis profondément, je suis même heureuse que ma fille ait perdu la vie pour ces causes, a déclaré la mère de Nika Shakarami, 16 ans, au quotidien Etemad après la mort de son enfant lors des manifestations. Elle a déclaré que sa fille voulait être libre et qu’elle détestait le code vestimentaire islamique. D’autres parents ont fait preuve d’un courage similaire.

Les protestations ont été déclenchées à la mi-septembre 2022 et se sont poursuivies pendant plusieurs mois après la mort de Mahsa (Jina) Amini, 22 ans, en garde à vue. Elle avait été arrêtée pour ne pas avoir respecté correctement le code vestimentaire islamique. La répression a coûté la vie à plus de 300 personnes, dont 44 enfants, selon Amnesty International. Quatre manifestants ont été exécutés.

Pour l’instant, les manifestations de rue ont presque cessé, mais pratiquement aucun politicien «pro-réforme» ne pense que c’est la fin. Ni le régime ni les dissidents ne montrent d’appétit pour le compromis: c’est une impasse instable. Mais les médias sociaux restent un champ de bataille. Des vidéos de ceux qui sont morts, qui ont été pendus ou arrêtés circulent. Elles les montrent en train de danser, de chanter, de faire du sport et de profiter d’une vie normale.

Peu avant d’être conduit à la potence le mois dernier, Majidreza Rahnavard, un manifestant de 23 ans condamné pour avoir tué deux membres des forces de sécurité, a été montré à la télévision d’Etat. Les yeux bandés, il a calmement formulé sa requête funéraire «Pas de larmes, pas de récitation du Coran, pas de prières. Faites la fête!», a-t-il lancé aux gens.

Mohsen Shahrnazdar, anthropologue, affirme que les valeurs et les objectifs de ce mouvement construisent une idéologie fondée sur la «dignité humaine» et les «libertés individuelles et sociales». Les droits des femmes ont été le catalyseur, mais d’autres questions, comme les droits des minorités ethniques et religieuses, ont été englobés [les revendications sociales s’expriment, sous diverses formes, avec plus de force. Réd.].

Masha (Jina) Amini était issue d’une minorité ethnique et religieuse: une Kurde et une musulmane sunnite. Or, une nation dominée par les musulmans chiites et les Perses a pleuré sa mort. D’autres personnes qui ont perdu la vie appartenaient aux ethnies turque et baloutche. L’un des symboles des protestations a été la danse de Khodanour Lajei, de la province du Sistan et Baloutchistan, abattu en septembre.

Le nationalisme iranien a évolué, selon les analystes. La mère de Kian Pirfalak, un enfant de neuf ans abattu alors que sa famille passait en voiture devant les manifestations, a interdit les enregistrements du Coran lors des funérailles de son fils. De sa voix posée, elle s’est adressée à une foule de milliers de personnes: «Il m’a dit une fois, lorsque je l’ai puni pour avoir ignoré ses leçons de Coran à l’école: “Suis-je un Arabe? Je suis Iranien.”»

(Article publié dans le Financial Times, le 30 janvier 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

31 janvier 2023 Najmeh Bozorgmeh

https://alencontre.org/

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30 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

30 janvier 1933 (contretemps)

hitler

La victoire d’Hitler n’avait rien d’inéluctable

Le 30 janvier 1933, il y a exactement 90 ans, Hitler parvenait au pouvoir par la voie légale. Nommé chancelier par le président conservateur Hindenburg, il forma un gouvernement composé de membres du parti nazi (NSDAP) et de divers partis de droite. Ayant obtenu le soutien du capital et de la plupart de ses représentants politiques traditionnels, il parvint à asseoir durablement son pouvoir sur la société allemande en écrasant rapidement toute l’opposition ouvrière – communistes, socialistes, syndicalistes, anarchistes.

Le KPD

Les communistes sont la seule organisation de la classe ouvrière qui organise une résistance extraparlementaire aux nazis tout en s’opposant à la campagne d’austérité du gouvernement, mais ils échouent également. Leur échec est dû en grande partie à leur incapacité à développer une analyse claire du fascisme et à comprendre la menace qu’il représente.

Le Comité central a abusé de l’expression « fascisme » au point de la vider de son sens. En ce qui les concerne, l’État allemand était devenu fasciste en 1930, lorsque le cabinet présidentiel de Hindenburg avait pris le pouvoir. En effet, la direction du KPD considérait tous les autres partis parlementaires comme des variantes du fascisme, déclarant à ses membres que « combattre le fascisme signifie combattre le SPD tout autant que combattre Hitler et les partis de Brüning ».

Le KPD importe cette position de Moscou, en se basant sur la théorie du « social-fascisme » selon laquelle le fascisme et la social-démocratie ne sont pas opposés mais fonctionnent en fait comme des « frères jumeaux », comme Staline l’avait autrefois soutenu. Dans le contexte d’une crise capitaliste profonde, c’était la social-démocratie qui – en empêchant les travailleurs de lutter contre le capitalisme – constituait pour le KPD l’ « ennemi principal ». Suivant cette ligne, la direction rejette toute coopération avec le SPD, même lorsqu’il s’agissait de combattre les nazis :

« Les social-fascistes savent que pour nous, il ne peut y avoir de collaboration avec eux. En ce qui concerne le parti des Panzerkreuzer, les policiers-socialistes et ceux qui ouvrent la voie au fascisme, il ne peut y avoir pour nous qu’une lutte à mort ».

De nombreux communistes approuvent ce genre de phrases aux accents radicaux, car le KPD est de plus en plus un parti de chômeurs. L’organisation communiste avait presque cessé d’exister dans les entreprises. À l’automne 1932, seuls 11 % des membres du KPD étaient des travailleurs salariés.

Ainsi, la plupart des communistes ne connaissaient plus les sociaux-démocrates comme des collègues de travail, mais seulement comme des partisans de la stratégie du moindre mal et d’événements tels que le « Mai sanglant » du 1er mai 1929, lorsque la police sous le commandement du social-démocrate Karl Friedrich Zörgiebel avait violemment réprimé une manifestation organisée par le KPD.

Le refus catégorique de la direction du SPD de collaborer avec les communistes accentue le blocage. À l’époque, le SPD est rongé par une ferveur anticommuniste, assimilant souvent le communisme au nazisme. Le président du parti, Otto Wels, déclare ainsi lors du congrès du parti à Leipzig en 1931 que « le bolchevisme et le fascisme sont frères. Ils sont tous deux fondés sur la violence et la dictature, quelle que soit leur apparence socialiste ou radicale »

Plutôt que d’offrir à la majorité de la population une alternative politique, la politique du KPD consistant à diriger l’essentiel de sa colère contre le SPD l’a conduit dans les bras de la droite, du moins pendant un certain temps. L’exemple le plus notoire de ce phénomène s’est produit en 1931, lorsque le KPD soutient un référendum populaire contre le gouvernement prussien du SPD, initié par les nazis et d’autres forces nationalistes.

Le Front uni

Ces politiques désastreuses ont été vivement critiquées par divers communistes de l’opposition. Léon Trotsky et August Thalheimer revêtent une importance particulière. Thalheimer avait été l’un des fondateurs de l’ « Opposition de droite » au sein du Parti communiste, qui avait rompu avec le parti en 1929. Trotsky, l’un des dirigeants les plus connus de la Révolution russe et désormais un communiste dissident de premier plan, dirigeait ses partisans depuis son exil sur l’île turque de Büyükada. Tous deux accordent une attention particulière à l’évolution de la situation en Allemagne.

Le parti de Thalheimer soutient que la montée du fascisme ne peut être arrêtée que par « une offensive générale, globale et planifiée » de la classe travailleuse. L’outil organisationnel nécessaire à cette offensive était le front uni. Trotsky était d’accord, affirmant que les deux partis étaient également menacés par le nazisme et devaient donc lutter ensemble. La nécessité objective du front unique signifie que la théorie du social-fascisme doit être abandonnée. Tant que le KPD refusera de le faire, il ne parviendra pas à se rapprocher des partisans du SPD :

« Ce genre de position – une politique de gauchisme criard et vide – bloque d’avance la route du parti communiste vers les travailleurs sociaux-démocrates ».

L’appel à un front uni ne pouvait pas s’adresser exclusivement aux membres du parti, mais impliquait nécessairement des négociations entre les directions également. Un pur « front uni par en bas » n’aboutirait pas, car la majorité des membres du parti veulent combattre le fascisme, mais veulent le faire avec leur direction. Les communistes ne peuvent espérer se lier uniquement avec des travailleurs sociaux-démocrates prêts à rompre avec leurs dirigeants.

L’importance d’organiser l’unité d’action la plus large possible au sein de la classe travailleuse primait sur les autres préoccupations. Cela ne signifiait pas, cependant, que les communistes devaient modérer ou adoucir leurs revendications politiques. Au contraire, c’est dans le contexte d’une action unifiée de la classe ouvrière que les communistes peuvent le mieux prouver leur crédibilité en tant qu’antifascistes :

« Nous devons aider les travailleurs sociaux-démocrates en action – dans cette situation nouvelle et extraordinaire – à tester la valeur de leurs organisations et de leurs dirigeants en ce moment, où c’est une question de vie ou de mort pour la classe ouvrière. »

Pour garantir cela, le front uni devait consister en une action politique, et non en une collaboration parlementaire, et ne pouvait être construit qu’autour d’un point central – dans ce cas, la lutte contre le fascisme. Il était de la plus haute importance que les communistes conservent leur indépendance politique et organisationnelle au sein du front. Le slogan de Trotsky – « Marchez séparément, mais faites la grève ensemble ! Convenez seulement comment frapper, qui frapper et quand frapper ! […] A une condition, ne pas se lier les mains » – résumait bien cette approche.

Les appels de Trotsky et de Thalheimer en faveur d’un front uni sont bien accueillis par les travailleurs et les intellectuels, car le désir populaire d’unité face à la menace nazie croissante est naturellement répandu. Ce désir se retrouve dans l’ « Appel urgent à l’unité » lancé par trente-trois intellectuels publics bien connus, dont Albert Einstein, à l’approche des élections de 1932, appelant le KPD et le SPD à « faire enfin un pas vers la construction d’un front ouvrier uni, qui est nécessaire non seulement dans le cadre du parlement, mais aussi pour une défense au-delà ».

Dans les petites villes de Bruchsal et d’Oranienburg où les partisans allemands de Trotsky avaient une certaine influence politique, ils parvinrent à créer des comités antifascistes comprenant à la fois des sociaux-démocrates et des communistes. Dans de nombreux autres endroits où aucun trotskyste n’était présent, les militants communistes et sociaux-démocrates locaux ont tout simplement ignoré leurs dirigeants et ont commencé à travailler ensemble, comme l’ont prouvé de récentes recherches dans les archives.

Joachim Petzhold, par exemple, a étudié les rapports internes du ministère de l’Intérieur de l’été 1932, concluant que « de nombreux communistes voulaient s’unir aux sociaux-démocrates contre le fascisme ». Il note le « décalage entre la direction du parti et les membres du parti » à cet égard. Cette divergence est visible dans un rapport de police de juin 1932, dans lequel il est écrit que « lors des confrontations sanglantes avec les nationaux-socialistes… le front uni est régulièrement déployé en pratique malgré les antagonismes entre les deux partis marxistes, et ce sont souvent les communistes qui sont les plus rapides et les plus entreprenants dans cette activité ».

Un autre passage du même rapport note la chose suivante :

« l’activité pratique du front uni se produit dans tout le Reich. Les délégués syndicaux du SPD collaborent avec leurs collègues du KPD, les membres du Reichsbanner (une milice ouvrière dirigée par le SPD) se présentent comme délégués de leurs camarades aux réunions communistes ; les membres du Front de fer à Duisbourg discutent de la tactique du front uni dans le bureau du KPD. Les cortèges funéraires et les enterrements unifiés sont monnaie courante partout, tout comme les manifestations inter-partis en réponse aux marches nationales-socialistes. Les sociaux-démocrates participent aux nombreuses conférences antifascistes organisées par le KPD ; les responsables syndicaux déclarent que la main tendue de fraternité du KPD ne peut être repoussée ».

Des mouvements en faveur de l’unité de la classe ouvrière se produisent également dans le sud de l’Allemagne. En juillet 1932, par exemple, le dirigeant local du SPD, Reinbold, propose une trêve aux communistes : « Mettre de côté ce qui nous divise est une exigence juste étant donné la gravité de notre époque ». Les dirigeants locaux du KPD dans les villes d’Ebingen et de Tübingen font des offres similaires au SPD et aux syndicats à la même époque.

En décembre 1931, des cas isolés de listes électorales communes SPD-KPD se produisent dans le Wurtemberg. L’exemple le plus marqué d’unité pratique a lieu dans la petite ville d’Unterreichenbach, où le KPD se dissout et s’associe au SPD local pour fonder un parti ouvrier uni.

Unis par la défaite

Malgré ce type de dynamiques locales enthousiasmantes, le KPD est déjà profondément stalinisé. Tous les courants d’opposition ont été expulsés depuis longtemps, si bien que les loyalistes du Comintern contrôlent le parti et dictent sa ligne contre la volonté des membres si nécessaire. La ligne de Moscou consiste à s’accrocher à la théorie du social-fascisme jusqu’à la fin.

Lorsque le président Hindenburg nomme Hitler chancelier le 30 janvier, des millions de travailleurs allemands sont prêts à se battre. Des manifestations éclatent dans tout le pays tandis que les représentants des usines se réunissent à Berlin pour coordonner une réponse à l’appel du SPD à la lutte commune. Malheureusement, les dirigeants syndicaux ont de nouveau appelé à la retenue. Le Vice-président de l’ADGB déclare : « Nous voulons réserver la grève générale comme une mesure de dernier recours ». Le leader Theodor Leipart ajoute :

« Nous voulons souligner que nous ne sommes pas dans l’opposition à ce gouvernement. Cependant, cela ne peut – et ne pourra – pas nous empêcher de représenter également les intérêts de la classe ouvrière vis-à-vis de ce gouvernement. ”L’organisation, pas la manifestation” est notre devise ».

Seul le KPD appelle à une grève générale, exhortant toutes les organisations de la classe travailleuse à construire un front uni « contre la dictature fasciste de Hitler-Hugenberg-Papen ». Malheureusement, ces coalitions n’ont été réalisées que dans quelques petites villes comme Lübeck. Dans l’ensemble, le KPD est incapable d’acquérir une influence substantielle dans le mouvement ouvrier organisé. Ses années d’isolationnisme politique l’ont conduit trop loin dans le désert.

Après janvier, il est trop tard, Hitler et les nazis ont déjà vaincu le mouvement ouvrier le plus puissant du monde. Le KPD, le SPD et les syndicats ont été sommairement mis hors la loi et décimés. Leurs membres se sont retrouvés, souvent pour la dernière fois, côte à côte dans les premiers camps de concentration érigés par le nouveau régime.

Bien que les procès de Nuremberg aient permis de traduire en justice certains des criminels nazis les plus notoires, ils ont également réduit l’horreur du fascisme aux actions de quelques individus particulièrement malfaisants, tout en intégrant cette horreur dans un récit de culpabilité nationale collective. Dans un tel récit, personne et tout le monde est en faute. « Personne » dans le sens où le blâme est attribué aux hauts fonctionnaires et à leurs laquais, mais « tout le monde » parce que le fascisme nécessite une base collective de soutien de masse, ce qui fait de tous ceux qui vivaient sous le régime des collaborateurs potentiels.

Au lieu de nous soumettre à cette double impasse analytique, nous devrions nous réapproprier une vision de l’histoire qui reconnaît la nature conflictuelle et contestée du changement social. Le fascisme n’est jamais inévitable : il est le résultat d’une confrontation entre des forces sociales radicalement antagonistes. Partout où il y a des fascistes, il y aura probablement des anticapitalistes et d’autres militants de gauche pour les combattre. C’était vrai en Allemagne en 1933, lorsque la gauche a été défaite et que la barbarie nazie a vaincu, et cela reste vrai dans l’Europe d’aujourd’hui, marquée par une nouvelle crise économique et une polarisation politique.

Marcel Bois 30 janvier 2023

https://www.contretemps.eu/

August Thalheimer

THALHEIMER August

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29 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

memphis (côté brest)

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L’Amérique sous le choc de la vidéo de l’arrestation mortelle de Tyre Nichols

Un afro-américain a été tué par des policiers à Memphis, aux États-Unis, ce vendredi 27 janvier 2023. L’arrestation qui a conduit à sa mort a été d’une extrême violence.

Un long passage à tabac nocturne, à coups de poing, de pied, de matraque : les Américains ont découvert, vendredi soir, avec effroi la vidéo extrêmement choquante de l’arrestation fatale de Tyre Nichols, un Afro-Américain mort à l’âge de 29 ans.

Les images, que nous avons décidé de ne pas partager dans cet article, montrent les violences infligées durant de longs instants par les cinq policiers noirs, dans le sillage d’un banal contrôle routier à Memphis, dans l’Etat du Tennessee, le 7 janvier.

Tyre Nichols, aspergé de gaz lacrymogène et visé par un pistolet Taser à décharges électriques, tente de s’enfuir mais est rattrapé ensuite par les agents, qui se déchaînent, apparemment insensibles aux supplications de l’automobiliste.

Réagissant quelque trente minutes après que la vidéo explosive eut été rendue publique, le président Joe Biden s’est dit « scandalisé » et « profondément meurtri ».

« Maman. Maman. Maman! », crie Tyre Nichols dans un des extraits. Dans un autre, on le voit au sol, battu durant de longues secondes.

Vendredi, de premières manifestations ont eu lieu dans diverses villes du pays, notamment Washington et Memphis. À New York, plus de 200 personnes ont défilé en scandant « Pas de justice, pas de paix ».

Signe que l’affaire est potentiellement explosive, M. Biden a exhorté à ce que les rassemblements soient « pacifiques » et s’est entretenu au téléphone dans l’après-midi avec la mère et le beau-père de Tyre Nichols.

L’Amérique sous le choc de la vidéo de l’arrestation fatale de Tyre Nichols

Car sa mort rappelle celle de l’Afro-Américain George Floyd, tué par un policier en mai 2020. Des manifestations contre le racisme et les violences policières avaient alors embrasé le pays, fédérées autour du slogan « Black Lives Matter » (Les vies noires comptent).

La cheffe de la police de Memphis, Cerelyn Davis, avait prévenu que la vidéo montrant l’interpellation de cet homme pour une simple infraction au code de la route était « comparable, voire pire » à celle montrant l’arrestation policière violente de Rodney King en 1991. L’acquittement, un an plus tard, des quatre policiers impliqués, déclencha des émeutes sans précédent à Los Angeles.

Quand mon mari et moi sommes arrivés à l’hôpital et que j’ai vu mon fils, il était déjà mort. Ils l’avaient réduit en bouillie. Il avait des bleus partout, sa tête était enflée comme une pastèque. RowVaughn Wells, la mère de Tyre Nichols, dans une interview diffusée par la chaîne CNN.

Manifestations

Les autorités appellent depuis plusieurs jours au calme, anticipant des manifestations après la publication d’une vidéo jugée « épouvantable » par ceux qui l’ont vue.

La famille de Tyre Nichols a elle-même demandé des rassemblement pacifiques. « S’il vous plaît, manifestez, mais manifestez en toute sécurité », a dit son beau-père, Rodney Wells.

A Memphis, les manifestants se sont mis en marche au moment de la publication de la vidéo, scandant: « Dites son nom. Tyre Nichols ».

« Vous n’avez pas voulu nous écouter », clamait le cortège dans cette ville où Martin Luther King a été assassiné en 1968.

Ailleurs dans le pays, les forces de l’ordre se préparaient à d’éventuels débordements. Deux conseillères de Joe Biden se sont entretenues avec les maires de 16 villes américaines à propos des manifestations.

« Toutes les violences »

Tyre Nichols, hospitalisé, était décédé trois jours après son interpellation. Les cinq policiers afro-américains, depuis licenciés, ont été inculpés pour meurtre et écroués. Quatre d’entre eux ont ensuite été libérés sous caution.

Le directeur du FBI, Christopher Wray, s’est dit « horrifié », et le ministre de la Justice Merrick Garland a indiqué qu’une enquête fédérale avait été ouverte.

Le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a lui dénoncé un meurtre « inadmissible », tandis que le sénateur de gauche Bernie Sanders a appelé à « tout faire pour mettre fin à la violence policière contre les personnes de couleur ».

Tout en disant leur horreur, les avocats de la famille ainsi que les parents du jeune homme ont tenu à saluer la « rapidité » des mesures prises à l’encontre des policiers.

Le révérend Al Sharpton, célèbre figure de la lutte pour les droits civiques qui prononcera l’oraison funèbre de Tyre Nichols, a affirmé que le fait que les policiers soient noirs rendait « l’événement encore plus choquant ».

« Nous sommes contre toutes les violences policières, pas seulement contre les violences policières commises par des Blancs », a-t-il dit.

Martin Leduc  28 Jan 23

https://actu.fr/monde/

Note:

L’unité de police aurait été dissoute

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