Archive | Antimilitarisme

01 juin 2014 ~ 0 Commentaire

Mali: de nouveau la guerre…

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Le nord du Mali a de nouveau connu un embrasement de violence entre les groupes rebelles et les Fama (Forces armées maliennes) qui, après une journée d’intenses combats, ont dû capituler. Cela accentue la situation d’instabilité du pays.

Le conflit a commencé lors de la visite du nouveau Premier ministre Moussa Mara nommé il y a à peine quelques semaines. Le MNLA, mais aussi le HCUA (Haut conseil pour l’unité de l’Azawad) qui rassemble une grande partie des anciens du mouvement isla- miste d’Ansar Dine, et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), ont attaqué la délégation de la primature provoquant 36 morts. Le gouvernement malien a directement réagi en parlant de déclaration de guerre et a envoyé plusieurs centaines de soldats des Fama avec pour objectif de reprendre la ville.

Cette offensive militaire a tourné rapidement au désavantage de l’armée malienne. Il semblerait que les groupes rebelles épaulés par des djihadistes en auraient profité pour reconquérir certaines villes du nord-est comme Ménaka et Anéfis. Cette crise n’est que le prolongement d’une situation qui se tend au fil des jours entre les groupes armés au nord du Mali et Bamako.

Des négociations difficiles Les accords de Ouagadougou, qui restent le cadre juridique dans lequel les négociations finales doivent se dérouler, avaient pour principal objectif un cessez-le-feu pour assurer la tenue des élections.

Depuis qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a été élu, les négociations n’ont jamais réellement démarré et restent difficiles pour plusieurs raisons dont la multiplicité des groupes armés qui n’ont pas forcément les mêmes objectifs. La médiation qui au début était assurée par Blaise Compaoré du Burkina Faso, s’est diversifiée avec l’entrée en jeu des Algériens proches de Bamako, puis des Marocains plus proches du MNLA, et un pays exotique, du moins dans cette région, la Suisse…

En face, le gouvernement d’IBK qui a été élu massivement par la population est en train de décevoir : la situation sociale au Mali reste catastrophique et plusieurs affaires sont en train d’entacher sa probité et la bonne gouvernance, pour reprendre les termes du FMI et de la Banque mondiale. Pour répondre à une grande majorité de la population, IBK se doit d’être sur une ligne dure vis-à-vis des groupes rebelles.

La défaite de l’armée malienne crée évidemment une nouvelle situation : elle renforce la position des groupes armés du nord, favorise la pénétration des groupes djihadistes dans la région et va rendre plus dépendant IBK de la Minusma, les troupes africaines de l’ONU, et de la France.

Dès le début du processus de réconciliation, les populations en ont été écartées. C’est aussi le cas pour les négociations qui pourtant vont discuter de l’avenir de leur région. Mais sur ce point, gouvernement et groupes armés sont d’accord. Il est clair que les discus- sions vont tourner autour d’un approfondissement de l’autonomie de la région du nord du Mali.

L’enjeu pour certains groupes armés est leur capacité à faire main basse sur une partie du territoire pour contrôler les flux commerciaux, qu’ils soient légaux ou illégaux…
Une solution pérenne serait que les populations soient écoutées et que les fonds servent réellement à appuyer les projets économiques des populations. Cela implique qu’elles puissent contrôler effectivement l’affectation de l’argent reçu.

Paul Martial Hebdo L’Anticapitaliste – 244 (29/05/2014)

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24 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Retrouver l’internationalisme (contretemps)

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Selon François Hollande, «Commémorer, c’est renouveler le patriotisme» et «Commémorer la première guerre mondiale, c’est prononcer un message de paix.» On se souvient d’un des slogans du régime de 1984 dans le roman d’Orwell, «La guerre c’est la paix».

Le mouvement ouvrier français avant et en 1914

La crise du capitalisme est globale et nécessite une réponse globale. Mais un peu partout on constate une renaissance du nationalisme, souvent sous des formes ouvertement racistes. Pour la gauche, renouer avec les meilleures traditions internationalistes du mouvement ouvrier devient une tâche pressante. 1914 marque le centenaire de la première guerre mondiale, et si nos ennemis fêtent la boucherie, il nous faut se souvenir de ceux qui se sont opposés à la guerre.

En Grande-Bretagne le ministre de l’Éducation, Michael Gove, a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une « guerre juste », et qu’il fallait rejeter le mythe d’une guerre vue comme « une série d’erreurs catastrophiques faites par une élite qui n’était pas dans le coup ». Il a ainsi condamné les « universitaires de gauche qui sont bien contents de nourrir de tels mythes en critiquant le rôle de la Grande-Bretagne dans le conflit ».2

Des universitaires de gauche ont en effet nourri certains mythes. Ainsi l’historien marxiste Eric Hobsbawm nous raconte que les militants de base des partis socialistes sont partis à la guerre avec un « zèle spontané ».

Pour présenter un point de vue différent sur 1914 je veux dire quelques mots sur un courant de la gauche française dans les années qui précèdent le début de la guerre. La Vie ouvrière fut lancée en 1909 par Pierre Monatte. Ce n’était pas la revue d’une organisation, elle était produite par un noyau militant composé entre autres d’Alfred Rosmer, Robert Louzon, Alphonse Merrheim, Georges Dumoulin et Francis Delaisi ; elle s’adressait surtout aux militants syndicalistes de la CGT. La revue paraissait deux fois par mois, avec 64 pages par numéro. Elle traitait des affaires syndicales et politiques, avec beaucoup d’articles sur le mouvement international. Elle avait moins de 2000 abonnés, mais quand même une certaine influence internationale – un de ses lecteurs fidèles était Zinoviev, le futur président de l’Internationale communiste.3

Pour Monatte, ce qui importait d’abord n’était pas les congrès internationaux, les résolutions et les secrétariats, mais plutôt les tâches pour transformer la culture du mouvement ouvrier : « La première tâche à faire c’est de nous resserrer moralement, de nous connaître mieux, de nous informer mutuellement. L’internationalisme, comme tous les sentiments, car il est cela d’abord, a besoin d’être alimenté et il ne peut l’être qu’à une condition, c’est que nous suivions les grandes luttes soutenues par les uns et par les autres, que nous vibrions aux succès comme aux revers de nos amis lointains, que nous enfon- cions profondément cette vérité trop simple pour être longtemps méconnue : que partout les travailleurs sentent leur exploitation et que partout, par sursauts ou par efforts tenaces ils font un effort pour redresser leur échine et leur front. Ainsi se formera l’atmosphère où pourra pousser vigoureusement, en dépit de toutes les résistances, l’Internationale syndicale, la véritable Internationale ouvrière, travaillant à propager l’internationalisme, un internationalisme qui ne se limite pas à éviter simplement la guerre – ce n’est là que sa besogne défensive, négative pourrait-on dire – mais à organiser sans souci des frontières l’attaque contre le capitalisme. »4

C’était en effet le programme de La Vie ouvrière. Presque chaque numéro contenait des articles sur les luttes à l’étranger, de la Suède á l’Afrique du Sud, de l’Espagne à la Suisse, de la Guadeloupe à la Nouvelle-Zélande.

Le danger de la guerre préoccupait bien entendu la revue. Francis Delaisi, qui écrivait sous le pseudonyme de Cratès, expliquait les causes économiques de la guerre espagnole au Maroc. Il montrait ainsi l’hypocrisie des patriotes qui défendaient des intérêts commer- ciaux. Au Maroc les habitants avaient essayé de bloquer l’exploitation des mines de fer par des compagnies étrangères : « Un groupe d’ouvriers se rendant à leur travail tombèrent dans une embuscade ; trois ou quatre furent tués. Grave événement ! Aussitôt la garnison de Melilla se mobilisa. Il est curieux de constater combien la peau des travailleurs, dont on fait si bon marché dans la mère patrie, gagne à être exportée. En France comme en Es- pagne on n’y attache pas grand prix ; on fait tuer quotidiennement des centaines d’ouvriers dans des grèves ou dans des entreprises dangereuses ; on en assassine chaque jour quelques-uns sur les divers points du globe, sans que cela donne lieu à des incidents diplomatiques. Mais quand la peau des prolétaires recouvre quelque grosse combinaison financière, alors elle devient pour les gouvernements un objet infiniment précieux. »

La conclusion de l’article de Cratès donnait un avertissement grave aux travailleurs français moins de cinq ans avant le début de la guerre mondiale : « On raconte qu’au soir de la bataille de Rosbach le roi de Prusse Frédéric II traversant la plaine où gisaient 30,000 morts, dit en souriant à son entourage : « Messieurs, voilà trente mille hommes qui se sont fait massacrer pour une affaire qui ne les regardait pas. » Cet exemple n’est pas unique : on en trouverait des semblables dans l’histoire de la France en ces dernières années. Il doit nous inciter à réfléchir. Camarades, tâchons de voir clair dans nos affaires, et DÉFIONS-NOUS DES SYMBOLES. »5

En 1911 paraissait « L’Approche de la guerre », un long article en quatre parties d’Alphonse Merrheim, au titre de mauvaise augure. Merrheim commençait par constater que beaucoup de français croyaient la guerre impossible. Mais, insistait-il, « nous nous trouvons à la veille d’un gigantesque conflit européen… [la guerre] peut éclater dans dix ans, dans cinq ans, peut-être avant. » En réalité, ce sera trois ans et demi.

Il expliquait la menace de la guerre par la compétition qui est l’essence même du capita- lisme : « Le monde est un vaste champ où se heurtent les compétitions, les appétits capi- talistes. Plus même que des appétits : des forces fatales, des nécessités d’expansion commerciale. L’outillage mécanique de chaque nation oblige à produire, à surproduire. Cette surproduction, il faut l’écouler. On s’élance alors sur les marchés mondiaux, tout en fermant son propre marché par des tarifs prohibitifs. On se jette sur les pays neufs. Chaque nation s’efforce d’y assurer la prépondérance aux produits de son industrie. Et par une consé- quence naturelle, un pays marche à la rencontre d’un autre, se heurte à lui. Qui est-ce qui assurera en définitive la suprématie commerciale de ses nationaux et comment ? Le plus fort. Et par la guerre. »

Pour Merrheim, la guerre qui s’approchait opposerait l’Angleterre et l’Allemagne : « … le but évident de cette guerre pour l’Angleterre étant de ruiner l’industrie allemande en la privant de matières premières, et de détruire sa flotte commerciale. » Et l’Angleterre essa- yerait d’en- traîner la France dans la guerre : « Or, l’Angleterre n’a pas d’armée. Ce n’est pas avec sa réserve de volontaires mal entraînés qu’elle pourra débarquer en Belgique. C’est pourquoi, à Londres, on jette un regard d’envie sur l’armée française. »

Merrheim prévoyait clairement le début de la guerre : « Que faut-il pour faire marcher la France ? La persuader qu’elle est en danger, que le droit des nations est foulé aux pieds. La Belgique envahie par l’Allemagne, mais c’est la neutralité des petites nations qui est violée ! Notre presse chauvine, largement arrosée, aura beau jeu pour hurler que l’intervention de la France s’impose. » Mais il trouvait quand même des raisons d’espérer : « Heureusement pour la paix du monde, il existe une force à qui on se garde bien de demander son avis. C’est la classe ouvrière française ; son avis, il est vrai, est connu d’avance ; elle entend ne se faire casser la figure ni pour le roi de Prusse, ni pour le roi d’Angleterre. » Et sa conclusion ? « … plutôt l’insurrection que la guerre ! »6

La Vie ouvrière n’avait guère de sympathie ni pour le colonialisme ni pour le racisme. En publiant des lettres de la Guadeloupe, où trois grévistes avaient été assassinés, la rédaction ajoutait une conclusion : « Des ouvriers gagnant 0 fr. 85 par jour, qu’on fusille, qu’on fait griller, voilà ce qui constitue le bilan, à la Guadeloupe, de cinquante ans de colonisation française […]. »7

En expliquant la guerre des Balkans, Rosmer insistait qu’il fallait en comprendre les causes fondamentales : « En étudiant le conflit des races en Macédoine, je montrerai ce qu’était la domination turque. Mais ce qu’il faut dire et répéter, c’est qu’à la base de tout cela on trouve la responsabilité des grandes puissances. Ce sont elles qui, par leurs convoitises, par leurs jalousies, par leurs rivalités, par leurs intrigues permanentes en orient, sont les vrais coupables des atrocités commises par les Turcs. »

Et il se moquait des théories raciales, en constatant que les races étaient tellement mélangées qu’on ne pouvait pas distinguer des traits raciaux : « Combien parmi ces farouches chrétiens, pourchassant l’infidèle, ont du sang musulman dans les veines ! »8(…)

Trois ans plus tard, en 1917, l’armée française fut ébranlée par de grandes mutineries. Combien de mutins avaient lu un tract antimilitariste, côtoyé un militant syndicaliste révo- lutionnaire, ou même reçu le sou du soldat ? On ne peut pas le savoir. Ce qu’on sait, par contre, c’est que plusieurs camarades du noyau de La Vie ouvrière – Rosmer, Monatte, Louzon, Marcel Martinet – ont joué un rôle important dans les premières années de l’Inter- nationale communiste et du parti communiste français. Et en 1923, lors de l’invasion de la Ruhr, le parti communiste français a retrouvé les meilleures traditions de l’antimilitarisme d’avant-guerre, donnant ainsi raison aux paroles de Victor Serge : « Rien ne se perd. »2

Dans ce texte tiré d’une communication au colloque Penser l’émancipation (Nanterre, février 2014), l’historien marxiste Ian Birchall évoque la lutte et les difficultés des militants internationalistes de La Vie Ouvrière en France, à l’approche et lors du déclenchement de la Première guerre mondiale, il y a cent ans.

http://www.contretemps.eu/interventions/retrouver-linternationalisme-mouvement-ouvrier-fran%C3%A7ais-avant-en-1914

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21 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Le cinquième exportateur mondial de matériel militaire

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La France, marchande d’armes

Les éventuelles sanctions économiques des pays de l’UE à l’encontre de la Russie, fugi- tivement évoquées lors de l’annexion de la Crimée, incluaient dans le cas de la France la suspension possible, tout de suite repoussée par Laurent Fabius, de la vente à la Russie de deux navires de guerre Mistral. Venant au même moment que la publication par le Sipri (Stockholm International Peace Research Institute) de son rapport annuel sur la production et les ventes d’armes dans le monde, cela rappelle un trait central de l’identité de la France, celle de producteur et de marchand d’armes. Le rapport du Sipri classe toujours la France (avec 5 % du marché mondial) au nombre des cinq premiers exportateurs mondiaux de matériel militaire, derrière les Etats-Unis (29 %), la Russie (27 %), l’Allemagne (7 %) et la Chine (6 %), qui vient de faire son entrée dans le groupe des cinq premiers.

La question de la production et des ventes d’armes n’est pas secondaire. Elle est en filigrane des menées impérialistes de la bourgeoisie française. Dans le cas du Rafale que le groupe Dassault a de très grandes difficultés à exporter, une courte démonstration in vivo du type de l’intervention en Lybie est très importante. De même, la position d’Airbus Helicopters en tant que l’un des principaux constructeurs d’hélicoptères militaires mondiaux repose sur une longue expérience pour le compte de l’armée française en Indochine et en Algérie, plus ré- cemment sur les nombreuses interventions de la France en Afrique dans son rôle d’impé-rialisme secondaire se chargeant de défendre les intérêts d’Areva, Total ou Bolloré, tout en jouant les seconds couteaux auprès des Etats-Unis.

Sept grands groupes Les sept plus grands groupes du secteur sont Dassault, DCNS (l’an-cienne société publique de la Marine qui produit les matériels militaires navals), Airbus (avions de transport militaire et hélicoptères), MBDA (missiles), Nexter Systems (l’ancien groupe public Giat, chars, canons et munitions), Safran (les anciennes entreprises publiques SNECMA et SAGEM qui produisent des équipements de navigation et guidage et des systèmes de visée nocturne) et Thales (fusion des activités militaires d’Alcatel, Dassault Electronique et Thomson CSF, spécialisé dans les télécommunications et les systèmes de contrôle d’opérations militaires).

Cette configuration industrielle est le résultat des privatisations d’entreprises publi- ques et de fusions organisées depuis la fin des années 1980. La formation de Nexter Systems a eu des conséquences sociales particulièrement importantes avec la fermeture des très an- ciennes Manufactures d’armes de Saint-Etienne, Saint-Chamond et Tarbes.

On a affaire à un secteur privé qui n’existerait pas sans l’appui permanent de l’Etat. Il a bénéficié d’un traitement de faveur en novembre 2013, lors des coupes budgétaires de la Loi de programmation militaire. Le gouvernement Hollande a notamment maintenu la production de la nouvelle version du Rafale. La concurrence est vive et certains contrats ont vu la présidence de la République s’impliquer. Nicolas Sarkozy puis François Hollande ont essayé de persuader le Brésil d’acheter le Rafale. Dassault a perdu le marché, le groupe suédois Saab proposant un avion moins cher répondant à ses besoins. Un lot de consolation brésilien est venu sous forme d’un contrat important pour Thales de satellites de télécommunications.

Moyen et Extrême-Orient Une des zones les plus «  porteuses  » pour les matériels sophis-tiqués est aujourd’hui constituée par les Etats du Moyen-Orient, qui se livrent une concurrence politique et renouvellent en conséquence leur matériel. En 2013, l’Arabie saoudite a repré- senté à elle seule 28 % des prises de commande françaises (1,8 milliard d’euros), avec un contrat de plus de 1 milliard d’euros consacré à la modernisation de sa flotte militaire et des commandes de systèmes de contrôle et de missiles dont Thales et MBDA ont bénéficié. Mais ce sont les groupes américains qui dominent bien sûr le marché de la région, devenue selon le Sipri la première du monde en termes d’importations.

L’Inde est actuellement l’autre grand acheteur de matériel français. Elle s’approvi- sionnait traditionnellement auprès de l’URSS et n’apprécie pas que les Etats-Unis équipent le Pakistan. Le groupe Dassault espère vendre 106 Rafale. La négociation du contrat a com- mencé en 2012 mais sa signature dépendra du gouvernement qui sortira des élections en cours. La montée en force de la Chine, dont la destination des ventes est moins connue à l’exception d’un contrat important avec la Turquie, du Japon qui entame pas à pas sa remi- litarisation et même de la Corée qui voudrait diversifier sa production métallurgique, annonce une concurrence toujours plus rude. Pas sûr que, si importante que soit l’implication de l’Etat, la «  niche  » occupée depuis longtemps par la France ait un grand avenir.

François Chesnais

* Paru dans la Revue L’Anticapitaliste n°54 (mai 2014). http://www.npa2009.org/

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article31947

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13 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Avec l’éducation à la défense, la culture de guerre devient matière d’examen (rue 98)

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C’est peu dire que l’intervention militaire de la France au Mali n’a guère suscité jusqu’à présent l’unanimité: un peu partout dans la communauté internationale, des voix autorisées ou des autorités officielles, de nombreux médias également, font régulièrement part de leurs plus vives réserves sur une opération décidée sans guère de précautions par un chef d’état auquel la Constitution française accorde en la matière des droits exorbitants. Une réprobation qui va de soi, dira-t-on, au seul regard de la liberté d’expression.

Existe-t-il malgré cela une seule institution, une seule collectivité où toute critique, toute réserve sur les interventions extérieures de la France et plus généralement la politique militaire se voient formellement interdites, où l’opinion du chef de l’Etat et des autorités militaires soient seule considérée comme digne de foi ?

Cette institution, effectivement, c’est l’Education nationale dont les programmes d’éducation civique distillent une morale et des vérités officielles qui s’imposent jusque dans les examens, comme c’est le cas cette année encore dans le cadre du diplôme national du brevet (DNB) [PDF] passé il y a quelques jours par les collégiens du lycée français de Pondichéry (Inde), « éduqués à la défense » comme le sont tous les collégiens français.

Discours officiel et rien d’autre Au menu de l’épreuve d’éducation civique : la guerre au Mali ou, plus précisément, l’intervention française vue par son organisateur, le président de la République, dans son allocution télévisée du 11 janvier 2013. A partir de ce seul et unique document, les candidats doivent fournir des réponses dont les éléments sont à rechercher exclusivement dans le discours officiel et nulle part ailleurs. L’épreuve est ainsi doublement verrouillée : non seulement par l’impossibilité pour les élèves d’utiliser d’autres sources d’information ou leurs réflexions personnelles mais encore par l’obligation qui leur est imposée de faire tenir leurs réponses en quelques lignes délimitées par un cadre…

Ainsi, comme réponse attendue à la question : « Citez deux raisons pour lesquelles la France a accepté d’intervenir au Mali », la nature de l’épreuve fait que le candidat n’a pas d’autres solutions que de recopier la parole présidentielle : « Pour appuyer l’armée malienne face à l’agression terroriste […] permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale […] protéger nos ressortissants. »

Etouffer toute velléité critique Curieusement, dans le cadre d’une discipline scolaire – l’éducation civique – qui prétend former les futurs citoyens et développer le sens critique, cette épreuve du DNB aboutit en réalité à toute autre chose : il s’agit au contraire, à travers le moule d’un examen par lequel doivent passer tous les élèves de 14 ans, d’étouffer toute velléité critique, toute pensée autonome, d’imposer une vérité officielle, une morale d’état.

Un procédé particulièrement efficace si l’on en juge par l’indifférence et la méconnaissance crasse manifestées par une large partie de l’opinion publique face aux interventions militaires de la France en Afrique, motivées par des considérations beaucoup moins nobles – où les enjeux économiques et les magouilles politiques tiennent une large place – que celle, affichée, de lutte des démocraties contre le terrorisme islamiste.

Si l’éducation civique – dont la légitimité est d’ailleurs douteuse – et plus généralement l’école ont effectivement un rôle à jouer dans la formation des citoyens, on ne comprend pas qu’elle néglige avec une telle désinvolture ce qui fait le fondement des sociétés démocratiques : la diversité des points de vue, la confrontation des opinions, la recherche de l’information, toutes sortes d’éléments sans lesquels cet enseignement n’est plus qu’un bourrage de crâne.

Programmes d’éducation civique sous influence Cette épreuve infligée aux candidats du DNB n’est ni une nouveauté ni une surprise. Elle s’inscrit dans le cadre d’une élucubration propre aux programmes scolaires français – on n’en connaît pas l’équivalent chez nos voisins – qui, sous la dénomination d’éducation à la défense, affiche comme objectifs, non seulement de « répondre aux besoins de recrutement de l’armée » mais aussi, d’insuffler chez les élèves, sur un grand nombre de sujets, des habitudes de pensée qui interdisent de remettre en cause le rôle de l’armée dans le passé comme aujourd’hui. Ce conditionnement s’étend à toutes les disciplines scolaires (circulaire du 13 septembre 2007) et trouve sa traduction, comme on le voit, dans les examens.

Fruit d’un partenariat éprouvé et étouffant entre les deux ministères, l’éducation à la défense s’est trouvée promue au rang de matière scolaire à part entière par l’intermédiaire d’un lobby militaro-politique qui, en toute opacité, sans aucune concertation avec les parte-naires éducatifs, a finalement réussi depuis plus de trente ans à se faire une place jusque dans les directions les plus importantes de l’Education nationale, celles qui organisent le travail quotidien des enseignants, comme la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) ou l’Inspection générale de l’éducation nationale (Igen).

Les protocoles Education – Défense (1982, 1989, 1995, 2007), relayées par des circulaires et leurs inévitables documents d’accompagnement, enserrent les enseignants dans un carcan de prescriptions impérieuses, à l’image de ces imbuvables « ressources pour le collège » [PDF] publiées dernièrement. Il faut pas moins de six pages à la Dgesco et à l’Igen pour dresser un tableau idyllique de la politique militaire de la France ramenée à quatre « fils directeurs » :

  • « Qu’est-ce que la défense nationale ? » ;
  • « Pourquoi la France, pays en paix, dispose-t-elle d’une défense ? » ;
  • « Comment se manifeste la présence de la défense nationale dans le monde ? Avec qui ? Au nom de quelles valeurs ? » ;
  • « Comment et pourquoi éduquer les jeunes à la défense ? »

Les enseignants comme les élèves n’ont pas à chercher les réponses : elles sont fournies par un argumentaire qui exclut toute discussion : « La défense française contribue à la sécurité internationale […] dans des missions humanitaires et de maintien de la paix sur des théâtres éloignés de son territoire. » Et pour faire bonne mesure, les supports d’étude sont également imposés : il s’agira exclusivement de l’opération Serval au Mali, d’une bande dessinée réalisée par le ministère de la défense sur la journée dite « de défense et de citoyenneté », d’un «rallye citoyen» dans le cadre d’ateliers et de rencontres avec les militaires et du Livre blanc 2013 sur la défense.

Le grand silence des profs Pour préparer les élèves à comprendre les enjeux du monde contemporain, l’école a donc fait le choix de l’endoctrinement, un choix qui remonte à plus de trente ans en arrière (1982) et qui, non seulement n’a jamais été remis en cause par les alter- nances politiques mais dont on peut s’attendre à ce qu’il soit conforté par le présent gouver-nement dans la ligne d’un inquiétant discours prononcé le 11 mars 2012 par le candidat Hollande dans le cadre de la campagne présidentielle :

« Le développement de l’esprit de défense passe aussi par l’école, l’école de la République. Toutes les actions qui découlaient des protocoles Défense-Education nationale qui avaient été mis en place au début des années 80 par la gauche seront revivifiées dans un nouveau protocole orienté vers la diffusion de l’esprit de défense auprès des jeunes et auprès des enseignants. »

Reste que pour en arriver aussi loin dans la confusion des genres, le mélange des rôles, le brouillage des consciences, les autorités qui ont mis en œuvre l’éducation à la défense ont pu compter jusque là sur le silence, qui vaut compromission, de l’immense majorité des ensei- gnants et de leurs organisations représentatives qui n’ont jamais rien trouvé à redire, ou pas grand-chose, à cette brutale intrusion de l’armée dans un domaine qui n’est pas le sien.

 

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07 mai 2014 ~ 0 Commentaire

L’université européenne de la paix nous écrit

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Le Npa est pour la sortie du nucléaire, civil et militaire dans les 10 ans qui viennent et pour le désarmement unilatéral.

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04 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Bruits de bottes à l’est…

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La situation est toujours tendue à l’est de l’Ukraine.

Les actions menées par des éléments pro-russes réunissent assez peu de monde mais se multiplient, avec le soutien de personnages en uniforme sans insignes soupçonnés de venir directement de Russie. La Russie continue de jouer un jeu trouble mais il en est de même de l’Otan qui renforce sa présence autour des frontières russes.

« Nous allons avoir plus d’avions dans le ciel, plus de navires en mer, et renforcer la prépa-ration de nos forces terrestres » a expliqué le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen, en dévoilant une série de mesures militaires décidées par les 28 pays membres. Les autorités américaines ont annoncé mardi 22 avril l’envoi de 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes. D’autres pays de l’Otan sont de la partie : Grande-Bretagne, Danemark, Pologne, République tchèque, Portugal, Allemagne…

La France aussi participe à ces opérations. Elle a ainsi entrepris le déploiement de chas- seurs et d’une centaine d’hommes à Malbork, dans le nord de la Pologne. L’armée de l’air française va participer à l’entraînement des aviateurs polonais et assurera des missions au- dessus de la mer Baltique. Par ailleurs, quatre navires de guerre français naviguent en mer Noire (pour l’instant, le ministère de la Défense n’a confirmé la présence que d’un seul).

De tout cela, bien sur, le gouvernement ne parle pas : Hollande est vraiment un habitué des promenades militaires décidées sans consulter personne. Quant au peuple ukrainien, il n’a rien a gagner des manœuvres des impérialistes rivaux qui veulent chacun l’annexer à leur camp.

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30 avril 2014 ~ 0 Commentaire

A l’est de l’ukraine, la russie joue avec le feu (ccr)

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Brejnev et Honecker: « Make love not war »!

L’objectif de la Russie est clair: elle veut empêcher que les élections prévues le 25 mai aient lieu dans les conditions actuelles. Cela pourrait donner de la légitimité au gouvernement, sûrement pro-impérialiste, qui en sera issu pour qu’il exerce son autorité sur l’ensemble du territoire du pays. Une telle situation rendrait beaucoup plus difficile à Poutine et les capitalistes russes de garder le contrôle sur la stratégique région orientale de l’Ukraine.

C’est en ce sens que Moscou est en train de soutenir directement ou indirectement les différents mouvements « séparatistes » à l’Est, fournissant sans aucun doute de l’aide matérielle et même en intervenant (parfois) discrètement sur le terrain. En effet, tant que le pouvoir central ukrainien ne garde pas un certain contrôle sur l’ensemble du territoire, la légitimité du gouvernement issu des urnes le 25 mai pourra être remise en cause.

Aujourd’hui, la Russie semble incapable de garder la mainmise sur l’ensemble de l’Ukraine et essaye de garder le contrôle sur les régions orientales, ou du moins de s’assurer une «Ukraine neutre». On a pu lire ces derniers jours dans la presse impérialiste beaucoup de spéculations sur l’attitude de la Russie: allait-elle envahir l’Ukraine? Pense-t-elle désarticuler l’État ukrainien et annexer sa partie orientale? Ou cherche-t-elle plutôt à pousser à une fédéralisation du pays?

Ces spéculations sont évidemment intéressées. Elles visent à présenter la Russie comme une superpuissance dirigée par un fou capable de tout, qui «menacerait la paix en Europe» et face à laquelle les dirigeants impérialistes doivent adopter une attitude «responsable » pour empêcher des tragédies.

Mais la réalité est que la Russie n’est pas toute-puissante. Elle cherche désespérément à sauvegarder ses intérêts en Ukraine. Et pour cela elle est prête à aller loin, au risque de perdre le contrôle de la situation. Il est clair que depuis la chute d’Ianoukovitch, Poutine veut améliorer sa position face à l’impérialisme dans la perspective de négociations pour résoudre la crise ukrainienne. D’où l’annexion de la Crimée et l’occupation des centres de pouvoir dans les villes de l’Est.

Mais à la différence de la Crimée, une annexion pure et simple des régions est et sud de l’Ukraine ne semble pas réaliste (en tout cas pas pour le moment): les conséquences politiques, économiques et militaires en seraient trop lourdes. Comme affirme une source proche des milieux diplomatiques russes: «Ce qui se passe actuellement dans l’est de l’Ukraine offre certaines similitudes avec la prise de la Crimée, mais en réalité la situation est très différente (…) Entrer militairement, c’est prendre un gros risque. De plus, annexer les régions de l’Est et du Sud sera un fardeau considérable pour le budget. C’est pourquoi il vaut mieux fédéraliser, exercer un protectorat, miser sur la décomposition du pays.» [1]

C’est pour cela que même si le ton monte ces derniers jours entre l’OTAN et la Russie, aucun des deux camps ne veut d’une guerre en Ukraine. Elle comporte beaucoup d’inconnues et de dangers des deux côtés. Étant donnés les liens économiques entre la Russie et l’UE, les élites russes craignent de fâcher sérieusement l’impérialisme. Dans ce cadre, si les circonstances amenaient la Russie à annexer une partie de l’Ukraine, cela pourrait devenir une sorte de « victoire à la Pyrrhus ».

Du côté de l’impérialisme, on ne peut se permettre la répétition d’un scénario à la Géorgie en 2008 ou «à la criméenne». Laisser la Russie s’accaparer de régions de l’est de l’Ukraine serait une défaite importante et une humiliation sur le plan international. Une démonstration de faiblesse de l’impérialisme dans son ensemble pourrait même donner du courage à d’autres pays en conflit sur d’autres dossiers (Iran, Corée du Nord, Syrie ou encore la Chine, entre autres). Malgré tout cela, la réalité est que dans le contexte de crise économique et de fragilité de l’UE, ce dont cette dernière a le moins besoin en ce moment est d’une zone de chaos sur sa frontière orientale. En même temps, il ne lui est pas possible d’envoyer des troupes militaires ou de police sur le territoire ukrainien, comme dans le cas de la Bosnie ou du Kosovo (en tout cas pas sans le consentement de la Russie). Ce sont les limitations des uns comme des autres qui imposent la nécessité – difficile – d’une solution diplomatique.

En ce sens, il n’est pas étonnant que l’accord signé lors de la rencontre quadripartite entre la Russie, l’Ukraine, les États-Unis et l’UE, le 17 avril à Genève ait pour un des points centraux le désarmement des «milices» et l’évacuation des bâtiments publics et places occupés. Évidemment, rien ne garantit que ces points soient respectés sur le terrain, mais le message, y compris de la part de la Russie, est clair: il faut faire baisser la tension avant que la situation devienne incontrôlable. En même temps, ces négociations ont représenté une petite avancée, même si partielle, pour la Russie: sa tactique de pression sur l’Ukraine et l’impérialisme à travers l’attisement des tendances séparatistes à l’Est semblent commencer à porter ses fruits car ses rivaux ont dû s’asseoir à la table de négociations et promettre l’ouverture de négociations sur le statut de l’Ukraine. Philippe Alcoy

http://www.ccr4.org/A-l-Est-de-l-Ukraine-la-Russie-joue-avec-le-feu

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28 avril 2014 ~ 0 Commentaire

Coëtquidan, à saint-cyr, le leadership enseigné aux futurs cadres (of)

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Le centre de formation continue de l’école d’officiers de Saint-Cyr Coëtquidan, organise régulièrement des stages de leadership pour les étudiants ou les entreprises.

La journée commence à 5 h 30, en combinaison kaki, après une nuit en chambrée… « No, no, I can’t... », gémit Pooja. Devant elle, le vide et deux câbles horizontaux tendus sur dix mètres de long. Équipée d’un harnais de sécurité, cette Indienne de 30 ans doit se lancer, les pieds sur un câble, les mains sur l’autre. Autour, l’océan s’étire sous un ciel inondé de soleil. Mais le vent froid qui souffle du nord-est ajoute au vertige. On est au fort de Penthièvre, à l’entrée de la presqu’île de Quiberon.

« La force du groupe » C’est le troisième exercice de l’après-midi. Six autres suivront. Des exercices habituellement réservés aux officiers de Saint-Cyr Coëtquidan, qui viennent y mettre à l’épreuve leur peur du vide, de l’eau ou des espaces clos, et la capacité de leur corps et de leur mental à résister au stress et à l’effort. Apprendre, aussi, à être chef et jouer collectif. Pooja, comme l’Indien Srayan, le Pakistanais Mohammad, le Français Erwann ou la Chinoise Julie, tous finiront les exercices, parfois le cœur battant, boostés par leurs camarades qui crient en bas : « Good, go on ! »« La force du groupe », jubile l’instructeur. Nous sommes dans le cadre du centre de formation continue de Saint-Cyr Coëtquidan, Scyfco, une structure privée adossée à l’école d’officiers. Guer – 07h54

http://www.ouest-france.fr/coetquidan-saint-cyr-le-leadership-enseigne-aux-futurs-cadres-2452805

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20 mars 2014 ~ 0 Commentaire

Ukraine: austérité? d’abord pour les oligarques! (solidarités.ch)

Ukraine: austérité? d'abord pour les oligarques! (solidarités.ch) dans Antiimpérialisme 0STS3-N8

Pour obtenir un prêt du Fonds monétaire international (FMI) de 15 milliards de dollars le pouvoir ukrainien est prêt de provoquer une catastrophe sociale.

Le gouvernement préfère nuire à la majorité des citoyens au lieu de sacrifier les intérêts d’une poignée d’oligarques.

Ce n’est pas une invention de notre Union socialiste « Opposition de gauche » : il s’agit d’une politique d’austérité sans précédent, des coupes qui éliminent les prestations sociales, de la destruction du système de santé et de l’augmentation des prix. « L’impopularité de ces mesures ne garantit pas pour autant leur efficacité. L’Ukraine tombe dans une servitude de l’endettement encore plus grande, le grand business va renforcer son pouvoir et, au cours des deux années à venir, il n’y aura aucune incitation du développement économique », disent les socialistes.

 Le nouveau gouvernement a déclaré que l’Ukraine va fidèlement réaliser toutes ses obligations afin de préserver son image « d’emprunteur souverain ». Il compte réaliser toutes les conditions imposées par le FMI. Le ministre des Finances a déclaré que toutes les institutions budgétaires vont réaliser les restrictions suivantes : interdiction de l’achat de vêtements du travail, interdiction de pourvoir les postes vacants, interdiction de payer les primes. Cette approche générale touche particulièrement le service de santé et va provoquer la fuite des cadres de ce secteur. « La gratuité des soins de santé est garantie par la Constitution, alors comment le pouvoir compte-il l’assurer sans payer le travail du personnel médical ? », demandent les militants de gauche.

Si le gouvernement voulait vraiment faire des économies, il s’en prendrait aux oligarques qui ont acquis pour rien les entreprises privatisées et n’ont rien fait pour les moderniser. Si ces derniers sont de véritables patriotes, ils devraient donner leur argent pour éliminer le déficit budgétaire de l’État.Pour le moment le gouvernement parle de la nécessité de réduire les dépenses de 65 à 80 milliards de hryvnia [5 à 6,25 milliards d'euro]. Un tel montant peut être obtenu même sans procéder à une « dépossession » massive. « Le développement de l’Ukraine doit commencer par l’élimination de l’injustice sociale », disent les militants de l’Opposition de gauche.

Selon Forbes la fortune du gouverneur de Dniptopetrovsk, Igor Kolomoïskyï, s’élève à 2,1 milliards de dollars ; 1,5 milliard de dollars, c’est celle du député Vadim Novinskyï ; 1,3 milliard de dollars – ce sont les avoirs du député Petro Porochenko ; le député Serhyï Tihipko possède 1 milliard; le gouverneur de la région de Donetsk, Sergueï Taruta, dispose de 0,59 milliard… La somme totale de ce que possèdent les politiciens les plus riches atteint 6,49 milliards de dollars. Si l’on se fonde sur le taux de change officiel (9,23 hrivnia pour 1 dollar), on peut estimer qu’ils disposent de 59,9 milliards de hrivnia. « C’est sont donc en réalité ces mêmes 60 milliards de hrivnia que le premier ministre Yatseniouk veut prélever dans les poches des plus pauvres citoyens ukrainiens », conclue l’Opposition de gauche.

L’Ukraine n’a pas besoin du crédit conditionnel du FMI, qui va accroître le nombre des pauvres. De plus, nous pensons qu’il ne faut pas recourir au crédit du FMI alors qu’il y a un tel potentiel d’autres réformes, en particulier celles réduisant le coût prohibitif des oligarques.

L’Opposition de gauche exige la mise en œuvre des changements suivants :

1. Une large discussion publique sur la façon de surmonter la crise. On nous dit que jusqu’à la fin du conflit avec la Russie une telle discussion professionnelle n’est pas possible. Mais pourquoi est-il possible de nommer des cadres sur la base de discussions formelles, alors qu’il ne serait pas possible de soumettre les mesures d’austérité à l’ensemble de la population ? Les économies dans l’appareil d’État devraient commencer immédiatement. Et les économies sur les retraités, sur les salaires des employés d’État et sur les programmes sociaux ne peuvent être décidées qu’à la condition que la comptabilité des agences gouvernementales et des entreprises d’utilité publiques soit disponible en ligne pour tout le monde.

2. Lustration sociale : il faut priver les oligarques soit du pouvoir, soit du capital. Car il y là un risque important de conflit d’intérêts. Les businessmens nouvellement nommés aux postes dirigeants vont utiliser ces postes pour s’enrichir et ainsi tous les sacrifices économiques serviront seulement pour assurer leur propre prospérité. Ils utilisent leurs positions pour passer des contrats avec leurs entreprises, ce qui fait que l’argent économisé sur le budget de l’État sera employé par eux pour des aides et des subventions fournies pour que ces entreprises réalisent leurs obligations sociales, qu’elles devraient de toute façon accomplir (compensation de la création des emplois, etc.). La revendication de l’autodéfense du Maïdan est juste : chacun de la centaine des Ukrainiens les plus riches doit verser un dixième de sa richesse pour le bien commun.

3. Refus de signer l’accord sur la Zone de libre-échange. L’Ukraine peut signer l’Accord d’association sans pour autant intégrer la Zone du libre-échange – déjà en octobre 2013 l’Opposition de gauche avait fait état du réalisme de cette exigence. La libre circulation des marchandises européennes sur le territoire ukrainien aurait des effets encore pires que celles des plus dures réformes néolibérales : ce serait la ruine de l’économie ukrainienne.

4. Le secteur clandestin de l’économie doit être soumis à la loi (près de 170 milliards de hryvnia sont payés sous forme d’« enveloppes » et le volume total de l’économie de l’ombre atteint 350 milliards). Les travailleurs doivent avoir le droit de grève même si l’employeur ne leur a pas fourni le contrat du travail. Les sanctions pour le non-paiement des salaires et pour les emplois sans contrat du travail doivent être augmentés, en les multipliant au moins par dix (actuellement, selon le Code pénal, l’amende pour non déclaration du travail est de 850 hryvnia).

5. Récupérer les fonds exportés illégalement vers les paradis fiscaux. Nous devons immédiatement dénoncer l’accord sur la double imposition, qui permet aux oligarques de ne pas payer les impôts. Du fait de la juridiction visant à éviter la double imposition, chaque année quelques 30-40 milliards de hryvnia finissent sur les comptes des paradis fiscaux sans payer d’impôts. En tout c’est près de 350 milliards de dollars qui ont été transférés dans des paradis fiscaux. En 2010, les impôts ont vidé les poches de tout le monde, sauf celles de Pintchouk, Kolomoïskyï, Akhmetov, Tarouta, Zhevago, Firtasch etc. Ces gens là accaparent 70 % du revenu ukrainien, car ils possèdent toutes les grandes entreprises. Ils paient un faible impôt à Chypre ou ailleurs, mais rien en Ukraine. Les entreprises ukrainiennes appartiennent formellement à des compagnies situées à Chypre ou aux Maldives. Et c’est là que les profits ukrainiens arrivent en tant que recettes des investissements chypriotes, non imposables. Que les capitalistes oligarques commencent par payer les impôts, et alors nous déciderons si nous devons payer les prix des services publics « fondés sur leur coût ».

6. Impôts progressifs sur les revenus des riches et de leurs corporations. Il faut imposer les revenus personnels jusqu’à 100 % pour la part qui dépasse 15.000 dollars par mois ou 150.000 dollars par an. Il y a (officiellement) 127 millionnaires dans notre pays et, en tant qu’entrepreneurs, leur impôt sur le revenu n’est que de 17 % à partir d’un revenu de 15.000 hryvnia. Alors que la plupart d’entre nous, qui gagnons 2.000 à 4.000 hryvnia par mois, sommes imposé à 15 %. Et ce sont ces gens là qui veulent réduire de 20 % les salaires des ambulanciers ! Allons nous tolérer cela ? Nous soutenons le choix européen ! En Europe les millionnaires payent au moins 40 % à 60 % d’impôts sur leur revenu personnel (et rappelons, qu’en France les revenus supérieurs à un million euros devaient être imposés à 75 %). Il est aussi nécessaire de fixer un taux de TVA supérieur sur les produits de luxe (à 25 %).

7. En situation de crise, il faut soutenir les gens. Il faut les transports publics gratuits, des prix fixes pour les médicaments, le blocage des prix des services publics, des services publics gratuits pour ceux dont les salaires n’ont pas été payés ou ceux qui n’ont pas reçu leurs prestations sociales.

8. Refus du payement de la dette extérieure, au moins jusqu’au remboursement du capital qui a été pillé (la dette extérieure atteint 75 milliards de dollars). Il faut exiger l’annulation de toutes les dettes qui sont le résultat des emprunts du pouvoir oligarchique.

L’Opposition de gauche dit depuis longtemps que tous les partis politiques présents dans le Parlement professent l’idéologie néolibérale et veulent faire financer leur business par la majorité de la population. L’arrivée au pouvoir de l’ancienne opposition et ses annonces de mesures « impopulaires » confirme cette thèse. « Il faut continuer le mouvement de protestation ukrainien jusqu’à la démission de toute la classe politique et l’abolition du cours néolibéral. Le pouvoir dans l’État et dans les entreprises doit être exercé par les conseils des travailleurs – de ceux qui créent directement la richesse », explique l’Opposition de gauche.

D’autres propositions ont été présentées dans les « 10 Thèses pour le changement social » (1).

Communiqué de GASLO:  Golovnyï Analititchnyï Sait Livoï Opozitsii – principale page d’analyses de l’Opposition de gauche est la page web animé par l’Union socialiste « Opposition de gauche » : http://gaslo.info/

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12 mars 2014 ~ 0 Commentaire

La solidarité sauvera l’ukraine d’une intervention (essf)

Pilash

L’intervention de l’armée russe a été rendue possible du fait de la division de la société ukrainienne. Son unité n’est pas possible avec les oligarques et les chauvinistes au pouvoir. Seule la solidarité peut sauver l’Ukraine.

1. Nous sommes pour l’autodétermination de la Crimée mais seulement après le retrait des forces armés russes qui sont en train de réaliser une intervention flagrante. Nous sommes pour l’autodétermination du peuple et non pour celle des élites corrompues qui « s’autodéterminent » pour se protéger de la population de Crimée avec les canons des armes automatiques russes. Le résultat du séparatisme en Crimée serait la renaissance de l’empire russe, la menace d’une guerre mondiale.

2. L’hystérie nationaliste, que les leaders de Maidan ont fait le choix d’ignorer, sert à justifier l’agression. Les plaisanteries xénophobes agressives étaient considérées comme normales et, même aujourd’hui dans les piquets contre la guerre, on entend encore des slogans provocateurs comme « Gloire à la nation ! Mort aux ennemis ! ». Les manipulations du Kremlin ont permis d’intimider la population de l’Ukraine méridionale et orientale. Pourtant l’agression commencée par la Fédération de Russie a ouvertement un caractère d’annexion et est dirigée contre la République révolutionnaire (une véritable révolution, qui s’en prenait aux oligarques, avait commencé et il était clair qu’elle allait mettre à son ordre du jour la question de la transparence de leur richesse).

Même une guerre de libération, si elle est dirigée par les oligarques ukrainiens, conduira à une fascisation de la société : une unification autour d’intérêts nationaux mythiques nous attend, un pouvoir dictatorial sans limites pour conduire une politique sociale qui continuera la concentration des richesses dans les mains de l’élite. Notre gouvernement ne pourra prétendre à la légitimité seulement après avoir subi une lustration [1] sociale. Au lieu de cela, le pouvoir de notre pays cherche à se légitimer au nom de la menace d’une intervention étrangère : on veut nous faire aimer ce régime et non notre pays. En Ukraine, les postes de responsabilité politique passent sous le contrôle direct des oligarques – Kolomoïskiy [2] et Tarouta [3] sont devenus gouverneurs. Les oligarques ont pillé notre pays et maintenant ils exigent que les gens affamés protègent cet État corrompu !

3. Maïdan n’était pas homogène : les nationalistes radicaux ont réellement pollué la mobilisation avec leur xénophobie, mais heureusement, ce ne sont pas eux qui ont défini les revendications de Maïdan. Les populations de l’Ukraine orientale et méridonale ainsi que les représentants des minorités ethniques devraient prendre conscience qu’à Maïdan il y avait beaucoup de représentants de positions internationaliste, de gauche et démocratique. Soutenir le mythe du « Maïdan fasciste » c’est se résigner à l’emploi de la force par les néo-nazis contre les très nombreux citoyens qui sont en désaccord avec eux. Nous regrettons que les idéaux antifascistes soient utilisés pour justifier la guerre. L’antifascisme c’est la solidarité et non l’intervention militaire !

4. Les citoyens de l’Ukraine centrale et occidentale doivent exiger du gouvernement de ne pas permettre la discrimination linguistique, la destruction de monuments et des actes d’hostilité inutiles. L’ukraïnisation menée par les oligarques ne peut se faire qu’au nom du chauvinisme. La politique linguistique doit être revue et le droit d’employer la langue maternelle doit être élargi dans les régions où cela est nécessaire. La renaissance nationale et culturelle de la nation ukrainienne et des autres nations de notre pays n’est pas possible sans que les problèmes sociaux soient résolus.

5. Nous sommes pour la préservation de l’Ukraine unifiée en tant que phénomène culturel unique. La coexistence de différents groupes ethniques ne peut qu’enrichir la culture humaine. Diviser en deux ce pays, c’est garantir la domination des chauvinismes. Tous ces conflits en Ukraine sont la conséquence de la dictature des oligarques. La consolidation de l’Ukraine ne peut être réalisée qu’en surmontant le pouvoir de l’oligarchie – les travailleurs de l’est comme du sud aspirent aux mêmes changements sociaux et ils devraient comprendre qu’en provoquant les affrontements on ne peut que repousser à l’infini toute perspective d’amélioration.

6. Le pouvoir de la Fédération de Russie représente l’expression la plus conservatrice des intérêts du capital. C’est pourquoi les citoyens qui sont favorables à un référendum de « réunification » avec la Russie doivent se préparer à la terreur policière et à la politique antisociale. Nous ne permettrons pas une victoire de l’impérialisme russe, qui constituerait un grave précédent. Contrairement à ce qu’affirment les nationalistes bourgeois ukrainiens, il n’y a aucune survivance du socialisme dans la Russie actuelle. La population ukrainienne haïra encore plus les Russes si les illusions impérialistes et revanchardes se développaient parmi les masses. Les promesses d’une vie meilleure dans le style hitlérien finissent toujours par une catastrophe pour la nation qui agresse. Il faut avoir à l’esprit qu’une telle guerre serait aussi une opportunité pour que le capital occidental puisse installer ses armées et saisir une partie du territoire ukrainien.

7. Il faut surtout lancer un appel à la population russophone et aux Russes d’Ukraine, qui ne soutiennent pas la guerre. Ce sont eux qui peuvent saboter la mobilisation et le transfert des troupes d’occupation ainsi que faire pression sur les autorités et le capital russes. C’est eux que l’impérialisme russe tente d’utiliser pour renforcer sa domination par le référendum. Nous devons créer des brigades internationales pour préserver la règle du droit, agir contre le chauvinisme mutuel, protéger les installations stratégiques, faire la propagande parmi les troupes mais aussi empêcher le désarmement des soldats ukrainiens. Il faut former des groupes d’autodéfense ouvrière dans les entreprises pour les protéger des envahisseurs étrangers et de le cupidité de leurs « propriétaires ». Il faut créer des unités avec ceux en qui vous avez confiance ou que vous éliriez ! L’armée ukrainienne doit être sous le contrôle des citoyens. Pourquoi mourir sous le commandement des nationalistes comme Paroubyï ou Yarosh ? Ils ont déjà sur la conscience les mauvaises décisions tactiques de l’EuroMaïdan et les provocations à la haine ethnique. Pourquoi mourir pour les intérêts des Akhmetov [4] -Kolomoïskiy ? Les prolétaires de tous les pays devraient apprendre des oligarques ukrainiens la notion de solidarité, car ces derniers ont sur surmonter tous leurs conflits pour s’unir autour de leurs intérêts de classe.

* À bas les bandits-hommes d’État, qui sont devenus séparatistes !

* À bas les impérialistes russes !

* À bas les chauvinistes ukrainiens !

* Vive l’indépendance de l’Ukraine des travailleurs !

L’Union socialiste « Opposition de gauche » présente son opinion sur l’agression russe en Crimée et sur le rôle destructeur des nationalistes ukrainiens. Kiïv, le 3 mars 2014

L’Union socialiste « Opposition de gauche » a été créé en novembre 2011 par les militant-e-s des groupes de la nouvelle gauche : Initiative de gauche, Organisation des marxistes, Alternative socialiste et Groupe marxiste « la Tomate ». La présentation du site web de l’Opposition de gauche mentionne qu’elle « entretient des liens avec les mouvements de travailleurs et d’étudiants dans le monde au travers de ses contacts avec la IVe Internationale ».

* http://orta.dynalias.org/inprecor/a…

Cette déclaration a été d’abord publiée par le site web GASLO (site web central de l’Opposition de gauche) : http://gaslo.info/?p=4990 Traduit de l’ukrainien par JM.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article31317

 

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