Archive | Antiimpérialisme

09 mai 2023 ~ 0 Commentaire

chili (socialist worker)

chili

Le parti d’extrême droite arrive en tête des nouvelles élections législatives au Chili

Le président de gauche Gabriel Boric s’est engagé sur la voie désastreuse de la conciliation avec les grandes entreprises et la droite.

Le parti républicain d’extrême droite est arrivé en tête des élections à l’organe chargé de rédiger la nouvelle constitution du Chili. Il a obtenu 22 des 51 sièges, les partis de droite 11 autres et la gauche seulement 17.

Le président Gabriel Boric avait promis de remanier la constitution adoptée par le général Augusto Pinochet, qui a pris le pouvoir en 1973 à la suite d’un coup d’État soutenu par les États-Unis.

L’homme de gauche a accédé au pouvoir en 2021 à la suite d’un mouvement de masse qui a secoué ce pays d’Amérique du Sud. Il a battu Jose Antonio Kast, chef des républicains qui se sont déclarés opposés à toute modification de la constitution.

Les travailleurs avaient placé de grands espoirs dans M. Boric lorsqu’il est arrivé au pouvoir, espoirs qu’il a ensuite déçus.

Dans le cadre d’une campagne de lutte contre la criminalité, tous les partis de la coalition gouvernementale ont contribué à l’adoption de 15 textes législatifs il y a un mois. Ces textes confèrent des pouvoirs considérables aux forces de police qui avaient si brutalement tenté d’écraser la révolte de 2019.

Les policiers se sont vu accorder une couverture légale pour tuer, ainsi qu’un budget supplémentaire de 1,25 milliard d’euros. « Les ressources supplémentaires », s’est vanté Boric, « seront financées par des fonds d’urgence ». Ils proviennent « du trésor public, pas de réaffectations, pas de fonds déjà affectés à autre chose, et d’autres fonds qui n’ont pas été engagés dans le budget pour l’année 2023″.

L’assemblée constitutionnelle commencera à travailler sur un nouveau projet en juin, qui sera soumis à un vote national. L’année dernière, les citoyens ont rejeté un projet de constitution soutenu par M. Boric et la gauche.

Il comprenait des réformes progressistes que les grandes entreprises et la droite ont combattues bec et ongles. Mais il avait déjà cherché à faire des compromis avec ces forces, plutôt que de s’attaquer aux crises sociales auxquelles sont confrontés les citoyens ordinaires. Par exemple, il s’agissait de donner aux citoyens le choix entre les soins de santé publics et privés, et non de se débarrasser des vautours privés.

Pendant ce temps, la vie des gens ordinaires est devenue plus difficile. Au Chili, l’inflation est à deux chiffres depuis plus d’un an et n’est revenue que récemment à 9,9 % en avril. Le prix des denrées alimentaires, en particulier, a grimpé en flèche au cours de l’année écoulée.

La colère s’est également manifestée à la suite des incendies de forêt qui ont ravagé le sud du Chili en février, faisant plus de 20 morts. Les personnes interrogées ont estimé que le gouvernement n’avait pas réagi assez rapidement.

Boric n’était pas prêt à affronter les intérêts et le pouvoir des grandes entreprises au Chili. Il s’est appuyé sur des voies parlementaires et constitutionnelles « sûres », et non sur des mobilisations de masse dans les rues et sur les lieux de travail, qui ont le pouvoir de s’attaquer au capital.

En faisant des concessions aux patrons et à la droite, il a démobilisé ses propres partisans et ouvert la porte à l’extrême droite.

Dans les années 1970, le social-démocrate Salvador Allende pensait que pour apporter des changements, il pouvait promouvoir « l’unité ». Il espérait apaiser la droite en cédant à ses exigences. En 1973, Pinochet l’a renversé et Allende a été tué.

Boric a suivi la même voie de conciliation avec la droite, qui s’est à nouveau avérée désastreuse.

Sophie Squire Monday 08 May 2023

https://socialistworker.co.uk/

 

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08 mai 2023 ~ 0 Commentaire

triliou (en breton)-tricolore (jdd)

tricolore

D’où vient le drapeau français ?

Les députés examineront mardi une proposition de loi du groupe Renaissance visant à rendre obligatoire le pavoisement des drapeaux français et européen sur la façade des mairies. Mais d’où vient le drapeau tricolore ?

Ses origines sont encore floues. Sous l’Ancien Régime, il n’existait pas de drapeau représentant la nation française. Le bleu, le blanc et le rouge étaient associés à l’autorité de l’État. Elles étaient d’ailleurs les couleurs du roi, celles qu’arboraient ses domestiques et ses régiments par exemple.

Cette association tricolore va prendre un autre sens sous la Révolution.

En signe de ralliement, les combattants de la Garde nationale parisienne portent une cocarde bleu et rouge, couleurs de la capitale. Le 17 juillet 1789, peu après la prise de la Bastille, La Fayette, commandant de la Garde nationale, remet à Louis 16 une cocarde où le blanc s’est intercalé entre le bleu et le rouge.

Plusieurs interprétations sont possibles. Cette combinaison pourrait symboliser la reconnaissance de la Garde par le souverain, et donc l’alliance entre le roi et le peuple, mais aussi entre les militaires et les citoyens. Une autre interprétation rappelle qu’à l’époque, peu après l’indépendance des États-Unis, le bleu-blanc-rouge était populaire auprès des sympathisants de la cause des libertés publiques.

Peu à peu, l’imagerie tricolore passe d’insigne militaire à symbole patriotique. Elle est ainsi présente sous toutes ses formes lors de la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, en bandes verticales mais aussi horizontales ou même en losanges et en carrés.

Le drapeau prend sa forme définitive le 15 février 1794. Ses trois bandes verticales et l’ordre de ses couleurs auraient été dessinées par le peintre Jacques-Louis David, à la demande de la Convention nationale. À ce stade, il ne s’agit que du pavillon arboré par les vaisseaux français. Les armées terrestres, elles, continuent d’utiliser des étendards tricolores très variés, qui seront uniformisés sous l’Empire.

Avec le retour de la monarchie, les Bourbons reviennent à l’étendard blanc. Le drapeau tricolore est proscrit. Il est brandi par les révolutionnaires lors des Trois Glorieuses et réhabilité par le roi Louis-Philippe, en 1830. Lors de la révolution de 1848, il est question de passer au drapeau rouge, mais l’emblème tricolore est finalement maintenu, notamment grâce à une harangue du poète Lamartine, qui rappelle que « le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ».

Depuis, il a toujours été conservé. L’article 2 de notre Constitution en fait le seul emblème national. Une dernière anecdote : en 1974, Valéry Giscard-d’Estaing décide d’éclaircir le rouge et surtout le bleu, pour le coordonner avec celui du drapeau européen, par souci esthétique. Emmanuel Macron est depuis revenu aux couleurs classiques.

Aude Le Gentil 08/05/2023

https://www.lejdd.fr/

Remarque:

C’est donc de la faute de Lamartine si le drapeau n’est pas tout rouge. En fait la révolution de 1848 fut une grande défaite du petit peuple face à la bourgeoisie et par la suite le mouvement ouvrier ne reconnaissait que le drapeau rouge « rouge du sang de l’ouvrier ». (La Commune) C’est le PCF qui a rompu ce consensus lors de son ralliement nationaliste à la bourgeoisie dans les années 1930. La FI de Mélenchon perpétue ce culte du tricolore.

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08 mai 2023 ~ 0 Commentaire

Ukraine (france inter)

resistance en bretagne

Pourquoi l’Ukraine va désormais célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale le 8 mai (et non le 9 mai)

Entre la Russie et l’Ukraine la guerre ne se déroule pas seulement sur le terrain militaire, mais aussi sur le plan mémoriel. L’objectif du président ukrainien Zelensky est d’inscrire clairement son pays dans ce qu’il appelle de lui-même le « monde libre ».

Déjà l’année dernière, Volodymyr Zelensky avait choisi le 8-Mai pour diffuser un vibrant discours en vidéo où il faisait des parallèles entre l’agression russe contre son pays, et celle que l’Allemagne nazie avait fait subir à l’Europe dès 1939.

Cette année il va plus loin pour se démarquer des Russes et de leurs commémorations du 9 mai. « Aujourd’hui je dépose devant le parlement ukrainien un projet de loi qui propose de faire du 8 mai le jour du souvenir de notre victoire sur le nazisme pendant la seconde guerre mondiale, de 1939 à 1945″, a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur le réseau Telegram. De fait, les Russes célèbrent le jour de la Victoire le 9 mai, jour où Staline signa la reddition allemande à Berlin en 1945, alors que tous les autres belligérants l’avaient fait à Reims le 8 mai.

Dans sa vidéo, Volodymyr Zelensky insiste par ailleurs sur le fait que la guerre a bien commencé en 1939, alors que les Russes, dans la tradition mémorielle soviétique, n’y incluent pas la période de la guerre qui court jusqu’à 1941, durant laquelle l’URSS avait signé avec Hitler l’embarrassant pacte germano-soviétique.

Deux mémoires

Il y a donc là deux mémoires qui s’opposent frontalement. En ne s’alignant plus sur le calendrier de Moscou, le président ukrainien inscrit clairement son pays dans le « monde libre », celui qui a combattu le mal nazi et l’a vaincu le 8 mai 1945. Un mal, dit aussi Volodymyr Zelensky, qui est aujourd’hui revenu, sous la forme de l’invasion russe de l’Ukraine, avec les mêmes logiques, de haine, de destructions et d’asservissement. « Tous ces vieux démons que la Russie actuelle a réveillés seront vaincus, tout comme nous avons vaincu le nazisme« , a-t-il lancé.

Quant à la journée du 9 mai, pour bien enfoncer le clou, le président ukrainien annonce qu’il en fait, par décrêt, le jour de l’Europe à travers toute l’Ukraine, pour célébrer son arrimage à l’Union européenne, ce « monde libre » qui, dit-il s’est construit sur la victoire de 1945… et sortira renforcée de l’autre victoire, celle qu’il promet à l’Ukraine et à ses alliés.

Camille Magnard lundi 8 mai 2023
 
https://www.radiofrance.fr/
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Commentaire:
 
Tous les « staliniens » n’ont pas attendu 1941 pour commencer la Résistance. Ainsi Guingouin « préfet du Maquis » du Limousin et Charles Tillon.
 
Georges Guingouin
 
Charles Tillon

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07 mai 2023 ~ 0 Commentaire

bobby sands ( joe donovan)

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Un mur de séparation à Belfast. Crédit photo : Ross, www.geograph.org.uk
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L’Irlande du Nord, 25 ans après la fin du conflit nord-irlandais

Le 5 mai dernier, c’était le 42e anniversaire de la mort de Bobby Sands, 27 ans, membre de l’IRA, élu député Sinn Fein à la Chambre des communes moins d’un mois avant sa mort, le 9 avril 1981. Il est mort dans la prison de Maze, en Irlande du Nord, à la suite de la grève de la faim qu’il avait entamée deux mois auparavant pour réclamer, avec ses codétenus de l’IRA, le statut de prisonnier de guerre.

Peu auparavant, le 25e anniversaire de l’accord du Vendredi saint – signé le 10 avril 1998 et qui avait mis fin à trente ans de conflit – a été l’occasion de la visite du président Joe Biden, d’origine irlandaise, à Belfast ainsi que de Bill et Hillary Clinton. Visite qui a été l’occasion de toutes sortes de raouts où dirigeants britanniques, irlandais et américains se sont félicités de cet accord, mais aussi du rôle, en partie facilitateur, joué par les États-Unis.

Cet accord avait été signé entre les nationalistes irlandais partisans de l’unification de l’Irlande dans une république indépendante et les unionistes, partisans du maintien dans le Royaume-Uni1.

Parmi les clauses de l’accord figure la création d’un Parlement local où sont représentés les deux camps qui se partagent le pouvoir. Les anciens paramilitaires des deux côtés ont ainsi troqué le kaki pour le costume trois pièces.

Le principal parti unioniste en perte de vitesse

Or, depuis les élections de mai 2022, ce sont les républicains irlandais du Sinn Fein (constitué notamment d’anciens paramilitaires républicains irlandais) qui sont devenus le premier parti représenté à ce Parlement. La vice-présidente du Sinn Fein devrait donc normalement devenir cheffe du gouvernement d’Irlande du Nord… si l’Assemblée se réunit. Car le Parti unioniste démocratique (DUP), jusque-là premier parti par son nombre de députés, refuse désormais d’y siéger.

La baisse du nombre de voix du DUP (– 6,7 %) a des causes multiples et s’est faite en quelque sorte par les deux bouts.

Le Sinn Fein n’a que peu progressé (+ 1,1 %), mais il a reçu un soutien d’électeurs nationalistes qui reprochaient au DUP de ne pas se prononcer sur la formation d’un gouvernement de coalition avec le Sinn Fein et refusent désormais les attitudes suprémacistes protestantes.

D’un autre côté, selon le journaliste Sam McBride du Belfast Telegraph, qui suit de près ce qui se passe dans la mouvance unioniste, cette dernière, en même temps qu’elle perdait de l’influence, se serait radicalisée :

« L’unionisme est en train de se rétrécir et de se durcir. » Cela se traduit par un changement de rapport de force au sein même de l’unionisme pro-britannique, certains électeurs du DUP se déplaçant vers le TUV (Voix traditionaliste unioniste, + 5,1 %) qui a surfé sur les conditions d’établissement du Brexit : du fait du maintien de l’Irlande dans l’Union européenne, une barrière douanière entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, a été créée, faisant craindre à une partie de la population unioniste un rapprochement inéluctable avec la république d’Irlande. En tout cas, le DUP ne peut pas, même s’il le souhaitait, siéger pour l’instant au Parlement du fait de cette concurrence des unionistes plus radicaux qui refusent de laisser un gouvernement se créer tant que la situation antérieure au Brexit n’est pas rétablie avec un commerce sans barrière entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord2.

La situation politique est donc bloquée du fait du système de la coalition obligatoire entre les deux camps : si l’un des deux refuse d’y participer, le gouvernement ne peut pas exister.

Dans la communauté loyaliste, une partie de la jeunesse avait exprimé par la violence sa peur de voir l’Irlande du Nord se rapprocher de la république d’Irlande. Les groupes paramilitaires loyalistes3 se sont par exemple appuyés sur cette situation pour organiser une attaque factice contre le ministre irlandais des Affaires étrangères qui avait fait un déplacement à Belfast pour parler de… réconciliation.

Les protestants unionistes ont le sentiment que le sol se dérobe sous leurs pieds et que le gouvernement britannique les a trahis, leur place dans le Royaume-Uni étant remise en cause sans leur consentement. Sentiment aiguisé par la situation mise en évidence par les résultats du recensement de 2021 montrant que la population protestante n’est plus majoritaire en Irlande du Nord.

Désormais, ceux qui se définissent comme catholiques représentent 45 % de la population, contre 44 % pour les protestants. C’est la première fois que les catholiques (plutôt en faveur de l’unification irlandaise) ne sont plus une minorité dans cette entité nord-irlandaise créée en 1921 après la guerre d’indépendance (1919-1921) et dont les frontières avaient été dessinées pour garantir une majorité protestante pro-britannique dans cette partie de l’île et maintenir ainsi une pesante présence de l’ancienne puissance coloniale en Irlande4.

Le clivage protestants unionistes contre catholiques républicains fait un peu moins recette

Mais une partie de la population d’Irlande du Nord, en particulier parmi les jeunes, ne se définit plus comme unioniste ou nationaliste, refusant les clivages confessionnels qui ont fait s’affronter plusieurs générations. Cela s’est traduit par la progression du parti Alliance d’Irlande du Nord, parti centriste qui, comme son nom l’indique, se positionne pour le dépassement des clivages confessionnels. Avec 13,5 % des suffrages exprimés, il est désormais le troisième parti représenté au Parlement et a plus que doublé le nombre de ses sièges, passant de 8 en 2017 à 17. Il a rassemblé au-delà de son électorat constitué jusque-là de la petite bourgeoisie aisée des beaux quartiers de Belfast. Il s’est même payé le luxe de battre le DUP dans une circonscription fortement unioniste de la côte.

À tout cela s’ajoute la perte d’influence dans la république d’Irlande de l’Église catholique, secouée par de nombreux scandales, ce qui joue un rôle non négligeable dans le regard qu’une partie de la nouvelle génération d’Irlande du Nord porte sur un éventuel rapprochement entre les deux parties de l’île. Le référendum de 2018 légalisant l’avortement en république d’Irlande dans ce pays où l’Église et les culs-bénis étouffaient la société aurait tout simplement été impensable il y a 25 ans. Les dirigeants unionistes d’Irlande du Nord ne peuvent donc plus utiliser ce véritable repoussoir pour maintenir la population protestante dans leur giron.

Le Sinn Fein à la recherche d’une image respectable

Quant au Sinn Fein, son recentrage est de plus en plus perceptible : selfies avec Joe Biden, absence de critiques sur le rôle de l’impérialisme américain au Moyen-Orient et ailleurs – autant de choses qui ne surprennent plus tant le Sinn Fein joue la carte américaine.

Mais le discours sur la monarchie britannique, pour des gens qui se réclament d’une république, est notable. Tout a été fait au moment de la mort d’Elizabeth II pour ne surtout pas froisser les sentiments monarchistes de l’establishment britannique, notamment unioniste. Le Sinn Fein avait transmis des consignes à ses militants pour ne pas créer de remous sur les réseaux sociaux, alors même que, dans des quartiers catholiques, certains célébraient la mort de la reine. Michelle O Neill, vice-présidente du Sinn Fein et dirigeante potentielle de l’Irlande du Nord, a été invitée au couronnement de Charles III et y sera présente.

Il s’agit de rassurer les classes dirigeantes sur le caractère « raisonnable » du Sinn Fein, qui s’apprête à prendre le pouvoir en Irlande du Nord et qui est bien positionné dans les sondages en république d’Irlande.

Des problèmes communs auxquels se heurtent les deux communautés

Depuis 1998, une nouvelle génération appelée les « bébés de la paix » a grandi, moins préoccupée par les questions sur le statut de l’Irlande du Nord (Irlande unie ou maintien dans le Royaume-Uni) et plus occupée par les questions sociales et écologiques. L’Irlande du Nord connait des grèves, notamment dans l’éducation, du fait du manque de moyens dans les services publics. Ce qui risque d’être aggravé par les coupes budgétaires que prépare le gouvernement britannique en l’absence d’un gouvernement local. Le service de santé en Irlande du Nord est particulièrement en difficulté avec 6 000 patients qui attendent plus de cinq ans pour des opérations chirurgicales.

Cette situation crée des problèmes pour tous les travailleurs, quelle que soit leur « appartenance communautaire », ce qui a par exemple entraîné plusieurs jours de grève chez les enseignants.

Mais, malgré la paix fragile qui permet aussi à des jeunes de se poser ces questions d’avenir, la séparation entre les deux communautés subsiste. Les jeunes de part et d’autre des murs de séparation5 vont dans des écoles différentes, pratiquent des sports différents et ne se rencontrent pas avant l’université, voire ne se rencontrent jamais, sauf à aller dans les quelques écoles intégrées qui réunissent les enfants issus des deux communautés.

Par ailleurs, dans les quartiers ouvriers des deux communautés, ils font face à la pression de la criminalité organisée, de la pauvreté et des autres symptômes d’une misère plus accentuée qu’ailleurs au Royaume-Uni. Ainsi l’Irlande du Nord connait un taux de chômage élevé et un taux de suicide supérieur au reste du Royaume-Uni.

L’accord du Vendredi saint et son anniversaire a donc permis à quelques dirigeants impérialistes de parader pour s’auto-congratuler, mais le chômage reste élevé, les conditions de vie misérables pour toute une partie des classes populaires. Et la question nationale n’est toujours pas réglée.

Un certain nombre de jeunes cherchent à se détacher des lourdes chaînes des clivages communautaires qui n’ont réglé aucun des problèmes, ni nationaux, ni, évidemment, sociaux. Les groupes tentant de les placer sur le terrain des travailleurs sont aujourd’hui très faibles, même si l’un d’entre eux – le parti Le peuple avant le profit – a obtenu 1,4 % des suffrages et un siège au Parlement. Mais mettre en avant que le clivage fondamental dans la société est un clivage de classe est la seule façon d’ouvrir la perspective d’une réunification de l’île dans une république des travailleurs et de tourner le dos au Brexit au sein d’une Fédération socialiste des travailleurs d’Europe. Cela peut paraître une perspective lointaine aujourd’hui, mais c’est pourtant la seule qui soit porteuse d’espoir.

Joe Donovan  6 mai 2023

Commentaire:

L’Unionisme est l’idéologie qui soude tous les « protestants ». Elle est la branche locale des conservateurs britanniques et elle est soutenue par les travaillistes anglais. Elle n’a jamais été majoritaire car le découpage de 1921 excluait 3 comtés nationalistes, ruraux. Ils ont fait à la guerre mais à qui? L’IRA étant clandestine ils assassinaient au hasard des catholiques.

Le nationalisme concerne les irlandais opposés à « la violence ». Les « républicains » ne sont pas (en parole)  contre toute violence. Le parti de l’Alliance est « unioniste » mais modéré. Cela ne posait pas problème à des nationalistes d’être dans la police ou l’armée anglaise.

Le Nationalisme et son parti au Nord, le SDLP, autrefois hégémonique, renvoie aussi au soutien de la soi-disant communauté irlando-américaine allié à l’estalishment du SUD, dont on attend toujours une aide et pourtant c’est « la » solution de Gerry Adams.

Si les unionistes sont soudés religieusement, pas les nationalistes qui hébergent libre-penseurs , communistes etc

« Faire des enfants » n’est pas la solution, tous les enfants catholiques ne sont pas militants ou certains émigrent. Il faut donc une lutte de classe, plus facile à dire qu’à faire!

 

 

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06 mai 2023 ~ 0 Commentaire

Wuambushu (NPA)

Crédit Photo DR.
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Mayotte : arrêt immédiat de l’opération colonialiste Wuambushu !

Depuis une semaine, Gérald Darmanin essaye de mettre en œuvre une opération nauséabonde à Mayotte, visant à démanteler, « décaser » des quartiers entiers, expulser 24 000 habitants de l’île en deux mois, 400 personnes par jour.

Faisant l’amalgame entre insécurité, délinquance et immigration, il veut faire des plus de 40% de la population venue des autres îles de l’archipel des Comores, les responsables de tous les maux, cherchant à attiser toutes les divisions au sein de la population.

Le ministre de l’Intérieur qui a récupéré l’année dernière le portefeuille de l’Outremer, veut aussi se faire une publicité préélectorale et faire de l’opération Wuambushu les prémisses racistes de la loi immigration qu’il cherche à faire passer au parlement. Pire, à Mayotte, existe des dispositions dérogatoires au droit français : le droit du sol n’y est pas appliqué, et dépend de la résidence des parents : un tiers des « étrangers » à Mayotte sont nés et ont toujours vécus dans l’île. De plus, pour les titulaires de titres de séjour, Mayotte n’est pas la France, puisque leur titre ne leur permet pas de circuler dans les autres départements français. De fait, toutes ces distorsions créent des étrangers à Mayotte et exacerbent les tensions.

L’archipel divisé en 1975

Toute la population de Mayotte est comorienne, avec la même histoire, la même langue, la même religion, mais l’archipel des Comores a été divisé par la France à l’heure de la décolonisation en 1975, laissant Mayotte sous la coupe du colonisateur.  Et pire, depuis 1995, les Comoriens des autres îles, ont perdu la liberté de circulation et doivent obtenir un visa pour entrer à Mayotte. Un peu plus de 50% des habitants de Mayotte ont des papiers français, les autres, avec ou sans permis de séjour, viennent essentiellement des autres îles de l’archipel des Comores. C’est sur eux et elles que repose une bonne partie de la main d’œuvre des BTP et de l’agriculture.

Mais Darmanin fait des « étrangers comoriens » les responsables de la misère, de la délinquance et des violences à Mayotte « les 60 bandes criminelles », « les délinquants étrangers » associant comme en France délinquance et immigration. C’est sur la seule population sans-papiers que le gouvernement fait retomber la responsabilité de la misère et des violences à Mayotte, des agressions et règlements de comptes entre bandes de jeunes alors que 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté et que l’habitat informel avec les bangas et les bidonvilles concerne 40% des logements.

Les bandes de jeunes, les rackets et agressions ne sont pas le seul fait de jeunes arrivés d’Anjouan, l’habitat insalubre concerne aussi les Mahorais. La misère et la violence dans l’île ne sera pas réglée mais amplifiée par l’opération de Darmanin. Si les dirigeants français ont voulu garder Mayotte, ils n’en ont pas moins depuis 50 ans laissé les Mahorais dans la misère, l’île étant le 101e département et le moins doté en subvention publique, pour le logement, la santé, l’éducation, en proportion de ses 300 000 habitants, ce qui pousse beaucoup de jeunes Mahorais à migrer à La Réunion ou en France, tout comme les habitants des autres île des Comores migrent vers Mayotte pour y trouver, malgré tout, de meilleures conditions de vie.

Plus de 44 arrêtés de création de locaux de rétention

Darmanin met en scène en l’amplifiant et l’accélérant une pratique régulière du pouvoir depuis des années. Rien qu’en 2022, le CRA de Pamandzi a vu l’internement de 26 000 personnes aboutissant à 76% d’expulsions, car là aussi à Mayotte, le droit est dérogatoire : les recours devant le tribunal administratif ne suspendent pas les OQTF, l’AME (aide médicale de l’État), pour les étrangers, ne s’applique pas à Mayotte. Depuis des années des destructions de milliers de bangas, d’expulsions de Comoriens vers Anjouan, et sans doute, près de 15 000 morts sur des embarcations de Comoriens cherchant à atteindre Mayotte.

L’opération policière, en ce moment, se fait avec les projecteurs des médias français, avec 5 escadrons de gendarmerie, plus de 400 militaires et une unité de CRS, 1 800 hommes pour que Darmanin présente son combat contre l’immigration, détruisant des quartiers, déscolarisant des enfants, sans aucune garantie de relogement, expulsant en 72 heures sans que puisse s’exercer les droits de recours, sans relogement pour les familles menacées d’expulsion. Le préfet de Mayotte a pris plus de 44 arrêtés de création de locaux de rétention administratives totalement illégaux, puisque pris après l’ouverture de ces LRA, dont beaucoup n’avaient qu’une existence de quelques jours, quelques heures, pour empêcher les associations de défense des droits des étrangers de faire leur travail. Le 29 avril, le juge des référés du Tribunal administratif de Mayotte a donné raison aux associations, Cimade, GISTI et ADDE sur tous les manquements aux droits des étrangers.

Stopper l’atteinte aux droits humains

Toutes les dispositions d’exception prises à Mayotte sur l’accès à la nationalité, sur les droits des étrangers sont bien des expérimentations qui peuvent être demain étendu à tout le pays.

Mais tout en menant sa politique de mainmise coloniale sur Mayotte, la France n’en continue pas moins de soutenir aux Comores le président Azali Assoumani, autoritaire et contesté par son élection douteuse, président de l’Union des Comores, à plusieurs reprises depuis 1999 à l’issue d’un coup d’État.

Le NPA appelle à mettre un terme à cette atteinte aux droits humains et à stopper l’opération Wuambushu, à annuler toutes les dispositions d’entrave aux droits des étrangers et au droit du sol, tout comme à l’autoritarisme policier et sécuritaire et au projet de loi Asile et Immigration de Darmanin, Macron et Borne.

Montreuil, le Mercredi 3 mai 2023

https://nouveaupartianticapitaliste.org/

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06 mai 2023 ~ 0 Commentaire

wuambushu

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A l’initiative du NPA Kemper, ce vendredi, un rassemblement d’une cinquantaine de personnes, relayé par de multiples organisations dont droit d’asile, EELV, PCF, UDB, FI, CNT devant la Préfecture pour dénoncer l’opération Wuambushu à Mayotte et l’état colonialiste français.

À Brest, un rassemblement organisé ce vendredi contre l’opération « Wuambushu » menée à Mayotte

Plusieurs collectifs et partis politiques de gauche organisent un rassemblement, ce vendredi 5 mai 2023, pour manifester leur opposition à l’opération « Wuambushu » menée par l’État à Mayotte. Le rendez-vous est donné à 18 h sur la place de la Liberté, à Brest (Finistère).

Le PCF demande « l’annulation immédiate de l’opération »

Opposés à cette opération, plusieurs collectifs et partis politiques de gauche (association de la région de M’Boinkou à Brest, association de la Communauté Comorienne de Brest en France, ADE Brest, Union Pirate, Les Pétrolettes, Parlons trans !, Detraqueers, Parti communiste français, Nouveau Parti Anticapitaliste, La France insoumise) organisent un rassemblement à Brest (Finistère).

Il se tiendra sur la place de la Liberté à 18 h, ce vendredi 5 mai 2023.

Dans un communiqué, la section brestoise du PCF « appelle à la suspension et à l’annulation immédiate de l’opération Wuambushu et à la mise en œuvre de solutions pérennes pour assurer des voies légales et sécurisées de migrations et permettre le développement social et économique de Mayotte, tout en soutenant celui de la zone géographique de l’océan Indien ».

04/05/2023

https://www.ouest-france.fr/

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02 mai 2023 ~ 0 Commentaire

guerre froide (gilbert ashcar)

guerre froide

Sur la nouvelle guerre froide

Entretien avec Gilbert Achcar conduit par C.J. Polychroniou

Le risque d’une nouvelle guerre froide s’est considérablement accru ces derniers temps, non seulement en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais aussi parce que les Etats-Unis ont considéré que la Chine était une superpuissance rivale qu’il fallait endiguer. Telle est la vision des relations internationales actuelles que l’on rencontre chez les analystes traditionnels. Cependant, l’universitaire socialiste libanais Gilbert Achcar affirme que cette interprétation des relations interétatiques dans le monde d’aujourd’hui est une conception erronée de l’évolution de la politique mondiale depuis la fin officielle de la période connue sous le nom de guerre froide, qui a duré de 1947 à 1991. Elle repose sur une notion confuse ayant trait au thème d’une «nouvelle guerre froide». En effet, dans l’entretien qui suit, Gilbert Achcar affirme qu’une nouvelle guerre froide est en cours depuis la fin des années 1990 et que nous sommes maintenant à un stade où elle pourrait s’intensifier. (C.J.P.)

C.J.P.: Cette nouvelle guerre froide pourrait-elle devenir brûlante?

G.A.: Malheureusement oui. Et cela est en rapport avec une autre différence entre la nouvelle guerre froide et l’ancienne. Il y avait un certain degré de prévisibilité en ce qui concerne l’URSS pendant la guerre froide.

Les bureaucraties sont conservatrices par nature, et la bureaucratie soviétique ne faisait pas exception. Elle était sur la défensive la plupart du temps, y compris lorsqu’elle s’est aventurée pour la première fois hors de sa zone d’après 1945 en envahissant l’Afghanistan à la fin de l’année 1979. Elle était alors terrifiée par la perspective d’une propagation du fondamentalisme islamique aux républiques soviétiques d’Asie centrale dans le sillage de la «révolution islamique» iranienne.

Les choses ont changé avec Poutine. Un régime nationaliste, politiquement autocratique et économiquement oligarchique, est beaucoup plus enclin aux aventures militaires qu’un régime bureaucratique. Le résultat est que Poutine a déjà lancé plus de guerres que l’URSS n’en a eu après 1945 jusqu’à sa disparition: Tchétchénie, Géorgie, Ukraine, Syrie, auxquelles il faut ajouter l’intervention du groupe paramilitaire Wagner en Libye, au Soudan, au Mali et en République centrafricaine. L’existence même du groupe Wagner est très révélatrice de la nature du régime russe, où les délémitations entre intérêts publics et privés sont très poreuses.

La Chine, quant à elle, agit toujours selon la logique conservatrice de sa bureaucratie dirigeante. Elle n’a pas encore lancé de guerre à partir de son territoire. Elle considère ses actions à l’égard de Taïwan ainsi que ses manœuvres navales dans les mers entourant son territoire comme défensives face à l’encerclement militaire de la Chine par les Etats-Unis et aux provocations constantes de ces derniers.

Quant aux Etats-Unis, ils ont lancé des expéditions militaires impériales dans le monde entier après 1945, y compris deux guerres majeures en Corée et au Vietnam et plusieurs interventions de moindre importance. Ils ont ensuite inauguré la fin de la guerre froide par une attaque massive contre l’Irak en 1991, suivie de guerres dans les Balkans et en Afghanistan, et de l’occupation de l’Irak de 2003 à 2011.

Ils recourent de manière intensive et illégale à la «guerre à distance», principalement à l’aide de drones. Ils sont de plus en plus provocateurs à l’égard de la Chine: après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ils ont accentué leur trajectoire de heurts avec Pékin au lieu d’essayer de le détacher de Moscou.

Ajoutez à cela que Poutine a menacé d’utiliser des armes nucléaires et vous comprendrez à quel point est devenue dangereuse la situation mondiale actuelle.

La course mondiale aux armements a atteint de nouveaux sommets. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) a récemment constaté que les dépenses militaires mondiales ont augmenté en 2022 pour atteindre le chiffre record de 2240 milliards de dollars.

Il a ajouté: «Les dépenses militaires des Etats d’Europe centrale et occidentale ont totalisé 345 milliards de dollars en 2022. En termes réels, les dépenses de ces Etats ont dépassé pour la première fois celles de 1989, alors que la guerre froide touchait à sa fin.»

Le SIPRI relève également que «les dépenses militaires des Etats-Unis ont atteint 877 milliards de dollars en 2022, soit 39% du total des dépenses militaires mondiales et trois fois plus que le montant dépensé par la Chine».

Imaginez ce qui pourrait être fait dans la lutte contre le changement climatique, les pandémies et la faim avec une fraction de ces sommes énormes.(Extrait)

(Entretien publié sur le site Znetwork, le 29 avril 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

Gilbert Achcar est professeur d’études sur le développement et de relations internationales à la SOAS (School of Oriental and African Studies) de l’Université de Londres.

https://alencontre.org/

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28 avril 2023 ~ 0 Commentaire

mayotte

Colonisation

Au prétexte de lutter contre la « délinquance » à Mayotte, Darmanin a lancé une vaste opération anti-migrants dénommée « Wuambushu », qui signifie « reprise » en mahorais. Les moyens déployés pour cette opération sont démesurés : plus d’un demi-millier de gendarmes et de policiers en renfort des 1 350 déjà sur place, des membres du GIGN, des Éris (leur équivalent pour les prisons), huit magistrats… Un véritable corps expéditionnaire envoyé sur l’île !

Sur place, syndicats et collectifs promettent de documenter et signaler toutes les violations de droits dont ils seront témoins. Et ces craintes sont légitimes puisque, pour atteindre les 25 000 expulsions qui ont lieu en moyenne chaque année, les droits les plus élémentaires sont déjà piétinés : des expulsions sont réalisées le jour même où l’OQTF est notifiée, des mineurs sont rattachés de façon fictive à des majeurs, ou leur âge majoré pour pouvoir les expulser, tandis que des expulsions de parents laissent aussi à Mayotte de nombreux mineurs isolés.

Pour ces milliers d’enfants livrés à eux-mêmes, la délinquance dont parle le gouvernement correspond à la lutte pour la survie. L’opération Wuambushu ne fera qu’aggraver cette situation dramatique.

Si le gouvernement, relayé par les politiciens locaux, accuse les migrants de tous les maux dont souffre l’île, c’est pour mieux se défausser de sa propre responsabilité. En déversant sa xénophobie, Darmanin veut diviser Mahorais et Comoriens. Rien de nouveau, pour garder un pied dans la région, l’État français a détaché Mayotte des autres îles des Comores devenues indépendantes en 1974. En 1995, les ordonnances Balladur ont imposé des restrictions de circulation dans un archipel qui a toujours été en lien. Depuis l’instauration de cette frontière artificielle, des milliers de Comoriens meurent chaque année dans la traversée.

Il s’agit cette fois d’expulser plus de 20 000 personnes en deux mois, soit 300 par jour… Plusieurs centres de rétention doivent ouvrir, car les 150 places de celui de Pamandzi seront insuffisantes. Cette rafle d’envergure s’accompagnera de la destruction de bidonvilles, à coup de bulldozers.

Pour la préparer, il est prévu de couper l’eau aux habitants quelques jours avant son déclenchement. Darmanin promet que les habitants qui ne sont pas expulsables – mais néanmoins expulsés ! – seront relogés, une promesse qui n’a jamais été tenue dans le passé. Mahorais ou non, les habitants de ces quartiers de fortune, parfois installés là depuis plusieurs décennies, s’apprêtent donc à payer le prix fort de cette opération, sur une île gangrenée par la misère.

En effet, qu’ils aient la nationalité française ou non, 80 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté ; 40 % de la population vit avec moins de 160 euros par mois. Les infrastructures, notamment médicales, sont insuffisantes, le réseau d’eau est régulièrement coupé…

D’après le Défenseur des droits : « Les droits fondamentaux – le droit à l’éducation, à la sûreté, à la santé, le droit à vivre dans des conditions décentes, notamment – y sont gravement entravés du fait de la carence des services publics. » Les « décasages » prévus par Darmanin sont avant tout une opération anti-pauvres et pourraient être la goutte de trop, dans ce territoire officiellement français, où les conditions de vie sont indignes.

Premier revers pour le gouvernement, prompt à bafouer ses propres lois : le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu l’expulsion du bidonville Talus 2 près de Mamoudzou.

Norbert Moravcik,  27 avril 2023

 

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26 avril 2023 ~ 0 Commentaire

portugal (npa)

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Portugal. «Le début d’une crise» (11 avril 1974)

«La guerre», était à l’arrière-plan de tous les débats politiques se déroulant dans les couches dirigeantes depuis quelques années, entre dans le domaine public. Le débat sur cette question cristallise toutes les options existant au sein de la bourgeoisie sur les perspectives économico-politiques au Portugal.

Le thème central d’un ouvrage – qui pouvait difficilement être publié sans avoir reçu l’assentiment de certaines fractions des milieux gouvernementaux – peut être résumé dans la déclaration suivante de Spinola: «A défaut de cette solution (structure fédérale dans laquelle les territoires d’outre-mer jouiraient d’une autonomie les mettant sur le même pied que la métropole) nous irons inévitablement vers la désintégration, perdant nos territoires africains l’un après l’autre.»

Mais l’«événement» suscité par la publication de ce soi-disant penseur n’a d’importance que dans la mesure où il est le prétexte pour le déclenchement d’une crise ouverte au sein même du gouvernement et de l’armée.

Du 6 mars au 16 mars, les événements se précipitent. Le mouvement de contestation des officiers subalternes s’amplifie. D’une part, ils réclament le 12 mars le départ du ministre «ultra» de l’armée, Andrade e Silva; d’autre part, ils revendiquent dans un manifeste: «Une solution politique qui sauvegarde l’honneur et la dignité nationale, de même que les intérêts légitimes des Portugais installés en Afrique, mais qui tienne compte de la réalité indéniable et irréversible de l’aspiration profonde des peuples africains à se gouverner eux-mêmes» (Le Monde, 24/25 mars 1974).

La riposte des «ultras» ne se fera pas attendre. Sous la houlette du chef de l’Etat, Americo Tomas, les «ultras» démettent de leur fonction, le 13 mars, les généraux Spinola et Costa Gomez et répriment les mouvements qui vont jusqu’à la mutinerie, comme ce fut le cas d’une compagnie d’infanterie de Caldas Da Rainha (à 90 km de Lisbonne) qui décida de marcher sur la capitale. La crise de direction bourgeoise est ouverte et laisse entrevoir les forces centrifuges qui existent au sein de la classe dominante portugaise. La contre-offensive des «ultras», qui certes marquent actuellement des points, n’est pas la garantie d’une stabilisation réelle.

Mais cette crise doit être appréhendée à partir des tâches partiellement contradictoires auxquelles se trouve confrontée la bourgeoisie portugaise, c’est-à-dire la préservation du «pacte colonial», tout en cherchant à le moderniser et, en même temps, l’intégration à l’Europe et la stimulation de l’économie.

Les étapes du développement

Dès la Seconde Guerre mondiale sont posés les premiers jalons d’une industrialisation timide, en utilisant les réserves accumulées durant la guerre. Durant la Seconde Guerre mondiale, le statut du Portugal lui permit de jouer un rôle d’intermédiaire commercial, d’exporter en masse des produits agricoles et aussi des matières premières (spécialement un métal: le wolfram). Ceci créa l’occasion d’une accumulation de ressources financières importantes; en outre, de très nombreux capitaux cherchèrent refuge au Portugal durant le second conflit mondial. Sous la protection de l’Etat, quelques grands groupes industriels et bancaires, ayant également un statut de monopoles, développent faiblement l’infrastructure industrielle (ciment, acier, moyens de transport).

Mais le marché intérieur est fort restreint, sa vulnérabilité exige de nombreuses mesures protectionnistes, cette industrialisation embryonnaire reste des plus fragile. La répression et la suppression des libertés démocratiques et syndicales sont une constante de la politique de Salazar.

La rupture se produire à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Cette période est marquée par un changement du climat politique (élections présidentielles en 1958 avec présentation d’un candidat d’opposition, Humberto Delgado…), le déclenchement des guerres coloniales (Angola en 1961, Guinée-Bissau en 1963, Mozambique en 1964), la première montée du mouvement étudiant (à Lisbonne, Coïmbra et Porto), des luttes paysannes (grève pour les huit heures dans l’Altentejo) et des luttes ouvrières dans la région de Lisbonne.

De même à cette époque apparut un blocage économique important. Les investissements sont tout à fait réduits, le marché intérieur est bien trop restreint pour les capacités de production, pourtant faibles, existant dans l’industrie. Enfin, le chômage et le sous-emploi s’accroissent.

Une nouvelle étape du développement du capitalisme portugais va alors prendre forme. L’éclatement de la guerre coloniale exige, d’une part, des emprunts sur le marché financier mondial (160 millions de francs français en 1961 et 190 millions en 1962), des achats de matériel militaire et, d’autre part, elle va susciter une certaine production de biens militaires au Portugal même (1). Conjointement commence le «rush migratoire» – les travailleurs portugais vont entrer massivement en France, en Allemagne, en Suisse – et l’appel aux capitaux étrangers.

Xavier Pintado, ex-secrétaire d’Etat au commerce, synthétise fort bien les raisons pour lesquelles les capitaux étrangers avaient avantage à venir d’investir au Portugal: «(a) abondance de main-d’œuvre adaptable; (b) faible taux d’imposition; (c) infrastructure suffisamment développée; (d) monnaie garantie par d’importantes réserves» (Entreprises, 5.10.1968). Les investissements étrangers se font rapidement nombreux. Ainsi, ils sont passés dans le total des investissements du secteur privé de 1,5% en 1960 à 27% en 1966. Ford, General Motors, Standard Electric, Firestone, Siemens, Krupp, Nestlé vont investir au Portugal (2).

Enfin, le processus d’intégration à l’Europe capitaliste, concrétisé par les investissements étrangers, l’industrialisation, l’émigration, se formalise par l’entrée du Portugal dans l’AELE en 1960. Cette perspective d’intégration va devenir rapidement un des thèmes importants de la politique des secteurs industriels les plus dynamiques et d’une partie du capital financier. C’est ainsi que dans la présentation du plan intercalaire de développement pour 1965-67 on peut lire: «Animé par la volonté inébranlable de réussir, dans ou contre le sens de l’Histoire, le Portugal s’ouvre aujourd’hui vers l’Europe, pour assurer l’accélération économique nécessaire à son accession définitive au rang de pays développé.» (3)

Le déclenchement de ce processus d’industrialisation – soutenu aussi par l’apport des devises issues de l’immigration (1.552 millions d’escudos en 1958, 2.679 millions en 1964 et 22.388 en 1972) et du tourisme – va engendrer une modification profonde dans la structure de la production du pays, dans l’éventail des exportations et dans la structure de l’emploi.

La part du produit agricole dans le Produit national brut va passer de 29% en 1958 à 15% en 1971. Par contre, la part de l’industrie de transformation a passé de 30% en 1958 à 41% en 1971, avec une croissance de 1958 à 1971 de 200% (4). Parallèlement se développe un mouvement de concentration, de fusions sur le plan industriel, encouragé par une série de mesures d’ordre fiscal et financier. Les industries traditionnelles (textile, liège) stagnent relativement, alors que les industries de base se développent dans les régions de Lisbonne, de Porto-Braga, d’Aveiro-Coïmbra: métallurgie, automobile (montage), sidérurgie, chantiers navals…

Les exportations se diversifient et le liège, le vin, les conserves de poisson ne sont plus les seuls produits exportés. De nouveaux produits agro-industriels s’y sont ajoutés (concentré de tomate, pâte à papier) ainsi que des produits manufacturés (machines, éléments mécaniques, etc.).

Un chiffre est significatif: de 1960 à 1971, le volume de l’exportation de vêtements a passé de 0,085 million de «contos» (mille escudos) à 1,8 million; pour les machines et les appareils (souvent ce ne sont que des pièces détachées) les chiffres sont les suivants pour la même période: 0,2 million de contos à 2,5 millions (5). Il faut néanmoins souligner qu’une bonne partie des exportations est le fait d’entreprises étrangères implantées au Portugal. Ainsi quatre des principaux exportateurs portugais sont contrôlés totalement ou partiellement par le capital étranger: Standad-ITT, Gründig, Calbi-Cellulose et Diamang.

Cependant cette progression et cette diversification des exportations indiquent l’importance du marché européen pour tout un secteur de la bourgeoisie portugaise. C’est d’ailleurs l’Europe capitaliste qui est le client et le fournisseur essentiel du Portugal. Les exportations vers l’Europe capitaliste représentent 65% du total, et celles vers la CEE ont un poids plus important que celles vers l’AELE. D’ailleurs l’AELE se démantelant, le Portugal a passé un accord de libre-échange avec la CEE, ce qui accentue encore pour lui la nécessité d’une intégration au Marché commun.

Il faut souligner que ce processus de développement industriel se fit à partir d’une diminution du chômage et du sous-emploi, diminution impulsée par la croissance du secteur industriel sous le fouet des investissements étrangers, par l’extraordinaire émigration (en 1972 les émigrés s’élevaient à un million et demi) et le service militaire dans les colonies (200 000 soldats sur 8’200’000 habitants en 1972).

Seul ce processus d’émigration explique, d’une part, que la croissance du PNB fut une des plus élevées pour l’Europe pour la période de 1968 à 1973 (une moyenne de 7,3%), ainsi que celle du produit par travailleur (moyenne de 6,6%), alors que la croissance de l’emploi était de 0,5% annuellement, et, d’autre part, que le sous-emploi et le chômage ne se sont pas développés fortement. Cette baisse du chômage et du sous-emploi durant les années 1960 stimula une hausse des salaires industriels de plus de 70% de 1958 à 1965 dans la région de Lisbonne. Ainsi se développait relativement le marché intérieur permettant un processus d’industrialisation cumulatif.

L’ensemble de ce procès d’industrialisation provoque une baisse drastique de la population agricole, y compris le dépeuplement des campagnes du Minho, de Beira, de l’Alentejo, qui passa de 50% de la population active en 1950 à 25% en 1970. Conjointement, la classe ouvrière augmenta et représente plus d’un tiers de la population active. Sa composition se modifia. A la vieille génération de travailleurs se sont joints des ouvriers issus directement des campagnes, en majorité jeunes (l’âge moyen est de moins de 30 ans).

Malade de l’Afrique

Cette évolution de l’appareil de production a impliqué d’un côté une certaine redéfinition des structures politiques et de l’autre une tentative de trouver une solution conciliant les nécessités contradictoires – vu le cul-de-sac militaire dans lequel se trouve l’impérialisme portugais face à la résistance victorieuse des mouvements de libération nationale – de renforcer son intégration à l’Europe capitaliste et de moderniser le «pacte colonial». (…)

La capacité qu’ont démontrée les mouvements de libération nationale de mettre en échec les plans militaires du gouvernement portugais est une des contradictions majeures qui met en question l’ensemble des projets développés par une partie de l’équipe gouvernementale de Caetano et qui suscite, la crise ouverte au sein de l’armée et des couches dominantes.

En 1969, le gouvernement de Lisbonne utilisa 42% du budget total de l’Etat pour les dépenses militaires. Cela représente officiellement 7,5% du revenu national (Le Monde, 30.3.1972). En 1979 et 1971, le 53% des dépenses extraordinaires (non budgétées) furent consacrées aux dépenses militaires.

Les pressions sont multiples soit en faveur d’une solution d’indépendance, soit en faveur d’un niveau type de statut des colonies. S’ajoute enfin un contexte économique international qui n’est pas à proprement parler favorable au devenir du capitalisme portugais, touché lui aussi, depuis 1965, par l’inflation exacerbée, entre autres par les dépenses militaires.

Dans ce contexte, les oppositions au sein de la bourgeoisie sur les options politico-économiques et militaires s’exacerbent. Des secteurs de la bourgeoisie industrielle et financière, intéressés essentiellement à l’ouverture vers l’Europe capitaliste, sont de moins en moins prêts à avaliser une politique qui devient un obstacle à ce projet.

Après plus de dix ans de guerre coloniale des secteurs dynamiques de la bourgeoisie ne sont pas liés de façon directe aux colonies – comme l’est tout le secteur de la bourgeoisie coloniale financière, industrielle, propriétaire de matières premières – sont prêts à envisager une modification radicale de la politique coloniale, en «renonçant» peut-être même à la fort difficile rénovation du «pacte colonial» pour privilégier la perspective de l’intégration à l’Europe capitaliste.

La montée des luttes

Depuis la grève de 1963, dans les transports urbains de Lisbonne, les luttes ouvrières se sont développées avec des hauts et des bas. En 1969, des grèves eurent lieu dans la métallurgie et dans l’automobile: Ford, General Motors – où une tentative d’occupation eut lieu –, les chantiers navals de LISNAVE, etc. En juillet 1973 se déroule une grève dans les transports aériens et dans les succursales d’ITT. En janvier 1974, dans l’entreprise horlogère Timex, dans les chantiers navals LISNAVE, dans l’entreprise SOREFRAME à Amadora, dans les usines Entronoamento (chemin de fer), etc. se développent divers mouvements allant d’un débrayage de quelques heures à une grève de trois jours (15, 16 et 17 janvier à la SOREFRAME).

Les mouvements sont encore limités, dispersés, et expriment la faiblesse d’organisation et le manque de tradition de la classe ouvrière. Néanmoins, la concentration des entreprises, l’émergence de pôles industriels, la fusion entre une couche de jeunes travailleurs – n’ayant pas connu de démoralisation – et des secteurs ouvriers ayant une certaine tradition peut renforcer la capacité de mobilisation de la classe ouvrière.

Mais le projet «libéral» n’a – et n’aura – une crédibilité que dans la mesure où la marge de manœuvre économique serait si grande que l’espace existerait pour la formation d’organisations «réformistes» capables d’endiguer la combativité de la classe ouvrière sur la base de concessions d’une certaine ampleur.

Dans ce sens, ce ne sera pas seulement les tentatives timides de 1963-69 qui n’auront pas pu prendre forme, mais aussi celles que proposent, pour le futur, certaines fractions dynamiques de la bourgeoisie si elles arrivent à imposer leur volonté sur le plan gouvernemental. La répression contre le mouvement ouvrier ne restera certainement pas le propre des seuls «ultras».

Dans la crise qui s’est ouverte au mois de mars 1974 peut donc s’insérer la montée des luttes ouvrières et aussi celle du mouvement étudiant, qui, dans le cadre du «débat» sur la politique coloniale du Portugal, devrait être capable de prendre des initiatives de soutien aux mouvements de libération nationale d’une dimension plus grande que par le passé (les manifestations de solidarité furent très limités). «L’avenir du Portugal» pourrait bien être fort différent que celui envisagé dans la meilleure des hypothèses par Spinola…

(11 avril 1974, publié dans le numéro 0 de la revue Inprecor)

25 avril 2023 Alencontre Charles-André Udry

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26 avril 2023 ~ 0 Commentaire

apartheid (npa)

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