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18 avril 2017 ~ 0 Commentaire

inquiétant (àl’encontre.ch)

coke

Grondements de guerre: notes sur un panorama mondial inquiétant

• Le 6 avril 2017, Trump et son entourage militaire, dans une mise en scène retransmise pour conforter la stature du « commandant en chef » des armées, décident de lancer 59 missiles Tomahawk sur la base de Shayrat, dans la province de Homs. Une telle opération n’est pas improvisée, comme l’analyse Gilbert Achcar, le 10 avril, sur le site Jadaliyya [1]. En effet, des repérages, des contacts avec les membres de la coalition, comme avec les militaires russes sont nécessaires à ce type d’opération contre une base aérienne relativement secondaire. Le « ciel » de Syrie n’est pas tout fait vide et les activités militaires régionales sont denses.

• Donc, ce n’est pas l’émotion de Donald Trump à la vue d’enfants exposés mortellement à des agents neurotoxiques à Khan Cheikhoun (province d’Idleb), émoi déployé avec un talent de professionnel du talk-show, qui explique le tir de missiles. Sans atténuer l’horreur de cette nouvelle agression de la dictature de Damas, divers médecins syriens et des membres de MSF (Médecins sans frontières) ont rappelé, avec sobriété, un constat tragique : des dizaines de milliers d’habitants sont blessés et tués suite au largage de barils de TNT par les hélicoptères. Cela ne suscite pas la même condamnation. Or, les hélicoptères continuent, actuellement, à détruire des quartiers, avec leurs résidents épuisés. Les déplacements planifiés de populations, selon des calculs politiques et confessionnels, s’accélèrent.

Certes, l’usage par le régime de Damas d’« armes chimiques », interdites de fabrication, de stockage, d’usage par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, entrée en vigueur en 1997, avait déjà été le signal du dépassement de la « ligne rouge », suite aux déclarations d’Obama en 2012 et 2013. D’une part, ce dernier avait insisté sur l’importance du « respect » de cette « ligne rouge » non seulement pour la Syrie (où les morts et torturés étaient innom-brables), mais aussi à l’égard des alliés régionaux et, en particulier d’Israël. D’autre part, le soutien demandé, dès 2012, par la population syrienne soulevée n’était autre que celui de recevoir des moyens militaires pour se défendre contre les chars et les hélicoptères. Ce qui aurait été décisif pour la révolution. Alors, rien ne fut fait. Les suites tragiques sont connues. Quant aux « armes chimiques », plus d’une, utilisée par les Etats-Unis entre autres, n’est pas cataloguée officiellement comme telle.

Luke Harding dans les colonnes du Guardian (7 avril 2017) ne manque pas de situer le tir de missiles « déclenché » par Trump, ­ aux effets militaires limités, comme fonctionnel à une initia- tive visant à gommer le chaos régnant dans diverses sphères de son administration et à margi- naliser l’enquête sur des « liaisons » avec les services de Poutine. En outre, les Thomawak n’ont pas empêché, dès le lendemain, que des avions syriens (ou russes) décollent pour effectuer de nouveaux bombardements.

Et, surtout, cette initiative militaire a permis à l’administration Trump de réunir derrière elle l’essentiel de l’establishment, de John McCain à Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud, considéré, parfois, comme trop conciliant avec l’opposition démocrate. En outre, des missiles visant une base aérienne secondaire d’Assad, un obligé de Poutine et de l’Iran, neutralisent la rhétorique du Parti Démocrate.

L’« exploit » place ainsi Donald Trump en meilleure position dans les grands médias états-uniens. Les remous suscités par l’éviction de Stephen Bannon du Conseil national de sécurité démontrent que la place des militaires n’était plus contestée et que l’aile plus conforme au centre de gravité de l’establishment trouvait ses marques, tel Rex Tillerson, secrétaire d’Etat, et ancien patron d’ExxonMobil qui devait « négocier », dans la foulée, le 12 avril, avec Lavrov et Poutine. Enfin, Trump reçut des félicitations d’Angela Merkel, de Justin Trudeau (Canada), comme de l’Arabie saoudite et d’Israël.

• La prouesse balistique a été accomplie lors de l’accueil de Xi Jinping dans la résiden- ce et centre de golf de Donald Trump, à Mar-a-Lago. Pensait-il transmettre un message au dirigeant chinois ? Une rencontre qui était censée traiter d’un nombre important de thèmes : des accords commerciaux au taux de change dollar-renminbi, en passant par la situation en mer de Chine méridionale. Et, plus spécifiquement, les relations avec la Corée du Nord et son régime despotique, pour utiliser un euphémisme. Dans ce cas, il ne s’agit pas de la Syrie ou de l’Afghanistan.

En effet, le 13 avril 2017, la « Mère de toutes les bombes », la plus puissante des bombes non nucléaires, la GBU43, est lancée dans l’est de l’Afghanistan, à la frontière du Pakistan.

Cette bombe, jamais utilisée dans un « combat », possède une force de destruction massive par souffle. Ce type d’opération doit aussi être préparé de longue date. En Afghanistan, quel- que 8 400 soldats américains forment, conseillent et appuient « les troupes afghanes » contre les talibans et le groupe Etat islamique, visé, ici, dans cette région très escarpée de la province de Nangarhar. Cette guerre un peu oubliée a été rendue plus visible. Elle prend place dans un panorama plus large, allant du Moyen-Orient à l’Asie Pacifique.

Pour ce qui est de la Corée du Nord, les spéculations vont bon train, au même titre que les contacts entre la Chine, les Etats-Unis et leurs alliés régionaux. Mike Pence, le vice-prési- dent des Etats-Unis, est en visite, depuis ce dimanche 16 avril, pour trois jours, à Séoul, puis dans divers pays asiatiques. Les traits spécifiques du régime de Pyongyang et de son leader, Kim Jong-un, font que la politique d’escalade et de désescalade de Trump, telle que la carac- térise Josh Rogin dans le Washington Post du 19 mars 2017, cité par G. Achcar,  peut aboutir, face à un tel régime, à une périlleuse situation chaotique « régionale ».

D’autant plus que toute l’histoire de cet Etat-parti personnalisé repose sur une tension extrême, matérielle et idéologique, de « défense-survie ». L’échec du tir balistique nord-coréen, le 15 avril, depuis le port de Sinpo, sur la côte est de la Corée du Nord, face à la mer du Japon, n’empêche pas le processus d’amélioration des missiles balistiques, dans un pays exsangue et très fortement dépendant de la Chine. La direction chinoise semble serrer les « cordons de la bourse », pour tenter une « transition », difficile, qui ne déstabilise pas une aire géographique fort grande.

Le Global Times du 16 avril 2017 écrit dans son éditorial que la Chine et les Etats-Unis, au cours des dernières années, se sont rapprochés pour faire reculer les activités nucléaires de la Corée du Nord.

Cela tout en soulignant que « face à la situation complexe dans la région, le gouvernement Trump n’était pas complètement préparé aux situations d’urgence ». Pékin met en garde Pyongyang de ne pas tirer trop sur la corde, au risque de sanctions encore accrues. Dans les articles de cette publication s’exprime aussi le net refus de voir naître un régime opposé à Pékin en Corée du Nord ainsi que de la présence de troupes étrangères aux embouchures du Yalou (fleuve frontière  République populaire de Chine / Corée du Nord). Est aussi mentionnée l’opposition à une arrivée massive de réfugiés de Corée du Nord. Quant au régime de Séoul, qui fait face à des difficultés institutionnelles multiples, il manifeste des précautions. Elles ne sont pas nouvelles.

• Une mobilisation effective pour la paix contre la guerre aux Etats-Unis, et ailleurs,  implique de ne point succomber à une orientation qui ferait de la Syrie d’Assad, de l’Iran d’Ali Khamenei ou de la Russie de Poutine on ne sait quelle sorte de « pays anti-impérialistes ». En outre, aux Etats-Unis même, les dernières initiatives de Trump démontrent, qu’au-delà de diverses diver- gences, un accord bipartisan peut se faire sur une politique d’affirmation du pouvoir militaire et impérialiste des Etats-Unis.

A l’heure d’une résurgence d’un potentiel, déjà à l’œuvre, de conflits inter-impérialistes, tenter de saisir les vrais enjeux en cours relève d’une exigence pour agir en réfléchissant et réfléchir en agissant. La déclaration publiée par ailleurs, datant du 8 avril 2017 [2], fournit des éléments utiles à une réflexion.

Charles-André Udry dimanche 16 avril 2017

http://alencontre.org/

http://www.europe-solidaire.org/

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17 avril 2017 ~ 0 Commentaire

trump (lcr.be)

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Trump en Belgique les 24 et 25 mai: le comité d’accueil se prépare

Donald Trump, président de la première puissance économique et militaire mondiale, devrait poser les pieds à Bruxelles au mois de mai. Un sommet de l’OTAN est en effet prévu les 24 et 25 mai prochains. Un rendez-vous important pour cette organisation militariste et impérialiste née en pleine Guerre froide et vieille de 68 ans.

La résistance s’organise…

A l’agenda du sommet, par exemple, il y a la question de la modernisation des arsenaux nucléaires, dans un contexte où Trump a eu des déclarations laissant entendre qu’il défendrait une nouvelle course aux armes nucléaires.

Autre question à discuter lors de ce sommet, le respect de l’objectif de l’alliance que chaque Etat membre consacre 2% de son PIB au budget militaire au plus tard en 2024. Seuls cinq des 28 pays de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) respectent actuellement cet objectif, dont la Grèce…

L’administration Trump envoie des signaux contradictoires entre le président US qui déclare l’OTAN obsolète et son secrétaire à la défense, et le général Mattis – appelé «le chien fou» – qui déclare le soutien indéfectible des Etats-Unis à l’alliance impérialiste.

Trump pourrait donc bien demander la hausse de cet objectif de dépenses militaires.

L’agression russe en Ukraine offre du pain bénit aux partisans d’un renforcement de l’OTAN à l’Est. Les Etats baltes ou encore la Pologne réclament plus de soutien de leurs alliés occiden- taux. L’OTAN envisage aussi de renforcer des partenariats en Asie, comme avec le Japon. Le Brexit favorise les débats au sein des classes dominantes, notamment en France et en Allema- gne, sur un renforcement de la militarisation de l’Union européenne (UE), pendant que l’OTAN joue déjà à la chasse aux réfugié.e.s en Méditerrannée, en soutien à l’agence Frontex et à l’Europe forteresse.(…)

Mais le mouvement dit «antiguerre» est mal en point, en Belgique aussi.

Beaucoup d’organisations, comme Intal, Vrede et même la CNAPD (Coordination nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie) ont sombré partiellement ou parfois totalement dans la justification de graves agressions militaires et de crimes de guerre que ce soit en Syrie ou en Ukraine, au nom d’une politique qui dénonce l’OTAN comme unique source de guerre, qui euphémise de façon caricaturale les guerres d’Assad et Poutine ; et qui efface dans son discours l’existence même de mouvements sociaux dans les pays concernés.

Les anticapitalistes et internationalistes, dont nous sommes, n’ont pas cédé sur les principes.

Nous nous sommes opposé.e.s aux interventions militaires de la Belgique, que ce soit en Afghanistan ou plus récemment en Irak. Celles-ci n’ont jamais eu pour but d’aider les popula- tions locales. Pour autant, nous n’avons eu de cesse de dénoncer la brutalité d’Assad et Poutine, entre autres, et de défendre une solidarité internationale des mouvements populaires pour la justice sociale, les libertés démocratiques et contre toutes les guerres contre-révolu-tionnaires, celles des dictatures bourgeoises corrompues comme celles des puissances impérialistes de première ou de seconde zone.

Une occasion pour reconstruire le mouvement antiguerre

Cela étant, la venue de Trump en Belgique est une occasion de choix pour le mouvement social, toutes composantes confondues, de se réveiller, de se réunifier, et de le faire sur des bases politiques saines et unitaires. Trump, par l’agenda capitaliste, hétéro-sexiste, raciste, militariste et destructeur de la planète qu’il représente, nous met face à nos responsabilités tout en permettant une convergence des luttes comme on en a rarement vue!

C’est pourquoi un processus se met en place pour préparer une manifestation qui, pour être massive et pluraliste en mai, devrait refléter de façon démocratique toutes les composantes du mouvement social en Belgique, et ne pas épargner non plus les petits Trump belges, comme Théo Francken, ou simplement les laquais du Trumpisme, comme Charles Michel.

Le mouvement doit s’appuyer sur les mobilisations féministes, celles des scientifiques et celles des anti-guerre notamment, mais sans oublier la dimension antiraciste, la lutte contre l’Europe forteresse et pour la régularisation des sans-papiers, et, last but not least, le mouvement syndical.

Rendez-vous le 24 mai pour montrer au monde que la Belgique ne veut pas de Trump et de son monde!

14 avril 2017 Mauro Gasparini

Article paru dans La Gauche #81, mars-avril 2017.

http://www.lcr-lagauche.org/

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14 avril 2017 ~ 0 Commentaire

simon bolivar (libération)

memel

Qu’est-ce que l’Alliance bolivarienne que souhaite rejoindre Mélenchon ?

Dans son programme, le leader de La France insoumise prévoit d’adhérer à l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, une organisation politique et économique anti-atlantiste créée en 2004 par Hugo Chávez et Fidel Castro.

La France est-elle un pays d’Amérique latine ? Oui, selon Mélenchon. Un échange tendu entre son porte-parole, Alexis Corbière et Patrick Cohen sur le plateau de C à vous, mardi soir, a mis en lumière ce point du programme de La France insoumise, passé plutôt inaperçu jusque- là. «Vous sortez des traités européens, vous sortez de l’Otan, vous sortez de l’OMC, mais la France ne reste pas seule puisque chapitre 62, nous adhérons à l’Alliance bolivarienne, dont les principaux pays membres sont Cuba et le Venezuela et les pays observateurs, la Russie et l’Iran. Cuba et le Venezuela ne sont pas des démocraties, et la Russie et l’Iran non plus», relève le journaliste.

Ce projet figure à deux reprises dans le livre-programme de Jean-Luc Mélenchon. Dans le chapitre 62, «Construire des coopérations altermondialistes et internationalistes», où il est stipulé qu’il faut «instaurer une politique de codéveloppement avec l’Amérique latine et les Caraïbes en adhérant à l’Alba (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique)». Mais aussi dans le chapitre 15, consacré à l’outre-mer, où il est prévu de «rejoindre les coopé-rations régionales dans une démarche de codéveloppement écologique, social et de progrès humain : par exemple l’Alba (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) pour les Antilles et la Guyane française, l’Afrique australe pour Mayotte et la Réunion, etc.». Dans son livret thématique consacré à outre-mer, il est précisé que ce sont la Guyane et les Antilles françaises qui rejoindront l’Alba, tout comme la Communauté d’États latino-américains et caraïbes (Celac).

Monnaie commune virtuelle

Créée en 2004 par le président vénézuelien Hugo Chávez et le dirigeant cubain Fidel Castro, l’Alliance bolivarienne est avant tout une alliance politique et économique, qui se présente au départ comme une alternative à la Zone de libre-échange des Amériques, projet porté par les Etats-Unis. Elle a pour objectif «de réduire la pauvreté et les inégalités sociales résultant de l’application indiscriminée de politiques néolibérales» en se basant avant tout sur la «solidarité, la justice, la complémentarité et la coopération». Ses fondateurs se réclament de la doctrine de l’icône du Venezuela, Simon Bolivar, «d’unité et de souveraineté des pays qui ont pris leur indépendance sur le pouvoir colonial».

D’un point de vue économique, une note du Trésor de mai 2016 explique que l’alliance s’ap- puie sur deux instruments financiers. D’abord, une monnaie commune virtuelle réservée aux banques centrales des pays membres : le Sucre (Système unitaire de compensation régional). Celle-ci vise à renforcer les échanges et les investissements entre les pays de l’Alba, sans avoir à recourir au dollar.

L’Alba a aussi créé en 2008 sa propre banque, qui dispose d’un milliard de dollars pour «consolider la souveraineté et l’indépendance financière des pays membres de [l’Alliance] en finançant des projets de développement social». En six ans, 46 projets (pour un montant de 334 millions de dollars, soit plus de 313 millions d’euros) auraient été mis en œuvre selon le Trésor. Des Jeux de l’Alba, des prix culturels, et un programme d’alphabétisation complètent cette alliance, avant tout anti-atlantiste.

L’Iran et la Syrie observateurs

Elle compte aujourd’hui douze membres : le Venezuela, Cuba, la Bolivie, l’Equateur, le Nicara- gua, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la Dominique, Antigua-et-Barbuda, Grenade et Saint-Christophe-et-Niévès. L’organisation compte aussi trois pays observateurs : Haïti, l’Iran et la Syrie. Pas franchement démocratiques… En 2009, la Russie avait aussi été invitée au sommet de l’Alba au titre d’observateur.

En rejoignant l’alliance bolivarienne, il met ainsi en avant son anti-atlantisme. L’année dernière déjà, il affirmait vouloir sortir des traités européens pour entrer «dans les coalitions des pays des Caraïbes et d’Amérique latine». «La plus longue frontière commune de la France est avec le Brésil et non avec l’Allemagne», justifie souvent Mélenchon en faisant référence à la Guyane.

Même Clémentine Autain, soutien de Mélenchon, ignorait visiblement ce point du programme de son candidat.

Pauline Moullot — 13 avril 2017

http://www.liberation.fr/

Lire aussi:

Quatre questions sur l’Alliance bolivarienne, que Jean-Luc Mélenchon veut rejoindre (France Info)

Mélenchon : un drôle de partisan de la paix (Lutte Ouvrière)

PCF : vote utile à gauche et nouvelles illusions (Lutte Ouvrière)

L’Affaire Bolivar ou Les Insoumis face aux éditorialistes (Anti-k)

Nous sommes suffisamment critiques à l’égard de Mélenchon – http://www.anti-k.org/2016/08/26/connaitre-son-melenchon-sur-le-bout-des-doigts/– et du Chavisme – http://www.anti-k.org/2017/04/12/debat-venezuela-lutte-quartier-entre-gauche-pouvoir/– pour dénoncer avec JLM2017 une cabale de la médiacratie sur ce point précis de l’alliance bolivarienne. 

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12 avril 2017 ~ 0 Commentaire

venezuela (a l’encontre.ch)

memel

Quand on pouvait encore rigoler!

Venezuela une lutte sans quartier entre qui et qui ?

Ce qui se passe actuellement au Venezuela n’a pas le moindre rapport avec une «révolution» ou avec le «socialisme», ni avec la «défense de la démocratie», ni même avec la sempiternelle «réduction de la pauvreté», pour s’en tenir à l’énumération des arguments que l’on brandit à tout bout de champ. On pourrait mentionner le mot «pétrole» et nous serions plus proches de la vérité. Mais les faits indiquent d’autres inflexions.

Nous sommes en présence d’une lutte sans quartier entre une bourgeoisie conservatrice qui a été écartée du contrôle de l’appareil d’Etat, mais qui maintient toutefois des liens avec l’Etat actuel, et une bourgeoisie émergente qui utilise l’Etat comme un levier d’«accumulation primitive».

Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans nos courtes histoires.

C’est ce que furent nos guerres d’indépendance: la lutte entre les «godos» (les monarchistes espagnols affublés du nom de «goths», depuis les guerres d’indépendance hispano-améri- caines, grosso modo entre 1810 et 1833) et l’émergente oligarchie «créole» qui utilisa le contrôle de l’appareil d’Etat pour légaliser l’usurpation des terres des peuples indigènes.

Ces « créoles » s’appuyaient sur les puissances coloniales britannique et française qui étaient en concurrence avec l’Espagne décadente pour le contrôle des colonies émancipées avec la même logique que ceux qui s’appuient sur la Chine, (y compris des conservateurs comme Macri), face à l’imparable décadence états-unienne.

La faible bourgeoisie créole enfourcha la mobilisation des peuples (Indiens, Noirs et secteurs populaires) pour vaincre la puissance espagnole.

Elle a concédé l’émancipation des esclaves avec les mêmes objectifs que se donne aujourd’hui la nouvelle bourgeoisie quand elle applique des politiques sociales censées réduire la pauvre- té. Dans les deux cas, ceux d’en bas continuent à se retrouver dans les sous-sols, en tant que main-d’œuvre bon marché, sans qu’ils puissent bouger le moins du monde de l’endroit où ils sont confinés.

Article publié dans Brecha, hebdomadaire uruguayen, le 7 avril 2017)

http://alencontre.org/  10 – avril – 2017

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11 avril 2017 ~ 0 Commentaire

syrie (libération)

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Syrie : la tache de Mélenchon (Libération)

Le candidat de La France insoumise fait fausse route sur la question de la crise syrienne, et son passage au JT de France 2, vendredi, l’a encore prouvé.

«M. Trump intervient, que croyez-vous qu’il va résulter de cette intervention ? Rien, sinon une escalade de nouveau, alors que là, on croyait qu’on s’acheminait vers…» (Vendredi, sur le plateau du 20 heures de France 2). Vers quoi ? Dommage que Jean-Luc Mélenchon n’ait achevé sa phrase.

Vers un écrasement des poches de rébellions au nord, dans la province d’Idlib, la reconquête totale du territoire, par ailleurs impossible sans l’appui décisif indispensable de la Russie, de l’Iran et des milices chiites financées et armées par celui-ci ainsi que du Hezbollah, comme le prônait encore Bachar al-Assad dans un entretien accordé à un journal croate, où il déclarait ne pas croire aux négociations ni de Genève ni d’Astana. C’est vers cela, donc, que Jean-Luc Mélenchon souhaitait qu’on s’achemine : des négociations le couteau sous la gorge avec une opposition de l’extérieur divisée et réduite à l’impuissance, des milices armées au nord dans l’attente d’offensives et bombardées, et un front sud redoutant le même sort ?

Il faut rappeler que le candidat de la France insoumise n’était pas à son coup d’essai, lui qui déclarait en  février 2016 qu’il était favorable à l’intervention russe en Syrie, car, selon lui, Vladimir Poutine allait «régler le problème» en élimant Daech. Au passage, il remettait en cause le fait que les frappes russes se concentrent davantage sur les rebelles que sur l’Etat islamique. La preuve de son erreur : Alep est tombé, mais Raqqa  non. L’unilatéralité des Etats-Unis qu’il condamne ne le gêne pas quand il s’agit de celle des Russes.

Obstruction

De même, le droit international qu’il brandit comme un étendard («que les Nations unies s’en mêlent, c’est la seule autorité légitime mondiale») alors qu’il ne l’a pas défendu lorsque le secrétaire général de l’ONU de l’époque, Ban Ki-moon, dénonçait en septembre 2016 les crimes de guerre commis à Alep par le régime syrien bombardant délibérément des hôpitaux avec l’appui de son parrain russe.

De même que l’obstruction systématique menée par la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU, les deux derniers blocages de résolutions datant du 8 octobre 2016 et du 28 février 2017, ne semble pas perturber celui qui se drape dans la légitimité internationale. Il préfère se complaire dans des «pudeurs de gazelle» quand il déclare, donnant du grain à moudre aux conspirationnistes de tous bords, que le responsable de l’attaque chimique doit être condamné qu’il s’agisse «du gouvernement de Bachar al-Assad, des Russes, des Américains, d’Al-Nosra, d’Al-Qaeda», alors que selon la représentante de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, Carla Del Ponte, la responsabilité du régime est certaine. En outre, l’indéfectible soutien iranien du régime ne l’a pas exonéré de toute responsabilité, en ne niant pas l’implication des forces armées de Bachar al-Assad.

Révolution

Mais le plus grave, c’est que Jean-Luc Mélenchon n’ait jamais eu un mot pour les Syriens, et ce depuis des années. Certes, pour justifier les bombardements sur Alep au prétexte qu’Al-Nosra était affilié à Al-Qaeda qui avait revendiqué les attentats de Charlie Hebdo.

Mélenchon nous avait habitués à plus de subtilité qu’un pauvre syllogisme qui ne résume pas la complexité et la plasticité des alliances entre milices armées pour se maintenir sur le terrain. Il fait l’impasse sur les civils qui composent avec ces groupes armés. Le candidat devrait lire les travaux de Gilles Dorronsoro et son équipe (Syrie, anatomie d’une guerre civile) ou de Thomas Pierret, et voir le documentaire 300 Miles du jeune réalisateur syrien Oroa al-Moqdad, tourné à Alep entre 2013 et 2015, pour comprendre cette complexité.

Il n’a pas eu non plus un seul mot pour la répression terrible qui s’est abattue d’emblée sur un soulèvement populaire, pas plus d’ailleurs pour les conseils locaux menant des expériences de démocratie réduites à néant par la répression, se contentant de dire que «des crimes, là-bas [en Syrie, ndlr], beaucoup de gens en commettent», sans revenir sur la responsabilité du régime dans la militarisation et de la confessionnalisation de la crise. Que des Syriens parlent encore aujourd’hui de révolution, le candidat de La France insoumise s’en moque et ne la conçoit pas pour eux. Inquiétant.

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À lire aussi :
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Commentaire:
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L’illustration:  Le site « Regards » anciennement PCF, semble être à  « Ensemble! » un petit groupe dirigé par Clémentine Autain, membre de l’ex-Front de Gauche (avec des morceaux de l’ex LCR et du NPA dedans) qui soutient Jean Luc Mélenchon.

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04 avril 2017 ~ 0 Commentaire

guingamp rennes guyane

gugug

Le 25 Mars 2017, sous l’appel du Collectif des 500 frères contre la Délinquance, 37 syndicats guyanais se réunissent avec l’Union des Travailleurs Guyanais (UTG) afin de discuter de leurs moyens de lutte. Cette réunion aura pour conséquence le vote unanime de la grève générale illimité sur tout le territoire !

Après une semaine de mobilisation le gouvernement français représenté par Ericka Bareigts (Ministre de l’Outre Mer) et Matthias Fekl (Ministre de l’Intérieur) annonce une promesse de 1,085 milliard d’euros versé par l’état pour « sortir la Guyane de la crise ». Cette proposition jugée insuffisante par le peuple aboutira à un appel à la continuité de la grève dans les semaines à venir.

Alors que nous sommes en plein tapage médiatique pour les élections présidentielles, nous constatons une fois de plus l’occultation systématique des ultramarins, le parti pris des médias et surtout le manque de prise de position des syndicats et militant·e·s hexagonaux.

C’est pour cela que nous, militant·e·s afrodescentant·e·s rennais·es appelons à un rassem-blement solidaire le Dimanche 9 Avril afin de marquer notre soutien au peuple guyanais, aux revendications autochtones et à leur mouvement révolutionnaire. C’est une lutte de plusieurs fronts qui se passe sous nos yeux et il est totalement hors de question que nous fassions le jeu de l’Etat français en faisant comme si de rien n’était.

Au programme:

► Point d’actualité sur l’avancée de la grève
► Rappel des revendications des 37 syndicats locaux
► Prise de paroles
► Chants, Gwo Ka et percussions

Pratique:
15h: République entre les deux métros
Amenez vos pancartes, vos voix, vos potes

Contact: soutienguyane35@gmail.com

Facebook

sud guyane

Guingamp

Depuis le 25 Mars 2017 37 syndicats guyanais se réunissent au sein de l’Union des Travailleurs Guyanais (UTG) organisent une lutte sociale de grande ampleur .

Après une semaine de mobilisation le gouvernement français représenté par Ericka Bareigts (Ministre de l’Outre Mer) et Matthias Fekl (Ministre de l’Intérieur) annonce une promesse de 1,085 milliard d’euros versé par l’état pour « sortir la Guyane de la crise ». Cette proposition jugée insuffisante par le peuple aboutira à un appel à la continuité de la grève dans les semaines à venir.

Pour briser le silence et affirmer notre solidarité  internationaliste en tant que Bretons avec  le peuple Guyanais nous organisons un rassemblement ouvert à tous et toutes 

Samedi 8 avril  11H  Mairie de Guingamp ( Place du Champ au Roy )

-Pour la satisfaction des revendications du mouvement populaire en Guyane

-Pour affirmer le droit du peuple Guyanais à l’autodétermination.

-Pour rappeler que l’on ne change pas la société en votant pour choisir nos maitres à Paris

Au programme:

► Point d’actualité sur l’avancée de la grève
► Rappel des revendications des 37 syndicats locaux
► Prise de paroles

Gauche Indépendantiste Bretonne

contact: 0685383121

gael@roblin2004.org

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03 avril 2017 ~ 0 Commentaire

tibet (npa)

tibet

Notre soutien au droit d’autodétermination du peuple tibétain 

Réponse à la lettre de l’association Tibet Libre adressée à Philippe Poutou

Nous soutenons le droit à l’autodétermination du peuple tibétain, ce qui inclut évidemment le droit à l’indépendance. Plus précisément, nous soutenons le combat du peuple tibétain contre la colonisation en cours de son pays par le pouvoir chinois.

Dans le cadre du développement des luttes de libération dans le monde colonial et semi- colonial au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la victoire du PCC en 1949, la question s’est posée de ce qu’il allait advenir des relations entre Pékin et les nombreuses populations non-Han de la « périphérie ». Une « union libre » ou une (con)fédération étaient envisageables.

La réponse à cette question s’est avérée négative.

Le droit d’autodétermination reconnu dans la Constitution de 1931 (les « soviets » constitués par le PCC) a été effacé. L’autonomie promise aux minorités ethniques en 1984 a été vidée de tout contenu significatif et le gouvernement de la Région autonome du Tibet est resté une fiction. Aucune forme de fédéralisme n’a été mise en œuvre. Le chauvinisme grand’ Han a imposé sa loi. Le groupe communiste tibétain en a d’ailleurs payé le prix : son principal dirigeant, Phuntso Wangye, a été purgé en 1957, puis jeté en prison pendant 18 ans.

Nous jugeons en conséquence que le peuple tibétain est soumis à une sévère oppression nationale et religieuse.

Nous réclamant nous-mêmes des idéaux socialistes ou communistes, nous nous devons d’être particulièrement clairs à ce sujet. Il est aussi devenu l’otage des conflits géopolitiques, compte tenu en particulier la situation stratégique du haut plateau tibétain dans l’Himalaya. C’est particulièrement net dans les années 1950, à la suite de la guerre de Corée. Le PCC a brutalement inversé sa politique tibétaine, passant d’une alliance avec les élites à une réforme agraire menée de façon autoritaire, la décennie se concluant sur le soulèvement de 1959.

La Chine est maintenant une puissance capitaliste. L’intégration économique de la « périphérie » s’accroit. Le Tibet est devenu une terre de colonisation Han avec le développe- ment des infrastructures et la politique des nouvelles « routes de la soie ». Il nous paraît, dans ce contexte, particulièrement important de renouveler notre soutien au combat d’auto- détermination du peuple tibétain.

Le Dalaï-Lama porte sur le plan international la question tibétaine. Tant en matière religieuse que culturelle, la référence à l’identité bouddhiste du Tibet constitue certainement un ciment de résistance face aux politiques d’assimilation de Pékin. Nous souhaitons cependant soulever deux problèmes à nos yeux importants.

Le Dalaï-Lama est une autorité à la fois religieuse et étatique (gouvernement en exil) ; un statut ambivalent qui peut légitimer un pouvoir théocratique. Aucune société, pourtant, n’est homogène en matière de croyances (ou de non-croyance), pas plus que sur le plan ethnique. L’égalité citoyenne ne peut être pleinement reconnue là où il y a religion d’Etat – ou une définition ethnoreligieuse de l’Etat.

Le Dalaï-Lama est connu pour la prudence avec laquelle il cherche à négocier une solution à la « question tibétaine » avec le gouvernement chinois. Face à l’intransi- geance du PCC, le nationalisme tibétain peut se différentier. Des courants d’extrêmes droites peuvent se constituer. Des mouvements bouddhistes d’extrême droite existent d’ores et déjà en Birmanie et au Sri Lanka (voire en Thaïlande avec les ultra-royalistes).

Nous nous inquiétons de telles possibilités ; non pas pour modérer notre soutien au combat d’autodétermination du peuple tibétain, mais pour le renforcer. En Chine même, des personnalités ont condamné la politique de leur gouvernement au Tibet. Nous devons, en France et ailleurs, œuvrer à développer de telles solidarités – et nous vous remercions de contribuer par votre activité à maintenir présente, en France, cette question.

Philippe Poutou Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)

dimanche 26 mars 2017

http://www.europe-solidaire.org/

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29 mars 2017 ~ 0 Commentaire

guyane (npa + divers)

GuyaneManifEtatScelerat

La Guyane après les grandes manifestations du mardi 28 mars

La mobilisation à passé une vitesse supérieur aujourd’hui au second jour de grève générale. D’énormes manifestations ont eu lieu à Cayenne et Saint Laurent du Maroni.

Selon la Préfecture il s’agit des “manifestations les plus importantes qu’ai connu le territoire” 10 000 à Cayenne et 4 000 à Saint-Laurent selon la police.

Sur Cayenne, il n’y avait pas moins de 15 000 personnes, aucun militant ne s’attendait à une telle déferlante. Toute la population dans toute ses composantes culturelles était mobilisée. Les Amérindiens ouvraient cette énorme marche, de très nombreux jeunes étaient présent, toutes les couleurs et groupe « communautaires » étaient représentés (on a vu des drapeau brésiliens, haïtiens, dominicains, des centaines de drapeau guyanais, un drapeau français et même un drapeau kanak) (oui, en Guyane tout le monde aime montrer son drapeau!).

Au delà du drapeau, ce qui est intéressant c’est que pour la première fois toute la diversité culturelle a marché ensemble, faisant voler en éclats tous les préjugés qui gangrènent depuis un certains temps la Guyane.

Les revendications xénophobes initiales des 500 frères laissent place à une unité populaire sans précédent. Le discours des 500 frères à d’ailleurs largement changé car maintenant ils revendiquent que “nous sommes tous guyanais, brésiliens, surinamais, haïtiens… “Nou tout guyanais”. Selon de nombreux commentateurs une nation serait née aujourd’hui. Je ne suis pas devenu nationaliste, mais il faut bien comprendre que cet élément est essentiel pour la conscience collective (dans les colonies le rapport de classe et lié aux rapports de race) et cette conscience collective peut vraiment faciliter le travail d’émancipation politique!

Sinon, sur le plan économique, rien ne bouge, tout est bloqué, tout est fermé, tout le monde a fait ses réserve pour tenir un mois.

Le comité de convergence « Pou Lagwiyann dékolé » a plus ou moins réussi à maintenir son mot d’ordre de ne pas rencontrer la délégation interministérielle, vue ici comme un mépris car ne comprenant aucun ministre. L’arrivée de plusieurs ministres est annoncée pour la fin de semaine mais déjà certains syndicalistes refusent de rencontrer la ministre des Outres-Mer qualifiée de méprisante envers les guyanais! Bref “nou la, nou paré, nou ka tchembé réd, nou pa ka moli”. Adrien

colonies-dAmérique

Un point sur la situation après une marche de 20 000 personnes à Kayenn, de 10 000 à Saint Laurent du Maroni, on attend les chiffres des autres communes : en France c’est l’équivalent de 6 millions de personnes dans le rue ! 

- A la fin de la marche : prises de parole de tous les collectifs : il y en avait tellement que le meeting à duré plus de 2 heures…
- Le Collectif des collectifs « Pou Lagwiyan dékolé » est tellement débordé par les revendications, qu’ils ont dû revoir leur copie, il voulait au départ donner la plateforme au préfet, sans discussion ni négociation (ce qui est évidemment très bien !) ils ont été obligé d’y renoncer car beaucoup de collectifs n’ont pas eu le temps de remonter leurs revendications.
- La direction du mouvement est multiples, les 500 frères ont ouvert la marche, mais les cortèges de étudiants, et des guyanais étaient gigantesques ! Lila

Mardi 28 mars 2017

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22 mars 2017 ~ 0 Commentaire

colonialisme (npa)

kanaks

Kanaks

Ces îles que l’on dit françaises…

Existe-t-il encore des colonies françaises dans le monde ?

Oui, presque trois millions d’hommes et de femmes vivent dans les derniers territoires subsis- tant de l’Empire colonial de la France, des territoires appelés DROM (département et région d’outre-mer) ou COM (collectivités d’outre-mer). Les plus importants sont dans la Caraïbe (Martinique, Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin), en Amérique latine (Guyane), dans l’océan Indien (Réunion, Mayotte) et dans le Pacifique (Kanaky, la Polynésie dite française). Il faut également y ajouter la Corse, achetée et occupée militairement sous le Premier Empire.

La seule consultation concernant l’indépendance de ces territoires fut celle de 1974 dans les îles des Comores… où les Comoriens se prononcèrent à 96 % pour l’indépendance ! Malgré plusieurs résolutions de condamnation de l’ONU, l’État français décida de séparer Mayotte (où le non avait été majoritaire grâce aux populations françaises) des autres îles des Comores et de la maintenir comme possession française.

De nombreuses luttes furent menées pendant des dizaines d’années, avec d’importantes grèves générales, en particulier dans les Antilles, et la lutte prolongée des Kanaks, notamment dans les années 1980. Une consultation en Kanaky doit avoir lieu en 2018. Les colonialistes essayent de limiter l’accès des Kanaks (59 % des électeurs potentiels) à un scrutin dans lequel population colonisée et population colonisatrice auraient le même droit de vote…

Quel est l’intérêt pour l’État français de maintenir ces colonies ?

Plus de 6 000 militaires sont disposées dans 5 zones stratégiques : Mayotte, Réunion, Kanaky, Polynésie et Antilles. La France a un territoire de souveraineté maritime de 11 millions de km2, en faisant le deuxième espace maritime derrière celui des USA. Cela induit un contrôle militaire, notamment sur le détroit de Mozambique, et des ressources potentielles de pêche et d’extra- ction minière. Au-delà de ressources minières et agricoles exploitées par les descendants des colons, ces îles ont un indéniable intérêt stratégique.

La structure coloniale existe-t-elle toujours ?

Dans ces « départements français », les revenus médians révèlent la pauvreté de la popula- tion : 880 euros à la Réunion, 1 100 euros à la Martinique… Et dans tous ces territoires, le chômage est de 36 % en moyenne, plus de 50 % pour les jeunes ! Le coût de la vie est par contre de 12 à 17 % plus élevé qu’en « métropole », parfois plus de 30 % sur des produits de première nécessité.

Les richesses, les terres, les mines, les conseils d’administration des grandes entreprises présentes (notamment dans le tourisme et le bâtiment) sont essentiellement des possessions des descendants des colons. Ainsi à la Martinique, ils possèdent les 2/3 des terres cultivables, la quasi-totalité des usines à sucre, les 9/10 des plantations de bananes, la totalité des conserveries d’ananas et le quasi-monopole du commerce d’import-export. Les coloniséEs, eux, sont ouvriers, précaires ou chômeurs.

Aux Antilles, les mouvements indépendantistes revendiquent une redistribution des terres qui permettrait de revenir sur l’accaparement des terres par les colons.

En Polynésie, les populations exigent la réparation des désastres humains et écologiques produits par les explosions nucléaires.

Le système économique fonctionne pour le profit des compagnies et entreprises de la métro- pole, appuyés par la présence des colons. Les populations autochtones ou descendantes d’esclaves sont exploitées économiquement, discriminées. Ségrégation raciale et sociale se confondent. Celles-ci se prolongent dans la situation vécue dans l’hexagone par les populations issues des dernières colonies.

Le monopole de la « métropole » française sur les moyens de communication et les échanges commerciaux, l’isolation maintenue avec les pays limitrophes, ont développé un système liant dépendance financière et non-développement, avec l’utilisation par le colonialisme de toute une couche, essentiellement d’origine française, dépendante des emplois de la fonction publique. Mais ce carcan n’empêche pas des luttes de résistance. Ainsi, le mouvement du LKP, la grève générale de 2009 aux Antilles, a permis de mettre clairement en avant des exigences populaires.

Quelle position défend le NPA ?

Le NPA a toujours considéré que c’était aux populations de ces dernières colonies de former leurs organisations, leurs exigences face à l’État français. Nous sommes partie prenante des actions de solidarité avec les mouvements anticolonialistes.

Pour notre part, nous défendons évidemment le droit à l’autodétermination des popu- lations colonisées et soutenons la revendication d’indépendance de ces territoires. Nous exigeons le retrait de toutes les troupes et installations militaires françaises.

La nature des liens à établir entre ces territoires devenus souverains et les autres pays à l’échelle internationale doit être du seul ressort des populations locales. Nous considérons évidemment que la libération des liens coloniaux doit aller de pair avec la libération sociale. Car trop d’exemples existent d’États libérés du joug colonial pour retomber ensuite dans un nouveau, celui du néocolonialisme dans le cadre de la mondialisation capitaliste…

https://poutou2017.org/

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18 mars 2017 ~ 0 Commentaire

lordon besancenot (ballast)

besanc

L’Internationale, on le sait depuis la chanson, sera le genre humain.

Oui, mais comment ? Et tout se gâte, sinon s’enraie, ici. Nul n’oublie, depuis la boucherie de 1914, que les prolétaires eurent pourtant une patrie : des Français et des Allemands s’entretuèrent.

Le camp de l’émancipation brandit haut l’idéal internationaliste, de l’Espagne antifasciste des années 1930, au Che lançant, du Congo à la Bolivie, que « tout être humain véritable doit sentir dans son visage le coup donné au visage d’un autre être humain ». Mais l’interna- tionalisme induit-il le dépassement des nations ou la coopération solidaire de ces dernières ?

La question fâche et charrie son lot d’injures et de malentendus. Pour en débattre et tâcher d’en clarifier les enjeux, nous vous invitons à cet échange entre le philosophe Frédéric Lordon et l’un des porte-paroles du NPA, Olivier Besancenot.

Le premier jure qu’il n’est d’internationalisme que « de la contagion » et déplore l’abstraction d’une frange de la gauche radicale à ce sujet ; le second s’inquiète de la «grande régression » à laquelle nous assistons, celle de l’éloge des frontières ou de l’État, fût-ce à des fins socialistes. Une urgence plus qu’une question, donc.

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