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27 février 2014 ~ 0 Commentaire

Que se passe-t-il au venezuela? (al’e)

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Les images de milliers de manifestants dans les rues des principales villes véné- zuéliennes, du déploiement de troupes et des actions de groupes de civils armés ont été diffusées à l’échelle internationale au cours des deux dernières semaines. Elles ont été accompagnées, d’une part, par les déclarations grandiloquentes du gouvernement qui dénonce un coup d’État et, de l’autre, par les allégations de la direction de l’opposition bourgeoise, qui y voit une confirmation supplémentaire du caractère dictatorial du système politique vénézuélien.(…)

Victoire électorale, mais 56,2% d’inflation

En décembre 2013, la crise actuelle a été précédée par une victoire électorale du chavisme. S’ap- puyant sur une campagne contre la spéculation pendant laquelle il est intervenu dans quelques chaînes de magasins, principalement dans le secteur de l’électroménager, le gouvernement a rem- porté 71,64% des municipalités, obtenant environ 49% des voix, soit près de neuf points de plus que la Mesa de Unidad Democrática (MUD), la coalition des partis de l’opposition bourgeoise. Les dissidents du chavisme ont obtenu 5%, ceux de la MUD un peu plus de 2%, de même que les autres candidatures indépendantes. La MUD avait fait campagne en donnant au scrutin un caractère de plébiscite contre le gouvernement, et elle a échoué en ce sens.

Toutefois, la victoire du chavisme est relativisée par l’aggravation de la crise éco- nomique.

L’année 2013 s’est conclue sur les indices d’inflation et de pénurie les plus élevés depuis la période initiée en 1999. La fausse promesse du gouvernement selon lequel un «juste prix» des articles de consommation serait consolidé par les interventions des autorités dans le secteur du commerce à la veille des élections a été rapidement et brutalement démentie par la réalité. Sous l’impact des me- sures de la Banque Centrale du Venezuela (BCV), qui ont entraîné une augmentation de 70% de la masse monétaire pendant l’année 2013, le taux d’inflation a atteint 56,2%. Pendant les seuls mois de novembre et décembre, en pleine campagne pour le «juste prix», l’inflation a été de 7%. (…)  Entre 2012 et 2013, la surfacturation des importations a dépassé 20 milliards de dollars. Maduro a été obligé d’admettre publiquement que le gouvernement n’avait jamais effectué aucun contrôle a posteriori de l’allocation de devises aux entreprises importatrices. (…)

Face à cette situation, le gouvernement a utilisé le capital politique de sa victoire électorale pour promouvoir des négociations avec la MUD afin d’obtenir son soutien aux mesures d’austérité qu’il souhaitait mettre en œuvre. Dans une volte-face typique du chavisme, dix jours après des élections municipales où il était censé avoir vaincu le «fascisme», Maduro s’est réuni cordialement à Mira- flores [palais présidentiel] avec la plupart des maires et des gouverneurs de la MUD. Parmi les diverses propositions discutées à cette occasion a été évoquée une augmentation du prix de l’essence, qui est très fortement subventionnée. Dans un communiqué ultérieur, la MUD a déclaré appuyer cette mesure et annoncé qu’elle mettait «à la disposition de l’exécutif ses ressources techniques et politiques afin d’obtenir le consensus le plus ample autour d’une question d’une telle importance dans la vie des Vénézuéliens» [1]. Au cours de réunions ultérieures avec Maduro et le ministre de l’Intérieur, réunions auxquelles participait le principal dirigeant de la MUD, Henrique Capriles, les autorités régionales et locales ont eu un échange de vue sur la mise en œuvre de plans de sécurité conjoints. De fait, l’impasse qui s’était ouverte avec l’élection présidentielle d’avril 2013, dont la MUD n’avait pas reconnu les résultats, est aujourd’hui surmontée. (…)

Les manifestations du 12 février changent de contenu

Les premières manifestations n’ont été animées que par quelques dizaines de militants, avec un caractère clairement provocateur, comme l’action contre la résidence du gouverneur de Táchira ou les actions armées effectuées  à Mérida. Il y a eu aussi des violences policières, comme à Mérida, par exemple, où un étudiant qui ne participait pas aux manifestations a été grièvement blessé. Des personnes détenues à San Cristobal ont été transférées à la prison de Coro, à 500 kilomètres de distance. Les principaux slogans de ces manifestations visaient l’insécurité, mais au fur et à mesure que s’approchait le 12 février, les appels ouverts à la démission de Maduro ont commencé à se faire entendre.

Parallèlement, le PSUV a commencé à utiliser des groupes de choc parapoliciers pour briser les manifestations, qu’elles soient pacifiques ou violentes, et attaquer des zones résidentielles. Un exemple de ces actions est l’attaque contre la résidence de Mgr Chacón à Mérida, où se déroulait une protestation sous forme de concert de casseroles, et où deux personnes ont été blessées.

Par rapport aux mots d’ordre initiaux, les manifestations du 12 février, qui ont eu lieu dans 18 villes, ont changé de contenu: on y revendiquait la libération des étudiants détenus et la cessation des actions répressives de la police et des groupes parapoliciers. À l’intérieur du pays, où la pénurie et la crise des services publics se font sentir de façon beaucoup plus sévère que dans la capitale, les manifestants ont aussi formulé des revendications liées à ces questions.

Les deux factions de la MUD ont été clairement dépassées par l’ampleur des manifestations, sous- tendues par le mécontentement de larges secteurs de la population face à la crise économique et aux mesures d’austérité mises en œuvre par le gouvernement. Le PSUV a lui aussi organisé des rassemblements et des manifestations le même jour, mais de moindre ampleur.

À Caracas, on a enregistré des faits qui ont entraîné une évolution majeure dans le développement des protestations. Aux abords du siège du Ministère Public (Fiscalía General), alors que s’était dispersée la manifestation initiée sur la Plaza Venezuela, des groupes d’étudiants et d’activistes ont entrepris d’affronter la police en lançant des pierres et ont provoqué des dommages à la façade de cet édifice gouvernemental. Ils ont été réprimés à balles réelles par la police politique, le Service bolivarien de renseignement national (SEBIN), la Garde nationale bolivarienne (GNB) et des groupes parapoliciers. Le bilan est de deux morts: Bassil Da Costa, un jeune homme abattu par une balle dans le dos,  et Juan Montoya, un membre de la police municipale de Caracas-Libertador (mairie tenue par le chavisme)  qui faisait partie d’un des groupes parapoliciers intervenus contre les protestataires. D’après la famille et les amis de Montoya, c’est un «fonctionnaire» qui lui aurait tiré dessus.

Plus tard, dans un autre quartier de la capitale, l’un des manifestants qui était venu en aide à Da Costa, Roberto Redman, a été assassiné par balles depuis une moto chevauchée par des civils, dont les tirs ont d’ailleurs fait cinq autres blessés. Cette même nuit, dans une rue de l’ouest de Caracas, l’attaché de presse de Provea, une organisation de défense des droits de l’homme [NdT: ayant une large trajectoire progressiste auprès des mouvements sociaux depuis les années 1980], a été sé- questré à proximité d’un barrage de police par des hommes armés sans uniforme se présentant comme des agents du SEBIN. Ils lui ont confisqué son téléphone portable et, après l’avoir tabassé et menacé de mort pendant près de deux heures, ont fini par le libérer.

Le quotidien Últimas Noticias, dont la ligne éditoriale est favorable au chavisme, a publié un travail d’investigation documentant amplement les actions du SEBIN aux alentours du bâtiment du Ministère Public et les coups de feu tirés contre un groupe de manifestants qui fuyait la police après la chute de Da Costa [2]. Le président Maduro a commencé par rendre les manifestants eux-mêmes responsables de ces morts, affirmant qu’il s’agissait d’un «scénario» semblable à celui du coup d’État de 2002, mais a ensuite déclaré que les agents du SEBIN avaient agi de leur propre initiative et destitué le chef de ce corps répressif. Il ne fait pas de doute que les actions entreprises par le gouvernement et les groupes parapoliciers le 12 février marquent un tournant. Elles ont entraîné une amplification des protestations, même si Maduro a annoncé ce soir que les manifestations non autorisées par le gouvernement ne seront pas tolérées.

Une analogie non pertinente: 2014, une répétition de 2002

Au moment où j’écris ces lignes, six personnes sont mortes dans les manifestations ultérieures au 12 février, et on estime que près de deux cents ont été blessées par balles et par chevrotines, victimes dans la plupart des cas de l’action des groupes parapoliciers et de la GNB. Quarante personnes ont été détenues. On enregistre de nombreuses plaintes concernant les tortures et les traitements dégra- dants infligés par les corps policiers et militaires qui participent aux arrestations. Malgré la milita- risation de San Cristobal et Mérida, les manifestations se poursuivent, et plusieurs quartiers de ces villes sont paralysés par des barricades [3].

La majorité des informations sur les manifestations circule à travers les médias électroniques, étant donné que les chaînes de télévision privées comme publiques respectent les exigences des autorités de ne transmettre aucune information en direct sur les manifestations, ni aucune nouvelle que la Commission nationale des Télécommunications (Conatel) puisse considérer comme une incitation à la violence. (…)

Le gouvernement a recours à l’expédient de se faire passer pour la victime d’un coup d’État en cours d’exécution et de comparer la situation actuelle avec celle d’avril 2002. Il est toutefois impossible de soutenir rationnellement une telle comparaison. On n’enregistre en effet aucune déclaration contre le gouvernement ni aucune défection au sein des forces armées, dont la hiérarchie – officiers généraux et officiers supérieurs – est complètement alignée sur le gouver-nement et sur la fraction de la bourgeoise qui dirige l’État. Cette dernière est principalement constituée par un secteur de nouveaux riches mieux connus par la population sous le sobriquet de «bolibourgeoisie», et dont beaucoup sont d’ailleurs eux-mêmes militaires.

La plupart des dirigeants de la MUD ne partagent pas le mot d’ordre de «démission» impulsé par VP et polémiquent publiquement avec Leopoldo López. L’organisation patronale Fedecámaras n’appelle nullement à la grève, pas plus que la bureaucratie syndicale liée à la MUD. En plein milieu de la crise, le plus puissant capitaliste du pays, Gustavo Cisneros, a annoncé son soutien au gouvernement, tandis que la transnationale Repsol vient de signer un accord de financement de PDVSA de 1,2 milliard de dollars. La hiérarchie de l’Église catholique s’abstient de jeter de l’huile sur le feu et soutient plutôt les plans de «pacification» du gouvernement.

Maduro s’est peu à peu rapproché des positions du gouvernement des États-Unis et, il y a moins d’un an, le ministre des Affaires étrangères Elías Jaua et le secrétaire d’État John Kerry se sont réunis pour annoncer leur intention d’améliorer les relations diplomatiques entre les deux pays. On voit mal comment le fait que Leopoldo López se soit volontairement livré aux autorités, qui avaient ordonné sa capture en tant que responsable des morts du 12 février, peut s’inscrire dans la logique d’une imminente conquête militaire du pouvoir par les armes. (…)

Par conséquent, la tâche principale de la gauche et des organisations sociales est de s’opposer à ces violations des libertés démocratiques, tout en continuant à proclamer que la MUD ne représente pas une alternative politique susceptible de résoudre les problèmes dont souffre la majorité de la population.

La jonction entre la question démocratique et le projet social de transformation

L’utilisation par le gouvernement de forces parapolicières pour dissoudre les manifestations est une méthode ultraréactionnaire que nous condamnons. L’exercice de la censure, que ce soit par le biais d’accords entre le gouvernement et les propriétaires des médias ou par la coercition, implique dans tous les cas une violation du droit à l’information. On constate clairement ici l’incompatibilité de ce droit tant avec la propriété privée des médias qu’avec la gestion bureaucratique des médias étatiques. (…) Au-delà des protestations, les procès menés contre plus de trois cents ouvriers, paysans et indigènes autochtones en lutte doivent être suspendus. Il s’agit là de revendications démocratiques que quiconque se prétend démocrate ou révolutionnaire doit soutenir et qui s’opposent à la doctrine de sécurité nationale invoquée par Maduro pour placer les intérêts de l’État au-dessus des droits sociaux. (…)

Le désastre économique et social a dissipé les illusions du projet chaviste. La tentative de surmonter les problèmes structurels de notre pays dans le cadre du capitalisme en s’appuyant sur le protagonisme de la bourgeoisie nationaliste, des militaires et d’un parti de type corporatif a échoué et se trouve dans un état de décomposition avancée. Les programmes d’aide sociale mis en place après la défaite du coup d’État de 2002 ont dépassé l’apogée de leur efficacité et sont entrés dans une dynamique récessive depuis 2007. (…)

On a des exemples clairs de cette politique avec l’emprisonnement du leader indigène Yukpa Sabino Romero et du syndicaliste Rubén González entre 2009 et 2011 et avec la récente arrestation de dix travailleurs du pétrole qui participaient à une assemblée dans la raffinerie de Puerto La Cruz, dont le secrétaire général de la Fédération unie des Travailleurs du pétrole (FUTPV), José Bodas. Ajoutons à cela une débâcle économique qui n’empêche toutefois pas  les secteurs transnationaux enkystés dans l’industrie pétrolière, la banque privée et les importateurs de s’en tirer à très bon compte. L’utopie réactionnaire d’un «socialisme avec capitalistes» s’est effondrée. Il revient à la gauche révo- lutionnaire de récupérer les drapeaux du socialisme que le chavisme a utilisé à ses propres fins.

D’après les chiffres officiels, plus de neuf millions de personnes, soit un tiers de la population, vivent dans la pauvreté. Près des trois quarts des travailleurs du secteur public gagnent des salaires inférieurs au coût du panier alimentaire, qui s’élève à plus de deux fois le montant du salaire minimum. C’est seulement chez les militaires que les augmentations de salaires sont supérieures à l’inflation. (…)

Par Simon Rodriguez Porras

(23 février 2014, traduction par Marc Saint-Upéry, les sous-titres sont de la rédaction de A l’Encontre)

http://alencontre.org/ameriques/amelat/venezuela/que-se-passe-t-il-au-venezuela.html

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24 février 2014 ~ 0 Commentaire

Appel unitaire contre l’intervention en Centrafrique

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Centrafrique : Du temps des colonies à la Françafrique

Les interventions militaires sont le problème, jamais la solution

Deux ans après l’attaque de la Libye, un an après la guerre au Mali, la France intervient de nouveau militairement en Centrafrique. Il est de notre devoir en tant qu’anticolonialistes et partisans de la solidarité internationale des peuples de nous opposer à l’opération Sangaris. Nous exprimons toute notre solidarité avec le peuple centrafricain qui souffre, depuis plusieurs mois, d’inacceptables violences.

On ne peut trouver aucune justification aux exactions commises par les groupes armés Séléka ou anti Balaka à l’encontre des populations civiles de Centrafrique qui sont terrorisées et condamnées à fuir. Ces actes sont inacceptables. Mais force est de constater que le débarquement des troupes françaises, bien loin de répondre à l’objectif humanitaire proclamé, a, même sur ce plan, contribué à aggraver la situation : loin de Bangui, sur la plus grande partie du territoire, les massacres continuent, et, dans la capitale même, le climat de violence perdure. Les troupes françaises ne sont pas «neutres » et leur présence ne fait qu’alimenter la guerre civile. Et l’envoi de troupes de pays de l’UE, réclamé par F. Hollande, ne fait qu’impliquer l’Union dans cette intervention militaire.

En tout état de cause, l’entrée en guerre de la France en Centrafrique, décidée par le Président de la République française, ne saurait être considérée comme « normale » ainsi que tend à le faire croire la propagande du gouvernement et de l’armée :

⁃ La France, ancienne puissance colonisatrice, n’a pas perdu l’habitude de considérer l’Afrique, d’abord comme une zone d’influence. Sa logique est toujours néo-coloniale, à l’ombre de l’impérialisme US qui en tire également profit

⁃ La guerre ne peut apporter la démocratie ; bien au contraire elle est lourde de risques d’enlisement et ne porte que la garantie d’une extension et de la pérennisation des conflits. Ceux qui en profitent, ce sont les marchands d’armes… et, de ce fait, la balance commerciale française en premier lieu.

⁃ Une fois de plus, cette intervention se déroule dans un pays et une région où la France défend les intérêts occidentaux tout en servant d’abord ses propres intérêts stratégiques à travers ceux de ses grandes entreprises. Ce qui est en jeu, c’est notamment le contrôle des ressources minérales et énergétiques, en particulier les mines d’uranium nécessaires au complexe nucléaire civil et militaire, ainsi que les prospections de Total ou la logistique des transports fluviaux, portuaires ou par rails de Bolloré.

⁃ La France en agissant de la sorte poursuit également un but politique à moyen et long-terme : fragiliser les États africains pour aboutir à des divisions nationales qui seront source d’affaiblissement des peuples se relevant à peine de la colonisation. La balkanisation de l’Afrique, la division et l’affaiblissement des résistances populaires africaines, est un objectif stratégique essentiel tant pour la France que pour toutes les puissantes concurrentes.

⁃ La France s’appuie pour cette intervention sur les dictatures qu’elle soutient à bout de bras depuis des années (Tchad, Congo Brazzaville, Gabon, Cameroun…) et qu’elle conforte ainsi à nouveau, contre les peuples qui les contestent, comme on le voit aujourd’hui au Burkina et au Bénin.

En réalité, de Bokassa à Djotodia, en passant par Bozizé, la France a assuré sa domination sur la Centrafrique en y installant et en y soutenant une kyrielle de dictateurs corrompus … quitte à les jeter quand la coupe était trop pleine. Elle est intervenue militairement sept fois dans ce pays qui illustre jusqu’à la caricature la nature de la Françafrique, sur ses trois piliers (politique, militaire, économique).

En poursuivant cette politique de la canonnière et contraire aux besoins des peuples d’Afrique la France a également contribué à la déstabilisation de toute la région. Il suffit de tourner ses regards vers le Tchad, la RDC, le sud-Soudan ou le Rwanda pour s’en rendre compte.

De même que le développement de ces pays passe par la délivrance du carcan du franc CFA, de même, une solution politique passe nécessairement par le retrait des troupes françaises.

Au moment où le gouvernement présente sa loi sur le développement, qui concerne 16 pays africains toujours soumis à sa domination néo-coloniale, dont la Centrafrique et le Mali, nous appelons à un rassemblement le 10 février à l’Assemblée nationale contre les interventions militaires à répétition, contre la continuité de la politique françafricaine de la France, pour la fermeture des bases militaires françaises en Afrique.

C’est au peuple de Centrafrique qu’il revient de dessiner le futur de leur pays.

L’avenir de l’Afrique est l’affaire des peuples d’Afrique. 

Manifestation le 1er mars à 14h Métro République

Signataires : UPC, Afapredesa, Corelso, NPA, Sortir du colonialisme, Survie, CNT, Alternative Libertaire, Solidaires, Caac Comores, USTKE, Afaspa,

http://npa2009.org/content/appel-unitaire-contre-lintervention-en-centrafrique

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24 février 2014 ~ 0 Commentaire

La situation au vénézuela, une opinion

mejiko C’est aussi valable pour le Venezuela!

Note du blog: Deux positions sont en présence: soit encore un « coup » des états-unis, soit les valeureux vénézuéliens, comme les ukrainiens, s’opposent à l’axe du mal (alors qu’ils viennent de voter pour lui). Et si c’était plus compliqué?

Résumé rapide de la situation vénézuélienne pour les curieuses et pour les peu informés

Le 4 février 2014, des étudiants de l’Université nationale expérimentale de l’État de Tachira, située en province, protestèrent contre l’abus sexuel qu’une étudiante avait subit dû à la situation d’insécurité de la ville.

La manifestation fut réprimée et plusieurs étudiants furent détenus. Le lendemain, d’autres universités du pays effectuèrent leurs propres manifestations exigeant la libération de ces détenus. Ils/elles furent à leur tour réprimés et certains étudiants incarcérés. La vague d’indignation avait comme toile de fond la crise économique, la pénurie et la crise de services publiques, outre le début de l’application d’un ensemble de mesures économiques de la part du président Nicolas Maduro.

Deux politiciens d’opposition, Leopoldo Lopez et Maria Corina Machado, essayèrent de capitaliser cette vague de mécontentement, en appelant à des nouvelles manifestations sous le mot d’ordre « La Salida » (La Sortie, ce qui fait allusion au départ du gouvernement, ndlt), destiné à faire coup de pression pour la démission du président Maduro. Aussi, cet appel reflète la division à l’inté- rieur des partis d’opposition et la volonté de remplacer le leadership de Henrique Capriles, qui refuse publiquement d’encourager les manifestations. La coalition Mesa de unidad democrática (MUD, « table pour l’unité démocratique », ndlt), ne les encourage pas davantage.

Le gouvernement, en réprimant les manifestations, a provoqué que celles-ci se répandent dans tout le pays. Le 12 février 2014, des gens dans 18 villes se mobilisèrent pour la mise en liberté des détenus et pour exprimer leur gronde contre le gouvernement. Dans certaines villes de l’intérieur, particulièrement frappées par la pénurie de denrées courantes ainsi que de l’eau et l’électricité, les manifestations devinrent massives. À Caracas, trois personnes furent tuées dans le cadre des ces manifestations. Le gouvernement accusa de ces morts aux manifestants eux-mêmes. Pourtant, le journal de plus grande circulation au pays, le Ultimas Noticias (les Dernières dépêches, ndlt), qui bénéficie du plus grand budget publicitaire gouvernemental, révéla à travers des photos que les assassins étaient membres de la police. En réponse, Nicolas Maduro affirma sur les chaînes de radio et télévision que les organismes de police avaient été « infiltrés par la droite ».

La répression contre les manifestants ne s’est pas seulement circonscrite à l’action d’organismes de police et des forces armées. Elle inclut la participation des groupes para- militaires pour dissoudre violemment les manifestations. Un membre de Provea, ONG des droits humains, a été séquestré, frappé et menacé de mort par un de ces groupes à l’ouest de Caracas. Le président Maduro encourage publiquement les agissements de ces groupes, qu’ il nomme «collectifs».

Actuellement, le gouvernement vénézuélien contrôle toutes les stations de télévision, et a menacé de sanctionner les stations radio et les journaux dans le cas où ils diffuseraient des informations concernant les manifestations. C’est pourquoi les espaces privilégiés pour la diffusion d’information sont les réseaux sociaux, notamment Twiter. L’utilisation de dispositifs technologiques à usage personnel a permis d’enregistrer et photographier largement les agressions des forces répressives. Des organismes de droits humains rapportent que, dans tout le pays, les détenus (plusieurs d’entre eux/elles maintenant en liberté) ont dépassé les 400, et qu’ils/elles ont subi de la torture –plaintes pour abus sexuel inclus–, des traitements cruels, inhumains et dégradants. Au moment que nous écrivons ceci, cinq personnes ont été assassinées dans le cadre des manifestations [Aujourd’hui, samedi 22 février, le chiffre de morts est monté à huit personnes.].

Dans ses discours, Nicolas Maduro incite les manifestants opposants à prendre des posi- tions plus radicales et plus violentes. De manière systématique et sans aucune enquête criminelle, il affirme que chaque personne tuée l’a été par les manifestants eux-mêmes, les stigmatisant ensuite et en permanence par tous les adjectifs possibles. Cependant, cette belligérance semble ne pas être partagée par tout le mouvement Chaviste, car beaucoup de ses organismes de base sont plutôt  dans l’expectative de ce qui va se passer, sans exprimer activement leur soutien. Maduro a réussi à mobiliser uniquement les fonctionnaires publics dans les exceptionnelles manifestations de rue qu’il a réalisée. Malgré la situation provoquée par la grave crise économique, Maduro continue à prendre de mesures d’ajustement économique, la plus récente étant l’augmentation de l’Unidad tributaria (UT, unité d’imposition, ndrl).

L’appareil d’État réitère de manière insidieuse qu’il fait face à un « coup d’État », une réédition des événements du 2002 au Venezuela. Cette version a réussi à neutraliser la gauche internationale, laquelle n’a même pas exprimé sa préoccupation pour les abus commis dans les manifestations ni pour les morts.

Les protestations ont actuellement lieu en nombreux endroits du pays et ne disposent pas  d’une direction centralisée, elles sont convoquées à travers les réseaux sociaux. Chez les manifestants il y a des opinions diverses par rapport aux partis politiques d’opposition, raison pour laquelle il y est possible d’y trouver tant des expressions d’adhésion comme de refus.

Dans le cas de Caracas, les manifestations sont surtout constituées de la classe moyenne et les universitaires. À l’intérieur du pays, en revanche, ce sont les secteurs popu- laires qui s’incorporent à la protestation. À Caracas, les demandes sont majoritairement politiques : liberté pour les détenus et départ du président, tandis qu’à l’intérieur du pays on en rajoute les demandes sociales, telles que la critique à l’inflation, à la pénurie et à la défaillance des services publics de base. Bien que quelques manifestations se sont montrées violentes, et que certains manifestants ont utilisé des armes à feu contre des policiers et paramilitaires, la plus grande partie des manifestations, surtout celles hors Caracas, continuent à être pacifiques.

La gauche révolutionnaire indépendante vénézuélienne ( anarchistes, trotskistes, marxistes-léninistes-guévaristes) n’ont aucune incidence sur cette situation, nous restons de simples spec- tateurs. Certains d’entre nous sont actifs dans la dénonciation de la répression d’État et dans le soutien aux victimes de violation des droits humains. La population du Venezuela, un pays his- toriquement pétrolier, n’a pas une culture politique bien ancienne, raison pour laquelle les mani- festants opposants ont le même problème de « contenus » que ceux/celles qui constituent les bases de soutien au régime.

Cependant, dans la mesure où la gauche internationale continue à leur tourner le dos et soutient de manière acritique la version gouvernementale de « coup d’État », elle laisse à des milliers des manifestants à la merci des discours les plus conservateurs des partis politiques d’oppo-sition et les prive de tout référant anticapitaliste, révolutionnaire et de changement social. Dans ce sens, l’incarcération de Leopoldo Lopez, leader conservateur d’opposition, contribue à le placer au centre d’une dynamique de mouvementisme, laquelle a dépassé les partis politiques d’opposition au gouvernement de Nicolas Maduro.

Que va-t-il se passer dans le court terme ? Personne ne le sait avec certitude, surtout les manifestants eux-mêmes. Les événements sont en plein déploiement.

Caracas, 21 février 2014
Rafael Uzcátegui – journal El Libertario [Rafael Uzcátegui est un militant anarchiste vénézuélien et activiste à Provea, ONG de droits humains. Il est notamment auteur du livre Venezuela : Révolution ou Spectacle, Une critique anarchiste au gouvernement bolivarien, Éd. Les Amis de Spartacus, Paris, 2011.]

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18 février 2014 ~ 0 Commentaire

Bons baisers des usa (ccr)

*

On n’a jamais vu Hollande sourire autant que pendant son séjour aux USA la semaine dernière. En France, il est le mal-aimé.

Mais de l’autre côté de l’Atlantique, avec la flopée de ministres et de patrons qui le suivaient, il a eu droit au tapis rouge : en hélico avec Obama, la visite de la demeure du très francophile (et très esclavagiste) président Jefferson, l’entrevue dans le Bureau ovale, la conférence de presse sur le perron de la Maison Blanche. Tous les ingrédients étaient là pour faire les belles images dont on nous a abreuvés matin, midi et soir.

Des présidents « de gauche » ?

Obama et Hollande, le premier du Parti Démocrate (classé « à gauche » sur l’échiquier politique étasunien par rapport aux Républicains) et le second « socialiste », se sont fait élire sur des promesses de discontinuité avec les mandats de leurs prédécesseurs, en l’occurrence Bush et Sarkozy. Dans les faits, ils sont tout autant au service des banques (qu’ils ont remises à flot) et des multinationales (dont ils défendent les intérêts, y compris à l’extérieur, par leur politique agressive et d’occupation militaire).

La visite officielle de Hollande a donc été l’occasion de sortir un texte conjoint publié le même jour aux Etats-Unis et en France. Oubliées les dissensions de l’ère Bush-Chirac sur le dossier iraquien par exemple. Obama et Hollande y vantaient les points d’accord entre la politique impérialiste de Washington et de Paris : au niveau des dossiers syrien et iranien, sur la question de la coopération militaire en Afrique ou encore du libre-échange entre les deux rives de l’Atlantique.

Il y aurait beaucoup à redire sur la façon dont deux puissances impérialistes aux intérêts distincts peuvent se rapprocher, ponctuellement, sur telle ou telle question, et la manière dont la presse a présenté cette « entente cordiale ». « Nos intérêts et nos valeurs sont si proches que nous avons été en mesure de faire franchir un nouveau cap à notre alliance », n’ont cependant pas manqué d’écrire Obama et Hollande.

Leurs valeurs ne sont pas les nôtres !

Leurs valeurs, en effet. Car le monde du travail et la jeunesse, de ce côté-ci de l’Atlantique, n’a pas les mêmes intérêts. Les nôtres, ce sont les mêmes que ceux des travailleurs, des Afro-américains, des Latinos, des femmes qui aux Etats-Unis se battent eux aussi, au quotidien, pour ne pas à avoir à payer la facture de la crise.

Hollande a rendu hommage à Martin Luther King mais n’a pas rendu visite aux prisonniers qui s’entassent dans des prisons où ils sont dans leur grande majorité issus des classes populaires et des communautés Blacks et Latinos, victimes d’une police raciste à la « bavure » facile. Un peu comme en France, dans un sens.

Le service de presse de Hollande n’a rien dit des 100.000 manifestants de Raleigh, en Caroline du Nord, qui ont répondu le 8 février aux attaques des réactionnaires sur les droits démocratiques ; ni sur la lutte des 31.000 travailleurs de Boeing, dans l’Etat de Washington, cet hiver, contre le chantage à l’emploi et aux retraites pratiqué par la multinationale ; ni sur les luttes des enseignants de Portland, dans l’Oregon, et des infirmières de New York, autour de l’équivalent de nos Négociations Annuelles Obligatoires ; ni encore sur les 1.500 travailleurs de l’usine Volkswagen de Chattanooga, dans le Tennessee, qui ces jours-ci viennent d’arracher le droit de constituer un syndicat contre leur direction.

Comme en France, radicalement du côté de l’Amérique d’en bas et des bagarres !

Durement touchés par la crise, les salariés étasuniens recommencent à relever la tête. Voilà la « leçon américaine » que nous voulons retenir. Le « souvenir » que nous ramenons de ce voyage aux Etats-Unis, c’est le message délivré par des militants ouvriers de Boeing qui disaient, il y a quelques semaines, que pour se renforcer, il fallait que les luttes ouvrières imposent partout où cela est possible l’arrêt du dialogue permanent entre les syndicats et les Démocrates, comme ici aussi il faudrait exiger que les confédérations en finissent avec un « dialogue social » qui nous mène droit au mur. Rompre avec « la gauche gestionnaire des affaires de la bourgeoisie » des deux côtés de l’océan, reprendre le chemin des luttes, c’est non seulement nécessaire mais également possible ! 16/02/14

http://www.ccr4.org/Bons-baisers-des-Etats-Unis-titre

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06 février 2014 ~ 0 Commentaire

Le vieux fantasme du complot islamiste (lcr.be)

moro  s y cristianos

Si vous croyez que la croyance au complot visant à la domination islamique du monde est un phénomène nouveau, vous vous trompez. Elle est aussi vielle que l’impé- rialisme né il y presque 200 ans.

L’idée d’un tel complot a été inoculée dans les cerveaux européens par la littérature populaire et plus spécifiquement par le roman d’aventure. L’initiateur en est un écrivain et politicien écossais, John Buchan (1875-1940). Ce fils d’un pasteur sans grands moyens fut le défenseur du libre échange, du droit de vote féminin et d’une limitation des pouvoirs de la Chambre des lords, mais par contre un adversaire farouche des réformes sociales introduites par le parti libéral, réformes qu’il considérait comme des incitations à la haine de classe. Après avoir rendu des services à l’Empire comme administrateur colonial en Afrique du Sud et comme fonctionnaire dans les services secrets militaires, il devint le baron Tweedsmuir et termina sa vie comme gouverneur du Canada. Ses lourdes charges ne l’ont pas empêché de produire une vaste œuvre littéraire.

John Buchan est surtout connu pour son roman Les Trente-neuf Marches, publié en de 1915 et adapté à l’écran par Alfred Hitchcock en 1935. Son héros, l’aventurier Richard Hannay, entamera un an plus tard sa carrière d’agent secret dans le roman Greenmantle (1916), traduit sous le titre Le Prophète au manteau vert. Le vert est la couleur emblématique de l’islam.

L’islam n’était pas étranger au colonialisme britannique. L’Inde comptait (et compte) une grande population de culture islamique et celle-ci était majoritaire dans les possessions de Sa Majesté au Moyen-Orient. Obéissant à la règle que pour régner il faut diviser, le pouvoir colonial manipulait les islamistes contre le Congrès à majorité hindou et au Moyen-Orient contre la domination ottomane. Rappelez-vous Lawrence d’Arabie. Puisqu’on projette facilement ses propres vices sur les autres, les Britanniques pensaient que leurs concurrents impérialistes faisaient de même: convoitant l’Inde et l’Afghanistan, le tsar ne pouvait qu’inciter les populations coloniales, dont les musulmans, à la révolte contre les Britanniques.

L’Égypte où passait et passe toujours le canal de Suez était la pièce maîtresse dans le contrôle britannique de la route maritime vers l’Inde. La chute de la ville soudanaise de Khartoum en janvier 1885 qui coûta la vie au général Gordon avait fortement ébranlé Londres. Le mahdi, c’est-à-dire le libérateur envoyé par Dieu, avait osé prendre les armes contre la civilisation occidentale, menaçant le pouvoir britannique en Égypte. Dans le roman Le Prophète au manteau vert le héro part en 1915 pour une mission secrète contre le Kaiser et son allié ottoman qui ourdissent un complot pour soulever les musulmans contre l’Empire britannique. Le « prophète » du roman a des allures de mahdi. Notez que les musulmans, tout comme les « jaunes » d’ailleurs, ne sont pas supposés capables d’initiative. Il faut des « blancs » pour les diriger, en l’occurrence un Allemand, ou tout au moins un madhi, un illuminé fanatique, une sorte de Bin Laden.

Citons le John Buchan : « La terre écume d’un pouvoir incohérent et d’une intelligence inorganisée. Réfléchissez au cas de la Chine. Là vous avez des millions de cerveaux agiles obnubilés par les arts de la tromperie. Ils n’ont pas de direction, pas de force motrice, ce qui fait que la somme de leurs efforts est futile, et le monde se moque de la Chine. » Quand ce géopoliticien écossais écrivit ces lignes la Chine avait engendré Mao Zedong.

Si la Russie tsariste était un allié de la Grande-Bretagne en 1915, la situation était différente après la révolution d’octobre 1917. La Russie était devenue un ennemi et les bolchéviques ne pouvaient, selon Whitehall, que continuer les manipulations inaugurées par le tsar, mais cette fois-ci contre le monde de la libre entreprise. Il est vrai que les communistes avaient tout intérêt d’avoir les populations musulmanes de leur côté pendant la guerre civile dans laquelle la Grande-Bretagne, la France et le EUA intervenaient militairement du côté des Blancs et n’hésitaient pas d’inciter les musulmans contre les Rouges.

Les bolchéviques avaient compris qu’un appel aux peuples coloniaux de se libérer pouvait changer les rapports de forces en leur faveur. L’Internationale communiste organisa en 1920 le 1er congrès des peuples de l’Orient à Bakou (Azerbaïdjan). Ils y firent même preuve d’un certain opportunisme, mais aussi d’une certaine mentalité colonialiste selon G. Safarov, l’envoyé de Lénine en Asie centrale. La majorité des délégués au congrès était de culture musulmane. Zinoviev, le président du Komintern appelait à la guerre sainte contre l’impérialisme, « ce qui provoqua un enthousiasme extraordinaire et les délégués  brandirent sabres et revolvers aux cris de ‘Djihad’, ‘Vive l’insurrection de l’Orient !’, et ‘Vive la IIIe Internationale !’ » Pour protéger leurs arrières, les Soviétiques signèrent en 1921 des accords avec l’Iran, avec la Turquie et avec l’Afghanistan.

Tout cela frappa l’Occident impérialiste de stupeur. Les Rouges allaient provoquer le chaos total en Asie et menacer la civilisation, une idée partagée par un certain Winston Churchill qui voyait derrière tout ça un complot ourdi par les communistes et les juifs, lecteur qu’il était des Protocoles des Sages de Sion, cette saloperie antisémite concoctée par les services secrets tsaristes. L’idée que les bolchéviques convoitaient l’Orient n’est toujours pas morte dans la tête de certains historiens. Le journaliste Peter Hopkirk a publié deux livres sur les rivalités russo-britanniques en Asie centrale, d’ailleurs bien documentés sur le plan de l’espionnage et les actions secrètes des deux côtés de la barricade.

Le premier (non traduit) date de 1984 et porte le titre Mettre le feu à l’Orient. Le rêve de Lénine d’un empire en Asie (« Setting the East Ablaze. Lenin’s Dream of an Empire in Asia »). Le deuxième qui date de 1994 est traduit, si je ne me trompe pas, sous le titre Le Grand Jeu («On Secret Service East of Constantinople. The Plot to Bring Down the British Empire ») a comme sujet le complot des Allemands et des Turcs pendant la Ière Guerre mondiale pour détruire l’Empire britannique. Il mentionne d’ailleurs le Prophète au manteau vert.

Croire qu’un empire asiatique faisait partie des rêves de Lénine signifie ne pas comprendre un seul mot des conceptions bolchéviques et de l’Internationale communiste (avant le règne de Staline). Ce n’étaient pas des empires qu’ils voulaient, mais des pays libérés de l’impérialisme. La position de Lénine sur le droit des nations à l’autodétermination en est la preuve concluante… du moins si on n’est un adepte de la théorie du complot. (La semaine prochaine: Blake et Mortimer vivants)

6 février 2014 par Pips Patroons publié également sur le blog du NPA du Tarn

http://www.lcr-lagauche.org/le-vieux-fantasme-du-complot-islamiste/

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19 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

nelson mandela: l’hommage du vice à la vertu

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« Des dirigeants qui se disent solidaires du combat de Mandela pour la liberté mais ne tolèrent pas l’opposition de leur propre peuple »

La critique est violente mais contrairement à ce qu’on aurait pu croire, elle n’est pas venue du dirigeant cubain Raoul Castro mais de celui qui venait justement de lui serrer la main, à savoir le Président étatsunien Barack Obama. Ce même Obama avait serré un peu plus tôt celle de Hollande qui venait lui de serrer celle de Sarkozy, à l’occasion des obsèques de Mandela qui se sont tenues dans le stade de Soweto mardi 10 décembre.

Une pluie d’hypocrisie Il pleuvait à torrent sur un stade à peine rempli, et cette météo rafraîchissante, cette pluie sur ce prestigieux parterre des puissants du monde, cachait bien mal le nuage d’hypocrisie qui règne sur ce monde de politiciens. Mais cet hommage mondialement retransmis a bien été une opération politique, une véritable comédie œcuménique associant les larmes des dictateurs avec celles des peuples qu’ils oppriment, les anciens soutiens de l’Apartheid avec celles et ceux qui l’ont combattu.

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Aujourd’hui au bord de l’explosion, l’Afrique du Sud est en pleine crise, et l’hommage à Mandela sert de diversion pour tous ceux qui, au nom d’un prétendu héritage, dirigent un système libéral qui a certes permis l’éclosion d’une bourgeoisie noire mais continue l’oppression et la répression contre tout un peuple.

*

Le peuple se manifeste Le seul véritable moment de vérité fut le tonnerre de sifflets populaires accompagnant l’arrivée de Jakob Zuma, actuel Président de l’Afrique du Sud et nouveau chef de l’ANC. Dernier représentant politique à s’exprimer à la tribune, le successeur de Mandela a vu le stade se vider pendant son intervention. Après avoir rendu hommage à Mandela, Zuma a déclaré : «  laissons la tolérance s’établir, pour créer les bases de la paix. Et par-dessus tout, œuvrons pour lutter contre la faim, la maladie et d’autres maux dont souffre l’humanité ».

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Le peuple sud-africain a apprécié, tant Zuma est connu pour être devenu le chef de la corruption, des magouilles et de la répression qui dominent aujourd’hui le pays. Il aurait pu aisément faire parti des dirigeants vilipendés, le temps d’un discours, par Obama…

*
Ne manquait à l’appel de tout ce beau monde que le dirigeant actuel du sionisme israélien qui fut l’un des plus grand défenseur de l’esclavage des noirs, à savoir Benjamin Netanyahou, retenu, dit-on, pour des « raisons de sécurité » et des « frais de voyage » jugés trop onéreux… Peut-être que la véritable raison de cette absence est surtout que Netanyahou n’a pas besoin de faire des milliers de kilomètres pour entendre parler d’un peuple opprimé, il a déjà ça « à la maison » : le peuple palestinien…

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Obama prend la pose Dans le stade de Saweto, Obama a pu s’offrir aux yeux du monde un moment « progressiste », ses « fifteen minutes » de gauche. « Madiba est le dernier grand libérateur du XXe siècle » a-t-il ainsi déclaré. Bien loin de la politique des USA pourrait-on ajouter… Difficile de faire oublier le rôle toujours décisif de l’impérialisme étatsunien dans le monde, sans oublier bien entendu la situation misérable des minorités ethniques aux USA, de la grande majorité des noirs américains en particulier, même si ceux-ci ont le droit de s’asseoir à coté des blancs dans les bus.

*
« Inoubliable  » a dit le sénateur ex-PCF Robert Hue, un des cinq invités de Hollande qui ne représente plus que lui-même (et encore)… Finalement, la seule image importante de cet hommage fut bien cette poignée de main oh combien significative échangée par Hollande et Sarkozy, l’un poursuivant en effet le (sale) travail de l’autre. Effectivement inoubliable !
Non décidément, ce monde là n’est pas le nôtre.

Alain Krivine Jeudi 19 décembre 2013

Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 222 (19/12/2013)

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15 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

A « la brèche », des livres pour les fêtes

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Free Angela raconte l’histoire d’une jeune professeure de philosophie, née en Alabama, issue d’une famille d’intellectuels afro-américains, politiquement engagée.

Durant sa jeunesse, Angela Davis est profondément marquée par son expérience du racisme, des humiliations de la ségrégation raciale et du climat de violence qui règne autour d’elle. Féministe, communiste, militante du mouvement des droits civiques aux États-Unis, proche du parti des Black Panthers, Angela Davis s’investit dans le comité de soutien aux Frères de Soledad, trois prisonniers noirs américains accusés d’avoir assassiné un gardien de prison en représailles au meurtre d’un de leur codétenu.
Accusée en 1970 d’avoir organisé une tentative d’évasion et une prise d’otage qui se soldera par la mort d’un juge californien et de 4 détenus, Angela devient la femme la plus recherchée des Etats- Unis. Arrêtée, emprisonnée, jugée, condamnée à mort, elle sera libérée faute de preuve et sous la pression des comités de soutien internationaux dont le slogan est FREE ANGELA !
Devenue un symbole de la lutte contre toutes les formes d’oppression : raciale, politique, sociale et sexuelle, Angela Davis incarne, dans les années 70, le « Power to People ». Avec sa coupe de cheveux « boule » et sa superbe silhouette elle lancera, malgré elle, la mode « afro », reprise à cette époque par des millions de jeunes gens.
Quarante ans plus tard, à l’occasion de l’anniversaire de l’acquittement d’Angela Davis, Shola Lynch, avec Free Angela, revient sur cette période cruciale de la deuxième partie du XXe siècle. Toujours engagée, militante abolitionniste, l’icône Angela continue le combat. Power to people !

DVD : Free Angela and all political prisoners

http://www.la-breche.com/catalog/product_info.php?products_id=2996&osCsid=3b94dc6cf791e6860e8af60493322bc8

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06 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Les États-Unis ont retiré Nelson Mandela de leur liste noire des terroristes en 2008 (l’huff’)

mandela

L’ancien président sud-africain Nelson Mandela est décédé jeudi soir à l’âge de 95 ans. Bien que considéré aujourd’hui comme une icône des droits de l’homme, Nelson Mandela est resté inscrit sur la liste noire des terroristes aux Etats-Unis jusqu’en 2008, année où George W. Bush, président de l’époque, a signé un accord pour l’en retirer.

Condoleezza Rice, alors Secrétaire d’Etat, a déclaré à ce sujet qu’il s’agissait « d’une question embarrassante qui m’oblige à faire profil bas face à mon homologue, le Ministre des affaires étrangères sud-africain, sans parler du grand leader Nelson Mandela. »

« Il n’avait rien à faire sur notre liste de surveillance, et je suis satisfait de voir cette évidence entérinée, » a déclaré en 2008 le démocrate John Kerry , alors sénateur du Massachussets.

Le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela a été désigné organisation terroriste par le régime de l’apartheid sud-africain pour son combat contre le système de ségrégation raciale en oeuvre dans le pays de 1948 à 1994.

L’ancienne Premier ministre britannique Margaret Thatcher a aussi décritl’ANC comme une “organisation terroriste typique” en 1987, refusant d’appliquer des sanctions au régime de l’apartheid. Le président américain Ronald Reagan a adopté une position identique.

En 1986, l’ancien vice-président Dick Cheney,alors membre du Congrès, a voté, à l’instar de 179 de ses confrères, contre une résolution non exécutoire visant à reconnaître l’ANC et à exiger du gouvernement sud-africain qu’il libère Nelson Mandela. La mesure a finalement été adoptée, mais pas avant une tentative de veto de la part de Dick Cheney. En 2000, Dick Cheney déclarait avoir le même avis sur la question. The Huffington Post  |  Par Shadee Ashtari Publication: 06/12/2013 08h22 CET

http://www.huffingtonpost.fr/2013/12/06/les-etats-unis-ont-retire-nelson-mandela-de-leur-liste-noire-des-terroristes-en-2008-terroriste_n_4396049.html?utm_hp_ref=france

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25 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

Iran: tractations autour du nucléaire

Raghs

Femme perse dansant avec une coupe de vin (17è siècle)

Sur fond de crise économique et sociale violente, le régime de Téhéran entend obtenir un compromis avec les puissances impérialistes.

C’est le sens du nouveau round de négociation engagé entre la République islamique d’Iran avec le groupe 5+1 (cinq membres permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne).

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La population subit la politique économique du régime marquée par le clientélisme, la corruption des différentes factions qui se partagent le pouvoir et le parasitisme des Gardiens de la Révolution qui contrôlent environ 40 % de l’économie du pays. À cela s’ajoute le poids de l’embargo criminel imposé par les grandes puissances.

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Ainsi, en 2012 le taux de croissance du PIB était de -5, 2 %. Le taux de chômage, qui varie selon les différentes statistiques officielles de 15 à 20 %, est en réalité plus proche des 35 % et l’inflation avoisine les 40 %. Le pouvoir d’achat de la population a chuté de 72 % entre 2005 et 2012. Plus de 50 % des 77 millions d’Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté.

*
Cependant, les sanctions imposées par les puissances impérialistes n’ont pas stoppé le pro- gramme nucléaire de Téhéran. Elles ont juste permis aux dignitaires du régime et aux Gardiens de la révolution de s’enrichir en organisant le marché noir et la contrebande.

Compromis avec les grandes puissances Mais le régime doit faire face à ses divisions internes qui s’exacerbent à mesure que le pays s’enfonce dans la crise, au rejet d’une frange de plus en plus large de la population et enfin aux bouleversements que connaît le Moyen-Orient sous l’effet entre autres, de la politique colonialiste de l’État d’Israël, des guerres impérialistes en Irak et en Afghanistan, des révolutions arabes et de la situation syrienne.

*
Les effets combinés de ces crises et les impasses de l’impérialisme ont ouvert une nouvelle période dans les relations entre la République islamique d’Iran et les grandes puissances. Le régime de Téhéran a des ambitions de puissance régionale, et compte discuter avec les États-Unis un compromis « gagnant-gagnant ». Cela passe par une nouvelle phase de négociations et de compromis avec les grandes puissances impérialistes, autour du nucléaire, de la levée progressive des sanctions et de la question syrienne. C’est le sens des tractations qui ont repris mercredi 20 novembre à Genève.

*
Les négociations seront sans doute longues et difficiles mais il est évident que les États-Unis et la République islamique souhaitent parvenir à un compromis. La France quant à elle n’a pas les mêmes intérêts immédiats d’où une position maximaliste. Fabius et Hollande se font aujourd’hui les portes-voix de l’État colonialiste d’Israël et du royaume des Saoud, symbole de l’intégrisme et de l’archaïsme dans la région.

*
Quant aux peuples d’Iran, ils n’ont rien à attendre des puissances impérialistes et de la dictature théocratique qu’est la République islamique. Depuis l’élection de Rohani, une nouvelle vague de répression est à l’œuvre à l’encontre des travailleurs en lutte pour leurs droits. Cela s’accompagne d’une série d’exécutions de prisonniers, notamment de prisonniers politiques kurdes. Plus que jamais les forces progressistes ont besoin de notre solidarité.

Babak Kia Dimanche 24 novembre 2013

Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 218 (21/11/2013)

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23 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

Non à une loi de programmation militaire qui consacre l’ingérence, l’opacité et l’impunité (survie)

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La loi de programmation militaire pour la période 2014-2019, qui sera étudiée à l’Assemblée Nationale à partir du 26 novembre, réaffirme dangereusement les visées néocoloniales de la politique étrangère française, qui s’exercera prioritairement, selon le Livre Blanc, à l’encontre des pays d’Afrique subsaharienne.

La volonté de Jean Yves Le Drian, le ministre de la Défense, de consolider la présence militaire française dans la région est un retour en arrière extrêmement inquiétant pour la sou- veraineté des peuples africains concernés. Les déclaration de Jean-Yves Le Drian lors de son audition au Sénat sont édifiante en ce sens : « Ces décisions seront ensuite expliquées aux chefs d’États africains concernés. Le sommet France-Afrique relatif aux questions de sécurité qui se tiendra à la fin de l’année en sera l’épilogue. » [1]

De la même façon, le projet d’augmenter les troupes à la disposition du Commandement des Opérations Spéciales de 1000 personnels fait craindre un renforcement de l’opacité entourant les activités des forces armées françaises en Afrique.

De plus, le projet de loi inclut une partie juridique comprenant des évolutions hautement inquiétantes. Ainsi l’article 18 prévoit de donner au parquet le monopole de la mise en action de poursuite pénale à l’encontre des militaires pour des faits commis lors de leur mission en opération extérieure. Cela supprime de fait le droit de constitution de partie civile et réduit dramatiquement les possibilités de porter devant la justice des faits répréhensibles de façon indépendante du pouvoir politique, le parquet lui étant assujetti. [2]

Enfin, on déplorera le manque de volonté politique d’un véritable contrôle des activités des services de renseignement alors même que leurs moyens d’action sont étendus. Le projet de loi prévoit ainsi d’autoriser l’accès à certains fichiers administratifs du ministère de l’Intérieur [3] à l’intégralité des structures de la communauté du renseignement. De plus, la consultation de ces bases de données ne sera plus désormais limitée aux seuls cas de lutte contre le terrorisme mais étendue aux cas d’atteintes potentielles aux intérêts fondamentaux de la Nation. Une notion bien plus vague qui augmente considérablement les possibilités de surveillance des citoyens et réduit par là même leur liberté. [4]

Ainsi, l’association Survie demande :

  • l’abandon du projet de confier au parquet le monopole de la mise en mouvement de l’action publique pour les infractions criminelles commises par des militaires en opération extérieures
  • la mise en place de mécanismes institutionnels permettant un suivi et un contrôle efficace de l’ensemble des activités des services de renseignement

21 novembre 2013 par Survie http://survie.org/francafrique/article/ingerence-opacite-impunite-une-loi-4578

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