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03 septembre 2016 ~ 0 Commentaire

le pacte germano soviétique (lcr)

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Le 23 août 1939 était signé le pacte germano-soviétique  « le pacte du diable », la « bombe diplomatique du siècle », pour reprendre quelques expressions journalistiques.

Il importe avant toute chose de rapporter les faits essentiels qui ont mené à cet accord, car ils ont donné lieu à des interprétations diamétralement opposées.

LES FAITS

25 juillet : suite à l’invitation de Molotov, ministre soviétique des Affaires étrangères, les Français et les Britanniques décident d’envoyer une délégation pour discuter d’un éventuel accord entre Paris, Londres et Moscou.

5 août (onze jours plus tard) : départ des négociateurs…. par bateau lent qui arrive à Lenin- grad le 10 août. La délégation est dirigée par des militaires sans véritable pouvoir de négociation.

11 août : début des négociations tripartites. Les Russes demandent que la Pologne laisse passer l’Armée Rouge sur son territoire pour lui permettre d’affronter les forces armées allemandes. Consultés à ce sujet, les Polonais refusent.

17 août : les discussions sont reportées au 21 afin de laisser aux Alliés le temps de faire pression sur la Pologne. En vain.

19 août : un accord commercial est conclu entre les Allemands et les Russes. Dans la nuit du 20, Hitler propose que Ribentropp, ministre nazi des Affaires étrangères vienne à Moscou avec tout pouvoir pour conclure un accord.

21 août : les négociations franco-anglo-russes sont au point mort.

23 août : signature entre le Reich et l’URSS d’un pacte de non-agression de dix ans. Le pacte est accompagné d’un protocole secret prévoyant le partage de la Pologne entre les deux pays ainsi que le passage de la Finlande et des Etats baltes dans la sphère soviétique.

Il est complété le 28 septembre par un deuxième pacte « d’amitié et de frontières ».

LES DEUX INTERPRETATIONS CLASSIQUES

Pour les historiens bourgeois et les journalistes sociaux-démocrates, il s’agit d’un accord cynique, scandaleux, mais finalement guère étonnant puisqu’il lie deux « pays totalitaires ».

Grâce à ce pacte, Hitler a eu les mains libres pour attaquer la Pologne et ensuite les démocra- ties occidentales ; le protocole secret est l’expression achevée du mépris du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; les hésitations et les lenteurs des négociateurs franco-britanniques s’expliquent par un manque de lucidité des démocraties, par un manque de confiance dans la force de l’Armée Rouge ou par la répugnance à conclure un traité avec une puissance totalitaire.

On comprend l’indignation devant les clauses du protocole secret ; on la partagerait d’avantage si ces mêmes historiens et journalistes condamnaient avec la même vigueur le colonialisme, ou encore la mise sous mandat franco-britannique du Moyen-Orient à l’issue de la première guerre mondiale, pour nous limiter à ces deux exemples.

Parler de répugnance à se lier à une puissance totalitaire (l’URSS) alors que la Pologne de l’entre-deux guerres était tout sauf démocratique est assez piquant. De toute manières, s’il y avait des raisons valables de ne pas conclure, pourquoi avoir envoyé des négociateurs, et sans véritable mandat ?

Pour les staliniens, la faute incombe aux franco-britanniques. En 1938, lors des accords de Munich qui livraient la Tchécoslovaquie à Hitler, les occidentaux ont refusé l’aide que leur proposait Moscou pour arrêter l’expansionnisme nazi. Staline en a dès lors conclu que les franco-britanniques s’efforçaient d’orienter l’impérialisme allemand vers l’URSS. Le pacte germano-soviétique a alors permis de briser la coalition anti-soviétique des pays capitalistes ; et, en reportant jusqu’en 1941 l’entrée en guerre de l’URSS, il a fait gagner un temps précieux pour améliorer la défense de l’Etat ouvrier. Quant au protocole secret, c’est une « fable inventée par les anti-communistes ».

Concernant ce protocole secret, contentons-nous de relever qu’en son bulletin du 17 août 1989, l’agence de presse Novosti explique qu’il ne s’agit pas d’une invention. Parler d’une volonté occidentale d’orienter Hitler vers l’Est est par contre exact – mais incomplet, nous y reviendrons plus loin. Ce qui est carrément faux, par contre, c’est d’affirmer qu’avec ce traité Staline s’est consciemment ménagé un délai pour améliorer la défense de l’URSS.

Expliquons-nous. Pour un Etat ouvrier, la signature d’un traité avec une puissance impéria- liste agressive n’est pas en soi condamnable. En 1918, à Brest-Litovsk, les Bolcheviks n’avaient pas d’autre choix que de signer un accord de paix avec les Allemands : ils n’avaient pratiquement plus d’armée pour se défendre.

Mais d’abord Staline, ne s’est pas contenté d’un simple accord : en vertu du « deuxième pacte », il a livré à la Gestapo des Allemands anti-nazis réfugiés en URSS. Ensuite, il a étendu l’accord à l’Internationale Communiste. Celle-ci a cessé, dans sa propagande, de dénoncer le fascisme et a au contraire stigmatisé l’impérialisme franco-britannique (sur lequel elle faisait silence auparavant). Il existe de multiples témoignages de stupéfaction, de désarroi, de désil- lusion et de découragement qu’une telle attitude a semé parmi les militants communistes européens.

Dans les premiers temps de l’occupation allemande en France, par exemple, la direction du PCF entreprit des démarches auprès des nazis pour que l’Humanité ne soit pas interdite…. Enfin, Staline, qui avait fait liquider, entre 1937 et 1939, les meilleurs éléments de l’état-major de l’Armée Rouge, n’a absolument pas utilisé le répit offert par le pacte pour préparer l’armée et les partisans à résister à l’attaque nazie. Pour une raison bien simple : il ne croyait tout simplement pas à l’offensive allemande ! Même dans les premières heures de l’agression, refusant de se rendre à l’évidence, il donnait à ses troupes l’ordre formel de ne pas riposter aux « provocations » (1) !

NOTRE ANALYSE

Pour de larges secteurs de la bourgeoisie anglaise et française (belge aussi d’ailleurs), l’ennemi principal, ce n’était pas l’Allemagne nazie mais l’URSS. Les représentants politiques de ce courant – tels Neville Chamberlain, premier ministre britannique – cherchent bel et bien, dès lors, à orienter Hitler vers la Russie.

Cela explique l’envoi d’une délégation sans vrai pouvoir : Lord Halifax, ministre anglais des Affaires étrangères, estimait que tant que dureraient des négociations entre Paris, Lon- dres et Moscou, Staline ne signerait rien avec les nazis. Ils s’agissait dès lors de gagner du temps, le temps qu’arrivent les pluies d’automne qui auraient empêché la Wehrmacht d’atta- quer la Pologne en 1939. Et tant que la Pologne n’était pas attaquée, les franco-britanniques n’avaient pas à déclarer la guerre à l’Allemagne…

Pour Churchill, par contre, qui dirigea la Grande-Bretagne à partir du 10 mai 1940, il fallait agir autrement ; tout aussi anti-communiste que Chamberlain, il estimait que si les nazis arri- vaient à conquérir l’URSS, ils disposeraient de ressources formidables leur permettant d’abattre l’empire britannique. Churchill voulait gagner la guerre inter-impérialiste avant de « s’occuper » de l’URSS. Mais, pour que puisse éclater cette guerre impérialiste, il fallait qu’au préalable aient été brisées les montées révolutionnaires en Europe.

Et c’est ici que réside la véritable, la profonde responsabilité de Staline et de sa clique bureaucratique : après avoir empêché que se constitue un front entre communistes et socialistes allemands contre Hitler avant 1933 (2), le « petit père des peuples » a saboté la révolution espagnole de 1936 et a freiné les élans pré-révolutionnaires en France à la même époque. C’est grâce à l’apathie, au découragement ouvrier qui en ont résulté que les grandes puissances capitalistes ont pu se lancer dans la guerre pour la conquête de l’hégémonie mondiale… ainsi que dans l’attaque de l’URSS le 22 juin 1941.

C’est cette apathie qui a permis à Staline de conclure un accord d’Etat à Etat avec l’Allemagne nazie (ce qui revenait, de fait, à prendre position en faveur de l’impérialisme allemand), dans la perspective de tenir l’URSS à l’écart du conflit mondial imminent et de préserver ainsi le pouvoir de la bureaucratie. En ce sens, le pacte fut l’épilogue logique d’une politique contre-révolutionnaire, qui coûta finalement la vie à des dizaines de millions de Soviétiques.

(1) voir à ce sujet les témoignages d’auteurs russes que nous avons publiés dans La Gauche du 15 août 1989, ainsi que le livre « L’Armée Rouge assassinée », d’Alexandre Nekritch

(2) Ce qui ne disculpe nullement les dirigeants socialistes allemands : eux aussi sont responsables de la non-constitution d’un tel front.

mardi 19 février 2008 Luc Gérard, LCR Loiret

http://www.gauchemip.org/spip.php?article5524

Lire aussi:

Le Pacte germano-soviétique de 1939 (Jean Michel Krivine)

Pourquoi Hitler préparait la guerre (Ernest mandel)

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02 septembre 2016 ~ 0 Commentaire

syrie (alternative libertaire)

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Viyan Qamislo: Cette milicienne YPJ est tombée face à Daech, sur le front de Manbij.

La gauche kurde seule contre tous

Ça devait bien finir par arriver : les impérialistes occidentaux lâchent les YPG pour complaire à Ankara. La parenthèse ouverte il y a deux ans à Kobanê se referme. Mais il n’y a pas le choix : la lutte continue.

Avec l’entrée de l’armée turque en Syrie le 24 août, la guerre civile entre dans une nouvelle phase. Ce pays martyr est, plus que jamais, le jouet des rivalités entre puissances impérialistes – iraniennes, turques, russes, américaines, françaises, britanniques, saoudien- nes, émiraties, qataries…

Dans ce bourbier cruel, Alternative libertaire soutient, depuis 2014, les forces de la gauche kurde – le PYD et les milices YPG-YPJ, aujourd’hui fer de lance de la coalition arabo-kurde Forces démocratiques syriennes (FDS). Si AL soutient la gauche kurde, ce n’est pas seule- ment parce qu’elle est « notre meilleur rempart contre Daech » comme on l’entend trop souvent dans la bouche de certains Occidentaux, mais surtout parce qu’elle est la seule force politique à proposer un projet fédéraliste, démocratique, féministe et, d’une certaine façon, laïque, pour le Moyen-Orient.

Un projet où toutes les composantes culturelles de la région – arabes, kurdes, turkmènes, sunnites, chiites, chrétiennes, yézidies… – puissent vivre à égalité. En ce sens, elle est le rempart de toutes et tous les amis de la liberté et de l’émancipation.

Pour tout le monde, c’est une évidence : l’armée turque n’est pas entrée en Syrie pour combattre Daech ; et pas vraiment non plus pour combattre Bachar ; elle n’a occupé la région de Djarabulus que pour empêcher la jonction des cantons d’Afrin et de Kobanê, et donc l’unifi- cation territoriale du Rojava (Kurdistan syrien). Ankara amorce ainsi la constitution de la « zone tampon » qu’elle annonce depuis des années, et qui lui permettra de continuer à contrôler les filières djihadistes qui partent de son territoire pour rejoindre Raqqa, la capitale du « califat ». Au passage, l’armée turque a pilonné les positions des FDS, et bombardé plusieurs villages sous leur contrôle, faisant des dizaines de morts.

Le Rojava, un pion sur l’échiquier impérialiste

Depuis la bataille de Kobanê (septembre 2014-juin 2015), la gauche kurde a accepté le sou- tien financier et matériel de certaines puissances étrangères (Russie, États-Unis, France…) pour ne pas rester isolée face à d’autres (Iran, Turquie, régime de Damas…). Si on veut voir le verre à moitié plein, on peut dire qu’elle a joué, avec une habileté certaine, un impérialisme contre un autre. Si on veut voir le verre à moitié vide, on peut dire qu’elle a joué un jeu dange- reux. Car évidemment les impérialistes ne voient dans le Rojava (Kurdistan syrien) qu’un pion sur leur échiquier. Et c’est ce pion qu’ils sont en train de sacrifier.

Lâchage de Washington, Moscou et Paris

Mis devant le fait accompli, les États-Unis essaient, en vain, de limiter les affrontements entre leur allié historique dans l’Otan (la Turquie) et leur allié de circonstance (les FDS). Mais, fonda- mentalement, John Kerry s’est empressé d’assurer Ankara de sa loyauté et de prendre ses distances avec les FDS. Dès le 26 août, il déclarait à Genève :

« Nous sommes pour une Syrie unie. Nous ne soutiendrons aucune initiative kurde indépen- dante. Il y a eu un certain engagement limité, comme chacun le sait, avec une composante de combattants kurdes, sur une base limitée, et nous avons coopéré très étroitement avec la Turquie pour bien s’assurer qu’il y ait une meilleure compréhension des règles régissant cet engagement. »

Comme en écho, son homologue russe Segueï Lavrov, a aussitôt ajouté :

« Je suis convaincu que les Kurdes doivent rester une partie de l’État syrien, et faire partie de la solution, plutôt que d’être un acteur instrumentalisé pour atomiser et fragmenter le pays ». La Russie, marraine de Bachar el Assad, et en plein rapprochement avec la Turquie depuis la rencontre Erdogan-Poutine du 10 août, fixe ainsi les limites auxquelles elles souhaite que les FDS se conforment. Elle s’est en revanche bien gardé de condamner l’attaque turque [1].

La France est servilement alignée sur Ankara. François Hollande, a signalé, dès le 25 août, « comprendre » l’intervention turque, laissant échapper quelques paroles de regret pour les bombardements turcs sur les positions des FDS [2].

« Les Kurdes n’ont pour amies que leurs montagnes »

Il ne faut pas imaginer que la gauche kurde est surprise de ce lâchage. Depuis le début, elle savait fort bien que cette bienveillance de la part des impérialistes occidentaux n’était que temporaire. « Les Kurdes n’ont pour amies que leurs montagnes » dit un proverbe local, signi- fiant par là que ce peuple ne doit compter que sur lui-même.

Dans les semaines qui viennent, si ce lâchage se poursuit, la gauche kurde risque de se retrouver de nouveau bien seule. Pour notre part, nous continuerons à soutenir son action. Car face aux potentats sanglants d’Ankara, de Damas ou de Raqqa, elle incarne la seule possibilité d’une alternative démocratique, fédéraliste et populaire.

Alternative libertaire, 1er septembre 2016

http://alternativelibertaire.org/?Syrie-la-gauche-kurde-seule-contre

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28 août 2016 ~ 0 Commentaire

québec solidaire (lapresse.ca)

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Caucus de Québec Solidaire : priorité au salaire minimum à 15$

La hausse du salaire minimum à 15 dollars sera un des dossiers prioritaires de Québec Solidaire lors de la prochaine rentrée parlementaire. Le parti de Françoise David, Amir Khadir et Manon Massé se réunit dès dimanche et pour 3 jours à Contrecoeur, en Montérégie, pour tenir son caucus présessionnel.

En entrevue à La Presse Canadienne, Manon Massé assure que la hausse du salaire minimum sera le cheval de bataille de Québec solidaire, dont un des objectifs est de mieux répartir la richesse, rappelle-t-elle.

Elle se réjouit que le premier ministre Philippe Couillard soit ouvert à un débat sur le sujet. Mais elle veut plus. Selon la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, une commission parlementaire serait de mise pour, selon ses dires, «déconstruire les peurs de la droite» en ce qui a trait à une éventuelle hausse du salaire minimum à 15 dollars. Québec solidaire profitera de son caucus pour peaufiner sa stratégie. Les dossiers environnementaux, Énergie-Est et Anticosti entre autres, seront également prioritaires. Manon Massé indique que le nouveau ministre des Transports, Laurent Lessard, sera également dans la mire de son parti, concernant notamment l’industrie du taxi.

Québec solidaire entend aussi poursuivre sa lutte contre le gouvernement «sur les inégalités créées dans la société par les mesures d’austérité».

28 août 2016

http://www.lapresse.ca/quebec-solidaire-priorite-au-salaire-minimum |

Le salaire minimum ou l’arrogance des riches

Commentaire: Québec Solidaire, comme Podemos en Espagne, compte avec une tendance anticapitaliste proche du NPA. En Bretagne nous partageons cette amitié avec l’UDB.

Pour suivre la politique au Québec

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14 août 2016 ~ 0 Commentaire

fidel a 90 ans

Nobody’s perfect!

On peut se tromper! Le JDD nous informe que « Fidel s’allie au PC cubain, le principal parti politique cubain ». Or Wikipédia nous dit:

« Fulgencio Batista y Zaldívar (le dictateur honni) naît à Banes dans la Province de Holguin à Cuba le 16 janvier 1901, moins de 3 ans après que sa terre natale fut libérée de l’emprise espagnole et moins de deux ans avant qu’elle devienne une république indépendante.

Alors que Fulgencio n’était qu’un simple sergent de l’armée, il joua un rôle décisif dans « la révolte des sergents » de 1933, conséquence d’un profond mécontentement existant dans l’armée concernant leurs salaires, leur évolution de carrière et leurs conditions matérielles. La conspiration militaire menée par le sergent Pablo Rodriguez débouche sur le renversement du gouvernement dictatorial d’alors et la mise en place d’un gouvernement dit « des Cent jours ».

Le 15 janvier 1934, une junte militaire présidée par le colonel Batista renverse le gouverne- ment provisoire et met en place un régime pro-américain. Si Batista n’a pas de fonctions dans la hiérarchie organique du gouvernement, il est, en tant que chef d’état-major, l’éminence grise des présidents successifs Carlos Mendieta et Miguel Mariano Gomez et le véritable maître de Cuba.

« Onze partis participent aux élections de 1939. Les Auténticos sortent des urnes comme le plus grand parti (avec 20% des suffrages), mais ils refusent de s’embarquer dans un cabinet uni- taire. Ce n’est pas le cas des communistes qui, avec 9% des voix, entrent dans le gouver- nement. »

Il introduit une constitution modelée sur celle des États-Unis et, candidat de la coalition sociale-démocrate, comprenant le vieux parti communiste cubain, il est élu lui-même président le 14 juillet 1940 face à Ramón Grau San Martín du Parti révolutionnaire cubain… »

Economiquement, Cuba a le vent en poupe. Grâce à la guerre, le prix du sucre bat tous les records. Le gouvernement unitaire mène une politique sociale prudente. Malgré les restrictions de la guerre, la paix sociale règne sur l’île.

Les communistes justifient leur collaboration avec le réactionnaire Batista dans le cadre de la coalition internationale contre le fascisme, mais leur explication n’est pas comprise, et encore moins suivie par tout le monde. Cette position stratégique suscite beaucoup de confusion au sein du camp révolutionnaire et est mal ressentie par de nombreux révolutionnaires. Ce sont pourtant les années de gloire pour le Parti Communiste qui modifie son nom en Partido Socia- lista Popular (PSP). En 1944, il compte cent mille militants et lors des élections syndicales, les candidats communistes obtiennent 80% des voix. C’est du jamais vu en Amérique latine.

Lors des élections présidentielles de 1944, les communistes soutiennent la candidature de Batista, mais c’est Grau qui obtient le plus de voix.

En 1938, le PSP, parti communiste cubain, affichant officiellement une renonciation au totali- tarisme, à la violence révolutionnaire et à toute inféodation à l’URSS, est légalisé. Les diri- geants communistes avaient déjà pris une influence dominante au sein des organismes sociaux, notamment avec l’aide de Fulgencio Batista dont le PSP louera très officiellement les qualités jusqu’à la prise de pouvoir de Fidel Castro aux derniers jours de 1959, alors que les réseaux communistes, dont quelques dirigeants du PSP triés sur le volet, soutiendront et structureront parallèlement la guérilla de celui-ci.

En fait le PCC piteux a dû changer de camp! Il n’a pas aidé les castristes, les a dénoncé et à la fin, a fusionné opportunément avec eux APRES la révolution!

« Le vieux parti communiste cubain (P.S.P., parti socialiste populaire) avait participé pendant la seconde guerre mondiale au gouvernement de Batista. Il ne joue qu’un rôle mineur dans la lutte que le mouvement de Fidel Castro mène ensuite contre la dictature. Fait unique, il accepte de se dissoudre dans une organisation plus vaste qu’il ne contrôle pas. Ainsi naît le nouveau parti communiste cubain, dirigé par Fidel Castro. » (Le Monde Diplo)

Sources:

http://cubanismo.net/cms/fr/articles/histoire-de-cuba-2-la-r-publique-1902-1953

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Cuba

On peut lire aussi:

http://www.inprecor.fr/article-CUBA-Les trotskistes cubains

https://www.lutte-ouvriere.org/cuba-castro-et-le-castrisme

https://www.lutte-ouvriere.org//cuba-35-ans-apres-la-revolution

https://www.monde-diplomatique.fr/

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10 août 2016 ~ 0 Commentaire

le forum social mondial (france 24 + ccfd)

peuples

Drapeaux du Québec, nation Amazigh (berbères), Ecosse et Catalogne

Il s’ouvre à Montréal par une grande marche

De 3 à 5.000 altermondialistes ont défilé mardi à Montréal pour l’ouverture du Forum social mondial (FSM) qui se tient pour la première fois dans un pays riche afin de dépasser la traditionnelle fracture nord-sud.

Parfois venus en famille ou en petits groupes réunis sous la bannière d’une association militante, les manifestants ont gagné la place des festivals où, pendant six jours, des ateliers débats vont se multiplier au gré des stands des organisations non gouvernementales (ONG).

« L’engagement c’est pour un changement de politique sociale » ont peint sur une bannière de jeunes participants dans le cortège coloré et bruyant, où un camion-sono diffuse des rythmes jamaïcains.

Si au cours des grands rassemblements de Porto Alegre (sud du Brésil), où s’est tenu le premier Forum social mondial en 2001, les altermondialistes fustigeaient les pays riches, ils préfèrent maintenant s’attaquer à des problèmes communs aux sociétés comme les inégalités ou l’environnement, en refusant le clivage nord-sud. « Il faut dépasser la fracture entre le nord et le sud, (…) les inégalités sociales s’accroissent partout », explique Raphaël Canet, coordonnateur du FSM 2016.

Le militant brésilien Chico Whitaker, co-fondateur du FSM, convient de la nécessité de trouver des solutions face à des problèmes dans les pays émergents « vécus de la même manière dans les pays industrialisés ». Si le FSM a pris ses quartiers à Montréal c’est en raison d’une société civile animée et militante, selon les organisateurs. De plus, avec 4% de la population cana- dienne, les Amérindiens, Inuits ou Métis trouvent une tribune de choix.

« Le Forum social mondial est un bon endroit pour porter notre message et c’est définitivement une opportunité que l’évènement soit ici au Canada », confie Jocelyn Lahtail, un responsable Algonquin venu en voisin de la capitale fédérale Ottawa.

‘Choix politique’

Venue de Conakry, la Guinéenne Fatoumata Cherif, présidente de l’ONG Femmes, Pouvoir et Développement regrette la faible mobilisation d’un mouvement en manque de souffle. « Je ne vois pas beaucoup d’Africains et avec des participants que des pays du nord, je ne vois pas en quoi cela serait le Forum social mondial », déplore cette activiste.

Faible, la participation est largement régionale comme pour toutes les précédentes éditions depuis 15 ans compte tenu des coûts de déplacement et d’hébergement pour les visiteurs étrangers. Mais pour une première dans un pays du G7, le forum souffre aussi du refus de visas pour plus de 230 invités, dont quelques figures du tiers-mondisme, comme la militante altermondialiste malienne Aminata Traoré, le président du syndicat palestinien des postiers Imad Temiza ou encore Rogerio Batista, du syndicat brésilien CUT.

Pour Dominique Pilhon, d’Attac-France, ce refus de délivrer des visas est un « choix politique » qui « déshonore le gouvernement canadien » allant « à l’encontre du FSM et de militants se battant pour les droits humains fondamentaux ». Le ministère canadien de l’Immi- gration a rejeté la responsabilité sur les organisateurs du FSM qui n’ont pas relayé les procé- dures spécifiques mises en place lors de la tenue d’événements internationaux afin de faciliter les entrées aux frontières.

« Nous avons fait toutes les démarches possibles, nous ne sommes pas des fonctionnaires du gouvernement », a critiqué Raphaël Canet en parlant d’une « procédure longue, difficile et coûteuse » pour les participants étrangers.

C’est donc privé de quelques personnalités que les conférences vont se dérouler jusqu’à dimanche, comme celle sur la question du réchauffement climatique animée par l’activiste canadienne Naomi Klein, ou les débats sur les flux migratoires, les inégalités de revenus ou l’économie solidaire.

Mathieu CATAFARD10 août 2016 24matins.fr
Voir aussi:

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08 août 2016 ~ 0 Commentaire

montréal (essf)

ca nada

Le Canada refuse des visas à plus de 200 participants au Forum social mondial

Les services canadiens de l’immigration ont refusé de délivrer un visa d’entrée à plus de 200 participants au Forum social mondial (FSM) qui doit débuter mardi à Montréal, et d’autres conférenciers sont toujours en attente de leur visa, a-t-on appris vendredi auprès de l’organisation.

À ce stade « 234 invités ont été refusés, et le nombre augmente de jour en jour », a expliqué à l’AFP Safa Chebbi, porte-parole du FSM.

Les voyages antérieurs du demandeur, sa situation financière ou l’incertitude quant à son retour dans son pays d’origine, sont les trois motifs de refus principalement invoqués par le gouvernement canadien, selon les réponses données aux organisateurs par les participants déboutés. Les organisateurs avaient adressé des lettres d’invitation à 2 000 personnes dans le monde afin de leur permettre d’engager les démarches auprès des services consulaires des ambassades canadiennes.

Pour les événements internationaux organisés sur le sol canadien, le ministère de l’Immigration propose une assistance dédiée aux organisateurs pour faciliter les démarches administratives pour l’entrée des visiteurs.

« Depuis que l’événement a été enregistré, aucun contact n’a été établi entre les organisateurs (du FSM) et l’unité spéciale événements » d’Immigration Canada, a indiqué vendredi Nancy Caron, porte-parole du ministère. « Les formulaires de visa sont traités au cas par cas » sur des éléments précis fournis par le demandeur, comme l’état de santé, l’antécédent judiciaire ou les ressources financières nécessaires au séjour, a-t-elle poursuivi.

Les refus de visas touchent en majorité les pays d’Afrique et du Moyen-Orient, comme les citoyens de la République démocratique du Congo, du Maroc, du Nigeria ou d’Iran, mais aussi des Népalais ou des Haïtiens.

Des personnalités comme la militante altermondialiste malienne Aminata Traoré, qui a posé symboliquement sa candidature au poste de secrétaire générale des Nations unies, le prési- dent du syndicat palestinien des postiers Imad Temiza, ou Rogerio Batista du syndicat brésilien CUT, ont vu leur demande de visa rejetée.

C’est la première fois que le FSM est organisé dans un pays du nord et du G7.

Loin des grands rassemblements du FSM au Brésil lors de la dernière décennie, avec souvent 100 000 personnes, l’édition 2016 à Montréal devrait en attirer nettement moins de la moitié, selon les dernières estimations des organisateurs. 05 août 2016

http://www.lapresse.ca/Le-canada-refuse-des-visas-a-plus-de-200-participants

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06 août 2016 ~ 0 Commentaire

«israéliser» la société française? (ujfp)

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Une nouvelle fois, l’émotion légitime générée par les attentats ignobles de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray génère son lot de « solutions » du Ministère de la Parole … mais qui font froid dans le dos. Surtout quand elles proviennent non pas d’abonnés au café du Commerce mais de hauts responsables politiques.

Ainsi d’Hervé Morin, ancien Ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy et actuel président du conseil régional de Normandie, qui propose d’« israéliser » notre sécurité et de prendre modèle sur la société israélienne pour vaincre le terrorisme, afin ainsi de « mettre hors d’état de nuire tous ceux qui sont potentiellement dangereux ». Du grand n’importe quoi si l’on considère d’abord, du seul point de vue de l’efficacité militaire, qu’Hervé Morin propose de prendre exemple sur … un échec !

Car l’État d’Israël n’a sûrement rien éradiqué du « terrorisme » comme le montrent les récents actes désespérés de jeunes palestiniens agressant des soldats ou des Juifs ultra-nationalistes à l’arme blanche ou au tournevis.

Bien sûr, cynique, Hervé Morin confond « terroristes » et résistants, oublie la terreur indiscriminée, définition du terrorisme, infligée aux Palestiniens par des gouvernements israéliens de plus en plus extrémistes, bombardant une population désarmée de deux millions d’habitants enfermée dans la prison à ciel fermé par les drones de Gaza.

Mais, après tout, peut-être est-ce cela le « modèle » rêvé par Hervé Morin ?

Ériger un mur, par exemple, entre Rouen et sa banlieue de Saint-Etienne-du- Rouvray ? Détruire les immeubles et maisons des « terroristes » et de leur famille ? On pourrait aussi lui suggérer de priver d’eau, mais aussi, pourquoi pas, de gaz et d’électricité certaines cités de banlieue… Et si on installait un peu partout dans « nos » banlieues, de ces checkpoints humiliants, histoire de « leur » montrer qui est le maitre ?

Et des prisons pour les enfants, pourquoi pas ?

Ça existe déjà, en France, mais on pourrait les améliorer, comme là-bas ! À moins, finalement, d’instaurer officiellement (puisqu’il existe déjà selon Manuel Valls) un bon petit apartheid bien de chez nous, provisoire, bien sûr, comme l’état d’urgence ?

Mais surtout, la grande idée de Hervé Morin et de ses amis sionistes, c’est de faire de chaque citoyen un délateur, un flic et/ou un soldat permanent doté du permis de tuer tout « suspect » ayant des intentions potentiellement louches ou un geste imprudent. Normal, évidemment, puisque nous sommes « en guerre » : guerre extérieure, au Mali, en Libye, en Afghanistan, en Syrie et en Irak, et partout où le terrain de jeu de « nos » services reste inconnu de la plupart d’entre nous ; guerre intérieure dans laquelle tout Arabe ou Musulman est suspect.

Israël et Hervé Morin veulent « terroriser les terroristes » comme le proposait Charles Pasqua, sans oublier « leurs complices » – entendez, tous ceux qui, comme en Israël, essaient de comprendre et d’expliquer. Car, comme le dit Manuel Valls, il n’y a rien à expliquer, car expliquer, c’est déjà excuser.

En prenant exemple sur Israël, ils nous proposent une société autiste, repliée sur elle-même et paranoïaque, une société fonctionnant sur le mode manichéen, individuellement et collectivement, dans laquelle tout ce qui n’est pas avec « nous » est contre « nous », où l’ennemi est partout. Une société qui s’est rendue elle-même malade de l’oppression d’un autre peuple.

Non, l’État d’Israël, premier producteur mondial de barbelés, ne sera jamais « notre » modèle !

Le Bureau national de l’UJFP, le 5 août 2016

http://www.ujfp.org/

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06 août 2016 ~ 0 Commentaire

la logique coloniale française ( said bouamama )

colonialisme intérieur

Des Basques aux Algériens, de la colonisation intérieure à la colonisation extérieure

Le discours sur la République et les « valeurs de la république » ont connu un retour fulgurant sur le devant de la scène politique et médiatique à l’occasion des attentats de janvier 2015 et de leur instrumentalisation idéologique par Manuel Valls.

Le roman national construit par la classe dominante, comme idéologie de justification et de légitimation de son pouvoir, s’est de nouveau déployé avec ses concepts lourds et ses oppositions binaires (universalisme contre particularisme, modernité contre réaction, lumiè- res contre obscurantisme, assimilation contre communautarisme, etc.). Nous voulons aujour- d’hui faire le point sur ce qui rend possible une telle instrumentalisation : l’intériorisation mas- sive dans une partie importante de la gauche du mythe de la « mission civilisatrice » comme outil d’émancipation des peuples de France à l’interne de l’hexagone, puis des peuples et nations d’Asie, d’Afrique et d’Amérique à l’externe. Les logiques, buts et processus qui ont présidé à la colonisation externe sont ainsi de même nature que ceux qui se sont déployés dans ce qu’il faut bien appeler une « colonisation interne ».

La colonisation comme processus de généralisation du rapport social capitaliste

Dans son historique « discours sur le colonialisme », Aimé Césaire analyse le capitalisme comme une « forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonis-tes[ii]». Cette concurrence et cette logique extensives sont consubstantielles au capitalisme. Elles se sont d’abord déployées dans les périphéries proches des centres d’émergence du nouveau mode de production capitaliste avant que de s’étendre à des périphéries plus lointaines.

Rosa Luxemburg souligne à juste titre que cette logique extensive suppose et nécessite la destruction des « économies naturelles », des « économies paysannes » et des cultures populaires dans lesquelles elles se sont historiquement élaborées[iii].  Marx a décrit précisé- ment l’enjeu pour le nouveau mode de production capitaliste de cette lutte : « On avait eu une production dont seul le surplus était valeur d’échange, et qui était présupposée à la circulation ; on passe maintenant à une production qui ne fonctionne qu’en liaison avec la circulation et dont le contenu exclusif est la valeur d’échange[iv]».

Ce n’est donc pas par « méchanceté » ou par « vice » que se déploient la logique exten- sive et la guerre contre les « économies » périphériques (d’abord de proximité puis plus éloi- gnées). Elles sont tout simplement la conséquence logique du nouveau mode de production. Réduire l’extension coloniale du mode de production capitaliste à une lutte contre le féodalisme en occultant qu’elle est aussi une lutte contre des « économies naturelles » et des « écono- mies paysannes » pour reprendre les expressions de Rosa Luxemburg, conduit à la cécité face à la résistance hier comme aujourd’hui, dans l’hexagone comme à l’échelle internationale, à l’arasement et à l’uniformisation capitaliste.

L’Etat français centralisateur n’a pas été qu’un outil de guerre contre le féodalisme mais aussi une machine de destruction des économies antérieures et des cultures qui les portaient. Parlant des périphéries extra-hexagonales colonisées, Aimé Césaire résume comme suit les caractéristiques qui en font des obstacles à détruire pour le capitalisme :

« C’étaient des sociétés communautaires, jamais de tous pour quelques-uns. C’étaient des sociétés pas seulement anté-capitalistes, comme on l’a dit, mais aussi anti-capitalistes. C’étaient des sociétés démocratiques, toujours. C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles[v]. »

Il y a bien sûr, idéalisation assumée de ces sociétés par Aimé Césaire car son écrit est une œuvre de lutte et de dénonciation, mais cela n’enlève rien aux principales caractéristiques de ces « économies naturelles et paysannes ». Rappeler ces faits ne veut pas dire que l’avenir est à construire par un retour vers ces formes du passé. L’histoire ne se réécrit pas en gom- mant certaines de ces phases mais en les dépassant vers un horizon d’émancipation.

La prise en compte de cette base matérielle de la colonisation est essentielle pour ne pas dériver vers une opposition idéaliste (et donc impuissante) à la colonisation. Cette dernière est dotée d’un mouvement historique l’amenant à prendre différents visages en fonction du rapport des forces. Les discours sur la nation, sur l’assimilation, sur l’intégration, sur l’univer- salisme abstrait, etc., ne sont que des accompagnements idéologiques d’un processus d’assujettissement total d’une périphérie à un centre au profit de ce dernier.

Ces discours ont d’abord été tenus dans le cadre de la construction nationale fran- çaise avant que s’étendre à des nations ultramarines. Ils ont été des instruments de la mise en dépendance économique et de l’assimilation culturelle et linguistique des cultures de l’hexa- gone, avant que de servir les mêmes buts (avec des moyens plus brutaux encore) pour les autres continents. La colonisation intérieure a précédé et a rendu possible la colonisation extérieure.

L’assimilation comme outil idéologique de la construction nationale française

Frantz Fanon souligne pertinemment que le processus colonial est indissociable du racisme. Il suppose pour se déployer l’émergence et l’intériorisation de deux complexes : le complexe de supériorité pour les uns et le complexe d’infériorité pour les autres[vi]. Le rôle de l’appareil d’Etat en France a justement été de produire, de favoriser et d’étendre ces deux complexes par tous les moyens disponibles de l’inculcation idéologique à la violence ouverte.

Dans ce processus d’assujettissement la question de la culture en général et de la langue en particulier, revêt une importance particulière. Il s’agit pour justifier l’assujet-tissement économique d’une périphérie à un centre de hiérarchiser les cultures et les langues. Le penseur des Lumières Denis Diderot pose ainsi comme une évidence indiscutable : « Il est légitime dans un Etat unifié politiquement, de ne trouver qu’une seule langue, et de devoir considérer les autres formes linguistiques comme étant des patois qu’on abandonne à la populace des provinces[vii]

La confusion entre langue commune partagée et langue unique imposée révèle le processus d’assujettissement et de colonisation des périphéries. La langue étant indissociable de la culture qui lui a donné naissance, l’infériorisation linguistique est pour le mieux une infériorisation culturelle et pour le pire une destruction culturelle. Nous parlons de « mieux » et de « pire » en nous situant du point de vue des périphéries car pour le centre le « mieux » est la disparition totale de l’altérité c’est-à-dire l’assimilation.

Suzanne Citron a mis en évidence la logique de raisonnement conduisant à ce messianisme de destruction des altérités. Elle se base sur la réduction des protagonistes de la révolution française à une lutte binaire : bourgeoisie contre féodalité. Or une telle binarité est une simplification de la réalité sociale des habitants de l’hexagone. Elle élimine le troisième protagoniste : le monde paysan, ses peuples et ses langues :

« En amont culture aristocratique franque, monarchique, catholique, en aval culture bourgeoise et urbaine, culture de la Raison, culture des lumières ; le système de représentation qui la sous-tendait n’intégrait pas le monde rural, ses patois, ses solidarités villageoises[viii]. »

Qu’une telle attitude suppose un complexe de supériorité du centre est évident. Il s’agit ni plus ni moins que de poser le caractère universel de la langue française en l’argu-mentant d’une supériorité d’essence. Voici comment en parle Bertrand Barrère de Vieuzac, député aux Etats généraux puis à la convention nationale, pour en appeler à une guerre pour éradiquer les autres langues de l’hexagone :

« Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la haine de la Répu- blique parlent allemand, la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommages et d’erreurs […]. Il n’appartient qu’à la langue française qui depuis quatre ans se fait lire par tous les peuples […], il n’appartient qu’à elle de devenir la langue universelle. Mais cette ambition est celle du génie de la liberté[ix]. »

Cette logique de pensée déjà hégémonique au moment de la révolution bourgeoise (qui rappelons-le se déploie à la fois contre le féodalisme et contre les économies et cultures populaires), l’est encore plus ensuite, avec comme summum la troisième république qui est tout à la fois celle de la guerre à la diversité interne et celle de la colonisation externe.

La construction nationale française se bâtit en conséquence par une négation des peuples de l’hexagone (occitan, basque, breton, etc.) par une confusion entre l’unité politique et l’unicité culturelle et par une guerre à l’altérité. Mais cette négation n’est pas sans fondements matériels : elle s’enracine dans le besoin d’imposer les rapports sociaux capita- listes à des contrées fonctionnant jusque-là selon une autre logique économique. C’est pourquoi libération nationale et lutte des classes sont indissociables.

Libération nationale et lutte des classes

Parler de lutte de libération nationale à propos des peuples de l’hexagone fait courir en France un danger : celui d’être accusé de réactionnaire, de partisan d’un retour à la féodalité. Nous considérons au contraire que ne pas le faire revient à laisser le champ libre à l’extrême-droite qui sait à merveille canaliser des révoltes légitimes pour les détourner de leurs cibles réelles. Il convient donc de préciser de quoi il s’agit, non pas dans l’abstraction pure, mais dans les conditions concrètes du capitalisme français d’aujourd’hui.

Aborder la lutte de libération nationale sans la relier à la lutte des classes est selon nous un non-sens. Elle est de fait un combat contre une classe sociale qui hiérarchise le terri- toire en centres et périphéries, qui ne peut que le faire, qui a besoin de le faire pour maintenir ses profits.

C’est pourquoi limiter le combat à la question linguistique ne peut que produire de l’impuissance politique. A l’inverse se contenter de parler de lutte anticapitaliste sans l’an- crer dans les conséquences concrètes d’assujettissement économique et d’oppression cultu- relle, conduit à la même impasse. Une telle approche, encore majoritaire à gauche en France, aboutit, consciemment ou non, à un regard méprisant sur les formes de révolte qui émergent spontanément face à la domination.

Ne soyons pas naïfs pour autant. Nos luttes contemporaines se déploient dans un cadre précis, celui de la mondialisation capitaliste et d’une Europe qui en est un des principaux pôles. Cette Europe est parcourue de contradictions, les Etats les plus puissants voulant y occuper une place hégémonique (la France et l’Allemagne en particulier). C’est pour cette raison que nous assistons pour l’Europe du Sud à un retour de mécanismes coloniaux c’est-à-dire à une logique d’assujettissement de ces économies aux centres que sont la France et l’Allemagne.

L’épisode grec que nous venons de vivre en est une expression significative. Dans ce contexte nouveau des aspirations justes peuvent être instrumentalisées, des luttes légitimes peuvent être canalisées vers des objectifs réactionnaires, des réactions à l’oppression peuvent être manipulées pour asseoir d’autres oppressions. C’est ainsi au nom de la défense des droits des « minorités » que  sont légitimées plusieurs des guerres impérialistes contemporaines au Moyen-Orient et en Afrique.

En définitive la question qui est posée est celle du combat pour la fin de l’assu- jettissement colonial (et donc aussi du capitalisme qu’il sert) et de la conception de l’Etat qui l’accompagne. La solution n’est pas, selon nous, dans un retour au passé mais dans l’invention d’un avenir. Pour ce faire regarder ailleurs peut aider à développer un imaginaire de la libération. La Bolivie par exemple et son « Etat plurinational » peut nous aider à penser l’avenir.

24 juillet 2015 Saïd Bouamama

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02 août 2016 ~ 0 Commentaire

hiroshima nagasaki 5 août 1945

ny

Mythes et mensonges sur Hiroshima et Nagasaki

Différentes thèses s’affrontent pour expliquer les motivations réelles du bombar- dement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki (les 6 et 9 août 1945) par les États-Unis, les amenant ainsi à commettre un crime contre l’Humanité.(…)

La thèse officielle, celle que tous les enfants étasuniens apprennent par coeur à l’école et qui, dernièrement encore, a été réaffirmée par le Sénat des États-Unis, explique que l’usage de la bombe atomique en 1945 a permis de précipiter la fin d’une guerre sang- lante, de perdre moins d’argent et d’épargner des milliers de vies humaines. Le président Truman, qui prit la décision finale, affirma que son geste avait sauvé la vie de près de 250. 000 « boys ». Après la guerre, dans ses « Mémoires », ce chiffre monta à 500.000 (1). D’autres ont été jusqu’à avancer des chiffres de l’ordre de 1… à 3 millions de vies épargnées !

Selon les tenants de cette thèse, au cas où les troupes U.S auraient débarqué au Japon, les soldats nippons, fanatiques et partisans d’une guerre à outrance, auraient opposé une résistance suicidaire et jusqu’au-boutiste. De plus, les soldats japonais auraient été épaulés par des millions de civils tout autant fanatisés. (…)

Face à cette série de dogmes officiels, plusieurs historiens ont osé les démonter pièce par pièce. Le premier d’entre eux, Gar Alperovitz, politologue étasunien, soutient depuis 1965 que son pays a fait usage de la bombe pour faire peur à Staline, dont les «visées expansionnistes» menaçaient les intérêts (grandissants) des États-Unis dans le Sud-Est asiatique et en Europe.

500.000…1.000.000 ? L’argument des 500.000 (ou plus) vies épargnées ne tient absolument pas debout. Un rapport des stratèges militaires américains prévoyant le coût humain d’une invasion du japon (prévue pour le 1er septembre 45) contient de tout autres chiffres. Rédigé par le Chef d’ Etat-Major, le général Marshall, et daté du 18 juin 1945, il estime avec précision les pertes américaines à… 46.000 hommes au maximum. (4). Ce rapport, qui n’a seulement été rendu public qu’en 1985, était adressé au président Truman, celui-ci a donc sciemment menti.

Les chiffres fantaisistes du président et consorts reposaient sur l’argument que les Japonais, civils et militaires, se battraient jusqu’à la mort. Or, pour ce qui est des soldats, ce fanatisme, réel à une certaine époque du conflit, commençait à se fissurer. Alors que durant les batailles précédentes les soldats japonais se faisaient tuer sur place plutôt que de se rendre, lors de l’importante bataille d’Okinawa au mois de juin 1945, plus de 7.000 d’entre eux se sont constitué prisonniers. Du jamais vu. (…)

Quant aux civils, l’argument est tout simplement absurde : le peuple japonais était totalement à bout après presque 13 années de guerre (d’abord avec la Chine, puis avec les Alliés) : privations, misère, faim, souffrance et mort sous les tapis de bombes largués par les bombardiers américains (plus de 21 millions de Japonais ont été d’une façon ou d’une autre touchés par ces bombardements massifs), etc. Un tel peuple n’aspirait plus qu’à la paix et l’on peut difficilement se l’imaginer fonçant droit vers des chars étasuniens avec des « pieux en bois » (5).

La Bombe et le sacrifice d’Hiroshima et de Nagasaki ont-ils au moins permis de préci- piter la fin de la guerre (d’au moins un an nous dit-on) en démontrant le potentiel destructif des États-Unis ? Rien de plus faux. Le Japon avait déjà virtuellement perdu la guerre car il était tout bonnement matériellement incapable de la poursuivre. Le potentiel militaire nippon était pratiquement détruit : 90% des bâtiments de la marine de guerre et de la flotte marchan- de reposait au fond l’océan, ce qui, pour une île dépourvue de ressources et de matières premières stratégiques indispensable à l’industrie de guerre, comme le pétrole par exemple, équivalait à une agonie rapide. (…)

Enfin, « La défense anti-aérienne s’était totalement effondrée » (6), ce qui explique la facilité avec laquelle des impressionnantes escadres de bombardiers US pénétraient dans le ciel nippon. Ces bombardements terroristes, aveugles et coûteux en vies humaines – c’était leur but ; celui de Tokyo du 9 mars 1945 a ainsi fait plus de 125.000 morts, soit plus de victimes directes qu’à Hiroshima ! – avaient complètement déstructuré les entreprises et la machine de guerre japonaise. Tokyo était rasée à 50%, Yokohama, le principal port du pays, à 85%, Kobe à 56%.(…) Imaginer dans ces conditions que le Japon pouvait encore soutenir le conflit pendant une année ou plus relève donc de la pure fantaisie.

Une bombe sans poids (…) Dès le mois d’avril 1945 en effet, l’Empereur était persuadé qu’il fallait négocier et conclure la paix au plus vite. Durant le mois de mai, une tentative de contact entre Japonais et Américains avait eu lieu via les diplomates nippons en poste à Berne. Vu l’échec de ces démarches, la diplomatie japonaise privilégiera ensuite des négociations détournées via Moscou.(…)

Mais les Japonais mettaient tous leurs espoirs de paix sur les Russes sans se douter qu’à la Conférence inter-alliés de Yalta, Moscou avait promis aux Alliés occidentaux de décla- rer la guerre au Japon six mois après la défaite nazie en Europe. (…)

Les autorités étasuniennes savaient parfaitement tout cela. Un rapport secret des services spéciaux américains (découvert en 1988) qui relate les discussions au sein du pouvoir nippon, nous apprend que « les recherches montrent que [au sein du cabinet japonais] il fut peu question de l’usage de la bombe atomique par les États-Unis lors des discussions menant à la décision d’arrêter les combats. [sans l’usage de la bombe], les Japonais auraient capitulés après l’entrée en guerre de l’URSS » (9).(…)

Mais le 10 août, lorsque les Japonais offrent officiellement leur reddition tout en demandant que Hiro-Hito et la monarchie soient maintenues, les États-Unis accepteront sans sourciller cette demande. On peut donc se demander pourquoi il ne l’ont pas mentionné 15 jours plus tôt, ce qui leur aurait permis d’éviter d’utiliser la Bombe et de sacrifier inutilement des centaines de milliers vies humaines.

La réponse est évidente, Truman et Cie savaient pertinemment que les Japonais refu- seraient l’ultimatum de Potsdam et qu’ils auraient là l’occasion et la justification « morale » d’employer la bombe atomique. En vérité, comme on le verra plus loin, la plus grande crainte de Truman à cette époque n’était pas d’employer la bombe atomique, mais bien tout au contraire de ne pas avoir le temps ni l’occasion de le faire !

Il faut par ailleurs connaître certaines de ses déclarations pour se faire une idée du personnage tel qu’il fut, loin de cette fable d’un « homme torturé par une décision difficile qui lui a coûté ». Lorsqu’il apprit le succès du bombardement d’Hiroshima, Truman déclara joyeu- sement à ses proches: «Les gars, on leur à balancé un concombre de 20.000 tonnes sur la gueule! » (10). On est loin ici de la phrase « historique », grave et pesée que l’on pourrait attendre d’un homme sensé qui a pris un décision aussi terrible pour l’humanité.

Pour conclure… Quelles furent donc les véritables raisons qui motivèrent Truman et sa cli- que? Plusieurs facteurs entrent en compte (12) et la thèse d’Alperovitz en apporte plusieurs. Mais elle est insuffisante quant à sa conclusion. Pour Alperovitz, les Étasuniens jugeaient que les rapports de forces, à l’heure d’un nouveau partage impérialiste du monde, étaient par trop favorables à l’URSS et qu’il fallait stopper « l’expansionnisme » soviétique.

La possession (et la démonstration pratique) d’une arme de destruction sans équivalent était donc un atout important aux mains des États-Unis non pas pour terminer la Seconde guerre mondiale mais bien pour entrer de plein pieds dans ce qui allait devenir la Guerre froide en menant une politique de «refoulement» de «l’expansionnisme rouge». C’est effectivement à la conférence de Potsdam que les Étasuniens vont commencer à modifier sensiblement leur ligne de conduite par rapport à l’«Oncle Joe» comme la presse américaine appelait Staline. Et c’est justement à ce moment que Truman — qui sait depuis peu que la bombe atomique est opérationnelle — en rédigeant un ultimatum inacceptable pour les Japonais, décidait d’employer la bombe comme un atout stratégique majeur face à Moscou.

Mais l’explication donnée par Alperovitz d’une réaction motivée par «l’ expansionnisme soviétique» est plus qu’à nuancer car elle sous-entend une volonté de la part des Soviétiques de dominer et d’envahir la planète. Ce qui, lorsque l’on connaît la pratique et la nature du régime stalinien, est entièrement faux. La bureaucratie soviétique se contentait en fait de créer un glacis stratégique protecteur autour de ses frontières et sabotait par contre toute possibilité révolutionnaire en dehors de ce glacis stratégique géographiquement circonscrit – au sein duquel d’ailleurs il s’agissait avant tout de modifier les régimes sociaux et politique de manière bureaucratique, et non par le biais d’authentiques révolutions.

A la fin de la guerre, les Partis communistes staliniens, aux ordres de Moscou, ont ainsi, en France, en Italie et dans plusieurs pays coloniaux, étouffés les germes ou la marche en avant de la révolution. Rappelons également que Staline s’opposa avec véhémence à la révolution chinoise de Mao.(…) Le véritable expansionnisme était étasunien et non soviétique. La bombe atomique (et son usage sur Hiroshima et Nagasaki) était une arme politique, c’était une arme au service de l’impérialisme étasunien afin de s’assurer le statut d’une superpuissance mondiale sans partage. Par Ataulfo Riera

Article publié par La Gauche, journal de la LCR (Belgique) en août 2000

http://www.gauchemip.org

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01 août 2016 ~ 0 Commentaire

amnistie générale! (humour)

aide

« Un Conseil de chefs amérindiens a offert une amnistie partielle à environ 220 millions d’immigrants blancs illégaux vivant aux États-Unis. »

Ici et là, on entend que les immigrants devraient retourner d’où ils viennent. Un raisonnement simple… mais qui est loin d’être si évident que ça. Après tout, qui est immigrant ? Celui qui est arrivé après les autres ? Dans ce cas l’immense majorité des Américains devraient se considérer comme immigrants. Le site satirique The Daily Currant s’est amusé à imaginer ce qui se passerait si les peuples autochtones (les Indiens d’Amérique) se penchaient aujourd’hui sur la question de l’immigration. Résultat : drôle mais, surtout, très bien vu !

« Un Conseil de chefs amérindiens a offert une amnistie partielle à environ 220 millions d’immi- grants blancs illégaux vivant aux États-Unis. Le problème « blanc » est au coeur de nombreux débats dans la communauté amérindienne depuis des siècles, et les chefs de la communauté ont décidé que le moment était venu de le traiter correctement.

Lors d’une réunion du Conseil des Peuples Amérindiens à Albuquerque, Nouveau Mexique, les chefs amérindiens ont examiné plusieurs propositions sur l’avenir de l’importante population européenne non autorisée sur ce continent. Les anciens ont finalement décidé de prolonger la durée de la citoyenneté pour les personnes sans antécédents criminels.

« Nous sommes prêts à offrir aux Blancs la possibilité de rester sur ce continent légalement et de demander la citoyenneté », explique le chef Wamsutta du peuple Wampanoag. « En retour, ils devront payer tous les impôts impayés et rendre les terres volées de nos ancêtres. »

« Cependant, toute personne blanche avec un casier judiciaire, sera renvoyée dans les 90 prochains jours dans sa patrie ancestrale. Rush Limbaugh ira en Allemagne, Justin Bieber partira pour le Canada. »

L’immigration blanche illégale augmente rapidement depuis ces 400 dernières années en provenance des pays européens (France, Espagne, et Angleterre). Ces clandestins ont ravi la terre et colonisé les zones occupées par les indigènes. Certains défenseurs blancs affirment que les immigrés sont une bénédiction, en faisant valoir qu’ils prennent tous les emplois de bureau ingrats dont les autochtones ne veulent même pas.

« Quel autochtone voudrait d’un salaire pépère et d’un coin bureau comme comptable, ou un excès de pouvoir en tant que sénateur ou la fortune de l’un des 500 PDG ? »

D’autres ne sont pas si indulgents. « Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement renvoyer tous les Blancs en Europe ? » demande Ité Omácau du peuple Lakota. « Ils ne font que ponctionner notre économie de toute façon. Ils sont venus ici pour voler nos ressources parce qu’ils sont trop paresseux pour développer les leurs… Je n’arrive pas à croire qu’ils devront simplement  payer une amende. Ils devraient faire la queue comme tout le monde – derrière les Mexicains. »

Dans la même veine satirique, on pourrait imaginer la même chose chez nous, en remontant bien plus loin : Les Gaulois statuant sur le sort des Romains venus d’Italie ou sur les Francs venus de Germanie. (Et les Bretons de (Grande) Bretagne NDB)

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