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23 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Conflit en Syrie : les éditocrates s’habillent en kaki (Acrimed)

Conflit en Syrie : les éditocrates s’habillent en kaki (Acrimed) dans Antiimpérialisme usa-leyendecker-yung-man-father-try-on-uniform

Comme les escargots lorsque tombent les premières gouttes de pluie, à chaque projet de guerre humanitaire et à chaque intention de lâcher quelques bombes, les va-t-en guerre sont de sortie. Guerre du Golfe, Yougoslavie, Kosovo, Afghanistan, guerre du Golfe la suite, Lybie, les médias aiment donner la parole au GI-Joe de la pensée géopolitique. Avec le conflit en Syrie, ils sont particuliè-rement nombreux… et particulièrement en forme. Les commentateurs en tous genres ont été contraints de modifier leur analyse et leur plan compte tenu de l’agenda international. Il y a un « avant » et un « après » 9 septembre. En effet, le 9 septembre la Russie propose de soumettre les armes chimiques de la Syrie à un contrôle international. Avant cette proposition, la plupart des éditocrates étaient favorables à une intervention armée (ciblée et humanitaire – sic). Après, ces mêmes éditocrates étaient – toujours – favorables à une intervention armée (ciblée et humanitaire – resic).

L’état-major Dans une nouvelle saison de cette série répétitive, le général en chef pourrait bien être Bernard Guetta. Depuis la fin du mois d’août il a délaissé sa cape bleue ornée d’étoiles pour un ensemble kaki sur lequel il espère apposer de nombreuses médailles. Dans Libération (3 septembre 2013), il revient sur les arguments des opposants à une intervention militaire en Syrie. Sa tentative de démontage consiste à aligner quelques lapalissades cocasses dont celle-ci : « Dès lors que des gaz de combat ont bel et bien été utilisés, celui qui a pu le faire est celui qui en avait et non pas celui qui n’en avait pas, le pouvoir et non pas l’insurrection. » CQFD. Puis il ajoute d’étonnantes remarques pour un spécialiste de la géopolitique : « rien ne dit que des frappes limitées précipiteraient une guerre mondiale ou même régionale. » Mais rien ne dit le contraire non plus.

La proposition russe du 9 septembre n’entame pas la virulence de ses arguments. Ainsi Bernard Guetta sur France Inter commente : « La seconde clarification apportée par ce coup de théâtre russe est qu’il est bel et bien nécessaire et non pas forcément aventureux ou va-t-en-guerre de ne pas accepter l’inacceptable et d’envisager de le sanctionner par la force. » Puis il ordonne : « Il ne faut pas, autrement dit, renoncer à la force. » (10 septembre) « À l’attaque ! » aurait-il ajouté en studio, une fois le micro coupé.

Le 27 août, Bernard-Henri Lévy – autre général de circonstance – se lâche dans « Le Grand Journal » sur Canal Plus : « Quand je vois les 75% de pacifistes qui disent :’’tout sauf la guerre’’, quand j’entends ’’Paix, paix, paix’’, j’entends ’’mort, mort, mort’’. » « Et il n’y a rien d’autre de possible que la guerre ? » lui demande-t-on, « Mais tout a été tenté » réplique-t-il. C’était quelques jours avant la proposition russe acceptée par les États-Unis et la France… Sur RMC il maintient que « ne pas intervenir en Syrie serait une honte » (29 août). [1] Puis, dans Le Point (12 septembre), il s’énerve contre ce qu’il appelle « la diplomatie d’opinion » et il argumente : « François Mitterrand ne se soucia pas de « l’opinion » quand il prit la décision historique d’abolir la peine de mort. Charles de Gaulle ne commença pas par sonder, amadouer, séduire, « l’opinion » quand, élu sur un programme prévoyant la poursuite de la guerre en Algérie, il décida de faire l’inverse. (…) Gouverner c’est, aussi, déplaire. » Bombarder, c’est mieux…

Son collègue à la coupe au bol, le colonel André Glucksmann, est sur la même ligne : « Le mieux est d’éloigner la chute dans le pire, donc d’interdire le meurtre massif des enfants et le gazage d’une population morceau par morceau. Voilà pourquoi la réplique américano-française s’impose. » (Le Monde, 6 septembre) Une réplique ciblée et humanitaire, cela s’entend.

Les sous-officiers Pour Laurent Joffrin, l’intervention est « inévitable » (Le Nouvel Observateur, 27 août), et il justifie cela avec un argu- ment pour le moins friable : « L’absence de riposte des Occidentaux face à l’utilisation d’armes chimiques par le régime d’Assad délivrerait à tous les dictateurs de la terre un passeport pour la barbarie. » Il aurait pu avancer pareil argument pour encourager les interventions en Libye ou en Irak… pourtant les ripostes des occidentaux à l’époque, n’ont pas empêché au dictateur Assad de faire usage de la barbarie… Ensuite, Joffrin, spécialiste de tout et de rien, affirme que « Saddam Hussein mis à part, aucun pays n’a fait usage de l’arme chimique au combat depuis près d’un siècle. » Négationnisme ou bêtise [2] ? Le directeur du Nouvel Observateur a sans doute oublié qu’il y avait eu une guerre au Viet Nam (petit pays, à droite sur la carte), et que durant ce conflit, l’armée des États-Unis avait usé et abusé d’armes chimiques. Puis, il ajoute, que « dans ces circonstances, il n’est qu’une solution : donner un avertissement sévère à ce régime insensé et barbare qui gaze sa propre population »… On comprend mieux pourquoi il ne sera jamais officier.

Dans l’émission, « Ce soir ou jamais » (France 2, 6 septembre), Frédéric Encel, géopoliticien de la télé, pense : « Je pense qu’il y a des guerres justes. Toutes les guerres ne sont pas faites pour le fric. » Puis il explique que « la puissance doit être assumée. (…) Je ne suis pas pour une guerre, je suis pour une intervention symbolique. » Ouf ! Encel est contre la guerre.

Pas de quartier non plus dans « C dans l’air », sur France 5, avec deux émissions intitulées, les 2 et 4 septembre, « Y aller ou pas ? » et « Les frappes se précisent », qui n’ont donné la parole qu’à des intervenants favorables (dont deux fois Christophe Barbier) à une riposte américano-française.

Les petits soldats Dans Le Monde (26 août), Natalie Nougayrède semble excédée – mais la colère ne lui réussit guère : « Ne pas réagir avec fermeté à l’événement chimique syrien serait ouvrir la voie à l’ensauvagement de notre ère à l’échelle mondiale » Puis, usant du même argument que Laurent Joffrin, elle écrit : « Ne rien faire reviendrait à donner un blanc-seing aux crimes contre l’humanité et à ruiner l’édifice de normes internationales élevé en rempart contre l’emploi d’armes de destruction massive. Le signal envoyé indirectement à l’Iran et à la Corée du Nord serait un message de laisser-faire. »

Plus amusant, l’article paru sur le site de France Info, le 27 août, s’interroge : « Comment rendre légitime une intervention militaire en Syrie ? ». L’auteur envisage ici « plusieurs scénarios [qui] permettraient de passer outre les vétos russes ou chinois. » Malin. Évidemment Acrimed est bien incapable (et ce ne serait pas dans son rôle) de se prononcer sur une éventuelle intervention militaire en Syrie. De plus, les médias n’ont pas tous une attitude de suivisme dans ce conflit, mais force est de constater qu’une grande partie des chefferies éditoriales se complaisent dans leur rôle de commandants en chef des armées. Et s’il n’est pas étonnant de retrouver toujours les mêmes (Lévy, Glucksmann, Guetta, Encel…) promouvoir la guerre du haut de leur superbe ignorance, il est déplorable que du temps d’antenne ou des pages leur soient (encore) abondamment cédés pour qu’ils puissent claironner leurs opinions, plutôt qu’à des journalistes qui désireraient simplement informer sur les tenants et les aboutissants du conflit… Mathias Reymond, le 23 septembre 2013 http://www.acrimed.org/article4143.html

Notes:

[1] Dans ses péripéties médiatiques, Lévy dit aussi n’importe quoi. Il explique par exemple que « la Russie est un pays malade. La Russie est un pays exsangue dont le commerce extérieur, par exemple, est l’équivalent de celui des Pays-Bas. » (Le Point, 29 août) Si la Russie a une balance commerciale de 81,3 milliards de dollars, proche de celle des Pays-Bas (77 milliards), elle se classe tout de même en cinquième position mondiale. Loin devant des pays comme la France (188e), la Grande Bretagne (187e) et les États-Unis (bon dernier, avec une balance commerciale négative de – 487 milliards de dollars).

[2] Voir la remarquable enquête sur « Laurent Joffrin, le journaliste le plus bête de France ».

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12 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Chili, 11 septembre 1973, le coup d’État de Pinochet et l’écrasement du mouvement ouvrier (LO)

Chili, 11 septembre 1973, le coup d'État de Pinochet et l'écrasement du mouvement ouvrier (LO) dans A gauche du PS allende1ultimafoto_allende

(…) FACE À UN COUP D’ÉTAT ANNONCÉ, LA CLASSE OUVRIÈRE DÉSARMÉE

L’extrême droite et les militaires intervenaient de plus en plus contre la population dans les campagnes et les quartiers populaires. Mais les travailleurs de leur côté s’organisaient et faisaient face, se défendant contre les nervis d’extrême droite et se mobilisant pour combattre le marché noir et assurer le ravitaillement dans les quartiers. Alors que, du côté des militaires, il devenait de plus en plus évident qu’un putsch se préparait, la classe ouvrière se montrait prête à réagir si on le lui demandait.

Mais Allende demanda aux classes populaires de la sagesse et… des efforts pour augmenter la production afin de combattre le fascisme. Quant au Parti communiste, il lança une campagne de pétitions pour dire « Non à la guerre civile ». En fait, les dirigeants du gouvernement d’Unité populaire démobilisaient la classe ouvrière.

Une première tentative de coup d’État militaire échoua le 29 juin 1973. Allende chercha à se concilier les militaires et, le 9 août, il les appela au gouvernement, nommant Pinochet commandant en chef des armées. L’armée, relayée par l’extrême droite, commença à prendre le contrôle de régions entières.

Face à cette situation, les classes populaires attendaient des chefs de l’Unité populaire des consignes et des armes. Allende leur répondit le 9 septembre en proposant l’organisation d’un référendum !

Le 11 septembre, le coup d’État militaire, au cours duquel Pinochet fit bombarder le palais présidentiel, ne fut pas une surprise. Mais tous ceux qui, dans les villes, les campagnes, les quartiers populaires, se préparaient à faire face aux militaires, attendirent en vain les consignes et les armes que les dirigeants du Parti socialiste et du Parti communiste leur avaient promises.

Rien ne vint. L’armée ne se cassa pas en deux comme l’avaient laissé espérer les dirigeants du gouvernement d’Unité populaire. Les cara- biniers, hostiles à Pinochet, se rangèrent du côté de l’état-­major après avoir attendu en vain des ordres du gouvernement qui ne vinrent pas. Tous ceux qui refusèrent d’obéir furent exécutés. En quelques jours, des dizaines de milliers de personnes, travailleurs, paysans, militants et suspects furent arrêtés, parqués dans des stades, des terrains vagues. Beaucoup furent torturés, des milliers furent exécutés. La mort d’Allen- de, dont on apprit plus tard qu’il s’agissait d’un suicide, fut annoncée.

Il s’agissait de briser par la terreur toute velléité de résistance des classes populaires. La gauche et le mouvement ouvrier chiliens étaient écrasés. Le peuple chilien entrait dans les ténèbres d’une dictature qui allait durer dix-sept ans.

Salvador Allende est aujourd’hui célébré à gauche comme un martyr victime de la réaction et des violences militaires, mais c’est une partie de la réalité. La politique réformiste d’Allende et des partis de l’Unité populaire se voulait respectueuse de la bourgeoisie, de la propriété capitaliste, mais aussi de l’armée, des institutions et de l’ordre bourgeois. Face à la réaction militaire, appuyée par la bourgeoisie chilienne et par l’impérialisme américain, ils excluaient de faire appel à une mobilisation populaire qui serait alors devenue révolutionnaire. Ce faisant, ils conduisaient consciemment les travailleurs à l’abattoir. Le suicide d’Allende, préférant se donner la mort plutôt que d’organiser la lutte du peuple qui l’avait soutenu, reste aussi le symbole de l’impasse du réformisme. Henriette MAUTHEY

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2354&id=43

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11 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Non aux interventions militaires!

Non aux interventions militaires! dans Antiimpérialisme syrie

… et manœuvres impérialistes ! Bachar El Assad dégage ! Solidarité avec le peuple Syrien !

Les va-t-en guerre Obama et Hollande semblent se résoudre à reculer devant le rejet par la majorité des populations de toute intervention militaire en Syrie. Tant mieux, une telle intervention n’aurait fait qu’accentuer les souffrances du peuple syrien et accentuer les tensions et conflits au Moyen Orient.

Mais cela ne met nullement fin aux manœuvres des grandes et moyennes puissances que sont les USA, la France, la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite ou la Russie, la Chine et l’Iran, contre le peuple syrien. Il ne s’agit que d’une négociation dans leurs rivalités et luttes d’influence autour de la survie de la dictature contre le peuple. Ces rivalités et luttes ont déjà détruit l’Irak, plongé l’Afghanistan dans la guerre, et entretiennent des tensions armées et menaces de guerre dans le monde.

Dehors le dictateur sanglant Le 21 août dernier, la dictature syrienne a franchi un nouveau degré d’atrocité en déclenchant un bombar-dement chimique dans la région de la Ghouta près de Damas. La folie acharnée et aveugle d’Assad et de son clan pour garder le pouvoir aboutit à un bain de sang, plus de 120 000 morts, 2 millions de personnes contraintes à l’exil. Les gouvernements des USA, de la France, de la Grande-Bretagne, qui veulent continuer de s’imposer comme les « gendarmes du monde », ont cru pouvoir invoquer cette barbarie pour justifier une opération de police internationale, des frappes aériennes contre le régime de Bachar Al-Assad. Mais une intervention n’aurait qu’aggravé la situation ! Elle n’a pas d’autre but que de permettre aux grandes puissances occidentales de garder la main. Mais ces dernières ne font rien pour aider les populations sur le plan humanitaire ou armer les forces démocratiques dressées contre la dictature.

Pendant des années, ces mêmes grandes puissances ont accordé leur soutien au régime d’Assad. Elles cherchent une solution qui les arrange au mépris de la population qui, seule, peut le renverser et conquérir les droits démocratiques, contre aussi les forces intégristes.

Pour le droit des peuples En Syrie, comme en Afrique, en Algérie ou au Vietnam la France porte une lourde responsabilité dans l’oppres- sion des peuples, elle qui pendant des décennies a imposé par les armes son pouvoir colonial qu’elle essaie de perpétuer, aujourd’hui, à l’ombre des USA.

Les travailleurs et les classes populaires d’ici sont du côté des peuples opprimés contre leur propre bourgeoisie et son Etat. Ils doivent être solidaires du peuple syrien contre le dictateur et son clan ainsi que des peuples d’Egypte, de Tunisie et de l’ensemble du monde arabe.

L’avenir de la démocratie, de la justice sociale, de la dignité n’est pas entre les mains des armées des grandes puissances qui veulent maintenir l’ordre mondial des oligarchies financières. Il est du côté de la révolte des peuples, de leur lutte pour prendre leur destin en main.

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08 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Septembre 1970 : le « septembre noir » des palestiniens de Jordanie (LO)

Septembre 1970 : le « septembre noir » des palestiniens de Jordanie (LO) dans Anticolonialisme pflp-group-1969 FPLP 1969 (Jordanie)

Le peuple palestinien se trouve toujours aujourd’hui dans une situation tragique. Le processus que l’on appelle  » de paix  » avec Israël n’a évidemment rien résolu. Il a permis surtout à Israël de se sortir – momentanément du moins – du bourbier sanglant dans lequel se débattait son armée du fait de l’Intifada. Arafat et ses proches, qui ont pesé de tout leur poids pour mettre un terme à cette  » guerre des pierres « , ont obtenu en échange quelques confettis de territoires en Cisjordanie, ainsi que le contrôle de ce vaste bidonville que constitue Gaza. Mais la population palestinienne n’a vu en rien son sort s’améliorer.

Des potentialités révolutionnaires Pourtant, il y a trente ans, dans les années soixante-dix, de tout autres perspectives semblaient exister pour le peuple palestinien. Les organisations nationalistes palestiniennes étaient au sommet de leur force. Quelques années auparavant, en 1967, la guerre des Six Jours entre Israël et les pays arabes s’était terminée par la débâcle militaire de ces derniers. L’occupation de la Cisjordanie par Israël avait entraîné un nouvel exode massif de population palestinienne, en particulier vers la Jordanie toute proche.

Cette défaite modifia considérablement les rapports de force dans la région. Elle renforça bien sûr Israël, mais ébranla aussi profondément tous les régimes arabes qui s’étaient montrés aussi militairement impuissants. En particulier, la population palestinienne perdit confiance dans la capacité de ces régimes à résoudre ses problèmes et se tourna vers les organisations nationalistes, jusque-là très minoritaires. C’est ainsi que des dizaines de milliers de réfugiés, jeunes et moins jeunes, affluèrent dans les organisations palestiniennes, en particulier vers le Fath de Yasser Arafat ou le FPLP de Georges Habache, qui proposaient de poursuivre la lutte armée.

La Jordanie, qui possède la frontière la plus longue avec Israël, devint dès lors le fief de ces organisations. Dans ce pays semi-désertique, les Palestiniens étaient désormais majoritaires. Les commandos armés palestiniens avaient pignon sur rue et comptaient plus de 40 000 combattants, les  » fedayins  » ; l’armée jordanienne elle-même était composée en majorité de Palestiniens. De fait, les dirigeants de l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine, apparaissaient comme les futurs maîtres du pays. Cette montée en puissance du mouvement palestinien posait bien sûr un sérieux problème au roi de Jordanie, mais il en posait aussi à tous les régimes arabes, ainsi qu’à l’impérialisme américain et à ses alliés.

Depuis la fondation de l’Etat d’Israël en 1948, les dictateurs arabes utilisaient la tragédie du peuple palestinien pour justifier les malheurs de leur propre peuple, et présentaient le problème palestinien comme celui de tous les Arabes. Ils encourageaient ainsi eux-mêmes les fellahs égyptiens, syriens, irakiens ou jordaniens à se sentir totalement solidaires du réfugié palestinien, à partager ses aspirations et ses espoirs, à se sentir, en un mot, palestiniens.

Tant que les organisations palestiniennes étaient pratiquement inexistantes, cette démagogie n’avait pas trop de conséquences. Mais avec leur développement, il en allait différemment. Présents dans de nombreux pays arabes, les réfugies palestiniens, devenus des combattants organisés militairement de façon autonome à l’égard des régimes arabes, étaient désormais un symbole pour tous les pauvres de la région. Et eux, qui n’étaient que quelques dizaines de milliers dans leurs organisations, pouvaient devenir un point de ralliement pour des dizaines de millions d’hommes, pour tous les peuples de la région.

C’était là une énorme force, potentiellement révolutionnaire, qui constituait une menace, non seulement pour Israël et pour l’impérialisme mais aussi pour les régimes arabes corrompus, et qui aurait pu permettre d’affronter l’impérialisme avec des moyens bien différents. Les Palestiniens n’en avaient sans doute guère conscience et en tout cas leurs dirigeants ne voulaient pas d’une telle perspective. Au contraire, Arafat, tout comme Habache qui se présentait pourtant volontiers comme marxiste, répétaient à tout-va que leurs ambitions étaient purement palestiniennes et qu’il n’était pas question pour eux de s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats arabes.

Hussein passe à l’action Mais pour les dirigeants de ces pays, comme pour l’impérialisme, ce n’était pas suffisant. Les uns comme les autres ne se fiaient que partiellement à Arafat et à ses compagnons pour contrôler les Palestiniens.

Le roi Hussein de Jordanie, le plus immédiatement concerné, se chargea donc de la répression. Pour passer à l’action, on saisit l’occasion du plan Rogers, un prétendu plan américain de paix qui fut accepté durant l’été 1970 par l’URSS, les pays arabes, et dont Israël fit mine de bien vouloir discuter. A ce moment, le Fath et surtout le FPLP de Habache menaient une campagne de détournements d’avions et d’attentats. Les organisations palestiniennes furent présentées comme les saboteurs de toute tentative de paix. Et c’est avec la bénédiction du monde entier – du leader égyptien Nasser, de l’Américain Nixon ou du Russe Kossyguine – que Hussein lança ses troupes contre les fedayins.

Le 17 septembre 1970, l’armée jordanienne utilisa ses blindés et son aviation au sein même des principales villes du pays, pilonnant les positions des organisations palestiniennes. La direction de l’OLP laissa les groupes de fedayins complètement livrés à eux-mêmes, sans directives. Ils furent vaincus les uns après les autres. Leur combat fut cependant héroïque et, malgré des milliers de morts, les troupes jordaniennes ne purent en venir à bout rapidement. Cette résistance acharnée obligea d’ailleurs les Etats arabes, tous complices, à condamner verbalement Hussein, et celui-ci dut conclure un accord de cessez-le-feu avec Arafat.

Le leader palestinien, fidèle à sa politique, chercha surtout à retrouver le soutien de ces dirigeants arabes qui venaient pourtant de laisser massacrer ses troupes. Il accepta les conditions de Hussein et fit évacuer progressivement ses combattants hors de Jordanie (en partie vers le Liban, où un drame similaire allait se jouer quelques années plus tard).

L’OLP avait laissé les fedayins se battre seuls, sans même les préparer, et elle venait d’essuyer son premier désastre. Mais surtout, en refusant de combattre les régimes arabes, qui se révélaient aussi des ennemis du peuple palestinien, tout comme Israël et l’impérialisme, elle s’engageait dans une logique de capitulations successives qui n’allait plus se démentir par la suite, dégradant toujours plus la situation du peuple palestinien et de ses leaders. On le vérifie plus que jamais aujourd’hui. Paul BARRAL

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=1679&id=32

http://npa29quimper.over-blog.fr/article-le-septembre-noir-de-1970-hussein-de-jordanie-contre-les-palestiniens-lo-58179705.html

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08 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

François Hollande, ce Terminator à la botte des Américains (CI)

François Hollande, ce Terminator à la botte des Américains (CI) dans Anticolonialisme flamby

Un journaliste algérien fustige la position du président français dans la crise syrienne et regrette le temps de Jacques Chirac, quand la France rayonnait par sa diplomatie et sa culture dans le monde arabe.

François Hollande pense être le Terminator des temps modernes. La guerre ne l’effraie pas. La souffrance ne l’émeut pas. Le sang et les corps déchiquetés ne l’impressionnent pas. La guerre, c’est la nouvelle passion de François Hollande. Ce président français qui s’est engagé à rompre avec l’atlantisme servile de Nicolas Sarkozy est, au final, encore plus royaliste que les rois du Congrès américain. Même Barack Obama n’a pas fait preuve d’une volonté aussi guerrière que la sienne. La Syrie, il faut l’attaquer militairement pour libérer son peuple.

« La guerre, c’est maintenant » : la voici la nouvelle devise de sieur Hollande. Défait par la crise, le chômage massif, l’inflation galopante, les inégalités sociales, le déclin industriel, le président français cherche à se refaire une santé… sur le dos des dictateurs du monde arabe. Sauf que cette fois-ci, tel un Don Quichotte ivre de ses certitudes, il croit qu’une guerre est une simple promenade de santé.

L’argument périmé des frappes chirurgicales Quant aux civils qui risquent d’être tués, François Hollande n’en a cure. Au contraire, il pense qu’il va en sauver beaucoup. Comment ? Des frappes chirurgicales bien étudiées. L’argument est un peu périmé car ces frappes n’ont pas été aussi chirurgicales que cela par le passé. Mais François Hollande ignore l’histoire. Lui, son souci, c’est l’avenir.

Un avenir dessiné par la force militaire. Tel Napoléon, la poésie en moins. François Hollande exige une sanction d’une « violation monstrueuse des droits de la personne humaine ». « Elle aura valeur de dissuasion », a-t-il expliqué, sans trop convaincre, dans un entretien accordé au Monde. « Ne pas agir, ce serait laisser faire », décrète le nouveau Bonaparte, selon qui « il y a peu de pays qui ont les capacités d’infliger une sanction par des moyens appropriés. La France en fait partie ».

La France, la glorieuse France, est donc de retour. Oui, de retour, mais à travers quoi ? Ce ne sont plus les découvertes scientifiques, la croissance économique dynamique et le rayonnement culturel qui font la réputation de la France dans le monde. C’est aujourd’hui une intervention militaire qui redonnera à la France son prestige. Le voici, le choix de François Hollande. (…)

Algérie-Focus  Abdou Semmar  4 Septembre 2014

http://www.courrierinternational.com/article/2013/09/04/francois-hollande-ce-terminator-a-la-botte-des-americains

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08 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Non à l’agression impérialiste en Syrie! Parti Socialiste des Travailleurs (Algérie)

http://a407.idata.over-blog.com/454x301/4/29/58/15/pstalg.jpg

Le soulèvement du peuple syrien contre la dictature du régime de Bachar El Assad traduit ses aspirations légitimes pour la dignité, les libertés démocratiques et la justice sociale.

Après deux ans et demi de guerre civile destructrice avec son lot de massacres de civils, de mutilés et de refugiés, le peuple syrien a besoin, plus que jamais, de la solidarité des travailleurs et des peuples à l’échelle internationale. Les puissances « protectrices » du régime syrien, loin de participer à cette solidarité, protègent en réalité leurs zones d’influence et leurs intérêts.

Cependant, la décision des USA et leurs alliés d’une intervention militaire en Syrie, sous prétexte de « punir le régime syrien qui aurait utilisé des armes chimiques », n’est qu’un nouvel épisode dans le processus de la mise en place de l’ordre impérialiste dans la région afin de piller nos richesses et de réduire notre souveraineté.

Après la destruction de l’Irak, qui n’avait pas d’Armes de Destruction Massive, mais abandonné aujourd’hui dans les massacres quotidiens et la décomposition, après la destruction de la Libye livrée aujourd’hui aux différents groupes armés et frisant la désintégration, l’intervention militaire et l’armada mise en branle contre la Syrie relève du gangstérisme d’Etat. Elle ne se s’encombre même plus des formes « légales » de leur ONU.

Ces mêmes « défenseurs » de populations civiles par là et des droits de l’homme par ci, n’ont pas voulu voir en 2009 les massacres des enfants et des civils palestiniens bombardés par Israël avec des tonnes de bombes de phosphore retransmis pourtant par les télévisions du monde entier. Ils s’étaient empressés de brandir leur véto dans leur conseil de sécurité pour garantir la sécurité … d’Israël, garant de leurs intérêts dans la région.

Aujourd’hui, le peuple syrien a besoin de notre solidarité et de notre mobilisation à ses côtés. Il n’a pas besoin des bombes US et Européennes qui rajouteront à la destruction du pays, aux massacres des populations et au désastre généralisé. Le PST appelle toutes les forces politiques et sociales pour se mobiliser contre toute intervention militaire étrangère en Syrie et pour exercer pression sur le pouvoir algérien dont la position timorée ne peut refléter le sentiment anti impérialiste et anti colonial du peuple Algérien.
• Non à l’intervention militaire US et leurs alliés en Syrie !

• Vive la lutte du peuple Syrien pour la dignité, les libertés démocratiques
et la justice sociale !

• Pour la Solidarité avec le peuple Syrien !

Le Secrétariat National du PST. Alger, le 06 Septembre 2013

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29687 

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06 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Édito: Hollande, « a lonesome president»!

Édito: Hollande, « a lonesome president»! dans Antiimpérialisme hollande

Après le vote majoritaire des Communes contre la participation de la Grande-Bretagne à l’intervention militaire en Syrie, et le choix d’Obama d’en appeler au vote du congrès américain, le chef des armées françaises paraît bien désarmé.
Il doit maintenant s’appuyer sur une Constitution qu’il a fortement dénoncée quand il était dans l’opposition, exigeant même un vote du Parlement avant l’envoi de l’armée en Irak. Aujourd’hui Président de la République, il utilise les pouvoirs qui lui sont conférés, au mépris de l’opinion, majoritaire à ce jour, des Français opposés à une nouvelle offensive militaire. Et d’annoncer le lancement d’une force démonstrative pour mener une guerre punitive.
Isolé sur la scène internationale, François Hollande l’est également sur la scène française. Sous la Ve République, les guerres ont souvent permis un retour à l’unité nationale derrière un chef, mais l’initiative de Hollande semble l’isoler encore plus. Le rejet populaire de son initiative confirme la défiance face à ce président qui conduit une politique étrangère de guerre et une politique de recul drastique des droits sociaux contre son propre peuple.
Nous dénonçons cette nouvelle agression impérialiste, une guerre punitive qui non seulement ne vise pas le renversement du dictateur mais n’empêchera aucun des crimes contre l’humanité perpétués par Assad, de la torture à l’utilisation des gaz. Elle peut au contraire l’encourager à poursuivre les massacres, ce qui a deux conséquences aussi dramatiques l’une que l’autre pour le peuple insurgé : d’une part, maintenir un régime capable de rassembler autour de lui contre l’invasion étrangère et, d’autre part, renforcer des courants obscurantistes religieux. Nous dénonçons la complicité de l’Iran et de la Russie avec le pouvoir syrien.
Nous affirmons notre solidarité avec le peuple syrien, qui doit poursuivre sa révolution pour la liberté, la dignité et la justice sociale contre une dictature impitoyable. Le soutenir, cela signifie pour le NPA aider au développement des mobilisations les plus massives et unitaires possibles pour empêcher une nouvelle aventure guerrière.

Roseline Vachetta Jeudi 5 septembre 2013Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 207 (05/09/2013)

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04 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Chili: «La contre-révolution de 1973 fut à sa façon une vraie révolution capitaliste» (Al’e)

Chili: «La contre-révolution de 1973 fut à sa façon une vraie révolution capitaliste» (Al'e) dans Antiimpérialisme cheval

Vous avez vécu le coup d’Etat du 11 septembre 1973 et vous avez aussi été partie prenante du processus révolutionnaire au Chili. Dans quelle situation se trouve le mouvement social chilien aujourd’hui en comparaison de celui des années 1970?

Les mouvements sociaux ont souffert d’un terrible recul résultant du coup d’Etat et de la dictature. Les organisations sociales sur lesquelles prenait appui le mouvement populaire ont été dissoutes et durablement réprimées. Leurs dirigeants furent poursuivis, emprisonnés, torturés assassinés, bannis ou expulsés du pays. Durant des années ont pesé sur ces organisations la terreur dictatoriale et l’interdiction absolue de fonctionner.

Au cours de la décennie 1980, la réanimation des organisations sociales est allée de concert avec la renaissance de la protestation sociale se centrant sur la lutte contre la dictature. Toutefois, le mouvement populaire n’a  pas réussi à imposer son agenda et ses objectifs propres, restant finalement subordonné au projet des élites politiques de l’opposition modérée de l’époque, sacrifiant d’abord ses intérêts sur l’autel du «retour à la démocratie» et, par la suite, de la dite gouvernabilité [stabilité gouvernementale] en tant que système.

La législation du travail de la dictature,  les «lois menottes» et la Constitution pinochetiste se sont affirmées durant presque un quart de siècle comme autant d’entraves qui ont fonctionné comme de forts obstacles à l’expression de revendications sociales. A cela s’est ajouté l’énorme pouvoir de manipulation des consciences et des comportements qu’ont exercé les grands moyens de communication (avant tout la télévision) dont la concentration et le manque de pluralisme ont constitué une vraie «dictature médiatique» qui a diffusé la «pensée unique».

Il faut y ajouter la politique d’endiguement social mise en place par la Concertation [l’accord entre la démocratie chrétienne et la social-démocratie de 1990 à 2010] durant les vingt années de gouvernement du pays dont les objectifs principaux résidaient dans la dépolitisation des citoyens et le désamorçage des mouvements sociaux. Tout cela s’est produit dans le contexte d’un modèle économique et sociétal de type néolibéral, dont un des effets «naturels» réside dans la destruction du «tissu social» et le remplacement de la solidarité collective par la concurrence interindividuelle et la transformation des citoyens en de stricts consommateurs.

Néanmoins, depuis quelques années, et avec plus de force depuis 2011, nous assistons à un nouvel éveil de la mobilisation sociale dont les expressions les significatives ont été le mouvement étudiant, le mouvement national du peuple Mapuche et des mouvements de protestation aux plans régional et local sur différents thèmes à Magallanes, Aysén, Calama, Dichato, Freirina et Tocopilla, entre autres.

Sans oublier de mentionner les mobilisations des artisans pêcheurs contre la privatisation de la mer, les luttes pour la défense de l’environnement et pour les droits des minorités sexuelles; ainsi que les arrêts de travail, les grèves et les manifestations des employés des impôts, des mineurs du cuivre, des travailleurs des ports et des travailleurs de la construction industrielle, pour ne citer que les plus importants.

Néanmoins, il faut souligner que la renaissance des mouvements sociaux, que l’extension et la solidité de leur organisa- tion , ainsi que le niveau de politisation des citoyens et des citoyens sont incomparablement plus bas que dans la décennie 1970. Il y a des avancées importantes et des signes prometteurs, mais ces progrès sont très partiels et ne s’affirment pas comme une tendance déterminante de la situation présente. Au plan de la solidarité, non seulement elle est à un niveau inférieur de l’essor connu dans les années 1960 et au début des années 1970, mais y compris elle est en deçà de ce que le mouvement ouvrier pouvait exprimer il y a un siècle. C’est-à- dire lorsque les grèves de solidarité [avec d’autres grèves] étaient un faire relativement fréquent et non pas exceptionnel. Et si le point de comparaison réside dans la période 1970-1973, il faut constater qu’alors la question du pouvoir était le thème central pour de nombreuses organisations sociales, ce qui n’a rien à voir comparativement à la phase actuelle. Une phase qui est de réorganisation, de réanimation, l’élaboration de propositions et de développement d’actions afin de  regagner des droits fondamentaux violés par la dictature et le modèle néolibéral.

Quelles leçons tirez-vous de la période de 1973 pour qu’elle ne revienne pas? Si vous pouviez revenir en arrière, que feriez-vous pour éviter le revers imposé par le coup d’Etat militaire?

Ce serait très long de faire un bilan de ce que l’on a vécu il y a 40 ans. Mais si par magie nous pouvions revenir à cette époque ou mieux si devrions vivre dans le futur une conjoncture plus ou moins semblable, il s’agirait de me défaire de l’idéologisme et de l’avant-gardisme qui ont caractérisé notre génération. Je tenterais d’aboutir à des accords larges, qui, sans abandonner les objectifs émancipateurs, permettraient de faire front à des dangers communs qui menacent toujours les mouvements populaires.

Quels sont les pires facteurs provoqués par le coup à d’Etat à notre société? Un pays à l’individualisme extrême, une économie néolibérale à outrance ou une contre-révolution qui a bloqué la situation durant 40 ans?

Les trois éléments que vous mentionnez font partie du même processus. La contre-révolution de 1973 fut à la fois une vraie «révolution capitaliste» qui a changé le paradigme de développement en imposant le modèle néolibéral le plus outrancier du monde, qui est à l’origine d’un individualisme extrême et de la majorité des maux dont souffre la société chilienne. (Traduction A l’Encontre) Publié par Alencontre le 3 – septembre – 2013 Entretien avec Sergio Grez Toso conduit par Maria Alicia Salinas

Entretien publié dans la revue El Irreverente, n° 13, Santiago, 15 août-15 septembre 2013. Sergio Grez Toso est historien et professeur à la Universidad de Chile.

http://alencontre.org/ameriques/amelat/chili/chili-la-contre-revolution-de-1973-fut-a-sa-facon-une-vraie-revolution-capitaliste.html

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03 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Les femmes de Greenham Common ont formé une génération de militant(e)s (The Guardian)

Les femmes de Greenham Common ont formé une génération de militant(e)s (The Guardian) dans Altermondialisme greenham_1985577b

Les femmes de Greenham voulaient la fin des  armes nucléaires.
Trente ans plus tard , certains disent que l’occupation de Greenham Common n’a eu aucune importance, mais ses enseignements sont tout aussi applicables aujourd’hui qu’ils ne l’étaient hier. On a dit souvent que la manifestation de  Greenham Common était inefficace. La fermeture de la base américaine de Newbury est réputée avoir été  beaucoup plus importante ( c’est à dire grâce à des forces politiques mâles). Dans cette optique, l’histoire d’un groupe de femmes assises près d’une clôture au milieu de l’Angleterre il y a 30 ans serait devenue obsolète.

Comme les militants qui veulent éviter au village de Balcombe la fracturation et les manifs  pour la justice fiscale du Royaume-Uni (Uncut)  sont observés à la loupe par les dirigeants mondiaux lors du G20 , le véritable succès de la manifestation n’est pas simplement ce qu’elle a modifié à Greenham Common , mais comment elle a changé la nature même de la contestation .

Il y a trente ans ce mois-ci, c’est l’anniversaire  du plus haut niveau de mobilisation pour les femmes de  Greenham Common . À l’été de 1983, près de deux ans après que la campagne ait commencé le 5 Septembre 1981,  des milliers de femmes ont pris part à la Marche de Star, marches simultanées à travers le pays vers Greenham,  qui ont contribué à montrer l’ampleur du soutien national. Le  gouvernement a publié il y a quelques semaines des Archives nationales  qui montrent que les ministres conservateurs étaient inquiets d’être en danger de perdre l’opinion publique sur le déploiement des missiles de croisière .

Pourtant, en Novembre , les premiers missiles étaient arrivés et – malgré le succès des manifestants qui occupaient la tour centrale depuis la fin de l’année – en Mars 1984, le conseil municipal a uni ses forces à celles du ministère de la Défense et de la police locale pour lancer le processus d’expulsions en masse du camp retranché . En dépit de ces expulsions et du démantèlement du camp, un coup a frappé Greenham sous la forme des traités de non-prolifération de la fin des années 80. Fermée depuis des années, la tour symbole de Greenham a récemment été mise en vente ( la date limite des soumissions est le 11 Septembre) .

Depuis plus de 30 ans, que  je filme la main lourde de la police et l’hostilité inexplicable des médias contre un groupe  dont le principal crime  semblait être l’absence  d’hommes , j’ai souvent réfléchi aux solutions créatives des femmes à des problèmes qui paralysent les plus sophistiqués de nos politiciens . Il s’agissait d’une communauté qui établissait ses règles en cours de route , et pourtant, ses enseignements ont été tirés par toute une génération .

Tout, de la façon de répartir les dons jusqu’à la distribution des tableaux de service de la cuisine était démocratiquement décidé . Qui devait parler , voyager et représenter la manifestation a été une source constante de frustration pour ceux de l’extérieur qui ont exigeaient des dirigeantes , tandis que celles de l’intérieur exigeaient qu’il  n’y en ait aucune. Pendant ce temps, des femmes ont travaillé sur comment prendre soin des jeunes, comment humilier les autorités sur le terrain, tout en faisant valoir leur dossier devant les plus hautes juridictions du pays , comment vivre avec des différences, tout en vivant dans une communauté qui a un but – le démantèlement des armes nucléaires .
Pendant ma présence là-bas, ma contribution au film Carry Greenham Home, le premier film sur cette lutte, j’ai vu naître un bébé,  vu des relations aller et venir,  d’incroyables actes de violence et de bonté . J’ai vu comment une communauté peut s’occuper de ses jeunes, de ses vieux, de ses nécessiteux et ses difficultés, montrant de la compassion même pour ceux qui l’attaquaient .

À une époque où la politique dans sa forme traditionnelle consiste à monter en épingle sa propre personnalité et à trouver les faveurs du public, nous devrions être plus attentifs à ceux qui protestent . Le gouvernement Blair a montré peu d’égards pour ceux qui marchèrent contre l’ invasion de l’Irak – et avec le recul, ils montraient pourtant plus de sagesse que leurs dirigeants va-t-en guerre .

La Countryside Alliance a porté la colère de ceux qui vivent en dehors des zones urbaines et qui ont subi des décennies de politiques publiques qui a mis à mal les services ferroviaires et les bureaux de poste,  favorisé les supermarchés sur les agriculteurs et vidé la campagne de sa jeunesse et de son identité.

Plus récemment, le mouvement « Occupy » a été la cible des médias, ricanants parce qu’il ne pouvait pas offrir de solution immédiate face aux crimes de la finance mondiale . Comme il était naïf de dire: «Nous sommes les 99% et nous voulons mieux « , ont déclaré les commentateur les uns après les autres. Personne ne semblait remarquer que, compte tenu de l’absence d’action, à la fois de la communauté internationale et des gouvernements nationaux dans la réforme du secteur financier , faire quelque chose était déjà tout à fait approprié.

Sous la surface de nombreuses femmes dans la vie publique vous  trouverez souvent une femme Greenham. Nous savons que la politique est la façon dont vous vivez votre vie, pas votre façon de voter . Les élus devraient prendre en compte votre environnement et  travailler à le rendre meilleur. A la violence on ne devrait pas répondre par la violence. La protestation est votre droit lorsque  ceux que vous avez élus ne veulent rien entendre , et il peut , à l’occasion, être plus efficace de  s’habiller en costume fantaisie et de chanter .

Greenham était un endroit où une génération de femmes a trouvé une voix publique . C’était une voix qui a été fondée sur l’inclusion, la différence , de multiples perspectives et pas un seul point de vue dominant . Il a aussi mis en évidence très tôt  nous étions déçues par la classe politique , que les intérêts des gens ordinaires étaient ignorés en faveur des fauteurs de guerre et des intérêts commerciaux internationaux.

Loin d’être non-pertinentes, les demandes des femmes de Greenham ont fait écho au fil des ans . Et si vous écoutez attentivement, vous pouvez encore entendre leur demande: «Nous voulons mieux. «      Beeban Kidron  The Guardian, Lundi 2 Septembre 2013 Traduit par nos soins

http://www.theguardian.com/uk-news/2013/sep/02/greenham-common-women-taught-generation-protest

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02 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Dix remarques pour les progressistes qui discutent de la Syrie (Essf)

Dix remarques pour les progressistes qui discutent de la Syrie (Essf) dans Antiimpérialisme syrie

Alors que la Syrie est de retour sur la scène médiatique en raison des horribles attaques à l’arme chimique de la semaine dernière [21 août] qui tuèrent des centaines de personnes ainsi qu’en raison des menaces des Etats-Unis d’opérer des frappes militaires, voici quelques remarques pour les militant·e·s et organisations progressistes et radicales aux Etats-Unis alors qu’elles envisagent une réponse adéquate.

1° Ne dites pas ou ne laissez pas entendre, en aucune manière, que les deux côtés ont tort et qu’il n’est pas clair qui devrait être soutenu si nous sommes impliqués militairement. C’est une insulte à tous les Syriens qui sont sortis et continuent à sortir dans les rues et qui protestent autant contre le régime que contre les forces qui cherchent à utiliser cette période de guerre pour affirmer leur propre pouvoir sur d’autres. C’est une honte de voir combien de groupes progressistes aux Etats-Unis sautent dans le wagon « les deux côtés sont mauvais », affirmant que nous ne devrions pas être impliqués. Un million d’enfants sont des réfugiés et c’est de la faute du régime. C’est le régime qui bombarde les villes avec des avions de combat ; c’est le régime qui a dirigé le pays par la force brutale pendant des décennies. Toute déclaration qui ne reconnaît pas cela est, une fois de plus, une insulte envers ceux et celles qui ont tant sacrifié.

2° Ne confondez pas l’Irak avec la Syrie. C’est aussi grotesque que ceux qui regardent le Kosovo comme un exemple d’intervention militaire pour en soutenir une en Syrie. C’est assez pathétique lorsque tant de progressistes et d’activistes de gauche sont obsédés par les affirmations prétendument fausses d’utilisation d’armes chimiques. Plus de 100 000 Syriennes et Syriens ont été tués, la majorité par des armes conventionnelles. Il y a donc mille et une excuses pour que les Etats-Unis interviennent. Des armes chimiques truquées ne sont donc pas nécessaires. Il n’y a aussi aucun élément qui me convainc selon lequel Al-Qaida a accès et utilise de telles armes. Al-Qaida a combattu les Etats-Unis en Irak pendant une décennie et n’a jamais fait usage de telles armes. Mais, subitement, Al-Qaida les utiliserait en Syrie ? Et si les rebelles possédaient de telles armes, le régime se serait effondré, il y a déjà longtemps.

3° Ne soyez pas obsédés par Al-Qaida, les extrémistes islamistes, les djihadistes, etc. Depuis le 11 septembre 2001, les progres- sistes ont justement esquivé l’utilisation de toutes ces étiquettes lorsqu’il était question de la guerre des Etats-Unis contre le « terrorisme », alors que nous les utilisons librement lorsqu’il s’agit de la Syrie et, en fait, nous en sommes convaincus. L’écrasante majorité des Syriens, autant ceux qui ont pris les armes que ceux qui continuent de résister par des moyens non violents, n’ont rien à voir avec les groupes ex- trémistes et se sont soulevés contre toutes les forces qui détruisent leur pays, qu’il s’agisse du régime ou des prétendus groupes « d’oppo- sition » [allusion, entre autres, aux manifestations contre Al-Nosra dans le nord de la Syrie]. Il est aussi important de comprendre que l’Armée syrienne libre (ASL) n’est pas une armée disposant d’un centre de commandement unique dont les ordres viennent d’en haut. Il s’agit d’un groupe dont le système d’affiliation des « bataillons » est lâche et dont quiconque peut affirmer en faire partie.

4° Soulignez tous les échecs des Etats-Unis envers la Syrie et comment larguer des bombes sur le pays n’est pas ce qui est nécessaire. Je ne suis pas personnellement convaincu que les Etats-Unis seront impliqués militairement. Ils ont promis des armes aux rebelles qui doivent encore être fournies. En aucune manière les Etats-Unis ne seront directement [sur le terrain] impliqués parce que, ainsi que cela a été souligné par le général Martin Dempsey [1] et dans une tribune du New York Times [2], il est bien plus utile pour les « intérêts » des Etats-Unis que les Syriens se massacrent les uns les autres. Je pense que prendre position sur le fait que les Etats-Unis ne doivent pas être impliqués par le biais d’une intervention militaire est bien. N’écrivez pas « Hands off Syria » [Bas les pattes de la Syrie] en supposant qu’il s’agit d’un genre de conspiration américaine. N’affirmez pas que cela à avoir avec le fait que les Etats-Unis ne disposent pas du droit de prendre parti dans une guerre civile. Ne faites pas comme s’il s’agissait d’argent pour ici [les Etats-Unis] dans la mesure où nous [Syriens] avons besoin de plus d’aide humanitaire. Faites de telle sorte que ce qui est mis en relief dans vos propos porte sur qui apportera de l’aide pour mettre un terme aux souffrances des Syriennes et Syriens.

5° Soulignez l’hypocrisie des Etats-Unis alors qu’ils jugent la Russie pour envoyer des armes au régime. La semaine dernière uniquement, un reportage est paru selon lequel les Etats-Unis expédiaient des bombes à fragmentation d’une valeur de 640 millions de dollars à l’Arabie saoudite [3]. Les armes [américaines] continuent de se répandre en Egypte, au Bahreïn et en Israël malgré de massives violations des droits humains. Appelez à ce que soit mis un terme à la vente à tous les régimes de la région.

6° Ne laissez pas d’authentiques préoccupations au sujet de l’impérialisme des Etats-Unis, d’Israël, de l’Arabie saoudite, etc. vous faire croire, lorsque vous observez des images et des vidéos d’enfants morts, qu’il s’agit de conspiration. Bachar [el-Assad] est un dictateur autoritaire et ses lettres de noblesse en matière de résistance sont un peu sommaires. Souvenez-vous simplement qu’il collabora avec les Etats-Unis sur des initiatives telles que les transferts [« renditions », le programme de prisons secrètes et de tortures sous-traité à des régimes autoritaires amis] de la CIA [4]. Ce n’est pas parce que la CIA entraîne quelques combattants en Jordanie ou que quelque dirigeant rebelle anonyme est cité dans un journal israélien que le soulèvement syrien contre un régime brutal n’est pas légitime.

7° Insistez sur la bravoure continue du peuple syrien qui descend dans les rues et qui proteste contre le régime, les extré- mistes et tous ceux qui cherchent à détruire leurs luttes pour la liberté et la dignité [5]. Comme c’est le cas partout, la couverture des violences prend le dessus sur les résistances non-violentes continues.

8° Exhortez avec force les gens à donner de l’argent pour l’aide humanitaire [Médecins sans frontières, par exemple]. Entre les morts, les emprisonnements, les déplacements intérieurs de populations et les réfugiés, je pense que 30 à 40% de la population syrienne est d’une façon ou d’une autre déracinée [le HCR estime que d’ici à la fin de l’année près de 10 millions de Syriennes et Syriens – soit presque la moitié de la population du pays – seront réfugié·e·s ou déplacé·e·s intérieurs].

9° Je n’ai pas de solutions réelles à vous proposer dont vous pourriez vous emparer pour encourager les gens à les soutenir. Peut-être que pousser à un véritable cessez-le-feu pourrait être une option, ce qui supposerait une pression sur la Russie pour exiger de Bachar qu’il se rétracte. Je sais que le fait que je ne possède pas de réponse sur ce qu’il faudrait faire est une lacune, mais quelquefois le meilleur moyen d’action est de seulement être en solidarité avec des personnes en lutte en le reconnaissant, tout simplement.

1o° Les Syriennes et les Syriens méritent le même respect pour leur lutte que toutes les autres luttes de la région : en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Bahreïn, au Yémen et, toujours, en Palestine. KUDAIMI Ramah 27 août 2013

* Texte publié le 27 août 2013 sur le site mondoweiss.net ; traduction A l’Encontre.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29625

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