Archive | Antiimpérialisme

07 juin 2023 ~ 0 Commentaire

espagne (npa)

espagne

Crédit Photo Pedro Sanchez. Wikimedia Commons

État espagnol : de l’impasse du gouvernement progressiste à la vague réactionnaire

Les récentes élections municipales et régionales en Espagne ont provoqué un séisme politique. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a subi une défaite cuisante, perdant six des huit communautés autonomes qu’il gouvernait. La droite, représentée par le Parti populaire (PP) et Vox (extrême droite), a gagné du terrain et consolidé son pouvoir électoral.

La gauche gouvernementale, y compris Podemos, a connu des défaites importantes. Podemos a même disparu à Madrid, aux Canaries et à Valence, devenant un parti résiduel dans ces régions. Cette situation a conduit le Premier ministre Pedro Sánchez à convoquer des élections anticipées pour le 23 juillet.

Une gauche de modernisation capitaliste

La question centrale est que le pouvoir progressiste n’a rien fait pour renforcer la classe ouvrière au cours de ses années de gouvernement. La politique de paix sociale s’est traduite par une baisse des salaires sans toucher aux profits. Le projet de la gauche progressiste est celui de la modernisation capitaliste et du maintien de l’Espagne dans le club de la périphérie impériale en déclin. Même si Pedro Sánchez maintenait l’arithmétique pour être au gouvernement, la restauration menée par la droite serait déjà en cours.

La gauche du gouvernement, touchée et à demi assoupie après ces élections, cherchera à se maintenir au milieu de querelles de postes sans faire un bilan critique des effets de son intégration au régime. Liée pieds et poings au bloc progressiste, son usure sociale est d’ores et déjà inéluctable. Elle se traduira à moyen terme par de nouvelles crises et des processus d’implosion.

L’avenir politique présente deux scénarios possibles. Dans le premier scénario, le gouvernement progressiste pourrait être réélu, mais cela ne représenterait pas un véritable changement de cap politique. Dans le deuxième scénario, la droite remporterait les élections et Vox pourrait entrer au gouvernement. Cela impliquerait une intensification des attaques antisociales, contre les droits des personnes migrantes, les femmes et personnes LGTBIQ+ et les ­libertés civiles.

Construire un projet politique indépendant

Face à ces scénarios, les mouvements sociaux, syndicaux et la gauche écosocialiste et anticapitaliste doivent se préparer aux défis à venir. Il est essentiel de construire un projet politique indépendant du bloc progressiste et de travailler à l’ouverture d’une autre perspective politique. Les débats sur le vote et les appels à l’abstention ne sont pas suffisants. Il est temps de se préparer à renverser le régime politique existant et de défendre les intérêts de notre camp contre les attaques à venir.

La construction d’un avenir différent nécessite de semer les graines d’un projet politique écosocialiste et anticapitaliste, qui mette au centre le conflit de classe et la convergence avec les mouvements émancipateurs. Malgré la situation de minorité actuelle, il est essentiel de persévérer dans cette voie pour ouvrir de nouvelles perspectives.

Brais Fernández
Hebdo L’Anticapitaliste – 665 (08/06/2023)

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06 juin 2023 ~ 0 Commentaire

espagne (lutte ouvrière)

Affiche_CNT-FAI_guerre_civile_d'Espagne

Espagne : la droite progresse sur le discrédit de la gauche

Dimanche 28 mai, après une déroute sévère aux élections municipales et régionales dans quatorze communautés autonomes sur dix-sept, le gouvernement de gauche espagnol a décidé d’avancer au 23 juillet les législatives initialement prévues pour l’automne.

Le principal parti du gouvernement, le Parti socialiste (PSOE), a perdu plus de 400 000 voix à l’échelle nationale. Son allié Podemos, le parti de Pablo Iglesias, disparaît des conseils municipaux de Madrid et Valence, respectivement capitale et troisième ville du pays, et de cinq gouvernements régionaux qu’il partageait avec les socialistes.

La droite remonte, avec plus de sept cent mille voix d’avance pour le Parti populaire (PP), qui ne retrouve toutefois pas ses niveaux historiques de 2011. C’est donc bien la dégringolade des résultats de la gauche qui met la droite en position de force et va lui permettre de gouverner dans presque toutes les régions, à condition de trouver des alliances avec le parti d’extrême droite Vox, qui continue à progresser.

Face à la débâcle, le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez, a annoncé mardi 30 mai des élections législatives anticipées. Bien que les multiples alliances et recompositions de la « gauche de la gauche » compliquent les comparaisons, il est évident que Podemos paie tout autant que le PSOE ses quatre ans passés au gouvernement.

Au cours de ces quatre années, les classes populaires, frappées par la crise économique aggravée par la pandémie, ont attendu en vain que la gauche apporte les solutions miracle promises. Le « gouvernement le plus progressiste de l’histoire » n’a pas résolu la crise du logement, qui a encore empiré après l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, malgré la promesse de quelques dizaines de milliers de logements sociaux en plus.

Il n’a pas empêché la baisse des salaires réels mangés par l’inflation, malgré une revalorisation du salaire minimum annoncée en fanfare. Quant à la précarisation du travail, l’invention d’un nouveau CDI au rabais a fait monter le nombre d’embauchés en fixe, mais sans pour autant les protéger de la précarité.

Comble de l’hypocrisie, le « dialogue social » a récemment permis de trouver un accord entre syndicats et gouvernement sur les retraites… sans remettre en cause le report de l’âge légal à 67 ans, et même en accélérant son application.

Enfin, beaucoup d’anciens électeurs de Podemos, s’ils n’avaient pas beaucoup d’illusions sur l’amélioration de leur sort, espéraient tout de même une abrogation des mesures répressives adoptées par la droite contre le mouvement des Indignés de 2011, la fameuse Ley Mordaza (la « loi bâillon »). Ils en ont été pour leurs frais.

La déception aura fait s’abstenir beaucoup d’électeurs de gauche. Pourtant, le gouvernement de Pedro Sanchez n’a fait que son travail en alignant des milliards pour le patronat pendant la pandémie, en augmentant considérablement le budget militaire pour participer au réarmement général, et en envoyant les blindés de la police contre les métallos en grève à Cadix, en 2021.

Son travail est bien de démobiliser les classes populaires et les travailleurs en se présentant comme l’aboutissement de leurs luttes, puis de leur faire avaler des pilules de plus en plus amères, au moment où la droite était discréditée par des affaires de corruption.

La gauche de gouvernement, social-démocrate ou « radicale », le paie d’une claque électorale. Pour les travailleurs, aux conséquences de cette politique va désormais s’ajouter l’arrogance retrouvée d’une droite renforcée appuyée sur une extrême droite nostalgique du franquisme.

Face à un patronat à l’offensive, ils ne devront compter que sur leur combativité et leur conscience de classe, et certainement pas sur les politiciens paniqués qui proposent, avec une nouvelle union de la gauche, de remettre une pièce dans la machine à illusions.

Laura Samos 31 Mai 2023

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05 juin 2023 ~ 0 Commentaire

afrique-ukraine (afrique en lutte)

Les vendeurs de rue africains soutiennent l’Ukraine

La guerre, la déstabilisation et l’insécurité creusent les inégalités au nom des intérêts économiques et nous condamnons ces mesures inhumaines

Début mai, des vendeurs de rue de 47 pays se sont réunis à Kigali, la capitale du Rwanda, pour le 7e congrès international de StreetNet. La Confédération des syndicats indépendants d’Ukraine était représentée à cet événement important par la présidente du syndicat des entrepreneurs d’Ukraine, Valentina Korobka, et son adjoint, Leonid Tonkovyd. StreetNet a été officiellement lancé le 14 novembre 2002 en tant qu’alliance de vendeurs de rue réunissant des organisations membres (syndicats, coopératives ou associations) qui organisent directement les vendeurs de rue et défendent les droits des travailleurs de l’économie informelle.
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Le 4 mai, Valentina Korobka, responsable du syndicat indépendant des entrepreneurs d’Ukraine, s’est exprimée lors du 7è congrès international de StreetNet. Elle a parlé de la situation après l’attaque militaire de l’armée russe, de la vie et du travail sous les tirs constants de missiles et d’artillerie et sous les bombardements. Valentina Korobka a indiqué que 41 membres de l’Union libre des entrepreneurs d’Ukraine étaient décédés au cours de la seule année écoulée. Les délégués au Congrès ont exprimé leur soutien sincère et émotionnel à l’Ukraine.
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Déclaration de Streetnet
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Le 24 février 2022, la Russie a commencé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, lançant des attaques à la roquette dans plusieurs villes ukrainiennes pour cibler des unités militaires et des aéroports stratégiques. Le 25 février, les troupes russes ont bombardé et sont entrées dans la capitale ukrainienne de Kiev. Cet acte de guerre a des conséquences dévastatrices pour tous les Ukrainiens, mais aussi pour le monde dans son ensemble, surtout à un moment où les pays sont déjà aux prises avec une crise économique et une pandémie mondiale.
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Tout type de conflit armé aura toujours des conséquences terribles pour tous les travailleurs, mais l’invasion de l’Ukraine est particulièrement préoccupante pour StreetNet. Nous devons exprimer notre entière solidarité avec notre organisation affiliée Syndicat libre des entrepreneurs d’Ukraine (FTUEU- KVPU) et tous ses membres, ainsi qu’avec les membres de l’équipe ukrainienne de StreetNet, y compris notre coordinatrice internationale Oksana Abboud.
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Les conséquences de cette invasion sont imprévisibles, cependant, nous savons que les membres les plus vulnérables de la société, les pauvres, comme les travailleurs de l’économie informelle, les civils qui n’ont jamais choisi la guerre sont toujours ceux qui souffrent le plus, contrairement à ceux qui sont assis sur leur des conseils géopolitiques jouant avec des vies humaines. La guerre, la déstabilisation et l’insécurité creusent les inégalités au nom des intérêts économiques et nous condamnons ces mesures inhumaines qui ne respectent pas la souveraineté du peuple et peuvent être utilisées au 21è siècle.
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Nous ne pouvons qu’en appeler à la solidarité entre tous les travailleurs pour résister aux bellicistes et nous tenir aux côtés de nos camarades ukrainiens dans l’unité et la prière pour la paix.
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Gloire à l’Ukraine et ses Héros 26 mai 2023
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05 juin 2023 ~ 0 Commentaire

bretagne (fr3)

resistance en bretagne

Seconde guerre mondiale. Viols, meurtres, ségrégation, la part sombre de la Libération.

Interprète auprès de l’armée américaine à la libération, l’écrivain Louis Guillou, a été témoin de violences dramatiques longtemps restées sous silence : viols, meurtres sur des populations civiles françaises et ségrégation raciale. Son livre « Ok Joe ! » ébranle les convictions et fait l’objet d’un documentaire signé Philippe Baron.

À la sortie du roman de Louis Guillou « Ok, Joe ! » en 1976, les violences commises par les soldats de l’armée américaine sont exposées au grand jour. Il témoigne aussi de la ségrégation que la justice militaire américaine exerçait sur les soldats afro-américains.

Sous forme de rencontres joyeuses et fraternelles, la libération laisse, pour de nombreuses familles, ce goût amer de malentendus. Après 80 ans de silence et de refoulement, des descendants de familles osent aujourd’hui témoigner.

L’alcool et le sexe 

L’alcool favorisait les moments de convivialité, pour les Français libérés et pour les Américains délivreurs. La bouteille de gnôle ou de cidre que les paysans avaient camouflée, était brandie en guise de trophée  « C’est ce que les boches n’auront pas !  » disaient-ils.

S’ensuivent les violences. De multiples viols et meurtres ont lieu durant cette période de la Libération de la Bretagne et de la Normandie. Et à chaque fois, le même scénario s’opère.

C’était la nuit. Notre père est descendu et s’est interposé entre sa fille et cet homme, il a été abattu. C’est pour défendre Catherine contre un viol que papa est mort.

Témoignage de la famille Tournellec Plabennec (Finistère)

Cela se passe la nuit, dans les hameaux de campagne, non loin des camps militaires et sous l’emprise de l’alcool. Un père, un frère, un oncle, tente de s’interposer face au soldat armé pour protéger sa fille, sa mère, ou sa sœur agressée. Et c’est le drame.

L’historienne et autrice de  » Des GI’s et des femmes  » Mary-Louise Roberts, analyse cette vague de viols. Elle explique :  »Depuis 1917, l’image de la France que l’armée américaine avait choisi de véhiculer à ses soldats, est celle des jolies femmes, sexy et avenantes qui les attendaient en France. Les femmes embrassent les GI’s et ils sont aussi bienvenus au lit« .

Deux armées au sein d’une même force

Les camps des bataillons, chargés de ravitaillements, étaient formés par des jeunes soldats afro-américains, toujours commandés par des officiers blancs. Ils s’occupaient de logistique et participaient très rarement au combat. Venus des régions des États-Unis où le racisme était présent et sous la pression du lobby sudiste, l’armée américaine exerçait une ségrégation raciale au sein d’une même force militaire.

Pierrick Péroux, petit-fils d’une victime, connait en détail l’assassinat de son grand-père, perpétré par un jeune soldat afro-américain. « Ma mère avait été repérée dans la journée, et suivie. C’était la nuit. Alors que mes grands-parents empêchaient la porte de s’ouvrir sous les coups, le soldat a tiré. La balle a transpercé la porte, et s’est planté dans le crâne de mon grand-père qui s’est écroulé sous les yeux de sa femme ».

La double peine des afro-américains 

En septembre 1944, l’école des garçons de Morlaix, a été réquisitionnée par l’État-major et transformée en cour martiale.

Le meurtrier du grand-père de Pierrick Péroux y est jugé. « La plaidoirie sera brève » écrit Louis Guillou, interprète au procès. Seul noir devant une dizaine d’officiers blancs, l’accusé, soldat de deuxième classe, est alors condamné à la pendaison. « Mais pourquoi rien que des noirs ? Ce n’est pas un tribunal pour les noirs » s’interroge Louis Guillou.

D’après l’historienne Pauline Peretz, spécialiste des États-Unis, seuls étaient jugés les noirs américains, car il est fort probable que  « l’armée américaine souhaitait en faire une affaire raciale« .

Des dizaines d’accusés afro-américains seront exécutés sur le champ, par pendaison. En Bretagne et en Normandie, la diabolisation des noirs fait naître un racisme qui n’était pas nécessairement présent.

Des victimes sous silence

Les victimes, elles, préfèrent taire leur souffrance pour éviter de paraître ingrates et d’être montrées du doigt. On ne pouvait pas en parler, le mal était petit par rapport au grand bien que l’armée américaine avait fait et que tout le monde célébrait. On a créé un coffre de silence, autour de nous. Un descendant de victime

04/06/2023  Michelle Ruan

Le documentaire « Ok, Joe ! » de Philippe Baron est à retrouver dès maintenant en haut de cet article et sur Francetv.fr. Il sera également diffusé jeudi 8 juin à 23 h 45 sur France 3 Bretagne.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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04 juin 2023 ~ 0 Commentaire

gaza (le télégramme)

gaza

« Nous sommes un peuple privé de sa liberté » : à Gaza, la détresse des pêcheurs appauvris par le blocus

Zones de pêches réduites, confiscation de matériel… Le blocus israélien, qui verrouille la bande de Gaza depuis plus de quinze ans, touche particulièrement le secteur de la pêche. En première ligne, les pêcheurs cherchent à survivre.

23 mai, non loin du camp de réfugiés de Al-Nuseirat, à Gaza. Sur une longue bande de sable reposent des dizaines de barques bleu-vert et jaune vif. À l’arrière de celles-ci dépassent des fils en métal, reliés à des moteurs situés en haut de la plage, lesquels permettent de tracter les rafiots.

La journée de travail est terminée, et on tente de renouer avec la normalité, onze jours après la fin de la dernière escalade militaire avec Israël. Les pêcheurs sirotent du café, abrités sous une cabane en feuilles de palmiers. « À l’époque, nos parents vivaient bien mieux que nous. Malgré le manque de moyens, la pêche était bonne », confie Mohamed Ahna Al Moussaoui, jeune homme de 26 ans à la barbe broussailleuse, et au visage marqué par le soleil. En 2020, Mohamed et deux de ses amis ont acheté à crédit un bateau. Celui-ci devant permettre, en principe, de nourrir trois familles, soit plus de 30 personnes. À Gaza, la pêche est essentiellement vivrière. Mais en cas d’affrontements avec l’État hébreu, comme le 8 mai dernier, plus personne ne prend la mer. « Nous devons alors contracter des prêts pour manger », déplore Mohamed.

Zones de pêche réduites et matériel confisqué

Territoire exigu de 360 kilomètres carrés où s’entassent 2,3 millions de Palestiniens, la bande de Gaza subit un blocus israélien depuis 2007. Et les pêcheurs sont en première ligne. « Les autorités israéliennes réduisent généralement les zones de pêches entre 3 et 12 milles nautiques. Mais les eaux les plus poissonneuses sont situées au-delà », explique Jehad Abu Hassan, coordinateur terrain de l’ONG Première urgence internationale. Les accords israélo-palestiniens d’Oslo, signés dans les années 1990, fixaient pourtant la limite de pêche à un maximum de 20 milles nautiques. « Dans ces conditions, le secteur ne peut guère renforcer l’économie palestinienne », reprend Jehad.

Néanmoins, via des financements européens, des éclairages alimentés par panneaux solaires ont été installés à Al-Nuseirat, afin d’éviter les accidents lors des retours nocturnes. Et quelques pêcheurs bénéficient d’une aide humanitaire, à défaut de recevoir un soutien du Hamas qui contrôle Gaza depuis 2007. Pour le reste, ils ont à peine de quoi survivre. L’importation de fibre de verre est interdite, ainsi que les moteurs de bateaux.

« Il arrive que la marine israélienne confisque notre matériel. Souvent, ils nous accusent d’avoir dépassé la limite de pêche autorisée, même si c’est faux », indique Abdel Al Bardouil, 32 ans. Titulaire d’une licence d’EPS, Abdel rêvait par le passé de devenir professeur de sport, mais comme les autres, il a hérité du métier de son père. « J’espère que mes enfants feront autre chose. En attendant, continuer à aller en mer, c’est notre manière à nous de résister à l’occupation. »

Sentiment de liberté au port

Une fois revenus sur terre, les pêcheurs d’Al-Nuseirat transportent la marchandise à dos d’homme, vers la criée située à plusieurs kilomètres. Rougets, mérous, crevettes, sardines : le poisson est vendu en moyenne à 2 euros le kilo. « Une petite part est exportée vers la Cisjordanie, et le reste est consommé localement », indique Ibrahim Al Budouan, un ancien pêcheur. Ce sexagénaire à l’allure bonhomme achète en gros directement à Al-Nuseirat. « Certaines virées en mer ne sont pas rentables à cause du prix exorbitant de l’essence, ajoute-t-il. Nous sommes un peuple privé de sa liberté. »

À trente kilomètres à l’est, le port de Gaza City grignote le littoral. Après l’école, des adolescents s’y retrouvent. C’est l’un des seuls lieux accessibles leur procurant un sentiment de liberté. Aux côtés de pêcheurs à la ligne, qui espèrent pouvoir mieux nourrir leurs familles le soir même, des jeunes s’amusent à plonger depuis la digue du port. Laquelle est un assemblage de blocs de béton issus de bâtiments détruits par l’aviation israélienne.

« Libérez la Palestine », scandent en anglais des ados lorsqu’ils voient passer des étrangers. Au même moment, un bateau de la marine israélienne continue invariablement ses va-et-vient, à quelques kilomètres des côtes de l’enclave.

Pierre Coudurier le 04 juin 2023

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27 mai 2023 ~ 0 Commentaire

georges abdallah (jdd)

georges

Vingt-huit députés de gauche appellent à la libération de Georges Ibrahim Abdallah

TRIBUNE. Emmenés par la députée LFI Sylvie Ferrer, ces députés exigent la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant de la cause palestinienne condamné à la perpétuité depuis 1986 et 1987 pour possession d’un faux passeport et complicité dans l’assassinat des deux diplomates israéliens et américains.

Voici leur tribune.

« Georges Ibrahim Abdallah a eu 72 ans ce 2 avril. Ce défenseur de la cause palestinienne, combattant l’invasion du Liban, son pays, par les forces israéliennes, est arrêté en 1984 puis incarcéré pour possession d’un faux passeport. Il est ainsi condamné à perpétuité pour complicité dans l’assassinat des deux diplomates israéliens et américains.

Son procès à la Cour d’assises spéciale se déroule 2 ans plus tard à Paris, alors théâtre d’attentats sanglants commandités par l’Iran, qui ont manifestement conditionné sa condamnation à perpétuité en 1987 alors que la peine demandée par l’avocat général était de quinze ans. Georges Ibrahim Abdallah dépose alors successivement neuf demandes de libération conditionnelle, toutes refusées malgré l’appui des autorités libanaises. En 2012, il est transféré au centre pénitentiaire de Lannemezan où il est détenu actuellement

Libérable depuis 1999

En droit français, Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 1999. Et pourtant, il est toujours emprisonné, alors que la justice s’est prononcée pour sa libération ! Cela fait de Georges Ibrahim Abdallah le prisonnier politique le plus ancien dans une prison française, et à l’exception de l’Italie, probablement en Europe.

Par deux fois, en 2003 et 2013, alors que la justice d’application des peines avait décidé la libération de Georges Ibrahim Abdallah, les ambassades des Etats-Unis et d’Israël, et même Hillary Clinton en 2013, alors secrétaire d’Etat des Etats-Unis, sont intervenues pour peser sur le cours de la justice de notre pays, et obtenir qu’il ne soit pas libéré et renvoyé au Liban. C’est Dominique Perben qui une première fois s’y oppose, puis Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, qui, à leur demande, refuse de signer l’arrêté d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah vers le Liban.

Nous le réaffirmons : ce n’est ni aux Etats-Unis, ni à Israël de dicter la justice en France. La condition posée par la justice est maintenant qu’un arrêté d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah vers le Liban soit signé.

Le Liban a déjà dit qu’il était prêt à l’accueillir, et même demande cette expulsion. Nous demandons donc que le président de la République et ses ministres de l’Intérieur et de la Justice signent l’arrêté d’expulsion, et que Georges Ibrahim Abdallah soit enfin libéré, « expulsé » et puisse rejoindre sa famille au Liban !

Notre pays, porteur des principes universels des droits de l’Homme depuis la Révolution de 1789, peut et se doit à présent de permettre à Georges Ibrahim Abdallah âgé de 72 ans, emprisonné depuis 39 ans, de retrouver son pays. Aujourd’hui la France doit se montrer à la hauteur des idéaux universels d’égalité et de justice qu’elle porte. »

Sylvie Ferrer 27/05/2023

https://www.lejdd.fr/

La liste des signataires :

Sylvie Ferrer, Mathilde Panot, André Chassaigne, Charlotte Leduc, David Guiraud, Léo Walter, Hendrik Davi, Sylvain Carrière, Christophe Bex, Martine Etienne, Ségolène Amiot, Ersilia Soudais, Andrée Taurinya, Sophia Chikirou, Gabriel Amard, Thomas Portes, Loic Prudhomme, Adrien Quatennens, Michel Sala, Karen Erodi, Elisa Martin, Farida Amrani, Eric Coquerel, Jean-Paul Lecoq, Tematai Le Gayic, Soumya Bourouaha, Hubert Wulfranc, Aurélien Taché

Georges Ibrahim Abdallah (Wikiopédia)

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25 mai 2023 ~ 0 Commentaire

hamas (jdd inprecor)

gauche arabe

Qui sont les Frères musulmans ?

L’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker a reçu des menaces de mort pour avoir écrit un ouvrage sur les Frères musulmans. Mais quelle est cette organisation créée en Egypte ?

Après avoir reçu des menaces pour avoir écrit un ouvrage sur les Frères musulmans, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker a vu sa conférence prévue à la Sorbonne annulée pour des raisons de sécurité. Elle a été reçue hier par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Les Frères musulmans, c’est d’abord une organisation religieuse, politique et sociale créée en 1928 en Égypte par Hassan al-Banna, le grand-père de Tariq Ramadan. Son objectif originel ? Imposer l’Islam sunnite à travers le djihad et appliquer les préceptes du Coran contre « l’emprise laïque occidentale » et « l’imitation aveugle du modèle européen ».

La confrérie a rapidement créé des branches dans plusieurs pays, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Certaines ont porté un discours de non-violence quand d’autres ont appelé à prendre les armes au nom de la guerre sainte. L’organisation est ainsi qualifiée de terroriste dans plusieurs États – ce n’est pas le cas de la France, où elle est incarnée par l’association Musulmans de France. Soutenue financièrement par l’Arabie saoudite jusqu’à la guerre du Golfe – avant que Riyad ne rompe les ponts –, elle a déclenché plusieurs conflits armés et a connu des fortunes diverses.

Des leaders condamnés à mort en Égypte

En Égypte, elle acquiert la respectabilité sous Hosni Moubarak, même si ce dernier lui interdit le statut de parti politique. Après le printemps arabe de 2011, la confrérie remporte les législatives puis la présidentielle, avec l’élection, en juin 2012, de Mohamed Morsi. Mais un an plus tard, l’armée reprend le pouvoir, dissout le mouvement et condamne à mort plusieurs de ses leaders.

C’est au Soudan que les Frères musulmans sont restés le plus longtemps au pouvoir : ils étaient alors alliés au président Omar el-Bechir, qui a tenu le pays d’une main de fer entre 1989 et 2019. Enfin, la branche cisjordanienne a, elle, donné naissance en 1987 au Hamas, qui contrôle aujourd’hui la bande de Gaza.

Gaël Vaillant 25/05/2023

Lire aussi:

De la première Intifada au succès du Hamas

Processus révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient

Note:

A Gaza le Hamas sunnite (en théorie lié à l’Arabie Saoudite) est concurrencé par le Djihad Islamique: A Gaza, le Jihad islamique sort immensément populaire de son combat en première ligne.

Au Liban, c’est le Hezbollah Chiite, pro Iranien le plus puissant, il contrôle en fait l’Etat Libanais.

 

 

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16 mai 2023 ~ 0 Commentaire

gilbert ashcar (regards)

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10 mai 2023 ~ 0 Commentaire

mayotte

mayotte  dans Altermondialisme hopital-mayotte-2

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Mayotte : une campagne néo-coloniale de stérilisation ciblant les Comoriennes

L’opération policière « Wuambushu » a débuté le 24 avril dernier à Mayotte (océan Indien) pour expulser les sans-papiers vivants sur l’île (principalement des Comoriens et Comoriennes) et détruire leurs habitations précaires. Aux méthodes militaires de « décasage » de bidonvilles, le gouvernement ajoute une politique de contrôle des naissances, un classique de la gestion coloniale de la « surpopulation » dans les « outre-mer ».

Héritage de l’empire colonial, Mayotte est le département français le plus pauvre : environ 80 % de la population locale vit sous le seuil de pauvreté, et les sans-papiers représentent presque la moitié de la population (48 %).

L’île connaît un taux de fécondité plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale1 alors qu’une crise de l’accès à l’eau s’amplifie, sur un territoire déjà peu doté en services publics, ce qui a inévitablement mené à davantage de tensions sociales.

Au lieu de déployer un plan permettant de développer l’accès aux soins et à la contraception, de mieux répartir les ressources et les densités de population, l’État précarise davantage les femmes étrangères, qui ne pourront bientôt plus bénéficier des services liés à la protection maternelle infantile (PMI), qui fournit pourtant un accès à la contraception et un suivi gynécologique.

D’autant plus que l’aide médicale d’État (AME), qui est habituellement dédiée à la prise en charge des soins des personnes sans-papiers, ne s’applique pas à Mayotte. Pire encore : face à une situation d’extrême tension au centre hospitalier de Mayotte2, les femmes étrangères sont « incitées » à se faire ligaturer les trompes.

Olivier Brahic, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, déclarait le 24 mars dernier : « Je n’aime pas beaucoup ce terme mais c’est cela : on va proposer aux jeunes mères une stérilisation, en clair on leur proposera de leur ligaturer les trompes. »

Les femmes étrangères sont certes celles qui font le plus d’enfants à Mayotte, mais cette politique accrédite l’idée que l’accroissement des violences et des vols serait lié à un problème purement démographique, dont la responsabilité incomberait aux sans-papiers qui feraient trop d’enfants.

Cela alors que, contrairement à ce que sous-entend l’ARS qui présente la stérilisation comme un dernier recours face à une « catégorie de population3 » qui n’y serait par essence pas réceptive, le financement des services publics de santé et de la PMI a toujours été très insuffisant sur l’île.

Bien que la situation à Mayotte ait ses particularités, cette politique s’inscrit dans une constante historique de la gestion par l’État de la reproduction biologique dans les territoires dits d’« outre-mer » : dans les années 1970, alors qu’en métropole la natalité était promue (et l’interruption volontaire de grossesse (IVG) interdite jusqu’en 1975 !), des milliers de femmes subissaient des avortements ou stérilisation forcés à la Réunion4.

Aujourd’hui, même si les politiques d’austérité ont réduit les budgets pour les services publics, la politique sociale en métropole est toujours combinée à des objectifs d’encouragement de la natalité, pour favoriser la reproduction de nouvelles générations de travailleurs et de travailleuses. Par ailleurs, peu de moyens sont déployés pour faire face à la pénurie de misoprostol permettant la réalisation des IVG médicamenteuses.

De l’autre côté, les pouvoirs publics entravent l’accès à la maternité pour les femmes dans les « outre-mer » lorsque la croissance démographique est jugée trop élevée. Au-delà du caractère sexiste de la stérilisation des femmes et non des hommes, cette constante relève d’une logique non avouée de contrôle raciste et nationaliste des équilibres démographiques : la croissance démographique est davantage perçue comme un danger quand elle concerne les colonies.

Le mouvement féministe ne doit donc pas en rester à un universalisme abstrait, qui, en se concentrant sur « les droits », demeure aveugle tant aux différences de classe qu’aux politiques racistes qui touchent les femmes immigrées.

Nous savons que ce gouvernement n’est pas du côté des femmes et qu’il défendra uniquement les mesures « féministes » qui restent compatibles avec les intérêts de la classe dominante. Nous devons combattre avec la même force l’intervention contrainte sur le corps des femmes comme leur abandon sans moyen suffisant pour assurer leur santé, arracher au gouvernement et contre lui des mesures d’urgence pour les femmes de notre classe.

Claire Broussi  7 mai 2023

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09 mai 2023 ~ 0 Commentaire

nakba (presse de gauche)

nakba (presse de gauche) dans A gauche du PS

Du premier congrès sioniste à la Nakba de 1948

La déclaration unilatérale d’indépendance de l’État d’Israël en mai 1948 n’est pas tombée du ciel : elle est une étape décisive dans la consécration d’un projet national/colonial qui s’est développé en Europe dans la deuxième partie du 19e siècle.

Le 1er congrès sioniste se réunit en août 1897, à Bâle. Il consacre la transformation en mouvement politique d’un courant idéologique né en Europe au cours de la seconde moitié du 19e siècle.

Face au développement d’un antisémitisme virulent et meurtrier, les sionistes, dont l’une des principales figures est Theodor Herzl, auteur de l’État des Juifs (1896), postulent l’impossibilité d’une coexistence entre Juifs et nations européennes, et préconisent en conséquence la création d’un État juif. Ce courant est très minoritaire chez les Juifs, beaucoup plus attiréEs par les organisations ouvrières, tel le parti Bund qui regroupe en Europe orientale des centaines de milliers de militantEs juifs se revendiquant du socialisme.

Les résolutions du congrès de Bâle déterminent les objectifs du mouvement sioniste. Le but est « d’assurer au peuple juif un foyer en Palestine garanti par le droit public  ». Pour y parvenir, les délégués recommandent « l’encouragement systématique à la colonisation de la Palestine  » et « des démarches […] afin d’obtenir des gouvernements le consentement nécessaire pour atteindre le but du sionisme  ».

Ces deux recommandations annoncent deux contradictions qui structureront, et structurent encore, le conflit entre Israël et le peuple palestinien. La première est la contradiction entre la volonté de créer un État juif en Palestine et la présence d’un peuple sur cette terre (il n’y a que 5 % de Juifs en Palestine en 1900). La seconde est la contradiction entre la rhétorique émancipatrice du sionisme et sa communauté d’intérêts avec les pays impérialistes.

« Avant-garde de la civilisation contre la barbarie »

Le projet sioniste est un projet colonial qui suscite la désapprobation des autochtones. Il a donc besoin de l’appui des puissances qui dominent la région, notamment de la Grande-Bretagne qui exerce un mandat sur la Palestine après la Première Guerre mondiale. Ce soutien est affirmé en novembre 1917 par le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, qui déclare que « le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif  ».

Les Britanniques ont été convaincus par les garanties données par Chaïm Weizmann, dirigeant sioniste résidant à Manchester. Il a repris l’argument de Theodor Herzl, considéré comme le père fondateur du sionisme, qui écrivait que l’État juif serait « l’avant-garde de la civilisation contre la barbarie  ». Le premier gouverneur britannique de Jérusalem déclare au début des années 1920 que l’État juif sera «  un petit Ulster juif loyaliste dans un océan d’arabisme potentiellement hostile ».

Forte de ce soutien, la colonisation s’accélère dans les années 1920 et 1930. L’allégeance sioniste aux intérêts impérialistes se concrétise en 1936 : lors du premier soulèvement des PalestinienEs contre la colonisation juive et la tutelle britannique, les milices sionistes épaulent l’armée britannique pour écraser une révolte qui menace de prendre une ­tournure régionale.

Nettoyage ethnique

La Seconde Guerre mondiale et le génocide confèrent une légitimité nouvelle au sionisme. De plus, les grandes puissances voient plutôt d’un bon œil la création d’un État allié au cœur d’une région fortement déstabilisée par le développement des mouvements anticoloniaux. En novembre 1947, l’ONU décide d’un partage de la Palestine entre un État juif (54 % du territoire) et un État arabe (46 %).

Les Juifs ne représentent alors qu’un tiers de la population. Les dirigeants sionistes vont tout mettre en œuvre pour étendre la superficie de l’État juif et pour en expulser les non-Juifs : la colonisation n’ayant pas suffi, il faut en passer par le nettoyage ethnique. Lorsqu’en mai 1948 Israël déclare son indépendance, qui déclenche la première guerre israélo-arabe, 400 000 PalestinienEs ont déjà été chassés.

Entre 1947 et 1949, environ 800 000 PalestinienEs, soit 80 % de ceux qui résidaient à l’intérieur du territoire sur lequel Israël proclame son indépendance, sont expulséEs et deviennent des réfugiéEs. Ce ne sont pas des victimes « collatérales » de la guerre de 1948, mais les victimes d’un plan d’expulsion minutieusement établi, le Plan Daleth, dont l’objectif était simple : le plus de terre et le moins d’Arabes possible sous juridiction israélienne.

C’est la « Nakba », durant laquelle 10 000 PalestinienEs seront tués, dont certainEs au cours de véritables massacres, comme à Deir Yassine (avril 1948, plus de 100 morts) ou Kfar Etzion (mai 1948, plus de 100 morts).

Les forces armées sionistes prennent le contrôle de 774 villes et villages et en détruisent 531. L’État juif est né du nettoyage ethnique des PalestinienEs, au terme duquel, à l’armistice signé en février 1949, moins d’un tiers de la population s’est attribué 78 % de la superficie de la Palestine du Mandat.

mardi 9 mai 2023 Julien Salingue

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