Archive | Anticolonialisme

05 juin 2023 ~ 0 Commentaire

afrique-ukraine (afrique en lutte)

Les vendeurs de rue africains soutiennent l’Ukraine

La guerre, la déstabilisation et l’insécurité creusent les inégalités au nom des intérêts économiques et nous condamnons ces mesures inhumaines

Début mai, des vendeurs de rue de 47 pays se sont réunis à Kigali, la capitale du Rwanda, pour le 7e congrès international de StreetNet. La Confédération des syndicats indépendants d’Ukraine était représentée à cet événement important par la présidente du syndicat des entrepreneurs d’Ukraine, Valentina Korobka, et son adjoint, Leonid Tonkovyd. StreetNet a été officiellement lancé le 14 novembre 2002 en tant qu’alliance de vendeurs de rue réunissant des organisations membres (syndicats, coopératives ou associations) qui organisent directement les vendeurs de rue et défendent les droits des travailleurs de l’économie informelle.
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Le 4 mai, Valentina Korobka, responsable du syndicat indépendant des entrepreneurs d’Ukraine, s’est exprimée lors du 7è congrès international de StreetNet. Elle a parlé de la situation après l’attaque militaire de l’armée russe, de la vie et du travail sous les tirs constants de missiles et d’artillerie et sous les bombardements. Valentina Korobka a indiqué que 41 membres de l’Union libre des entrepreneurs d’Ukraine étaient décédés au cours de la seule année écoulée. Les délégués au Congrès ont exprimé leur soutien sincère et émotionnel à l’Ukraine.
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Déclaration de Streetnet
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Le 24 février 2022, la Russie a commencé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, lançant des attaques à la roquette dans plusieurs villes ukrainiennes pour cibler des unités militaires et des aéroports stratégiques. Le 25 février, les troupes russes ont bombardé et sont entrées dans la capitale ukrainienne de Kiev. Cet acte de guerre a des conséquences dévastatrices pour tous les Ukrainiens, mais aussi pour le monde dans son ensemble, surtout à un moment où les pays sont déjà aux prises avec une crise économique et une pandémie mondiale.
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Tout type de conflit armé aura toujours des conséquences terribles pour tous les travailleurs, mais l’invasion de l’Ukraine est particulièrement préoccupante pour StreetNet. Nous devons exprimer notre entière solidarité avec notre organisation affiliée Syndicat libre des entrepreneurs d’Ukraine (FTUEU- KVPU) et tous ses membres, ainsi qu’avec les membres de l’équipe ukrainienne de StreetNet, y compris notre coordinatrice internationale Oksana Abboud.
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Les conséquences de cette invasion sont imprévisibles, cependant, nous savons que les membres les plus vulnérables de la société, les pauvres, comme les travailleurs de l’économie informelle, les civils qui n’ont jamais choisi la guerre sont toujours ceux qui souffrent le plus, contrairement à ceux qui sont assis sur leur des conseils géopolitiques jouant avec des vies humaines. La guerre, la déstabilisation et l’insécurité creusent les inégalités au nom des intérêts économiques et nous condamnons ces mesures inhumaines qui ne respectent pas la souveraineté du peuple et peuvent être utilisées au 21è siècle.
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Nous ne pouvons qu’en appeler à la solidarité entre tous les travailleurs pour résister aux bellicistes et nous tenir aux côtés de nos camarades ukrainiens dans l’unité et la prière pour la paix.
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Gloire à l’Ukraine et ses Héros 26 mai 2023
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04 juin 2023 ~ 0 Commentaire

gaza (le télégramme)

gaza

« Nous sommes un peuple privé de sa liberté » : à Gaza, la détresse des pêcheurs appauvris par le blocus

Zones de pêches réduites, confiscation de matériel… Le blocus israélien, qui verrouille la bande de Gaza depuis plus de quinze ans, touche particulièrement le secteur de la pêche. En première ligne, les pêcheurs cherchent à survivre.

23 mai, non loin du camp de réfugiés de Al-Nuseirat, à Gaza. Sur une longue bande de sable reposent des dizaines de barques bleu-vert et jaune vif. À l’arrière de celles-ci dépassent des fils en métal, reliés à des moteurs situés en haut de la plage, lesquels permettent de tracter les rafiots.

La journée de travail est terminée, et on tente de renouer avec la normalité, onze jours après la fin de la dernière escalade militaire avec Israël. Les pêcheurs sirotent du café, abrités sous une cabane en feuilles de palmiers. « À l’époque, nos parents vivaient bien mieux que nous. Malgré le manque de moyens, la pêche était bonne », confie Mohamed Ahna Al Moussaoui, jeune homme de 26 ans à la barbe broussailleuse, et au visage marqué par le soleil. En 2020, Mohamed et deux de ses amis ont acheté à crédit un bateau. Celui-ci devant permettre, en principe, de nourrir trois familles, soit plus de 30 personnes. À Gaza, la pêche est essentiellement vivrière. Mais en cas d’affrontements avec l’État hébreu, comme le 8 mai dernier, plus personne ne prend la mer. « Nous devons alors contracter des prêts pour manger », déplore Mohamed.

Zones de pêche réduites et matériel confisqué

Territoire exigu de 360 kilomètres carrés où s’entassent 2,3 millions de Palestiniens, la bande de Gaza subit un blocus israélien depuis 2007. Et les pêcheurs sont en première ligne. « Les autorités israéliennes réduisent généralement les zones de pêches entre 3 et 12 milles nautiques. Mais les eaux les plus poissonneuses sont situées au-delà », explique Jehad Abu Hassan, coordinateur terrain de l’ONG Première urgence internationale. Les accords israélo-palestiniens d’Oslo, signés dans les années 1990, fixaient pourtant la limite de pêche à un maximum de 20 milles nautiques. « Dans ces conditions, le secteur ne peut guère renforcer l’économie palestinienne », reprend Jehad.

Néanmoins, via des financements européens, des éclairages alimentés par panneaux solaires ont été installés à Al-Nuseirat, afin d’éviter les accidents lors des retours nocturnes. Et quelques pêcheurs bénéficient d’une aide humanitaire, à défaut de recevoir un soutien du Hamas qui contrôle Gaza depuis 2007. Pour le reste, ils ont à peine de quoi survivre. L’importation de fibre de verre est interdite, ainsi que les moteurs de bateaux.

« Il arrive que la marine israélienne confisque notre matériel. Souvent, ils nous accusent d’avoir dépassé la limite de pêche autorisée, même si c’est faux », indique Abdel Al Bardouil, 32 ans. Titulaire d’une licence d’EPS, Abdel rêvait par le passé de devenir professeur de sport, mais comme les autres, il a hérité du métier de son père. « J’espère que mes enfants feront autre chose. En attendant, continuer à aller en mer, c’est notre manière à nous de résister à l’occupation. »

Sentiment de liberté au port

Une fois revenus sur terre, les pêcheurs d’Al-Nuseirat transportent la marchandise à dos d’homme, vers la criée située à plusieurs kilomètres. Rougets, mérous, crevettes, sardines : le poisson est vendu en moyenne à 2 euros le kilo. « Une petite part est exportée vers la Cisjordanie, et le reste est consommé localement », indique Ibrahim Al Budouan, un ancien pêcheur. Ce sexagénaire à l’allure bonhomme achète en gros directement à Al-Nuseirat. « Certaines virées en mer ne sont pas rentables à cause du prix exorbitant de l’essence, ajoute-t-il. Nous sommes un peuple privé de sa liberté. »

À trente kilomètres à l’est, le port de Gaza City grignote le littoral. Après l’école, des adolescents s’y retrouvent. C’est l’un des seuls lieux accessibles leur procurant un sentiment de liberté. Aux côtés de pêcheurs à la ligne, qui espèrent pouvoir mieux nourrir leurs familles le soir même, des jeunes s’amusent à plonger depuis la digue du port. Laquelle est un assemblage de blocs de béton issus de bâtiments détruits par l’aviation israélienne.

« Libérez la Palestine », scandent en anglais des ados lorsqu’ils voient passer des étrangers. Au même moment, un bateau de la marine israélienne continue invariablement ses va-et-vient, à quelques kilomètres des côtes de l’enclave.

Pierre Coudurier le 04 juin 2023

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27 mai 2023 ~ 0 Commentaire

georges abdallah (jdd)

georges

Vingt-huit députés de gauche appellent à la libération de Georges Ibrahim Abdallah

TRIBUNE. Emmenés par la députée LFI Sylvie Ferrer, ces députés exigent la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant de la cause palestinienne condamné à la perpétuité depuis 1986 et 1987 pour possession d’un faux passeport et complicité dans l’assassinat des deux diplomates israéliens et américains.

Voici leur tribune.

« Georges Ibrahim Abdallah a eu 72 ans ce 2 avril. Ce défenseur de la cause palestinienne, combattant l’invasion du Liban, son pays, par les forces israéliennes, est arrêté en 1984 puis incarcéré pour possession d’un faux passeport. Il est ainsi condamné à perpétuité pour complicité dans l’assassinat des deux diplomates israéliens et américains.

Son procès à la Cour d’assises spéciale se déroule 2 ans plus tard à Paris, alors théâtre d’attentats sanglants commandités par l’Iran, qui ont manifestement conditionné sa condamnation à perpétuité en 1987 alors que la peine demandée par l’avocat général était de quinze ans. Georges Ibrahim Abdallah dépose alors successivement neuf demandes de libération conditionnelle, toutes refusées malgré l’appui des autorités libanaises. En 2012, il est transféré au centre pénitentiaire de Lannemezan où il est détenu actuellement

Libérable depuis 1999

En droit français, Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 1999. Et pourtant, il est toujours emprisonné, alors que la justice s’est prononcée pour sa libération ! Cela fait de Georges Ibrahim Abdallah le prisonnier politique le plus ancien dans une prison française, et à l’exception de l’Italie, probablement en Europe.

Par deux fois, en 2003 et 2013, alors que la justice d’application des peines avait décidé la libération de Georges Ibrahim Abdallah, les ambassades des Etats-Unis et d’Israël, et même Hillary Clinton en 2013, alors secrétaire d’Etat des Etats-Unis, sont intervenues pour peser sur le cours de la justice de notre pays, et obtenir qu’il ne soit pas libéré et renvoyé au Liban. C’est Dominique Perben qui une première fois s’y oppose, puis Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, qui, à leur demande, refuse de signer l’arrêté d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah vers le Liban.

Nous le réaffirmons : ce n’est ni aux Etats-Unis, ni à Israël de dicter la justice en France. La condition posée par la justice est maintenant qu’un arrêté d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah vers le Liban soit signé.

Le Liban a déjà dit qu’il était prêt à l’accueillir, et même demande cette expulsion. Nous demandons donc que le président de la République et ses ministres de l’Intérieur et de la Justice signent l’arrêté d’expulsion, et que Georges Ibrahim Abdallah soit enfin libéré, « expulsé » et puisse rejoindre sa famille au Liban !

Notre pays, porteur des principes universels des droits de l’Homme depuis la Révolution de 1789, peut et se doit à présent de permettre à Georges Ibrahim Abdallah âgé de 72 ans, emprisonné depuis 39 ans, de retrouver son pays. Aujourd’hui la France doit se montrer à la hauteur des idéaux universels d’égalité et de justice qu’elle porte. »

Sylvie Ferrer 27/05/2023

https://www.lejdd.fr/

La liste des signataires :

Sylvie Ferrer, Mathilde Panot, André Chassaigne, Charlotte Leduc, David Guiraud, Léo Walter, Hendrik Davi, Sylvain Carrière, Christophe Bex, Martine Etienne, Ségolène Amiot, Ersilia Soudais, Andrée Taurinya, Sophia Chikirou, Gabriel Amard, Thomas Portes, Loic Prudhomme, Adrien Quatennens, Michel Sala, Karen Erodi, Elisa Martin, Farida Amrani, Eric Coquerel, Jean-Paul Lecoq, Tematai Le Gayic, Soumya Bourouaha, Hubert Wulfranc, Aurélien Taché

Georges Ibrahim Abdallah (Wikiopédia)

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25 mai 2023 ~ 0 Commentaire

hamas (jdd inprecor)

gauche arabe

Qui sont les Frères musulmans ?

L’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker a reçu des menaces de mort pour avoir écrit un ouvrage sur les Frères musulmans. Mais quelle est cette organisation créée en Egypte ?

Après avoir reçu des menaces pour avoir écrit un ouvrage sur les Frères musulmans, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker a vu sa conférence prévue à la Sorbonne annulée pour des raisons de sécurité. Elle a été reçue hier par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Les Frères musulmans, c’est d’abord une organisation religieuse, politique et sociale créée en 1928 en Égypte par Hassan al-Banna, le grand-père de Tariq Ramadan. Son objectif originel ? Imposer l’Islam sunnite à travers le djihad et appliquer les préceptes du Coran contre « l’emprise laïque occidentale » et « l’imitation aveugle du modèle européen ».

La confrérie a rapidement créé des branches dans plusieurs pays, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Certaines ont porté un discours de non-violence quand d’autres ont appelé à prendre les armes au nom de la guerre sainte. L’organisation est ainsi qualifiée de terroriste dans plusieurs États – ce n’est pas le cas de la France, où elle est incarnée par l’association Musulmans de France. Soutenue financièrement par l’Arabie saoudite jusqu’à la guerre du Golfe – avant que Riyad ne rompe les ponts –, elle a déclenché plusieurs conflits armés et a connu des fortunes diverses.

Des leaders condamnés à mort en Égypte

En Égypte, elle acquiert la respectabilité sous Hosni Moubarak, même si ce dernier lui interdit le statut de parti politique. Après le printemps arabe de 2011, la confrérie remporte les législatives puis la présidentielle, avec l’élection, en juin 2012, de Mohamed Morsi. Mais un an plus tard, l’armée reprend le pouvoir, dissout le mouvement et condamne à mort plusieurs de ses leaders.

C’est au Soudan que les Frères musulmans sont restés le plus longtemps au pouvoir : ils étaient alors alliés au président Omar el-Bechir, qui a tenu le pays d’une main de fer entre 1989 et 2019. Enfin, la branche cisjordanienne a, elle, donné naissance en 1987 au Hamas, qui contrôle aujourd’hui la bande de Gaza.

Gaël Vaillant 25/05/2023

Lire aussi:

De la première Intifada au succès du Hamas

Processus révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient

Note:

A Gaza le Hamas sunnite (en théorie lié à l’Arabie Saoudite) est concurrencé par le Djihad Islamique: A Gaza, le Jihad islamique sort immensément populaire de son combat en première ligne.

Au Liban, c’est le Hezbollah Chiite, pro Iranien le plus puissant, il contrôle en fait l’Etat Libanais.

 

 

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09 mai 2023 ~ 0 Commentaire

nakba (presse de gauche)

nakba (presse de gauche) dans A gauche du PS

Du premier congrès sioniste à la Nakba de 1948

La déclaration unilatérale d’indépendance de l’État d’Israël en mai 1948 n’est pas tombée du ciel : elle est une étape décisive dans la consécration d’un projet national/colonial qui s’est développé en Europe dans la deuxième partie du 19e siècle.

Le 1er congrès sioniste se réunit en août 1897, à Bâle. Il consacre la transformation en mouvement politique d’un courant idéologique né en Europe au cours de la seconde moitié du 19e siècle.

Face au développement d’un antisémitisme virulent et meurtrier, les sionistes, dont l’une des principales figures est Theodor Herzl, auteur de l’État des Juifs (1896), postulent l’impossibilité d’une coexistence entre Juifs et nations européennes, et préconisent en conséquence la création d’un État juif. Ce courant est très minoritaire chez les Juifs, beaucoup plus attiréEs par les organisations ouvrières, tel le parti Bund qui regroupe en Europe orientale des centaines de milliers de militantEs juifs se revendiquant du socialisme.

Les résolutions du congrès de Bâle déterminent les objectifs du mouvement sioniste. Le but est « d’assurer au peuple juif un foyer en Palestine garanti par le droit public  ». Pour y parvenir, les délégués recommandent « l’encouragement systématique à la colonisation de la Palestine  » et « des démarches […] afin d’obtenir des gouvernements le consentement nécessaire pour atteindre le but du sionisme  ».

Ces deux recommandations annoncent deux contradictions qui structureront, et structurent encore, le conflit entre Israël et le peuple palestinien. La première est la contradiction entre la volonté de créer un État juif en Palestine et la présence d’un peuple sur cette terre (il n’y a que 5 % de Juifs en Palestine en 1900). La seconde est la contradiction entre la rhétorique émancipatrice du sionisme et sa communauté d’intérêts avec les pays impérialistes.

« Avant-garde de la civilisation contre la barbarie »

Le projet sioniste est un projet colonial qui suscite la désapprobation des autochtones. Il a donc besoin de l’appui des puissances qui dominent la région, notamment de la Grande-Bretagne qui exerce un mandat sur la Palestine après la Première Guerre mondiale. Ce soutien est affirmé en novembre 1917 par le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, qui déclare que « le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif  ».

Les Britanniques ont été convaincus par les garanties données par Chaïm Weizmann, dirigeant sioniste résidant à Manchester. Il a repris l’argument de Theodor Herzl, considéré comme le père fondateur du sionisme, qui écrivait que l’État juif serait « l’avant-garde de la civilisation contre la barbarie  ». Le premier gouverneur britannique de Jérusalem déclare au début des années 1920 que l’État juif sera «  un petit Ulster juif loyaliste dans un océan d’arabisme potentiellement hostile ».

Forte de ce soutien, la colonisation s’accélère dans les années 1920 et 1930. L’allégeance sioniste aux intérêts impérialistes se concrétise en 1936 : lors du premier soulèvement des PalestinienEs contre la colonisation juive et la tutelle britannique, les milices sionistes épaulent l’armée britannique pour écraser une révolte qui menace de prendre une ­tournure régionale.

Nettoyage ethnique

La Seconde Guerre mondiale et le génocide confèrent une légitimité nouvelle au sionisme. De plus, les grandes puissances voient plutôt d’un bon œil la création d’un État allié au cœur d’une région fortement déstabilisée par le développement des mouvements anticoloniaux. En novembre 1947, l’ONU décide d’un partage de la Palestine entre un État juif (54 % du territoire) et un État arabe (46 %).

Les Juifs ne représentent alors qu’un tiers de la population. Les dirigeants sionistes vont tout mettre en œuvre pour étendre la superficie de l’État juif et pour en expulser les non-Juifs : la colonisation n’ayant pas suffi, il faut en passer par le nettoyage ethnique. Lorsqu’en mai 1948 Israël déclare son indépendance, qui déclenche la première guerre israélo-arabe, 400 000 PalestinienEs ont déjà été chassés.

Entre 1947 et 1949, environ 800 000 PalestinienEs, soit 80 % de ceux qui résidaient à l’intérieur du territoire sur lequel Israël proclame son indépendance, sont expulséEs et deviennent des réfugiéEs. Ce ne sont pas des victimes « collatérales » de la guerre de 1948, mais les victimes d’un plan d’expulsion minutieusement établi, le Plan Daleth, dont l’objectif était simple : le plus de terre et le moins d’Arabes possible sous juridiction israélienne.

C’est la « Nakba », durant laquelle 10 000 PalestinienEs seront tués, dont certainEs au cours de véritables massacres, comme à Deir Yassine (avril 1948, plus de 100 morts) ou Kfar Etzion (mai 1948, plus de 100 morts).

Les forces armées sionistes prennent le contrôle de 774 villes et villages et en détruisent 531. L’État juif est né du nettoyage ethnique des PalestinienEs, au terme duquel, à l’armistice signé en février 1949, moins d’un tiers de la population s’est attribué 78 % de la superficie de la Palestine du Mandat.

mardi 9 mai 2023 Julien Salingue

https://www.pressegauche.org/

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07 mai 2023 ~ 0 Commentaire

bobby sands ( joe donovan)

bobby sands ( joe donovan) dans Altermondialisme Peace_Line_Belfast_-_geograph_-_1254138
Un mur de séparation à Belfast. Crédit photo : Ross, www.geograph.org.uk
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L’Irlande du Nord, 25 ans après la fin du conflit nord-irlandais

Le 5 mai dernier, c’était le 42e anniversaire de la mort de Bobby Sands, 27 ans, membre de l’IRA, élu député Sinn Fein à la Chambre des communes moins d’un mois avant sa mort, le 9 avril 1981. Il est mort dans la prison de Maze, en Irlande du Nord, à la suite de la grève de la faim qu’il avait entamée deux mois auparavant pour réclamer, avec ses codétenus de l’IRA, le statut de prisonnier de guerre.

Peu auparavant, le 25e anniversaire de l’accord du Vendredi saint – signé le 10 avril 1998 et qui avait mis fin à trente ans de conflit – a été l’occasion de la visite du président Joe Biden, d’origine irlandaise, à Belfast ainsi que de Bill et Hillary Clinton. Visite qui a été l’occasion de toutes sortes de raouts où dirigeants britanniques, irlandais et américains se sont félicités de cet accord, mais aussi du rôle, en partie facilitateur, joué par les États-Unis.

Cet accord avait été signé entre les nationalistes irlandais partisans de l’unification de l’Irlande dans une république indépendante et les unionistes, partisans du maintien dans le Royaume-Uni1.

Parmi les clauses de l’accord figure la création d’un Parlement local où sont représentés les deux camps qui se partagent le pouvoir. Les anciens paramilitaires des deux côtés ont ainsi troqué le kaki pour le costume trois pièces.

Le principal parti unioniste en perte de vitesse

Or, depuis les élections de mai 2022, ce sont les républicains irlandais du Sinn Fein (constitué notamment d’anciens paramilitaires républicains irlandais) qui sont devenus le premier parti représenté à ce Parlement. La vice-présidente du Sinn Fein devrait donc normalement devenir cheffe du gouvernement d’Irlande du Nord… si l’Assemblée se réunit. Car le Parti unioniste démocratique (DUP), jusque-là premier parti par son nombre de députés, refuse désormais d’y siéger.

La baisse du nombre de voix du DUP (– 6,7 %) a des causes multiples et s’est faite en quelque sorte par les deux bouts.

Le Sinn Fein n’a que peu progressé (+ 1,1 %), mais il a reçu un soutien d’électeurs nationalistes qui reprochaient au DUP de ne pas se prononcer sur la formation d’un gouvernement de coalition avec le Sinn Fein et refusent désormais les attitudes suprémacistes protestantes.

D’un autre côté, selon le journaliste Sam McBride du Belfast Telegraph, qui suit de près ce qui se passe dans la mouvance unioniste, cette dernière, en même temps qu’elle perdait de l’influence, se serait radicalisée :

« L’unionisme est en train de se rétrécir et de se durcir. » Cela se traduit par un changement de rapport de force au sein même de l’unionisme pro-britannique, certains électeurs du DUP se déplaçant vers le TUV (Voix traditionaliste unioniste, + 5,1 %) qui a surfé sur les conditions d’établissement du Brexit : du fait du maintien de l’Irlande dans l’Union européenne, une barrière douanière entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, a été créée, faisant craindre à une partie de la population unioniste un rapprochement inéluctable avec la république d’Irlande. En tout cas, le DUP ne peut pas, même s’il le souhaitait, siéger pour l’instant au Parlement du fait de cette concurrence des unionistes plus radicaux qui refusent de laisser un gouvernement se créer tant que la situation antérieure au Brexit n’est pas rétablie avec un commerce sans barrière entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord2.

La situation politique est donc bloquée du fait du système de la coalition obligatoire entre les deux camps : si l’un des deux refuse d’y participer, le gouvernement ne peut pas exister.

Dans la communauté loyaliste, une partie de la jeunesse avait exprimé par la violence sa peur de voir l’Irlande du Nord se rapprocher de la république d’Irlande. Les groupes paramilitaires loyalistes3 se sont par exemple appuyés sur cette situation pour organiser une attaque factice contre le ministre irlandais des Affaires étrangères qui avait fait un déplacement à Belfast pour parler de… réconciliation.

Les protestants unionistes ont le sentiment que le sol se dérobe sous leurs pieds et que le gouvernement britannique les a trahis, leur place dans le Royaume-Uni étant remise en cause sans leur consentement. Sentiment aiguisé par la situation mise en évidence par les résultats du recensement de 2021 montrant que la population protestante n’est plus majoritaire en Irlande du Nord.

Désormais, ceux qui se définissent comme catholiques représentent 45 % de la population, contre 44 % pour les protestants. C’est la première fois que les catholiques (plutôt en faveur de l’unification irlandaise) ne sont plus une minorité dans cette entité nord-irlandaise créée en 1921 après la guerre d’indépendance (1919-1921) et dont les frontières avaient été dessinées pour garantir une majorité protestante pro-britannique dans cette partie de l’île et maintenir ainsi une pesante présence de l’ancienne puissance coloniale en Irlande4.

Le clivage protestants unionistes contre catholiques républicains fait un peu moins recette

Mais une partie de la population d’Irlande du Nord, en particulier parmi les jeunes, ne se définit plus comme unioniste ou nationaliste, refusant les clivages confessionnels qui ont fait s’affronter plusieurs générations. Cela s’est traduit par la progression du parti Alliance d’Irlande du Nord, parti centriste qui, comme son nom l’indique, se positionne pour le dépassement des clivages confessionnels. Avec 13,5 % des suffrages exprimés, il est désormais le troisième parti représenté au Parlement et a plus que doublé le nombre de ses sièges, passant de 8 en 2017 à 17. Il a rassemblé au-delà de son électorat constitué jusque-là de la petite bourgeoisie aisée des beaux quartiers de Belfast. Il s’est même payé le luxe de battre le DUP dans une circonscription fortement unioniste de la côte.

À tout cela s’ajoute la perte d’influence dans la république d’Irlande de l’Église catholique, secouée par de nombreux scandales, ce qui joue un rôle non négligeable dans le regard qu’une partie de la nouvelle génération d’Irlande du Nord porte sur un éventuel rapprochement entre les deux parties de l’île. Le référendum de 2018 légalisant l’avortement en république d’Irlande dans ce pays où l’Église et les culs-bénis étouffaient la société aurait tout simplement été impensable il y a 25 ans. Les dirigeants unionistes d’Irlande du Nord ne peuvent donc plus utiliser ce véritable repoussoir pour maintenir la population protestante dans leur giron.

Le Sinn Fein à la recherche d’une image respectable

Quant au Sinn Fein, son recentrage est de plus en plus perceptible : selfies avec Joe Biden, absence de critiques sur le rôle de l’impérialisme américain au Moyen-Orient et ailleurs – autant de choses qui ne surprennent plus tant le Sinn Fein joue la carte américaine.

Mais le discours sur la monarchie britannique, pour des gens qui se réclament d’une république, est notable. Tout a été fait au moment de la mort d’Elizabeth II pour ne surtout pas froisser les sentiments monarchistes de l’establishment britannique, notamment unioniste. Le Sinn Fein avait transmis des consignes à ses militants pour ne pas créer de remous sur les réseaux sociaux, alors même que, dans des quartiers catholiques, certains célébraient la mort de la reine. Michelle O Neill, vice-présidente du Sinn Fein et dirigeante potentielle de l’Irlande du Nord, a été invitée au couronnement de Charles III et y sera présente.

Il s’agit de rassurer les classes dirigeantes sur le caractère « raisonnable » du Sinn Fein, qui s’apprête à prendre le pouvoir en Irlande du Nord et qui est bien positionné dans les sondages en république d’Irlande.

Des problèmes communs auxquels se heurtent les deux communautés

Depuis 1998, une nouvelle génération appelée les « bébés de la paix » a grandi, moins préoccupée par les questions sur le statut de l’Irlande du Nord (Irlande unie ou maintien dans le Royaume-Uni) et plus occupée par les questions sociales et écologiques. L’Irlande du Nord connait des grèves, notamment dans l’éducation, du fait du manque de moyens dans les services publics. Ce qui risque d’être aggravé par les coupes budgétaires que prépare le gouvernement britannique en l’absence d’un gouvernement local. Le service de santé en Irlande du Nord est particulièrement en difficulté avec 6 000 patients qui attendent plus de cinq ans pour des opérations chirurgicales.

Cette situation crée des problèmes pour tous les travailleurs, quelle que soit leur « appartenance communautaire », ce qui a par exemple entraîné plusieurs jours de grève chez les enseignants.

Mais, malgré la paix fragile qui permet aussi à des jeunes de se poser ces questions d’avenir, la séparation entre les deux communautés subsiste. Les jeunes de part et d’autre des murs de séparation5 vont dans des écoles différentes, pratiquent des sports différents et ne se rencontrent pas avant l’université, voire ne se rencontrent jamais, sauf à aller dans les quelques écoles intégrées qui réunissent les enfants issus des deux communautés.

Par ailleurs, dans les quartiers ouvriers des deux communautés, ils font face à la pression de la criminalité organisée, de la pauvreté et des autres symptômes d’une misère plus accentuée qu’ailleurs au Royaume-Uni. Ainsi l’Irlande du Nord connait un taux de chômage élevé et un taux de suicide supérieur au reste du Royaume-Uni.

L’accord du Vendredi saint et son anniversaire a donc permis à quelques dirigeants impérialistes de parader pour s’auto-congratuler, mais le chômage reste élevé, les conditions de vie misérables pour toute une partie des classes populaires. Et la question nationale n’est toujours pas réglée.

Un certain nombre de jeunes cherchent à se détacher des lourdes chaînes des clivages communautaires qui n’ont réglé aucun des problèmes, ni nationaux, ni, évidemment, sociaux. Les groupes tentant de les placer sur le terrain des travailleurs sont aujourd’hui très faibles, même si l’un d’entre eux – le parti Le peuple avant le profit – a obtenu 1,4 % des suffrages et un siège au Parlement. Mais mettre en avant que le clivage fondamental dans la société est un clivage de classe est la seule façon d’ouvrir la perspective d’une réunification de l’île dans une république des travailleurs et de tourner le dos au Brexit au sein d’une Fédération socialiste des travailleurs d’Europe. Cela peut paraître une perspective lointaine aujourd’hui, mais c’est pourtant la seule qui soit porteuse d’espoir.

Joe Donovan  6 mai 2023

Commentaire:

L’Unionisme est l’idéologie qui soude tous les « protestants ». Elle est la branche locale des conservateurs britanniques et elle est soutenue par les travaillistes anglais. Elle n’a jamais été majoritaire car le découpage de 1921 excluait 3 comtés nationalistes, ruraux. Ils ont fait à la guerre mais à qui? L’IRA étant clandestine ils assassinaient au hasard des catholiques.

Le nationalisme concerne les irlandais opposés à « la violence ». Les « républicains » ne sont pas (en parole)  contre toute violence. Le parti de l’Alliance est « unioniste » mais modéré. Cela ne posait pas problème à des nationalistes d’être dans la police ou l’armée anglaise.

Le Nationalisme et son parti au Nord, le SDLP, autrefois hégémonique, renvoie aussi au soutien de la soi-disant communauté irlando-américaine allié à l’estalishment du SUD, dont on attend toujours une aide et pourtant c’est « la » solution de Gerry Adams.

Si les unionistes sont soudés religieusement, pas les nationalistes qui hébergent libre-penseurs , communistes etc

« Faire des enfants » n’est pas la solution, tous les enfants catholiques ne sont pas militants ou certains émigrent. Il faut donc une lutte de classe, plus facile à dire qu’à faire!

 

 

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06 mai 2023 ~ 0 Commentaire

Wuambushu (NPA)

Crédit Photo DR.
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Mayotte : arrêt immédiat de l’opération colonialiste Wuambushu !

Depuis une semaine, Gérald Darmanin essaye de mettre en œuvre une opération nauséabonde à Mayotte, visant à démanteler, « décaser » des quartiers entiers, expulser 24 000 habitants de l’île en deux mois, 400 personnes par jour.

Faisant l’amalgame entre insécurité, délinquance et immigration, il veut faire des plus de 40% de la population venue des autres îles de l’archipel des Comores, les responsables de tous les maux, cherchant à attiser toutes les divisions au sein de la population.

Le ministre de l’Intérieur qui a récupéré l’année dernière le portefeuille de l’Outremer, veut aussi se faire une publicité préélectorale et faire de l’opération Wuambushu les prémisses racistes de la loi immigration qu’il cherche à faire passer au parlement. Pire, à Mayotte, existe des dispositions dérogatoires au droit français : le droit du sol n’y est pas appliqué, et dépend de la résidence des parents : un tiers des « étrangers » à Mayotte sont nés et ont toujours vécus dans l’île. De plus, pour les titulaires de titres de séjour, Mayotte n’est pas la France, puisque leur titre ne leur permet pas de circuler dans les autres départements français. De fait, toutes ces distorsions créent des étrangers à Mayotte et exacerbent les tensions.

L’archipel divisé en 1975

Toute la population de Mayotte est comorienne, avec la même histoire, la même langue, la même religion, mais l’archipel des Comores a été divisé par la France à l’heure de la décolonisation en 1975, laissant Mayotte sous la coupe du colonisateur.  Et pire, depuis 1995, les Comoriens des autres îles, ont perdu la liberté de circulation et doivent obtenir un visa pour entrer à Mayotte. Un peu plus de 50% des habitants de Mayotte ont des papiers français, les autres, avec ou sans permis de séjour, viennent essentiellement des autres îles de l’archipel des Comores. C’est sur eux et elles que repose une bonne partie de la main d’œuvre des BTP et de l’agriculture.

Mais Darmanin fait des « étrangers comoriens » les responsables de la misère, de la délinquance et des violences à Mayotte « les 60 bandes criminelles », « les délinquants étrangers » associant comme en France délinquance et immigration. C’est sur la seule population sans-papiers que le gouvernement fait retomber la responsabilité de la misère et des violences à Mayotte, des agressions et règlements de comptes entre bandes de jeunes alors que 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté et que l’habitat informel avec les bangas et les bidonvilles concerne 40% des logements.

Les bandes de jeunes, les rackets et agressions ne sont pas le seul fait de jeunes arrivés d’Anjouan, l’habitat insalubre concerne aussi les Mahorais. La misère et la violence dans l’île ne sera pas réglée mais amplifiée par l’opération de Darmanin. Si les dirigeants français ont voulu garder Mayotte, ils n’en ont pas moins depuis 50 ans laissé les Mahorais dans la misère, l’île étant le 101e département et le moins doté en subvention publique, pour le logement, la santé, l’éducation, en proportion de ses 300 000 habitants, ce qui pousse beaucoup de jeunes Mahorais à migrer à La Réunion ou en France, tout comme les habitants des autres île des Comores migrent vers Mayotte pour y trouver, malgré tout, de meilleures conditions de vie.

Plus de 44 arrêtés de création de locaux de rétention

Darmanin met en scène en l’amplifiant et l’accélérant une pratique régulière du pouvoir depuis des années. Rien qu’en 2022, le CRA de Pamandzi a vu l’internement de 26 000 personnes aboutissant à 76% d’expulsions, car là aussi à Mayotte, le droit est dérogatoire : les recours devant le tribunal administratif ne suspendent pas les OQTF, l’AME (aide médicale de l’État), pour les étrangers, ne s’applique pas à Mayotte. Depuis des années des destructions de milliers de bangas, d’expulsions de Comoriens vers Anjouan, et sans doute, près de 15 000 morts sur des embarcations de Comoriens cherchant à atteindre Mayotte.

L’opération policière, en ce moment, se fait avec les projecteurs des médias français, avec 5 escadrons de gendarmerie, plus de 400 militaires et une unité de CRS, 1 800 hommes pour que Darmanin présente son combat contre l’immigration, détruisant des quartiers, déscolarisant des enfants, sans aucune garantie de relogement, expulsant en 72 heures sans que puisse s’exercer les droits de recours, sans relogement pour les familles menacées d’expulsion. Le préfet de Mayotte a pris plus de 44 arrêtés de création de locaux de rétention administratives totalement illégaux, puisque pris après l’ouverture de ces LRA, dont beaucoup n’avaient qu’une existence de quelques jours, quelques heures, pour empêcher les associations de défense des droits des étrangers de faire leur travail. Le 29 avril, le juge des référés du Tribunal administratif de Mayotte a donné raison aux associations, Cimade, GISTI et ADDE sur tous les manquements aux droits des étrangers.

Stopper l’atteinte aux droits humains

Toutes les dispositions d’exception prises à Mayotte sur l’accès à la nationalité, sur les droits des étrangers sont bien des expérimentations qui peuvent être demain étendu à tout le pays.

Mais tout en menant sa politique de mainmise coloniale sur Mayotte, la France n’en continue pas moins de soutenir aux Comores le président Azali Assoumani, autoritaire et contesté par son élection douteuse, président de l’Union des Comores, à plusieurs reprises depuis 1999 à l’issue d’un coup d’État.

Le NPA appelle à mettre un terme à cette atteinte aux droits humains et à stopper l’opération Wuambushu, à annuler toutes les dispositions d’entrave aux droits des étrangers et au droit du sol, tout comme à l’autoritarisme policier et sécuritaire et au projet de loi Asile et Immigration de Darmanin, Macron et Borne.

Montreuil, le Mercredi 3 mai 2023

https://nouveaupartianticapitaliste.org/

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06 mai 2023 ~ 0 Commentaire

wuambushu

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A l’initiative du NPA Kemper, ce vendredi, un rassemblement d’une cinquantaine de personnes, relayé par de multiples organisations dont droit d’asile, EELV, PCF, UDB, FI, CNT devant la Préfecture pour dénoncer l’opération Wuambushu à Mayotte et l’état colonialiste français.

À Brest, un rassemblement organisé ce vendredi contre l’opération « Wuambushu » menée à Mayotte

Plusieurs collectifs et partis politiques de gauche organisent un rassemblement, ce vendredi 5 mai 2023, pour manifester leur opposition à l’opération « Wuambushu » menée par l’État à Mayotte. Le rendez-vous est donné à 18 h sur la place de la Liberté, à Brest (Finistère).

Le PCF demande « l’annulation immédiate de l’opération »

Opposés à cette opération, plusieurs collectifs et partis politiques de gauche (association de la région de M’Boinkou à Brest, association de la Communauté Comorienne de Brest en France, ADE Brest, Union Pirate, Les Pétrolettes, Parlons trans !, Detraqueers, Parti communiste français, Nouveau Parti Anticapitaliste, La France insoumise) organisent un rassemblement à Brest (Finistère).

Il se tiendra sur la place de la Liberté à 18 h, ce vendredi 5 mai 2023.

Dans un communiqué, la section brestoise du PCF « appelle à la suspension et à l’annulation immédiate de l’opération Wuambushu et à la mise en œuvre de solutions pérennes pour assurer des voies légales et sécurisées de migrations et permettre le développement social et économique de Mayotte, tout en soutenant celui de la zone géographique de l’océan Indien ».

04/05/2023

https://www.ouest-france.fr/

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28 avril 2023 ~ 0 Commentaire

mayotte

Colonisation

Au prétexte de lutter contre la « délinquance » à Mayotte, Darmanin a lancé une vaste opération anti-migrants dénommée « Wuambushu », qui signifie « reprise » en mahorais. Les moyens déployés pour cette opération sont démesurés : plus d’un demi-millier de gendarmes et de policiers en renfort des 1 350 déjà sur place, des membres du GIGN, des Éris (leur équivalent pour les prisons), huit magistrats… Un véritable corps expéditionnaire envoyé sur l’île !

Sur place, syndicats et collectifs promettent de documenter et signaler toutes les violations de droits dont ils seront témoins. Et ces craintes sont légitimes puisque, pour atteindre les 25 000 expulsions qui ont lieu en moyenne chaque année, les droits les plus élémentaires sont déjà piétinés : des expulsions sont réalisées le jour même où l’OQTF est notifiée, des mineurs sont rattachés de façon fictive à des majeurs, ou leur âge majoré pour pouvoir les expulser, tandis que des expulsions de parents laissent aussi à Mayotte de nombreux mineurs isolés.

Pour ces milliers d’enfants livrés à eux-mêmes, la délinquance dont parle le gouvernement correspond à la lutte pour la survie. L’opération Wuambushu ne fera qu’aggraver cette situation dramatique.

Si le gouvernement, relayé par les politiciens locaux, accuse les migrants de tous les maux dont souffre l’île, c’est pour mieux se défausser de sa propre responsabilité. En déversant sa xénophobie, Darmanin veut diviser Mahorais et Comoriens. Rien de nouveau, pour garder un pied dans la région, l’État français a détaché Mayotte des autres îles des Comores devenues indépendantes en 1974. En 1995, les ordonnances Balladur ont imposé des restrictions de circulation dans un archipel qui a toujours été en lien. Depuis l’instauration de cette frontière artificielle, des milliers de Comoriens meurent chaque année dans la traversée.

Il s’agit cette fois d’expulser plus de 20 000 personnes en deux mois, soit 300 par jour… Plusieurs centres de rétention doivent ouvrir, car les 150 places de celui de Pamandzi seront insuffisantes. Cette rafle d’envergure s’accompagnera de la destruction de bidonvilles, à coup de bulldozers.

Pour la préparer, il est prévu de couper l’eau aux habitants quelques jours avant son déclenchement. Darmanin promet que les habitants qui ne sont pas expulsables – mais néanmoins expulsés ! – seront relogés, une promesse qui n’a jamais été tenue dans le passé. Mahorais ou non, les habitants de ces quartiers de fortune, parfois installés là depuis plusieurs décennies, s’apprêtent donc à payer le prix fort de cette opération, sur une île gangrenée par la misère.

En effet, qu’ils aient la nationalité française ou non, 80 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté ; 40 % de la population vit avec moins de 160 euros par mois. Les infrastructures, notamment médicales, sont insuffisantes, le réseau d’eau est régulièrement coupé…

D’après le Défenseur des droits : « Les droits fondamentaux – le droit à l’éducation, à la sûreté, à la santé, le droit à vivre dans des conditions décentes, notamment – y sont gravement entravés du fait de la carence des services publics. » Les « décasages » prévus par Darmanin sont avant tout une opération anti-pauvres et pourraient être la goutte de trop, dans ce territoire officiellement français, où les conditions de vie sont indignes.

Premier revers pour le gouvernement, prompt à bafouer ses propres lois : le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu l’expulsion du bidonville Talus 2 près de Mamoudzou.

Norbert Moravcik,  27 avril 2023

 

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26 avril 2023 ~ 0 Commentaire

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Portugal. «Le début d’une crise» (11 avril 1974)

«La guerre», était à l’arrière-plan de tous les débats politiques se déroulant dans les couches dirigeantes depuis quelques années, entre dans le domaine public. Le débat sur cette question cristallise toutes les options existant au sein de la bourgeoisie sur les perspectives économico-politiques au Portugal.

Le thème central d’un ouvrage – qui pouvait difficilement être publié sans avoir reçu l’assentiment de certaines fractions des milieux gouvernementaux – peut être résumé dans la déclaration suivante de Spinola: «A défaut de cette solution (structure fédérale dans laquelle les territoires d’outre-mer jouiraient d’une autonomie les mettant sur le même pied que la métropole) nous irons inévitablement vers la désintégration, perdant nos territoires africains l’un après l’autre.»

Mais l’«événement» suscité par la publication de ce soi-disant penseur n’a d’importance que dans la mesure où il est le prétexte pour le déclenchement d’une crise ouverte au sein même du gouvernement et de l’armée.

Du 6 mars au 16 mars, les événements se précipitent. Le mouvement de contestation des officiers subalternes s’amplifie. D’une part, ils réclament le 12 mars le départ du ministre «ultra» de l’armée, Andrade e Silva; d’autre part, ils revendiquent dans un manifeste: «Une solution politique qui sauvegarde l’honneur et la dignité nationale, de même que les intérêts légitimes des Portugais installés en Afrique, mais qui tienne compte de la réalité indéniable et irréversible de l’aspiration profonde des peuples africains à se gouverner eux-mêmes» (Le Monde, 24/25 mars 1974).

La riposte des «ultras» ne se fera pas attendre. Sous la houlette du chef de l’Etat, Americo Tomas, les «ultras» démettent de leur fonction, le 13 mars, les généraux Spinola et Costa Gomez et répriment les mouvements qui vont jusqu’à la mutinerie, comme ce fut le cas d’une compagnie d’infanterie de Caldas Da Rainha (à 90 km de Lisbonne) qui décida de marcher sur la capitale. La crise de direction bourgeoise est ouverte et laisse entrevoir les forces centrifuges qui existent au sein de la classe dominante portugaise. La contre-offensive des «ultras», qui certes marquent actuellement des points, n’est pas la garantie d’une stabilisation réelle.

Mais cette crise doit être appréhendée à partir des tâches partiellement contradictoires auxquelles se trouve confrontée la bourgeoisie portugaise, c’est-à-dire la préservation du «pacte colonial», tout en cherchant à le moderniser et, en même temps, l’intégration à l’Europe et la stimulation de l’économie.

Les étapes du développement

Dès la Seconde Guerre mondiale sont posés les premiers jalons d’une industrialisation timide, en utilisant les réserves accumulées durant la guerre. Durant la Seconde Guerre mondiale, le statut du Portugal lui permit de jouer un rôle d’intermédiaire commercial, d’exporter en masse des produits agricoles et aussi des matières premières (spécialement un métal: le wolfram). Ceci créa l’occasion d’une accumulation de ressources financières importantes; en outre, de très nombreux capitaux cherchèrent refuge au Portugal durant le second conflit mondial. Sous la protection de l’Etat, quelques grands groupes industriels et bancaires, ayant également un statut de monopoles, développent faiblement l’infrastructure industrielle (ciment, acier, moyens de transport).

Mais le marché intérieur est fort restreint, sa vulnérabilité exige de nombreuses mesures protectionnistes, cette industrialisation embryonnaire reste des plus fragile. La répression et la suppression des libertés démocratiques et syndicales sont une constante de la politique de Salazar.

La rupture se produire à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Cette période est marquée par un changement du climat politique (élections présidentielles en 1958 avec présentation d’un candidat d’opposition, Humberto Delgado…), le déclenchement des guerres coloniales (Angola en 1961, Guinée-Bissau en 1963, Mozambique en 1964), la première montée du mouvement étudiant (à Lisbonne, Coïmbra et Porto), des luttes paysannes (grève pour les huit heures dans l’Altentejo) et des luttes ouvrières dans la région de Lisbonne.

De même à cette époque apparut un blocage économique important. Les investissements sont tout à fait réduits, le marché intérieur est bien trop restreint pour les capacités de production, pourtant faibles, existant dans l’industrie. Enfin, le chômage et le sous-emploi s’accroissent.

Une nouvelle étape du développement du capitalisme portugais va alors prendre forme. L’éclatement de la guerre coloniale exige, d’une part, des emprunts sur le marché financier mondial (160 millions de francs français en 1961 et 190 millions en 1962), des achats de matériel militaire et, d’autre part, elle va susciter une certaine production de biens militaires au Portugal même (1). Conjointement commence le «rush migratoire» – les travailleurs portugais vont entrer massivement en France, en Allemagne, en Suisse – et l’appel aux capitaux étrangers.

Xavier Pintado, ex-secrétaire d’Etat au commerce, synthétise fort bien les raisons pour lesquelles les capitaux étrangers avaient avantage à venir d’investir au Portugal: «(a) abondance de main-d’œuvre adaptable; (b) faible taux d’imposition; (c) infrastructure suffisamment développée; (d) monnaie garantie par d’importantes réserves» (Entreprises, 5.10.1968). Les investissements étrangers se font rapidement nombreux. Ainsi, ils sont passés dans le total des investissements du secteur privé de 1,5% en 1960 à 27% en 1966. Ford, General Motors, Standard Electric, Firestone, Siemens, Krupp, Nestlé vont investir au Portugal (2).

Enfin, le processus d’intégration à l’Europe capitaliste, concrétisé par les investissements étrangers, l’industrialisation, l’émigration, se formalise par l’entrée du Portugal dans l’AELE en 1960. Cette perspective d’intégration va devenir rapidement un des thèmes importants de la politique des secteurs industriels les plus dynamiques et d’une partie du capital financier. C’est ainsi que dans la présentation du plan intercalaire de développement pour 1965-67 on peut lire: «Animé par la volonté inébranlable de réussir, dans ou contre le sens de l’Histoire, le Portugal s’ouvre aujourd’hui vers l’Europe, pour assurer l’accélération économique nécessaire à son accession définitive au rang de pays développé.» (3)

Le déclenchement de ce processus d’industrialisation – soutenu aussi par l’apport des devises issues de l’immigration (1.552 millions d’escudos en 1958, 2.679 millions en 1964 et 22.388 en 1972) et du tourisme – va engendrer une modification profonde dans la structure de la production du pays, dans l’éventail des exportations et dans la structure de l’emploi.

La part du produit agricole dans le Produit national brut va passer de 29% en 1958 à 15% en 1971. Par contre, la part de l’industrie de transformation a passé de 30% en 1958 à 41% en 1971, avec une croissance de 1958 à 1971 de 200% (4). Parallèlement se développe un mouvement de concentration, de fusions sur le plan industriel, encouragé par une série de mesures d’ordre fiscal et financier. Les industries traditionnelles (textile, liège) stagnent relativement, alors que les industries de base se développent dans les régions de Lisbonne, de Porto-Braga, d’Aveiro-Coïmbra: métallurgie, automobile (montage), sidérurgie, chantiers navals…

Les exportations se diversifient et le liège, le vin, les conserves de poisson ne sont plus les seuls produits exportés. De nouveaux produits agro-industriels s’y sont ajoutés (concentré de tomate, pâte à papier) ainsi que des produits manufacturés (machines, éléments mécaniques, etc.).

Un chiffre est significatif: de 1960 à 1971, le volume de l’exportation de vêtements a passé de 0,085 million de «contos» (mille escudos) à 1,8 million; pour les machines et les appareils (souvent ce ne sont que des pièces détachées) les chiffres sont les suivants pour la même période: 0,2 million de contos à 2,5 millions (5). Il faut néanmoins souligner qu’une bonne partie des exportations est le fait d’entreprises étrangères implantées au Portugal. Ainsi quatre des principaux exportateurs portugais sont contrôlés totalement ou partiellement par le capital étranger: Standad-ITT, Gründig, Calbi-Cellulose et Diamang.

Cependant cette progression et cette diversification des exportations indiquent l’importance du marché européen pour tout un secteur de la bourgeoisie portugaise. C’est d’ailleurs l’Europe capitaliste qui est le client et le fournisseur essentiel du Portugal. Les exportations vers l’Europe capitaliste représentent 65% du total, et celles vers la CEE ont un poids plus important que celles vers l’AELE. D’ailleurs l’AELE se démantelant, le Portugal a passé un accord de libre-échange avec la CEE, ce qui accentue encore pour lui la nécessité d’une intégration au Marché commun.

Il faut souligner que ce processus de développement industriel se fit à partir d’une diminution du chômage et du sous-emploi, diminution impulsée par la croissance du secteur industriel sous le fouet des investissements étrangers, par l’extraordinaire émigration (en 1972 les émigrés s’élevaient à un million et demi) et le service militaire dans les colonies (200 000 soldats sur 8’200’000 habitants en 1972).

Seul ce processus d’émigration explique, d’une part, que la croissance du PNB fut une des plus élevées pour l’Europe pour la période de 1968 à 1973 (une moyenne de 7,3%), ainsi que celle du produit par travailleur (moyenne de 6,6%), alors que la croissance de l’emploi était de 0,5% annuellement, et, d’autre part, que le sous-emploi et le chômage ne se sont pas développés fortement. Cette baisse du chômage et du sous-emploi durant les années 1960 stimula une hausse des salaires industriels de plus de 70% de 1958 à 1965 dans la région de Lisbonne. Ainsi se développait relativement le marché intérieur permettant un processus d’industrialisation cumulatif.

L’ensemble de ce procès d’industrialisation provoque une baisse drastique de la population agricole, y compris le dépeuplement des campagnes du Minho, de Beira, de l’Alentejo, qui passa de 50% de la population active en 1950 à 25% en 1970. Conjointement, la classe ouvrière augmenta et représente plus d’un tiers de la population active. Sa composition se modifia. A la vieille génération de travailleurs se sont joints des ouvriers issus directement des campagnes, en majorité jeunes (l’âge moyen est de moins de 30 ans).

Malade de l’Afrique

Cette évolution de l’appareil de production a impliqué d’un côté une certaine redéfinition des structures politiques et de l’autre une tentative de trouver une solution conciliant les nécessités contradictoires – vu le cul-de-sac militaire dans lequel se trouve l’impérialisme portugais face à la résistance victorieuse des mouvements de libération nationale – de renforcer son intégration à l’Europe capitaliste et de moderniser le «pacte colonial». (…)

La capacité qu’ont démontrée les mouvements de libération nationale de mettre en échec les plans militaires du gouvernement portugais est une des contradictions majeures qui met en question l’ensemble des projets développés par une partie de l’équipe gouvernementale de Caetano et qui suscite, la crise ouverte au sein de l’armée et des couches dominantes.

En 1969, le gouvernement de Lisbonne utilisa 42% du budget total de l’Etat pour les dépenses militaires. Cela représente officiellement 7,5% du revenu national (Le Monde, 30.3.1972). En 1979 et 1971, le 53% des dépenses extraordinaires (non budgétées) furent consacrées aux dépenses militaires.

Les pressions sont multiples soit en faveur d’une solution d’indépendance, soit en faveur d’un niveau type de statut des colonies. S’ajoute enfin un contexte économique international qui n’est pas à proprement parler favorable au devenir du capitalisme portugais, touché lui aussi, depuis 1965, par l’inflation exacerbée, entre autres par les dépenses militaires.

Dans ce contexte, les oppositions au sein de la bourgeoisie sur les options politico-économiques et militaires s’exacerbent. Des secteurs de la bourgeoisie industrielle et financière, intéressés essentiellement à l’ouverture vers l’Europe capitaliste, sont de moins en moins prêts à avaliser une politique qui devient un obstacle à ce projet.

Après plus de dix ans de guerre coloniale des secteurs dynamiques de la bourgeoisie ne sont pas liés de façon directe aux colonies – comme l’est tout le secteur de la bourgeoisie coloniale financière, industrielle, propriétaire de matières premières – sont prêts à envisager une modification radicale de la politique coloniale, en «renonçant» peut-être même à la fort difficile rénovation du «pacte colonial» pour privilégier la perspective de l’intégration à l’Europe capitaliste.

La montée des luttes

Depuis la grève de 1963, dans les transports urbains de Lisbonne, les luttes ouvrières se sont développées avec des hauts et des bas. En 1969, des grèves eurent lieu dans la métallurgie et dans l’automobile: Ford, General Motors – où une tentative d’occupation eut lieu –, les chantiers navals de LISNAVE, etc. En juillet 1973 se déroule une grève dans les transports aériens et dans les succursales d’ITT. En janvier 1974, dans l’entreprise horlogère Timex, dans les chantiers navals LISNAVE, dans l’entreprise SOREFRAME à Amadora, dans les usines Entronoamento (chemin de fer), etc. se développent divers mouvements allant d’un débrayage de quelques heures à une grève de trois jours (15, 16 et 17 janvier à la SOREFRAME).

Les mouvements sont encore limités, dispersés, et expriment la faiblesse d’organisation et le manque de tradition de la classe ouvrière. Néanmoins, la concentration des entreprises, l’émergence de pôles industriels, la fusion entre une couche de jeunes travailleurs – n’ayant pas connu de démoralisation – et des secteurs ouvriers ayant une certaine tradition peut renforcer la capacité de mobilisation de la classe ouvrière.

Mais le projet «libéral» n’a – et n’aura – une crédibilité que dans la mesure où la marge de manœuvre économique serait si grande que l’espace existerait pour la formation d’organisations «réformistes» capables d’endiguer la combativité de la classe ouvrière sur la base de concessions d’une certaine ampleur.

Dans ce sens, ce ne sera pas seulement les tentatives timides de 1963-69 qui n’auront pas pu prendre forme, mais aussi celles que proposent, pour le futur, certaines fractions dynamiques de la bourgeoisie si elles arrivent à imposer leur volonté sur le plan gouvernemental. La répression contre le mouvement ouvrier ne restera certainement pas le propre des seuls «ultras».

Dans la crise qui s’est ouverte au mois de mars 1974 peut donc s’insérer la montée des luttes ouvrières et aussi celle du mouvement étudiant, qui, dans le cadre du «débat» sur la politique coloniale du Portugal, devrait être capable de prendre des initiatives de soutien aux mouvements de libération nationale d’une dimension plus grande que par le passé (les manifestations de solidarité furent très limités). «L’avenir du Portugal» pourrait bien être fort différent que celui envisagé dans la meilleure des hypothèses par Spinola…

(11 avril 1974, publié dans le numéro 0 de la revue Inprecor)

25 avril 2023 Alencontre Charles-André Udry

https://alencontre.org/

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