mexique, un coup formidable (à l’encontre.ch)
Moins d’un mois avant le premier anniversaire (26 septembre 2014) de la «nuit d’Iguala», Guerrero, cette nuit où six personnes, dont trois étudiants, ont été assassinées et 43 étu- diants enseignants de l’Ecole normale d’Ayotzinapa ont disparu, un nouvel événement remet au premier plan médiatique ce qui s’est passé cette terrible nuit.
Le rapport sur les enquêtes menées par le Groupe interdisciplinaire d’experts indé- pendants (GIEI), mandaté par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) sur ces assassinats et ces disparitions a été rendu public le 6 septembre 2015. Ses conclu- sions constituent un coup terrible pour la crédibilité de Peña Nieto [président mexicain, entré en fonction en fonction en décembre 2012, membre du Parti révolutionnaire institutionnel- PRI] et de son gouvernement.
Elles ont en effet fait voler en éclats la prétendue «vérité historique». Elle était cen- sée pratiquement avoir été établie par l’ex-procureur de la République: Jesus Murillo Karam [en fonction de décembre 2012 à février 2015]. Cette tristement célèbre «vérité historique» du gouvernement de Peña Nieto s’est révélée être en réalité un «mensonge historique». Une des conclusions dévastatrices du rapport du GIEI qui a eu un impact très fort sur l’opinion publique est que, contrairement à ce qu’avait annoncé en novembre Murillo Karam, les 43 d’Ayotzinapa n’ont pas été incinérés dans la décharge de Cocula (ville voisine d’Iguala). Cette conclusion a remis à l’ordre du jour l’exigence de rechercher les étudiants disparus depuis une année. Le cri «ils les ont emportés vivants, il faut qu’on nous les retourne vivants» deviendra encore plus assourdissant pour le gouvernement du PRI.
La stratégie gouvernementale consistant à faire en sorte que cet événement soit «surmonté» et passe au second plan a lamentablement échoué: les événements de la nuit d’Iguala sont devenus l’obstacle le plus difficile à franchir parmi tous les problèmes qu’affron- te cette administration. Or, elle n’est qu’à la moitié de son mandat de six ans. Il y a de plus en plus d’informations sur les actions qui se préparent dans le pays tout entier, depuis la Basse Californie jusqu’au Yucatan.
Toutes sortes de protestations sont prévues pour le 26 septembre prochain; jour baptisé «journée de l’indignation nationale». Les différentes actions vont culminer dans ce que l’on espère être une gigantesque manifestation dans la ville de Mexico. Elle commen- cera à midi et se dirigera de la résidence présidentielle de Los Pinos jusqu’à la Place du Zocalo.
Avec les conclusions du rapport du GIEI, la lutte pour la réapparition des 43 étudiants devient plus actuelle et définira encore plus profondément l’opposition populaire croissante contre le gouvernement du PRI, qui est pratiquement paralysé et dont les cliques ont com- mencé leurs luttes internes pour définir à l’avance qui sera le successeur de Peña Nieto. Pendant les actions de protestations du 26 septembre on entendra sans doute beaucoup le slogan: «Fuera Peña!» («Peña dégage!»). (Résumé)