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23 février 2025 ~ 0 Commentaire

Algérie (Lutte Ouvrière)

algerie

Essais nucléaires français

Retombées coloniales au Sahara

Soixante-cinq ans après le premier essai nucléaire français dans le Sahara, le 13 février 1960, les autorités algériennes ont annoncé la préparation d’une « loi criminalisant le colonialisme français en Afrique ». Elles visent en particulier les conséquences des essais nucléaires menés par la France dans le désert algérien.

Entre 1960 et 1966, la France a mené 17 essais dans le Sahara algérien, les poursuivant même après l’indépendance de 1962. Encore aujourd’hui, des débris d’avions et de tanks et, surtout, des déchets radioactifs, qui ont une durée de vie de 24 000 ans, polluent cette zone du désert.

L’Algérie estime à 30 000 le nombre de personnes ayant subi les conséquences de ces essais. Le nombre exact de victimes n’est pas connu, car s’il est certain que les déchets et poussières radioactives provoquent des cancers et des malformations congénitales, la France n’a jamais ni organisé de suivi médical, ni mené d’enquête sérieuse, ni même fourni à l’Algérie de cartes précises des zones touchées.

En 2007, Sarkozy avait accepté la mise en place d’un comité algéro-français pour recenser les sites pollués et proposer un plan de réhabilitation, mais il n’a abouti à rien. En 2014, sous Hollande, un nouveau groupe de travail fut créé, sans plus de résultat. Un Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Polynésie et en Algérie a bien été lancé en 2010, mais un seul Algérien, sur 1 739 dossiers déposés, a réussi à obtenir une indemnisation. Il s’agit d’un militaire ; aucun civil n’a réussi à obtenir de reconnaissance, notamment parce que les dossiers sont très difficiles à constituer.

La remise en lumière actuelle de ce scandale par l’État algérien s’inscrit dans le contexte des tensions diplomatiques entre les deux pays, depuis la reconnaissance par Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Ainsi, à l’occasion du 65e anniversaire du premier essai, l’Assemblée nationale algérienne a organisé une journée d’étude sur les « crimes nucléaires » français. Les dirigeants algériens réclament que la France fournisse toutes ses archives, qu’elle décontamine entièrement les sites touchés, qu’elle collecte et enfouisse définitivement les déchets et indemnise les victimes.

Ce serait la moindre des choses. Mais après avoir pollué le désert, rendu malades des dizaines de milliers d’habitants du Sahara, le refus des gouvernements français de rendre des comptes illustre leur mépris colonial persistant envers la population algérienne.

Claire Dunois 19/02/2025

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23 février 2025 ~ 0 Commentaire

Trump (NPA)

 

Dan La Botz Hebdo L’Anticapitaliste (20/02/2025)

Trump transforme les alliances mondiales et instaure une nouvelle ère impérialiste

Donald Trump modifie fondamentalement la politique étrangère des États-Unis et ébranle les alliances mondiales en place depuis quatre-vingts ans. Il a ainsi choisi Vladimir Poutine plutôt que l’Otan et l’Europe. 

Trump et Poutine ont apparemment l’intention d’imposer un traité qui obligerait l’Ukraine à céder 20 % de son territoire et lui interdirait d’adhérer à l’Otan. Trump souligne la faiblesse des sondages de popularité du président Volodymyr Zelensky, suggérant qu’il n’a pas le droit de parler au nom de l’Ukraine.

Les États-Unis et la Russie sont depuis longtemps des puissances impériales ; désormais ils coopèrent et isolent des négociations de paix les puissances européennes qui craignent que si la Russie gagne des territoires en Ukraine, le prochain mouvement de Poutine soit éventuellement en direction de la Transnistrie, la Moldavie, l’Estonie voire la Pologne.

L’œil d’un agent immobilier sur Gaza

Au Moyen-Orient, Trump, qui admire l’autoritaire Benyamin Netanyahou et soutient Israël, propose de terminer la guerre en transformant Gaza en colonie américaine et en expulsant les deux millions de PalestinienNEs, en violation du droit international.

Il suggère d’envoyer les PalestinienNEs en Égypte et en Jordanie et laisse entendre que l’Arabie saoudite pourrait financer son plan. L’Égypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite se sont déclarées opposées à ce plan, mais Trump menace de réduire leur aide américaine s’ils n’acceptent pas.

Une fois expulséEs, les PalestinienNEs ne seront pas autorisés à retourner dans leur pays, selon Trump. Avec l’œil d’un agent immobilier, il affirme que Gaza deviendra « la Riviera du Moyen-Orient », une station balnéaire internationale.

Autour du canal de Panama

Dans l’hémisphère occidental, Trump affirme qu’il s’emparera par la force si nécessaire du Groenland, possession du Danemark, membre de l’Otan. Il veut également faire main basse sur le canal de Panama, affirmant que la Chine contrôle désormais cette voie d’eau cruciale parce qu’une entreprise chinoise a des activités dans des ports situés à la fois sur les rives de l’Atlantique et du Pacifique.

La menace de Trump a conduit le président du pays, José Raúl Mulino Quintero, à accepter des déportéEs américains d’origine africaine et asiatique dans son pays afin d’amadouer Trump. Lequel dit vouloir également absorber le Canada pour en faire le 51e État, une déclaration que le Premier ministre Justin Trudeau a qualifiée de véritable menace, tout en déclarant qu’il n’y a « pas la moindre chance ».

Droits de douane et immigration

En rupture avec les pratiques antérieures, Trump utilise les droits de douane de manière agressive contre des concurrents comme la Chine et contre des alliés comme le Canada, le Mexique et l’Union européenne. Il a pour l’instant reporté les droits de douane de 25 % annoncés pour le Mexique et le Canada, mais il a augmenté de 10 % ceux sur les produits chinois. La Chine a répondu.

La politique d’immigration de Trump a également été source de conflits. Lorsque les États-Unis ont expulsé des immigrantEs colombienNEs sans papiers dans des avions militaires, le président de gauche Gustavo Francisco Petro a refusé de laisser l’avion atterrir car les citoyenNEs du pays n’étaient pas traitéEs avec dignité.

Menacé de tarifs douaniers de 25 %, Petro a cédé et a exhorté les ColombienNEs sans papiers à rentrer chez eux afin d’éviter de nouvelles frictions avec les États-Unis, affirmant qu’il apporterait son soutien à ceux qui reviendraient. Gustavo Petro a également annulé un contrat de 880 millions de dollars conclu par une société publique équatorienne avec la compagnie américaine Occidental Petroleum pour la réalisation de fracturations hydrauliques aux États-Unis.

Suppression de l’aide humanitaire

Enfin, la décision de Trump et de son partenaire milliardaire Elon Musk de fermer l’Agence américaine pour le développement international (USAID), le bras armé de l’Amérique depuis soixante ans, a conduit à l’annulation soudaine de millions de dollars d’aide humanitaire — nourriture, médicaments, écoles — dans 100 pays et au licenciement d’un grand nombre des 10 000 employéEs internationaux de l’agence. Trump est ainsi apparu comme l’ennemi de millions de personnes. Détestable !

Dan La Botz, traduction Henri Wilno

https://lanticapitaliste.org/

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23 février 2025 ~ 0 Commentaire

Redon (FR3)

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« On retrouve des pesticides épandus il y a plus de 20 ans ».

Forte mobilisation pour la qualité de l’eau à Redon

2 000 manifestants se sont rassemblés samedi 22 février 2025, place de Bretagne à Redon, pour réclamer une eau potable sans pesticides. •

Cela peut surprendre… Redon, ville inondée il y a quelques semaines, a rassemblé samedi 22 février plus de 2 000 personnes qui appellent à préserver les ressources en eau. Toutes demandent à limiter l’utilisation des pesticides, notamment dans le secteur agricole.

« Si aujourd’hui c’est l’eau qui nous rassemble, c’est parce que tout d’abord la ville est née dans l’eau et que polluer l’eau est un long suicide collectif ». Un discours choc pour dire la colère. Des défenseurs de l’environnement mais aussi des agriculteurs et les fédérations de pêcheurs en rivière de trois départements, tous décidés à renforcer les règles qui protègent les captages d’eau potable. Car le constat est alarmant : selon l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, moins de 8% des cours d’eau du bassin de la Vilaine sont en « bon état écologique ».

Moins de 8% des cours d’eau en « bon état écologique »

Tous espèrent renforcer leur protection face aux pollutions industrielles et agricoles. « On est ici aujourd’hui pour lutter contre les pesticides sur les zones de captage. On retrouve encore des pesticides qui sont interdits et qui ont été épandus il y a plus de 20 ans. Mais il y a des solutions à adopter rapidement », affirme une manifestante.

« Avec les inondations, tous les produits, les traitements qui ont été mis dans les champs, ils sont partis où ? », questionne un Redonnais.

« Le taux de cancers actuellement, c’est bien dû à l’environnement »

De son côté, Denis, ancien ouvrier agricole dont le cancer de la prostate a été reconnu comme maladie professionnelle, redoute un retour en arrière concernant l’utilisation des pesticides : « Tout ce qui est en train de se passer au niveau des lois d’orientation agricole, ce n’est pas bon pour la santé environnementale, ni pour la santé des citoyens. Et les taux de cancers qu’il y a actuellement, ce n’est pas dû au vieillissement de la population, c’est bien dû à l’environnement ». 

Protéger la Vilaine et ses affluents, voilà l’objectif. De nouvelles règles sont actuellement débattues, en vue de les intégrer au schéma d’aménagement et de gestion de l’eau. Un document important, soumis au vote des élus locaux et des chambres d’agriculture auprès desquelles ces manifestants veulent peser. 

(Avec Myriam Thiebaut)

Laurence Postic  23/02/2025

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22 février 2025 ~ 0 Commentaire

SALON (Reporterre)

 

Jacques Caplat : «<small class="fine d-inline"> </small>Le Salon de l'agriculture présente une vision fantasmée<small class="fine d-inline"> </small>»

Jacques Caplat : « Le Salon de l’agriculture présente une vision fantasmée »

Alors que le Salon de l’agriculture s’ouvre à Paris, l’agronome Jacques Caplat alerte sur l’impasse dans laquelle se trouve l’agro-industrie. Pour en sortir, il prône la multiplication des actions locales.

Jacques Caplat est agronome et ethnologue. Il est aujourd’hui coordinateur des campagnes agriculture et alimentation pour l’association Agir pour l’environnement. Son dernier ouvrage, Agriculture industrielle, on arrête tout et on réfléchit (Rue de l’échiquier, 2025), est paru vendredi 21 février.


Reporterre — Le Salon de l’agriculture ouvre ces portes à Paris samedi 22 février. Mais de quelle agriculture parle-t-on ?

Jacques Caplat — Lors du Salon, l’agriculture industrielle se met en scène, en accordant une place aux agricultures de marge — les races anciennes, les petits producteurs. Mais il s’agit là d’une version fantasmée. C’est une imposture profonde, une image construite pour rendre acceptable et valoriser un système agricole qui se trouve en réalité très éloigné de ce qu’on voit porte de Versailles.

Quand on parle d’agriculture industrielle, on parle d’une agriculture basée sur une production de masse, standardisée, uniformisée et fondée sur une logique d’accumulation capitaliste des moyens de production. Avoir toujours plus de terre, de cheptel, de machines. Cette dimension économique est essentielle pour comprendre ce modèle. Ensuite, il y a des choix techniques forts, qui reposent sur l’idée que le vivant est un adversaire. Les pesticides et les engrais de synthèse en sont un des principaux aspects.

Dans votre livre, vous racontez le basculement de l’agriculture européenne, puis mondiale, vers l’industrialisation. Quels ont été selon vous les moments clés de cette transformation ?

Le mouvement des enclosures, commencé au XVIe siècle en Grande-Bretagne, peut être considéré comme un moment fondateur. Il a conduit à la transformation d’espaces jusque-là communs en propriétés privées. C’est le début des grands domaines aristocratiques et de la spécialisation agricole.

Le développement du chemin de fer constitue une autre étape majeure. Il a rendu possible l’approvisionnement des villes à longue distance. Plus besoin de tout produire près de chez soi. Le chemin de fer a accéléré la spécialisation des régions dans des productions — le blé dans la Beauce, l’élevage dans l’Ouest, etc. — qui ont ensuite été massifiées.

« Le système agroalimentaire fait tellement partie du paysage que même les paysans n’arrivent plus à le remettre en cause »

La mise en branle de l’industrialisation remonte donc au milieu du XIXe siècle, même si la généralisation de ce modèle s’est faite après la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1950, il était idéologiquement et politiquement possible de faire table rase du passé, et ainsi de pousser le basculement du monde paysan vers ce nouveau système agroalimentaire.

Vous documentez avec précisions les ravages de l’agriculture industrielle sur les écosystèmes, mais aussi sur les paysans. On en vient à se demander à qui profite le crime : qui a intérêt à faire perdurer cette industrialisation mortifère ?

Elle profite à l’économie agroalimentaire mondiale, en particulier aux grandes multinationales de la semence et des pesticides. Aujourd’hui, il va de soi qu’il faut produire pour le marché mondial, il va de soi que la transformation se fait dans de grandes usines et la commercialisation dans des grandes surfaces… Le système agroalimentaire fait tellement partie du paysage que même les paysans n’arrivent plus à le remettre en cause.

Au lieu de se dire « c’est absurde », on se dit « je n’ai pas le choix ». Les règles économiques s’imposent aux paysans, qui, pour s’y plier, combattent le vivant, détruisent la biodiversité, polluent l’eau… Le monde paysan est pris en tenaille entre l’amont et l’aval, c’est-à-dire entre les industries de la chimie et des semences d’un côté et l’industrie agroalimentaire et la grande distribution de l’autre.

Selon vous, l’industrialisation de l’agriculture n’a rien d’inéluctable. Pourtant, l’actualité — avec les attaques contre les « normes environnementales », les bons scores de la Coordination rurale et de la FNSEA aux élections professionnelles — montre une forte résistance au changement dans le monde agricole… Qu’est-ce qui vous permet de rester optimiste ?

Ce constat s’explique notamment par le fait que la majorité des paysans ont intériorisé l’idée qu’il n’y avait pas d’alternative. Donc la solution, c’est justement de montrer qu’on peut faire autrement. Il faut mettre à bas l’édifice industriel et capitaliste. Ceci se fait en développant toutes les initiatives qui s’inscrivent dans une logique opposée : le morcellement, la décentralisation, la déspécialisation de la production.

Quand on évoque les solutions qui existent — les Amap, les semences paysannes, la bio —, cela donne souvent l’impression d’un patchwork foisonnant… mais pas très cohérent. Pourtant, il y a une cohérence profonde : toutes ces alternatives sont une facette de la désindustrialisation agricole. Arrêter d’accumuler, stopper le gigantisme, lutter contre l’uniformisation…

« On a rendu l’alimentation moins chère au prix d’une ruine économique pour certains et d’une dégradation de l’environnement »

J’ouvre le livre par une citation d’Élisée Reclus, grand géographe du XIXe siècle, mais aussi anarchiste [1]. Car prendre le contre-pied de l’agriculture industrielle implique une logique anarchiste. Nous devons créer une sorte de foisonnement de possibles, par la mise en réseau d’initiatives locales.

Autre signe inquiétant, la crise de l’agriculture biologique, qui perdure depuis plusieurs années. A-t-on perdu la bataille ?

La crise de la bio vient de l’agro-industrie. La bio pouvait exister tant qu’elle restait une pratique marginale. Dès qu’elle a atteint un seuil, elle est devenue dangereuse, et l’agro-industrie a décidé de la tuer.

Il n’y a pas de crise de la bio d’un point de vue structurel. Les grandes surfaces ont créé une saturation de l’offre bio, puis elles ont retiré massivement des produits des rayons. Il y a eu ensuite un effet d’emballement.

Le problème, c’est que l’agro-industrie rend la bio chère. Tout le système des aides et des charges sociales favorise les exploitations industrielles et renchérissent le prix de la bio.

La massification de la production n’a-t-elle cependant pas fait baisser les prix de l’alimentation ?

C’est une imposture ! La massification a permis de baisser les prix en appauvrissant certains paysans, certains pays. On a rendu l’alimentation moins chère au prix d’une ruine économique pour certains et d’une dégradation sans précédent de l’environnement. À très court terme, oui, on paye moins cher pour manger de la merde. Mais on paye par nos impôts la dépollution de l’eau, les soins médicaux des maladies liées aux pesticides, la reconstruction des maisons balayées par les inondations, parce que les sols agricoles ne retiennent plus l’eau.

Est-il possible de nourrir le monde avec une agriculture paysanne respectant les écosystèmes ?

C’est même la seule qui soit capable de le faire. L’agriculture industrielle n’y est jamais parvenue, des millions d’humains souffrent aujourd’hui de la malnutrition. La faim est un problème de pauvreté, pas un problème agronomique ; ce n’est pas une question de volume — on produit assez — mais une question d’accès.

« Les trois quarts de l’élevage actuel n’ont plus de raison d’être : les élevages hors-sol, les fermes usines n’ont aucune justification »

C’est d’autant plus vrai que l’agriculture industrielle est en train de se prendre le mur climatique. Car pour être performante, cette agriculture vise à reproduire sur le terrain un modèle théorique, qui nécessite d’artificialiser les champs. Dit autrement : pendant 10 000 ans, les paysans ont adapté les plantes et les animaux au milieu dans lequel ils vivaient.

Depuis 150 ans, l’agro-industrie cherche à adapter le milieu aux plantes et aux animaux issus d’une sélection réductionniste menée par des agronomes sur la base de modèles théoriques. Et ça, ça ne marche plus avec les aléas climatiques — sécheresse, inondations, gel tardif. Résultat, les rendements moyens de l’agro-industrie s’effondrent.

L’agriculture de demain aura-t-elle un autre choix que d’être écologique ?

Je pense que oui. Mais l’argument de l’inéluctabilité est dangereux. Car sans anticipation, cette transformation se fera au prix de milliards de morts.

Quelle place pour l’élevage dans une agriculture postindustrielle ?

Je fais une distinction entre élevage et consommation de produits animaux. On peut imaginer d’élever des animaux sans les exploiter d’un point de vue alimentaire, de ne pas retirer les veaux à leurs mères, par exemple, ou de créer des « maisons de retraite » comme il en existe déjà pour les poules pondeuses.

« On ne construira une alternative au capitalisme que par une multitude d’actions et de diffusions locales »

Mais nous avons besoin d’animaux, car il n’existe pas d’autre manière pour produire du fumier et entretenir les prairies. Les prairies sont un point chaud de la biodiversité, les laisser disparaître serait une catastrophe pour le vivant. Et sur le plan agronomique, il est impossible de pratiquer des cultures sans pesticides et sans engrais de synthèse si l’on ne dispose pas d’élevage pour intercaler des prairies entre les cultures et apporter des engrais organiques.

Ceci étant dit, dans cette perspective, les trois quarts de l’élevage actuel n’ont plus de raison d’être : les élevages hors-sol, les fermes-usines, n’ont aucune justification. Il nous faut moins d’animaux, mieux répartis sur le territoire.

Les alternatives à l’agriculture industrielle existent, vous l’avez dit. Seulement, elles restent largement minoritaires. Quels moyens d’action sont à notre disposition pour qu’elles deviennent majoritaires ?

Chacun peut agir à son niveau. Il faut bien sûr agir pour changer le cadre — national, européen — qui écrase et oriente tout. Ceci peut se faire par le vote, par les mobilisations sociales. Mais à côté du « grand soir » — aléatoire et plutôt mal barré en ce moment — il y a les « petits matins ». On ne construira une alternative au capitalisme néolibéral que par une multitude d’actions et de diffusions locales. Il faut ébranler le colosse par la base, le morceler, le fragmenter, jusqu’à ce qu’il s’effondre.

https://reporterre.net/

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21 février 2025 ~ 0 Commentaire

Cameroun (Afrique en Lutte)

afrique

Cameroun, la vérité sur les violences coloniales de la France

« Le rapport sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun de 1945 à 1971 » écrit par une commission mixte d’historienNEs camerounais et français sous la direction de l’universitaire Karine Ramondy, et remis le 28 janvier dernier aux président Macron et Biya, démontre avec précision et détail « la violence extrême » employée par la France pour maintenir sa domination.

Le Cameroun n’était pas une colonie de la France mais de l’Allemagne qui l’a perdue à l’issue de la Première Guerre mondiale. Ce pays d’Afrique centrale est alors placé sous tutelle de la Société des Nations (l’ancêtre des Nations unies), qui donne mandat à la Grande-Bretagne d’administrer deux territoires de taille réduite, frontaliers du Nigeria, et le reste, près des trois quarts du pays, à la France.

Décolonisation violente

Cette dernière gère le Cameroun à l’identique de ses autres colonies en exploitant les populations. Après la Seconde Guerre mondiale, les premières luttes anticoloniales se font jour. Au Cameroun, se créé l’Union des peuples du Cameroun (UPC) fondée essentiellement par des syndicalistes. Leurs exigences est double, la réunification du pays et l’indépendance immédiate.

Le rapport met en relief les efforts de l’administration coloniale pour tenter de limiter l’audience de l’UPC en stigmatisant ses militantEs et en créant des partis pro-français, mais en vain. Le pouvoir colonial a interdit l’UPC et s’est rendu coupable du massacre d’Ekité en 1956 attaquant des civilEs désarméEs. La répression ne fait ensuite que croître. Les officiers français, pour la plupart des anciens d’Indochine, appliquent les méthodes de la guerre contre-révolutionnaire, notamment en déplaçant les populations pour les couper des combattants anticoloniaux et en pratiquant une politique de terreur par l’utilisation de bombes incendiaires larguées sur les villages.

Histoire cachée

En France, cette violence coloniale au Cameroun est largement occultée, comme d’autres, que cela soit à Thiaroye contre les tirailleurs sénégalais en 1944, un an plus tard à Sétif, à Madagascar et à Casablanca en 1947 ou en Côte-d’Ivoire en 1949. Elle reste cependant fortement ancrée au Cameroun car bien après l’indépendance, sous le gouvernement d’Ahmadou Ahidjo, la France a continué aux côtés de l’armée camerounaise à combattre les maquis upécistes jusqu’à la fin des années 1960.

Si la commission a eu un accès libre aux archives en France, ce ne fut pas le cas au Cameroun, et pour cause. Le président en place, Paul Biya, était dès 1962 dans le gouvernement Ahidjo. Ainsi pendant des décennies, il était interdit de mentionner les noms de Ruben Um Nyobè, Félix-Roland Moumié ou Ernest Ouandié dirigeants de l’UPC assassinés par les sbires de la France coloniale.

Les recommandations du rapport tournent essentiellement sur la reconnaissance officielle de la violence coloniale de la France. Cela permettra au moins que des individus comme Fillon ne puissent plus déclarer : « Je dénie absolument que des forces françaises aient participé, en quoi que ce soit, à des assassinats au Cameroun. Tout cela, c’est de la pure invention ! »

Paul Martial

https://www.afriquesenlutte.org/

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21 février 2025 ~ 0 Commentaire

Verts (Allemagne)

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Élections en Allemagne : où sont passés les Verts ?

En Allemagne, les Verts réussissent à mobiliser leur base pour les législatives anticipées mais peinent à convaincre au-delà. Le ministre-candidat Robert Habeck aurait-il dû davantage parler d’écologie lors de sa campagne ?

Berlin (Allemagne), correspondance

C’est à la grande salle des fêtes de Berlin-Kreuzberg que les Verts allemands célébreront la fin de leur campagne électorale et la soirée des résultats pour les législatives anticipées dimanche 23 février. En novembre dernier, la coalition menée par le chancelier Olaf Scholz (SPD, Parti social-démocrate d’Allemagne) qui unissait le SPD aux Verts et aux libéraux du FDP, est en effet tombée.

Désormais initiée au porte-à-porte et à la distribution matinale de tracts, Irène Göckeritz, entrée chez les Verts (Grünen) au mois de décembre, a toujours voté pour les écologistes, « mais sans jamais m’engager. Cependant, vu la situation actuelle en Allemagne et dans le monde, j’ai estimé que je ne pouvais plus rester les bras croisés face à la montée de l’extrême droite et à l’urgence climatique », explique-t-elle.

Les sondages placent le groupe CDU/CSU (droite démocrate chrétienne) en tête devant le parti d’extrême droite AfD. Les Verts, eux, stagnent à 14 % des intentions de vote. Soit presque exactement les 14,9 % atteints aux législatives de 2021, à l’époque leur meilleur score historique pour cette élection. Le parti réussit bien à mobiliser leur base électorale, mais sans être capables de convaincre au-delà.

Des Verts attaqués de toutes parts

Ils peuvent tout de même se réjouir : l’adhésion d’Irène n’est qu’une adhésion parmi les 42 000 nouvelles entrées enregistrées depuis le 6 novembre dernier, jour où la coalition gouvernementale tripartite a éclaté. En période électorale, le phénomène est connu. Mais les chiffres des écologistes, de même que ceux du parti de gauche Die Linke (30 000 nouvelles adhésions), sont sans précédent. Les effectifs du parti sont passés de 126 000 à 168 000 membres en quelques mois seulement.

La somme record de 12 millions d’euros de dons est aussi venue alléger un budget de campagne fixé à 19 millions d’euros, le plus élevé de l’histoire des Grünen. On ajoutera, comme point fort, l’entrée rapide en campagne du très médiatique Robert Habeck, ministre de l’Économie et de la Transition énergétique, et « candidat à la chancellerie ».

Pourquoi les sondages ne reflètent pas cet enthousiasme ? L’une des raisons se trouve dans le « greenbashing » dont les Verts sont l’objet depuis des mois de la part de paysans, des conservateurs, des libéraux, de l’AfD… Selon eux, les ministres Verts, Robert Habeck en tête, sont à peu près responsables de tout, de la crise économique en passant par l’explosion des prix de l’énergie et la vague migratoire. Le ministre-président conservateur de Bavière, Markus Söder, ne cesse de le répéter. « Je considère que les Verts sont incompétents », résume-t-il. Avec lui, il n’y aura jamais d’alliance !

L’écologie peu abordée… même par les Verts

Au fil des semaines, le vent a pourtant tourné. Parce que l’extrême droite a orienté ses attaques vers les conservateurs et leur électorat. Et parce que les conservateurs ont dû adoucir leur ton vis-à-vis des Verts jusqu’à ne pas exclure de gouverner avec eux. C’est ce qu’a admis cette semaine la tête de liste des conservateurs Friedrich Merz, bien parti pour être le futur chancelier. Il dispose d’options limitées pour construire une coalition sans l’extrême droite. Le plus probable est une alliance avec les sociaux-démocrates et/ou les Grünen.

Au-delà, les raisons du « surplace » vert ont sans doute à voir avec le contenu de la campagne du candidat-ministre. Robert Habeck a expliqué qu’il souhaitait « combler le vide laissé par Merkel au centre » et convaincre les électeurs pour qui la lutte contre le réchauffement climatique reste un thème prioritaire, quel que soit leur horizon politique, de voter pour lui.

Las, il a finalement assez peu parlé de transition écologique, écrasé entre les deux sujets phares, la politique migratoire et la crise économique. Ce n’est qu’en fin de campagne électorale qu’il a présenté un peu tardivement un « agenda pour l’avenir » centré sur la protection du climat.

Lire aussi:

En Allemagne, des élections dominées par l’extrême droite, le climat à la trappe

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21 février 2025 ~ 0 Commentaire

PFAS (Reporterre)

 

Fin des PFAS : les vêtements imperméables en quête d'alternatives

Fin des PFAS : les vêtements imperméables en quête d’alternatives

Avec l’interdiction des polluants éternels, les entreprises du textile et de l’habillement devront utiliser d’autres méthodes pour rendre leurs produits imperméables. Certaines ont anticipé. D’autres s’inquiètent.

Gros bouleversement en perspective pour le secteur du textile : à partir du 1er janvier 2026, les vêtements et chaussures ne pourront plus contenir de substances perfluorées (PFAS), ces polluants qui ne se dégradent pas. C’est ce que prévoit le texte adopté de façon définitive le 20 février par les députés. Cette interdiction sera ensuite étendue à tous les textiles à partir du 1er janvier 2030. Or, les industriels ont massivement recours aux PFAS en raison de leurs propriétés préservant de l’eau, respirantes ou encore ignifuges (ininflammables).

Parkas de ski déperlantes, vestes de rando imperméables, chaussures étanches, nappes antitaches… Ces produits résistent à l’eau, aux salissures et aux matières grasses grâce à l’apprêt déperlant appliqué sur leur revêtement extérieur et/ou à leur membrane laminée, constituée de plusieurs couches de tissus. Dans les deux cas, des molécules de fluor sont ajoutées pour permettre aux gouttes de glisser et au tissu de rester respirant.

Des marques ont planché très tôt pour éliminer ces PFAS. « Cela n’a pas été une mince affaire », reconnaît Patagonia sur son site. Précurseur, l’équipementier sportif a lancé sa première gamme avec « apprêts déperlants durables » (DWR) sans ajout de fluor en 2019. « Nos produits sont généralement à base d’hydrocarbures (pensez aux polymères et aux cires) ou de silicones », explique-t-il à Reporterre [1]. Il assure que plus aucun de ses vêtements ne sera traité avec des PFAS à partir de ce printemps. Concernant les membranes, l’entreprise s’est associée à Gore-Tex, fabricant historique, afin de mettre au point une nouvelle technologie, en polyéthylène expansé.

Concurrence étrangère

Interrogé par Reporterre, Decathlon assure lui aussi travailler sur des alternatives depuis plus de dix ans et avoir conçu « de nouvelles solutions déperlantes performantes ». Sans donner plus d’explications sur les techniques choisies. Le géant français déclare « accueillir favorablement » la nouvelle loi, tout en soulignant l’importance de « laisser le temps nécessaire » aux entreprises et à l’industrie de s’adapter. Une manière de dire que 2026 serait une échéance trop proche ?

Si les grandes marques ont pris les devants, un grand nombre de petites ou moyennes entreprises risquent en effet de ne pas être prêtes. Quand on lui demande quelles alternatives elle envisage pour ses nappes colorées et enduites, Laurence Le Crocq laisse échapper un rire légèrement nerveux : « C’est une bonne question ! » La fondatrice de Fleur de soleil, société qui conçoit depuis une vingtaine d’années des nappes made in France, n’a pas la réponse. « On utilise très peu de résine perfluorée dans nos produits, mais celle-ci reste indispensable pour que les nappes soient antitaches. » Or, la société d’imprimerie textile avec laquelle elle travaille dans les Vosges n’a pour l’heure pas de solution de remplacement à lui proposer.

L’interdiction pour les textiles tels que les nappes n’entrera en vigueur qu’en 2030, ce qui laisse une bonne marge pour trouver une nouvelle technologie. Laurence Le Crocq s’inquiète cependant de la concurrence étrangère : « Est-ce qu’on va aussi interdire les produits importés fabriqués avec des résines perfluorées ? Nous sommes peu nombreux à fabriquer en France. Ce serait un comble qu’on soit obligé de faire fabriquer à l’étranger ! »

La nouvelle loi interdit bien toute importation de produits avec PFAS. « Ce seront les agents de l’État (DGCCRF) qui seront chargés d’effectuer les contrôles et d’appliquer les sanctions dédiées », nous précise par courriel Nicolas Thierry, député écologiste à l’initiative de la nouvelle loi. Il cite l’exemple du bisphénol A, d’abord interdit en France en 2015 avant de l’être en Europe. Dans l’entre-deux, l’administration a veillé sur le marché et réalisé des contrôles.

Feuilles de lotus

Les entreprises peuvent se faire accompagner par l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH) pour trouver des alternatives. Sont ainsi expérimentés « des revêtements hydrophobes à base de silicone ou de nanomatériaux, des cires et des huiles naturelles ou encore des polymères biodégradables », détaille l’IFTH, qui participe à plusieurs projets de recherche collaborative, tels que Deperflex II, récemment terminé.

Dans ce projet, les chercheurs se sont inspirés de la structure des feuilles de lotus, qui ont la capacité à repousser l’eau grâce à des micro et nanostructures sur leur surface. « En reproduisant cette structure sur des textiles, il est possible de créer des surfaces hydrophobes sans utiliser de PFAS », explique l’Institut. D’autres techniques sont testées pour modifier la surface des textiles : le traitement au laser pour créer des microstructures, le greffage fonctionnel par plasma qui modifie chimiquement la surface du tissu.

Outre la question de la propre innocuité de ces nouvelles techniques — qui reste à démontrer — se pose aussi celle de leur efficacité. « Aujourd’hui, les alternatives sur les vêtements de sport se révèlent un peu moins performantes dans le temps, constate Laurent Cogez, directeur d’Alpex, un des principaux fabricants français de tissus et membranes déperlantes. La déperlance s’estompe au bout de 7 ou 8 lavages contre une dizaine avec les perfluorés. Ce qui impose de prendre plus soin de son vêtement, de le retraiter plus souvent ou de réactiver sa déperlance. Mais peut-être que c’est l’effort à faire pour aider à la transition écologique. »

Lire aussi : Interdiction des PFAS : récit d’une victoire inespérée

https://reporterre.net/

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20 février 2025 ~ 0 Commentaire

Redon

 

Dans l’eau : des poissons, pas des poisons !

 Dans l’eau : des poissons, pas des poisons !

L’eau c’est la vie, sauvons-la ! Afin de préserver nos ressources en eau, pour nous, notre santé, nos enfants, mais aussi pour les milieux naturels, nous vous invitons à une grande manifestation pour l’eau le samedi 22 février à Redon à 14h.

Pourquoi ? La situation actuelle est très préoccupante !

Moins de 10 % des cours d’eau de nos territoires sont en bon état. Plus personne ne peut ignorer les dangers que représentent les molécules chimiques que nous retrouvons partout : dans l’air, dans la nourriture, dans l’eau.

De nombreux agriculteurs et des riverains des champs traités souffrent et meurent de maladies liées à l’usage des pesticides.

De nombreux captages d’eau potable sont fermés, des activités économiques menacées. Les coûts de traitement de l’eau potable explosent, toujours à la charge des consommateurs, contrairement au principe pollueur-payeur. Le changement climatique génère des sécheresses de plus en plus longues et intenses et des inondations de plus en plus catastrophiques.

Les milieux naturels (haies, zones humides…) continuent de disparaître, la biodiversité et la vie humaine sont menacées.

Pourquoi maintenant ? Des oppositions s’organisent pour empêcher de protéger l’eau.

Un document important pour la protection de l’eau, le SAGE (schéma d’aménagement et de gestion des eaux), est en cours de révision sur le bassin de la Vilaine, avec notamment des mesures importantes pour la protection des zones humides et la réduction de l’usage des pesticides. Il a suffi qu’une poignée d’agriculteurs de la FNSEA manifeste à Redon, le 3 décembre dernier, pour qu’un certain nombre d’élus cèdent à leurs injonctions et reviennent sur le niveau d’ambition du document qui doit être voté fin février. Et ce n’est qu’un exemple des nombreux reculs actés ici comme ailleurs suite aux pressions des lobbys.

Des solutions existent. Mobilisons-nous ! Les citoyen.nes doivent montrer que le sujet les préoccupe.

Plus nous serons nombreux.ses, plus nous serons entendu.es ! Il faut un changement de cap radical dans les politiques publiques qui conduisent vers une impasse depuis des décennies. Ensemble, demandons aux élu.es de :

  • Renforcer la protection des captages d’eau potable, notamment en interdisant l’utilisation des pesticides dans les zones les alimentant ;
  • Partager équitablement l’eau ;
  • Préserver nos milieux naturels et les services qu’ils nous fournissent gratuitement ;
  • Soutenir vraiment l’agriculture paysanne et la transition vers un autre modèle agricole respectueux des humains et de l’environnement.

Venez résister avec nous contre tout abandon de l’intérêt collectif. Notre santé et notre environnement ne peuvent être sacrifiés !

 

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20 février 2025 ~ 0 Commentaire

Intensif

becassine

Élevage intensif et souveraineté : les limites du produire plus

Dans le contexte géopolitique actuel, la souveraineté alimentaire s’est imposée récemment comme un objectif cardinal pour les politiques agricoles françaises.

Concernant les filières de production animale, et notamment le poulet, la solution proposée par les pouvoirs publics et les filières semble claire : produire plus et à bas coût pour réduire les importations de viande du pays. Mais l’élevage intensif dépend d’importations et mobilise une part importante de la surface cultivée. Ce paradoxe, souligné par le Réseau Action Climat dans son nouveau rapport, démontre que l’intensification de l’élevage ne permet pas de résoudre les défis de souveraineté, alors même qu’hier le parlement s’est accordé sur la loi d’orientation agricole qui va favoriser les élevages industriels.

L’élevage intensif, fortement dépendant des importations agricoles et d’engrais

La France importe de grandes quantités de matières végétales riches en protéines pour nourrir ses animaux d’élevage, dont 3 millions de tonnes de soja en 2022 pour un coût de 1,5 milliard d’euros, principalement d’Amérique latine. De plus, le recours aux acides aminés de synthèse est en croissance pour compléter l’alimentation des élevages intensifs, alors que la production est concentrée en Chine.

De même, l’élevage intensif nécessite un usage important d’engrais minéraux pour la production de l’alimentation animale. Or, 80% des engrais minéraux sont importés, principalement  de Russie, Egypte, Algérie, Biélorussie, et ceux produits sur le territoire le sont à partir de gaz importé. Ces dépendances aux importations renforcent la vulnérabilité de notre secteur agricole face aux enjeux géopolitiques. De ce fait, la Commission européenne identifie d’ailleurs l’élevage comme le “talon d’achille” de la souveraineté agricole européenne dans son rapport annuel.

44%* des terres cultivées le sont pour nourrir les élevages français, soit l’équivalent de 12 départements en moyenne

Une grande partie des terres cultivées en France sont utilisées pour nourrir les animaux d’élevages. Cela représente par exemple un tiers de la production de céréales. De plus, il faudrait multiplier par 8,5 la production française de soja pour couvrir les besoins en alimentation animale importés, soit une surface de l’ordre de 1,1 million d’hectares. En additionnant la part de surfaces cultivées française dédiés à nourrir les animaux d’élevages et les surfaces aujourd’hui délocalisées, la surface nécessaire aux cultures à destination des élevages français dépasserait les 50% de la surface cultivée totale de la France.

* L’estimation réalisée se base sur les données Agreste pour l’année 2022 concernant la quantité de chaque culture utilisée en alimentation animale rapportée aux rendements moyens constatés et à la superficie cultivée totale de chaque culture. Elle se concentre sur les terres cultivées et n’inclut pas les surfaces toujours en herbe et de prairies permanentes.

Augmenter l’élevage intensif au nom de la souveraineté alimentaire est donc une erreur stratégique

Face à ce constat, des leviers d’action existent. L’enjeu de la souveraineté des filières animales passe par le développement des élevages durables, plus résilients et plus autonomes pour leur production, et plus rémunérateurs pour les éleveurs. Il implique aussi d’agir sur le levier de la consommation alimentaire. Car la hausse des importations de viande ne provient pas tant d’une crise de la production, que d’une forte évolution de la consommation durant les vingt dernières années, avec une hausse spectaculaire de celle de viande de poulet et de celle de produits transformés. L’Etat doit donc mettre en place des politiques alimentaires ambitieuses, en faveur de la réduction de la consommation de viande, tout en favorisant celle de viande de qualité (viande biologique, Label rouge, etc.) et produite en France, ciblant en priorité les acteurs structurant l’offre alimentaire (grande distribution, restauration commerciale, industriels).

https://reseauactionclimat.org/

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20 février 2025 ~ 0 Commentaire

Souveraineté

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Souveraineté alimentaire : un scandale made in France

Publié le 17 février 2025 , mis à jour le 17 février 2025

À l’approche du Salon de l’agriculture et alors que la tension dans le monde agricole est toujours palpable, le Sénat devrait adopter mardi, la loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture.

Dans son 4ème rapport sur l’état des terres agricoles en France publié lundi 17 février, Terre de Liens révèle que la France a perdu la capacité à nourrir sa population. En l’état, la nouvelle Loi qui devrait être adoptée ne devrait qu’aggraver 75 ans de déconnexion politique entre agriculture et alimentation.

2100 m2 de terres par habitant, là où il en faudrait le double

Avec un potentiel nourricier de 130 %, la France dispose en théorie d’assez de terres agricoles pour nourrir sa population. Mais dans son nouveau rapport sur l’état des terres agricoles, Terre de Liens révèle que cette prétendue souveraineté alimentaire est aujourd’hui réduite à une chimère politique. Tandis qu’elle exporte la production de 43 % de ses terres (12 millions d’hectares), la France importe aujourd’hui l’équivalent de 10 millions d’hectares de terres, la surface de l’Islande, pour notre alimentation. Dans ces conditions, en France, la surface de terres nourricières est réduite à 2 100 m2 par habitant, quand il en faudrait le double pour nourrir une personne. 

Les pâtes illustrent l’absurdité de la situation : avec nos 250 000 hectares de blé dur cultivés chaque année, nous pourrions aisément produire 15 kg de pâtes par personne, surpassant la consommation moyenne de 8,5 kg/personne. Hélas, le blé produit sur deux tiers de ces surfaces est vendu hors de nos frontières et de nos estomacs. Résultat : la France importe trois quarts des pâtes et semoules qui nourrissent sa population.

Ou encore le lait. Tandis que Lactalis réduit sa collecte de lait de 9 % en France, laissant sur le carreau plusieurs centaines d’éleveurs laitiers, il n’a pas fait mystère de son intérêt pour le lait en poudre néo-zélandais, dont l’importation est facilitée par un récent accord de libre-échange.

La situation de l’agriculture française se résume en un triste palmarès : accro aux intrants importés pour produire en masse et tenir la cadence des exportations, la France ne cesse d’accroître ses importations pour remplir nos assiettes. Elles ont doublé en 20 ans.

Agriculture et alimentation, 75 ans de déconnexion politique

D’un côté de la chaîne, les agriculteurs·trices crient leur désespoir d’un revenu indigne face à la concurrence mondiale. De l’autre, la précarité alimentaire des Français augmente et les conséquences de notre alimentation sur notre santé se chiffrent en milliards.

Dans son rapport, Terre de Liens dresse un état des lieux effarant : entre agriculture et alimentation, 75 ans de déconnexion politique ont conduit à la situation que nous connaissons aujourd’hui. À l’heure où la France entend se doter d’une loi d’orientation agricole pour “préserver” sa souveraineté alimentaire, Terre de Liens appelle le gouvernement à prendre acte que cette dernière n’est plus. Ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est de mettre en cohérence production agricole et besoins alimentaires, de toute urgence. Les leviers sont éminemment politiques :

  • La PAC, dont aujourd’hui 20 % des plus gros bénéficiaires perçoivent 51 % des aides directes, encourage une production industrielle tournée vers le commerce international, au détriment de la durabilité des systèmes. Il est impensable de maintenir en l’état ce levier financier, qui représente en moyenne 74 % du revenu courant avant impôt des agriculteurs·trices, calibré de telle sorte qu’il nous prive de souveraineté alimentaire ;
  • Les accords de libre-échange (Nouvelle Zélande, CETA, Mercosur) accroissent les kilomètres entre le champ et l’assiette, faisant perdre de vue où et comment est produite l’alimentation. Il est temps d’en finir avec la mauvaise foi du gouvernement qui a signé des dizaines de traités de libre-échange ;
  • Les acteurs de l’aval (transformation, distribution) reçoivent chaque année 16,4 milliards principalement sous forme d’exonérations fiscales et de cotisations sociales. Or, ces acteurs orientent considérablement la production agricole. Ces exonérations fiscales représentent donc un levier important de politique publique.
  • Le départ massif à la retraite des agriculteurs entraîne la disparition de 200 fermes par semaine en France. Une véritable politique d’accès à la terre et d’installation doit voir le jour sans plus tarder pour remplir les objectifs de renouvellement des générations inscrits dans la loi.

En l’état, la loi qui devrait être adoptée mardi passe à côté de son objectif : des terres et des agriculteurs·trices pour une souveraineté alimentaire préservée. Sans moyens sur l’enjeu de renouvellement des générations et de la résilience des fermes (le long terme qui devrait être central dans une loi d’orientation), elle a fait semblant de donner des gages aux agriculteurs•trices par un abaissement généralisé des normes qui ne règlera pas leur problème de revenu et consacre dans le même temps une vision de la souveraineté alimentaire calquée sur la balance commerciale de la France.

Liens et accès au rapport

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