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03 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Pêche (Bloom)

bloom

Directive Omnibus : vers un affaiblissement historique des normes environnementales et sociales en Europe

La Commission européenne a rendu publique ce jour une proposition législative revenant de manière brutale sur des avancées pourtant cruciales pour la protection des droits humains, de l’environnement et du climat. Sous couvert de « simplifier » la vie des entreprises, la directive « Omnibus » de la Commission propose de démanteler nombre d’obligations en matière de durabilité et de protection des droits humains.

La proposition de directive Omnibus de la Commission européenne n’a de « simplification » que le nom. En réalité, il s’agit d’une dérégulation massive et sans précédent, qui rappelle la politique de déréglementation en cours aux États-Unis. Présentée dans l’urgence et sans respecter pleinement les procédures démocratiques, elle s’attaque à des normes d’intérêt public. Ces dernières visent à prévenir et réparer les atteintes aux droits humains et à l’environnement causées par les entreprises, tout en permettant aux acteurs économiques et financiers de s’aligner sur les objectifs climatiques européens.

Vers un affaiblissement notoire de la CSDDD…

Concernant la Directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité des entreprises (CSDDD), la proposition réduit drastiquement son champ d’application (exclusion des relations commerciales indirectes, au niveau desquels ont lieu nombre d’atteintes graves), vide de leur substance certaines mesures correctives ainsi que les plans de transition climatique attendus des entreprises, et s’attaque aux mécanismes permettant de contrôler, sanctionner et tenir pour responsables sur le plan civil les entreprises en cas de faute.

Concrètement, ces changements priveraient le devoir de vigilance européen de tout effet utile. Les violations les plus graves resteraient en dehors de son périmètre, les entreprises fautives pourraient se dédouaner au moyen de mesures cosmétiques inadaptées, et elles pourraient échapper à l’obligation pourtant fondamentale de réparer les dommages causés par leurs activités. Dans les faits, les multinationales pourront continuer à vendre des vêtements fabriqués par des travailleur·euse·s dans des conditions inhumaines, à déforester, et à mettre en danger la biodiversité en toute impunité. En supprimant ces dispositions clefs, la Commission européenne transforme le devoir de vigilance en déclaration d’intentions.

…et de la CSRD

Concernant la Directive sur la publication d’informations en matière de durabilité des entreprises (CSRD), la proposition réduit le nombre d’entreprises couvertes de 80 à 85 % et supprime les normes sectorielles, qui permettent de cibler en priorité les secteurs les plus polluants tels que le secteur extractif. Cela signifie que certaines informations essentielles pour orienter les financements vers la transition climatique juste seront perdues.

Influence des lobbys et soutien des mouvements ultra-conservateurs

Cette proposition législative n’est pas uniquement un désastre pour la transition climatique et la protection des droits humains et de l’environnement. En effet, les politiques et prises de position de l’extrême droite progressent dans les États membres et au sein du Parlement européen, où certains député.e.s se réjouissent ouvertement de cette initiative de dérégulation. Cette révision constituerait d’ailleurs un précédent dangereux permettant de démanteler à l’avenir bien d’autres protections du Pacte Vert.

Par ailleurs, cette initiative est un signe supplémentaire de l’affaiblissement démocratique à l’œuvre dans l’Union européenne. Alors que nombre de voix politiques et économiques se sont élevées pour protéger ces textes, la Commission a préféré capituler face aux lobbys des grandes entreprises, comme le MEDEF ou la FBF. Ces derniers profitent d’un moment de fébrilité politique pour dérouler leur agenda de dérégulation et faire primer leurs intérêts propres et les profits sur les droits de millions de personnes et le futur de notre planète.

Alors que se profilent des discussions cruciales au sein du Conseil de l’Union européenne au sujet de cette proposition, nos organisations de la société civile française appellent le gouvernement français à ne pas trahir les victimes des abus des entreprises à travers le monde et à défendre l’ambition initiale de ces textes. Il est encore temps d’éviter ce recul historique.

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02 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Immigrés (France Info)

pst algerie

« On avait besoin de main-d’œuvre sur tous les terrains » :

Comment l’accord de 1968 avec l’Algérie a aussi profité à la France

Le Premier ministre, François Bayrou, a ouvert la réexamen de cet accord bilatéral qui régit les conditions d’immigration des Algériens en France.

C’est un texte juridique qui se retrouve au cœur du débat politique français et qui cristallise les tensions diplomatiques inédites entre Paris et Alger. Lors d’une conférence de presse tenue mercredi 26 février, le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé que la France allait demander à l’Algérie de « réexaminer » l’accord de 1968 entre les deux pays. Paris va notamment fournir à Alger une « liste d’urgence » de personnes considérées comme « sensibles » et que le gouvernement français veut voir reprises par l’Algérie, faute de quoi l’accord sera dénoncé.

Cette demande est exprimée de longue date par l’extrême droite et la droite, y compris par certains membres du gouvernement, comme le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. « Cet accord est daté et a déformé l’immigration algérienne. Il n’a pas lieu d’être. Il faut le remettre sur la table », dénonçait le locataire de Beauvau, le 19 janvier sur BFMTV.

Emmanuel Macron a lui tenter de calmer le jeu vendredi, appelant les deux capitales à « réengager un travail de fond » sur leurs accords d’immigation. « Nous n’avancerons pas s’il n’y a pas un travail, on ne peut pas se parler par voie de presse, c’est ridicule, ça ne marche jamais comme cela », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse à Porto. « Il ne faut pas que [les relations] fassent l’objet de jeux politiques », a-t-il ajouté. En parallèle de ces tensions, nombre d’historiens rappellent d’ailleurs que la France a longtemps bénéficié de cet accord et relativisent sa portée actuelle.

« Maintenir un courant régulier de travailleurs »

Le document signé le 27 décembre 1968 a fait l’objet de trois révisions, en 1985, 1994 et 2001. Il confère aux Algériens un statut dérogatoire au droit commun, qui régit leurs conditions de circulation, de séjour et d’emploi sur le territoire national.

L’accord, considéré aujourd’hui par certains responsables politiques français comme trop avantageux pour l’Algérie, a initialement été signé pour restreindre les facilités d’immigration offertes par les accords d’Evian.

Signés six ans plus tôt, ceux-ci ont mis fin à la guerre d’Algérie (de 1954 à 1962) en reconnaissant l’indépendance du pays, colonie française depuis 1830, tout en actant « que la liberté de circulation serait maintenue », note l’historien et politiste Emmanuel Blanchard dans son ouvrage Histoire de l’immigration algérienne en France.

« On est passé d’une circulation de peuplement, avec des gens qui pouvaient circuler librement, à l’instauration d’une migration de travail. On avait besoin de main-d’œuvre sur tous les terrains », observe auprès de franceinfo l’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie contemporaine et de l’immigration algérienne. « On donne aux Algériens le statut de travailleurs étrangers. C’est une compensation, car il n’y a donc plus de liberté de circulation. »

« On avait besoin de travailleurs algériens mais plus de populations qui circulaient. C’est ça, les accords de 1968. »Benjamin Stora, historien, spécialiste de l’Algérie

à franceinfo

Concrètement, « seuls 35 000 Algériens par an peuvent venir s’installer en France, sans que ceux-ci n’aient besoin de visa long séjour. Ces derniers bénéficient d’une carte de résidence (CRA) de cinq ans s’ils peuvent justifier d’un emploi. Au bout de trois ans de résidence en France, une CRA de dix ans peut être octroyée, relève TV5 Monde. L’accord de 1968 facilite également le regroupement familial (conjoint, enfants, ascendants), au bout de douze mois de présence en France. »

Le décret d’application du 18 mars 1969 justifie l’accord par « la nécessité de maintenir un courant régulier de travailleurs », qui « tienne compte du volume de l’immigration traditionnelle algérienne en France ». Pour Benjamin Stora, l’époque était « à l’expansion économique de la France », avec les Trente Glorieuses.

« Il fallait construire tous azimuts, des autoroutes, des logements. Or, l’immigration européenne, qu’elle soit portugaise ou espagnole, se tarissait, il y avait besoin d’une immigration algérienne », détaille l’historien.

Le destin de ces immigrés algériens se cantonne souvent aux usines. « Plus de 90% des Algériens étaient ouvriers : la plupart d’entre eux n’avaient d’autre destin que ‘la pelle et la pioche’, expression utilisée par les principaux intéressés afin de désigner les emplois de manœuvres dans le BTP ou l’industrie », relève ainsi Emmanuel Blanchard dans son ouvrage.

« Cet accord n’existe pratiquement plus »

Les Trente Glorieuses se terminent en 1973 avec le premier choc pétrolier. « Lorsqu’on a signé l’accord de 1968, on était donc bientôt à la fin des Trente Glorieuses, mais les Algériens ont ensuite participé à la vie de la France dans tous les domaines et de manière notable », poursuit l’historien Jacques Frémeaux, professeur à l’université La Sorbonne et spécialiste de l’histoire coloniale.

Ils sont aussi les premiers concernés par le chômage qui s’installe avec la récession économique. « Les immigrés et en particulier les Arabes furent les premiers frappés par les licenciements. Ils subirent de plein fouet les conséquences des discriminations, qui les frappaient dans toutes les dimensions de leurs carrières », affirme Emmanuel Blanchard dans son livre. Néanmoins, cela n’a pas atténué le flux des arrivées des Algériens en France.

« Le taux de chômage était certes en hausse rapide mais les emplois de service faiblement qualifiés étaient en essor. L’immigration algérienne qui n’avait jamais été homogène se diversifia alors encore un peu plus et continua de se renouveler au cours des années 1980 et 1990. « Emmanuel Blanchard, historien et politiste »

dans « Histoire de l’immigration algérienne en France »

La communauté algérienne, poursuit ce spécialiste, devient la plus nombreuse en France, au tournant des années 1980, « place auparavant occupée par les Italiens puis les Portugais ». Or, cette situation n’est pas de nature à ravir les autorités françaises qui, dès 1947 et le nouveau statut de l’Algérie, ont vu arriver dans l’Hexagone ces immigrés pendant plusieurs décennies.

« Les centaines de milliers d’arrivées alors enregistrées ne furent cependant pas encouragées par les pouvoirs publics français. Ceux-ci auraient en effet préféré que l’immigration soit alimentée par d’autres régions et demeure ‘européenne’ », relate Emmanuel Blanchard.

L’accord de 1968 va, au fur et à mesure de ses révisions et a fortiori depuis l’obligation de visa imposée en 1986, se restreindre. « De facto, cet accord n’existe pratiquement plus. Qu’est-ce qui compte pour un Algérien ? C’est d’avoir un visa. Or, depuis 1986, c’est très dur l’avoir », assure Benjamin Stora.

Les Algériens restent cependant aujourd’hui en France les premiers ressortissants étrangers, en nombre, puisqu’ils sont chaque année « plus de 400 000″ à « obtenir un visa pour se rendre et séjourner plus ou moins longuement en France », selon Emmanuel Blanchard.

Margaux Duguet 02/03/2025

https://www.francetvinfo.fr/

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01 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Bible (The Conversation)

Pins-Palestine-Bretagne

Les inspirations bibliques du plan de Trump pour Gaza

Le plan de Trump reflète le soutien de longue date des sionistes chrétiens des États-Unis à l’État d’Israël – un soutien ancré dans une lecture spécifique de la Bible et non dénué d’ambiguïtés.

Le plan de Donald Trump pour l’avenir de Gaza a surpris de nombreux observateurs et semble incompréhensible sur le plan géopolitique et stratégique. Cependant, il prend sens si l’on considère l’influence du sionisme chrétien au sein de son administration et d’une grande partie du monde évangélique américain. L’idée de déplacer la population palestinienne vers les pays arabes voisins et de confier le contrôle d’une partie du territoire palestinien à une puissance comme les États-Unis fait partie du discours sioniste chrétien depuis ses origines au milieu du XIXe siècle. Cette idée n’est donc pas nouvelle ; mais c’est la première fois qu’elle est exprimée au plus haut niveau politique américain.


Le 25 janvier dernier, Donald Trump a déclaré vouloir « nettoyer » Gaza en organisant un plan de déplacement massif de ses deux millions d’habitants (estimation avant le début de la guerre, en octobre 2023) vers la Jordanie ou l’Égypte. Cette annonce a réjoui l’extrême droite israélienne et les sionistes religieux juifs, comme Bezalel Smotrich, ministre des finances, et Itamar Ben Gvir, ministre de la sécurité nationale (2022-janvier 2025), qui défendent une politique d’encouragement à l’« émigration volontaire » des Gazaouis. Ce discours, en rupture avec le déni de l’expulsion des Arabes palestiniens très présent dans l’histoire officielle du sionisme depuis la Nakba, marque un tournant politique en Israël.

Cependant, les desiderata de l’administration Trump ne peuvent pas être considérés uniquement comme un simple alignement sur l’extrême droite israélienne ou un gage donné au gouvernement actuel en échange de son accord pour un cessez-le-feu avec le Hamas (en vigueur depuis le 19 janvier 2025). Le plan de Trump reflète également ce que certains sionistes chrétiens défendent politiquement depuis des décennies, sur la base d’interprétations spécifiques de la Bible.

Déplacer la population arabe pour séparer Arabes et Juifs, seul horizon de paix en Israël ?

L’idée de séparer deux peuples irréconciliables est présente dans les discours des sionistes chrétiens. En 1988, en pleine Intifada, William Lovell Hull (1897-1992), un pasteur pentecôtiste canadien et fervent partisan d’Israël, a soumis un plan de paix à Yitzhak Shamir, premier ministre israélien et ardent défenseur du « Grand Israël », et à Joe Clark, secrétaire d’État aux affaires extérieures du Canada.

Pour Hull, la paix ne pouvait être acquise qu’en séparant physiquement les Juifs et les Arabes. Il tirait cette conclusion de son interprétation du récit biblique de Jacob et Ésaü, des frères jumeaux dont l’inimitié rendait leur coexistence sur la terre de Canaan quasiment impossible. Comme il est courant chez les chrétiens fondamentalistes, Hull établissait un parallèle entre les temps bibliques et l’actualité contemporaine, associant la terre de Canaan à l’Israël contemporain, Jacob aux Juifs et Ésaü aux Arabes.

Hull considérait la décision d’Ésaü de quitter Canaan et d’y laisser vivre son frère pour se rendre sur le mont Seïr, dans l’actuelle Jordanie, comme « le seul moyen de sortir d’une situation impossible ». C’est précisément sur cette séparation volontaire et consentie par Ésaü – associé aux Arabes – que le pasteur Hull faisait reposer tout son espoir pour parvenir à la paix en Israël.

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Lors de la première Intifada, l’État israélien faisait face, comme aujourd’hui, à un choix cornélien entre deux options. La première, intégrer Gaza et la Cisjordanie à Israël, aurait transformé, selon Hull, le pays en une nation majoritairement arabe, le taux de natalité étant plus élevé au sein des populations arabes. Une telle situation pourrait conduire à l’adoption d’une loi d’apartheid, solution qu’il jugeait moralement inacceptable tant pour les Arabes que pour les Juifs. La deuxième option, la création d’un État arabe en Cisjordanie, n’était pas non plus viable pour Hull, car elle permettrait aux Palestiniens, membres de l’OLP à son époque ou du Hamas aujourd’hui, de stocker des armes près des villes israéliennes, menaçant ainsi directement les Juifs israéliens.

Face à cette alternative, Hull proposait une troisième option : que les Arabes palestiniens se déplacent en Jordanie en échange de compensations afin de préserver l’État d’Israël.

« Le seul espoir de paix, écrivait-il, serait que tous ceux d’Ésaü (les Arabes) rejoignent leurs frères dans la partie de la Palestine qui s’appelle aujourd’hui la Jordanie. Tout autre choix pourrait éventuellement conduire au même résultat, mais au prix d’une guerre ouverte et de la perte de nombreuses vies humaines. »

Cette solution apporterait, outre la paix en Israël, espérait-il:

« une nette amélioration des conditions de vie des Arabes vivant actuellement en Israël, et favoriserait une relation amicale entre les Juifs et les Arabes ».

Le défi, d’après le révérend, était que peu de gens étaient conscients de cette solution, qu’il s’agisse des responsables politiques ou de l’opinion publique.

Le coût économique et politique du plan Trump

Ce pasteur se serait peut-être réjoui d’entendre Donald Trump vouloir déplacer les Gazaouis dans les pays arabes voisins et d’ajouter, depuis la Maison Blanche aux côtés du premier ministre israélien, vouloir acquérir le contrôle de la bande de Gaza sur le long terme, pour en assurer la démilitarisation et la reconstruction. Tout cela pour la transformer en « Riviera du Moyen-Orient ». Ce nouvel Eldorado serait offert à d’autres qu’aux Gazaouis. Ces derniers, durement frappés, se verraient promettre un avenir meilleur en Jordanie et en Égypte et ne pourraient, selon Trump, que s’en trouver satisfaits, au point de ne plus vouloir revenir chez eux.

Que ce plan soit contraire au droit international humanitaire et méprise le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est indiscutable. Mais une fois passé l’effet de surprise de cette annonce qui, il faut le souligner, a été lue et donc préparée par l’administration Trump, une autre question s’est rapidement imposée dans les débats : qui va en assumer le coût financier et politique ? Les États-Unis ? Il n’en semble pas question. Dans le plan du pasteur Hull, la responsabilité du coût financier d’un tel transfert de population devait revenir à quelques Juifs aisés, mais surtout à l’État israélien, qui aurait pu alors mettre à profit son expérience d’aide au développement dans les pays africains, basée sur sa propre expérience de désert devenu « pays où coulent le lait et le miel ». L’argent et le flux de population, pensait-il, enrichiraient la Jordanie qui « gagnerait ainsi en importance et en respect dans le concert des nations ». Est-ce également le plan de Trump ? La question reste ouverte.

Jusqu’à présent, les principales décisions de Donald Trump susceptibles de satisfaire un électorat évangélique conservateur et sioniste chrétien (bien plus que l’électorat juif américain), comme la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le Golan occupé (2019) et le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem (effectif en 2020), n’ont quasiment rien coûté.

Cette fois-ci, le plan de Trump pour Gaza, s’il se concrétise, pèsera certainement plus lourd sur le plan politique que sur le portefeuille. L’Égypte et la Jordanie ont déjà exprimé leur opposition. Il est peu probable que l’Arabie saoudite – que Trump aimerait bien ajouter à la liste des signataires des accords d’Abraham (normalisation des relations, en 2020, entre, d’une part, Israël, et de l’autre, avec les Émirats arabes unis, avec Bahreïn, avec le Maroc, pus avec le Soudan) qui ont cristallisé l’invisibilisation de la question palestinienne – prenne le risque de se mettre à dos une opinion publique arabe qui reste attachée à la création d’un État palestinien.

Mais rien n’est sûr : à ce stade, les Émirats arabes unis semblent ne pas voir d’autres solutions que celle prônée par Washington, tout en restant ouverts à de nouvelles idées.

Israël et les États-Unis, une relation très spéciale et une foi transactionnelle

Avec ce plan, Trump renonce-t-il à sa stratégie transactionnelle ? Oui, en apparence, non si on prend en compte l’influence du sionisme chrétien sur les relations spéciales entre les États-Unis et Israël.

L’un des principaux mantras des évangéliques sionistes est éminemment transactionnel : « Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront. » (Genèse 12 : 3) Dans cette logique, le soutien à la politique du gouvernement israélien (de préférence d’extrême droite), considéré comme le représentant de tous les Juifs, est non seulement un devoir sacré pour son propre salut, mais aussi un devoir patriotique pour le bien de la nation.

Pour certains chrétiens sionistes américains, la puissance économique et militaire du pays est le signe de cette bénédiction divine liée à la relation spéciale avec Israël. En outre, à leurs yeux, l’histoire témoigne du sort réservé à ceux qui, comme le IIIe Reich allemand ou l’Union soviétique, ont persécuté leurs populations juives. Ceux qui osent critiquer Israël apparaissent alors comme autant de menaces pour les États-Unis ; cela vaut tout spécialement pour les Juifs américains hostiles à l’extrême droite israélienne, que Trump n’a pas hésité à qualifier de « mauvais Juifs », jugeant pendant la campagne électorale de 2024 que les Juifs se disant prêts à voter pour Joe Biden, puis pour Kamala Harris, étaient ingrats et déloyaux envers les États-Unis, car ils entendaient voter « pour l’ennemi » d’Israël et que, s’il venait à perdre l’élection présidentielle, ils en seraient les responsables directs. D’après Trump, sa victoire était la bonne solution pour les États-Unis, et donc pour Israël… et inversement.

Ce comportement antisémite décomplexé reflète l’ambiguïté permanente qui se cache derrière l’alliance indéfectible entre Israël et les États-Unis. D’un côté, les chrétiens sionistes ont besoin des Juifs, qu’ils considèrent à la fois comme les témoins vivants d’une alliance historique et unique entre Dieu et les êtres humains, mais aussi comme un moyen d’accomplir les prophéties et le retour de Jésus ainsi que son règne de paix : le millénium. Un accomplissement qui, selon leur interprétation, réserve un sort funeste aux Juifs qui ne reconnaîtraient pas Jésus comme leur sauveur.

D’un autre côté, l’État d’Israël, qui se considère officiellement comme l’État-nation des Juifs (loi de 2018) – une finalité en soi pour les sionistes d’extrême droite et sionistes religieux juifs – ne peut perdurer dans ce statut sans le soutien américain, et a fortiori des chrétiens évangéliques sionistes. En définitive, même si les intérêts des uns et des autres convergent, les objectifs finaux divergent sensiblement.

Le rêve américain de Gaza ou l’impérialisme biblique des États-Unis

En se présentant comme celui qui fera de Gaza un lieu idyllique, Trump s’inscrit dans une perspective politique semblable à celle du sionisme chrétien depuis le milieu du XIXe siècle : faire refleurir le désert, en permettant au peuple d’Israël de fouler de nouveau la terre qui lui a été promise.

En attendant, il a déjà publié sur Instagram une vidéo générée par IA qui a surpris même les observateurs les plus blasés de ses communiqués.

Mais plus encore, en exprimant sa volonté de prendre le « contrôle à long terme » de Gaza, Trump ne peut que satisfaire les espérances à tendance impérialiste des sionistes chrétiens.

De fait, un siècle après le début du mandat britannique, une partie de la Palestine se retrouverait de nouveau entre les mains d’une nation chrétienne (ou présentée comme telle) qui s’est fait un devoir d’aider le peuple juif à restaurer sa souveraineté sur la terre que Dieu lui a promise.

Faire respecter cette promesse divine, c’est justement ce à quoi se sont engagés des chrétiens sionistes au plus haut niveau politique depuis le milieu du XIXe siècle, sans discontinuer.

Aujourd’hui comme lors de son premier mandat, le soutien de Donald Trump et des États-Unis à l’État d’Israël ne peut être compris sans être resitué dans cette longue histoire. Benyamin Nétanyahou, peut-être plus que tout autre premier ministre israélien, et l’extrême droite religieuse l’ont bien compris, davantage pour leur profit que pour celui d’Israël, et encore moins pour celui des Palestiniens.

 27 février 2025, Laurent Tessier

Docteur en histoire, spécialiste du sionisme chrétien, École pratique des hautes études (EPHE)

https://theconversation.com/

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01 mars 2025 ~ 0 Commentaire

PKK (El Diario)

kurdes

 
Le PKK annonce un cessez-le-feu et un futur désarmement sous la direction d’Abdullah Öcalan
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A moins qu’ils ne nous attaquent, aucune action armée ne sera menée », a déclaré la milice kurde de Turquie dans un communiqué. —
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Le chef de la milice kurde du PKK en Turquie demande à ses partisans de déposer les armes .
Manifestations en Turquie en faveur du leader du PKK.
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1er mars 2025
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Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), milice kurde de Turquie déclarée organisation terroriste par l’UE, les États-Unis et la Turquie, a annoncé samedi un cessez-le-feu complet ainsi qu’un futur désarmement sous la direction de son fondateur, Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie. .
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« Pour ouvrir la voie à l’appel du leader Apo (surnom d’Öcalan) à la paix et à une société démocratique, nous proclamons un cessez-le-feu, en vigueur aujourd’hui », indique un communiqué du PKK.
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« A moins qu’ils ne nous attaquent, aucune action armée ne sera menée », précise le texte diffusé par l’agence ANF, porte-parole habituel de la guérilla. Öcalan, emprisonné depuis 1999 en Turquie, avait rendu public jeudi dernier, à travers une délégation du parti de gauche DEM, un appel au désarmement du PKK et à son intégration dans l’Etat et la société pour mettre fin au conflit kurde après 40 ans de guerre. .
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Selon lui, il a assumé la « responsabilité historique » de cet appel et a demandé à tous les groupes de faire de même et au PKK de se dissoudre. « En outre, des aspects tels que le désarmement peuvent être mis en pratique, mais cela peut se faire sous la direction pratique du leader Apo », ajoute le communiqué du PKK, qui souligne également la volonté de « convoquer un congrès » de l’organisation, comme l’a demandé Öcalan dans son message..
« Mais pour ce faire, un environnement de sécurité adéquat doit être créé et, pour que le congrès soit un succès, il doit se dérouler sous la direction et la coordination du leader Apo », indique le communiqué. .
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 Le chef de la milice kurde du PKK en Turquie demande à ses partisans de déposer les armes Il souligne que cela nécessite la « liberté physique » d’Öcalan et la possibilité que tous ses partisans puissent communiquer avec lui sans obstacles. « Nous espérons que les institutions de l’État feront le nécessaire pour créer ces conditions », conclut le texte.

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01 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Greenpeace (Basta)

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Greenpeace USA joue sa survie face à une poursuite-bâillon et à l’industrie pétrolière

Dix ans après les manifestations contre l’oléoduc Dakota Access, la multinationale Energy Transfer réclame des centaines de millions de dollars à Greenpeace aux États-Unis. L’ONG vient d’activer la directive européenne contre les procédures-bâillons.

300 millions de dollars de dommages et intérêts (275 millions d’euros). C’est le montant réclamé par l’entreprise américaine Energy Transfer spécialisée dans la construction d’oléoducs auprès de Greenpeace USA. L’entreprise accuse l’ONG de dégradations lors des manifestations contre le Dakota Access Pipeline, en 2016 et 2017. Basta! a largement documenté cette mobilisation où des tribus amérindiennes se sont alliées à des dizaines de milliers de militants de tous les pays pour empêcher la construction d’un immense oléoduc.

Suspendue par le président Barack Obama puis relancée par son successeur, Donald Trump, l’infrastructure a finalement été construite et est entrée en fonction en juin 2017. Enterrée, elle transporte tous les jours 750 000 barils de pétrole de schiste depuis le Dakota du Nord jusqu’à l’Illinois, sur près de 1 900 kilomètres.

L’affaire n’est pas close d’un point de vue juridique. Un procès s’est ouvert ce 24 février et pour cinq semaines à Mandan, dans le Dakota du Nord. « Energy Transfer nous réclame 300 millions de dollars, simplement parce que Greenpeace International a signé une lettre ouverte aux côtés de plus de 500 autres organisations. Nous sommes là face à un cas d’école de procédure-bâillon » explique l’ONG dans un communiqué (la traduction de l’assignation est disponible sur ce lien). Le montant réclamé menace l’existence de Greenpeace aux États-Unis où l’ONG compte 205 employés.

« Après plus de 50 années d’activisme en faveur de l’environnement, Greenpeace USA voit son existence menacée par cette procédure-bâillon. Le procès démarre dans un contexte politique alarmant, qui souligne d’autant plus le rôle-clé de la société civile et des organisations environnementales face à l’industrie fossile et ses soutiens climatosceptiques. Alors que l’urgence climatique s’accélère, imagine-t-on les États-Unis avec Trump, et sans Greenpeace ? » alerte Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

« Un précédent juridique dangereux »

En 2017, Energy Transfer a déposé une première plainte devant un tribunal fédéral américain en vertu de la loi RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act), une loi fédérale destinée à combattre la mafia et le crime organisé. Le juge a classé l’affaire, déclarant que les preuves étaient « loin d’être suffisantes » pour établir l’existence d’une activité criminelle de ce type.

En 2019, sur la base d’arguments similaires, l’entreprise a engagé de nouvelles poursuites devant un tribunal de l’État du Dakota pour de nombreux chefs d’accusation : violation de propriété, nuisances, diffamation ou encore interférences causant des torts dans les relations d’affaires. Selon l’ONG, seule l’une des deux entités de Greenpeace USA, Greenpeace Inc., aurait financé, à leur demande, la formation des tribus amérindiennes à la mobilisation non violente, et aurait fourni des couvertures ou des vans équipés de panneaux solaires pour recharger les équipements électriques, rapporte Le Monde.

« Au-delà de l’impact que cette affaire pourrait avoir sur les entités de Greenpeace, ce qui est encore plus inquiétant est qu’elle pourrait établir un précédent juridique dangereux en considérant que les personnes qui participent à des manifestations sont responsables des actes d’autres participants » estime Deepa Padmanabha, conseillère juridique principale de Greenpeace USA. « Cela pourrait avoir un sérieux effet dissuasif sur toutes celles et ceux qui voudraient participer à des manifestations. »

Le plaignant est un soutien financier de Trump

Le verdict sera livré par un jury citoyen dans un comté où l’industrie pétrolière est un important pourvoyeur d’emplois, et qui a voté majoritairement pour Donald Trump à l’élection présidentielle de 2020. Le président exécutif d’Energy Transfer, Kelcy Warren, l’une des cinq cents plus grosses fortunes du pays, a financé les campagnes de Donald Trump.

En parallèle de ce procès, Greenpeace a initié une procédure judiciaire aux Pays-Bas pour demander une indemnisation des frais liés aux poursuites-bâillons lancées par Energy Transfer. C’est la première fois qu’est activée la directive européenne contre les procédures-bâillons dite « anti-SLAPP » ( Strategic Lawsuit Against Public Participation, qui signifie littéralement « gifle »). Adoptée en avril 2024, cette directive vise à protéger les personnes morales et physiques établies dans l’Union européenne qui s’expriment sur des questions d’intérêt public, contre les poursuites-bâillons en dehors de l’UE.

25 février 2025

https://basta.media/

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01 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Samedi 1er Mars

 

Samedi 1er Mars dans Altermondialisme

Éditorial du samedi 1er mars 2025.

Le monde entier a pu voir en direct que Trump et Vance, président et vice-président des États-Unis, ont tendu un piège au président légitime de l’Ukraine, Volodomyr Zelensky. Ils ont tenté de lui faire signer une abdication sans aucune garantie de sécurité assortie de l’appropriation prédatrice du sous-sol de son pays, et comme il a refusé ils ont exhibé leur violence.

C’est une agression caractérisée contre l’Ukraine venant des États-Unis. C’est une aide directe à Poutine, un soutien ouvert à son agression, une aide à la poursuite et à l’intensification des massacres contre la population civile ukrainienne, l’oppression et la russification dans les zones occupées, et c’est une offensive de démoralisation des Ukrainiens et des européens, visant à désespérer les Ukrainiens.

Une prise de conscience commence à se produire dans les larges masses européennes. Les nations d’Europe sont menacées sur deux fronts, voilà ce qui est en train de s’imposer. Le destin de l’Ukraine détermine immédiatement le destin de l’Europe et c’est aussi le destin des États-Unis, des droits démocratiques aux États-Unis, qui se joue : ces différentes questions se réunissent en une seule. A savoir : battre et chasser les Trump, Musk, Vance et Poutine !

C’est en ce sens, celui des luttes sociales, démocratiques et écologiques, qu’est posée la nécessité du réarmement européen et de la hausse des budgets militaires, aux côtés des budgets pour l’éducation, la santé et l’environnement. Avec les gouvernements actuellement en place en Europe occidentale, cela ne peut se faire : ils sont comme était Biden. S’ils réarment, ce sera au détriment des budgets sociaux et environnementaux, ce sera pour acheter au complexe militaro-industriel US, et ce ne sera pas pour sauver l’Ukraine mais pour partager les zones d’influences en tentant – vainement – d’avoir leur portion entre Trump et Poutine.

Le sursaut doit venir du mouvement ouvrier et des luttes sociales. Il doit s’exprimer dès le 8 mars dans les manifestations féministes contre les masculinistes violents Trump, Musk et Poutine. La lutte contre l’extrême-droite, c’est la lutte contre Trump, Musk et Poutine. Le combat pour la démocratie en France, pour un régime démocratique, pour un gouvernement qui hausse les salaires, abroge la réforme des retraites et sauve les services publics, c’est le combat pour un gouvernement démocratique de combat, armé s’il le faut, contre les Trump, les Musk et les Poutine.

Cette guerre est la guerre sociale et les peuples la gagneront par la solidarité internationaliste. Commencée à Donetzk en 2014, elle devra se terminer à Washington, avec le peuple américain. Aplutsoc appelle les militants, les individus en train de prendre conscience des tâches de l’histoire présente, à se regrouper, et à nous contacter.

1er mars 2025.

Ceci est « pour info », le NPA a sa propre propagande !

https://aplutsoc.org/

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01 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Conférence

nukehugger

OBSERVATOIRE DU NUCLEAIRE

Conférence de Stéphane Lhomme
Samedi 15 mars à 19 h à Belle-Île-en-Mer
salle Ad hoc (près de l’Hôtel de Ville, le Palais)

« Nucléaire, renouvelables, économies d’énergie : qui sauvera le climat ? »

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01 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Observatoire du Nucléaire

Santa Claus standing on sea beach with arms raised.


- « Intelligence » artificielle et nucléaire virtuel
- EPR de Flamanville : toujours pas !
- Réacteurs EPR 2 : le fiasco se précise…
- EDF : les étaux se resserrent…
- Nucléaire : autopsie de la désinformation
- Les atomistes européens s’agitent…
- Toujours de belles annonces pour les SMR…
- La submersion… par les renouvelables !
- Sobriété authentique vs intelligence artificielle
- Le nucléaire nous contamine chaque jour…
- Le nucléaire n’existe pas sans la corruption
- Iter : fusion, illusion, consternation…
- Fukushima et le Japon : un livre pour vous

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28 février 2025 ~ 0 Commentaire

Pétroliers (Reporterre)

gaz de schiste

Les pétroliers tournent le dos sans complexe à la transition climatique

La major pétrolière BP vient d’annoncer qu’elle allait augmenter ses investissements dans les énergies fossiles. Un revirement climaticide et décomplexé que d’autres multinationales ont opéré avant elle.

Le retournement est aussi spectaculaire que climaticide. Le groupe pétrolier britannique BP a annoncé, le 26 février, revoir de fond en comble sa stratégie d’investissement en tournant le dos aux renouvelables et en développant massivement la production d’énergies fossiles.

La multinationale prévoit d’augmenter ses investissements dans le pétrole et le gaz à 10 milliards de dollars, soit 20 % de plus, par an. Avec l’ambition d’augmenter fortement sa production d’énergies fossiles d’ici 2030, soit un renoncement complet à ses objectifs précédents qui visaient une diminution de 25 % en 2030 par rapport à 2019.

En parallèle, le groupe va réduire de 5 milliards de dollars par an ses financements des projets de transition, qui ne représenteront, en tout, plus que 1,5 à 2 milliards de dollars par an. L’objectif assumé est d’aller vers les activités rapportant le plus d’argent. « Avec une inébranlable attention sur la croissance à long terme de la valeur actionnariale », a précisé Murray Auchincloss, le directeur général de BP.

Des multinationales décomplexées

Ces annonces vont à rebours de toutes les préconisations des scientifiques. Il faudrait réduire drastiquement dès maintenant l’utilisation d’énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone en 2050, nécessaire d’après le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour limiter le désastre climatique à 1,5 °C de réchauffement global. L’Agence internationale de l’énergie appelait pour cela, dès 2021, à l’arrêt immédiat du développement ou de l’extension de tout nouveau projet pétrogazier.

« Ce revirement de BP est absolument dramatique pour le climat », dit Louis-Maxence Delaporte, analyste énergie pour l’ONG Reclaim Finance. « Ils privilégient le court terme et l’intérêt de leurs actionnaires au détriment d’un avenir soutenable. C’est un énorme pas en arrière, dont ils ne se cachent même pas. Nous appelons les banques et investisseurs à arrêter de les soutenir tant qu’il n’y a pas d’actes concrets engagés dans la transition ».

BP est pourtant loin d’être la première major pétrolière à insulter l’avenir en toute décontraction. C’est même plutôt la norme. Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, assume ouvertement de continuer à produire toujours plus d’énergies fossiles. La multinationale française développe les projets climaticides par dizaines partout dans le monde. Début février, Total annonçait également réduire ses investissements dans les énergies bas carbone.

Une dynamique catalysée par Trump

Shell, Exxon, Chevron… Tous les grands groupes pétroliers continuent d’investir dans les énergies fossiles, avec le soutien des plus grandes banques du monde. En France notamment, mais surtout aux États-Unis, où les plus grosses institutions financières ont ouvertement abandonné leurs engagements climatiques en quittant début janvier l’initiative Net-Zero Banking Alliance, qui visait à aligner les investissements sur une trajectoire neutre en carbone en 2050.

Une dynamique catalysée par l’élection de Donald Trump et par ses promesses de forer toujours plus de pétrole. « Toutes ces majors pétrolières n’ont jamais été alignées sur les objectifs climatiques mais elles mettaient jusque-là en avant leurs projets de transition. Elles semblent maintenant décomplexées et ne cachent plus du tout leurs stratégies de développement des énergies fossiles », observe Louis-Maxence Delaporte.

Les jeux était pourtant déjà faits, bien avant l’élection de Donald Trump, d’après certains analystes. L’économiste Maxime Combes alerte depuis dix ans sur le verrouillage structurel qui lie ces multinationales aux énergies carbone.

« Ces vingt dernières années, chaque fois que Shell, BP ou les autres ont annoncé à leurs actionnaires une révision à la baisse de leurs prévisions d’exploitation d’énergies fossiles, ça a entraîné pour eux une perte majeure de valorisation boursière, souligne-t-il. L’extrême financiarisation du secteur fait qu’ils ne peuvent prendre aucune décision cohérente avec la lutte contre le changement climatique sans se faire hara-kiri sur au moins la moitié de leur valorisation boursière. »

« Personne n’a de plan concret pour démanteler ces multinationales »

Le blocage est même encore plus systémique, selon l’économiste. Car la puissance économique de ces multinationales leur confère un pouvoir de déstabilisation globale sur l’économie, faisant d’elles des entreprises « too big to fail », « trop grosses pour faire faillite ». « Imaginons que le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, soit soudainement touché par la grâce et annonce la fin des fossiles. Total étant un acteur majeur du CAC40, cela pourrait provoquer une déstabilisation financière de la place de Paris et créer un choc financier important. On est dans une situation d’impossibilité radicale d’être à la hauteur du défi climatique », explique Maxime Combes.

Autrement dit, à règles économiques constantes, éviter le cataclysme climatique serait impossible. Il existe toutefois de nombreuses pistes pour changer ces règles, que Reporterre a évoqué dans cet article, comme changer profondément la gouvernance de ces multinationales, voire assumer leur prise de contrôle par les pouvoirs publics pour organiser le démantèlement de leurs activités écocides.

« Aujourd’hui, les pouvoirs publics ne sont pas outillés pour engager cette transformation et personne n’a un début de plan concret pour démanteler ces multinationales », déplore Maxime Combes. La doxa libérale depuis des décennies consiste à laisser agir les acteurs privés, en misant sur leur bonne volonté pour engager la transition. « Et BP vient de démontrer que ce scénario était caduc », conclut l’économiste.

https://reporterre.net/

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27 février 2025 ~ 0 Commentaire

PKK (El Diario)

kurdes

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 Le chef de la milice kurde du PKK en Turquie demande à ses partisans de déposer les armes
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Les combats entre la Turquie et le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’UE, ont commencé en 1984 et ont fait environ 40 000 morts.
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La Turquie, en suspens sur une éventuelle fin du conflit avec le PKK après quatre décennies de combats
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Abdullah Öcalan, leader du Parti des travailleurs du Kurdistan – déclaré organisation terroriste par l’UE, les États-Unis et la Turquie – a appelé à déposer les armes depuis la prison où il est emprisonné depuis 26 ans.
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Dans une lettre adressée au parti politique pro-kurde DEM (Parti de l’égalité et de la démocratie), Öcalan a déclaré qu’il assumait la « responsabilité historique » de cet appel et a demandé à tous les groupes de faire de même et au PKK de se dissoudre.
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 Le DEM a rendu visite au leader en prison ce jeudi et lui a ensuite transmis son message. Le parti pro-kurde a formé un groupe de contact connu sous le nom de Délégation Imrali (du nom de l’île où Öcalan est emprisonné) et a rendu visite à trois reprises au fondateur du PKK, un événement rare en 26 ans d’isolement.
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La dernière visite à Imrali remonte à presque quatre ans. Öcalan a fondé le PKK en 1978 avec une base séparatiste marxiste-léniniste et en 1984, le groupe a commencé une lutte armée contre le gouvernement turc pour créer un État kurde.
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Öcalan est en prison depuis 1999 et le conflit entre les forces de sécurité turques et le PKK a fait environ 40 000 morts en quatre décennies. Dans les années 1990, le PKK a modifié son objectif en faveur d’une plus grande autonomie du peuple kurde au sein de la Turquie et a défini son idéologie comme un « confédéralisme démocratique ».
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Les négociations entre Öcalan et la Turquie ont débuté l’année dernière et l’un des premiers signes publics a été la déclaration du leader ultranationaliste Devlet Bahceli. Le président du Parti du mouvement nationaliste (MHP), dans un virage à 180 degrés, a invité le fondateur du PKK à s’adresser au Parlement turc pour annoncer le démantèlement de l’organisation et ouvrir la possibilité de sa libération après plus de 25 ans de prison. .
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« L’appel lancé par M. Devlet Bahceli, ainsi que la volonté exprimée par le président [Recep Tayyip Erdogan] et les réponses positives d’autres partis politiques, ont créé un environnement dans lequel j’appelle à déposer les armes », a expliqué Öcalan dans sa lettre. .
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De même, il salue tous ceux qui « croient à la coexistence » et qui attendent cet appel, sur lequel des spéculations circulent depuis des semaines. «Les deux précédents dialogues d’Ankara avec le PKK (2009-2011 et 2013-2015) ont lamentablement échoué, entraînant de nouvelles violences et érodant la popularité du président. Cette fois, Erdogan s’est montré plus calculateur lorsqu’il s’agit de publier des mises à jour sur la diplomatie du PKK », a récemment noté l’analyste Soner Cagaptay, chercheur sur la Turquie au groupe de réflexion du Washington Institute et auteur de plusieurs livres sur Erdogan. .
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Öcalan n’a pas officiellement dirigé le PKK depuis des décennies, mais il est considéré comme le principal dirigeant de l’organisation et ses dirigeants ont déclaré publiquement qu’ils écouteraient les messages d’Öcalan et agiraient en conséquence. .
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La Turquie, en suspens sur une éventuelle fin du conflit avec le PKK après quatre décennies de combats Pourtant, les experts ont exprimé des doutes quant à la concrétisation de son message. «Certains anciens dirigeants soupçonnent peut-être que la Turquie ne fera pas de concessions similaires à l’assignation à résidence proposée à Öcalan. .
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En fait, certains craignent probablement d’être tués par l’Organisation nationale de renseignement turque (MIT), même si on leur promet une amnistie à court terme en exil. « Des commandants plus âgés pourraient également s’opposer à la dissolution complète ou immédiate du PKK sans atteindre aucun de leurs objectifs initiaux, un résultat qui pourrait suggérer qu’ils ont gâché leur vie en vain », affirme Cagaptay.

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 Javier Biosca Azcoiti 27 février 2025

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