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25 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

rsa (basta)

rsa (basta) dans Altermondialisme
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Dans son projet de loi pour le « plein emploi », le gouvernement veut conditionner le RSA à plusieurs heures d’activité par semaine. Mais les personnes sans emploi sont loin d’être « inactives », défend Marion Ducasse, de l’association Aequitaz.

Pourquoi les allocataires des minima sociaux ne sont-ils pas des « inactifs » ?

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Dans son projet de loi « Plein emploi », le gouvernement veut imposer 15 à 20 heures d’activité par semaine pour les allocataires du RSA et les demandeurs d’emploi. Cette volonté est basée sur un présupposé que ces gens ont du « vide » dans leur vie et du temps à consacrer à de nouvelles tâches qu’ils ne font pas aujourd’hui.

Portrait stylisé de Marion Ducasse sur fond bleu
Marion Ducasse
Membre de l’association Aequitaz

C’est une bataille culturelle menée par ceux qui pensent que les personnes hors emploi sont inactives. Il faudrait alors les « activer » : c’est ce qui est au cœur du projet de loi pour le plein emploi. C’est donc essentiel de documenter ce qu’il se passe dans les vies du hors emploi, particulièrement les vies de précarité – aux minima sociaux, au RSA, à l’assurance chômage, ou à l’allocation aux adultes handicapés (AAH) – pour voir ce qu’il se passe quand on ne bosse pas.

40 milliards d’heures de travail domestique

Dans notre rapport « Un boulot de dingue », coécrit avec le Secours catholique, nous avons d’abord réalisé un inventaire de toutes les activités quotidiennes que l’on considérait comme utiles, importantes, et qui comptent pour les personnes. En faisant cet inventaire, on s’est rendu compte que l’ensemble de ces activités relevaient du « prendre soin » au sens large : ça allait de prendre soin de soi (de sa santé, faire en sorte d’aller bien, se guérir lorsqu’on est malade, se maintenir quand on est en situation de handicap, etc.), au fait de prendre soin de ses proches, de sa famille, de ses enfants, de ses anciens.

Mais également prendre soin aussi plus largement de son environnement de vie, par exemple en s’engageant dans une association de parents d’élèves, en étant bénévole dans un club de sport, en s’investissant dans un comité de quartier, un jardin partagé… Plus largement, cela consiste aussi en des activités autour du prendre soin du vivant, dans une dimension de rapport à la nature.

Des travaux de chercheurs ont évalué que le travail domestique, qui est difficile à mesurer, représente au minimum un temps égal au temps de travail rémunéré – c’est l’estimation basse, que l’on chiffe à environ 40 milliards d’heures annuelles. Si ce temps passé dans des tâches du soin, à soi, aux autres, à sa famille, était délégué à des professionnels, le PIB augmenterait d’un tiers.

Si on regarde le monde des aidants familiaux (s’occuper d’un enfant en situation de handicap, aider un parent en situation de maladie), on compte 9,3 millions de personnes (dont 500 000 sont mineurs) qui prendraient en charge 20 millions de personnes. Autre point : 13 millions de Français sont bénévoles, et le bénévolat représente 680 000 emplois en équivalent temps plein.

En majorité des femmes

Tout ce secteur, qui comprend les aidants, les bénévoles et le travail domestique, est majoritairement occupé par les femmes. Ça dit quelque chose de l’injustice et de l’inégalité dans le traitement de ces parcours de vie.

Ce sont majoritairement elles qui ne sont pas reconnues dans leurs activités et qui peuvent avoir, de ce fait, des parcours de vie chaotiques. Ce sont elles qui, en majorité, élèvent leurs enfants seules, vivent de minima sociaux, sont au chômage, s’investissent dans l’entraide et finissent leur vie au minimum vieillesse.

Le problème est double aujourd’hui. D’une part, ces activités sont invisibilisées. Et d’autre part, elles ne sécurisent pas les personnes qui les prennent en charge. Il y a un enjeu de bataille culturelle évident, pour ne plus stigmatiser les personnes hors emploi et montrer en quoi ces activités sont vitales. Mais il s’agit aussi d’un enjeu de sécurisation de ces activités. Aujourd’hui, on constate que plus les personnes sont dans la pauvreté, plus elles sont insécurisées, fragilisées dans leur capacité à prendre soin d’elles, de leur proches et de la société.

Pourtant, ces activités sont la somme de tout ce qu’il y a « à faire » dans la vie quotidienne et le cercle privé – et qui sont complémentaires de ce qui est pris en charge par le système institutionnel de protection sociale (hôpital, Ehpad, services publics…). Une personne âgée par exemple, peut avoir droit à une aide-ménagère, mais il y restera toujours une part d’auto-organisation et de prise en charge, d’entraide familiale et citoyenne. Les deux sont essentiels.

Quand on prend la mesure de tout ce « halo de l’activité », on voit à quel point il s’agit du ciment de notre société, de notre humanité, dans le sens où l’on est tous et toutes interdépendants. Personne n’est parfaitement autonome.

Laisser la liberté de s’engager

Ce que l’on a vu, c’est que des personnes ont vingt ans de bénévolat derrière elles, à défaut d’avoir eu un travail rémunéré. Il y a des carrières de bénévolat à temps plein. Mais lorsque ces personnes demanderont leur retraite, elles n’auront pas un euro de plus malgré des années de contribution au service de l’intérêt général. Comptabiliser des trimestres de retraites basés sur des engagements bénévoles, cela pourrait être une piste à creuser.

Nous avons cherché à voir les formes de reconnaissances à développer en interrogeant ce qui existe dans notre système de protection sociale pour le travail rémunéré (droits à la retraite, droits à la formation…), mais aussi pour les statuts particuliers qui montrent que des exceptions existent (statut des élus locaux, des aidants, des pompiers volontaires). La sécurisation de ces activités du « care » doit passer par le champ de la protection sociale. Notre société doit s’interroger en réalisant le besoin de sécuriser davantage les parcours de vie malmenés par le chômage et la pauvreté.

Au contraire, le gouvernement actuel fait preuve de de plus en plus de méfiance à l’égard des personnes dites « inactives » et qui vivent des minima sociaux. Il impose davantage de contrôles et d’obligations et mise uniquement sur le retour à l’emploi, niant le fait que dans nombre de situations, le travail est tout bonnement inexistant ou inaccessible. Nous souhaitons, à l’inverse, défendre un postulat de confiance et de liberté.

On a besoin de faire confiance aux gens, de reconnaître leur valeur et leur laisser la liberté de s’engager là où elles pensent qu’elles sont utiles. Notre rapport est une démonstration que les gens ne font pas « rien » quand ils ne travaillent pas. Il est certes intuitif de dire que ceux qui ne travaillent pas ne font rien mais, empiriquement, c’est faux. On ne peut pas continuer d’écrire des politiques publiques sur de faux constats.

Marion Ducasse, association Aequitaz 22 septembre 2023

Voir le rapport « Un boulot de dingue »

https://basta.media/

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25 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

nucléaire (sdn)

nucl-aire-pieds-nickel-s

Des accidents nucléaires partout

EDF redémarre un réacteur sans

vérifier son bon refroidissement avant

Le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Flamanville (Normandie) est resté trois jours avec un système de refroidissement amputé d’une pompe. Alors que les règles imposent de baisser la puissance, EDF a poursuivit le redémarrage de son réacteur.

Lors des phases d’arrêt et de démarrage, c’est un système particulier qui refroidit le réacteur nucléaire, le circuit ASG  [1] . Il est redondant comme tous les circuits les plus importants, c’est à dire qu’il est composé de deux parties indépendantes l’une de l’autre, chacune étant dotée de deux pompes.

Au cas où un problème surviendrait sur une portion du circuit, l’autre partie peut prendre le relai. Une mesure de précaution fort utile quant il s’agit d’assurer des fonctions vitales, comme refroidir le cœur du réacteur nucléaire. Les deux voies doivent donc être pleinement opérationnelles lorsque le circuit est requis, c’est à dire qu’il est utilisé ou susceptible de l’être.

Le 1er septembre 2023, avant le redémarrage du réacteur 1 de Flamanville, une intervention de maintenance a nécessité la fermeture d’une des pompes du circuit ASG. Mais on ne sait pas pourquoi, elle n’a pas été ré-ouverte une fois l’intervention terminée.

Personne n’a pensé à vérifier avant que le circuit de refroidissement ne soit requis, le 6 septembre. Ce n’est que trois jours après, lors d’un essai de bon fonctionnement, qu’EDF s’est rendu compte du problème. Les règles imposent pourtant à l’exploitant de baisser la puissance de son réacteur dans les huit heures si le circuit ASG n’est pas pleinement fonctionnel.

Erreur lors d’une intervention de maintenance, contrôle technique fait à la va-vite qui n’a pas permis de détecter l’oubli de remise en configuration, démarrage poursuit 3 jours durant avec un système de refroidissement partiellement hors-service sans que EDF ne s’en rende compte du fait d’essais faits tardivement, les faits ont significativement [2] entaché les mesures prises pour limiter les risques d’accidents [3] dans la centrale nucléaire normande.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) précise qu’elle sera attentive à ce que EDF se penche sur les facteurs à l’origine de l’incident, pointant des causes organisationnelles et humaines. En d’autres termes, EDF donne-t-il les moyens à ses équipes de travailler correctement ?

https://www.sortirdunucleaire.org/

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25 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

planification (greenpeace)

macron

Planification écologique / Plan climat de la France : E. Macron recule sur la sortie du charbon et confirme son obsession technologique

Interrogé ce soir aux 20h de TF1 et France 2 sur la planification écologique, E. Macron a donné un aperçu des mesures qu’il devrait détailler demain à l’Elysée lors d’un conseil ministériel, mesures qui apparaissent déjà insuffisantes pour Greenpeace France.

En repoussant une nouvelle fois la date de sortie du charbon en France à 2027, alors qu’il s’agissait d’une des promesses de son premier quinquennat d’en sortir avant 2022, Emmanuel Macron montre qu’il n’a toujours pas pris la mesure de l’urgence climatique.

Pour Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique à Greenpeace France, « cette sortie du charbon en 2027 est un aveu d’échec pour Emmanuel Macron, qui tente de la déguiser en progrès. La France aurait dû sortir du charbon il y a des années. S’il était véritablement ambitieux et précurseur, E. Macron aurait également annoncé des dates de sortie du pétrole et du gaz fossile ».

Par ailleurs, la reconversion des deux centrales à charbon en centrales à biomasse pose la question de l’origine du combustible qui sera utilisé : va-t-on prélever encore plus de bois dans les forêts françaises qui sont en mauvaise santé du fait des changements climatiques et déjà soumises à la pression d’usages concurrents ? Va-t-on importer ce bois et engendrer de la déforestation importée à l’autre bout du monde ? Pour Greenpeace France, produire de l’électricité à partir de bois est un non sens écologique et physique, avec un très faible rendement énergétique.

Les autres mesures annoncées, sur les véhicules électriques ou les pompes à chaleur, montrent l’obsession technologique du Président de la République. Si ces deux outils sont indispensables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre françaises, les utiliser massivement sans les associer à des politiques de sobriété et d’efficacité énergétiques ne permettra pas d’atteindre nos objectifs climatiques et aura des conséquences négatives sur le pouvoir d’achat des plus précaires.

« Le Président de la République a choisi de faire l’impasse sur la rénovation performante des logements et particulièrement de ceux où vivent 12 millions de personnes en précarité énergétique. Il a déclaré son amour de la “bagnole” en ignorant les alternatives à la voiture individuelle dont la France a cruellement besoin, comme les transports en commun, les infrastructures cyclables ou les transports ferroviaires. Son manque de vision écologique apparaît criant », commente Nicolas Nace.

https://www.greenpeace.fr/communiques-de-presse

https://yonnelautre.fr/

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25 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

auvergne (samedi)

clerm

montlu

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24 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

aplutsoc (paris)

aplusoc

Aplutsoc vous invite à une réunion-débat sur les questions urgentes suivantes :

La crise climatique a sans doute franchi un seuil en 2023 : le chaos s’aggrave, l’emballement est là. Au climatologue Jean Jouzel qui, invité à une « table ronde » à l’université du MEDEF, expliquait la nécessité de stopper au plus vite la production d’énergies fossiles, le PDG de Total Énergie Patrick Pouyanné a asséné : « Il y a la vie réelle. » Certes : la vie réelle pour Patrick Pouyanné, c’est le profit, c’est l’accumulation du capital, mais la vie réelle du genre humain ce sont les sécheresses, les inondations, les immenses territoires devenant inhabitables, l’exil, la catastrophe. Cette vie réelle de la majorité résulte de la vie réelle que nous impose le capital. Jean Jouzel, excédé, en a publiquement tiré une conclusion :

« Capitalisme et lutte contre le réchauffement climatique sont incompatibles. »

https://aplutsoc.org

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24 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

Ukraine (solidarités)

ukraine

Pour notre et votre liberté. Les anti-autoritaires sur le front ukrainien

Après l’invasion de l’Ukraine par Poutine, de nombreux·euses antiautoritaires s’y sont rendu·e·s pour lutter pour la libération de l’Europe de l’Est. Un commandant anarchiste qui combat dans la légion internationale des forces armées d’Ukraine revient sur la contre-offensive, sur l’organisation de l’armée et sur le nationalisme.

Peux-tu te présenter ?

Mon indicatif d’appel est Salam. Je suis un anarchiste bélarusse et commandant d’équipage de mortier dans la légion internationale. Il y a plusieurs autres anarchistes dans mon peloton.

Pourquoi la contre-offensive est-elle difficile ?

La contre-offensive se poursuit dans les zones où les forces d’occupation se sont retranchées il y a plus d’un an et où elles pourraient se préparer à l’offensive dans un calme relatif. Les troupes ukrainiennes ont de grandes difficultés à franchir cette ligne de défense. Des armes occidentales plus avancées pourraient y contribuer et sauver de nombreuses vies de soldat·e·s ukrainien·ne·s. Mais le nombre d’armes fournies n’est pas suffisant à l’heure actuelle et l’offensive avance donc lentement. En même temps dans la direction de Bakhmout, où je travaille, les succès et la rapidité de l’offensive sont plus élevés. Là, les forces ennemies ont eu moins de temps pour préparer une ligne défensive solide.

Comment s’organisent les relations hiérarchiques au sein de l’armée ?

Officiellement, l’armée est organisée selon le système vertical ordinaire dans lequel les décisions sont prises par les commandants de haut niveau et transmises de haut en bas. Mais la manière dont les relations sont construites directement au sein des équipes peut être très différente de ce système officiel. Dans de nombreux bataillons, compagnies et pelotons, il existe un système d’entraînement plus horizontal, et tous les combattant·e·s sont considéré·e·s comme égaux·alles, quels que soient leur âge, leur expérience dans l’armée et leur grade.

Souvent, à la demande de l’équipe, les gens postulent aux postes de commandants de niveau inférieur. D’après mon expérience personnelle, les unités dotées de cette « démocratie militaire » peuvent être plus efficaces que les unités dotées d’une structure verticale stricte.

Quelle est l’attitude envers le nationalisme dans l’armée ?

En général, l’attitude de la société ukrainienne à l’égard du nationalisme est maintenant positive. C’est encore plus vrai pour l’armée. Par exemple, certaines parties portent le nom des combattants de l’État national ukrainien au début du 20e siècle. Par exemple, la 93e brigade Kholodnyi Yar.

Pour la plupart des gens, ce nationalisme a un caractère protecteur. Depuis 2014, la société ukrainienne lutte contre l’impérialisme russe, et le nationalisme constitue une tentative de briser l’hégémonie culturelle russe.

Est-il possible d’exprimer librement sa position politique libertaire dans l’armée ?

Officiellement, dans l’armée, on ne peut pas du tout exprimer sa position politique. N’importe laquelle. Mais dans la pratique tout est différent. Jusqu’à présent, je n’ai entendu aucune histoire où un·e camarade aurait dû faire face à des problèmes en raison de ses convictions.

Là où mes camarades et moi servons, on peut librement porter des symboles anarchistes et antifascistes, discuter avec d’autres combattant·e·s et cela ne pose aucun problème.

Y a-t-il de la propagande envers les troupes russes ?

Naturellement. Il y a plusieurs campagnes pour que les soldats russes se rendent. Un soldat russe peut se tourner vers eux et ils l’aideront à se rendre à l’armée ukrainienne en sécurité relative. Il y a des blogueurs qui filment des interviews de prisonniers russes. Bien sûr, cela se fait volontairement et sans contrainte, afin de montrer aux soldats russes que rien ne menace leur vie et leur santé en captivité.

Récemment, une opération spéciale a été menée, au cours de laquelle un pilote russe a posé son hélicoptère en Ukraine et l’a remis aux troupes. Lui et sa famille ont obtenu l’asile pour cela.

J’ai entendu que de nombreux combattant·e·s libertaires en Ukraine ont déjà combattu en Syrie aux côtés des YPG.

C’est vrai. Au début de la guerre, alors qu’il n’existait encore qu’un seul détachement anti-autoritaire, ce sont des camarades étranger·ère·s ayant une expérience « kurde » qui étaient nos instructeur·ice·s. Mais notre guerre et la leur sont très différentes. Au Rojava, l’ennemi ne disposait pas de ressources et de capacités aussi énormes, il n’y avait pas une quantité d’artillerie aussi importante, etc.

Comment aimerais-tu voir l’avenir de l’Ukraine ?

Une question intéressante, je pense peu à l’avenir de l’Ukraine. Toutes mes pensées sont tournées vers le Bélarus et ce qu’il devrait être après sa libération du régime de Loukachenko.

En tant qu’anarchiste, j’aimerais voir l’Ukraine du futur faire partie d’une fédération planétaire libre. Mais nous sommes encore loin de la révolution mondiale et de la libération complète. Le minimum que je souhaiterais, c’est une Ukraine indépendante qui aurait quitté la zone d’influence de la Russie et n’aurait pas rejoint l’UE ni l’OTAN. L’Ukraine dispose de mouvements populaires puissants, capables d’influencer la prise de décision d’en haut. J’aimerais voir l’Ukraine progressiste et décentralisée.

Y a-t-il autre chose que tu aimerais mentionner ?

Nous attendons des camarades occidentaux non du westplaining et des discussions arrogantes sur la forme dans laquelle cette guerre devrait se terminer. Nous attendons de votre part solidarité et aide. Le peuple ukrainien a le droit de décider lui-même comment et sous quelle forme doit se terminer la guerre dans laquelle il affronte héroïquement un immense empire sans âme.

Nous aimerions tou·te·s ici que les camarades occidentaux cessent de croire aveuglément aux récits de la propagande russe que nos ennemis diffusent, y compris à travers les organisations de gauche et les médias. La prochaine fois que vous déciderez de répéter le mythe sur la junte d’extrême droite à Kiev, regardez le succès électoral des partis d’extrême droite en Ukraine et, par exemple, en Allemagne.

Comment peut-on aider?

Par la diffusion d’informations véridiques sur la situation en Ukraine et l’assistance directe sur le terrain. Le plus simple est de soutenir financièrement les Collectifs de Solidarité. C’est un réseau de bénévoles qui aide les anti-­autoritaires de gauche dans la guerre et les civils touchés par cette guerre.

Propos recueillis par Rébecca Mathieu

Des soldats ukrainiens sur le front

Pour soutenir les Collectifs de Solidarité

https://solidarites.ch/

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23 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

oslo (npa)

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Édouard Soulier Hebdo L’Anticapitaliste – 673 (07/09/2023)
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Palestine : trente ans après Oslo, des accords au bénéfice d’Israël

Les accords d’Oslo avaient été un événement historique. Près de trente ans après, plus personne ne s’en sert pour parler de la situation en Palestine. Il n’est plus question du « processus de paix » ou du « quartet » qui étaient pourtant la norme dans les années 1990 et 2000, tant la situation s’est éloignée des espoirs suscités par ces accords.

Les accords du 13 septembre 1993 signés par l’État israélien et le dirigeant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) devaient instaurer une solution durable au « conflit » et permettre la création d’un État palestinien, revendication historique du mouvement de libération nationale. Les accords prévoyaient à terme le transfert progressif des territoires de Cisjordanie sous contrôle d’une autorité palestinienne nouvellement créée.

Ce transfert devait se faire via une répartition en trois zones des territoires de la Cisjordanie : les zones A, B et C pour une période de transition de cinq ans. Ce découpage entérinait une demande israélienne de gestion différenciée de ces zones. En effet, les territoires en zone A (18 % de la superficie totale des territoires) sont essentiellement les grandes villes palestiniennes (sauf Hébron), où se concentre l’essentiel de la population, et sont sous contrôle civil et militaire palestinien. La zone B, environ un quart du territoire, comprend les villages palestiniens et est sous contrôle civil palestinien et militaire israélien. Le reste, 60 % du territoire (zone C), est la seule bande de terre non fragmentée et est entièrement sous contrôle israélien. Elle inclut les colonies israéliennes implantées en Cisjordanie, à Gaza (démantelées depuis 2005) et à Jérusalem-Est, qui se trouve sous contrôle ­militaire israélien.

Pas de véritable autonomie des PalestinienEs

Près de trente ans après, la situation de ces zones temporaires a peu évolué alors que le nombre de colonies (dans la zone C) a explosé : près de 14 000 colons s’installent en moyenne chaque année dans les territoires occupés. On compte 460 000 colons en 2021 contre 110 000 au moment des accords d’Oslo1. Ceux-ci n’ont jamais été un contrat entre deux partenaires égaux. C’est un accord imposé par un occupant à un occupé ayant peu de poids dans la négociation. En outre, les textes étaient flous, ambigus et favorables à Israël. Par exemple, ils ne prévoyaient aucun arrêt de la colonisation de terres qui devaient pourtant être rendues aux PalestinienEs. Israël a donc continué à développer les colonies après la signature des accords2.

Même s’ils avaient été accomplis comme prévu, les accords d’Oslo créaient de fait une Palestine avec 10 % de son territoire historique morcelé entre Gaza et la Cisjordanie avec un « État » sous tutelle permanente sans véritable autonomie des PalestinienEs. Le peuple palestinien aurait continué à être morcelé entre celleux de Cisjordanie, celleux de 1948 et bien entendu les réfugiéEs.

Réorganisation du dispositif d’occupation

Ainsi le processus d’Oslo n’aurait pas permis d’aboutir à une satisfaction des droits nationaux des PalestinienEs. La direction palestinienne s’est retrouvée de fait mise en avant par l’occupant et structurellement intégrée à l’architecture de l’occupation. Depuis le début, ces accords et ce « processus de paix » ont servi de support à une réorganisation du dispositif d’occupation des territoires palestiniens, anticipée de longue date par une partie de la classe dirigeante israélienne.

« L’architecture d’Oslo permet en réalité aux autorités israéliennes de résoudre le paradoxe auquel elles étaient confrontées depuis la guerre de juin 1967, au terme de laquelle l’État d’Israël occupe l’ensemble de la Palestine théoriquement partagée en 1947-1948. […] Le succès militaire crée donc une difficulté politique : Israël abrite désormais en son sein les PalestinienEs de Cisjordanie et de Gaza, qui s’ajoutent aux PalestinienEs de 1948. La prétention de l’État d’Israël à être simultanément un “État juif” et un “État démocratique” est donc sérieusement menacée. »3

C’est sous cet angle qu’il faut comprendre la stratégie israélienne et la dynamique derrière les « zones » : renoncer à la souveraineté sur les zones palestiniennes les plus densément peuplées tout en conservant le contrôle sur la vallée du Jourdain, les rives de la mer Morte et Jérusalem, dont les limites municipales seront étendues. La disposition des colonies, le tracé des routes réservées aux colons et la fragmentation de la Cisjordanie sont une mise en application concrète de cet angle. Ainsi, il ne s’agit pas d’un compromis historique du côté israélien. Les accords d’Oslo sont une adaptation du projet sioniste aux réalités du terrain : l’Intifada de 1987 a exposé au grand jour la situation faite aux PalestinienEs des territoires occupés, contribuant à délégitimer l’État d’Israël et menaçant de déstabiliser le Moyen-Orient.

Non-acceptation de l’État palestinien par Israël

Les accords qui suivent la déclaration d’Oslo se traduisent en avril 1994 par les accords de Paris définissant les rapports économiques entre les zones « sous contrôle » palestinien et l’État d’Israël. De fait, l’économie palestinienne est sous contrôle des Israéliens : limitation des importations, fixation du montant des taxes, etc. En 1995, les accords de Taba, nommés aussi Oslo II, fixent les conditions du transfert de zones occupées aux PalestinienEs (zones A et B) sous l’ultime condition que la nouvelle institution palestinienne assure la sécurité de l’occupant, c’est-à-dire réprime la résistance palestinienne à l’occupation. De la déclaration d’Oslo à aujourd’hui, les multiples « négociations » ou plans de « paix » qui ont suivi – Camp David en 2000, le Quartet 2002, Anapolis 2007 – se sont tous heurtés à la volonté israélienne de ne pas accepter l’existence d’un État palestinien indépendant sur une partie des terres de la Palestine historique sous ce prétexte sécuritaire.

En plus de correspondre aux vues de l’État israélien, Oslo a replacé la colonisation des Palestiniens par Israël dans le cadre d’un conflit symétrique entre États antagonistes. Le moindre acte de violence ayant son « symétrique » d’un côté sans mesurer la disparité criante des victimes, destructions, etc. Oslo a permis de développer une rhétorique d’existence temporaire permanente, car l’autre partie – les PalestinienEs – ne jouaient pas le jeu des accords qui leur étaient défavorables. Le moindre prétexte a servi à réprimer plus durement et à coloniser d’autant plus au nom du « processus de paix ». Les contraintes imposées par Oslo sur Israël étaient toujours dépendantes d’une situation qui devait être évaluée par Israël lui-même, notamment sur la sécurité.

Cette symétrie du conflit – inexistante du point de vue de l’influence politique et militaire – a été utilisée par Israël pour s’assurer d’une neutralité bienveillante à la fois politique et médiatique.

Israël, État d’apartheid

Depuis une dizaine d’années, aucun acteur sérieux ne reparle du processus de paix ni ne met en avant la feuille de route issue des accords d’Oslo. Il s’agit plutôt de ce point de vue d’une inversion complète : la communauté internationale continue d’alimenter la mascarade de la symétrie entre deux camps alors que l’État israélien se radicalise de plus de plus.

« En 2018, le Parlement israélien vote une nouvelle loi fondamentale, intitulée “Israël en tant qu’État-­nation du peuple juif”, dont l’article 1 précise : “L’exercice du droit à l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est réservé au peuple juif”, un droit refusé donc aux Palestiniens ; un autre article stipule que “l’État considère le développement de la colonisation juive comme un objectif national et agira en vue d’encourager et de promouvoir ses initiatives et son renforcement” – ce qui signifie le droit de confisquer des terres, appartenant à des Palestiniens. Ce texte vient surtout normaliser une pratique qui depuis des décennies fait d’Israël un État d’Apartheid. En 2021, l’organisation israélienne B’Tselem concluait à l’existence d’“un régime de suprématie juive entre le fleuve Jourdain et la Méditerranée”. Elle sera suivie par deux grandes organisations non gouvernementales (ONG) internationales, Human Rights Watch et Amnesty International. »4

Pourtant, malgré le soutien de fait des USA et de l’Europe, l’image d’Israël est toujours plus écornée : la résistance acharnée des PalestinienEs a permis que leur situation soit toujours discutée à l’international et que des actions régulières aient lieu au niveau des Nations unies et d’autres groupes de travail lié à l’organisation onusienne et ce malgré le véto américain systématique.

Via la campagne de solidarité BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) propulsée par la société civile palestinienne, l’image de normalité d’Israël est battue en brèche et, même si elles sont peu nombreuses, les victoires symboliques de boycott et de désinvestissement ont porté leurs fruits et amené le débat sur la lutte des PalestinienEs et l’injustice qu’ils et elles vivent au quotidien en Palestine occupée. La fascisation de la société israélienne et les résistances qu’elle suscite dans la société civile israélienne ne doivent pas masquer l’étendue de la colonisation et le sort des PalestinienEs sous occupation.

Trente ans après, les espoirs suscités par les accords d’Oslo ont été démentis. Ils montrent la voie de ce qu’il ne faut pas faire. Il ne peut pas y avoir de « processus de paix » sous occupation et sous ­colonisation.

https://lanticapitaliste.org/

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23 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

fab (brest)

guerin

Qui sommes-nous ?

Le FAR-Brest (Front Antiraciste de Brest) est un collectif de militant-es Brestoi-ses appartenant ou pas à des organisations associatives, syndicales, politiques ayant comme objectif de faire front localement, et dans la durée, face à la montée du racisme et du fascisme.

Pourquoi ce festival ?

Face à l’exacerbation des violences racistes et fascistes nous voulons agir ensemble pour une société réellement démocratique et débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions.

Habitant-es des quartiers populaires, syndicalistes, gilets jaunes, féministes, écologistes…
Malgré des histoires et des vécus très différents, nous avons des causes communes et tout intérêt à nous unir !

C’est pour cela que nous lançons cette initiative qui en appellera d’autres afin de nous rencontrer, tisser des liens, de réfléchir sur les stratégies à adopter.

Que contiendra t-il ?

Lors du festival «UNISSONS NOUS, CONTRE LE RACISME & LE FASCISME » nous proposerons des ateliers, tables rondes, débats, projection de film, repas, boxe, écriture de textes à rapper sur scène…

Les thématiques abordées seront variées : comment contrer les idées reçues sur l’immigration, dénoncer les violences policières et l’injustice, connaître les luttes syndicales existantes contre le racisme, et lutter contre le fascisme montant…

Front Antiraciste de Brest

front.antiraciste.brest@proton.me
instagram: @front.antiraciste.brest

https://openagenda.com/mon-petit-ponant/events/unissons-nous-contre-le-racisme-et-le-fascisme

Cagnotte:https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/festival-a-brest-unissons-nous-contre-le-racisme-le-fascisme

SAMEDI 30 SEPTEMBRE

10h : Accueil/Café
10h30-12h30 : Présentation d’un livre + discussions
« Clément Méric. Une vie, des luttes »
12h30-14h : Repas + plateau Radio
14h-16h :

  • Table ronde « mobilisations contre le racisme et pour l’égalité des droits » avec des militants de la marche des solidarités et des collectifs de sans papiers de Paris
  • Boxe ou Juji Tsu Brésilien

16h-18h :

  • Atelier rap
  • Boxe ou Juji Tsu Brésilien

18h-19h30 : Scène ouverte

19h30-20h30 : Repas

20h30-22h : DJ (reggae/dub – afrofunk – musique des îles)

DIMANCHE 1 OCTOBRE

10h-12h : Tournoi de foot ouvert à toutes et tous. Les équipes se feront sur place
12h : Repas
13h-15h : Projection du documentaire « Les petites mains invisibles » sur la lutte des salariés d’ONET + discussions (grande salle)
15h-16h :
• Présentation et débat sur la loi immigration/loi Darmanin
• Contes pour enfants : lecture de l’autrice d’albums jeunesse Anne Gaelle Morizur avec l’illustratrice Florence Dollé

16h-18h :
• Récit d’une lutte syndicale antiraciste avec un syndicaliste de la CGT Morlaix
• Atelier arts plastiques pour enfants

1, rue Alexandre Ribot 29200 Brest

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22 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

herbicide (reporterre)

biocides

Sarrasin bio, quinoa, pommes… Un herbicide méconnu s’infiltre partout

Un pesticide peu connu contamine les cultures de sarrasin bio : le prosulfocarbe. Dévastateur et « s’incrustant partout », il est pourtant autorisé jusqu’en 2027. Les paysans bio s’en indignent.

On en a déjà trouvé dans du sarrasin, du quinoa, des pommes ou de la roquette. Un jour, on en trouvera peut-être aussi dans des raisins, du tournesol ou des poires. En réalité, toutes les récoltes d’automne sont susceptibles d’être polluées par cet herbicide peu connu du grand public : le prosulfocarbe. Les cultivateurs de sarrasin bio, premières victimes de cette pollution, tirent la sonnette d’alarme.

Depuis 2017, les cas de contamination à ce désherbant se multiplient dans la filière. La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) évalue à plus d’un demi-million d’euros les pertes sur le sarrasin bio depuis 2020. Après plusieurs contaminations survenues au sein de la coopérative normande Biocer en 2021, elle avait réclamé, avec Forébio et Générations futures, la suspension de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de la molécule. En vain.

Les paysans bio contraints de récolter plus tôt dans la saison

Pourquoi le sarrasin bio est-il tant pollué ? Cette pseudocéréale se récolte en octobre et novembre. À la même période, les agriculteurs pulvérisent de l’herbicide dans leurs champs de céréales d’hiver (blé, orge, avoine, seigle…) pour préserver leurs tout jeunes semis de « mauvaises herbes ». Pour éviter cette concomitance, les paysans bio sont désormais contraints de récolter avant la pulvérisation de leurs voisins.

« Je vais commencer la moisson de mon sarrasin dans les quinze prochains jours, explique Philippe Camburet, agriculteur bio en Bourgogne et président de la Fnab. J’aurais aimé le laisser mûrir un peu plus longtemps et ne le récolter que dans un mois, mais si j’attends, je vais prendre trop de risques. »

Le choix est cornélien : soit il récolte en octobre quand le grain est à la bonne maturité, mais sa récolte pourrait être contaminée et détruite ; soit il récolte plus tôt des graines pas assez mûres et trop humides, et devra alors prévoir un temps de séchage avant la livraison à la coopérative. « Or, il faut pouvoir stocker la récolte en attendant, il faut avoir l’espace. Et puis, il y a un risque que la conservation se fasse moins bien en raison de l’humidité. »

Face à ces difficultés, certains agriculteurs ont renoncé au sarrasin. D’autres, qui avaient prévu de se spécialiser dans cette culture, ont carrément arrêté leur activité, constate la Fnab. Selon celle-ci, c’est toute la filière qui est en danger.

200 000 euros de préjudice pour une coopérative bourguignonne

En 2022, la coopérative Cocebi en Bourgogne a été confrontée à son tour à une contamination du sarrasin. Lors d’un contrôle interne, une teneur de 0,068 mg/kg de prosulfocarbe avait été détectée, quand la limite maximale de résidus (LMR) est fixée à 0,01 mg/kg. Résultat : environ 170 tonnes, soit 25 % de l’ensemble de la collecte de sarrasin, furent envoyées à la méthanisation. Impossible de les écouler dans la filière conventionnelle, même à petit prix.

« Dès lors que la LMR est dépassée, le produit devient impropre à la consommation, même pour les aliments pour animaux, dit Romain Schaetzel, directeur de la coopérative. Le préjudice se chiffre à 200 000 euros. » Une perte énorme pour cette petite structure qui réunit 155 agriculteurs.

Impossible de valoriser les graines de sarrasin cultivées. « On retrouvait toujours les mêmes teneurs de prosulfocarbe à la fin », se désole Florian Gamé, de Cocebi.

La coopérative a bien tenté de transformer ces graines pour pouvoir les valoriser. « On a essayé d’enlever la peau, on a fait des tests de brossage, de décorticage, de mouture… dit Florian Gamé, agriculteur bio en Seine-en-Marne et trésorier de Cocebi. Mais rien n’y a fait, on retrouvait toujours les mêmes teneurs de prosulfocarbe à la fin. » Cette année, pour éviter toute mauvaise surprise, la coopérative va réaliser des analyses sur tous les lots avant de les accepter.

« Aujourd’hui, les collègues en conventionnel n’ont pas beaucoup de solutions pour gérer la pousse de graminées sauvages dans les graminées cultivées, reconnaît Florian Gamé. Plusieurs désherbants autrefois utilisés ont été interdits. Le ray-grass [plante herbacée envahissante] est aussi devenu résistant à de nombreuses molécules. »

Aussi, le prosulfocarbe est-il de plus en plus utilisé, puisque c’est l’un des rares produits encore efficaces, avec le pendiméthaline. En 2018, il s’en est vendu près de 6 000 tonnes, contre la moitié en 2015. Il est devenu le deuxième herbicide le plus utilisé, derrière le glyphosate, et face à la résistance croissante des adventices, sa pulvérisation se fait à des doses toujours plus fortes. Ce qui pourrait encore accroître les contaminations.

Même dans l’eau de pluie

L’un des gros défauts du prosulfocarbe est son extrême volatilité. Même si les agriculteurs qui l’épandent respectent parfaitement les recommandations des fabricants (buse d’application anti-dérive, pas d’épandage à moins d’un kilomètre des cultures non récoltées), rien ne semble empêcher les contaminations.

Florian Gamé prend l’exemple d’un lot de sarrasin contaminé alors que le premier champ où le prosulfocarbe avait été épandu se trouvait à cinq kilomètres. « Ce champ était enclavé dans un bois de plusieurs hectares, avec des arbres de trente mètres de haut autour. » Le sarrasin, particulièrement sensible puisqu’il s’agit d’une graine nue, sans enveloppe, n’est pas le seul touché. Au cours des dernières années, du prosulfocarbe a été retrouvé dans du chia, du quinoa, du cresson, des épinards, des pommes à récolte tardive, etc.

« La molécule se balade et s’incruste partout »

L’Agence de sécurité sanitaire (Anses) s’est penchée sur le sujet dès 2017 afin de déterminer les causes de ces diverses contaminations. Ses conclusions sont pour le moins inquiétantes : « Après volatilisation, le prosulfocarbe semble pouvoir parcourir de longues distances, de l’ordre de plusieurs kilomètres, voire dizaines ou centaines de kilomètres, sans être particulièrement affecté par des barrières physiques. Ceci semble corroboré par des publications étrangères qui mettent en évidence que dans certaines zones de l’Europe, même où le prosulfocarbe n’est pas utilisé, celui-ci peut être présent de manière fréquente et en concentration élevée dans les eaux de pluie. »

Même les cultures sous serre ne sont pas à l’abri. L’Anses évoque le cas de pousses de roquette dont la contamination pourrait provenir de l’eau de pluie récupérée sur les serres pour les arroser.

« Un problème sanitaire majeur »

Florian Gamé alerte : « Le prosulfocarbe devrait être considéré comme un problème sanitaire majeur. La molécule se balade et s’incruste partout. Là, je parle en tant que citoyen, pas en tant qu’agriculteur ou trésorier d’une coopérative. Ce produit n’a rien à faire avec une autorisation de mise sur le marché ! »

Jusqu’à présent, les autorités publiques ont considéré qu’il n’y avait pas de risque pour la santé. Dans son avis de 2017, l’Anses écrit : « Pour un adulte, le niveau de consommation à atteindre, pendant une courte période (c’est-à-dire au cours d’un repas ou d’un jour), et entraînant un dépassement de la dose de référence aiguë [dose à partir de laquelle on a des signes d’intoxications] pour le prosulfocarbe serait de 75 kg de pommes, 133 kg de cresson ou 125 kg de jeunes pousses de roquette. » Dit autrement, l’agence considère qu’il n’y a pas de risque si on consomme ces produits pollués à faible dose.

Mais qu’en est-il des conséquences à plus long terme ? La molécule fait actuellement l’objet d’une réévaluation européenne censée prendre en compte de nouvelles données sur son éventuelle toxicité. Son autorisation de mise sur le marché prenait normalement fin le 31 octobre 2023. Mais comme « les États membres n’ont pas encore achevé l’évaluation des risques », la Commission européenne vient de décider de proroger l’autorisation jusqu’au… 31 janvier 2027.

Aujourd’hui, les paysans bio s’indignent. La limite maximale de résidus du prosulfocarbe s’applique aux cultures bio, mais de la même manière aux cultures conventionnelles, rappellent-ils. « Or, il y a une inégalité devant la loi, puisque certains agriculteurs sont plus contrôlés que d’autres. Seule la filière bio recherche systématiquement les pesticides », juge la Fnab.

Les coopératives conventionnelles se garderaient de faire des analyses, selon plusieurs de nos interlocuteurs. Tous en sont persuadés : si elles en faisaient, elles retrouveraient du prosulfocarbe sur leurs produits et devraient aussi les détruire. « Je suis surpris que les grandes coopératives agricoles conventionnelles acceptent un risque aussi élevé », dit Florian Gamé.

Pour l’heure, en attendant une éventuelle interdiction de la molécule voyageuse, la Fnab, Forébio et Générations futures réclament au minimum la mise en place d’un fonds d’indemnisation pour les agriculteurs touchés. « Le sarrasin est une culture importante dans notre rotation des cultures, dit Philippe Camburet. Source de revenus, bonne concurrente des “mauvaises herbes”, peu exigeante en engrais… c’est une céréale emblématique pour la bio. »

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22 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

gisti (à l’encontre)

gisti (à l'encontre) dans Altermondialisme KarineParrot
Karine Parrot lors d’un exposé pour les Amis du Monde diplomatique en Savoie 

France. «La condition des étrangers a toujours été déterminée par des considérations utilitaristes et l’Etat viole le droit des étrangers»

Entretien avec Karine Parrot conduit par Hugo Boursier

Alors que le 29e projet de loi sur l’immigration depuis 1980 sera en discussion cet automne au Sénat et à l’Assemblée nationale, l’autrice d’Étranger, juriste, chercheuse et membre du Gisti, examine le rapport de l’État au concept de nationalité.

Karine Parrot est professeure de droit privé et de sciences criminelles à l’université de Cergy-Pontoise. Membre active du Groupe d’information et de soutien des immigré·es (Gisti), elle travaille sur la manière dont le droit est utilisé dans la guerre contre les personnes étrangères. En 2019, elle a publié un ouvrage passionnant sur le racisme au cœur de l’État: Carte blanche. L’État contre les étrangers (La Fabrique).

Une tribune transpartisane a été publiée dans Libération, qui demande notamment la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. L’idée est de sécuriser leur statut administratif. Pour autant, s’inscrit-elle dans l’histoire utilitariste de la nationalité française?

La tribune est en faveur d’un des articles les plus controversés du projet de loi sur l’immigration, consistant à régulariser les personnes étrangères qui travaillent dans des zones ou des métiers en tension. On sait très bien qu’il y a tout un pan des activités économiques qui fonctionnent grâce aux travailleurs et aux travailleuses étrangères sans papiers – le bâtiment, la restauration, l’aide à la personne, le nettoyage. Régulariser celles et ceux qui forment ce nouveau lumpenprolétariat paraît une bonne idée, mais il faut voir ce qui soutient cette proposition. Pourquoi uniquement les personnes qui travaillent dans les métiers en tension? Au Gisti, nous militons pour la régularisation inconditionnelle de toutes et tous. Les critères qui seront utilisés pour choisir qui on régularise ou non seront centraux. Or, en pratique, on s’aperçoit que c’est toujours inégalitaire, arbitraire et utilitariste.

Est-ce toujours l’économie qui dicte qui doit être régularisé ou non?

La condition des étrangers a toujours été déterminée par des considérations utilitaristes. Quand l’État a eu besoin de soldats pour faire la guerre, il a transformé des étrangers en Français pour pouvoir les mener au front. Pendant la Première Guerre mondiale, il a importé des étrangers pour remplacer dans les champs et dans les usines les Français mobilisés. Et, au lendemain de la guerre, il a voulu assez rapidement se débarrasser de cette population jugée surnuméraire, tout en continuant à ajuster le nombre d’étrangers à régulariser en fonction des besoins. On est très loin des valeurs de la République que l’on brandit dès qu’on parle de naturalisation ou de régularisation: quand l’État a besoin de soldats ou de main-d’œuvre, il intègre. Cela dit, derrière ces choix économiques, il y a toujours du racisme. C’est le racisme qui se cache derrière certains motifs d’expulsion que l’on voit fleurir dans les années 1930 notamment, et encore aujourd’hui, derrière le motif bien commode des «menaces» ou «troubles à l’ordre public».

Ce motif aboutissait-il toujours à une expulsion?

Non, pas toujours. Notamment parce que les effectifs de police étaient plus réduits qu’aujourd’hui et les technologies de surveillance et de suivi des personnes moins poussées. Il y a toujours eu une partie d’«esbroufe» derrière les grandes déclarations de fermeté des politiques. C’est une composante que l’on retrouve encore de nos jours. Les mesures prononcées haut et fort par le ministre de l’Intérieur ne visent pas forcément à être appliquées. Elles cherchent aussi à faire peur.

D’où les vingt-neuf projets de loi sur l’immigration depuis 1980…

Tout à fait. Même le Conseil d’État, que l’on ne peut pas accuser de gauchisme, critique la «logorrhée législative» à l’œuvre depuis des décennies. Il y a plus d’une dizaine de régimes différents d’obligation de quitter le territoire. C’est d’ailleurs une tendance générale du droit, cet empilement inextricable de règles. En droit des étrangers, les règles sont si complexes que seule une poignée de spécialistes s’y retrouvent – et encore! – donc certainement pas les personnes concernées…

Si la nationalité ne repose que sur des besoins utilitaristes, tout le discours sur les «valeurs communes» relève-t-il du mythe?

Pour acquérir la nationalité française, il y a toujours eu cette condition d’être au minimum «assimilé» à la communauté qui partage certaines valeurs. On peut comprendre qu’on exige des personnes qui veulent devenir françaises qu’elles respectent les lois de la République. Mais le respect des valeurs, notamment, c’est autre chose que le respect des lois. Ces valeurs sont floues. Par exemple, si l’on parle de l’égalité hommes-femmes, on sait très bien que la majorité des hommes qui nous gouvernent ne la pratique pas. On se souvient de Laurent Fabius qui, lorsque Ségolène Royal se porte candidate à la primaire socialiste, demande: «Qui va garder les enfants?», ou des députés de droite qui sifflent Cécile Duflot, alors ministre du Logement, lorsqu’elle se présente à l’Assemblée en robe à fleurs. Nos gouvernants exigent des personnes étrangères qu’elles respectent des valeurs d’égalité ou de fraternité qu’eux-mêmes bafouent au quotidien. Ces règles et ces discours sur les valeurs sont dangereux aussi parce qu’ils sont facteurs d’arbitraire. Aujourd’hui, les étrangers musulmans sont les premiers visés, ils sont systématiquement soupçonnés de ne pas partager «nos valeurs».

Vous expliquez dans votre livre que ce soupçon de dangerosité des personnes étrangères fait partie intégrante de l’histoire de la nationalité française. Pourquoi?

À rebours des discours ambiants qui évoquent une identité nationale, une identité française immuable, quasi immanente, on observe que la nationalité française est une invention récente. On le sait peu, mais la carte nationale d’identité date seulement de 1921. La première carte qui assigne officiellement à un individu un état civil, c’est la «carte d’identité et de circulation pour travailleurs coloniaux et étrangers». Mise en place pendant la Première Guerre mondiale, elle sert de dispositif de surveillance et de contrôle des travailleurs étrangers, tenus de la faire signer à chaque changement d’employeur. En pratique, sans cet encartement des étrangers, la qualité de «Français» reste largement évanescente.

La volonté de différencier clairement les Français des étrangers apparaît dans la dernière partie du XIXe siècle, dans une période de crise économique où les arguments racistes sont exacerbés par une presse quotidienne en plein essor. Soumis à différentes pressions, les députés finissent par inscrire dans la loi des critères permettant à l’État de déterminer avec certitude qui est français (et donc qui ne l’est pas). Ils sont mus par des raisons à la fois économiques et politiques. Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est peut-être davantage le racisme qui oriente les choix politiques plutôt que les considérations économiques. Mais en réalité, les deux – racisme, capitalisme – sont toujours étroitement imbriqués.

Y a-t-il une forme de renoncement de la part de la gauche sur les questions relatives aux personnes étrangères?

C’est difficile de généraliser des positionnements qui diffèrent selon les époques. Ce que je peux dire, c’est que le combat par le droit ne fonctionne plus vraiment. Dans les années 1970, les personnes étrangères, soutenues par des associations, se sont battues sur le terrain juridique et ont obtenu des droits et une amélioration de leurs conditions de vie. Aujourd’hui, on est dans un mouvement inverse. Le droit fonctionne comme une digue contre le grand lâchage et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) apparaît comme un rempart face à la droitisation globale des dirigeants, qui donnent la priorité à la répression et à la «gestion des flux». Dans les années 1970, l’enfermement administratif était marginal. Aujourd’hui, 50 000 personnes sont placées dans les centres de rétention administrative (CRA) chaque année et cela semble «normal», conforme à l’idée largement véhiculée que les étrangers sont des délinquants. Mais ces personnes sont simplement étrangères et dépourvues de droit au séjour. Ce sont aussi des personnes pauvres. Parce que, lorsqu’on est riche, on ne va pas dans ces lieux. L’argent dissout les problèmes administratifs.

 dans Antiracisme

Vous qui êtes juriste, le droit est-il la seule arme pour lutter contre le racisme?

Ce n’est pas la seule. Il y a quelques années se sont tenus les états généraux des migrations. Plus de 500 associations s’étaient réunies pour rédiger des cahiers de doléances. De là est né un réseau pour documenter et faire connaître les initiatives locales où les gens accueillent les personnes étrangères.

Il y a beaucoup d’endroits où la solidarité se crée, où des expériences sont menées à l’échelle locale. Il faut faire connaître ces pratiques et les mettre en réseau. En Allemagne, Angela Merkel a assumé d’accueillir largement, ce qui a poussé la population à agir de manière solidaire. Force est de constater qu’il paraît difficile d’attendre quoi que ce soit du gouvernement français sur cette question. Il faut donc agir localement, souvent contre la machine de l’État.

La position tantôt répressive, tantôt utilitariste que tient l’État est à rebours des enjeux de notre époque où le dérèglement climatique oblige des milliers de personnes à quitter leur pays…

Cet objectif de mener une politique d’immigration stricte est consubstantiel à l’État. Définir les limites de son territoire et contrôler les personnes qui y entrent est un attribut de la souveraineté étatique. C’est ce que répète à l’envi la CEDH. Donc plus les dirigeants contrôlent l’immigration, plus ils existent en tant que dirigeants. C’est pourquoi il me paraît difficile d’attendre d’eux qu’ils dissolvent ce concept de nationalité. Conditionner le droit au séjour à une liste de critères entretient le concept de nation, et la nécessaire présence de l’État pour l’incarner. Attention aussi aux adjectifs qui suivent toujours le mot de «réfugié»: «climatique», «économique», «politique». Cette catégorisation est toujours arbitraire, elle induit toujours un tri arbitraire.

Mais, aujourd’hui, le continuum entre nation, État et étranger n’est-il pas trop ancré pour s’en extraire?

C’est ce que j’essaie de développer dans mon livre: à quel point le concept de nationalité est récent. Il n’a que 150 ans! Et la carte d’identité n’est vieille que d’un siècle. Avant 1921, l’État n’était pas capable de dire qui était français et qui était étranger. C’est une construction politique pour asseoir un pouvoir qui, aujourd’hui, va vers la fascisation. Ce que l’on a construit en une centaine d’années, il faut absolument le déconstruire. On parle de «carte nationale d’identité» comme si la nationalité était constitutive de notre identité. Mais non! Il faut absolument imaginer et expérimenter d’autres manières de faire communauté et laisser tomber cette idée de nationalité qui aboutit forcément au racisme. Dans les faits, la nationalité nie la devise républicaine en plaçant la filiation comme critère premier de l’appartenance à la communauté politique. Surtout quand l’État utilise le droit, le contourne et le viole constamment pour asseoir sa légitimité.

La France est régulièrement condamnée par la CEDH pour avoir enfermé des enfants en CRA, mais elle continue. L’administration ne respecte pas les décisions de justice: avec la dématérialisation des services publics, énormément d’étrangers n’arrivent pas à prendre rendez-vous en préfecture. Ils sont obligés de saisir un juge pour obtenir un rendez-vous, celui-ci enjoint à la préfecture de l’organiser, mais rien ne se passe! L’administration est décomplexée, elle assume de ne pas respecter les règles et les décisions de justice. Face à l’État, les personnes étrangères ne pèsent pas lourd dans le rapport de force. Et tout le monde se fiche que l’État viole le droit à leur encontre. Donc ça continue. Imaginez que l’État viole systématiquement les droits des super-riches… Les réactions ne tarderaient pas et, surtout, c’est inimaginable!

Dans ce contexte, la CEDH a-t-elle encore un poids?

La protection qu’elle offre est insatisfaisante mais, si la cour n’était pas là, il n’y aurait plus aucune limite. La cour, qui interprète la Convention européenne des droits de l’homme et qui condamne parfois les États, marche sur des œufs. Elle voit bien que les États se droitisent et elle ne peut pas aller ouvertement contre leurs choix politiques, si inhumains soient-ils. Pourtant, les enjeux humains sont au centre de toute cette machinerie administrativo-juridique. Les États ont dressé des barricades meurtrières aux frontières de l’Europe. Chaque année, des milliers de personnes meurent sur les routes de l’exil. Asphyxiées, noyées, violées, exténuées. Sauf à endosser cette réalité, il me semble indispensable de repenser radicalement nos formes d’organisation collective.

Entretien publié le 20 septembre par l’hebdomadaire Politis

https://alencontre.org/europe/

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