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08 juin 2023 ~ 0 Commentaire

appel unitaire

appel unitaire dans A gauche du PS .
Crédit Photo Photothèque Rouge/JMB Appel unitaire
« Organisons-nous pour construire l’alternative ! » Publié sur Mediapart
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« Organisons-nous pour construire l’alternative ! » 

Anticapitalistes, écologistes, féministes, antiracistes, anti-validistes… un large spectre de militant·es de gauche appellent de leur voeux « un immense mouvement du monde du travail, des classes populaires, de la jeunesse » pour proposer une organisation alternative en vue de « construire, à terme, une nouvelle force démocratique et pluraliste ». Un forum national aura lieu le dimanche 2 juillet.

La mobilisation historique face à Macron et sa contre-réforme des retraites est marquante par son unité, particulièrement intersyndicale, ses grèves et manifestations massives, ses casserolades et autres actions qui défient directement le pouvoir. Elle confirme la jeunesse, la détermination et la combativité du mouvement social à dimension politique, comme, par exemple, lors des manifestations féministes du 8 mars, celles contre la « loi immigration » de Darmanin ou contre les méga-bassines de Sainte-Soline.

Elle a également permis de renforcer nos liens lors des assemblées générales, des réunions interprofessionnelles, et d’approfondir les connexions entre les différents mouvements. Ces confrontations sociales vont devenir de plus en plus fréquentes, comme partout dans le monde. La situation nous impose de ne pas nous contenter de revendications partielles : il faut faire face au système capitaliste, écocide, patriarcal, raciste, et renforcer l’espoir dans une autre société et nous organiser pour la lutte en vue d’une alternative populaire, radicale et démocratique, pour porter un projet de rupture et de transformation révolutionnaire de la société.

Nous sommes aujourd’hui face à un gouvernement de plus en plus radicalisé et autoritaire et à un appareil d’État toujours plus répressif et liberticide. La police tue dans les quartiers, mutile militant·es et journalistes dans les manifestations. L’État, relayé par les grands médias et les partis de droite (parfois même « de gauche »), orchestre l’islamophobie et son lot de lois d’exception, comme la loi dite « séparatisme » dans un pays déjà gangrené par l’antisémitisme, la rromophobie, la négrophobie et tous les racismes. Contre l’aggravation de la pauvreté et les catastrophes écologiques, contre le racisme, le sexisme et le validisme, contre la montée du néofacisme, nous avons besoin d’un immense mouvement du monde du travail, des classes populaires, de la jeunesse.

Dans cette perspective, nous pensons que les organisations actuelles ne suffisent pas et que nous avons besoin de nous organiser d’avantage, de nous réunir pour construire, à terme, une nouvelle force démocratique et pluraliste, pour la justice, l’égalité et la démocratie, pour les solidarités internationales - de la Palestine à l’Ukraine -, pour la solidarité avec les migrant·es, ainsi que leur accueil digne et inconditionnel, pour résister systématiquement au libéralisme et à l’extrême-droite, pour porter ensemble une véritable alternative.

Cette organisation politique pourra être présente dans l’arène électorale et institutionnelle mais ne se laissera pas maîtriser par la force d’intégration au système. Son centre de gravité sera la rue, les lieux de travail, les quartiers, parce que la légitimité populaire devra s’opposer aux institutions du pouvoir en place, à l’État. Nous voulons en effet construire une société débarrassée de l’exploitation, des oppressions, du productivisme, une société qui ne peut exister que si elle est construite par celles et ceux qui produisent les richesses.

Le mouvement actuel montre à quel point nous avons besoin à la fois d’unité et de radicalité. L’organisation politique que nous voulons bâtir œuvrera donc également à la construction de fronts sociaux et politiques larges et démocratiques, localement et nationalement, dans la rue, les mobilisations et dans les urnes si les conditions sont réunies, pour combattre les politiques de droite, le néofascisme du RN et toutes les idées et violences d’extrême droite.

Le débat est ouvert sur l’appréciation à porter sur la NUPES – à laquelle certain·es d’entre-nous participent, d’autres non – sur le rôle qu’elle peut jouer et nos rapports avec elle.

Nous appelons tout·es celles et ceux, citoyen·nes, syndicalistes, militant·es associatifs/ves, écologistes, écosocialistes, décroissant·es, féministes, militant·es LGBTQI+, anti-racistes, internationalistes, anti-validistes, autogestionnaires, alternatifs/ves, révolutionnaires, qui se reconnaissent dans ces objectifs, à nous rejoindre pour une première réunion nationale, sous la forme d’un forum ouvert et pluraliste. Ce forum sera une première étape qui doit nous permettre de débattre ensemble des contours d’une nouvelle organisation à construire.

Nous proposons que ce forum soit préparé par des réunions locales, départementales et régionales, réunissant des habitant·es, citoyen·nes, militant·es dans les prochaines semaines, afin qu’elles envoient des délégué·es lors de ce forum national. Nous proposons que ce forum ait lieu le dimanche 2 juillet et appelons les collectifs, organisations, personnes intéressées à se joindre à cet appel et à contribuer à l’organisation et à la popularisation de ce forum.

www.forumalternative.org

Premières signatures :
Catherine Samary, économiste (Paris)
Christine Poupin, porte-parole du NPA
Corinne Le Fustec (Plérin)
Franck Gaudichaud, Enseignant-chercheur, NPA (Toulouse)
Michael Löwy, sociologue, militant écosocialiste (Paris)
Olivier Besancenot, NPA
Olivier Le Cour Grandmaison, Universitaire (Paris)
Omar Slaouti, militant des quartiers populaires (Argenteuil)
Pauline Salingue, porte-parole du NPA
Philippe Poutou, NPA
Pierre Zarka, Ensemble! AE (Mancey)
Ugo Palheta, universitaire (Paris)
Usul, vidéaste (Lyon)
Xavier Mathieu, ouvrier du spectacle, comédien

etc…

https://nouveaupartianticapitaliste.org/

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07 juin 2023 ~ 0 Commentaire

espagne (npa)

espagne

Crédit Photo Pedro Sanchez. Wikimedia Commons

État espagnol : de l’impasse du gouvernement progressiste à la vague réactionnaire

Les récentes élections municipales et régionales en Espagne ont provoqué un séisme politique. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a subi une défaite cuisante, perdant six des huit communautés autonomes qu’il gouvernait. La droite, représentée par le Parti populaire (PP) et Vox (extrême droite), a gagné du terrain et consolidé son pouvoir électoral.

La gauche gouvernementale, y compris Podemos, a connu des défaites importantes. Podemos a même disparu à Madrid, aux Canaries et à Valence, devenant un parti résiduel dans ces régions. Cette situation a conduit le Premier ministre Pedro Sánchez à convoquer des élections anticipées pour le 23 juillet.

Une gauche de modernisation capitaliste

La question centrale est que le pouvoir progressiste n’a rien fait pour renforcer la classe ouvrière au cours de ses années de gouvernement. La politique de paix sociale s’est traduite par une baisse des salaires sans toucher aux profits. Le projet de la gauche progressiste est celui de la modernisation capitaliste et du maintien de l’Espagne dans le club de la périphérie impériale en déclin. Même si Pedro Sánchez maintenait l’arithmétique pour être au gouvernement, la restauration menée par la droite serait déjà en cours.

La gauche du gouvernement, touchée et à demi assoupie après ces élections, cherchera à se maintenir au milieu de querelles de postes sans faire un bilan critique des effets de son intégration au régime. Liée pieds et poings au bloc progressiste, son usure sociale est d’ores et déjà inéluctable. Elle se traduira à moyen terme par de nouvelles crises et des processus d’implosion.

L’avenir politique présente deux scénarios possibles. Dans le premier scénario, le gouvernement progressiste pourrait être réélu, mais cela ne représenterait pas un véritable changement de cap politique. Dans le deuxième scénario, la droite remporterait les élections et Vox pourrait entrer au gouvernement. Cela impliquerait une intensification des attaques antisociales, contre les droits des personnes migrantes, les femmes et personnes LGTBIQ+ et les ­libertés civiles.

Construire un projet politique indépendant

Face à ces scénarios, les mouvements sociaux, syndicaux et la gauche écosocialiste et anticapitaliste doivent se préparer aux défis à venir. Il est essentiel de construire un projet politique indépendant du bloc progressiste et de travailler à l’ouverture d’une autre perspective politique. Les débats sur le vote et les appels à l’abstention ne sont pas suffisants. Il est temps de se préparer à renverser le régime politique existant et de défendre les intérêts de notre camp contre les attaques à venir.

La construction d’un avenir différent nécessite de semer les graines d’un projet politique écosocialiste et anticapitaliste, qui mette au centre le conflit de classe et la convergence avec les mouvements émancipateurs. Malgré la situation de minorité actuelle, il est essentiel de persévérer dans cette voie pour ouvrir de nouvelles perspectives.

Brais Fernández
Hebdo L’Anticapitaliste – 665 (08/06/2023)

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06 juin 2023 ~ 0 Commentaire

ars (fr3)

porcs

Pollution des plages et eaux de baignade en Bretagne : les chiffres erronés de l’ARS pointés du doigt

 Pollution des plages et eaux de baignade en Bretagne : les chiffres erronés de l’ARS pointés du doigt.
La qualité des eaux de baignade, dont les plages sont très contrôlées, est remise en question. Selon la justice, interpellée par Eau & rivières de Bretagne, les chiffres fournis par l’Agence de Santé sont erronés et ne permettent pas de connaître la réalité et les causes de la pollution.

“Si vous cassez le thermomètre, vous ne risquez pas de connaître la santé du patient” assure le porte-parole d’Eau & rivières de Bretagne. À la sortie du tribunal de Rennes, ce 6 juin 2023, Arnaud Clugery est satisfait. “L’agence de santé (ARS) est dans l’obligation de reprendre ces calculs” vis-à-vis des eaux de baignade en Bretagne.

Notre objectif est d’obliger l’ARS à fournir les chiffres qui prouvent l’état réel de santé des plages pour rechercher les sources de la pollution.

Arnaud Clugery, directeur d’Eau & rivières de Bretagne

Le rapporteur public a demandé à l’agence de santé de reprendre ses calculs. “Nous attendons l’arrêt officiel du tribunal d’ici deux à trois semaines” affirme le directeur de l’association de protection de l’environnement.

“Les lacs, les points d’eau et surtout les plages sont bien plus pollués que ce que laisse entendre les données de l’ARS Bretagne” assure le porte-parole d’Eau & rivières de Bretagne. “Notre objectif est d’obliger l’ARS à fournir les chiffres qui prouvent l’état réel de santé des plages pour rechercher les sources de la pollution”.

Les résultats faussés de l’ARS

En prenant le temps de consulter les données publiques des eaux douces et de mer en Bretagne, sur le site du Ministère de la Santé, la très grande majorité des sites présente une qualité de l’eau “excellente” ou “très bonne”. Pour l’association ces résultats sont faussés par deux erreurs dans la méthode de prélèvements. “De nombreuses analyses sont non conformes et dans les faits cela améliore les résultats”.

Concrètement des analyses sont faites sur des plages fermées préventivement ou alors une semaine après des fermetures de site. Pour l’association Eau & rivière “cela fausse le tableau de bord réel de la santé des plages. Un nouveau calcul va permettre de prendre la mesure du problème et de travailler aux causes”.

Tourisme et élevage intensif

La bactérie au cœur de la problématique est la E.coli qui révèle une contamination fécale. “En Bretagne nous avons 3 millions d’habitants et 100 millions d’animaux d’élevage. Il faut rappeler que les déjections des porcs sont 30 fois plus polluantes que celle de l’homme”. Selon les données du ministère de l’agriculture en 2021, la Bretagne comptait plus de 7 millions de porcs. “Bien sûr, il nous faut améliorer les services d’assainissement défectueux comme les stations d’épuration sous-dimensionnées et qui débordent, mais il faut regarder dans les yeux le problème de l’élevage intensif” analyse Arnaud Clugery.

Trop souvent la pluie est accusée d’être la cause des fermetures de plage, alors que le problème est ailleurs. Arnaud Clugery, Eau & rivières de Bretagne

Pour ce défenseur de la qualité des eaux en Bretagne, “trop souvent la pluie est accusée d’être la cause des fermetures de plage, alors que le problème est ailleurs”. Pour Arnaud Clugery les responsabilités se mêlent entre le tourisme très important sur le littoral breton et l’élevage intensif dans la région.

En accusant la pluie et en invisibilisant la pollution, cela permet d’éviter de chercher les sources réelles de la pollution” regrette le porte-parole d’Eau & rivière de Bretagne.

L’agence régionale de la santé de Bretagne n’était pas représentée lors de l’audience au tribunal ce 6 juin. « L’ARS Bretagne applique strictement les dispositions de la directive européenne baignade et les différentes dispositions qui la transposent » assure Aurélien Robert, en charge de la communication de l’agence, dont la mission est la mise en place de la politique santé dans la région.

06/06/2023 Benoit Thibaut

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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06 juin 2023 ~ 0 Commentaire

sncf (lo)

cheminots

Les responsabilités de la gauche de gouvernement

Dans le Journal du Dimanche du 28 mai, les principaux dirigeants de la gauche, Olivier Faure pour le PS, Mathilde Panot pour LFI, Fabien Roussel pour le PCF et Marine Tondelier pour EELV, ont signé, en commun avec les dirigeants syndicaux et diverses associations, une tribune appelant « l’État français à ne pas sacrifier Fret SNCF ».

Selon l’appel, il faut « sortir le fret ferroviaire du marché de la concurrence et créer un grand service public, unifié et cohérent, de transport ferroviaire et routier de marchandises ». L’appel serait moins hypocrite si les gouvernements de gauche n’avaient pas eux-mêmes largement mis en œuvre la privatisation du fret ferroviaire comme du transport de voyageurs et organisé son dépeçage.

En février 1997, la SNCF était coupée en deux :

RFF (Réseau Ferré de France) héritait de la propriété et de la gestion du réseau

tandis que la SNCF devenait un simple exploitant ferroviaire, susceptible d’être mis en concurrence.

La droite avait voté cette séparation, et Gayssot, ministre PCF des transports dans le gouvernement de Jospin, se chargea des décrets d’application. Ce gouvernement dit « de gauche plurielle » de 1997 à 2002, intégra aussi Mélenchon en son sein et eut d’ailleurs le triste record du nombre de privatisations de la Ve République.

Le fret ferroviaire fut le premier secteur à être soumis à la concurrence en 2006, sous Chirac. La convention collective du fret mise en place par le patronat ferroviaire fut très régressive. Au lieu du miracle promis de développement du fret, son trafic a au contraire été divisé de moitié depuis cette date et les effectifs de cheminots ont été laminés.

Revenant au pouvoir en 2012 avec Hollande, la gauche se garda bien de revenir sur cette catastrophe ou de créer ce « grand service public du transport ferroviaire » aujourd’hui réclamé.

Au contraire, malgré une grève des cheminots de deux semaines en juin 2014, elle transféra les 50 000 cheminots chargés de l’infrastructure dans une nouvelle structure baptisée SNCF Réseau.

Ensuite, le gouvernement socialiste organisa l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs. En vue du transfert des cheminots au privé au gré des appels d’offres, il publia, en 2016, un décret socle, calqué sur les dispositions régressives de la convention collective du fret pour les étendre à l’ensemble de la branche ferroviaire.

Macron, quant à lui, a fait supprimer le statut des cheminots en 2020 pour mieux les soumettre à cette convention collective.

Il y a donc eu dans le domaine de la privatisation du transport ferroviaire, une parfaite continuité entre la gauche et la droite. Les conséquences en sont catastrophiques, tant sur le plan social qu’environnemental : le fret ferroviaire ne représente plus que 9 % du trafic de marchandises contre 46 % encore en 1974. Le trafic routier a, de son côté, explosé.

Les signataires de l’appel écrivent que « le gouvernement français doit s’opposer à cette épée de Damoclès de l’Union européenne sur Fret SNCF. » Comme si le gouvernement, ainsi que ceux qui l’ont précédé, n’étaient pas complices et même principaux instigateurs de la privatisation des équipements publics.

Les travailleurs du rail comme de l’ensemble de la société ne doivent se fier qu’au rapport de force qu’ils pourront opposer à un capitalisme aussi irresponsable que parasitaire.

Christian BERNAC 31 Mai 2023

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06 juin 2023 ~ 0 Commentaire

espagne (lutte ouvrière)

Affiche_CNT-FAI_guerre_civile_d'Espagne

Espagne : la droite progresse sur le discrédit de la gauche

Dimanche 28 mai, après une déroute sévère aux élections municipales et régionales dans quatorze communautés autonomes sur dix-sept, le gouvernement de gauche espagnol a décidé d’avancer au 23 juillet les législatives initialement prévues pour l’automne.

Le principal parti du gouvernement, le Parti socialiste (PSOE), a perdu plus de 400 000 voix à l’échelle nationale. Son allié Podemos, le parti de Pablo Iglesias, disparaît des conseils municipaux de Madrid et Valence, respectivement capitale et troisième ville du pays, et de cinq gouvernements régionaux qu’il partageait avec les socialistes.

La droite remonte, avec plus de sept cent mille voix d’avance pour le Parti populaire (PP), qui ne retrouve toutefois pas ses niveaux historiques de 2011. C’est donc bien la dégringolade des résultats de la gauche qui met la droite en position de force et va lui permettre de gouverner dans presque toutes les régions, à condition de trouver des alliances avec le parti d’extrême droite Vox, qui continue à progresser.

Face à la débâcle, le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez, a annoncé mardi 30 mai des élections législatives anticipées. Bien que les multiples alliances et recompositions de la « gauche de la gauche » compliquent les comparaisons, il est évident que Podemos paie tout autant que le PSOE ses quatre ans passés au gouvernement.

Au cours de ces quatre années, les classes populaires, frappées par la crise économique aggravée par la pandémie, ont attendu en vain que la gauche apporte les solutions miracle promises. Le « gouvernement le plus progressiste de l’histoire » n’a pas résolu la crise du logement, qui a encore empiré après l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, malgré la promesse de quelques dizaines de milliers de logements sociaux en plus.

Il n’a pas empêché la baisse des salaires réels mangés par l’inflation, malgré une revalorisation du salaire minimum annoncée en fanfare. Quant à la précarisation du travail, l’invention d’un nouveau CDI au rabais a fait monter le nombre d’embauchés en fixe, mais sans pour autant les protéger de la précarité.

Comble de l’hypocrisie, le « dialogue social » a récemment permis de trouver un accord entre syndicats et gouvernement sur les retraites… sans remettre en cause le report de l’âge légal à 67 ans, et même en accélérant son application.

Enfin, beaucoup d’anciens électeurs de Podemos, s’ils n’avaient pas beaucoup d’illusions sur l’amélioration de leur sort, espéraient tout de même une abrogation des mesures répressives adoptées par la droite contre le mouvement des Indignés de 2011, la fameuse Ley Mordaza (la « loi bâillon »). Ils en ont été pour leurs frais.

La déception aura fait s’abstenir beaucoup d’électeurs de gauche. Pourtant, le gouvernement de Pedro Sanchez n’a fait que son travail en alignant des milliards pour le patronat pendant la pandémie, en augmentant considérablement le budget militaire pour participer au réarmement général, et en envoyant les blindés de la police contre les métallos en grève à Cadix, en 2021.

Son travail est bien de démobiliser les classes populaires et les travailleurs en se présentant comme l’aboutissement de leurs luttes, puis de leur faire avaler des pilules de plus en plus amères, au moment où la droite était discréditée par des affaires de corruption.

La gauche de gouvernement, social-démocrate ou « radicale », le paie d’une claque électorale. Pour les travailleurs, aux conséquences de cette politique va désormais s’ajouter l’arrogance retrouvée d’une droite renforcée appuyée sur une extrême droite nostalgique du franquisme.

Face à un patronat à l’offensive, ils ne devront compter que sur leur combativité et leur conscience de classe, et certainement pas sur les politiciens paniqués qui proposent, avec une nouvelle union de la gauche, de remettre une pièce dans la machine à illusions.

Laura Samos 31 Mai 2023

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05 juin 2023 ~ 0 Commentaire

bretagne (fr3)

resistance en bretagne

Seconde guerre mondiale. Viols, meurtres, ségrégation, la part sombre de la Libération.

Interprète auprès de l’armée américaine à la libération, l’écrivain Louis Guillou, a été témoin de violences dramatiques longtemps restées sous silence : viols, meurtres sur des populations civiles françaises et ségrégation raciale. Son livre « Ok Joe ! » ébranle les convictions et fait l’objet d’un documentaire signé Philippe Baron.

À la sortie du roman de Louis Guillou « Ok, Joe ! » en 1976, les violences commises par les soldats de l’armée américaine sont exposées au grand jour. Il témoigne aussi de la ségrégation que la justice militaire américaine exerçait sur les soldats afro-américains.

Sous forme de rencontres joyeuses et fraternelles, la libération laisse, pour de nombreuses familles, ce goût amer de malentendus. Après 80 ans de silence et de refoulement, des descendants de familles osent aujourd’hui témoigner.

L’alcool et le sexe 

L’alcool favorisait les moments de convivialité, pour les Français libérés et pour les Américains délivreurs. La bouteille de gnôle ou de cidre que les paysans avaient camouflée, était brandie en guise de trophée  « C’est ce que les boches n’auront pas !  » disaient-ils.

S’ensuivent les violences. De multiples viols et meurtres ont lieu durant cette période de la Libération de la Bretagne et de la Normandie. Et à chaque fois, le même scénario s’opère.

C’était la nuit. Notre père est descendu et s’est interposé entre sa fille et cet homme, il a été abattu. C’est pour défendre Catherine contre un viol que papa est mort.

Témoignage de la famille Tournellec Plabennec (Finistère)

Cela se passe la nuit, dans les hameaux de campagne, non loin des camps militaires et sous l’emprise de l’alcool. Un père, un frère, un oncle, tente de s’interposer face au soldat armé pour protéger sa fille, sa mère, ou sa sœur agressée. Et c’est le drame.

L’historienne et autrice de  » Des GI’s et des femmes  » Mary-Louise Roberts, analyse cette vague de viols. Elle explique :  »Depuis 1917, l’image de la France que l’armée américaine avait choisi de véhiculer à ses soldats, est celle des jolies femmes, sexy et avenantes qui les attendaient en France. Les femmes embrassent les GI’s et ils sont aussi bienvenus au lit« .

Deux armées au sein d’une même force

Les camps des bataillons, chargés de ravitaillements, étaient formés par des jeunes soldats afro-américains, toujours commandés par des officiers blancs. Ils s’occupaient de logistique et participaient très rarement au combat. Venus des régions des États-Unis où le racisme était présent et sous la pression du lobby sudiste, l’armée américaine exerçait une ségrégation raciale au sein d’une même force militaire.

Pierrick Péroux, petit-fils d’une victime, connait en détail l’assassinat de son grand-père, perpétré par un jeune soldat afro-américain. « Ma mère avait été repérée dans la journée, et suivie. C’était la nuit. Alors que mes grands-parents empêchaient la porte de s’ouvrir sous les coups, le soldat a tiré. La balle a transpercé la porte, et s’est planté dans le crâne de mon grand-père qui s’est écroulé sous les yeux de sa femme ».

La double peine des afro-américains 

En septembre 1944, l’école des garçons de Morlaix, a été réquisitionnée par l’État-major et transformée en cour martiale.

Le meurtrier du grand-père de Pierrick Péroux y est jugé. « La plaidoirie sera brève » écrit Louis Guillou, interprète au procès. Seul noir devant une dizaine d’officiers blancs, l’accusé, soldat de deuxième classe, est alors condamné à la pendaison. « Mais pourquoi rien que des noirs ? Ce n’est pas un tribunal pour les noirs » s’interroge Louis Guillou.

D’après l’historienne Pauline Peretz, spécialiste des États-Unis, seuls étaient jugés les noirs américains, car il est fort probable que  « l’armée américaine souhaitait en faire une affaire raciale« .

Des dizaines d’accusés afro-américains seront exécutés sur le champ, par pendaison. En Bretagne et en Normandie, la diabolisation des noirs fait naître un racisme qui n’était pas nécessairement présent.

Des victimes sous silence

Les victimes, elles, préfèrent taire leur souffrance pour éviter de paraître ingrates et d’être montrées du doigt. On ne pouvait pas en parler, le mal était petit par rapport au grand bien que l’armée américaine avait fait et que tout le monde célébrait. On a créé un coffre de silence, autour de nous. Un descendant de victime

04/06/2023  Michelle Ruan

Le documentaire « Ok, Joe ! » de Philippe Baron est à retrouver dès maintenant en haut de cet article et sur Francetv.fr. Il sera également diffusé jeudi 8 juin à 23 h 45 sur France 3 Bretagne.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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05 juin 2023 ~ 0 Commentaire

6 juin (cgt)

une

 

Départs des manifestations dans le Finistère

  • Manifestation à Brest : place de la Liberté, 10 h 30
  • Manifestation à Ouessant : place de la Mairie, 11 h 30
  • Manifestation à Quimper : devant le Medef, 10 h 30
  • Manifestation à Carhaix : place du Champ-de-Foire, 10 h 30
  • Manifestation à Morlaix : place Puyo, 11 h
  • Manifestation à Quimperlé : devant la gare, 10 h 30

Départs des manifestations dans les Côtes-d’Armor

  • Manifestation à Lannion : quai d’Aiguillon, 11 h 30
  • Manifestation à Guingamp : devant la mairie, 10 h 30
  • Manifestation à Saint-Brieuc : place de la Liberté, 14 h
  • Manifestation à Lamballe : devant la gare, 10 h 30

Départs des manifestations dans le Morbihan

  • Manifestation à Lorient : l’Orientis, 10 h
  • Manifestation à Groix : place du Marché, 11 h
  • Manifestation à Pontivy : la Plaine, 10 h
  • Manifestation à Ploërmel : place de la Mairie, 11 h
  • Manifestation à Vannes : place de la Libération, 10 h
  • Manifestation à Belle-Ile : La Poste-Le Palais, 10 h
  • Manifestation à Pénestin : place de l’Église, 18 h

Départs des manifestations en Ille-et-Vilaine

  • Manifestation à Rennes : place Bretagne, 11 h
  • Manifestation à Redon : devant la sous-préfecture, 17 h
  • Manifestation à Guichen : devant la mairie, 17 h 30
  • Manifestation à Montfort-sur-Meu : devant la gare, 18 h
  • Manifestation à Vitré : place du Général-de-Gaulle, 17 h
  • Manifestation à Combourg : devant le lycée, 18 h 30
  • Manifestation à Fougères : esplanade des Chaussonnières, 17 h 30
  • Manifestation à Dinan : esplanade de la Résistance, 11 h
  • Manifestation à Saint-Malo : devant la médiathèque, 11 h

Départs des manifestations en Loire-Atlantique

  • Manifestation à Nantes : Miroir d’eau, 10 h 30
  • Manifestation à Saint-Nazaire : place de l’Amérique latine, 10 h
  • Manifestation à Ancenis : rond-point de la station Esso, 10 h
  • Manifestation à Châteaubriant : place de la Mairie, 10 h 30
  • Manifestation à Clisson : parvis de la Gare, 15 h 30

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04 juin 2023 ~ 0 Commentaire

édito (npa)

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Crédit Photo Photothèque Rouge /JMB
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Unitaire et révolutionnaire, dans les luttes sociales, écologiques, antiracistes

Les 27-28 mai, le NPA a tenu son conseil politique national (CPN) à Paris pour discuter, notamment, de la confrontation du monde du travail avec l’État dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites. 

Le CPN a d’abord adopté à l’unanimité une résolution politique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation est contradictoire. Ainsi, « à l’échelle nationale nous avons assisté à un des plus gros mouvements depuis 1995 et 2010, à l’échelle internationale nous constatons de forts reculs et des victoires du camp réactionnaire. »

Le gouvernement d’extrême droite en Israël, le maintien d’Erdogan en Turquie, la réintégration d’Assad, le boucher de la Syrie, dans la Ligue Arabe, les dérives dictatoriales de Kaïs Saïed en Tunisie et d’Abdelmadjid Tebboune en Algérie, les généraux au Soudan qui s’écharpent sur le dos des Comités de Résistance, et la récente élection au Chili d’un Conseil constitutionnel aux mains de l’extrême droite témoignent d’une évolution inquiétante des rapports de forces à l’échelle internationale.

Un bilan d’étape du mouvement contre la réforme des retraites

De ce point de vue, « la politique menée par Macron s’inscrit dans ce contexte plus général de politiques libérales et autoritaires. » Le mouvement se distingue par trois phases successives. Une première phase (19 janvier 2023 – 16 mars 2023), centrée sur les manifestations très fortes dans les villes petites ou moyennes, avec une auto-organisation qui reste très faible. Une deuxième phase après l’utilisation du 49.3 le 16 mars et un pic de mobilisation atteint le 23 mars.

Depuis, troisième phase, le mouvement social ne s’est pas transformé en un mouvement politique de masse, une grève générale, mais la pression et la colère sont toujours là : « Les casserolades ont maintenu la pression sur le gouvernement sur un terrain symbolique mais non négligeable. Il est difficile de voir comment le mouvement peut rebondir à ce stade. La journée de grève du 6 juin, deux jours avant un nouvel épisode parlementaire autour d’une proposition d’abrogation de la loi, est la prochaine date de confrontation. »

Construire les mobilisations écologiques, s’affronter à l’État et au capitalisme 

La mobilisation du 25 mars contre les mégabassines à Sainte-Soline a constitué une étape particulière de l’articulation des luttes écologiques et anticapitalistes, ainsi que les mobilisations contre l’autoroute Castres/Toulouse le 22 avril et contre le projet d’autoroute à l’est de Rouen les 5, 6 et 7 mai.

La prochaine étape est celle de la mobilisation, qui dure depuis plus de vingt ans, contre le projet du Lyon-Turin, contre ce grand projet inutile, les 17-18 juin.

Réagir face à l’extrême droite et à la dérive autoritaire et raciste de l’État

Les manifestations contre la loi Darmanin du 25 mars se sont inscrites dans la contestation globale de la politique du gouvernement et ont été des succès. Le gouvernement va revenir à la charge cet été. Une politique de pyromane qui montre déjà en partie ses effets : les groupuscules se sentent légitimes à agir sans que l’État soit un obstacle à leurs exactions, par exemple dans l’affaire du maire de Saint-Brévin.

La forte implantation militante de l’extrême droite dans la police, l’existence d’escadrons spécialisés dans l’affrontement direct avec le mouvement social, l’institutionnalisation du RN avec sa présence significative à l’Assemblée… sont autant de marqueurs de la transformation autoritaire de l’État.

Front unique et parti

Pour construire la grève du 6 juin, contre la loi Darmanin, dans les luttes sur les salaires, les luttes écologiques, nous maintenons « une double orientation unitaire et révolutionnaire ».

Même si elles ont lieu dans un an, les élections européennes seront les premières échéances électorales importantes après la mobilisation des retraites. Nous testons les possibilités d’un front uni pour y défendre la nécessité de la rupture avec les politiques libérales européennes mises en place depuis des décennies.

En parallèle, nous devons renforcer notre organisation et son projet. C’est dans cet esprit qu’ont été adoptées les compositions de trois commissions : cause animale, immigration-­antiracisme, intervention féministe. Une commission du CPN est mise en place pour organiser la Rencontre nationale des comités (RNC) prévue à l’automne. L’Université d’été sera une échéance centrale pour des débats approfondis.

Forum anticapitaliste

Enfin, les trois quarts du CPN ont adopté l’objectif de regrouper dans un forum anticapitaliste tout début juillet les composantes du mouvement social et les forces politiques avec lesquelles nous discutons.

Un texte d’appel a été écrit avec Rejoignons-nous et Ensemble ! Il a pour but d’être proposé ces prochains jours largement à la signature de militantEs et de représentantEs d’autres forces organisées (Gauche écosocialiste, PEPS, UCL…) et surtout de militantEs de la gauche radicale, du mouvement social, des quartiers populaires, en particulier que nous avons côtoyés dans le mouvement

https://lanticapitaliste.org/

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04 juin 2023 ~ 0 Commentaire

édito (npa)

une

La Palme d’or et la start-up nation

«Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables. » Ces récents propos de Guillaume Kasbarian, président macroniste de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, ne visaient pas les grands groupes privés gavés d’aides publiques.

Ils ciblaient la réalisatrice Justine Triet, après qu’elle a osé critiquer le gouvernement lors du discours qu’elle a prononcé à Cannes après avoir reçu la Palme d’or. Et ils sont particulièrement symboliques, pour ne pas dire symptomatiques, de la vision du monde de la macronie et de ses méthodes.

Pour les apologistes béats de la « start-up nation », nulle différence entre une société cotée en bourse et la société tout court. Comme des patrons, les figures de la macronie qui se sont exprimées pour critiquer Justine Triet semblent considérer que les richesses produites par les autres leur appartiennent sous le prétexte qu’ils tiennent les cordons de la bourse. Comme des patrons, ils considèrent que celles et ceux qui contestent leurs choix doivent être renvoyés à une position de subordonnéEs, voire menacés de se voir couper les vivres.

À la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak et à tous ceux qui ont, comme elle, mobilisé l’ar-gument « Ne mordez pas la main qui vous nourrit », l’écrivain Nicolas Mathieu a adressé un message simple, dans un texte salutaire publié sur Instagram : « Vous ne financez pas le cinéma et la culture. Nous finançons le ciné et la culture via des dispositifs de solidarité collective dont vous n’êtes que les organisateurs temporaires. La main qui nourrit les artistes n’est pas la vôtre. »

L’épisode — dont on ne manquera pas en outre de relever la dimension profondément sexiste — est significatif de l’état d’esprit de ces responsables politiques tellement obsédés par les privatisations qu’ils en ont « oublié » que l’argent public et les dispositifs de solidarité gérés par l’État ne sont pas leur propriété.

Significatif aussi de leur gouvernance autoritaire et de leur incapacité à tolérer la moindre critique sans répondre par des injures et/ou des menaces. Significatif, enfin, de ce personnel politique à la fois arrogant, stupide et malfaisant, dont il est grand temps de se débarrasser, et de leur monde dont nous ne voulons plus.

Julien Salingue
Hebdo L’Anticapitaliste – 664 (01/06/2023)

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03 juin 2023 ~ 0 Commentaire

état espagnol (à l’encontre)

espagne

Etat espagnol. «Du 28M au 23J. Marée droitière contre progressisme en déclin»

En guise de premières considérations sur les récentes élections municipales et régionales, deux conclusions peuvent facilement être tirées: il y a eu une nette victoire du bloc néoconservateur et réactionnaire et une défaite politique pour le PSOE.

La réponse de Pedro Sánchez à l’euphorie de ses adversaires ne s’est donc pas fait attendre. Elle est arrivée dès le lendemain, en avançant au 23 juillet (23J) les élections législatives générales qui avaient été programmées pour décembre de cette année.

Ainsi, une fois de plus, le leader socialiste, après avoir reconnu son erreur de s’être adapté au cadre étatique que le bloc de droite a réussi à imposer au cours de la récente campagne électorale, a eu recours à son habileté tactique bien connue pour jouer un coup et ouvrir un nouveau scénario, prévu par personne, en se fiant une fois de plus à la déesse Chance.

Nous entrons donc dans une nouvelle phase dont l’enjeu est de savoir s’il y aura définitivement un changement de cycle ou si, au contraire, la résilience dont Sánchez a fait preuve jusqu’à présent parviendra à survivre à cette nouvelle épreuve, sans aucun doute beaucoup plus difficile que les précédentes, sachant en outre qu’elle se déroulera dans un contexte de marée néoconservatrice en Europe.

Il semble déjà clair qu’à l’approche du 23J, l’objectif d’Alberto Núñez Feijóo [président du Parti populaire depuis avril 2022] et de Pedro Sánchez sera de réduire l’affrontement électoral à une polarisation bipartisane. Ce qui ne favorisera sans doute pas le Movimiento Sumar [dont la dirigeante est Yolanda Diaz, vice-présidente et ministre du Travail et de l’Economie sociale] déjà légalisé [comme parti politique depuis le 31 mai 2023] qui, bien qu’il ne se soit pas présenté, ne sortira pas indemne du 28 mai (28M); surtout en raison de la défaite de la principale alliée de Yolanda Díaz, Ada Colau [maire de Barcelone depuis juin 2015], aux élections du Conseil municipal de Barcelone. Un Podemos beaucoup plus faible n’apportera pas non plus grand-chose, comme nous le verrons plus loin.

En effet, Sánchez va faire appel au vote utile contre le PP-Vox au détriment d’une confluence de formations politiques (y compris Izquierda Unida (ave le PCE) , En Comú Podem, Más Madrid et Compromís) qui ne seront probablement pas en mesure de contrer cette pression avec un contour unitaire.

Une nouvelle tentative de parti-mouvement qui, en outre, semble vouloir continuer à parier sur la reproduction du modèle d’un gouvernement de coalition progressiste qui n’a même pas tenu les promesses fondamentales de son programme gouvernemental  – comme, entre autres, l’abrogation des réformes du travail de Rajoy et Zapatero et de la loi bâillon (repression, censure), ou une réforme fiscale progressiste – et qui, si cette reconduction était menée à bien, se déroulerait dans un rapport de forces encore pire que lors de la dernière législature.

Une marée qui profite de la décomposition de Ciudadanos

En réalité, ce qui s’est passé le 28 mai a confirmé la tendance ascendante du PP prévue par les sondages (à l’exception de celui du Centro de Investigaciones Sociológicas) grâce, surtout, au fait que le PP a pu gagner une partie significative du vote de Ciudadanos (Cs) (« macroniste »), un parti qui a pratiquement disparu. De plus, le PP a montré sa capacité à attirer une partie du vote Vox [extrême droite], en particulier dans la région de Madrid, où il a obtenu la majorité absolue.

Malgré cela, la différence de voix entre le PP et le PSOE lors des élections municipales au niveau de l’Etat, avec un taux de participation de 63,92%, n’a pas été assez importante pour assurer une victoire du PP aux élections générales de juillet: 31,51% contre 28,11%.

Néanmoins, cela signifie que le premier parti de droite a gagné le gouvernement dans un bon nombre de villes importantes (y compris les villes emblématiques de Valence contre Compromís, de Séville contre le PSOE et de Cadix contre Adelante Andalucía) et, surtout, dans les communautés autonomes qu’il a arrachées au PSOE, comme le País Valencià, l’Aragon, les îles Baléares, l’Estrémadure, La Rioja et la Cantabrie.

Bien que dans certaines d’entre elles, il devra payer un prix élevé pour obtenir le soutien de Vox, un parti qui, bien qu’il ait acquis un poids municipal avec 7,19% des voix, est loin des 3,5 millions de voix qu’il a obtenues lors des élections générales de 2019. Malgré cela, il conditionnera la gouvernabilité de six régions autonomes et de 30 capitales provinciales.

La grande exception à la victoire récoltée par le PP, comme le souligne Petxo Idoiaga (article du 31 mai sur le site Viento Sur), a été la Communauté autonome basque et la Navarre, où Euskal Herrua Bildu [«Réunir le Pays basque»], seul bénéficiaire de la campagne contre l’ETA déployée surtout par Isabel Diaz Ayuso [membre du PP et présidente de la Communauté de Madrid], a connu une ascension notable qui menace l’hégémonie du Parti nationaliste basque (PNV).

En revanche, Unidos Podemos a disparu des parlements régionaux de Madrid, Valence et des îles Canaries et de nombreuses mairies, dont la capitale madrilène. Il n’est plus présent dans cinq gouvernements régionaux et ne reste présent que dans 17 capitales provinciales. Une débâcle qui l’oblige désormais à se résigner à être un acteur secondaire dans le projet de Yolanda Díaz. Reste à savoir si cette confluence se concrétisera et, le cas échéant, dans quelle mesure ils partageront un discours commun au cours d’une campagne qui les obligera à se différencier davantage du PSOE.

Un autre cas de figure est celui de la Catalogne, où la dimension étatique a profité au Parti des socialistes de Catalogne (PSC) alors qu’elle a nui à la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) contre Junts per Catalunya. Junts per Catalunya s’est appuyé cette fois sur l’image nostalgique de l’ancienne Convergència, incarnée avec succès par le candidat à la mairie de Barcelone, Xavier Trías [maire de juillet 2011 à juin 2015].

De son côté, la Candidature d’unité populaire (CUP extreme gauche nationaliste), bien qu’elle n’ait pas réussi à entrer au Conseil municipal de Barcelone, a remporté la deuxième place à Gérone au sein de la coalition et reste la quatrième force politique en termes de nombre de sièges au Conseil municipal dans l’ensemble de la Catalogne.

Un retour à la centralité des deux grands partis?

En plaçant au centre du débat des questions annexes – comme la dénonciation des alliances du «sanchisme» (Sanchez) avec «les communistes, les séparatistes et les terroristes» et en réveillant le fantôme de l’ETA douze ans après sa dissolution, ainsi que des classiques comme la sévérité pénale contre tout délit – et non les problèmes locaux et régionaux (comme la crise de la santé, de l’éducation ou du logement, ou la lutte contre l’inflation), le PP a réussi à installer l’image d’un régime et d’une Espagne en danger et d’une insécurité citoyenne qui lui a permis de sortir victorieux de ce défi.

Sa joie de triompher au premier tour, comme nous l’avons déjà noté plus haut, a été de courte durée. Les leaders et les dirigeants du PP (avec l’ancien président Aznar à sa tête) n’ont pas pu cacher leur déception face à la décision prise par Sánchez d’élections en juillet.

En effet, elle les oblige à affronter un «second tour» dans un délai beaucoup plus court que celui dont ils pensaient profiter pour approfondir, avec le puissant soutien médiatique dont ils disposent, l’érosion de la coalition gouvernementale progressiste, désormais encore plus illégitime si cela est possible.

Cependant, ils n’ont pas tardé à choisir le slogan qui dirigera leur campagne: «Soit Sánchez, soit l’Espagne». On verra donc à nouveau Alberto Núñez Feijóo, avec Isabel Diaz Ayuso au premier rang, recourir au spectre d’une rupture de l’unité de l’Espagne – qui n’est ni à l’ordre du jour ni voulue par le PSOE – comme liant de son programme néolibéral, autoritaire et réactionnaire au service de la structure de pouvoir oligarchique qu’il représente.

Face à cet objectif, Sánchez ne semble pas craindre le risque de transformer le 23J en plébiscite autour de sa personne, désireux de remporter une victoire qui lui permettra d’éviter de recourir à des alliances inconfortables sur sa gauche.

Ainsi, il cherchera à calmer le malaise des barons du parti vaincus [PSOE], en essayant de renforcer son image de parti d’Etat et de rivaliser sans complexe avec la droite. C’est ce qu’il a déjà fait dans nombre de ses politiques.

Il va maintenant étendre cette orientation à de nouvelles concessions portant sur des questions telles que la lutte contre le changement climatique, la politique fiscale, le droit au logement ou la mal nommée insécurité citoyenne; et, bien sûr, en exprimant sa volonté d’appliquer les coupes budgétaires dictées par la Commission européenne ou d’obéir à une OTAN sous leadership états-unien.

Il ne faut même pas exclure que leur aspiration commune, avec le PP, à récupérer la centralité des deux partis au niveau de l’Etat, voire le bipartisme, les conduise après le 23J à rechercher un accord pour une réforme électorale suivant des modèles comme celui de la Grèce, dans une tentative d’imposer une alternance qui a été enterrée en 2015.

Tout cela au nom de la stabilité d’un régime qui, malgré la fin des cycles ouverts par le 15M (mouvement des Indignés) et le souverainisme catalan, connaît encore de nombreuses fissures et doit faire face à de plus grandes turbulences internationales; et, surtout, à une accumulation de troubles sociaux qui pourraient à l’avenir produire des révoltes comme celles qui ont lieu dans des pays tels que la France ou la Grande-Bretagne.

Réduire la menace de l’extrême droite en changeant de cap

Il ne sera certainement pas possible d’endiguer la dérive droitière en faisant évoluer le PSOE vers la droite. L’expérience récente des trois dernières années, comme dans d’autres pays, l’a déjà montré: comme nous l’avons soutenu dans le dernier numéro de Viento Sur, les nouveaux progressismes peuvent être, pour citer Modonesi, une «digue temporaire», un moindre mal face au bloc réactionnaire, mais ils ne sont pas capables de «résoudre les contradictions sous-jacentes» qui expliquent sa montée.

Dans ce contexte, la situation de «paix sociale» que les directions des CCOO et de l’UGT ont maintenue tout au long de cette législature et qu’elles ont renouvelée avec leur récent pacte avec les patrons ne semble pas de nature à favoriser la remobilisation de la gauche. Il sera donc difficile de créer les conditions favorables pour déborder le cadre bipartisan de la campagne électorale et, surtout, de faire apparaître un projet autonome et alternatif dans la campagne qui mette au centre des questions aussi fondamentales que la lutte contre le changement climatique, la précarité de nos vies, l’avancée dans la reconnaissance de la réalité plurinationale de l’Etat, ou le rejet d’un racisme structurel qui, comme nous l’avons vu récemment, en est venu à avoir ses pires expressions non seulement à notre frontière méridionale, mais aussi sur les terrains de football.

Dans ce contexte, la gauche anticapitaliste doit également assumer sa part de responsabilité dans la situation de défaite collective dans laquelle nous nous trouvons et qui la conduit à être pratiquement absente en tant qu’alternative politique lors de la prochaine bataille électorale.

Cela ne signifie pas qu’elle doive ignorer la nécessité de contribuer à empêcher la victoire du bloc de droite, car nous ne pouvons pas sous-estimer la menace que représenterait son accès au gouvernement de l’Etat, avec l’attaque conséquente des droits civils et sociaux fondamentaux (en premier lieu contre les personnes du Sud et les femmes) et le renforcement d’une soi-disant démocratie militante [extension des pouvoirs juridiques pour défendre le dit ordre démocratique libéral], prête même à mettre hors la loi une partie de l’actuel spectre parlementaire.

Cependant, la gauche anticapitaliste devrait affronter ce danger à partir d’une position autonome et critique qui, à son tour, chercherait à se joindre aux mouvements sociaux et aux forces politiques à gauche du PSOE, cela dans un processus de remobilisation sociale contre les politiques néolibérales et néoconservatrices, d’où qu’elles viennent et quels que soient les gouvernants.

En tout état de cause, quels que soient les résultats du 23J, des heures encore plus difficiles nous attendent: il est temps de résister à la menace d’un autoritarisme réactionnaire, mais aussi à un bipartisme systémique qui se renforce, et de chercher de nouvelles voies de convergence et d’ancrage dans les couches populaires qui contribueront à offrir un horizon d’espoir pour un véritable changement.

Pour cela, il faudra s’appuyer sur le travail essentiel et patient des réseaux de solidarité de quartiers et de lieux de travail qui permettent un plus grand ancrage social autour d’une culture de la mobilisation et de la solidarité qui remette au centre les conflits sociaux et la défense d’une vie digne sur une planète habitable face au capital.

(Article publié sur le site Viento Sur, le 31 mai 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

Jaime Pastor est politologue et rédacteur en chef de Viento sur.

2 juin 2023 Alencontre

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