L’Orchestre Rouge ( Viento Sur )
Sur la tombe de Léopold Trepper
Michel Warschawski 06/juil/2017 |
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Sur la tombe de Léopold Trepper A l’initiative de mon jeune ami, le documentariste Eran Torbiner, nous sommes allés il y a quelques semaines nous rassembler sur les tombes de Léopold Trepper et de sa compagne et complice Luba Brojde.
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Il fallut toute l’habileté d’Eran pour trouver l’emplacement de leurs tombes dans l’immense cimetière juif de Jérusalem. Le même jour, toujours ému, je raconte à ma fille Talila, une jeune femme cultivée et érudite, ce que je viens de faire.
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Talila n’avait jamais entendu parler de Léopold (Leib) Trapper ou de l’Orchestre Rouge. J’ai tout de suite découvert que pour la jeunesse israélienne de sa génération, le nom du chef de l’Orchestre Rouge ne signifiait absolument rien.
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J’assume l’entière responsabilité du manque de transmission à mes enfants, mais l’ignorance généralisée de leur génération – ainsi que, d’autre part, de celle qui les précède – est un problème de société et un échec du système éducatif israélien. .
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Échec? Plutôt une option : un juif communiste qui était aussi un espion soviétique n’est pas un exemple pour la jeunesse israélienne. L’Orchestre Rouge était un réseau d’espionnage soviétique actif pendant la Seconde Guerre mondiale en France, en Belgique, aux Pays-Bas et au Danemark sous occupation nazie, mais aussi à Berlin, au cœur du régime.
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Il est admis que peu de réseaux d’espionnage furent aussi efficaces que l’Orchestre Rouge, dont les agents avaient réussi à infiltrer la machine de guerre allemande et ainsi recueillir des informations de première main.
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L’amiral Canaris, chef du contre-espionnage nazi, fait le point sur les dégâts causés par l’Orchestre rouge, déclarant qu’« au moins 200 000 soldats ont succombé à cause de l’activité de l’Orchestre rouge ».
Si Staline et les bureaucrates de ses services d’espionnage avaient eu davantage confiance dans ce réseau composé essentiellement d’internationalistes juifs (deux caractéristiques peu appréciées à Moscou), ils n’auraient pas eu à payer le prix colossal de l’invasion allemande de 1941 : Trepper et ses amis Ils avaient transmis à leurs patrons la date exacte de l’opération Barbarossa, mais à Moscou ils pensaient qu’il s’agissait d’une opération d’empoisonnement britannique.
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La réalité de l’Orchestre Rouge dépasse toute fiction, y compris l’évasion de Trepper des bureaux de la Gestapo lorsque son réseau a été dévoilé. Mais il ne s’agissait pas d’espions classiques : Trepper et ses camarades étaient avant tout des militants communistes pour qui l’antifascisme était viscéral, et le fait qu’ils soient majoritairement juifs faisait de leur combat un combat personnel contre le nazisme.
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Cela explique en partie la méfiance qui régnait entre les membres du réseau et les services d’espionnage moscovites et les règlements de comptes après la guerre. En 1945, Trepper fut appelé à Moscou où il se rendit avec d’autres hérauts de la lutte antinazie à bord de l’avion personnel de Staline.
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Mais ce n’était pas la médaille du héraut de l’Union soviétique qui l’attendait, mais les cachots de la sinistre Loubianka, où il passa dix ans. Par rapport aux autres qui ont été presque tous assassinés, on peut dire que cela ne s’est pas mal passé du tout.
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À la suite de la vague d’antisémitisme en Pologne en 1968, Trepper a quitté son pays pour se rendre en France, puis en Israël, où il a vécu avec Luba dans un modeste appartement social du quartier Kiryat Hayovel de Jérusalem, où j’ai rencontré lui deux fois.
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Lors de ses funérailles en 1982, il n’y avait qu’une douzaine de personnes – essentiellement des voisins – et, évidemment, aucun représentant officiel de l’État d’Israël. Eran a vérifié Waze : il n’y a pas de rue portant le nom de Trepper ou de l’Orchestre Rouge.
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À une quinzaine de kilomètres de Jérusalem, un petit bosquet a été planté du nom de « L’Orchestre Rouge », avec des stèles portant les noms de certains de ses membres. Trepper, Hillel Katz, Zocha [Yehudith Kafri] et leurs compagnons sont les véritables hérauts du peuple juif au XXe siècle, et non Joseph Trumpeldor ou Meir Hartzion.
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Mais qui en parle dans les médias ou dans les programmes scolaires ? Post sur Facebook, par Michel Warchawski le 07/06/2017 La dernière publication en espagnol du passionnant roman de Gilles Perrault, L’Orchestre Rouge, vient des éditions Txalaparta. ISBN : 978-84-8136-197-1 La référence peut être trouvée sur http://www.txalaparta.eus/libro/3752/la-orquesta-roja/ ndt Traduction : Faustino Eguberri pour vent du sud
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Et la vie de Trepper par lui même: Trepper » Le Grand Jeu » Albin Michel
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