Emmanuel Macron a donc tranché au moins sur un point : il n’y aura pas de gouvernement Nouveau Front populaire. Le président de la République refuse de nommer Lucie Castets à Matignon au nom de la « stabilité » des institutions, car il juge que le risque de censure par l’Assemblée serait beaucoup trop important. L’Élysée poursuit ce mardi ses concertations avec les forces politiques du centre et de la droite en vue de trouver un consensus. À gauche, toutes les composantes du NFP fustigent le chef de l’État. À l’image du député (LFI) de la 2e circonscription du Finistère, Pierre-Yves Cadalen.
France Bleu Breizh Izel : Emmanuel Macron a donc écarté l’idée d’un gouvernement NFP. Est-ce que cela vous met en colère ?
Pierre-Yves Cadalen : Disons que ça m’inquiète considérablement. Emmanuel Macron agit non seulement en irresponsable mais en agent du chaos, car il ne reconnaît pas le résultat des élections législatives. Il a affirmé fin juillet à plusieurs patrons qu’il ne souhaitait pas changer de politique économique et sociale. Or c’est précisément une des revendications principales qui est remontée du pays et qui vient des urnes. Et donc il y a un problème, c’est que le président qui, selon l’article 5 de notre constitution doit être le garant de celle-ci, non seulement ne la respecte pas, ne respecte pas le suffrage universel, mais également plonge le pays dans un grand désordre.
« Il outrepasse ses fonctions »
Il invoque le fait qu’un tel gouvernement serait immédiatement censuré par les autres groupes de l’Assemblée. Cet argument n’est-il pas entendable ?
Cet argument est absolument inadmissible car c’est au chef de gouvernement de composer sa majorité. Lucie Castets a déjà dit qu’elle souhaitait une majorité texte par texte, ce que nous disons depuis juillet. Et ce n’est pas à Emmanuel Macron d’anticiper la décision des parlementaires. Il doit comprendre que les parlementaires ont une légitimité démocratique en propre, qui est différente de la sienne, qui vient du suffrage universel. Nous sommes également élus et il n’a aucune supériorité sur l’Assemblée nationale donc il outrepasse ses fonctions en ce moment et je le redis, il agit comme un agent du chaos.
Pensez-vous que le président de la République cherche à fracturer l’alliance de gauche ?
L’union tient et j’ai envie de dire que les calculs politiciens d’Emmanuel Macron ne sont même plus le sujet. Vu de la presse internationale, si vous lisez les journaux allemands, espagnols, italiens, on le décrit de plus en plus comme un autocrate. Donc le problème aujourd’hui c’est la dérive que le président de la République fait peser sur l’ensemble de nos institutions, ce pourquoi d’ailleurs, avec la France Insoumise, nous allons déposer une motion de destitution au titre de l’article 68. Il nous semble nécessaire de faire respecter nos institutions et la démocratie, et d’empêcher ce semeur de chaos d’aller plus loin dans le désordre qu’il sème dans tout le pays.
À quoi pourrait ressembler le futur gouvernement selon vous ?
Le futur gouvernement qui doit être issu des urnes est le gouvernement Nouveau Front populaire. Lucie Castets est toujours disponible et Emmanuel Macron doit, conformément à l’article 8 de la constitution, nommer Lucie Castets Première ministre. Ce n’est pas dans son rôle de choisir le gouvernement et donc il faut bien qu’il se rende compte que désormais le pouvoir est davantage à l’Assemblée nationale. Si le programme du Nouveau Front populaire avait été appliqué, les fournitures scolaires pour la rentrée seraient déjà gratuites, puisque c’était l’une de nos mesures d’urgence sociale.
La suite c’est cette journée de manifestations le 7 septembre ?
L’appel du 7 septembre est large et réunit plusieurs organisations de jeunesse. La France Insoumise s’y associe et sans doute d’autres organisations s’y associeront également. Je pense qu’il y aura une manifestation à Brest. Au fond, la situation est telle que les parlementaires et les citoyens doivent aujourd’hui se mobiliser pour défendre nos institutions démocratiques. Car le président de la République abuse de son pouvoir, il outrepasse ses compétences constitutionnelles. Je pense que c’est important que tout le monde comprenne bien qu’Emmanuel Macron n’a pas le droit de faire ce qu’il est en train de faire.
Brest Nicolas Olivier
Mardi 27 août 2024 à 16:26
Par France Bleu Breizh Izel
https://www.francebleu.fr/