Maison d’Arrêt (Le Tél)

Prison de Brest : « la qualité des soins se dégrade, les bagarres se multiplient »
La surpopulation carcérale à la maison d’arrêt de Brest a des conséquences sur le travail des professionnels de santé. Ils dénoncent la dégradation des soins. Les professionnels de santé de l’unité sanitaire de la prison de Brest étaient en grève en fin de matinée.
Le personnel soignant de l’unité sanitaire de la maison d’arrêt de Brest était en grève ce mercredi 17 avril 2024. Un rassemblement était organisé devant la prison de 11 h à 13 h.
Les professionnels dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail en raison notamment de la surpopulation carcérale.
470 détenus pour 256 places
Ce mercredi matin, il y avait 470 détenus pour 256 places, d’après une soignante rencontrée sur place. « Et ils étaient 486 la semaine dernière. »
Une femme, membre de l’unité sanitaire (comprenant des médecins généralistes, psychiatres, addictologues ou encore des dentistes), nous expose la situation à laquelle elle est confrontée :
En ce moment, la prison est comme une cocotte-minute. Je constate une dégradation de la santé mentale de plusieurs détenus. Au sein du centre médico-psychologique, nous avons jusqu’à un mois d’attente en ce moment. Les arrivées étant nombreuses, il faut parfois attendre jusqu’à quinze jours pour voir les nouveaux détenus, alors qu’en principe il faudrait les rencontrer dans les 24 heures.
Elle regrette de devoir donner des soins de moins bonne qualité. « Pour les traitements de substitution aux drogues, nous devons voir 50 détenus en une heure. Or, ce moment est censé être un peu privilégié entre le détenu et le soignant, pour discuter de ce qui ne va pas. »
« Les bagarres se multiplient »
La conséquence, selon les professionnels de santé, des tensions qui génèrent par exemple des bagarres dans la prison, « il y en a une par jour en ce moment ».
Des tensions que ressentent forcément les surveillants. Pour l’un d’eux, présent ce matin par solidarité avec ses collègues, « beaucoup de détenus souffrent de problèmes psychiatriques. Tout le monde ne peut pas être vu à l’instant T, les agressions se multiplient. »
Et par ricochet, la charge de travail du personnel ne fait qu’augmenter. Il réclame des conditions de travail plus sereines et dignes.
« Même pour le travail de réinsertion, rien n’avance. Certains sortent de la maison d’arrêt avec des prescriptions de médicaments qu’ils ne peuvent même pas aller chercher car nous n’avons pas eu le temps de faire les démarches pour leur procurer une carte vitale. »
Julien Saliou 17 Avr 2024
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