22 mars 2024 ~ 0 Commentaire

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132 litres d’eau pour une tasse de café : « Nos besoins sont excessifs »

L’empreinte eau d’un Français est en moyenne de 4 900 litres… par jour. Un chiffre astronomique, principalement dû à notre alimentation, explique l’hydrologue Charlène Descollonges.

2 500 litres d’eau pour fabriquer votre tee-shirt en coton, 109 litres pour produire votre verre de vin rouge, 1 720 litres pour une tablette de 100 grammes de ce délicieux chocolat. Notre mode de vie engloutit des quantités astronomiques d’or bleu. Cette soif insatiable est évaluée par l’empreinte eau, qui « mesure la quantité d’eau utilisée pour produire les biens et services que nous utilisons », selon le réseau non-gouvernemental Water Footprint Network. Il permet d’estimer « l’appropriation de l’eau douce par l’humanité en termes de volumes d’eau consommés et pollués ».

À l’occasion de la journée mondiale de l’eau, vendredi 22 mars, l’hydrologue Charlène Descollonges, autrice de L’Eau — Fake or not ?, nous en apprend plus sur cette empreinte qui « reflète l’insoutenabilité de nos modes de vie ».

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© Clarisse Albertini / Reporterre

Reporterre — L’empreinte eau d’un Français est en moyenne de 4 893 litres par jour. Qu’est-ce que cela signifie ?

Charlène Descollonges — L’empreinte eau montre notre dépendance à l’eau bleue, c’est-à-dire celle prélevée dans les nappes et les rivières, mais pas uniquement. Elle recouvre aussi l’eau verte — qui correspond à l’eau évapotranspirée par les végétaux, que l’on s’approprie quand on coupe des plantes pour notre agriculture — et l’eau grise, autrement dit, les eaux polluées que nous rejetons et qui contaminent peu à peu les milieux. Et c’est sans compter l’eau énergétique, utilisée pour faire fonctionner les centrales ou pour extraire les minerais nécessaires aux batteries électriques.

« 37 % de notre empreinte eau est liée au fait qu’on mange de la viande »

En France, 85 % de notre empreinte est due à l’alimentation. L’agriculture dépend énormément de l’eau verte et l’on puise beaucoup dans l’humidité des sols. Résultat, quand cette ressource est épuisée, on apporte de l’eau bleue, à travers l’irrigation. Dans cette eau agricole, il y a celle qui est pompée dans nos sols pour ce que nous mangeons, mais près de la moitié de cette empreinte concerne des produits alimentaires qui poussent ailleurs. Il faut par exemple 132 litres pour une tasse de café. Dernier point, et non des moindres, 37 % de toute notre empreinte eau est liée au fait que l’on mange de la viande.

Que dit l’empreinte eau de nos modes de vie ?

Elle reflète nos régimes alimentaires, car on mange de l’eau sans le savoir. Notre régime carné et ultra-transformé a un impact fort sur les cycles de l’eau. Par exemple, on retourne des prairies permanentes, qui sont des éponges, pour faire de l’alimentation pour le bétail.

Nos modes de vie sont-ils insoutenables par rapport au cycle de l’eau ?

Oui. Souvent, on entend qu’on n’aura pas de problèmes d’eau, puisque l’eau ne disparaît jamais, qu’elle est prise dans un grand cycle. Mais quand on regarde à l’échelle des territoires, certains bassins versants sont en déficit car les besoins en eau sont trop importants par rapport à la capacité du milieu à renouveler la ressource. Les crises de l’eau se multiplient à cause de nos besoins, qui sont excessifs. Il faut aussi penser aux milieux aquatiques, qui requièrent un minimum d’eau pour vivre.

Ces déséquilibres se voient aussi à travers les limites planétaires de l’eau verte et de l’eau bleue, qui sont aujourd’hui dépassées – même si le débat scientifique est toujours en cours sur ce sujet.

Comment diminuer notre empreinte eau ?

On change son assiette. On la reverdit, on mange des protéines végétales et on relocalise notre alimentation. Il faudrait aussi changer nos modes de culture, afin de mieux stocker l’eau dans les sols, à travers l’hydrologie régénérative ou l’agroforesterie. C’est par le biais de l’alimentation que l’on pourra régénérer les cycles de l’eau.

Il s’agit de réfléchir aussi à la mobilité. Car les véhicules électriques ont besoin de beaucoup d’eau, pour fabriquer les batteries en lithium, pour produire de l’électricité. Plus on va décarboner notre économie, plus on va avoir besoin d’eau. Or, on ne l’a pas anticipé. On est déconnectés de notre dépendance à l’eau.

Donc il y a des « écogestes », à faire à l’échelle individuelle, mais on peut aussi s’impliquer autour de chez soi, en commençant par s’intéresser à nos rivières — sont-elles en bon état ? — à l’eau qu’on boit — d’où vient-elle ? Un des leviers forts, c’est de se reconnecter à nos cours d’eau. Nous vivons tous sur un bassin versant et on peut s’impliquer dans la vie de ce bassin, prendre part aux décisions le concernant — dans les institutions « traditionnelles » [comme la commission locale de l’eau] ou au sein d’initiatives plus récentes, comme celle sur les droits des fleuves.

https://reporterre.net/

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