Landerneau (fr3)
Faute d’anesthésiste les 14 et 15 juin 2023, la maternité de Landerneau se voit dans l’obligation de suspendre une nouvelle fois les accouchements. Depuis ce matin, les mamans sur le point d’accoucher sont dirigées vers d’autres établissements. Toutes ont toutes été prévenues mais pour l’équipe soignante, la situation est difficile à vivre.
« On a essayé jusqu’au dernier moment de trouver un anesthésiste, mais il a bien fallu se résoudre à l’évidence. Quand il n’y en a pas, il n’y en a pas » se désole Gaëlle Yannic, secrétaire de la CFDT à l’hôpital de Landerneau.
Ce 13 juin au matin, la direction de l’hôpital a publié un commnuniqué sur son site pour informer les futures mamans : « Le centre hospitalier de Landerneau est confronté à des difficultés pour recruter des médecins-anesthésistes. En dépit des efforts menés avec le territoire et en lien avec l’ARS pour garantir la sécurité des prises en charge, le centre hospitalier doit réorienter temporairement les accouchements pendant 3 jours. «
« La prise en charge des accouchements sera exceptionnellement suspendue du mercredi 14 juin à partir de 18h jusqu’au vendredi 16 juin à 8h. »
Dans les faits, « depuis ce matin, on n’accepte plus les femmes qui viennent pour accoucher précise Pascale Jourdren, sage-femme à la maternité, parce qu’on ne sait jamais exactement combien de temps il faudra au bébé pour montrer le bout de son nez. »
« Toutes les patientes ont été prévenues, rassure-t-elle. Elles ont leur dossier et ont choisi un autre lieu pour donner naissance à leur enfant. Mais je sais que c’est très inconfortable pour elles, regrette la sage-femme. Elles voulaient accoucher ici et au dernier moment on leur dit que cela ne va pas forcément être possible ! Ce n’est pas facile de leur annoncer ça ! «
Recherche anesthésiste désespérément
Déjà par manque d’anesthésiste, la maternité avait suspendu les accouchements pendant dix jours du 5 au 15 mai. La mise en oeuvre de la loi Rist qui plafonne les salaires des intérimaires n’a pas simplifié la tâche de la direction.
« On a réussi à faire venir de nouveaux intérimaires anesthésistes en faisant notre pub, fait remarquer Gaëlle Yannic.
En avril, les soignants ont repris la célèbre chanson de Matmatah et chanté « Si tu cherches un peu de gaieté, viens donc dans not’maternité ». La vidéo postée sur Youtube compte aujourd’hui près de 30.000 vues. »On a montré qu’on était un hôpital à taille humaine où on travaille bien. De nouveaux médecins sont venus, mais ils avaient déjà des engagements, constate la secrétaire de la CFDT. Il faut que les choses s’organisent et se mettent en place. »
Les soignants se veulent confiants mais serrent les dents. « Ce n’est pas simple car on ne sait pas trop où on va. Le planning, l’organisation du travail, tout est chamboulé. Ce midi, il y a des sages- femmes qui ne savaient pas si elles travaillaient ou pas ce soir. On a beaucoup de questions et pas beaucoup de réponses » déplore Gaëlle Yannic.
Elle espère que les deux mois d’été vont bien se passer. « Il reste des trous dans les plannings d’anesthésie en août. Mais on s’accrochera… jusqu’au bout » promet-elle.
Manifestation à Guingamp le 17 juin
Le comité de défense de l’hôpital de Landerneau appelle donc les habitants à participer au rassemblement prévu ce 17 juin à Guingamp.
« En ce moment, sept hôpitaux bretons connaissent des difficultés, sont obligés de fermer leurs urgences la nuit, voient leur maternité menacée, ferment des lits l’été… Il faut que les gens se saisissent de l’enjeu, alerte Gaëlle Yannic. Il ne faut pas qu’on perde notre système de santé, sinon, il y aura des pertes de chances pour les uns ou les autres. Un AVC, un problème cardiaque, parfois une naissance ne peuvent pas attendre. «
Le service reste ouvert
« L’ensemble des autres activités de la maternité fonctionne normalement (échographies, suivis de grossesse, préparations à la naissance, consultations gynécologiques, de rééducation périnéale..) précise l’hôpital de Landerneau dans son communiqué. Un accompagnement individuel est apporté à chaque parturiente dans le cadre d’un échange téléphonique avec une sage-femme hospitalière visant à fournir toutes les réponses sur le suivi de leur grossesse, leur accouchement et leur suivi post-natal. La sécurité des patientes et des nouveau-nés est la priorité du centre hospitalier. «
Une permanence téléphonique directe est mise en place par l’hôpital 24h/sur 24 pour répondre à toutes les questions : 02 98 21 80 22
13/06/2023 Séverine Breton