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Sénatoriales 2023 : à gauche, la Nupes va-t-elle réussir à s’entendre ?
Socialistes, écologistes et communistes cherchent à s’entendre sans s’aligner sur un accord national. Pénalisée pour avoir fait l’impasse sur cette élection en 2020, La France insoumise est mise à l’écart de certaines discussions.
Si on les écoute tous, c’est l’entente parfaite. On se dit ouvert à toutes les propositions, on discute d’alliances, on liste nos accords sur le fond. La réforme des retraites, la montée de l’extrême droite, la lutte contre la « dérive libérale » du gouvernement… Socialistes, écologistes, communistes et Insoumis partagent le même discours avec un objectif : renforcer la gauche au sein de la chambre haute à l’occasion des élections sénatoriales de septembre prochain.
Certains se risquent même à le chiffrer : atteindre le seuil de 100 sénateurs, soit 9 sièges de plus que ce que peuvent compter les trois groupes de gauche additionnés au palais du Luxembourg aujourd’hui.
« On se retrouve sur beaucoup de points, on est capables de se rassembler. Il faut qu’un front progressiste s’organise », lance Jean-Baptiste Pegeon, candidat pour EELV à Paris. « Nous devons continuer à construire la Nupes, il n’y a aucune raison pour que l’accord des législatives en 2022 ne soit oublié », explique Marion Beauvalet, candidate LFI dans la capitale elle aussi.
« On discute avec tout le monde. C’est ce qu’on a d’ailleurs toujours fait. Et ça ne date pas d’hier, affirme Guillaume Roubaud Quashie, de l’exécutif du PCF, qui illustre son propos par un exemple. Guillaume Gontard [le président du groupe écologiste au Sénat, et sénateur de l’Isère, NDLR] a d’abord siégé au sein du groupe communiste en 2017 avant de rejoindre les écologistes. On n’est pas fermés. »
Accords locaux
Mais dans les faits, tout est un peu plus compliqué. Les Insoumis sont les seuls à plaider pour un accord national, quand communistes, écologistes comme de nombreux socialistes expliquent que cette élection est particulière. Réitérer l’expérience de la Nupes pour la seconde entité du Parlement ? Ils n’en sont pas très convaincus. Non, ils préfèrent plutôt regarder au cas par cas les circonscriptions dans lesquelles ils auraient chacun intérêt à s’unir.
Pour Nicolas Bonnet-Oulaldj, membre du conseil national du PCF, « les sénatoriales sont d’abord une expression des territoires, où la représentativité des partis politiques au niveau local s’effrite. Ça n’a donc rien à voir avec une élection nationale ». Selon lui, la gauche doit analyser la représentation des forces politiques dans chaque département et créer des alliances locales. Un scénario qui pourrait convenir aux communistes qui jouissent d’un maillage territorial important.
C’est aussi la position des écolos. Dans un message envoyé aux adhérents d’EELV, Olivier Bertrand, le délégué aux élections du parti, indique que, pour le moment, « il n’y a pas d’accord pour des listes d’union avec nos partenaires politiques ». Mais, « l’objectif reste de partir unis dans plusieurs départements pour maximiser les chances de la gauche et des écologistes de remporter des sièges supplémentaires ». Le message est clair : les accords se construiront donc localement. Les chefs de file désignés dans les circonscriptions seront chargés de négocier avec les candidats potentiels des autres forces de gauche.
« Les législatives, les européennes, la présidentielle… Si on suit ce raisonnement, toutes les élections sont particulières », renvoie un Insoumis, qui déplore le message politique envoyé à l’électorat de gauche si tous les partis n’arrivent pas à convenir d’une alliance pour l’élection de septembre.
Exclusion des Insoumis ?
Le Parti socialiste est plus ouvert aux discussions avec les Insoumis, à condition que leur groupe – le deuxième le plus important derrière les Républicains – en sorte renforcé. Mais certains répètent que les orientations du bureau national du parti font foi. Le sénateur du Val-d’Oise, Rachid Temal, plutôt proche de la ligne d’Hélène Geoffroy et de Nicolas Mayer-Rossignol l’affirme : « Au sein du parti, nous avons réaffirmé notre volonté d’arriver à un accord avec EELV et le PCF. Depuis le début, le PS répète qu’il est pour une liste d’union. »
Visiblement, l’union est parfois sélective. Où est passée La France insoumise ? « À chaque élection, il y a des qualifs, estime-t-il. La LFI a fait l’impasse sur les sénatoriales en 2020. Ils ont décidé de se mettre dans cette situation. »
« Ils n’ont pas de grands électeurs, donc ils ne sont pas aidés », soutient un écologiste. Une manière de dire que le parti de Manuel Bompard pèse peu dans les négociations en cours. « Ils ont des députés, mais très peu de conseillers régionaux et départementaux… » C’est un enjeu capital puisque ce sont eux qui élisent les sénateurs.
À chaque élection, il y a des qualifs. La LFI a fait l’impasse sur les sénatoriales en 2020. Ils ont décidé de se mettre dans cette situation
Rachid Temal, sénateur PS
Autre enjeu des discussions : les ambitions de certains partis. Les écologistes pensent surtout au poids du groupe qu’il pourrait avoir au Sénat avant de réfléchir à autre chose. « Nous devons être la deuxième force de gauche au Sénat derrière le PS. Nous voulons être au même niveau que notre groupe à l’Assemblée », indique un écologiste, proche de Yannick Jadot.
Ce dernier pourrait être placé en deuxième position dans la liste des quatre chefs de file désignés par EELV pour Paris. Pour eux, il n’est pas question de se laisser écraser dans un accord national dans lequel il serait perdant. « On discute partout. Mais s’il n’y a pas d’intérêt pour qu’on signe un accord, on ne le fera pas. On regardera les territoires où la gauche ne peut pas réussir seule et, dans ce cas, nous essaierons de nous rassembler », développe-t-il.
Un énième problème complique la tâche dans les négociations. « Il y a une fracture évidente entre certains départements socialistes, qui peuvent être attachés à la ligne de Mayer-Rossignol, et la direction nationale », observe un autre écolo. Une situation qui rend encore moins probable la perspective d’un accord national.
Quels sont les territoires concernés par une hypothétique union ? Certains citent plusieurs départements de la région parisienne comme les Hauts-de-Seine, les Yvelines ou le Val-de-Marne, en Occitanie, dans le Nord. Mais beaucoup listent aussi ces départements qu’ils présentent comme des chasses gardées. « C’est certain : les alliances ne se ressembleront pas toutes », prédit un écologiste. En clair, il n’est pas assuré que toute la Nupes signe le même contrat en septembre.
Lucas Sarafian 29/05/2023
Commentaire:
Les « grands électeurs » du sénat ne sont pas démocratiquement élus « au suffrage universel direct » mais indirect. Ce système permet pas mal de magouilles entre partis sérieux!
les sénatoriales c’est l’élection la plus pourrie, pc et ps ont toujours magouillé avec la droite pour garder des circonscriptions, nous devrions faire pression sur les maires dans leur globalité, mais surtout ceux qui nous ont refusé leur parrainage au nom du respect de leurs électeurs, qu’ils respectent leurs électeurs en disant pour qui et pourquoi ils ont voté aux sénatoriales.