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Elections en Grèce : pour les jeunes, «Nouvelle Démocratie a volé notre dignité»
Ce dimanche 21 mai, 9 millions de Grecs sont appelés aux urnes pour renouveler les 300 membres de la Vouli, chambre unique du Parlement.
Dévalorisation des diplômes, accident mortel de train, police dans les universités… En colère contre le parti du Premier ministre, les 17-29 ans, qui ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, devraient bouder l’élection de dimanche 21 mai.
Assis sur un canapé au sein du stand de campagne de Syriza, le parti de la gauche radicale, dans le centre d’Athènes, un jeune homme tout de noir vêtu, gros bras, et l’air esseulé, mange sa pitance faite maison. Son nom ? Il ne le donnera pas. Il n’a pas trop envie de parler, «surtout pas là». Il a 22 ans, assure la sécurité du lieu et la société de sécurité qui l’embauche lui interdit de parler de son quotidien. Il en a gros sur le cœur.«Je bosse pour payer mes études. Trois nuits par semaine, je fais aussi du service dans une discothèque ; deux à trois autres jours par semaine, je fais du gardiennage, sur des événements.»
Il gagne 5 euros par heure, et est, au mieux, déclaré – donc assuré – uniquement la moitié des heures travaillées. «Je ne m’en sors pas. Je viens du Nord de la Grèce. Mes parents ont émigré en Allemagne pendant la crise. Ils payent mon loyer, mais toutes les factures sont pour moi», souffle-t-il.
Ira-t-il voter aux législatives dimanche 21 mai ? Il hésite. «Sans doute, mais pas pour ceux-là», affirme-t-il en montrant du menton le logo de Syriza. Alors que Nouvelle Démocratie (ND), le parti du Premier ministre, Kyriákos Mitsotákis, fait la course en tête dans les sondages, Syriza a toujours les faveurs des jeunes de 17 ans à 29 ans.
Fabien Perrier, Correspondant à Athènes
19 mai 2023
Élections en Grèce : tout savoir sur le scrutin
Les élections législatives grecques de 2023 ont lieu dimanche 21 mai 2023 afin de renouveler pour quatre ans les 300 députés du Parlement grec. Le Premier ministre sortant, Kyriakos Mitsotakis (droite), remet son mandat en jeu face aux sociaux-démocrates du Pasok et à Syriza mené par Alexis Tsipras.(Comparé à Podemos blog)
1 – Quand ont lieu les élections législatives ?
Ces élections législatives auraient dû avoir lieu en avril mais elles ont été repoussées après la catastrophe ferroviaire de Larissa le 28 février. Il s’agissait de la collision entre deux trains à environ 350 km au nord d’Athènes.
L’accident a coûté la vie à 57 personnes et a profondément meurtri le pays. Il est considéré comme le résultat du cataclysme provoqué en 2008 par la crise économique qui a touché la Grèce. L’accident, qui a touché surtout des jeunes étudiants, a suscité des manifestations massives contre le gouvernement conservateur.
2 - Quel est le type de scrutin lors de ces législatives ?
Les élections pour élire les députés à la Vouli ont lieu à la proportionnelle intégrale, pour la première fois depuis 33 ans. Il y avait avant une prime donnée au parti arrivé en tête de 50 sièges sur les 300 du parlement. Cela ne sera pas le cas cette fois.
Les citoyens votent pour une liste présentée par un parti, puis les sièges sont attribués aux différents partis proportionnellement au nombre de voix qu’ils ont obtenu. Les candidats élus sont pris dans chacune des listes dans leur ordre d’apparition. Un parti doit avoir obtenu au minimum 3 % pour obtenir des élus.
Le parti arrivé en tête se verra confier la mission de former un gouvernement par la présidente de la république grecque, Ekaterini Sakellaropoulou. Si au bout de trois jours, il échoue, cette tâche sera confiée au deuxième parti en nombre de voix, puis au troisième en cas de non-réussite à former une coalition majoritaire. Si tous ces partis échouent, de nouvelles élections seront convoquées pour juillet 2023. Le bonus de 50 sièges sera de nouveau accordé au parti arrivé en tête.
3 - Quels sont les partis en lice ?
Il y a tout d’abord le parti du Premier ministre actuel, Kyriakos Mitsotakis : Nouvelle démocratie. Ce parti affilié au niveau européen au Parti populaire européen (avec les élus des Républicains en France) est considéré comme conservateur. Il est le favori de l’élection.
Parmi les autres partis présents à cette élection, on compte les communistes du KKE, les ultranationalistes de Solution grecque (EL), le parti de l’ex-ministre des Finances de la gauche radicale Yanis Varoufakis (MeRA25) et le parti d’extrême droite EKE.
4 - Quels sont les candidats au poste de Premier ministre ?
Il y a trois principaux candidats au poste de chef de gouvernement. L’actuel Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis. À 55 ans, ce fils de l’ancien Premier ministre Konstantínos Mitsotákis veut renouveler son mandat. Élu pour la première fois au Parlement en 2004, il est ministre de la Réforme administrative entre 2013 et 2015. L’année d’après, il prend la tête de Nouvelle Démocratie et l’emporte lors des élections législatives de 2019.
Alexis Tsipras, 48 ans, a réussi à se maintenir à la tête de Syriza après sa défaite de 2019, malgré les critiques dans son camp. On lui reprochait notamment d’avoir trouvé un compromis avec les bailleurs financiers de la Grèce et d’avoir accepté plusieurs mesures d’austérité très lourdes. Mais il continue d’occuper le rôle d’opposant principal à la droite au pouvoir.
Enfin, le Crétois Nikos Androulakis de 44 ans mène les sociaux-démocrates du Pasok. L’eurodéputé (depuis 2014) a été mis sous le feu des projecteurs quand il a révélé que son téléphone avait été espionné par le pouvoir.
5 - Quels sont les grands enjeux de la campagne ?
La campagne connaît plusieurs enjeux majeurs : la politique migratoire, le vote de la jeunesse et la lutte contre la pauvreté.
6 - Quel est le bilan du chef de gouvernement sortant, Kyriakos Mitsotakis ?
Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis a bénéficié de la résilience de l’économie grecque après la grave crise économique qui a frappé le pays. L’inflation en mars était de 5,4 % malgré la guerre en Ukraine, après avoir dépassé les 10 % lors des mois précédents. Le salaire minimal a été augmenté par trois fois durant la mandature et a été revalorisé à 780 € en avril.
Mais ces bons résultats économiques n’ont pas contrebalancé une misère toujours existante dans toute une partie de la population grecque. De plus, Kyriakos Mitsotakis est accusé d’avoir mis sur écoute des personnalités de l’opposition par le biais d’un logiciel espion.
Fabien CAZENAVE 21/05/2023
