ghetto ( radio france)
-
.
Le soulèvement du ghetto de Varsovie : 19 avril 1943
Le 19 avril 1943 marque le début du soulèvement du ghetto de Varsovie où l’occupant allemand a enfermé la population juive de la ville depuis 1940. Celles et ceux qui ont survécu à la famine et à la déportation prennent les armes, préférant mourir au combat plutôt que dans les camps d’extermination.
.Dans le ghetto de Varsovie, où la population juive de la capitale polonaise est isolée depuis 1940, plus de 400 000 Juifs s’entassent sur une superficie d’environ 3,3 km2. Les conditions de vie dans le ghetto sont spécifiquement conçues pour être inhumaines.dimanche 16 avril 2023
..A la fin de l’année 1942,dans une atmosphère de terreur orchestrée par les troupes allemandes, d’humiliations quotidiennes, les habitants ont compris que le ghetto de Varsovie vivait ses derniers jours. Des organisations de combat juives voient le jour. Avant le soulèvement, la résistance se prépare.dimanche 16 avril 2023
-
Le 19 avril 1943, des troupes allemandes entrent dans le ghetto de Varsovie pour le détruire, mais ses habitants résistent vaillamment, faisant des victimes parmi les nazis pourtant bien armés.dimanche 16 avril 2023.
-
Le 16 mai 1943, du ghetto de Varsovie, il ne reste que des ruines. Sur les 400 000 Juifs de la ville, seule une poignée a survécu. Les Alliés sont restés silencieux et inactifs pendant la tragédie.
dimanche 16 avril 2023
À propos de la série
Le 19 avril 1943 marque le début du soulèvement du ghetto de Varsovie où l’occupant allemand a enfermé la population juive de la ville depuis 1940. Celles et ceux qui ont survécu à la famine et à la déportation prennent les armes, préférant mourir au combat plutôt que dans les camps d’extermination.
Le ghetto
La création de ghettos était au cœur du processus nazi de ségrégation et de déshumanisation des juifs et la première étape de leur extermination. En Pologne où vivait avant la guerre la plus grande communauté juive d’Europe (estimée à 3,5 millions de personnes), les Allemands ont créé des centaines de ghettos. Le plus grand était celui de Varsovie où 400 000 juifs polonais furent obligés de s’installer. Progressivement, cette zone, séparée du reste de la ville par des murs et des barbelés, s’est transformée en un lieu de lente agonie où règnent la maladie et la famine. Les Allemands y organisent les déportations vers le camp d’extermination de Treblinka.
La stratégie de la famine
Dans le ghetto, la faim fut le plus terrible des tortionnaires. Pour démoraliser et briser toute résistance en son sein, les autorités nazies rationnaient la nourriture. Cette souffrance, quoti-dienne, concerna plus de la moitié d’une population à laquelle l’autorité allemande ôta toute velléité de révolte, cherchant à réduire chaque habitant du ghetto à un état d’extrême misère, physiologique et psychique.
Résister à la barbarie
Pourtant, à l’aube du 19 avril 1943, la veille de la Pâque juive, alors que les troupes allemandes pénètrent dans le ghetto avec l’intention de le liquider et de déporter ses derniers habitants, elles se heurtent à une résistance armée. La jeunesse du ghetto a préféré prendre les armes et mourir au combat plutôt que se laisser conduire vers les chambres à gaz. Les soldats d’Hitler, bien que soutenus par des chars, des lance-flammes et de nombreuses pièces d’artillerie, sont forcés de reculer. Et pendant quatre semaines, jusqu’au 16 mai 1943, la jeunesse juive de Varsovie résiste aux assauts de l’armée allemande, livrant de durs combats de rue.
L’insurrection du ghetto de Varsovie a stupéfié le monde. Elle était sans espoir et pourtant, une poignée de jeunes juifs isolés a tenu en échec les troupes hitlériennes, réputées invinci-bles. Ceux qui ont vécu ces jours aussi héroïques que tragiques ne sont plus, mais leurs bouleversants témoignages résonnent pour toujours.
Instrumentaliser l’histoire à des fins politiques est non seulement une faute morale, mais un mauvais calcul. Une analyse des lois mémo-rielles adoptées par le Parlement polonais concernant les deux insurrections de Varsovie, souvent confondues, celle de 1943 et celle de 1944.
Les deux insurrections de Varsovie, souvent confondues
Dans un papier publié par le site Project Syndicate, un intellectuel éminent et homme politique israélien écrit que Gomulka, le dirigeant communiste de l’époque 1956-1970, lorsque le chancelier allemand Willy Brandt accomplit le geste courageux de venir s’agenouiller devant le monument commémorant les combattants de l’Insurrection du ghetto d’avril 1943, aurait murmuré : « le mauvais monument ».
Cela m’étonne, car, à cette époque, le pouvoir communiste refusait encore d’édifier un tel monument en hommage aux combattants de l’Insurrection de Varsovie. Cette insurrection eut lieu, quant à elle plus d’un an après celle du ghetto, durant la totalité des mois d’août et septembre 1944. En se soulevant, l’Armée de l’Intérieur polonaise voulait démontrer aux Soviétiques, qui observaient passivement le drame depuis l’autre côté de la Vistule, que les Polonais pouvaient libérer leur pays eux-mêmes. C’étaient des patriotes anti-nazis. Mais ils étaient également hostiles à l’annexion de leur pays par le bloc soviétique.
L’insurrection du ghetto de Varsovie en 1943 et l’Insurrection de Varsovie en 1944 : deux événements qui se sont longtemps fait de l’ombre
Donald Trump, en visite à Varsovie, a prononcé, lui, devant le monument en mémoire des combattants de l’Insurrection de 1944, un discours qui a bien plus aux Polonais. Il y exaltait l’héroïque Résistance du peuple polonais.
En réalité, même si plusieurs combattants juifs, comme Marek Edelman, rescapés de l’Insurrection du ghetto, participèrent également à l’Insurrection de Varsovie, les deux événements se sont longtemps fait de l’ombre. Bien des Occidentaux les confondent. Y compris parmi des dirigeants politiques. Dans un cas, ce fut le combat désespéré de jeunes combattants juifs, quasi-désarmés, qui n’avaient plus rien à perdre et qui voulaient « mourir debout ». Ils signifiaient aussi aux Polonais non-juifs, qui regardaient brûler les derniers immeubles du ghetto, de l’autre côté du mur de séparation dressé par les nazis, qu’ils combattaient, comme ils le dirent : « pour notre liberté et pour la vôtre ».
Dans l’autre, l’insurrection d’août et septembre 1944, ce fut une véritable bataille, préparée depuis des années dans la clandestinité, et qui dura plus de deux mois. Elle coûta cher à l’occupant en soldats. En représailles, les nazis firent sauter un à un les principaux monuments de Varsovie encore intacts – de la cathédrale au Palais royal, tous ceux qui avaient échappé à leurs bombardements.
A la fin des combats, ils vidèrent la capitale polonaise de ses habitants survivants, assoiffés et hébétés. La ville était tellement dévastée qu’il fut un moment question de la laisser en l’état, et d’aller construire ailleurs une nouvelle capitale pour la Pologne. Afin de laisser ainsi un témoignage de la barbarie nazie. L’Insurrection de Varsovie a coûté à l’Armée clandestine de la résistance, l’AK, l’essentiel de ses forces, soit 18 000 combattants, entraînés et encadrés par des officiers professionnels. 180 000 civils polonais y ont aussi laissé leurs vies.
« C’est une tentative dangereuse d’utiliser l’Hisoire à des fins politiques »
Shlomo Ben-Ami écrit : « C’est une tentative dangereuse d’utiliser l’Histoire à des fins politiques ». Mais il concède : « Pour les Polonais, le récit dominant sur l’Holocauste est extrêmement frustrant. Trois millions de Polonais catholiques ont été tués lors de la Seconde Guerre mondiale et la Pologne aurait été rayée de la carte si Hitler avait gagné. Et plus de 6 700 Polonais (davantage que toute autre nationalité) ont été honorés du titre de »Juste parmi les nation », pour avoir résisté au nazisme et sauvé des Juifs. »
Oui, la majorité des noms honorés à Yad Vachem sont des noms polonais. Alors même que les représailles encourues pour avoir caché des Juifs, en Pologne, étaient bien faites pour décourager ce geste d’humanité : en cas de découverte, toute la famille était immédiatement passée par les armes. Il était bien plus héroïque de se comporter en Juste en Pologne qu’en France ou aux Pays-Bas…
« Néanmoins, poursuit Shlomo Ben-Ami, lorsque les Israéliens font un pèlerinage sur la terre de l’Holocauste, c’est en Pologne qu’ils vont. Par contre__, l’Allemagne – qui a planifié la destruction tout à la fois de la Pologne et des Juifs européens – est devenue une sorte de terre promise et un lieu d’opportunité pour la jeunesse israélienne. »
Or, sur cette même terre polonaise, écrit Shlomo Ben-Ami, il y eut des atrocités commises par des Polonais à l’encontre des Juifs survivants de la Shoah. Le plus connu est celui de Kielce, au cours duquel non seulement des civils polonais, mais des soldats et des policiers participèrent au massacre de plusieurs centaines de leurs compatriotes juifs… Ces faits ont été reconnus par le président Andrzej Duda. En mars 2016, inaugurant un musée en l’honneur des Polonais tués pour avoir tenté de sauver des Juifs, il avait admis que « l’histoire de la Pologne durant la Seconde Guerre mondiale présente deux facettes ».
Shlomo Ben-Ami rappelle que dans de nombreux pays, comme les Pays-Bas ou la France, la vérité sur la participation non seulement de civils, mais de l’administration et de la police à la déportation des Juifs vers les camps de la mort, fut lente à émerger.
En Russie, évoquer « l’agression de l’URSS » contre la Pologne en septembre 1939 est passible d’une peine de prison… Interdire la vérité est une tâche insensée.
Lire aussi: