26 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

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« Vaincre ou mourir » : les guerres de

Vendée transposées à l’écran en un nanar historique

Le film, produit par le Puy du Fou et Canal+, tente de réhabiliter le général Charette, figure de la résistance contre les Républicains et héros de l’extrême droite, à coups d’effets visuels d’un autre âge.

En janvier 2021, Eric Zemmour suggérait sur Twitter que la guerre de Vendée « pourrait nourrir notre cinéma français en récits épiques, si celui-ci daignait s’intéresser un peu plus à l’Histoire de France, au lieu de nous proposer des films d’auteur sur les migrants véganes transgenres ! »Annonce qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd puisque, deux ans après, sort sur les écrans Vaincre ou mourir, film historique retraçant la vie tumultueuse de François Athanase Charette de La Contrie, chef de file de l’insurrection vendéenne contre l’armée républicaine – après trois ans de batailles sanglantes, celui qu’on surnomme le « Roi de la Vendée » sera finalement fusillé en 1797.Depuis, Charette est devenu un fétiche pour l’extrême droite française qui voit en cette figure le symbole d’une contre-histoire de la Révolution française : depuis 2016, son récit fait l’objet d’un grand spectacle au Puy du Fou intitulé Le Dernier Panache, déjà vu – nous dit le dossier de presse – par douze millions de spectateurs.

C’est donc tout naturellement qu’on retrouve le parc de loisirs fondé par Philippe de Villiers derrière Vaincre ou mourir, produit par Puy du Fou Films (entité créée en 2021 avec, à sa tête, Nicolas de Villiers, fils de Philippe) et Canal+ (propriété de Vincent Bolloré). En somme, le film se veut d’abord un objet idéologique et dissident, répondant au fantasme d’un cinéma français majoritairement acquis aux idées de gauche.

Un film historique de droite : après tout, pourquoi pas ? C’était sans compter le résultat, une bouillie audiovisuelle qui égrène tous les poncifs les plus éculés du film historique, remuant son imagerie christique et viriliste à coups d’effets visuels d’un autre âge.

Tout se passe comme si une équipe de tournage avait été parachutée sans plan de travail dans l’arène du Puy du Fou tandis qu’un monteur dépassé tentait d’insuffler un peu de vigueur hollywoodienne à ces molles batailles entre figurants déguisés en paysans vendéens. Dès lors, il devient à peu près impossible d’entrer dans la fiction tant nous captive l’amateurisme de ce nanar d’idéologues. Avec tout le sérieux du monde, Vaincre ou mourir prétend rivaliser avec la technicité d’une épopée signée Ridley Scott – et c’est hilarant.

 Murielle Joudet
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