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Pour une retraite radieuse des LGBTI (tribune unitaire
Nous, personnalités et organisations LGBTI, nous opposons à la réforme des retraites que vient de présenter le gouvernement pour reporter l’âge de départ à 64 ans et accélérer le passage à 43 annuités afin de bénéficier d’une retraite à taux plein.
Si cette réforme est appliquée, elle sera nuisible pour tou·te·s les futur·e·s retraité·e·s. Elle sera particulièrement néfaste pour les LGBTI, car nous sommes encore plus vulnérables que le reste de la population face à la vieillesse.
En effet, le grand âge est souvent synonyme d’isolement et nous sommes beaucoup à ne pas avoir de soutien à cette étape de nos vies, à cause du potentiel rejet des familles où nous sommes né·e·s mais aussi de la privation du droit de créer nos propres familles.
Or, la famille est une structure d’appui primordiale au moment de la retraite, en particulier en cas de perte d’autonomie. Ses membres, quand ils ont le temps et l’argent, peuvent assister les plus âgé·e·s en les aidant à leurs domiciles, en les accueillant dans leurs foyers ou en finançant l’hébergement en EHPAD. Mais la construction de nos familles a été prohibée pendant des générations avec l’inégalité de nos droits au mariage, à l’adoption et à la procréation et la stérilisation forcée des personnes trans pendant de nombreuses années. De nos jours, ces droits sont encore instables à cause des discriminations dans les procédures d’adoption ou des difficultés d’accès à la PMA, toujours interdite pour les personnes trans.
Avec la nouvelle réforme des retraites, nous allons devoir travailler plus longtemps, ce qui dégradera nos conditions de santé, ou partir avant d’avoir toutes nos annuités, ce qui réduira nos pensions. Face à ces régressions, nous n’avons pas les mêmes possibilités de s’appuyer sur la solidarité familiale, ce qui nous fragilise davantage quand nous arrivons à la retraite.
Le monde du travail a été et est toujours trop souvent un environnement hostile pour les LGBTI : les discriminations persistent et peuvent influer tout au long de la vie sur notre situation professionnelle. Des études démontrent que les inégalités salariales subsistent pour celles et ceux qui font leur coming-out en milieu professionnel et cela se répercute sur les montants de nos retraites.
De l’orientation professionnelle en milieu scolaire aux évolutions de carrière, en passant par les difficultés d’accès à l’embauche, le parcours de vie des LGBTI est jalonné par les violences subies, allant jusqu’à l’exclusion de l’emploi avec des périodes de chômage qui impactent nos durées de cotisation. Les personnes vivant avec le VIH, les personnes trans ou les personnes racisées sont encore plus exposées à ces refus d’embauche, ruptures de carrières et difficultés d’évolution professionnelle. Une retraite à taux plein devient alors presque impossible et nous condamne souvent à nous contenter d’une pension à taux réduit.
Les femmes sont fortement touchées, surtout si elles sont lesbiennes ou bisexuelles : en plus d’être moins bien payées, elles sont davantage concernées par les temps partiels et les pauses dans leurs carrières. Leur retraite, déjà largement inférieure à celle des hommes, s’en verrait encore réduite si la réforme venait à passer. En outre, quand elles en ont eu la possibilité, elles ont quelquefois arrêté de travailler pour s’occuper de leurs enfants.
Tous ses paramètres fragilisent nombre de parcours professionnels mais aussi l’espérance de vie « en bonne santé », entraînant de fortes inégalités sociales au moment d’accéder à la retraite. La nouvelle réforme, si elle venait à être appliquée, renforcerait les effets délétères de ces mécanismes et viendrait accentuer notre précarité.
La retraite est pourtant un stade indispensable de nos vies : temps de repos bien mérité après avoir tant travaillé, elle n’est pas nécessairement une période d’inactivité. Beaucoup d’entre nous n’ont malheureusement pas pu y arriver du fait de de la pandémie de VIH/Sida, ou à cause du taux de suicide qui reste très élevé chez les LGBTI. Il reste donc tant à inventer sur les formes que peuvent prendre la retraite dans nos communautés. Beaucoup de retraité·e·s décident d’avoir un engagement bénévole et nous pouvons par exemple penser cette étape en s’investissant dans une association d’auto-support ou de lutte contre les discriminations.
Par ailleurs, les représentations de personnes LGBTI âgées sont quasiment absentes dans notre société. En vieillissant, nous sommes petit à petit invisibilisé·e·s et nous devons également nous questionner sur nos propres mécanismes internes qui amènent à cette situation.
Il nous faut recréer du dialogue et de la solidarité entre les générations pour participer à la transmission de notre histoire commune, de nos récits de vies et de nos pratiques militantes. Tant d’actions sont à imaginer : pour les réaliser, nous avons besoin d’une retraite en bonne santé, avec suffisamment d’argent pour la vivre dignement et en profiter.
C’est pourquoi nous nous mobiliserons parmi tou·te·s les salarié·e·s, étudiant·e·s, retraité·e·s et sans emploi dans toutes les initiatives pour lutter contre cette nouvelle réforme des retraites en commençant par les manifestations des 19 et 21 janvier.
En combattant tou·te·s ensemble, nous avons la capacité de faire reculer le gouvernement. Nous pourrions même aller plus loin en regagnant la retraite à 60 ans, avec 37,5 annuités afin d’obtenir enfin une victoire et nous redonner espoir dans un avenir désirable.
Mardi 17 janvier 2023
https://nouveaupartianticapitaliste.org/
Signataires :
Organisations :
Act Up-Paris
arcENSiel (Lyon)
Assemblée Féministe Montreuil
Association Fransgenre
Barbi(e)turix
bonjour madame, Bar féministe et queer
Centre LGBTQI+ de Paris-IdF
CIEL (Clermont-Ferrand)
Collectif archives LGBTQI+
Collectif Super Saphique
Commission LGBTI du Nouveau Parti Anticapitaliste (etc)