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Réforme des retraites : comment les syndicats veulent « taper fort » jeudi
Réservation de bus pour se rendre aux manifestations, distribution de tracts… Les centrales syndicales préparent activement la première mobilisation contre le projet du gouvernement.
C’est une mobilisation qui sera particulièrement scrutée. La première journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites , jeudi, à l’appel de l’intersyndicale, s’annonce « très forte », prédisent plusieurs opposants au projet du gouvernement.
Dans un entretien au Journal du dimanche , le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a exhorté « un million » de Français « à déferler dans la rue » jeudi. La CGT « fait tout pour » qu’il y ait plus d’un million de Français au rendez-vous, a déclaré dimanche sur France 3 Philippe Martinez. Le numéro un du syndicat souhaite également « des grèves dans les entreprises publiques et privées ».
La CGT observe déjà des signes qu’elle juge encourageants, comme « les préavis de grève déposés depuis longtemps » dans les services publics et les transports, ou encore les nombreux salariés « qui nous appellent pour nous demander comment on fait grève », assure Philippe Martinez.
Des cars affrétés par les syndicats dans plusieurs grandes villes
Surtout, le syndicat recensait 200 manifestations organisées sur tout le territoire à la date du vendredi 13 janvier, dévoile au JDD Nathalie Verdeil, secrétaire confédérale CGT. Une soixantaine de cars ont par ailleurs été commandés par la CGT rien qu’en région parisienne afin de permettre aux salariés de se rendre aux manifestations, alors que des préavis de grève ont été déposés à la SNCF et à la RATP. Des bus seront aussi affrétés en direction des grandes métropoles, comme Lyon, Toulouse, Bordeaux et Montpellier.
Certaines fédérations de l’Unsa ont également affrété des cars. « Il y aura des manifestations partout. Dans certains départements, il y aura même deux ou trois points de rendez-vous, en fonction des chefs-lieux des sous-préfectures », précise au JDD Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa, qui « sent bien que les gens nous soutiennent ». « Les signes sont très positifs, abonde Murielle Guilbert, co-déléguée générale de Solidaires, auprès du JDD. Des rassemblements sont prévus dans toute la France, y compris dans les petites villes. Ça a vraiment pris rapidement. »
À la CFDT, qui a elle aussi prévu d’acheminer des manifestants en bus, notamment en région parisienne et dans les Hauts-de-France, on se veut aussi optimiste. « L’ensemble des unions régionales construisent leur mobilisation en fonction de leur culture et de leur histoire, certaines étant plus centralisées que d’autres. Mais, quel que soit le mode opératoire, ça prend un peu partout », observe auprès du JDD Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT, en charge des retraites.
« Le but, c’est de jouer la proximité afin de permettre aux salariés de se mobiliser au plus près de chez eux ou de leurs lieux de travail », souligne Nathalie Verdeil. Elle ajoute : « dès le 19 janvier, il faut taper fort » contre « une réforme particulièrement violente pour le monde du travail ».
Une manifestation qui « donnera le ton pour la suite »
La CGT, comme d’autres centrales syndicales, entend battre le rappel jusqu’à jeudi, notamment à travers la distribution de tracts devant les entreprises, « même là où nous ne sommes pas du tout implantés », précise Nathalie Verdeil. Le but ? « Convaincre les Français de manifester. » Y compris ceux qui ne sont pas syndiqués. « Sur une réforme comme celle-ci, les mobilisations ne peuvent pas uniquement s’adresser aux salariés qui sont déjà syndiqués, souligne la respon-sable de la CGT. Nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas que des salariés syndiqués dans la rue. »
La secrétaire confédérale dit toutefois avoir conscience des difficultés rencontrées par certains salariés à se mobiliser, aussi bien pour des raisons financières qu’en raison « des pressions exercées sur des statuts plus précaires », deux facteurs qui « conditionnent souvent la participation aux mobilisations ».
Les centrales syndicales espèrent malgré tout que la première mobilisation sera une grande réussite. « Elle donnera le ton pour la suite », assure Nathalie Verdeil. « Avec Philippe Martinez, on est d’accord pour que le 19 soit massif, a déclaré Laurent Berger lundi sur Franceinfo. Et ensuite on est d’accord pour regarder comment on va faire les fois suivantes pour que le gouvernement nous écoute. »
Le secrétaire général de la CFDT observe « depuis presque une semaine la montée de mécontentements dans tous les secteurs professionnels, particulièrement dans les secteurs les plus impactés » par la réforme. Le premier round de la bataille contre la réforme donnera des indications chiffrées sur ce nombre de Français irrités.