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Répression en Iran : la police des mœurs a été abolie après des semaines de manifestations
L’Iran a annoncé l’abolition de la police des mœurs. Celle-ci est à l’origine de l’arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation dans le pays qui dure depuis près de trois mois.
C’est une victoire pour les nombreux manifestants iraniens. Le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé que la police des mœurs a été abolie par les autorités compétentes, a rapporté ce dimanche l’agence Isna.
Cette déclaration est considérée comme un geste envers les manifestants. Elle est intervenue après la décision samedi 3 décembre des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979. « La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée », a-t-il affirmé samedi soir dans la ville sainte de Qom lors d’une conférence religieuse.
La police des mœurs avait arrêté le 13 septembre dernier Mahsa Amini , une Kurde iranienne de 22 ans, à Téhéran en l’accusant de ne pas respecter le code vestimentaire strict en République islamique, qui impose aux femmes le port du voile en public. Selon ses proches, elle a été battue à mort le 16 septembre, trois jours après son arrestation, par la police des mœurs. Mais les autorités ont lié son décès à des problèmes de santé, démentis par ses parents.
Depuis, ce tragique événement a déclenché une vague de manifestations durant lesquelles des femmes ont enlevé et brûlé leur foulard, en criant « Femme, vie, liberté ». Un mouvement qui s’est depuis élargi, remettant en question tout le régime religieux en place afin de réclamer plus de liberté et la démocratie.
Loi sur le voile
Cette police, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d’orientation), a été créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), pour « répandre la culture de la décence et du hijab ». Formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir qui couvre la tête et le haut du corps, cette unité avait commencé ses patrouilles en 2006 avec l’objectif de faire respecter le code vestimentaire strict en République islamique.
Samedi 3 décembre, le même procureur, Mohammad Jafar Montazeri, a déclaré que « le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient » sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi. Deux camps s’affrontent en Iran. D’un côté, les conservateurs qui s’arc-boutent sur la loi de 1983 et de l’autre celui des progressistes qui veulent laisser aux femmes le droit de choisir de le porter ou non.
Malgré la répression qui a fait des centaines de morts, le mouvement de contestation se poursuit. Selon un dernier bilan fourni par le général iranien Amirali Hajizadeh, du corps des Gardiens de la Révolution, depuis le 16 septembre, il y a eu plus de 300 morts lors des manifestations.
Samuel Azemard 04/12/2022