troie (l’étincelle)
La guerre de Troie vue par les femmes
Si vous avez aimé les contes et légendes de la mythologie grecque, l’Iliade et l’Odyssée, leurs héros Ulysse, Achille et bien d’autres, tous plus flamboyants les uns que les autres, ce roman contemporain pourrait vous plaire.
Il s’agit en effet du récit du siège de Troie par l’armée grecque, raconté par Briséis, épouse du roi de Lyrnessos. Sa ville, alliée de Troie, a été pillée par l’armée grecque sur le chemin de Troie, son mari et ses frères tués et elle est devenue esclave des Grecs. Mais pas n’importe quelle esclave : les différences sociales sont toujours présentes.
Les femmes de la noblesse sont offertes aux rois et combattants nobles quand les femmes du peuple deviennent esclaves du tout-venant. Mais elles sont toutes esclaves sexuelles. Briséis, elle, est devenue le trophée d’Achille, c’est comme cela qu’elle est appelée et ça dit tout.
Nous suivons donc les péripéties du siège de Troie à travers ses yeux. Et nous sommes bien loin des récits héroïques dont nous avons souvent été abreuvés. Ici, la guerre est sale, ignoble. C’est un massacre, dont les détails ne nous sont pas épargnés : ainsi un des assauts de Troie lors duquel Achille tue 17 combattants troyens.
Quant aux « valeureux guerriers », ils sont orgueilleux, bien sûr, mais aussi caractériels. Le roi des rois, Agamemnon, est dépeint comme un sombre crétin, obstiné et se fichant de la mort des soldats quand une épidémie de peste sévit à cause de lui. Pat Barker a complètement repris les codes de la mythologie. Les dieux sont présents en arrière-plan, les ressorts du récit sont ceux que nous connaissons plus ou moins : la guerre de Troie a lieu pour récupérer Hélène, enlevée par Pâris. Elle écrit son roman dans une langue très contemporaine et crue.
Le point de vue féminin offre une perspective intéressante et originale. Les femmes sont victimes, certes, mais elles résistent à leur manière, se protègent les unes les autres. Ce point de vue fait bien ressortir le dérisoire et absurde de la guerre, véritable gâchis humain : à côté des récits historiques centrés sur les hommes, il y avait des femmes, à qui on ne demandait pas leur avis.
Un roman dans l’air du temps, qui résonne dans l’actualité dans sa charge contre la guerre, décidée par les « grands hommes », mais dont le prix fort est payé par les populations.
Liliane Laffargue 22 novembre 2022
J’ai lu, 2022, 324 p., 8,30 € en poche
https://www.convergencesrevolutionnaires.org/