sahara (jdd)
Que font les armées algérienne et russe à la frontière marocaine ?
Quelque 200 soldats des forces antiterroristes russes et algériennes seront réunis à partir de mardi dans le cadre de l’exercice s’appelle « Bouclier du désert ». Un pied de nez aux États-Unis qui ont décidé de soutenir le Maroc sur le dossier du Sahara occidental.
L’exercice s’appelle « Bouclier du désert » et réunira à partir de mardi quelque 200 soldats des forces antiterroristes russes et algériennes dans la région de Béchar, à 80 kilomètres de la frontière du Maroc. Clin d’œil historique, le quartier général des opérations sera localisé sur la base de Hammaguir, dont les accords d’Évian entre la France et l’Algérie avaient prolongé l’existence de cinq ans après l’indépendance afin que l’armée française continue d’y tester fusées et missiles.
Au Maroc, où se sont déroulées les manœuvres Africa Lion l’été dernier, les Algériens ont bien noté qu’il s’agissait des exercices les plus volumineux jamais engagés, avec des troupes venues des États-Unis, de pays de l’Otan mais aussi pour la première fois d’Israël. « C’est taquin de la part des Algériens d’avoir choisi Béchar », commente donc un haut gradé d’un pays méditerranéen, même si la porte-parole des Affaires étrangères russes souligne que ces manœuvres conjointes « ne visent aucun pays tiers ».
Un degré inédit de coopération
Les relations entre Alger et Rabat sont extrêmement dégradées depuis que les États-Unis ont décidé de soutenir le Maroc sur le dossier du Sahara occidental, où le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, plaide depuis des décennies pour un référendum d’indépendance. Le fait que le roi Mohammed 6 ne se soit pas déplacé au récent sommet arabe d’Alger en est un exemple criant.
Avec Bouclier du désert, si les effectifs et le matériel impliqué visant à simuler « la recherche, la détection et la destruction de groupes armés illégaux » sont limités, ce sera la première fois que des soldats des deux pays s’entraîneront ensemble sur le sol algérien. Mais cet événement illustrera surtout un degré de coopération militaire entre Alger et Moscou jamais atteint.
Depuis la première visite de Vladimir Poutine à Alger en 2006, le budget de défense algérien a quasiment triplé et 80 % des équipements militaires importés depuis 2017 viennent de Russie, avec laquelle la marine algérienne multiplie les exercices navals.
La rivalité du Maroc, proeuropéen et proche des États-Unis, et de l’Algérie, alliée historique de la Russie, n’est pas nouvelle. Mais dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la tentation hégémonique russe en Méditerranée orientale et occidentale, elle continue de s’accentuer sans que l’on sache où elle conduira les deux grandes nations du Maghreb.
François Clemenceau 14/11/2022
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