30 octobre 2022 ~ 0 Commentaire

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La France Insoumise : Clémentine Autain pourrait-elle succéder à Jean-Luc Mélenchon ?

La députée Insoumise, Clémentine Autain, en pointe sur l’affaire Quatennens, s’affirme comme une possible relève de Mélenchon pour 2027.

Michel Drucker avait raison. « Regardez-la bien », lançait-il en novembre 1983 en demandant un gros plan sur « la petite Clémentine ». « Celle-là, un jour elle sera grande et on en reparlera. Croyez-moi, elle n’a pas sa langue dans sa poche. » Trente ans plus tard, la fille du chanteur Yves Dautin, invitée à l’époque de l’émission Champs-Élysées pour fredonner une reprise du groupe Abba avec sa formation, ­Abbacadabra, a changé de registre. Clémentine Autain a troqué la couette pour une coupe courte, et ne chante plus. Mais on parle toujours d’elle.

Comme elle n’a toujours pas « la langue dans sa poche », c’est elle qui a été sous les projecteurs, ces dernières semaines, lors de la révélation des violences conjugales commises par le député du Nord Adrien Quatennens , quand beaucoup d’Insoumis demeuraient cois. Arrivée en politique par le ­féminisme, Clémentine Autain, à cette occasion, a aussi pris ses distances avec Jean-Luc Mélenchon qui, pour sa part, renouvelait sa « confiance » et son « affection » à son dauphin Quatennens, au grand dam de nombreuses féministes. Le moment lui a permis de s’affirmer. Et d’accréditer l’idée, Quatennens désormais hors-jeu, qu’elle pourrait, un jour, représenter la relève de Mélenchon. Autain 2027 ? « On me pose de plus en plus régulièrement la question », répond-elle. Manière habile de ­souligner qu’on pense à elle, mais aussi qu’elle y pense…

« Elle peut faire le pont entre les agités, les radicaux et le PS »

Celle qui, en 2007 déjà, ambitionnait de se présenter à la ­présidentielle au nom de la gauche antilibérale ajoute : « Je ne suis pas sourde, mais je ne veux pas prendre les choses dans ce sens-là. Parler de “qui” me paraît lunaire. Il faut parler de “quoi”. Dans les deux années à venir, posons d’abord les fondations. »

D’autres sont plus explicites, comme cette députée de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), proche d’Autain : « Des successeurs à Mélenchon ? En dehors d’elle, je n’en vois pas. Elle peut faire le pont entre les agités, les radicaux et le PS. » Lieutenant de l’Insoumis en chef, le député LFI, Éric ­Coquerel n’exclut pas que Mélenchon soit ­toujours là en 2027, mais doit en convenir : « Si ce n’est pas le cas, elle fait partie de celles et ceux qui peuvent avoir des ambitions. »

Pour l’heure, la députée de Seine-Saint-Denis assure avant tout ­ambitionner de consolider la Nupes, qui a connu cette semaine de fortes secousses après que sa motion de censure a été votée par le groupe de Marine Le Pen . « Avec la tripolarisation de la vie politique [Rassem-blement national, Renaissance et Nupes], c’est le seul moyen d’être au second tour », dit-elle. Sans doute parce que, plus qu’une autre, elle pourrait incarner cette bannière confectionnée de ­tissus divers.

« Je ne viens pas d’un seul môle. J’ai cheminé avec les trotskos et avec les cocos. J’ai toujours été dans des groupuscules rouges et verts. Là, avec La France insoumise [LFI] dans la Nupes, je me sens ­vraiment à l’aise, encore plus que dans LFI seule. » Elle se dit prête à s’impliquer « plus qu’avant » dans un mouvement qui doit bientôt redessiner son fonctionnement et sa direction. Petit bémol : elle concède qu’elle n’est « pas associée » à la réflexion en cours. Même si elle dit n’avoir « aucun doute » sur le fait qu’elle pourra en parler avec Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et bras droit de Mélenchon, à qui elle en a fait la demande… il y a trois semaines.

Je ne viens pas d’un seul moule. J’ai cheminé avec les trotskos et avec les cocos

Car sa relation avec Mélenchon est souvent tendue. Certes, le triple candidat à la présidentielle, alors sénateur PS, l’avait repérée de longue date alors qu’elle était, à 20 ans, assistante parlementaire d’un de ses collègues socialistes.

« Je ne suis pas née en politique avec Jean-Luc ­Mélenchon, rappelle Autain, qui n’avait pas souhaité rejoindre son cabinet quand il était devenu ministre de Lionel Jospin. Pour les autres, c’est plus difficile d’émettre une nuance… » Elle ne s’en prive pas. En 2017, après la présiden-tielle, elle regrettait qu’il ne tende pas la main au reste de la gauche. Cet été encore, elle lançait un pavé dans la mare Insoumise en réclamant plus de démocratie au sein de LFI. Un goût pour la parole libre qu’elle partage avec François Ruffin, l’autre successeur potentiel de Mélenchon. « Je trouve Ruffin utile et créatif et on est d’accord sur un truc fondamental : on veut pouvoir s’engueuler. Mais je regrette son peu de sens du collectif », tacle Clémentine Autain.

Elle assume ces pas de côté, ces critiques « qui ne mettent pas toujours Jean-Luc de bonne humeur », dit-elle. Délicat euphémisme : Mélenchon, à plusieurs reprises, s’est montré très dur avec elle en réunion, sans qu’aucun Insoumis n’ose la défendre. Et lui envoie régulièrement des messages comminatoires.

Coquerel nuance : « Elle évite toujours le pas de trop qui la mettrait à la marge ou en dehors. » Rebelle, pas kamikaze, donc. Mais suffisamment autonome pour se ménager son propre espace. « Elle joue de cette relation, de ce chaud-froid avec Jean-Luc », pointe le député PS Jérôme Guedj. Une force qui, au sein d’une phalange Insoumise toute dévouée à son leader, pourrait demain constituer une limite. « Elle n’est pas du tout au cœur de LFI, diagnostique un dirigeant socialiste. Et le principe du cœur de LFI, c’est qu’ils se choisissent entre eux. »

30 octobre 2022 Anne-Charlotte Dusseaulxet  Arthur Nazaret

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