édito (dr)
Mascarade moyenâgeuse… l’hommage mortuaire du vieux monde à sa reine, un monde à renverser
Le Commonwealth… perpétuer les privilèges de la bourgeoisie anglaise
C’est dans ce cadre de la monarchie constitutionnelle que s’est développé le capitalisme anglais et le puissant Empire britannique sur lequel « le soleil ne se couchait jamais » et qui a dominé le monde jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Construit sur l’oppression et l’exploitation forcenée de la main d’œuvre des peuples sous le joug, de l’Inde à l’Afrique et le pillage des ressources, la couronne britannique en représentait et défendait les intérêts.
Lorsque la reine Elisabeth arrive au pouvoir en 1952, l’Empire est sur le déclin, ébranlé par la vague révolutionnaire des peuples coloniaux. Elle présidera à la décolonisation, inéluctable, décolonisation brutale et sanglante qui avait commencé en Inde, livrée aux affrontements fratricides et aux rivalités ethniques et religieuses que l’impérialisme anglais avait lui-même exacerbés.
La partition du pays en 1947 fut l’aboutissement de ce terrible drame qui aura fait près d’un demi-million de morts et provoqué l’exode de 10 à 15 millions d’Indiens. Elisabeth était commandante en chef honorifique de l’armée britannique lorsqu’elle écrasa en 1948 le soulèvement populaire communiste en Malaisie et, au Kenya, où la répression de la révolte du peuple Mau-Mau causa entre 1952 et 1956 près de 100 000 morts.
L’impérialisme anglais ne se résoudra à jeter l’éponge en Afrique qu’en 1960, contraint d’abandonner l’administration directe de ses colonies et perpétuera son influence et ses intérêts économiques à travers le Commonwealth, utilisant la grandeur passée de la Monarchie comme symbole d’unité et de continuité de son ex-empire. La Reine sillonnera le monde pour préserver cette « famille », comme elle l’appelait, qui permet à la bourgeoisie anglaise de garder des liens économiques privilégiés avec ses cinquante-six pays aujourd’hui souverains, dont une vingtaine de pays africains qui représentent au total 2,5 milliards d’habitants, un tiers de l’humanité.
La Reine, soutien indéfectible de tous les gouvernements qui ont mené la guerre de classe contre les travailleurs
La reine a été la caution de tous les gouvernements qui depuis les années 70 ont mené l’offensive libérale de la bourgeoisie contre les travailleurs, perpétuant l’odieux mensonge de l’unité du Royaume alors que le monde du travail était attaqué de plein fouet, que Thatcher brisait la grève des mineurs, laminait les salaires et privatisait l’ensemble du pays.
Elle a couvert la dame de fer de l’ignominie de son silence quand cette dernière en 1981 laissait mourir le militant irlandais Bobby Sands et neuf de ses camarades des suites de leur grève de la faim engagée pour obtenir un statut de prisonnier politique.
Ils combattaient pour l’indépendance de l’Irlande du Nord à qui le Royaume-Uni a imposé une occupation sanglante durant des décennies, quadrillant militairement les quartiers populaires catholiques, et qu’elle maintient toujours sous sa domination, refusant son rattachement à l’Irlande du sud.
Le protocole imposait au nouveau roi de se rendre à Belfast recevoir l’hommage de ses indéfectibles partisans politiques unionistes, cynique cérémonie symbole de cet ordre colonial dépassé qui étouffe la volonté et opprime la majorité des habitants de l’Irlande du Nord et paralyse les travailleurs. (Extrait)
- Christine Héraud 18 septembre 2022
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