profs (le télégramme)
Pourquoi la rentrée scolaire s’annonce tendue en Bretagne
Le nombre de candidats et aussi d’admis au concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) est en baisse, en France et aussi en Bretagne. Le signe d’une désaffection pour la profession, disent les syndicats enseignants, qui annoncent une rentrée scolaire 2022 « sous tension ».
Baisse du nombre de candidats, recours à des contractuels plutôt qu’à des titulaires remplaçants, pouvoir d’achat et moral des enseignants « en berne »… En Bretagne aussi, la rentrée scolaire 2022 s’annonce sous tension. On vous explique pourquoi.
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1 Moins de profs admis, moins de postes ouverts
Au niveau national, le ministère de l’Éducation nationale vient de confirmer la tendance à la baisse. 8 265 candidats ont été admis au concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE), pour le premier degré, en 2022. C’est moins que les 9 688 de 2021. Les postes non pourvus (ouverts au recrutement) vont passer de 5,3 % en 2021 à 16,9 % cette année.
Même dans la très prisée académie de Rennes, le nombre de candidats (3 342 en 2021, aucune communication du rectorat pour 2022) est en baisse, « signe de la désaffection pour le métier », assure le secrétaire général de l’Unsa Éducation Bretagne, Philippe Le Roy. La tendance est la même dans le secondaire, où face aux 13 620 postes à pourvoir, seulement 11 353 candidats ont été admis en France. Les lettres classiques et l’allemand sont particulièrement sous-dotés cette année.
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2 L’EPS dans le viseur en Bretagne
La situation des professeurs de sport, pour la rentrée 2022, en Bretagne, a été épinglée par le Syndicat national de l’éducation physique (Snep Bretagne), dès le mois d’avril 2022. En cette rentrée de septembre, seulement 17 professeurs de sport intégreront l’académie de Rennes, alors que 57 postes seront vacants. La barre du barème pour permettre la mutation dans cette académie est devenue historiquement haute (1 349,2 points).
Pour les nombreux enseignants d’autres académies candidats au retour au pays, le seuil devient infranchissable. C’est le cas de Manon Aubin, que nous avions rencontrée début 2022. D’après le syndicat, l’administration organise, in fine, « la pénurie de remplaçants ». Le recours probable aux contractuels fait aussi grincer des dents. « Il y a un risque de précarisation du métier », dit le Brestois Alain Billy, co-secrétaire régional du Snep-FSU.
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3 Un job dating qui ne dit pas son nom
Face au manque annoncé de nouveaux professeurs à la rentrée 2022, certaines académies, comme celle de Versailles, ont organisé, en fin d’année scolaire, des job dating, pour recruter jusqu’à 2 035 contractuels.
À Rennes, sans opération de communication officielle, le rectorat a mis sur pied, le 6 juillet dernier, « une journée d’information en prévision de la rentrée, pour les candidats contractuels qui se sont déjà manifestés pour le second degré ». C’est une première. « Et donc le signe d’une situation qui se détériore », disent les syndicats. Interrogé, le rectorat de Rennes ne donne aucun chiffre à ce propos pour l’instant.
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4 Le malaise des TZR
« L’arrivée de contractuels supplémentaires, avec des conditions plus avantageuses, va créer de la tension avec des personnels comme les TZR (Titulaires de zone de remplacement) du secondaire, ou encore les contractuels CDIsés mais pas titulaires de leur poste », commente encore Philippe Le Roy à l’Unsa.
Côté premier degré, une pétition a été lancée pour alerter sur le sort des candidats aux listes complémentaires, « qui fournissent un vivier de gens formés et en attente. Ils devraient être prioritaires sur les candidats aux job dating ».
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5 Un budget qui n’apaise pas
La hausse du budget de l’Éducation nationale de 3,6 milliards, en 2023, ne suffit pas visiblement à réduire le malaise, selon l’UNSA. Une bonne partie de cette augmentation sera consacrée aux hausses de salaires. Ces 3,6 milliards porteront ce budget au-delà de 80 milliards d’euros. Il était de 42 milliards en 1997 (57 milliards d’aujourd’hui, corrigés de l’inflation).