13 avril 2022 ~ 0 Commentaire

douarnenez (le télégramme)

macron petain

« Macron me fait peur mais Le Pen, ce serait la cata » 

à Douarnenez, le dilemme des électeurs de Mélenchon 

Avec 30,46 % des suffrages exprimés, Jean-Luc Mélenchon est arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle à Douarnenez (29), ville de 14 000 habitants. Chez beaucoup d’électeurs, le casse-tête a commencé quant à la position à adopter pour le 24 avril.

« Pays de merde » : à Douarnenez, les frustrations et les colères s’expriment bien souvent sur les murs de la ville, en témoigne ce tag bien visible inscrit sur une maison de la rue Ernest-Renan, en centre-ville de cette cité portuaire à l’histoire ouvrière et frondeuse. Une réputation confirmée, dimanche soir, lors du premier tour de la présidentielle, et l’arrivée en tête de Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France Insoumise, avec 30,46 % des 8 857 bulletins exprimés.

Dans le centre-ville, traditionnellement ancré à gauche, il a même recueilli 47,28 % dans le bureau de vote installé à la mairie, sous l’œil un poil interloqué de Jocelyne Poitevin, maire divers droite de la ville.

« Avec ce score, Douarnenez confirme son identité populaire, son engagement pour le bien commun, la dignité de l’emploi, l’importance de la culture ou l’écologie », veut croire Yolande Bouin, cheffe de file des Insoumis au niveau local et conseillère municipale d’opposition, entourée de trois camarades militantes. Même si elles reconnaissent la dynamique du vote utile ayant permis son hégémonie à gauche, elles estiment néanmoins que le vote Mélenchon à Douarnenez est, avant tout, un vote de conviction.

« On n’aurait pas craint les flash-balls »

Ce n’est pas exactement ce que disent Carmen, 30 ans, et Mischa, 25 ans, attablés devant un local autogéré de Douarnenez où ils sont bénévoles. « Je n’avais pas voté depuis les Européennes de 2014. Mélenchon, je l’ai longtemps détesté, ce côté vieux politique ultra-viril qui parle énormément, et le culte du chef au sein du mouvement.

Mais cette fois-ci, c’était le type à gauche qui avait une chance, dans un contexte ambiant de plus en plus flippant, avec une montée des idées d’extrême-droite de Zemmour et Le Pen. La plupart de mes amis qui ont voté Mélenchon ont eu ce raisonnement », affirme Mischa. « Avec lui au pouvoir, on aurait certainement dû continuer des luttes sociales mais au moins, on n’aurait pas craint les flash-balls en manifestation », embraye Carmen, dont le choix aurait aussi pu se porter sur Philippe Poutou ou un vote blanc. « Avec ce mouvement autour de nous, on a vraiment cru que Mélenchon allait passer ! »

« Avec Le Pen, ce serait certainement très noir mais avec Macron, c’était noir avec au mieux quelques nuances de gris »

« Je crains que trop d’électeurs de Mélenchon s’abstiennent »

Comme de nombreux autres électeurs de l’insoumis en chef (du moins si l’on en croit les sondages), Carmen et Mischa ne savent pas encore exactement ce qu’ils feront le 24 avril.

« Pour moi, Emmanuel Macron a été violent durant son mandat. Sa première mesure en arrivant au pouvoir a été de supprimer l’impôt sur les grandes fortunes. Et là, la première proposition de sa campagne, c’est de contraindre les bénéficiaires du RSA à 15 ou 20 heures d’activité », blâme Carmen.

« Et puis, il a continué la casse du service public pendant la crise sanitaire », embraye Mischa, avant de tancer également la politique migratoire du président sortant. « Avec Le Pen, ce serait certainement très noir mais avec lui, c’était noir avec au mieux quelques nuances de gris ».

Une chose est sûre : leur choix ne se portera pas sur Marine Le Pen, ce sera abstention, blanc ou Macron. À côté de Carmen et Mischa, Maël-Gwen, jeune femme de 29 ans actuellement au RSA, soupire : « Je n’ai pas pu voter au premier tour parce que je n’étais pas là, j’aurais choisi Mélenchon aussi. Mais au deuxième tour, je vais aller voter Macron parce que je crains que trop d’électeurs de Mélenchon s’abstiennent et qu’elle arrive au pouvoir. Macron me fait peur mais Le Pen, ce serait vraiment la cata ».

Et, parce que chaque mur ou presque a son propre message à Douarnenez, un autre tag, inscrit à quelques dizaines de mètres du « Pays de merde » de la rue Ernest-Renan, résume à lui seul l’entrain qu’inspire ce schéma du second tour aux électeurs locaux de Jean-Luc Mélenchon : « Quitte à en prendre pour cinq ans »…

Dimitri L’Hours le 13 avril 2022

https://www.letelegramme.fr/

Laisser un commentaire

Vous devez être Identifiez-vous poster un commentaire.

Rocutozig |
Tysniq |
Connorwyatt120 |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Rafredipen
| Agirensemblespourpierrevert
| Buradownchin