nourriture (rs 21)
30 euros réels et les soit-disant « 30 euros » du panier des Tories
Laisseons-les mourir de faim
Nourriture et classe en Grande-Bretagne
Lundi, des images d’un « panier » de nourriture dérisoire ont circulé sur Internet. Une boîte de haricots, quelques morceaux de fruits et de légumes meurtris, du pain, des pâtes enveloppées dans du film alimentaire, ce n’était pas appétissant.
Cette collection, dont les utilisateurs ont vite fait remarquer qu’elle valait environ 5,22 £, était une livraison gratuite de repas scolaires, destinée à nourrir un enfant pendant plusieurs jours au lieu d’un bon de 30 £.
Cette photo n’a pas seulement provoqué un tollé général, elle a également permis de voir des images similaires se répandre en ligne – des paquets de nourriture dans des sacs poubelles, des poivrons coupés en deux, du thon vidé dans une tasse, etc.
Comme tout autre service au Royaume-Uni, les paniers repas gratuits étaient apparemment gérés par un privé, en l’occurrence une société du nom de Chartwells. Cette société appartient au groupe Compass, une multinationale de la restauration qui a réalisé plus d’un milliard de livres de bénéfices en 2019.
Lorsque les gens se sont intéressés à Chartwells, les médias sociaux ont été remplis d’images des repas de luxe livrés dans des écoles privées – un repas pour la classe ouvrière et un autre pour les riches.
Chartwells a bien sûr publié une déclaration remettant en question la valeur exacte du panier et la période qu’il était censé couvrir, mais ce n’est que du bruit. Ils tirent profit du fait que les enfants au Royaume-Uni ne peuvent pas obtenir suffisamment de nourriture – en scalpant et en profitant de la zone sinistrée qu’est ce pays.
La réponse des deux côtés du Parlement a été décevante, bien que cela ne soit pas surprenant.
Le ministère de l’éducation a qualifié cette disposition d’ « inacceptable » et Vicky Forde, la ministre de l’enfance, a déclaré qu’elle allait se pencher « d’urgence » sur la question.
Keir Starmer (Labour « de droite ») a tweeté que c’était « scandaleux », a demandé « où va l’argent » et a dit « il faut régler cela immédiatement ».
Ces propos tièdes sur le « tri » et les « enquêtes » reflètent un Parlement qui considère la pauvreté des enfants comme un élément nécessaire (bien que peut-être malheureux) de l’économie britannique.
N’oublions pas qu’une grande partie de la racaille qui flotte de part et d’autre des Communes a supervisé l’expansion massive de la privatisation des écoles et des services de protection de l’enfance depuis 1997.
Les députés sont assurés d’un revenu de 80 000 livres sterling, plus les dépenses. Un nombre important de députés aux Communes envoient leurs propres enfants dans des écoles privées d’élite.
Des militants comme Marcus Rashford et Jack Monroe (footballeur et écrivaine, activistes pro repas gratuits) ont fait plus pour assurer la sécurité alimentaire de la classe ouvrière que quiconque proche de Westminster.
Récemment, des projets comme Cooperation Town et des groupes comme le Front Anticapitaliste Vert se sont engagés dans des pratiques d’entraide, veillant à ce que de la nourriture soit distribuée.
Mais de telles pratiques sont toujours défensives, elles comblent un vide qui n’aurait jamais dû exister. Il est nécessaire que la classe ouvrière passe à l’offensive, qu’elle se batte pour que chacun ait de la nourriture.
Un service alimentaire national
Nombreux sont ceux qui ont demandé à juste titre l’ « internalisation » d’un tel service, que le gouvernement revienne à la fourniture des bons de 30 livres, sinon à des transferts de fonds ou à des projets plus ambitieux. (L’utilisation de bons au lieu de transferts en espèces est la norme pour les demandeurs d’asile depuis des décennies).
Le plus notable est peut-être la demande d’un service alimentaire national, de l’État, pour créer un réseau de production et de distribution alimentaire décentralisé. Il s’agit d’une reconnaissance de la crise alimentaire actuelle. Cependant, cela ne suffit pas. Le strict minimum de tout programme socialiste devrait être que la nourriture soit démarchandisée et mise sur la table pour tous ceux qui en ont besoin.
Les repas scolaires gratuits et tout programme alimentaire plus large de l’État, qu’il s’agisse de paniers ou de bons, risquent toujours d’être utilisés comme une arme de répression par la classe dirigeante.
Ces dernières années, une guerre prolongée a éclaté autour de la gratuité des repas scolaires, les politiques disant que le soutien accordé aux familles de la classe ouvrière était « détourné » et obligeant de plus en plus les familles à franchir de plus en plus d’obstacles administratifs pour recevoir la nourriture.
De plus, les politiques hostiles du Royaume-Uni ont vu de nombreuses familles de migrants exclues des programmes de repas scolaires gratuits, créant ainsi une autre frontière intérieure au Royaume-Uni. La classe ouvrière devrait avoir droit à la nourriture, indépendamment de son « mérite » aux yeux de l’État et de sa nationalité.
La débâcle des repas scolaires gratuits n’est qu’une facette du système alimentaire que le capitalisme pousse toujours plus près de l’effondrement.
La production alimentaire au Royaume-Uni et dans le monde entier est profondément exploitée. Depuis des décennies maintenant, le travail agricole saisonnier au Royaume-Uni repose sur l’abus de travailleurs itinérants précaires.
Comme l’ont montré des groupes tels que AngryWorkers, les usines qui distribuent, emballent et préparent la nourriture sont profondément dures avec leur main-d’œuvre, avec de mauvais salaires et des conditions de travail dangereuses.
Enfin, il y a le personnel du commerce de détail et de l’hôtellerie qui constitue la dernière ligne de démarcation entre la nourriture et ses consommateurs. Ils sont surchargés de travail, sous-payés et n’ont pas été protégés contre le virus pendant la pandémie.
La seule solution à ces problèmes à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement alimentaire est le contrôle de gros par les travailleurs, tout au long des réseaux de production et de distribution.
La vie sur l’île de la peste qu’est le Royaume-Uni est de plus en plus courte, désagréable et brutale. Les enseignants en ont assez de voir des élèves décharnés qui ont du mal à se concentrer à cause du manque de nourriture.
Dans toutes les communautés ouvrières, nous voyons des voisins qui se battent souvent en silence, luttant pour mettre de la nourriture sur la table. Des bacs de dons de plus en plus grands apparaissent dans les supermarchés, et les banques alimentaires sont au point de rupture.
En laissant la classe ouvrière affamée, en la privant constamment et en cherchant désespéré-ment à obtenir un revenu et de la nourriture, la classe dirigeante peut nous empêcher de nous organiser et de lutter.
Nous pouvons créer des cuisines coopératives, pratiquer l’entraide et faire de même, mais il s’agit d’une action d’arrière-garde.
Nous devons faire pression et dire qu’il est fondamental que la nourriture soit pour tout le monde – pas de si, pas de mais. Pour chaque enfant affamé, ce gouvernement et ses complices devraient être amenés à ressentir la colère des gens qui sont poussés trop loin.
Alors que les entreprises liées aux Conservateurs (les Tories) détournent l’argent destiné à l’alimentation des enfants de la classe ouvrière, Gus Woody exige non seulement de la nourritu-re pour tous, mais aussi le contrôle de son approvisionnement et de sa distribution par la classe ouvrière.
Note:
RS 21 est une organisation anti-capitaliste britannique