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Des retraités « inquiets » des conditions de vie indignes en Ehpad s’engagent auprès des soignants en lutte
Le gouvernement a annoncé une loi sur la dépendance et le « grand âge » pour l’automne. En attendant, le sort des soignants ne s’est en rien amélioré dans les maisons de retraites.
Ceux-ci bénéficient d’un soutien inédit
Des retraités, via leurs syndicats, se joignent aux travailleurs des établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) pour dénoncer les réductions d’effectifs, le niveau des salaires, et demander des moyens dignes pour les maisons de retraite. Parce qu’il « il y a des professions où les conditions de vie des gens dépendent des conditions de travail des personnels. Et parce que les Ehpad, c’est notre avenir à nous aussi. »
Du personnel en sous-effectif constant, une prise en charge des résidents qui se dégrade en conséquence… La situation dans les maisons de retraite, les « établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » (Ehpad), est devenue tellement mauvaise que les personnels du secteur se mobilisent au sein d’une large intersyndicale. Début 2018, ils font grève, dans tout le pays. Les soignants sont soutenus par les directeurs des établissements, qui tirent aux aussi la sonnette d’alarme.
« Depuis, la situation n’a pas du tout évolué. Le secteur est toujours en sous-effectif, la souffrance au travail augmente encore », témoigne Malika Berlabi, aide-soignante dans les Hauts-de-Seine et responsable du collectif national de la CGT-Santé « Accueil des personnes âgées ».
Elle est surprise du soutien que leurs mobilisations recueillent : « Je n’ai jamais entendu une famille nous dire “vous nous embêtez avec vos grèves”. Elles sont avec nous. » C’est que l’enjeu dépasse celui des conditions de travail des soignants. « C’est un enjeu humain », pointe-t-elle.
Et la solidarité s’élargit. Aujourd’hui, des retraités qui, demain, pourraient devoir intégrer une maison de retraite, se mobilisent également. Neuf sections « retraités » de différents syndicats [1], s’engagent depuis plusieurs mois sur le sujet.
« Nous sommes de futurs usagers, directement concernés, et il y a de quoi être inquiets »
« Nous nous sommes aperçus que que chacun d’entre nous, chacun dans son syndicat, avions un parent ou un conjoint en Ehpad. Nous avons constaté que partout, il y avait de gros problè-mes, que le personnel se réduit de plus en plus, explique Philippe Damoiseau, ancien garde-champêtre, membre de la section retraités de Sud. Là où est ma mère, par exemple, il y a 80 résidents, dont la moitié ne peuvent pas se déplacer. Pourtant, la nuit, il n’y a que deux personnes qui y travaillent. »
Rachel Knaebel 13 juin 2019