ogm burkinabé (ouest france)
Le coton OGM (Monsanto), les Burkinabés en reviennent
Le Burkina Faso a suspendu l’utilisation du coton génétiquement modifié. La qualité n’était pas au rendez-vous. La récolte s’est achevée dans un climat morose.
Ouagadougou. De notre correspondante
L’annonce n’est pas passée inaperçue en avril 2016. Le Burkina Faso a suspendu l’utilisation du coton génétiquement modifié (CGM) de Monsanto, auquel un gène tueur de papillons avait été ajouté. Les semences de la firme américaine n’auraient pas donné les résultats escomptés lors son introduction à grande échelle, en 2009.« L’objectif était de lutter contre les parasites, explique Karim Traoré, président de l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB).
Mais dès la deuxième récolte de CGM, la longueur de la fibre se dégradait. On a perdu notre label. » Ce label, les Burkinabés y tiennent. Leur coton était réputé pour être le meilleur d’Afrique subsaharienne. Une fibre longue, prisée sur le marché international. La deuxième source de revenus du pays. La Sofitex, principale société cotonnière du pays, réclamerait même plusieurs milliards de francs CFA à Monsanto pour les pertes subies.
Des cours très bas
Mais le« bannissement » est tout relatif. Car à l’AICB, on continue de vanter les mérites du CGM et son retour n’est pas exclu. Dans les champs de coton, l’heure n’est pas à l’euphorie. À Kari, à 250 km à l’ouest de Ouagadougou, Nikiembio Coulibaly est en pleine récolte. Ce producteur de 48 ans a arrêté le CGM dès 2012 sur ses 17 ha.
« La semence coûtait trop cher. 27 000 F (41 €) le sac de graines pour un hectare contre 1 000 F (1,50 €) pour le conventionnel. Et qu’il fallait traiter quand même. » Les papillons ravageurs, en effet, ont développé une résistance au gène tueur.« J’ai perdu quatre bœufs. Quand ils mangent les feuilles du CGM, ils s’amaigrissent comme s’ils avaient le sida. » Le CGM n’est pas le seul sujet d’inquiétude des cultivateurs. Le prix d’achat de leur coton par les sociétés cotonnières met ces producteurs en colère, comme Lohan Wanhoun, son voisin de parcelle :« 200 à 250 F CFA (30 à 38 centimes d’euro) le kilo ! Je n’ose plus calculer mes dépenses. Semences, engrais, main-d’œuvre, assurance… Je dois puiser dans mes revenus du maïs. La Sofitex a perdu de l’argent mais nous, qui nous remboursera ce que nous avons perdu avec Monsanto ? »
Ludivine LANIEPCE. Ouest France
Commentaire:
On nous vend les OGM comme devant « résoudre la faim des milliards d’êtres humains ». Refuser les OGM c’est vouloir faire mourir de faim des enfants. En réalité les OGM ont un but industriel: fournir du soja aux usines à viande (ce poulet peut effectivement se retrouver décongelé sur les marchés d’Afrique) mais majoritairement les OGM servent à faire du carburant.