31 mars 2015 ~ 0 Commentaire

la fin des quotas laitiers (reporterre + lo + via campesina)

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Un maelström pour les petits paysans

Le 1er avril verra la fin des quotas laitiers. Une mesure technique de politique agricole, mais qui va bouleverser l’activité de milliers de paysans producteurs de lait. Elle pousse à l’agrandissement des exploitations et pourrait entraîner la disparition de nombre d’entre elles. Explications. Rennes, correspondance

Garantir les prix, éviter la surproduction, ce sont les raisons qui ont poussé en 1984 la Politique agricole commune (Pac) à mettre en place les quotas laitiers. Le but en était de réguler l’offre et la demande pour éviter une envolée, ou à l’inverse un effondrement, des prix du lait. Chaque exploitation se voyait attribuer un quota de production, par exemple 200 000 litres par an. Si elle produisait plus, elle subissait des pénalités financières. Il n’y avait donc pas d’intérêt à augmenter la production de lait.

En 2003, la fin des quotas fut annoncée à l’horizon du 1er avril 2015. Pour- quoi changer de système ? Parce qu’il était jugé trop coûteux et contraire à la concurrence pure et parfaite, puisqu’il garantissait les prix d’achat aux produc- teurs. Les agriculteurs ont alors eu douze années pour se préparer. Pour les accompagner, les quotas ont augmenté chaque année de 1%. Et l’on est mainte- nant arrivé au terme de ce ce processus: mercredi 1er avril, le lait entre sur le marché mondial, avec des prix déterminés par le jeu de l’offre et de la demande, et sujets aux bulles et crashs déjà connus sur les marchés des matières premières.

S’agrandir ou mourir On peut sentir la difficulté de ce que vont subir les produc- teurs de lait en parcourant l’Ille-et-Vilaine, un département voué au lait, où les deux tiers des fermes sont de taille moyenne: elles comptent une cinquantaine de vaches et produisent en moyenne 300 000 litres de lait par an.

Depuis dix ans, l’évolution est à l’accroissement des effectifs: entre 2000 et 2010, 30 % d’exploitations en moins, portant des troupeaux dont l’effectif a crû de 30 %. Cette tendance à la concentration et à la ferme intensive devrait se pour- suivre. Plusieurs scénarios sont envisagés pour 2025, tous s’accordent sur une hausse de la production, des troupeaux, et une baisse des exploitations.

La « ferme-usine » des 1 000 vaches est l’archétype de cette tendance. Une des agricultrices impliquées dans le projet résume le choix auquel semblent con- frontés les producteurs: «Je me suis intéressée à ce projet pour ne pas arrêter la production laitière.» «S’agrandir ou mourir», semble être le mot d’ordre. Mais pour produire plus, il faut de l’argent et une avance de trésorerie suffisamment importante pour encaisser les aléas des prix du lait.

Élisabeth Chambry est la directrice de l’association Solidarité paysans Bre- tagne, qui s’occupe des questions d’endettement et de suicide chez les agricul- teurs. «Produire plus signifie plus d’investissements, de charges, de travail. En- tre endettement et dégradation des conditions de travail, nous sommes très in- quiets. Les agriculteurs représentent la catégorie professionnelle la plus expo- sée au burn-out et au suicide.» On considère qu’entre 400 et 800 paysans se suicident chaque année en France.

Côté chiffres, rien n’a changé: toujours 50 vaches pour 285 000 litres de lait par an, mais «à l’époque, sur l’exploitation, il y avait mes parents, nous, les quatre enfants, et un salarié. Aujourd’hui, je suis tout seul. Le prix lui, n’a pas bougé. Aujourd’hui, on vend 300 € les mille litres, ça fait 2 000 francs. Mes parents vendaient leur lait à ce prix-là, ou même 2,5 francs.»

D’autant plus que le prix du lait baisse depuis deux ans. Au premier trimestre 2013, le lait de base se vendait 400 € les 1 000 litres, 363 € en 2014, et cette année 312 €. Qu’en sera-t-il sans les quotas ? Une des pistes sur la fixation des prix vient d’Euronext en côtant en bourse les produits laitiers.

 31 mars 2015 / Julie Lallouët-Geffroy

Résumé lire la suite

Lire aussi:

http://viacampesina.org/

Et encore:

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2015/04/01/fin-des-quotas-laitiers-du-petit-lait-pour-les-speculateurs_36741.html

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