Carhaix, Marine Harvest, un appel au gouvernement (LT)
Marine Harvest réalise des bénéfices record, deux mois après avoir annoncé la fermeture de son usine de Poullaouen : la pilule est amère pour les salariés et les élus. Selon le président de Poher communauté, le gouvernement doit intervenir et s’opposer à cette fermeture.
Le 4 juin, Marine Harvest, numéro un mondial du saumon fumé, annonçait la fermeture en 2014 de ses usines de Poullaouen et de Château-giron, près de Rennes, entraînant la suppression de plus de 400 emplois. En Centre-Bretagne, c’est un coup de massue : le site poullaouenais, qui emploie 287 salariés, parmi lesquels une centaine de travailleurs intérimaires, est l’un des principaux employeurs de la région. Le 22 juin, 2.000 personnes descendent dans les rues de Carhaix, en soutien aux salariés. C’est dans ce contexte que Marine Harvest a annoncé, mer- credi, avoir multiplié son bénéfice opérationnel par quatre au deuxième trimestre, en précisant que sa trésorerie abondante lui permettrait, à la fois, d’augmenter ses dividendes et de financer des acquisitions.
« Écoeurant pour la CGT » Le géant norvégien, dont le chiffre d’affaires frisait les deux milliards d’euros en 2012, a en effet dégagé, entre avril et juin, un bénéfice opérationnel de 111 millions d’euros. Un résultat qui s’explique par une flambée des prix et une stagnation de la pro- duction mondiale. L’annonce n’est pas passée inaperçue, dans le Poher, où elle provoque écoeurement et colère. Vendredi, dans nos colonnes, Jérôme Joffroy, élu du personnel, parlait d’« indécente ». Michel Crespin, délégué CGT de Marine Harvest Kritsen, n’est pas plus tendre avec le numéro un mondial du saumon fumé. Dans un communiqué, il juge « écoeurant de voir le groupe annoncer fièrement ses résultats et de re- mercier les actionnaires, tout en bottant les fesses des salariés sur ses sites de Poullaouen et de Châteaugiron ». « Avec une telle somme d’ar- gent, le groupe a les moyens de maintenir ses sites en activité, car l’emploi est prioritaire. Ou alors, il a aussi les moyens de financer le plan de sauvegarde de l’emploi, en donnant aux salariés des conditions de départ qui soient particulièrement fortes », ajoute le délégué CGT. Un avis que partage Jérôme Joffroy, pour qui Marine Harvest ne pourra pas se cacher derrière des difficultés financières lors des futures négociations.
« Arnaud Montebourg doit intervenir » L’annonce de Marine Harvest provoque également la colère de Christian Troadec. « Le groupe multiplie ses bénéfices par quatre, sa trésorerie est abondante et va lui permettre d’augmenter ses dividendes et de financer des acquisitions. Durant le même temps, l’usine de Poullaouen va fermer ses portes dans moins de huit mois, laissant sur le carreau près de 287 salariés ou les contraignant à se déplacer jusqu’à Landivisiau*, fragilisant ainsi encore un peu plus l’économie du Centre-Bretagne ! C’est tout simplement scandaleux ». Pour le maire de Carhaix et président de Poher communauté, le gouvernement, et tout particulièrement Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, doit s’opposer à la fermeture de l’usine de Poullaouen. « Il en va de la responsabilité de l’État et de sa crédibilité dans sa bataille pour l’emploi, estime Christian Troadec. Il est inconcevable que, d’un côté, une multinationale annonce d’excellents résultats financiers, avec des perspectives de croissance exceptionnelles pour la fin de l’année dans le secteur du saumon fumé, et que, de l’autre, on lui laisse établir un plan social et fermer, non seulement le site de Poullaouen, mais aussi celui de Châteaugiron. Il faut dire stop ! Seul le gouvernement est en mesure, aujourd’hui, de dire non et de contraindre l’industriel à revenir sur sa décision. Il s’agirait, sinon, ni plus ni moins, d’une capitulation ».
Mobilisation à venir « Au nom de la dignité des salariés et du maintien de l’économie dans notre région, nous ne laisserons pas faire, prévient le maire de Carhaix. De son côté, la CGT attend la réponse de Guillaume Garot. Cet été, le syndicat avait demandé au Ministre, délégué à l’agroalimentaire, de convoquer, dès le début septembre, une réunion avec la direction, les élus locaux, les représentants du personnel et les pouvoirs publics. « Nous attendons la réponse. À partir du mois de septembre, des mobilisations auront lieu en ce sens », annonce Michel Crespin. *24 août 2013 Une soixantaine de reclassements pourraient être proposés à Landivisiau, siège de Marine Harvest Kritsen. Nathalie Com