Morbihan, bilingue public, des parents présentent la facture à l’État (LT)
À Vannes, la filière bilingue publique s’arrête au CM2. Continuer l’apprentissage du breton en 6e a alors un coût pour les familles, obligées d’inscrire leurs enfants dans le privé. Deux d’entre elles ont envoyé leur note à l’Éducation nationale.
2.950 € pour quatre ans de scolarité. 1.500 € pour trois ans. C’est le surcoût calculé par deux familles vannetaises, selon leur quotient familial, pour ne pas avoir pu inscrire leurs enfants en collège public. La famille Pollein et la famille Le Fol, trois enfants chacun, ont fait le choix de l’enseignement public bilingue français-breton dès la maternelle, par conviction. Ils sont attachés à la fois aux valeurs de la République et au bilinguisme précoce. Mais à l’arrivée en 6e, la voie est restée sans issue. Ne restait comme alternative que le public sans le breton ou le breton dans le privé. L’aîné des Le Fol a choisi la première option. Son cadet et l’aînée des Pollein la deuxième. Tous les deux sont donc aujourd’hui scolarisés au collège Diwan de Vannes. « Le plus proche de nos valeurs de laïcité », expliquent les parents.
Continuité du service public
« L’État parle constamment de rigueur financière. Mais nous aussi nous sommes concernés par les baisses de budget », souligne Éric Pollein. Les familles ont donc sorti les calculettes, uniquement sur la demi-pension. Pas pour se plaindre du tarif de Diwan, mais pour souligner l’incohérence de l’État. « Aujourd’hui, il n’y a pas de continuité du service public et c’est nous qui assumons financièrement cette défaillance », estime Valérie Le Fol. « Du coup, ceux qui n’ont pas les moyens arrêtent l’enseignement bilingue. Cette situation est contraire au principe d’égalité de la République », poursuit Éric Pollein. « On nous renvoie toujours un problème d’effectifs. Mais pourquoi une section bilingue ouvre à Quimperlé (29) avec sept élèves et pas à Vannes ? ». En septembre, il ne devrait toujours pas y avoir de filière bilingue au collège Jules-Simon. De quoi motiver cette action des parents d’élèves qui espèrent une solution pour leurs benjamins. « L’enseignant et les locaux nécessaires sont là. Autour de Vannes, il y a un vivier d’effectifs. Il faudra bien un jour amorcer la pompe car cette attente finit par décourager les parents, dès le départ, d’entrer dans la filière bilingue publique », constatent les parents. À leur lettre, les familles ont joint un relevé d’identité bancaire. Elles invitent toutes celles qui sont dans leur cas à faire la même démarche. Et faute de remboursement, elles se réservent la possibilité de poursuivre leur action devant le tribunal administratif.