Nouveau Parti Anticapitaliste 29

Npa29 Expression des comités Npa: Pays Bigouden, Brest, Carhaix-Kreiz Breizh, Châteaulin, Presqu'île de Crozon, Morlaix, Quimper, et Quimperlé. Seuls les articles signés "Npa" engagent le parti.

01 avril 2023 ~ 0 Commentaire

groenland (à l’encontre)

groenland (à l'encontre) dans Altermondialisme greenland-nasa-gsfc
Une grande partie de l’inlandsis du Groenland méridional fondra de manière irréversible si nous émettons environ 1000 gigatonnes de carbone. (NASA GSFC)

«La calotte glaciaire du Groenland s’approche du point de non-retour»

L’American Geophysical Union (AGU), le 27 mars 2023, présentait ainsi sur son site une nouvelle étude. «L’inlandsis du Groenland couvre 1,7 million de kilomètres carrés dans l’Arctique. S’il fondait entièrement, le niveau mondial des mers s’élèverait d’environ 7 mètres, mais les scientifiques ne savent pas exactement à quelle vitesse la calotte glaciaire pourrait fondre. La modélisation des points de basculement, qui sont des seuils critiques où le comportement d’un système change de manière irréversible, aide les chercheurs à déterminer quand cette fonte pourrait se produire.

Basée en partie sur les émissions de carbone, une nouvelle étude utilisant des simulations a identifié deux points de basculement pour l’inlandsis du Groenland: la libération de 1000 gigatonnes de carbone dans l’atmosphère entraînera la fonte de la partie sud de l’inlandsis; environ 2500 gigatonnes de carbone signifieront la perte définitive de la quasi-totalité de l’inlandsis.

Après avoir émis environ 500 gigatonnes de carbone, nous sommes à peu près à mi-chemin du premier point de basculement.

“Le premier point de basculement n’est pas très éloigné des conditions climatiques actuelles, et nous risquons donc de le franchir”, a déclaré Dennis Höning, climatologue à l’Institut de Potsdam pour la recherche sur les incidences du climat, qui a dirigé l’étude. “Une fois que nous aurons commencé à glisser, nous tomberons de cette falaise et ne pourrons jamais plus y remonter.”

L’étude a été publiée dans la revue Geophysical Research Letters de l’AGU, qui publie des travaux de recherche courts et à fort impact dans le domaine des sciences de la Terre et de l’espace.

L’inlandsis du Groenlandais est déjà en train de fondre; entre 2003 et 2016, il a perdu environ 255 gigatonnes (milliards de tonnes) de glace par an. La majeure partie de la fonte s’est produite dans la partie méridionale de l’inlandsis. La température de l’air et de l’eau, les courants océaniques, les précipitations et d’autres facteurs déterminent la vitesse de fonte de la calotte glaciaire et l’endroit où elle perd de la glace.

La complexité de l’influence réciproque de ces facteurs, ainsi que les longs délais dont les scientifiques doivent tenir compte pour la fonte d’une calotte glaciaire de cette taille, font qu’il est difficile de prédire comment la calotte glaciaire réagira à différents scénarios de climat et d’émissions de carbone.

Des recherches antérieures ont identifié un réchauffement global de 1 à 3 degrés Celsius comme le seuil au-delà duquel la calotte glaciaire du Groenland fondra de manière irréversible.

Pour modéliser de manière plus complète la façon dont la réaction de l’inlandsis au climat pourrait évoluer dans le temps, la nouvelle étude de Dennis Höning a utilisé pour la première fois un modèle complexe de l’ensemble du système terrestre, qui comprend tous les processus clés de rétroaction climatique, associé à un modèle de comportement de l’inlandsis. Les chercheurs ont d’abord utilisé des simulations à températures constantes pour trouver des états d’équilibre de la calotte glaciaire, c’est-à-dire des points où la perte de glace est égale au gain de glace. Ils ont ensuite effectué une série de simulations sur 20’000 ans avec des émissions de carbone allant de 0 à 4000 gigatonnes de carbone.

AÀ partir de ces simulations, les chercheurs ont calculé le point de basculement de 1000 gigatonnes de carbone pour la fonte de la partie sud de la calotte glaciaire et le point de basculement encore plus périlleux de 2500 gigatonnes de carbone pour la disparition de la quasi-totalité de la calotte glaciaire.

Au fur et à mesure de la fonte de la calotte glaciaire, sa surface se trouvera à des altitudes de plus en plus basses, exposée à des températures de l’air plus élevées. Les températures de l’air plus chaudes accélèrent la fonte, la font baisser et la réchauffent davantage. Les températures atmosphériques mondiales doivent rester élevées pendant des centaines d’années, voire plus longtemps, pour que cette boucle de rétroaction devienne effective; un saut rapide de 2 degrés Celsius ne la déclencherait pas, a déclaré Dennis Höning. Mais une fois que la glace aura franchi le seuil, elle continuera inévitablement à fondre. Même si le dioxyde de carbone atmosphérique était ramené aux niveaux préindustriels, cela ne suffirait pas à permettre à la calotte glaciaire de se reconstituer de manière substantielle.

“Nous ne pouvons pas continuer à émettre du carbone au même rythme pendant longtemps sans risquer de franchir les points de basculement”, a déclaré Dennis Höning. «La majeure partie de la fonte de la calotte glaciaire ne se produira pas au cours de la prochaine décennie, mais il ne faudra pas attendre longtemps avant que nous ne puissions plus rien faire pour l’empêcher.»

(Publié sur le site de l’AGU-Advancing Earth and Space Science, le 27 mars 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

1 avril 2023

https://alencontre.org/

31 mars 2023 ~ 0 Commentaire

communiqué (npa)

conf

31 mars 2023 ~ 0 Commentaire

froutven samedi (côté brest)

bruit

Brest : l’intersyndicale l’annonce, « au Froutven, samedi, ça sera la zone contre la réforme retraite » !

Après une belle mobilisation mardi 28 mars, l’intersyndicale maintient la pression contre la réforme des retraites à Brest. Avec un rendez-vous ce samedi, dans la zone du Froutven.

Plus de 20 000 personnes selon la police, plus de 40 000 pour les syndicats, avaient participé à la mobilisation contre les retraites jeudi 23 mars 2023 à Brest : la plus forte mobilisation depuis le 19 janvier, début du mouvement.

Après une nouvelle belle mobilisation contre la réforme des retraites mardi 28 mars 2023 dans les rues de Brest, et avant la prochaine journée programmée par l’intersyndicale nationale jeudi 6 avril, l’intersyndicale brestoise maintient la pression et organise une action, ce samedi 1er avril, dans la zone du Froutven, à Brest-Guipavas.

L’invitation est claire : Au  Froutven, samedi, ça sera la zone contre la réforme retraite.

Comment cela ? « Nous réaffirmons notre détermination et proposons aux militant.es de se rassembler dans la zone du Froutven dès 11 h, pour en entraver l’accès toute la journée. »

L’intersyndicale donne aussi « rendez vous aux salarié.es, étudiant.es, retraité.es à 14 h 30, à l’aire de covoiturage du terminus du tramway, pour une manifestation dans la zone ».

Concert de casseroles

D’autres actions vont être menées entre les journées de mobilisation nationale. « Jusqu’au retrait de la réforme, les organisations syndicales, CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT, CNT interpro-Brest, Fédé B, FO, FSU, Solidaires, Le Massicot, l’Union Pirate UBO, et UNSA appellent à un concert de casseroles tous les lundis soirs à 18 h au départ de la place de Strasbourg. Prochain rendez-vous lundi 3 avril. »

Les organisations, réunies dans l’intersyndicale*, commentent : « Nous saluons la mobilisation de ces millions de travailleurs·euses, jeunes, retraité·e·s qui, depuis plus de deux mois, expriment leur opposition à cette réforme des retraites. Ils et elles sont déterminé·e·s à empêcher le recul de l’âge légal à 64 ans et l’allongement du nombre de trimestres, ce qui aurait pour effet de faire aussi baisser plus rapidement leurs pensions. »

La responsabilité de l’exécutif

Et le martèlent : « Malgré sa propagande, le gouvernement ne convainc pas du bien‐fondé de sa réforme : trois-quarts de la population et 94% des actifs refusent le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisations. »

Ils ne s’en remettent pas :

Au lieu de retirer leur projet, le président de la République et le gouvernement, en échec devant l’Assemblée nationale, ont décidé de passer en force en ayant recours à l’article 49-3.

Et l’intersyndicale de conclure : « Nous mesurons avec gravité la responsabilité que porte l’exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie. Malgré cela, le gouvernement et le président de la République restent sourds et dégradent la cohésion sociale du pays en refusant toujours de retirer ce projet injuste. »

*CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, CNT, Fédé B, FO, FSU, Massicot, Sud-Solidaires, Union Pirate et Unsa.

Rédaction Côté Brest 31 Mar 23

https://actu.fr/bretagne/

31 mars 2023 ~ 0 Commentaire

cuba (à l’encontre)

cuba

Cuba-dossier. «Elections 2023: ce que disent les chiffres»

Après les vastes campagnes de propagande et de prévisions autour des élections de ce dimanche 26 mars – les plus importantes à Cuba –, les résultats officiels ont été publiés.

Ils méritent une analyse aprofondie et complexe, en raison de tout ce qu’ils peuvent révéler sur la situation politique actuelle à Cuba [voir ci-dessous la contribution de Samuel Farber antérieure aux élections]. Tout d’abord, 75,9% des électeurs et électrices ont exercé leur droit de vote ce dimanche lors des élections nationales pour choisir les députés à l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (Asamblea Nacional del Poder Popular), selon Alina Balseiro Gutiérrez, présidente du Conseil national électoral (CEN-Consejo Electoral Nacional).

En outre, 90,28% des bulletins de vote étaient valables, 6,2% étaient blancs et 3,5% ont été annulés. Bien que le dépouillement des bulletins de vote soit public, aucun observateur international ou étatique indépendant n’est autorisé à assister au déroulement du vote et au relevé des données, ce qui est l’argument couramment utilisé pour remettre en question la transparence du processus.

Le nombre réel de votant·e·s (6 164 876) a augmenté de 436 656 par rapport aux dernières élections des délégués, tandis que la liste des électeurs potentiels a diminué d’environ 284 621 personnes, une tendance qui s’est manifestée ces dernières années – principalement à partir de 2019 – et qui pourrait être due à l’exode migratoire auquel l’île s’affronte.

Les chiffres officiels de participation dépassent les deux élections précédentes – le référendum [25 septembre 2022] pour l’approbation du Code de la famille (Código de las Familias) et les élections municipales du pouvoir populaire [27 novembre 2022 pour élire les délégu·e·s aux Asambleas Municipales del Poder Popular] – ainsi que la moyenne latino-américaine dans les pays où le vote n’est pas obligatoire.

Une analyse des chiffres historiques de Cuba montre que les élections des députés ont généralement un taux de participation plus élevé que celles des délégués municipaux, car contrairement à ces derniers, tous les citoyens sont autorisés à exercer ce droit dans n’importe quel bureau de vote du pays, même s’il ne s’agit pas de celui où ils résident officiellement.

Quant au comportement du corps électoral, il montre qu’environ 68,54% des personnes ayant le droit de vote ont déposé un bulletin valide (8 points de pourcentage de plus que lors des précédentes élections de délégués), 2,66% ont voté nul, 4,71% ont déposé un bulletin blanc et 24,1% ne se sont pas présentées. Seuls 49,42% de ces électeurs ont voté pour l’ensemble des candidats, et 19,12% ont voté de manière sélective, ce qui est inférieur aux scrutins parlementaires de 2018.

Malgré l’augmentation de la participation par rapport au précédent scrutin, une tendance abstentionniste parmi les citoyens et citoyennes de Cuba s’est manifestée clairement au cours de la dernière décennie. Elle n’est pas particulière à ces élections. De 1976 à 2010, toutes les élections à Cuba ont enregistré un taux de participation compris entre 97% et 99,6%. A partir de cette année-là, on a assisté à une réduction progressive du nombre de personnes qui se sont rendues aux urnes. En 2022, ce comportement devient plus évident lors du référendum sur le Code de la famille et des élections de délégués municipaux.

La crise économique que traverse le pays après 2019 pourrait avoir un impact sur l’augmen-tation de l’abstention. Cependant, les élections tenues en 1992 et 1993, pendant la période dite «spéciale», ont connu un taux de participation de 97,2% et 99,6% respectivement. En réalité, les élections parlementaires de 1993 ont connu le taux de participation le plus élevé jamais enregistré à Cuba.

Cette analyse indique qu’il existe d’autres variables sociopolitiques qui influencent les citoyens et citoyennes et qui ont contribué à la situation actuelle d’apathie. Il s’agit notamment de l’insatisfaction à l’égard du système électoral et de la réalité nationale – avec des problèmes qui dépassent le cadre purement économique –, de l’interaction par le biais des canaux numériques avec les opinions d’autres citoyens, qu’ils résident ou non dans le pays, et des sources d’information et de propagande politique, au-delà de l’Etat cubain, telles que les médias, les organisations et les militants de l’opposition, ainsi que la presse non étatique internationale et nationale.

Quant à la composition du nouveau parlement, bien qu’il ait été réduit de 130 députés [à 470], sa représentativité sociodémographique ne varie pas de manière significative. Seule une légère augmentation du nombre de jeunes de moins de 35 ans et de personnes noires et métisses est notable. Il est à noter qu’existe une forte présence féminine [parmi les candidatures on dénotait 263 femmes et 207 hommes] par rapport à la moyenne mondiale [la majeure partie des candidats sont membres du Parti communiste de Cuba, le seul parti légal].

Le vote à Cuba est souvent utilisé comme un thermomètre de la légitimité de l’Etat vis-à-vis des citoyens. L’absence de sondages d’opinion sur l’île effectuées sur la base d’échantillons représentatifs ne permet pas d’expliquer avec certitude les causes du comportement électoral.

Cependant, suite aux expériences précédentes – le taux de participation le plus bas de l’histoire du suffrage cubain après 1959 – et la campagne de «non-vote» de l’opposition, il est très probable que l’intensification de la propagande gouvernementale dans les médias ait joué un rôle. Des appels personnels directs à ceux qui ne s’étaient pas rendus aux urnes,  tard dans la journée, peuvent également avoir eu un effet. Depuis des années, il est courant que les responsables locaux et les fonctionnaires fassent pression sur les citoyens et citoyennes pour qu’ils aillent voter.

Le système électoral reste l’un des éléments les plus controversés du système politique de l’île, suscitant des réactions divergentes. D’une part, l’Etat évite de reconnaître ses échecs en termes d’efficacité de l’exercice du contrôle populaire, tandis que, d’autre part, une grande partie de l’opposition organisée considère la mise en place d’un système multipartite comme la seule alternative. La Joven Cuba continuera de traiter de cette question et d’autres liées au processus électoral dans ses prochaines publications.

Par rédaction de La Joven Cuba

 

(Article publié sur le site La Joven Cuba, le 27 mars 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

https://jovencuba.com/

28 mars 2023 Alencontre

https://alencontre.org/

31 mars 2023 ~ 0 Commentaire

cgt (l’humanité)

super cgt

CGT : Sophie Binet succède à Philippe Martinez

La conseillère principale d’éducation (CPE) a été élue ce matin secrétaire générale de la confédération. Elle est la première femme à accéder à cette fonction en 128 ans d’existence du syndicat.

La troisième tentative aura été la bonne. Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict-CGT), est désormais le nouveau visage de la confédération. Elle succède à Philippe Martinez comme secrétaire générale de la CGT.

La conseillère principale d’éducation (CPE), née en 1982, par ailleurs chroniqueuse du monde du travail pour l’Humanité magazine, est la première femme à accéder à cette fonction, en 128 ans d’existence de la centrale syndicale.

La candidate désignée avant le congrès, Marie Buisson, n’est pas parvenue à s’imposer. Le bureau confédéral qu’elle avait présentée dans la nuit a été rejeté à 6 voix près par le « parlement » de la CGT, le comité confédéral national (CCN). S’en est suivie une proposition portée par Céline Verzeletti à l’exécutif confédéral, sans qu’elle soit soumise au vote du CCN.

Céline Verzeletti, Laurent Brun et Sébastien  Menesplier au bureau confédéral

Après une nuit de discussions, une troisième proposition conduite cette fois par Sophie Binet a émergé au lever du soleil, composée de Céline Verzeletti, secrétaire générale de la CGT de la fonction publique d’Etat, mais aussi de Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, Catherine Giraud, secrétaire générale de l’union départementale (UD) de la Vienne, Nathalie Bazire, secrétaire générale de l’UD de la Manche, Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT mines-énergie, Boris Plazzi, membre du bureau confédéral sortant, Gérard Ré, de l’UD des Alpes-Maritimes, Mireille Stivala, de la fédération santé-action sociale, et de Thomas Vacheron, membre de la direction sortante de la CGT. Cette proposition a été adoptée par le CCN à 64 voix pour, 39 contre et 11 abstentions.

La veille, le débat des congressistes autour de la composition de la nouvelle commission exécutive confédérale (CEC), dont sont statutairement issus le bureau confédéral et la secrétaire générale, s’était déroulé dans le calme. Plusieurs intervenants, dont beaucoup de primo-congressistes, avaient pris le micro pour demander à leurs camarades d’élargir la proposition de CEC à de nouvelles candidatures, comme celle d’Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD des Bouches-du-Rhône.

Une volonté partagée par Céline Verzeletti. Au micro, la surveillante pénitentiaire avait envoyé un message aux militants réunis en conclave, en donnant sa vision du travail de direction : « C’est avant tout un collectif et non une personne qui doit incarner la CGT ». Louant une organisation « plurielle », la responsable syndicale élue au bureau confédéral, cette nuit, avait appelé à sortir du congrès avec une confédération « unie » et « offensive ».

Vendredi 31 mars 2023 Clotilde Mathieu

https://www.humanite.fr/

31 mars 2023 ~ 0 Commentaire

53è congrès cgt (npa)

Crédit Photo Photothèque Rouge

 53e congrès de la CGT : crise ouverte

En pleine mobilisation contre la (contre)-réforme des retraites du gouvernement Macron-Borne, il est difficile d’en peser l’impact sur le déroulement du 53e congrès de la CGT. Dans tous les cas l’issue de la mobilisation pèsera sur l’évolution de la Confédération au-delà du fort mouvement de syndicalisation d’ores et déjà observé.

Depuis le milieu des années 1970, les effectifs des organisations syndicales ont lentement mais d’une façon qui paraît inexorable subi une baisse régulière du nombre de militantEs. Jamais les grandes poussées d’adhérentEs survenues dans la foulée de Juin 36 ou de la Libération de 1945 ne se sont reproduites. Même Mai 68 ou l’hiver 95 n’ont provoqué que de faibles (re)prises de cartes. Toutes ces phases ont frappé toutes les confédérations mais au premier chef la CGT.

Si la CFDT recentrée de la fin des années 1970, pro-Juppé en 95 ou pro-réforme des retraites en 2003 a connu des départs significatifs, son orientation sur le syndicalisme « apolitique » et une tolérance réciproque avec une partie du patronat et des gouvernements lui a permis d’être reconnue comme première organisation syndicale au travers du calcul de la représentativité inscrit dans la loi de 2008.

Des tendances lourdes

Pour la CGT, les orientations dépendantes de celles du PCF et de ses vicissitudes dans le contexte de la guerre froide ont fourni une ossature politique mais aussi une fermeture aux évolutions de la société auxquelles fut plus sensible la CFDT. La politique d’union nationale issue de la Deuxième Guerre mondiale sur un socle d’avancées sociales a amplifié les bases de l’institutionnalisation de la CGT, même si elle a pu être battue en brèche lors des décennies suivantes par la bourgeoisie.

Depuis le milieu des années 1970, le capitalisme français s’inscrit dans la vaste réorganisation des activités économiques à l’échelle mondiale imposée par les crises économiques successives et par la recherche de réponses à la grande peur issue des mobilisations de la fin des années 1960. Les implications sur l’organisation du travail et les conditions de travail sont partout les mêmes : précarisation, individualisation, intensification, rallongement des durées du travail. Le développement massif des filialisations et de la sous-traitance, dans les grands groupes industriels notamment, du télétravail, l’ubérisation de nombre de métiers amplifient la destruction des collectifs de travail, minent les capacités de résistance collective, entament les solidarités. Dans le secteur privé, l’affaiblissement des organisations syndicales, singulièrement de la CGT, est accentué par la répression. Dans le secteur public, les privatisations, les attaques répétées contre des statuts plus protecteurs entraînent les mêmes sentiments d’insécurité sociale et de menaces de la répression.

La chute du Mur de Berlin et la politique des gouvernements Mitterrand ont mis à mal les repères politiques de la CGT profondément liés à ceux du PCF. L’affaiblissement brutal de ce dernier s’est répercuté dans la CGT tout en conduisant à une remise en cause des liens politiques et organisationnels entre les deux organisations (périodes Viannet, Thibault).

Des mobilisations difficiles

Les grandes mobilisations de 1995 (Sécurité sociale et régimes spéciaux des retraites), 2003 (retraites), 2006 (contrat de travail des jeunes), 2010 (retraites), 2017 (réforme du Code du travail), 2018 (statut SNCF), 2019 (retraites) ont à peine influé sur la stagnation établie à partir des années 1990. Si ces puissantes mobilisations ont le plus souvent été portées par de grandes manifestations, les grèves ont été moins importantes, hormis en 1995 et, encore, essentiellement dans le secteur public.

Dans le secteur privé et notamment dans l’industrie, les luttes portées le plus souvent par des équipes CGT, en marge des structures fédérales ou confédérales se sont centrées sur la défense de l’emploi, contre les fermetures d’entreprises. Chez Continental, Sadefa, New Fabris et SBFM (fonderies), Goodyear, Ford, PSA Aulnay des luttes prolongées massives avec un large soutien populaire qui ont parfois permis de repousser des fermetures et des licenciements sans les empêcher complètement. Le dernier grand mouvement de révolte a été celui des Gilets jaunes qui a déstabilisé un temps le gouvernement. Un mouvement socialement hétérogène aux revendications centrées sur le pouvoir d’achat en marge du mouvement syndical qui ne lui apportera qu’un soutien tardif et très inégal.

Au total, le mouvement syndical, depuis des décennies, n’a pas fait la preuve de son efficacité en ce qui concerne  les grandes mobilisations du monde du travail. La principale utilité des organisations syndicales se concentre au niveau des entreprises. Conflits locaux, batailles sur les salaires, défense individuelle des salariés et gestion des œuvres sociales et culturelles constitue la vitrine plus ou moins radicale des syndicats. De plus en plus enfermés dans l’entreprise et avec des moyens institutionnels gravement entamés par la réforme du Code du travail de 2017 : disparition des délégués du personnel, réduction des moyens des Comité d’hygiène sécurité et conditions de travail et des comités d’entreprise devenus Comités sociaux d’entreprise (en gros division par deux du nombre de déléguéEs éluEs ou désignéEs).

L’affaiblissement du syndicalisme a provoqué le retour et le développement de mobilisations qui se construisent en partie ou en totalité hors des cadres organisationnels des confédérations.

Le temps des crises

La CGT, comme la CFDT ou FO, a comme ossature des fédérations et des unions départementales dans un contexte où les grands syndicats d’entreprises ont connu un affaiblissement considérable : secteurs automobile, de l’énergie, des transports, des télécommunication. Des restructurations/privatisations souvent accompagnées par la CGT (EDF-GDF, Air France, PTT) ou à peine combattues (Renault). Une situation qui éloigne les appareils des militantEs, des salariéEs et les privent de moyens matériels essentiels avec une baisse des rentrées de cotisation et une dépendance croissante des structures de « dialogue social » : multiples commissions, négociations aux différents niveaux géographiques, des différentes branches, relations étroites avec des cabinets d’expertise économique ou d’organisation du travail, des mutuelles, la cogestion des retraites complémentaires, de la formation professionnelle, etc.

La réduction du nombre d’éluEs a accentué cet éloignement et concentré sur peu d’éluEs les heures de mandat disponibles. Elle a aussi enlevé des moyens aux Unions locales qui, notamment dans la CGT, sont un support pour l’activité dans les zones industrielles, les petites entreprises et les précaires.

C’est dans ce contexte que la mandature Thibault avait rendu visibles les fractures existant dans la CGT. Le refus par le Comité confédéral national du soutien au traité établissant une constitution européenne (TCE) par une majorité de représentantEs des instances de la CGT (unions départementales et fédérations) a porté sur la place publique des désaccords préexistants.

D’un côté le départ de la FSM et la demande d’adhésion à la CES, de l’autre la tactique syndicale du « syndicalisme rassemblé ». Et une volonté de réorganisation de la Confédération au travers du système de cotisations, de la place et des moyens affectés aux structures intermédiaires (unions locales, unions départementales, unions régionales, fédérations) toujours suspectes de remettre en cause le fédéralisme. Des mesures qui sont soit difficilement mises en place (Cogetise) ou dont la mise en œuvre est constamment repoussée : réduction du nombre de fédérations, mise sous contrôle des UL voire des UD par des unions régionales mises en place par la direction confédérale. Les appareils fédéraux résistent à toutes velléité de réduction de moyens et de prérogatives et nombre d’UD refusent tout contrôle politique.

La crise s’est amplifiée avec la mise en œuvre de la succession de Bernard Thibault et le refus des propositions successives de la direction de Nadine Prigent, Agnès Naton puis Éric Aubin. Puis, finalement, celle malencontreuse, de Thierry Lepaon.

Et maintenant ?

Les débats et les enjeux du 53e congrès vont être largement impactés par la mobilisation engagée contre la contre-réforme des retraites. Mais c’est aussi la première fois qu’un texte d’opposition à celui proposé par la direction confédérale circule dans la CGT. Des réunions plus ou moins formelles de structures appuient ce texte et une proposition de secrétaire général est opposée à celle de la direction sortante.

L’énorme pensum des documents préparatoires au congrès ne facilite pas la prise en compte des débats par les syndiquéEs au-delà de cercles militants endurcis et souvent politisés. Le texte d’opposition est mis en débat par un regroupement de structures (fédérations de la chimie, du commerce, UD 13, 45, 94, etc.) identifiées comme pro-FSM (Fédération syndicale mondiale) rejoint par d’autres structures aux orientations différentes (Cheminots, Énergie, Services publics, etc.)

Plusieurs points ressortent des textes mis en circulation. Tout d’abord une posture plus radicale, opposé au réformisme de la confédération, qui trouve bien des difficultés à s’incarner sous forme de succès significatifs, au travers des politiques des structures concernées. Mais des affirmations qui trouvent un écho auprès d’équipes militantes lassées du dialogue social. Surtout quand celui-ci est battu en brèche par les autres interlocuteurs, patronat et gouvernement.

Le deuxième grief repose sur la volonté d’un retour dans le cadre de la FSM et la désaffiliation de la CSI. Un choix impossible entre deux structures internationales liées à des appareils d’État infréquentables et imprégnés par une corruption largement partagée.

Le troisième conflit est lié aux perspectives d’unification syndicale autour de la FSU et Solidaires. Outre les multiples obstacles placés en travers de cette perspective, l’argument de perte de repères est inconsistant pour une CGT elle-même en recherche d’orientations.

Mais c’est surtout l’actualité qui a amplifié et élargi les motifs de l’opposition. D’une part le refus de l’inclusion des luttes écologiques dans l’activité de la CGT notamment autour d’arguments centrés sur la défense de l’emploi et de l’indépendance énergétique de la France. La participation au Collectif « Plus jamais ça » concentrant toutes les critiques. D’autre part la mise à distance des questions dites sociétales notamment le féminisme et l’antiracisme au nom de la priorité à la lutte des classes traditionnelle. Alors qu’au contraire on ne peut que se féliciter de la prise en charge des mobilisations des sans-papiers par certaines structures CGT et le développement de formations, de prises de positions, d’engagement d’actions sur les questions féministes et de discriminations sexuelles. Un terrain de luttes qui met justement en cause les traditions virilistes du syndicalisme.

Des chantiers essentiels

En septembre 2015, Martinez déclarait « Le syndicalisme, par essence, est réformiste ». En juin 2018, Laurent Berger déclarait : « Le syndicalisme est mortel, quand il montre son impuissance et s’enferme dans la spirale d’une radicalité stérile, où le seul débouché de la journée d’action et de manifestations est la fixation d’une date pour la prochaine ».

La CGT, qui paraît le plus souvent comme plus radicale que la CFDT, FO ou la CFE-CGC, peut-elle se maintenir entre un anticapitalisme de moins en moins affiché et un réformisme de plus en plus affirmé ?

La mobilisation en cours sera de toutes les façons décisive pour le syndicalisme, pour la CGT. Une victoire même partielle modifierait significativement le rapport de forces au bénéfice des salariéEs. Dans le cas contraire, les reculs sociaux risquent de s’amplifier et la crise du syndicalisme de s’approfondir.

Mais dans tous les cas les chantiers du syndicalisme et donc ceux de la CGT resteront ouverts.

D’abord une stratégie, des objectifs « politiques » à (re)définir après l’abandon de la « socialisation des moyens de production » et en actualisant les principes de la Charte d’Amiens autour de la « double besogne ». Ensuite la tactique dans les luttes. La mise au placard du « syndicalisme rassemblé » ne résoud pas la question de la nécessaire unité des salariéEs dans les mobilisations ni celle de la capacité à dépasser l’unité des organisations par celle de celles et ceux qui sont mobiliséeEs. Il s’agit là du point le plus aveugle du syndicalisme : l’auto-organisation, combattue avec acharnement par la grande majorité des confédérations. Le prétexte c’est la représentativité, la stratégie des syndicats, opposées à la spontanéité, suspecte de manipulations politiques. Un sectarisme qui vise à préserver les prérogatives des structures et leur pérennité.

Cette question renvoie à l’inexistante démocratie interne. Certes, la désignation des responsables de structures, du syndicat d’entreprise à la direction confédérale en passant par toutes les structures intermédiaires ne se décident plus dans les locaux du PCF. Mais le mandatement pour les congrès fédéraux ou confédéraux reste entre les mains des appareils ainsi que les propositions pour les candidatures de dirigeantEs. Ces dernières ne mettant pas à l’abri de luttes de fractions plus ou moins politiquement identifiables. Et ces derniers mois ont vu des opérations d’anti-démocratie syndicale que l’on pensait disparues. Par exemple le conflit opposant la fédération des services publics associée au syndicat parisien du nettoiement au syndicat de la petite enfance, puis à l’Union syndicale Ville de Paris, qui a conduit au départ de plusieurs centaines de militantEs, notamment vers la FSU. Ou encore à l’exclusion du syndicat CGT historique de PSA Poissy mise en œuvre par la Fédération de la métallurgie avec l’appui de l’UD 78. Une succession de démissions de membres de la direction confédérale ont également illustré les graves manquements à un fonction démocratique.

Et enfin une réelle prise en compte des combats dits sociétaux. Si des avancées essentielles existent des réticences persistent, alimentées par les tensions internes. Comme le refus de validation d’une déclaration du Collectif inter-organisations de lutte contre les violences sexistes et sexuelles par le bureau confédéral ou le refus de sanction contre les militants coupables de ces violences.

On peut regretter que les débats d’un congrès confédéral ne mobilisent qu’une faible partie du corps militant. Ils reflètent cependant l’état du syndicalisme et des difficultés rencontrées par les militantEs combatifs. Les positionnements connus ou supposés des candidatEs ne sauraient déterminer un positionnement sur des personnes. Les questions soulevées ici de bureaucratisation, de dépolitisation, de refus de toute forme d’auto-organisation ne relèvent pas pas de la compétence ou de la bonne volonté d’un ou une secrétaire confédéralE.

Quitte à se répéter, les semaines de mobilisations qui viennent seront déterminantes pour l’évolution du syndicalisme notamment CGT et au-delà dans l’évolution de la situation sociale.

Jeudi 30 mars 2023

https://lanticapitaliste.org/

31 mars 2023 ~ 0 Commentaire

kemper/quimper

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Jeudi soir, près de 400 personnes devant la préfecture à Quimper devant un portail décoré et des murs éclaboussés de peinture rouge sang.
Des témoignages émouvants des camarades de retour des bassines, la lecture de la lettre des parents de Serge et une grande détermination et colère contre les violences policières, Darmanin et Macron.

 

30 mars 2023 ~ 0 Commentaire

morgan large (fr3)

splann

La journaliste Morgan Large porte plainte pour le sabotage de sa voiture

Deux ans, presque jour pour jour après une première intimidation, la journaliste bretonne Morgan Large, auteure d’un documentaire sur les dérives du monde agroalimentaire breton, vient d’être victime d’un nouveau sabotage de sa voiture. La roue de son véhicule a été complètement dévissée dans la nuit du 23 au 24 mars dernier. Elle a porté plainte.

Le 24 mars dernier, alors qu’elle vient de prendre le volant de son véhicule, Morgan Large s’aperçoit que sa voiture fait un bruit inquiétant. De fait, ce sont les écrous de la roue arrière gauche qui sont presque complètement dévissés. « Mon garagiste m’a dit que je perdais ma roue » indique-t-elle.

La journaliste d’investigation, auteure d’un documentaire sur les dérives de l’agroalimentaire revit le même scénario que deux ans plus tôt, lorsqu’après la diffusion de son enquête, des inconnus avaient déjà dévissé une roue de sa voiture.

Il y avait eu aussi au même moment la double tentative d’effraction dans les locaux de Radio Kreizh Breizh pour laquelle Morgan Large collabore. À cette époque, plusieurs plaintes avaient déjà été déposées. Elles ont fait l’objet d’un non-lieu en décembre dernier.

Ce sont des méthodes quasi-mafieuses

Morgan Large journaliste d’investigation

« Je pensais que c’était derrière moi, que la médiatisation m’avait protégée » avoue-t-elle. Dans la foulée, elle conclut : »ce sont des méthodes quasi mafieuses. »

La journaliste a porté plainte le jour même auprès de la brigade de gendarmerie de Rostrenen. Un document que nous avons pu consulter. Il fait référence à deux témoignages importants.

La confirmation des faits par le garagiste et le témoignage d’une personne qui avait été transportée la veille entre Rennes et le secteur de Carhaix dans le véhicule de la journaliste sans connaître la moindre difficulté.

Une intimidation inquiétante Alan Kloareg

président du Conseil d’administration de RKB

Un nouveau scénario qui, pour Alan Kloareg, Président du Conseil d’administration de Radio Kreizh Breizh est « inadmissible » et « lié à son travail« . Pour lui, « cette intimidation est inquiétante« . Et il ajoute qu’il participe « du climat permissif dans le coin« . Le Conseil d’administration de RKB qui souhaite que « la justice fasse son travail et que le ou les auteurs soient interpellés. »

De son côté, la journaliste cherche à comprendre ce rebond d’intimidation. « C’est flippant. Et j’ai repensé à ce qui s’est passé pour d’autres. Les menaces de morts contre le journal Le Poher, les menaces aussi contre le maire de Callac et celui de Saint-Brévin-les-Pins. »

Une journaliste qui, à l’époque des premiers faits, avait demandé à pouvoir bénéficier d’une protection policière, grâce à la mise à disposition d’un téléphone d’urgence. Une demande qui lui avait été refusée.

Un dossier pour lequel nous avons joint les services de gendarmerie et le procureur sans obtenir de réponse pour l’instant.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

Lire aussi:

Victime de sabotage, la journaliste Morgan Large porte plainte

COMMUNIQUE DU COMITE DU NPA NATHALIE LE MEL

Décidément il ne fait pas beau d’être journaliste en centre Bretagne.Un mois après les menaces d’attentat contre LE POHER à CARHAIX et les intimidations contre ERWAN CHARTIER, c’est à nouveau MORGAN LARGE qui est visée.

Le vendredi 24 mars au matin, elle constate que les boulons d’une des roues de son véhicule ont été  desserrés.Soit deux ans presque jour pour jour après le premier  sabotage de sa voiture,

Morgan Large, qui est régulièrement la cible d’insultes et de menaces pour avoir dénoncé les dérives de l’industrie agroalimentaire en Bretagne, a porté plainte le lendemain à la brigade de gendarmerie de Rostrenen (Côtes-d’Armor).

Pour la rédaction de Splann !, collectif  auquel appartient MORGAN « ce nouvel acte criminel » est une « tentative de porter atteinte à la vie et au travail d’enquête de notre collègue et consœur. En instillant la peur dans la profession, il participe du climat de menaces qui pèse sur la liberté de la presse et sur les lanceurs d’alerte ».

Comme nous l’avons fait pour LE POHER nous apportons notre soutien à MORGAN LARGE.

Une question nous taraude?

Le Pouvoir , notamment DARMANIN, si prompt à vilipender les manifestants contre la Loi Retraite ou ceux de Sainte Soline  assurera-t-il  cette fois la protection d’un journaliste lanceuse d’alerte? Protection demandée par la profession.

Comité NATHALIE LE MEL du NPA

29 mars 2023 ~ 0 Commentaire

philippe poutou (ballast)

philippe poutou (ballast) dans Altermondialisme

Interview publiée par Ballast

Philippe Poutou : « Tout redevient possible »

« Le pays doit se réveiller », vient de déclarer Gérald Darmanin, harceleur patenté et ministre de l’Intérieur. Prenons-le au mot. Car ça tombe bien : le pays montre que réveillé, il l’est bel et bien. En Seine-Maritime et dans les Bouches-du-Rhône, malgré les réquisitions, les raffineries restent bloquées. En Savoie, on mure la permanence d’un député hostile à la volonté populaire. Ailleurs, de nombreux piquets de grève continuent de tenir et certains ont la chance d’être alimentés par des agriculteurs solidaires. On apprend même que sa majesté le roi d’Angleterre ne goûtera pas aux charmes républicains de la culture française. Entre une manifestation « sauvage » et un week-end contre les méga-bassines, nous avons discuté avec Philippe Poutou, syndicaliste et candidat à la présidentielle pour le NPA.

Vous avez déclaré dans un entretien, en janvier dernier, que « le rapport de force est loin de nous être favorable. Il nous manque les outils, tant politiques que syndicaux, pour nous défendre. Tout est à refaire. Seul le mouvement social peut nous redonner un souffle ». Ce souffle, on l’a retrouvé ?

Oui. Je pense que tout n’est pas résolu et qu’on est loin d’une victoire, mais il n’empêche : il se passe énormément de choses depuis janvier. Tout redevient possible. À travers la mobilisation — les grosses manifs, déclarées ou sauvages, les grèves, les blocages —, ce qu’on voit c’est que la confiance revient. De nouveau, on sent qu’on peut agir collectivement, qu’on peut changer les choses collectivement.

Et puis il y a cette idée toute conne, celle d’oser exprimer sa colère ! Oser dire merde au pouvoir, oser dire qu’il y en a marre et que ça va changer, oser se confronter à tout ça, faire des feux de poubelles, manifester à l’heure qu’on veut, quand on veut… Ce qu’on a vu pendant les gilets jaunes — et c’est, d’une certaine manière, un rebond des gilets jaunes. On réapprend à agir ensemble, à se faire confiance. Je pense qu’on a une belle illustration de notre potentiel quand on est comme ça, très nombreux dans la rue, et des conséquences que ça implique.

Un documentaire intitulé Il nous reste la colère est sorti en décembre 2022 à propos de la lutte que vous avez menée dans l’usine Ford de Blanquefort, jusqu’à sa fermeture. Ce titre, ça vaut aussi pour la mobilisation en cours ?

Il nous reste la colère, oui, même s’il ne nous reste pas que ça. On est dans un monde où tout est fait pour qu’on ne se mette pas en colère, comme si ce n’était pas bien, pas constructif. Les dominants, eux, restent calmes. Macron et Darmanin nous insultent très calmement ! Ils nous insultent, ils nous dénigrent, ils nous prennent pour des cons, mais avec calme. Ils ne sont pas en colère, ces gens-là : la colère c’est nous qui l’avons, et ils veulent nous faire culpabiliser pour ça.

Il ne serait pas normal d’être en colère, de crier, de manifester la nuit. Alors il faut qu’on le revendique : on a le droit d’être en colère, d’autant plus dans un monde profondément injuste et dégueulasse. Il faut qu’on l’exprime, et il y a des formes diverses : il peut y avoir une colère calme, ou bien cette colère qu’on voit dans les manifestations ces derniers jours. J’ai participé aux manifestations sauvages à Bordeaux, c’était franchement génial ! Il y a 95 % de jeunes et, paradoxalement, ça se passe avec une certaine forme de sérénité, de détermination calme. La colère, c’est braver ces limites qu’on nous donne, qu’on nous fixe. Et là, oui, on dépasse les limites.

Cette colère, il faut l’organiser, avez vous lancé sur les réseaux sociaux depuis un cortège. Comment ?

On le voit dans les manifs à Paris le soir : les manifestants s’organisent, s’éparpillent, se retrouvent, jouent au chat et à la souris avec la police. D’abord, c’est ludique. Et puis il y a la fierté de riposter avec détermination, parce qu’on a envie de déstabiliser le pouvoir, de faire peur au pouvoir, de montrer qu’on est en capacité de répondre. Il y a une forme d’émancipation, de libération. Ça nous fait sortir de toute une période de résignation et de contrôle. Il y a comme une envie de se libérer de tout ça. C’est une première étape. Mais s’il y a la colère, il n’y a pas que ça. Vous avez raison : comment peut-on rendre la colère efficace ?

Vous nous disiez en 2016, à l’occasion de la mobilisation contre la loi Travail, que « l’efficacité, c’est se rejoindre ». Votre parti, le NPA, propose une rencontre unitaire avec toutes les forces mobilisées à gauche.

Il faut réussir à allier deux choses : le côté unitaire et le côté radical ou, disons, déterminé, du mouvement social. On sait que ce mouvement-là, comme tout mouvement social, engagement ou action, a son versant plus ou moins radical ou combatif. Le mouvement est composé de plusieurs tendances, et c’est ce qui fait sa force. Il y a cette intersyndicale, à qui on peut parfois reprocher de ne pas être suffisamment motrice et combattive, mais qui en même temps permet une unité fondamentale au service du mouvement, et le retour de la confiance.

Tout le monde y a vu la condition d’un mouvement massif. On s’est dit qu’ainsi on pourrait frapper fort. Malgré une pression énorme depuis quelques jours de la part du pouvoir et de Darmanin pour essayer de stigmatiser encore un peu plus ce qu’on appelle les black blocs, l’intersyndicale reste prudente et ne s’en prend pas au côté radical des manifs, comme elle le faisait à une certaine époque.

Il y a une pression mise sur les syndicats pour qu’ils se retournent contre cette jeunesse qui fait des feux dans la rue, mais ils sentent bien que le mouvement, c’est aussi ça. Il faut sortir de cette idée selon laquelle il y aurait une frange quasiment extraterrestre, hors manifs, qui viendrait juste foutre le bordel. Non : le bordel, ça fait partie de la colère sociale. C’est un des aspects du mouvement.

À côté de ça, il faut reconnaître que Macron nous aide beaucoup. Ils sont tellement bourrins ! Je tiens au pluriel, parce que si Macron est un chef d’orchestre, il a un gouvernement et plein de gens autour de lui qui, pour l’instant, assument cette politique-là. Mais leur arrogance, leur sentiment de toute-puissance et d’impunité les amènent à faire des bourdes, à aller loin et à y aller trop fort. Ça contribue à renforcer le mouvement, à le radicaliser. On a le sentiment d’être tellement méprisés, d’être traités de bons à rien, que ça suscite un réveil de la dignité qui nous fait dire stop.

On est conscients qu’il y a à la fois un mouvement syndical, un mouvement politique et des gens qui ne sont pas organisés mais qui s’impliquent tout de même. La jeunesse ne se mobilise pas de manière classique : avant c’était dans les lycées, dans les facs, aujourd’hui c’est beaucoup dans la rue. Alors qu’est-ce qu’on fait de ce mouvement-là ? Tous ces acteurs pourraient se retrouver et faire un point sur la situation pour coopérer, en prenant en compte les différences au sein du mouvement et les respecter, les coordonner, en faire une véritable force qui fasse reculer le gouvernement.

Le NPA, on est une toute petite voix — ce qui nous donne peu d’illusions. Mais on pense qu’il faut au moins poser cette réflexion : il faut plus qu’une intersyndicale ! Il faut une direction ou, du moins, une coordination du mouvement qui permette de montrer qu’on est unis face au pouvoir.

Certains, comme la CFDT, la CFTC ou l’UNSA, pensent qu’il faut se cantonner aux manifs syndicales ; d’autres pensent qu’il faut bloquer ; d’autres qu’il faut une grève générale ; d’autre qu’il faut aussi des combats de rue. Comment on concilie ça ? Il y a un camp social qui est en train de se battre contre le pouvoir, contre un autre camp social. Et pour ne pas perdre ce combat, il nous faut une coordination, une discussion franche sur la manière dont on peut faire évoluer le mouvement.

On fait partie de la fraction radicale, mais ça n’est pas pour ça qu’on pense qu’il faut se détacher de l’intersyndicale. Au contraire : il faut rester unis, coordonnés. On est pour qu’il y ait des manifs comme ça a été le cas le 23 mars dernier, mais on est aussi pour que ces manifs deviennent ce qu’elles sont devenues à Paris ou à Bordeaux. Engageons cette discussion.

Cette confiance retrouvée, c’est peut-être celle qui s’est dissipée devant l’échec d’une alliance entre les forces de gauche lors des dernières élections présidentielles. La rue peut-elle permettre une entente que les formations politiques peinent à assurer ?

C’est bien la force du mouvement social. On pourrait dire que, d’une certaine manière, le début du changement est venu après la présidentielle, même si c’était sur un terrain électoral et institutionnel. La question est celle-ci : comment on reconstruit une force de gauche ? On a tous le sentiment qu’il nous manque quelque chose. On est orphelins. On n’a pas les outils adéquats aujourd’hui pour se défendre.

On l’a vu avec une extrême faiblesse syndicale, un mouvement associatif en perte de vitesse et une gauche politique complètement ratatinée — pas seulement divisée, mais sans perspectives. Les législatives, avec les débats autour de la création de la NUPES, ont permis de retrouver une certaine dynamique sur la base du score de Mélenchon aux présidentielles, qui a été l’expression d’une colère qui commençait à se lâcher, d’un ras-le-bol antilibéral.

Avec toutes les limites de Mélenchon, le score qu’il a fait a marqué le début d’un tournant, que la NUPES a permis de continuer. Avec le NPA, on a participé au début du processus mais on s’est fait éjecter : on était jugés à la fois trop faibles pour peser vraiment et trop radicaux pour bon nombre de personnes qui participaient à la NUPES.

Mais aujourd’hui, on voit bien que ces discussions peuvent prendre une autre direction. Il faut insister sur la nécessité de reconstituer une gauche politique et reconstruire des outils combatifs, qui sont liés à la lutte sociale plus qu’aux institutions. Ça ne veut pas dire qu’il faut s’écarter des institutions, de la bataille électorale, mais ce qui va être déterminant c’est ce qu’on va être capables de faire au quotidien, dans nos quartiers, dans les entreprises, dans la rue.

Ce sont nos outils qu’il faut construire, pas se contenter de ceux qui sont aux mains des élus. On ne veut surtout pas reconstruire la gauche telle qu’on l’a connue, mettre des pansements ou réparer quelque chose qui s’est cassé, on veut faire quelque chose de nouveau. Et le mouvement social peut nous aider à ça. Tel qu’il est composé aujourd’hui, il permet de se demander comment faire ce lien entre le mouvement syndical réformiste qui, de peur de radicaliser le mouvement social, n’ose pas entrer dans une confrontation de classe et adopter un discours très combatif, et un mouvement politique qui pose des questions de fond. Ça permettrait de mieux concrétiser ce dont on a besoin. Le mouvement social crée des conditions nouvelles de discussion.

La répression se durcit depuis une semaine. La violence du pouvoir avait contribué à broyer la révolte des gilets jaunes. Est-ce qu’on doit craindre la reconduction de cette stratégie de la part du gouvernement pour écraser le mouvement ?

Il y a deux leviers. D’une part, le 49.3. Ça fait suite à une stratégie parlementaire qui veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’autre choix : le gouvernement sait mieux que tout le monde dans quel état se trouve l’économie, alors si on n’est pas convaincus, c’est qu’on n’a pas compris. Le seul élan de modestie qu’il a concédé, c’est que ses membres n’ont peut-être pas su très bien expliquer. Nous, on est en bas de la société : on ne peut pas comprendre ce qui se passe, ça nous dépasse, alors heureusement qu’on a des experts au pouvoir ! Il y a une propagande qui nous rabaisse en permanence et nous renvoie dans la position de ceux qui ne comprennent pas, qui ne savent pas et qui devraient accepter les choses. Mais cette fois-ci, on s’aperçoit que ça ne marche pas. Le rejet du 49.3 a montré que ça ne passait plus. C’est le tournant du mouvement.

Quand la propagande selon laquelle il n’y a pas d’alternative ne suffit pas, les dominants remettent en place la répression directe dans la rue. Ils s’attaquent aux manifestants en général et plus particulièrement à la frange radicale de la mobilisation. Et avec des mensonges en plus ! Il faut le dire : Macron, Darmanin, ils sont dingues.

Hier, Darmanin a dit que l’extrême gauche appelle à tuer des flics ! À détruire la République ! Mais d’où il sort ça celui-là ? Tout ça pour justifier la répression. On ne vaut rien. On est des vauriens. On est des gens sur qui on peut tirer : c’est ça que ça veut dire. C’est la justification de la répression politique et de la violence policière qui l’accompagne, qui est l’expression d’une classe dominante qui a décidé de stopper la contestation. Et ça, c’est dangereux, parce que ça n’est pas inefficace : c’est intimidant, ça fait peur. On va retrouver des manifestations dures où les gens auront peut-être plus de difficulté à s’exprimer. Ça va sûrement se traduire par un petit affaiblissement du nombre de manifestants et le gouvernement va en profiter pour dire que les gens ont compris qu’il fallait arrêter.

Il faut prendre au sérieux le combat politique à mener contre la répression, c’est-à-dire comment on la dénonce, comment on mène une campagne qui montre la gravité de la situation, comment on arrive à convaincre de la légitimité du mouvement social et de son durcissement. C’est, finalement, une question d’autodéfense. On est agressés, on est attaqués, il faut qu’on se défende. Maintenant qu’on est dans la rue, ça ne peut pas s’arrêter comme ça. Mais comment fait-on ? On en revient à la question précédente : il nous faut une discussion collective. Comment le mouvement parviendra-t-il à mettre en place une gestion collective ?

On pourrait attendre une forme de solidarité entre les éléments distincts du mouvement, qu’ils soient réformistes ou révolutionnaires. Qu’un Fabien Roussel, par exemple, arrête de condamner la contre-violence des manifestants, qu’une défense collective, notamment sur le plan médiatique, se mette en place.

Tout à fait. Le camp d’en face, le camp bourgeois, est capable de ça lui. On peut imaginer que du côté du pouvoir et au sein du milieu patronal, tout le monde ne partage pas la stratégie de Macron. Certains se disent peut-être même que Macron fait n’importe quoi, et qu’à cause de lui, ils sont dans la merde ! On le voit un peu à droite, avec Charles de Courson par exemple, représentant de la droite aristo, qui se démarque de cette manière-là.

On peut se rappeler d’un François Sureau au moment des gilets jaunes aussi, de ces hauts fonctionnaires qui se posent en défense des droits et des libertés. Mais, malgré ces nuances, il y a bien un bloc bourgeois. Il faut qu’on soit en capacité de faire bloc aussi. On peut très bien ne pas partager la stratégie de ce qu’on appelle les black blocs — même si, encore une fois, ce ne sont certainement pas que des gens en dehors des manifs qui participent aux combats de rue, il y a aussi des syndicalistes avec leurs chasubles CGT et Solidaires —, mais il faudrait que ce mouvement puisse dire : « On ne partage peut-être pas tout, mais face au pouvoir on mène un combat solidaire, on se défend et on ne dénonce pas ce qu’on pourrait considérer comme des violences du côté des manifestants. »

Ce que dit Roussel, c’est déplorable. Mais les syndicalistes, y compris Laurent Berger, sont sur la retenue. Quand ils se démarquent de la radicalisation, ils disent que c’est Macron le responsable de celle-ci. C’est une manière d’être solidaires avec les manifestations radicales. C’est une façon de dire, aussi : ne cherchez pas à nous diviser. Mais ça reste encore trop timide. Il faudrait dire : « Bien sûr, c’est notre camp, on se bat, on ne partage peut-être pas tout dans les formes de combat, mais ça reste notre camp. » On a besoin de montrer notre unité. On ne pourra fragiliser le pouvoir que comme ça. Si le pouvoir voit qu’il y a des failles, c’est dangereux pour nous.

Dans un livre récent, Un « petit » candidat face aux « grands » médias, vous revenez sur le traitement médiatique de vos campagnes présidentielles successives. De la même manière, comment analysez-vous le traitement médiatique de ces trois mois de mobilisation ?

Le traitement de la mobilisation depuis janvier jusqu’à ces derniers jours est intéressant. Depuis le début, le problème de fond que les médias ont à traiter, c’est que le mouvement est populaire. Les chiffres sont dingues : tout le monde voit que les manifestations sont massives dans les grandes villes, à Paris, Marseille, Bordeaux, mais aussi à Guéret, à Bayonne ou à Brive. Partout.

Ce sont des chiffres que les gens n’ont pas vus depuis très longtemps, voire qui n’ont jamais été vus. Mais la popularité se mesure aussi à travers les sondages : 90 à 92 % des salariés et 80 % de la population contestent la réforme. Depuis le début, et même avec des manifs qui partent dans tous les sens, l’opinion publique reste largement du côté de la mobilisation. Les médias le voient : leurs propres téléspectateurs sont opposés à la réforme.

Depuis le début, je trouve que les médias sont sur la retenue. Ils ne sont évidemment pas dans le respect de la mobilisation sociale, mais ils voient qu’il se passe quelque chose d’énorme. Ils se disent qu’ils ne peuvent décemment pas attaquer à longueur de journée les manifestants et les syndicalistes, y compris les gauchos.

La mobilisation a réussi à imposer ça — ce qui montre la force du mouvement. Des éditorialistes, des éditocrates hyper réacs se sont retenus, même des Christophe Barbier ont parfois pu dire des choses étonnamment en faveur du mouvement social.

Je n’ai pas suivi les déclarations de Macron mercredi, parce que j’ai passé toute la journée en manif. Ce que j’ai vu, ce sont les déclarations de Darmanin : le pouvoir passe à l’attaque et les médias devraient suivre. Encore que ça n’est pas si simple : s’ils sont dans une logique de « chiens de garde », ils en ont aussi un peu marre de Macron, ils se rendent bien compte qu’il fait n’importe quoi. Mais la radicalisation du mouvement, la colère qui s’exprime de plus en plus largement, ça fait peur à ces gens-là. Sur CNews, ça parle de révolution, de Robespierre…

Alors qu’on en est quand même pas là ! Les slogans, les tags, beaucoup font référence à la Révolution, à la Commune de Paris dont on a fêté l’anniversaire le 18 mars. Ce sont les revendications d’une partie du mouvement social et on sent que ça suscite une petite peur du côté des médias : et si ça dérapait complètement ?

Ils commencent à exprimer un réflexe de classe, une haine du pauvre qui se révolte. Il y a plus de chances que leurs positions évoluent vers la posture classique du chien de garde et qu’ils se lâchent contre les manifestants radicaux. C’est pour ça : plus on tiendra cette ligne de solidarité du mouvement, plus on sera forts face au pouvoir.

On est à la veille d’une nouvelle manifestation contre les méga-bassines et le gaspillage de l’eau. En octobre dernier, 7 000 manifestants s’étaient déplacés. Face à eux se trouvaient 1 700 flics. Darmanin a annoncé des effectifs deux fois plus importants ce week-end. Vous y serez : pourquoi ?

On considère, avec le NPA, que la mobilisation contre la réforme des retraites et celle contre les méga-bassines sont des combats qui doivent se connecter. Première chose : c’est une confrontation avec le pouvoir. Dans les deux cas, on se confronte aux mêmes personnes — Macron, Darmanin. La question sociale et la question environnementale sont de plus en plus liées, même si on n’aura pas forcément les mêmes acteurs, les mêmes manifestants, du moins pas complètement.

Il y en a qui restent spécifiquement dans les combats environnementaux, qui ne sont pas forcément connectés au mouvement syndical. À l’inverse, on voit que les équipes syndicales, elles, sont de plus en plus investies dans les mouvements environnementaux. On sait qu’on va retrouver demain des gens qui sont dans la rue depuis trois mois. On a besoin de mieux formaliser ce lien entre les luttes, de montrer à quel point c’est le même combat. On fait face à la même répression, déjà.

Ce qui s’annonce est quand même flippant… On ne sait pas si ça va déraper, comment ça va canarder, mais cette fois on sera dans des champs et vu les effectifs de flics prévus, c’est quand même inquiétant. Mais si c’est tendu comme ça, c’est aussi le signe que ça n’est pas rien pour le pouvoir, que ça ne passe pas inaperçu. Il y a quelque chose de fort à faire là-bas ! Donc dans cette bataille comme dans celle des retraites, c’est toujours la question de la démocratie. On a le droit de décider de ce qui nous concerne, de nous organiser. C’est une question politique de fond, celle du pouvoir qu’a la population de décider de sa vie en se confrontant aux décisions des privilégiés et des ultra-riches. Parce que dans tous les cas, c’est la question des fortunes, d’un côté, et de l’intérêt général des populations, de l’autre.

C’est aussi l’occasion de mettre en avant des zones rurales, qui l’ont peu été jusqu’à présent contre la réforme des retraites. Là aussi, les syndicats sont actifs : la Confédération paysanne fait partie des organisateurs de la mobilisation contre les méga-bassines. Il y a un pont qui peut se jeter là ?

Oui. Et moi qui suis syndicaliste depuis longtemps, je vois bien que ce pont se dessine. C’est sûr, la CGT n’est pas la plus sensible aux questions environnementales — on a encore des trucs hyper rétrogrades, dans la CGT Énergie par exemple, sur la question du nucléaire : on sent que ça bloque. Ça se passe plus au sein des équipes syndicales. Je pense notamment à celles qui vivent du côté de Nantes, à proximité de Notre-Dame-des-Landes, ou qui sont du côté d’Albi, où s’est déroulée la protestation contre le barrage de Sivens.

Des syndicalistes se sont retrouvés impliqués dans ces mouvements et dans ces luttes-là — la défense d’espaces verts, les luttes contre des projets immobiliers. Petit à petit, le mouvement syndical s’implique et influence les organisations de l’intérieur. Pour ça, le mouvement anti-bassines est emblématique et fait suite à Notre-Dame-des-Landes. On a intérêt à s’en mêler !

L’eau, c’est un des sujets dont on ne s’occupe pas habituellement, parce qu’on se dit que c’est pour les céréaliers, que c’est important qu’ils puissent irriguer. C’était pareil pour le barrage de Sivens, il n’y avait que quelques habitants directement concernés au début. Et puis après, on se dit merde, avec l’urgence climatique et la catastrophe environnementale en cours, on a intérêt à se mêler de ça !

Parce que des collectivités territoriales qui font n’importe quoi sont en train de nous bousiller la vie. Ils sont en train de tout détruire, alors occupons-nous de ça ! Il n’y a pas que la question des retraites, des salaires ou du service public qui doit nous mobiliser, ne laissons pas les capitalistes de l’agriculture bousiller nos vies !

Samedi 25 mars 2023

https://nouveaupartianticapitaliste.org/

29 mars 2023 ~ 0 Commentaire

édito (npa)

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Violent, raciste, antisocial, antidémocratique… Finissons-en avec le pouvoir de Macron

L’utilisation du 49.3 a renforcé l’illégitimité de Macron et de son gouvernement, minoritaires aux pratiques ouvertement antidémocratiques. Jeudi 23 mars, on a vu dans bien des villes les plus grosses manifestations depuis janvier. Depuis, Macron et Darmanin ont décuplé la répression pour tenter de stopper la révolte.

Scènes de guerre à Sainte-Soline

La veille de la manifestation à Sainte-Soline le 25 mars, Darmanin prédisait des violences pour le lendemain. En réalité, c’est lui qui les organise : dans les champs du Poitou, des milliers de gendarmes défendaient un trou inutile et dangereux avec des armes de guerre, pour sauvegarder les intérêts privés de l’agrobusiness contre celles et ceux qui défendent le bien commun et la répartition des richesses.

Malgré le déluge de grenades, le même jour, des manifestations réussies en défense des sans-papiers et contre le projet Asile immigration dit « loi Darmanin-Dussopt » avaient lieu dans de nombreuses villes. Réussies et déterminées, à l’image de la nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle du 28 mars.

Le mouvement se poursuit

Pour la 10e journée de mobilisation, le mardi 28 mars, la contestation est restée à un niveau très élevé. Les jeunes, déterminéEs et joyeuxEs, prennent désormais une part grandissante dans les cortèges et viennent participer aux blocages. Et si les secteurs les plus en pointe dans la grève ont besoin de renfort, la détermination reste grande : actions de blocage, barrages, occupations, etc. Et les manifestations sont toujours très nombreuses et massives.

Le retrait de la réforme des retraites reste l’objectif des manifestantEs qui ont expérimenté leurs forces d’organisation et de blocage, mais le mouvement social s’engage dans la voie d’une contestation plus globale. Comme au moment de la loi Travail ou lors des manifestations des Gilets jaunes, c’est l’ensemble de la politique du gouvernement qui est dénoncée. Une politique au service des riches, des puissants, des projets écocides et des discriminations envers les étrangerEs. Avec une dimension antidémocratique de plus en plus forte.

Médiation ou affrontement ?

En proposant au gouvernement une « médiation pour trouver une voie de sortie », le secrétaire général de la CFDT cherche un compromis impossible avec le pouvoir. Mais ce pouvoir nous fait la guerre ! D’ailleurs, il a refusé cette médiation, acceptant certes de rencontrer les syndicats mais affirmant, concernant les retraites, ne pas vouloir discuter autre chose que l’application de la loi. Une autre illusion serait de croire que le Conseil constitutionnel pourrait nous faire le cadeau de censurer la réforme. Toute issue positive viendra du rapport de forces que nous construirons dans la rue et dans les lieux de travail.

Pour nos retraites, contre les violences policières, contre les politiques antisociales du gouvernement, notre force reste notre capacité à nous mobiliser et à bloquer le pays. Dans la perspective du 6 avril, prochaine date de grève annoncée par l’intersyndicale, il va falloir continuer d’organiser et développer la riposte : multiplier les actions dans la jeunesse, par des blocages de l’économie, la construction de la grève. Pour nous organiser, nous avons besoin de discuter dans les quartiers, les rues et les champs.

Notre objectif, plus que jamais, est de dégager ce gouvernement et sa 5e République antidémocratique, de mettre en œuvre la vraie démocratie, celle de la rue, de celles et ceux qui produisent les richesses, des organisations du mouvement ouvrier. Nous voulons construire un pouvoir réellement au service du monde du travail et d’un projet écosocialiste.

Mercredi 29 mars 2023

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