Nouveau Parti Anticapitaliste 29

Npa29 Expression des comités Npa: Pays Bigouden, Brest, Carhaix-Kreiz Breizh, Châteaulin, Presqu'île de Crozon, Morlaix, Quimper, et Quimperlé. Seuls les articles signés "Npa" engagent le parti.

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

validisme (ucl)

handicap

Militantisme handi : Les Dévalideuses, à l’assaut du validisme

Depuis 2019, le collectif Les Dévalideuses s’attaque à faire vivre les luttes handies-féministes. En septembre dernier, les militantes ont organisé une action de blocage au métro des Invalides qui a fait grand bruit. Retour sur cette action dont l’organisation permet de mettre en avant les enjeux d’accessibilité des luttes.

Le 17 septembre dernier, les Dévalideuses organisaient une action de blocage de la station de métro Invalides à Paris, pour dénoncer l’inaccessibilité du métro parisien, et plus largement de l’ensemble de la société. Cette action s’inscrivait dans le cadre d’un week-end de séminaire des Dévalideuses, premier et pour l’instant unique moment où les membres de ce collectif, qui existe depuis plus de 5 ans, ont pu se réunir en présentiel. C’est l’occasion de s’interroger sur l’impact de l’inaccessibilité de la société, comme des milieux militants, sur les luttes antivalidistes.

Des parcours militants semés d’obstacles

Le validisme désigne l’oppression structurelle subie par les personnes qui ne sont pas « valides », c’est à dire qui ne correspondent pas aux normes de capacités physiques, sensorielles, psychologiques ou émotionnelles imposées par la société. Depuis plus de 50 ans, des militant·es antivalidistes se mobilisent pour dénoncer les discriminations et la ségrégation qu’iels subissent et faire valoir leurs droits. Pourtant, ces luttes restent peu connues du grand public.

Le validisme est par ailleurs très lié aux autres rapports de domination, le capitalisme, le patriarcat et le racisme notamment. Pourtant, alors qu’on estime à 10 % la part de personnes handies dans la population, peu d’entre elles s’investissent dans les syndicats et autres contre-pouvoirs.

C’est qu’il faut d’abord prendre conscience de tous les freins rencontrés par les militant·es handi·es, pour pouvoir s’organiser et mener des actions dans une société qui leur est particulièrement inaccessible. Comment se réunir ou participer à des manifestations quand les transports, les lieux susceptibles d’accueillir des réunions et l’espace public en général, ne sont pas adaptés aux personnes à mobilité réduite ? [1] Comment communiquer avec des outils qui ne sont pas accessibles aux personnes sourdes ou aveugles par exemple ? Comment s’organiser face à l’exploitation quand on travaille en ESAT (Établissements et services d’aide par le travail) et qu’on n’a le droit ni de se syndiquer ni de faire grève ? [2] Il faut enfin prendre conscience des risques accrus, pour les personnes handies qui se mobilisent : risques graves sur la santé par le Covid dans des espaces où les protocoles sanitaires sont abandonnés ou peu suivis, risque d’être privé·e de soins ou de la présence de son auxiliaire de vie en cas de garde à vue…

Repenser les modes d’organisation

Les militant·es antivalidistes font souvent le choix de la non-mixité, comme c’est le cas pour les Dévalideuses. Pour toutes les raisons qui conduisent les militant·es féministes ou antiracistes à le faire, mais également parce qu’un travail indispensable d’adaptation des outils, du fonctionnement et des modalités d’action est nécessaire pour tenir compte des besoins d’accessibilité de leurs membres, qui peuvent être très divers.

Les Dévalideuses, c’est actuellement une quinzaine de membres actives, et beaucoup de demandes d’adhésion laissées en attente. Pourtant la volonté de s’agrandir et de massifier est bien présente. Mais à chaque nouvelle adhésion se pose la question des besoins de la nouvelle adhérente, et du travail à accomplir pour lui rendre le collectif accessible, ce qui peut parfois conduire à des changements importants d’outils ou de modes de fonctionnement interne. L’ampleur du travail qui doit ainsi être fait est à l’image de l’inaccessibilité de la société et des milieux militants ordinaires.

Depuis les années 1970, les militant·es antivalidistes se trouvent souvent contraint·es à des actions menées par un petit nombre, qui doivent prendre un caractère spectaculaire pour pouvoir aboutir : grèves de la faim, blocages et occupations… (par exemple le 504 sit-in en 1977 aux États-Unis [3], ou les blocages de train et avion menés par Handi-Social à Toulouse en 2018 [4]).

Recette pour une action antivalidiste réussie

L’action des Dévalideuses au métro Invalides a nécessité un important travail de préparation, sur plus de 6 mois en amont. Il a fallu trouver le moyen pour qu’un maximum de monde puisse venir, se loger, et participer à l’action en minimisant les risques. Il fallait aussi s’assurer de la portée médiatique de l’action puisqu’il était difficile de pouvoir compter sur une participation de masse comme sur la possibilité de faire durer le blocage.

Et de ce point de vue, cette action a été une réussite, et un exemple inspirant. Alors que c’était une première pour le collectif, mais aussi individuellement pour la grande majorité des participant·es, tout avait été minutieusement préparé en amont : repérage et transmission d’infos sur l’accessibilité, distribution des rôles, protocole sanitaire, communication, contacts presse, … Et la presse était effectivement bien là, ce qui a permis une visibilité médiatique importante.

À cette visibilité s’est ajoutée celle sur les réseaux sociaux, espace privilégié de militantisme pour nombre de personnes qui n’ont que difficilement accès à l’espace public. Et les retombées pour le collectif sont très prometteuses : les Dévalideuses ont reçu des centaines de messages de soutien, d’encouragement et de remerciement, et presque autant de personnes se sont signalées volontaires pour participer à d’autres actions de ce type. Un nouveau défi pour ce collectif qui depuis travaille d’arrache-pied à un changement d’échelle.

L’engouement qu’a reçu cette action, en particulier parmi les personnes concernées par le handicap révèle qu’il existe une envie et un besoin importants de défendre leurs droits et de lutter contre l’oppression qu’iels subissent. À nous, dans toutes nos luttes, de travailler à ce qu’iels y trouvent leur place !

Julie (UCL Fougères) 6 décembre 2023

https://www.unioncommunistelibertaire.org/

[2] En France, 120 000 personnes travaillent en ESAT mais sont considérées comme des « bénéficiaires » et non des salarié·es. Le droit de se syndiquer et de faire grève ne leur a été accordé que récemment, en novembre 2023 dans la loi « pour le plein emploi », qui attaque par bien d’autres aspects les droits des travailleurs et travailleuses handicapé·es. Nous y reviendrons dans un prochain numéro !

[3] 150 personnes ont occupé pendant 28 jours le bureau du Ministère de la santé à San Francisco, pour exiger l’application de l’article 504 de la loi sur la réadaptation prévoyant l’obligation d’accessibilité des espaces ouverts au public.

[4] Une quinzaine de personnes handicapées ont mené plusieurs actions, bloquant le départ d’un train et d’un avion pendant quelques heures, ainsi qu’un convoi Airbus pendant 24h, pour dénoncer l’inaccessibilité des transports et demander le retrait de la loi ELAN. Iels ont par la suite été ensuite poursuivi·es et condamné·es lors d’un « procès de la honte », dans des conditions indignes révélant l’inaccessibilité de la justice.

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

la rivière (eaux et rivières)

RIVIERE-annonce

  • Le 11 décembre à 20h30 au cinéma La Belle Equipe à Callac.
  • Le 18 décembre à 20h au Studio à Brest
  • Le 11 janvier à 20h30 au cinéma les baladin à Lannion
  • Le 20 janvier à 14h au Cinéma Jeanne d’Arc à Gourin 
  • Le 23 janvier au Ciné-Breiz à Paimpol
  • Le samedi 27 janvier à 20h30 au Ciné Roch à Guéméné

https://www.eau-et-rivieres.org/

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

russie ( aplutssoc)

caca colé

Qui a besoin d’attaques « de viande » ? Andrey Cherepanov : Poutine a besoin d’au moins un million de morts.

Nous publions la chronique des événements courants en Russie, réalisée par Karel, Jean-Pierre et Robert à partir de publications de sites d’opposition russes, exprimant une réalité éloignée des communiqués de la propagande poutinienne.

Document

Source : http://www.kasparov.ru/material.php?id=657254038731C

Selon les rapports officiels de l’état-major ukrainien, au 650e jour de l’ »opération spéciale » de Poutine sur le sol ukrainien, plus d’un tiers de million de militaires russes ont déjà été tués et, au cours des deux derniers mois, environ un millier d’entre eux ont perdu la vie chaque jour, soit une moyenne d’un soldat ou d’un officier par minute et demie.

Mais il ne vaut guère la peine d’être d’accord avec l’affirmation selon laquelle des pertes aussi importantes ont été obtenues en raison de l’indifférence totale à l’égard de leur nombre du chef du Kremlin, qui, selon les expressions figurées des experts militaires, jette littéralement de la viande humaine, chassant ses concitoyens dans le hachoir à viande ukrainien.

Je crois que Poutine n’est en aucun cas indifférent, mais qu’il a un intérêt tout à fait conscient à ce que le nombre de Russes tués et grièvement blessés au cours de « l’opération spéciale » augmente le plus possible. Bien sûr, en présence d’un tapis roulant actif pour pomper les ressources de mobilisation vers le front afin de reconstituer le personnel des unités militaires souvent battues.

Cela s’explique par le fait que lorsque Poutine s’est lancé dans l’aventure militaire, il n’est pas parti de son objectif publiquement annoncé de protéger la population civile du Donbass, prétendument souffrant des « ukronazis » et d’autres absurdités, mais uniquement du désir, à la veille à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire et du centenaire de la formation de l’URSS, pour capturer et soumettre l’Ukraine, la Moldavie, puis, en fonction de la réaction de l’Occident, les pays baltes, l’Arménie et la Géorgie.

Et s’assurant ainsi triomphalement une place dans l’histoire mondiale en tant que « rassembleur des terres russes » au lieu de la place qui lui a été préparée en tant que voleur en chef du Kremlin.

Cependant, un tel plan a échoué en raison d’une préparation incompétente de sa mise en œuvre, mais surtout grâce à la volonté et à la résistance courageuse des Ukrainiens et à l’aide du monde civilisé. Les soldats russes n’ont réussi à occuper qu’une partie de l’Ukraine.

Et maintenant, pour ne pas être connu pendant des siècles comme un perdant honteux, Poutine doit conserver les terres occupées pour la Russie, mettre fin à toute tentative des « traîtres nationaux » de les restituer à l’Ukraine pendant le reste du règne de Poutine et pour plusieurs décennies, idéalement des siècles après.

Cela peut être bien servi par un outil puissant, maîtrisé depuis la Seconde Guerre mondiale : la rhétorique du sang russe versé pour la terre « libérée ». Et plus le sang coulera, plus les prochains volumes de «livres de mémoire» avec les noms des Russes tués et grièvement blessés lors de «l’opération spéciale» seront volumineux – plus ils seront fiables.

Et pour cela, un tiers de million, voire un demi-million de morts de soldats et d’officiers russes semblent un peu minimes. Poutine a besoin d’au moins un million.

Cependant, un tel objectif en termes de morts ne sera pas atteint avec la victoire imminente de l’Ukraine par la libération complète de ses terres de l’occupation. C’est pourquoi la défaite de Poutine dans la guerre criminelle qu’il a déclenchée est d’une importance vitale et intéressante pour les Russes eux-mêmes. Du moins pour ceux qui sont capables de penser.

Andreï Tcherepanov.  10 décembre 2023

https://aplutsoc.org/

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

gaza (the guardian)

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Par Amira Hass

Gaza. «Même si la guerre s’arrêtait demain, les personnes encore en vie n’auraient plus d’endroit où vivre»

A Ramallah [capitale administrative de facto de l’Autorité palestinienne], des représentants politiques ont exprimé leur admiration pour la ténacité des habitants de Gaza face aux plans israéliens, semi-officiels, prévoyant de les expulser de l’enclave et de les réinstaller en Egypte. Mais les habitants de Gaza eux-mêmes démentent ces discours. Ils disent à quel point ils aimeraient partir et échapper à la mort, aux blessures, à la faim, à la soif et à l’humiliation [1].

«Nous restons inébranlables bien malgré nous», disent-ils.

Dans une enquête réalisée en juin, bien avant la guerre, le Palestinian Center for Policy and Survey Research a constaté que 29% des habitant·e·s de Gaza souhaitaient émigrer en raison des conditions politiques, sécuritaires et économiques. En septembre, une série de reportages ont fait état d’une augmentation de l’émigration. Le 6 octobre, l’agence de presse turque Anadolu a décrit les difficultés auxquelles s’affrontent ceux qui partent et a cité un démenti des autorités du Hamas quant à l’existence d’un tel phénomène.

Ce désir de partir a-t-il diminué, pour des raisons nationalistes et patriotiques, au cours d’une guerre qui menace la vie de chaque homme, femme et enfant de Gaza?

Selon des informations parvenues à Ramallah, en Cisjordanie, les frais nécessaires pour organiser un départ par le point de passage de Rafah s’élèvent entre 6 000 et 7 000 dollars par personne, contre 4 000 à 5 000 dollars il y a un mois. L’une des personnes les plus riches de Gaza aurait payé environ 250 000 dollars pour faire sortir 25 membres de sa famille élargie.

Ces paiements sont connus sous le nom de «frais d’organisation», un euphémisme pour désigner un bakchich versé à des entités inconnues. On parle d’une société égyptienne qui coordonnerait les sorties. Un médiateur palestinien serait également impliqué.

Les habitants de Gaza qui doivent «organiser» leur sortie et payer des sommes considérables sont ceux qui n’ont pas la chance d’avoir la double nationalité ou d’avoir un parent au premier degré possédant une nationalité étrangère. Ils n’ont pas de visa pour vivre dans un autre pays, ou n’ont pas un emploi dans une organisation internationale qui leur a permis d’établir des liens avec une ambassade étrangère qui les a assistés pour sortir.

Comment une famille ordinaire de huit personnes qui n’a pas la chance d’appartenir à l’une de ces catégories peut-elle obtenir l’argent nécessaire pour payer un bakchich ou des «frais d’organisation»?

Partir, ou même parler de partir, est déchirant pour toutes les personnes concernées. Les rares personnes qui peuvent partir, quelle qu’en soit la raison, laissent derrière elles des parents, des frères et des sœurs plus âgés.

Souvent, ceux qui restent sont malades, handicapés et/ou dépendent de leur famille pour les transporter d’un abri à l’autre ou pour s’occuper de leur bouteille d’oxygène [les cas de détresse respiratoires sont nombreux, en partie liés aux bombardements]. Tous ceux qui partent savent que c’est peut-être la dernière fois qu’ils voient, serrent et embrassent leur mère de 80 ans ou leur sœur qui lutte contre un cancer.

Comme c’est le cas dans toutes les guerres, où qu’elles se déroulent, ceux qui disposent des ressources financières et/ou d’un statut social dû à leur origine familiale ou à un niveau d’éducation élevé sont généralement ceux qui sont les mieux à même de s’enfuir.

Mercredi 6 décembre, 723 personnes ont quitté la bande de Gaza, selon le rapport quotidien publié par les autorités du point de passage de Rafah. Trois d’entre elles étaient des blessés accompagnés de trois accompagnateurs, 20 membres d’une délégation italienne et 703 détenteurs de «passeports étrangers». (Les données indiquées dans le rapport ne correspondent pas au total mentionné).

Le 2 décembre, 862 personnes considérées comme «étrangères» sont parties; la plupart d’entre elles, mais pas toutes, sont des habitants de Gaza. En outre, 12 blessés et un malade nécessitant des soins médicaux à l’étranger sont sortis, accompagnés de 16 accompagnateurs, ainsi que de trois membres du personnel de l’ONU. En tout, 894 personnes. Le même jour, le nombre de personnes entrant à Gaza était de deux résidents et de «trois morts» (pour des raisons non expliquées).

L’admiration pour la ténacité des habitants de Gaza entre également en contradiction – sur le plan émotionnel et éthique – avec le fait que les Palestiniens sont convaincus qu’Israël mène une guerre d’anéantissement contre la population à Gaza. En d’autres termes, il commet un génocide. N’est-il pas logique que les gens fuient ceux qui ont l’intention de les anéantir, surtout lorsqu’il ne s’agit que de traverser la frontière?

«N’y a-t-il personne (dirigeant arabe/émissaire de l’ONU/émir/roi) qui puisse faire pression sur l’Egypte (soutenue par le Qatar, le Royaume d’Arabie saoudite et même la Jordanie) pour qu’elle autorise les civils de Gaza à franchir le point de passage de Rafah, où ils pourraient sortir de la zone de guerre et recevoir l’aide de l’ONU et du CICR?

C’est l’endroit logique où il faut aller.» C’est ce qu’un lecteur anonyme m’a écrit en anglais, faisant écho aux appels lancés par des hommes politiques, allant de la formation d’extrême droite Parti sioniste religieux jusqu’au parti Yesh Atid («Il y a un futur») de Yair Lapid. En fait, cette volonté israélienne d’expulser les Palestiniens est déguisée en préoccupation humanitaire. Quoi qu’il en soit, ces propos se sont un peu calmés, probablement face à l’opposition de l’Egypte et des Etats-Unis.

Mais lorsque Washington a opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat [le vendredi 8 décembre], cela ne fait qu’accroître la pression sur l’Egypte pour qu’elle ouvre la frontière. Les bombardements et les combats ont détruit la plupart des bâtiments et des infrastructures de Gaza. Même si la guerre s’arrêtait demain, les personnes encore en vie n’auraient plus d’endroit où vivre [2].

Quel que soit le vainqueur, la reconstruction prendra de nombreuses années. Chaque habitant de Gaza est aujourd’hui confronté au dilemme suivant: quelle est la bonne chose à faire? Partir (si c’est possible) pour sauver sa vie ou rester dans une Gaza «bombardée jusqu’à revenir à l’âge de pierre» pour le bien du patriotisme et de la nation.

(Article publié dans le quotidien israélien Haaretz le 11 décembre 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

11 décembre 2023 Alencontre Amira Hass

https://alencontre.org/

[1] Parmi les nombreux témoignages traduisant les conditions infra-humaines dans lesquelles sont condamnés à survivre des dizaines de milliers de Palestiniens et Palestiniennes, forcés par l’armée israélienne de rejoindre la zone d’Al-Mawasi, on peut citer un de ceux reproduits par la BBC en date du 9 décembre: «Mona al-Astal, qui s’est également réfugiée à al-Mawasi, dit qu’elle est tenue éveillée toute la nuit par le bruit des bombardements. Médecin, elle dit avoir été forcée de quitter Khan Younès après que la maison de son voisin a été bombardée. Mona décrit également le manque d’eau, d’électricité et de fournitures dans cette zone “humanitaire”. Elle dit avoir été obligée d’acheter une tente et d’autres fournitures pour 300 dollars. Elle raconte qu’elle a vu des gens entrer par effraction dans un entrepôt de l’agence des Nations Unies parce qu’ils “avaient tellement faim, ils n’avaient rien à manger”. Pour ne rien arranger, des maladies liées à des parasites, ainsi que la varicelle et des infections intestinales se sont répandues parmi les enfants. “Chaque jour qui passe accroît le danger pour nous”, ajoute Mona.» (Réd.)

[2] Le quotidien canadien La Presse, en date du 9 décembre, rapporte ce que lui a communiqué rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à un logement: «Le niveau de destruction des bâtiments civils “rend tout retour à la normale à Gaza extrêmement difficile, voire impossible, une fois que le conflit sera terminé”, estime M. Rajagopal, qui appuie ses conclusions sur les relevés de destruction les plus récents et les commentaires de plusieurs dirigeants israéliens.» (Réd.)

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

strasbourg (débat-manif)

strasburg

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

obésité (the conversation-radio france)

porcs

Lutter contre l’obésité avec des fibres

Au niveau mondial, l’obésité a triplé depuis 1975. Selon les derniers chiffres de l’organisation mondiale de la santé, presque 2 milliards d’adultes étaient en surpoids ou obèses, et parmi eux, 650 millions obèses – soit 13 % de la population mondiale. Un surpoids est défini par un indice de masse corporel (IMC) compris entre 25 et 30, une obésité lorsque ce dernier dépasse 30.

En 2020, la prévalence de surpoids et de l’obésité est de 47,3 % dans la population française (17 % de personnes obèses), avec une tendance à la hausse. Du fait que l’occurrence de nombreuses pathologies chroniques est plus élevée chez des populations obèses ou en surpoids (diabète de type 2, pathologies cardiovasculaires…), de nombreuses politiques publiques se sont mises en place pour enrayer cette augmentation constante de l’obésité et du surpoids,notamment le PNNS (Programme national nutrition santé en France).

Parmi les repères nutritionnels et les objectifs du PNNS, il est recommandé d’augmenter la part des fibres dans notre alimentation pour prévenir l’occurence de l’obésité et des pathologies associées mais aussi pour lutter contre l’obésité installée. Cela passe notamment par une augmentation de l’ingestion des fruits et légumes, des céréales complètes ou des légumineuses par exemple.

En effet, il existe un écart important entre la consommation de fibres alimentaires dans la population française et les recommandations du PNNS (30 g). Or, une consommation accrue de fibres alimentaires est connue pour être inversement corrélée avec la prévalence des pathologies chroniques associées à l’obésité.

Du pain enrichi en fibres fermentescibles

L’augmentation de l’ingestion de fibres, en particulier fermentescibles (celles dégradées par le microbiote intestinal) ont montré, dans des études cliniques contrôlées, un effet bénéfique sur l’insulino-sensibilité et donc la diminution de l’apparition du diabète et des pathologies cardiovasculaires. Les fibres fermentescibles sont présentes dans les légumineuses, les céréales complètes, les fruits et les graines en particulier.

Pour corriger cette déficience, nous avons mis au point un pain enrichi en fibres fermentescibles potentiellement capable d’augmenter la sensibilité à l’insuline et donc limiter le développement du diabète. Un mélange de fibres fermentescibles a été développé sur une base de 20 % d’inuline, 20 % de pectine et 60 % d’amidon résistant.

Ainsi, la consommation de 250g (soit environ une baguette) de ce pain apporte 25g de fibres et permet d’atteindre, voire de dépasser, les recommandations du PNNS dans le cadre d’une alimentation saine.

Nous avons testé ce pain sur un modèle animal en cours de développement de l’obésité et nous sommes intéressés à la courbe de prise de poids des animaux en présence ou non du pain enrichi en fibre. Nous avons par ailleurs montré des effets métaboliques intéressants de ce pain enrichi en fibres sur le métabolisme de muscle et en particulier sur son métabolisme énergétique.

Nous avons utilisé comme modèle animal le mini porc, car ce dernier présente la particularité d’être relativement proche de l’humain du point de vue de la taille, la physiologie digestive, la composition de son microbiote intestinal et surtout de la réponse de nombreux paramètres physio-métaboliques à la surnutrition et à l’obésité.

Des résultats prometteurs chez l’animal

Ces mini porcs sont ainsi nourris afin qu’ils développent de l’obésité : ingestion de 800g d’un régime enrichi en graisse et sucre (apport énergétique largement supérieur à leurs besoins). Les mini porcs reçoivent de plus : soit 250 g de pain à base d’une farine raffinée pauvre en fibres, celle que l’on retrouve dans les baguettes blanches (T = Témoin) soit 250g d’un pain enrichi en fibres fermentescibles (F = Fibres).

Les fibres fermentescibles ont été choisies, car elles sont dégradées dans le colon par le microbiote intestinal, générant des molécules appelées acides gras à chaînes courtes (butyrate et propionate en particulier) connues pour avoir des effets bénéfiques sur la santé, en particulier sur la santé métabolique et la sensibilité à l’insuline. Nous avons choisi un mélange de fibres pour permettre la synthèse d’une grande variété d’acides gras à chaînes courtes.

Le pain enrichi en fibres a permis de limiter la prise de poids induite par le régime riche en graisse et sucre (-15 % de prise de poids chez les animaux F relativement à T). Ceci s’est également traduit par un moindre stockage des graisses dans leur foie. Par ailleurs, les fibres fermentescibles présentes dans le pain des animaux F ont aussi permis de stimuler, dans le muscle, l’expression de nombreux gènes impliqués dans la dégradation complète des acides gras (graisses) ainsi que dans l’activité mitochondriale (la centrale énergétique de nos cellules). En plus des enzymes impliquées directement dans la dégradation et l’utilisation des lipides dans les mitochondries, l’expression génique de nombreux facteurs de régulation des activités mitochondriales est également augmentée chez les animaux F, suggérant là encore une limitation du stockage des graisses et une augmentation de leur utilisation.

Parmi les éléments pouvant expliquer l’effet des fibres fermentescibles sur l’utilisation des graisses à des fins d’oxydation plutôt que de stockage dans le muscle, nous supposons l’action des acides gras à chaînes courtes (butyrate et propionate) connus pour limiter le diabète et augmenter l’insulino-sensibilité. En effet, sur ces mêmes animaux, nous avons vu, une augmentation du butyrate et du propionate dans les fécès ainsi que dans le sang émis par l’intestin en veine porte chez les animaux ayant eu le pain supplémenté en fibres fermentescibles. Par ailleurs, une augmentation de l’expression de récepteurs de ces mêmes acides gras dans le colon a également été montrée, suggérant une augmentation de la sensibilité des animaux supplémentés en fibres vis-à-vis acides gras à chaînes coutes.

L’ingestion de quantités raisonnables de pain enrichi en fibres fermentescibles est donc un moyen efficace de se rapprocher des apports recommandés en fibres par le PNNS, mais aussi de limiter la prise de poids en favorisant le catabolisme musculaire des lipides. Les effets de la supplémentation en fibres ne se limitent donc pas à la prise de poids mais ont des effets majeurs sur l’utilisation des lipides dans l’organisme, en particulier au niveau musculaire. Ce pain pourrait être recommandé pour les personnes en surpoids afin qu’elles puissent, sans régime amaigrissant, éviter de prendre du poids. La mise à disposition de ce type de pain pourrait également limiter l’arrivée de perturbations métaboliques associées à l’obésité comme le développement de l’insulino-résistance puis du diabète sur le long terme.

10 décembre 2023,  Université Clermont Auvergne apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation FR. The Conversation France

Isabelle Savary-Auzeloux Chercheuse en nutrition, Université Clermont Auvergne (UCA)

https://theconversation.com/

Santé : l’obésité et le surpoids touchent près d’un Français sur deux

Le billet sciences Anne Le Gall
Près d’un Français sur deux se trouve en surpoids et le taux d’obésité a doublé en l’espace de 30 ans en France. C’est ce que rappelle une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et du CHU de Montpellier.

Le surpoids touche 47% des Français, et l’obésité concerne 17% des adultes. Ces chiffres de 2020 (qui sont les derniers disponibles) montrent également des différences régionales : l’obésité concerne davantage les Hauts-de-France et le Grand-Est que l’Île-de-France, les Pays de Loire ou le Sud-Est.

Mais globalement, ces chiffres dessinent une trajectoire française inquiétante, explique Annick Fontbonne, chercheuse à l’Inserm, qui a co-dirigé cette étude* présentée lundi 20 février : « Les Français ont pendant longtemps gardé un poids à peu près normal par rapport à tous leurs voisins européens, mais là, on a une pente qui apparemment est plus forte que celle décrite par l’OMS pour la région Europe. » Cette hausse de l’obésité est particulièrement marquée chez les jeunes Français, les 18-34 ans. Depuis 1997, l’obésité chez les 18-24 ans a été multipliée par plus de quatre, et par près de trois chez les 25-34 ans. Avec, à la clé, une augmentation du risque à long terme de maladies cardiovasculaires, de diabète et de nombreuses formes de cancers.

Cette augmentation de l’obésité en France s’explique avant tout par l’alimentation, plus que par le manque d’exercice, disent ces chercheurs. Le problème, c’est l’augmentation de la part d’aliments industriels dans les menus, car un gramme d’aliment ultra-transformé a une densité calorique plus forte que le même aliment préparé à la maison.

Évidemment, derrière ce recours aux plats préparés, il y a la question du pouvoir d’achat et du manque de temps. C’est pour cela que les chercheurs insistent sur le rôle des politiques publiques, qui doivent aider les Français à faire des choix alimentaires plus sains. Le nutri-score est une bonne chose, mais ça ne suffit pas.

Une nouvelle génération de traitements

À côté des solutions chirurgicales, réservées aux cas d’obésité sévère, il y a actuellement une nouvelle génération de traitements qui arrive. Ces médicaments (déjà connus dans le traitement du diabète) miment l’action de certaines hormones intestinales et contribuent à réduire l’appétit.

Les essais cliniques montrent des effets encourageants avec une perte pouvant dépasser 10% du poids total, mais les médecins manquent encore de recul sur les effets secondaires. D’autres données de sécurité sont attendues, avant la mise sur le marché de ces nouveaux médicaments pour traiter l’obésité.

Anne Le Gall Radio France 21/02/2023

https://www.francetvinfo.fr/

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

engrais (amis de la terre)

Le business des engrais, au mépris de l’environnement et de la justice sociale

Engrais chimiques et respect de l’environnement, l’équation impossible

Les engrais azotés sont intrinsèquement liés aux énergies fossiles, et donc à l’emballement climatique et aux évènements météorologiques extrêmes. Et pour cause : encore aujourd’hui, la quasi-totalité (98%) des engrais azotés industriels sont fabriqués à partir d’énergies fossiles. Résultat : à l’échelle mondiale, 30% de la consommation énergétique est dirigée vers l’agriculture1.

À l’échelle française également, le constat est édifiant : les engrais sont responsables de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole2. Et les perspectives pour l’avenir ne sont guère enthousiasmantes. L’augmentation de la demande d’engrais de synthèse est telle que même dans le scénario le plus optimiste de l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), d’ici 2050, plus de la moitié du gaz fossile serait destiné à la production d’hydrogène, élément clé pour fabriquer de l’ammoniac, qui est à la base des engrais azotés3.

Par ailleurs, le engrais azotés, couplés avec l’élevage industriel, provoquent une surcharge de nitrates dans les nappes phréatiques, ce qui réduit la quantité d’oxygène présente dans les eaux des rivières. Ce phénomène a comme conséquence la prolifération des algues vertes.

Les engrais, synonymes d’injustices sociales

Le prix des engrais azotés étant fortement dépendant des aléas du marché des énergies fossiles, la guerre en Ukraine a entraîné une montée en flèche de ce prix. En 2022, le coût des engrais a ainsi atteint des pics qui n’avaient pas été tutoyés depuis 1997. Qui dit hausse du prix des engrais, dit hausse des coûts de production des produits alimentaires, et donc in fine, hausse du prix de l’alimentation pour les consommateur·ices. Ainsi, selon le Directeur du Programme Alimentaire Mondial, la guerre en Ukraine a poussé 70 millions de personnes au bord de la famine, principalement en raison de la hausse du prix des engrais4.

Et qui tire profit de phénomène ? Les grands industriels producteurs d’engrais tels que Yara, dont les bénéfices ont été multipliés par plus de six entre 2021 et 20225. Notons que pendant la crise des prix de l’énergie, les coûts grandissants des engrais ont été en partie absorbés par les États importateurs, à travers des dispositifs d’aides publiques pour venir en aide aux agriculteur·ices. En clair, c’est toute une partie de l’argent public qui est allée remplir les poches des actionnaires des puissances industrielles productrices d’engrais. Et si l’argent public était plutôt alloué à la transition et l’agro-écologie, pour une meilleure résilience et une plus juste répartition des richesses ?

Hausse des prix du gaz : notre dépendance aux engrais menace notre sécurité alimentaire.

Sarah Champagne

« Face à ce système à bout de souffle qui nous appauvrit collectivement et nous enfonce dans l’insécurité alimentaire, les multinationales tentent de verrouiller un système qui leur assure des profits mirobolants. Pour cela, elles ont forgé l’illusion des engrais décarbonés, illusion qui n’est rien de moins qu’une fausse solution. »

Sarah Champagne Chargée de campagne agriculture aux Amis de la Terre France

Le piège des engrais « décarbonés »

Alors que l’impact climatique des engrais azotés n’est plus à démontrer, les industriels redoublent de créativité pour maintenir leurs profits. C’est ainsi que le mythe des engrais « décarbonés », prétendue solution miracle pour le climat, a convaincu l’État (non sans l’intervention des lobbies). Hydrogène « bleu » (censé servir de transition vers l’hydrogène « vert »), capture et stockage de carbone (CCS, carbon capture and storage), ou encore compensation carbone… Ces technologies soi-disant « décarbonées » ne sont rien de moins qu’une illusion orchestrée de toute pièce par l’agro-industrie.

En effet, l’hydrogène « bleu » consiste simplement à ajouter un procédé de capture et stockage de carbone lors de la production d’hydrogène.

La technique de capture et stockage de carbone (CCS), qu’est-ce que c’est ?

C’est une technique qui consiste à neutraliser les émissions de CO2 via leur captation directement au niveau des postes d’émission, puis leur stockage dans des substrats géologiques, des mines, les fonds océaniques ou encore les sols. Or, ce procédé est immature, très coûteux, et constitue un argument de greenwashing massivement utilisé aujourd’hui par l’industrie fossile pour justifier le développement de nouveaux projets pétro-gaziers.

Loin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les équipements de CCS visant à produire de l’hydrogène « bleu » réclament, au contraire, plus d’énergie, et, par extension, plus de gaz fossile6.

Mais alors, qu’en est-il de l’hydrogène « vert » ? Issu d’une production à partir d’électrolyse (technique nécessitant de l’eau et de l’électricité issue de sources renouvelables), l’hydrogène vert coûte deux à trois fois plus cher que les méthodes traditionnelles plus polluantes7 et consomme énormément d’eau, ressource qui se raréfiera dans les prochaines décennies.

Les solutions ne peuvent être confiées aux mains de l’agro-industrie. Toute l’attention des pouvoirs publics doit se tourner vers les véritables solutions, qui existent et sont éprouvées.

L’agroécologie paysanne : l’urgente et nécessaire transition

Aux Amis de la Terre, nous revendiquons une réduction drastique et immédiate de la production et de l’usage des engrais azotés. Il est prouvé8 qu’il est possible de réduire drastiquement notre consommation d’engrais de synthèse, tout en assurant la sécurité alimentaire de la population mondiale. C’est pourquoi nous demandons immédiatement la mise en place des alternatives efficaces, éprouvées et respectueuses du vivant et des écosystèmes, que sont :

La sortie de l’élevage industriel et de l’agriculture intensive

L’agriculture biologique et la polyculture-élevage, moins dépendantes des engrais que l’élevage intensif et les monocultures, doivent bénéficier de davantage d’aides publiques. Par ailleurs, il est nécessaire de réduire drastiquement le nombre d’animaux d’élevage en France, surtout lorsque l’on sait que 80% des engrais servent à produire de l’alimentation pour les animaux d’élevages.

Une réforme de la Politique Agricole Commune (PAC)

Aujourd’hui, la PAC favorise l’agrandissement des exploitations et tend donc à renforcer un modèle agro-industriel délétère pour l’emploi paysan, le climat et la biodiversité. Avec le Collectif Nourrir, nous portons plusieurs propositions concrètes pour que la PAC assure un revenu décent aux agriculteur·ices et opère enfin un vrai tournant vers l’agroécologie.

Le développement des légumineuses

Contrairement aux engrais azotés, déployer les légumineuses dans les rotations de cultures assure un apport direct d’azote aux plantes, et sans dommages pour l’environnement. Ainsi, l’OCDE a calculé qu’en Finlande, une production intensive de légumineuses permettrait de réduire l’utilisation d’engrais azotés de 60%, ainsi que celle d’énergies fossiles9. En agroécologie, la culture des légumineuses permet également de piéger le carbone dans les sols. Peu gourmandes en eau, les légumineuses améliorent le rendement des cultures céréalières (de 20% en moyenne, et davantage en l’absence d’engrais azotés10) et permettent de réduire les émissions de protoxyde d’azote, par rapport aux engrais azotés.

Nous nous trouvons aujourd’hui face à un enjeu vital de justice climatique et de sécurité alimentaire. Engraisser les poches des actionnaires de l’agro-industrie ou respecter les limites planétaires en défendant l’emploi paysan, il faut choisir !

10 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

le balai libéré (politis)

Balai libéré affiche

« Le Balai libéré », ou ce que le capitalisme a fait au rêve autogestionnaire

Dans un documentaire brillant, Coline Grando remet au goût du jour l’expérience autogestionnaire des ouvrières du ménage de l’Université catholique de Louvain (UCL) dans les années 1970, en interrogeant sa faisabilité aujourd’hui.

50 ans plus tard, le personnel de nettoyage de l’UCLouvain rencontre les travailleuses d’hier, avec cette question : travailler sans patron, est-ce encore une option ?
 C’est une histoire que beaucoup avaient oubliée. Sans doute que certains préféraient ne pas trop la raconter, de peur qu’elle inspire. Celle du Balai libéré, nom d’une entreprise coopérative de nettoyage créée en 1975, après que des ouvrières eurent licencié leur patron, engendrant alors une expérience autogestionnaire de 14 ans. À l’Université catholique de Louvain (UCL) en Belgique, les travailleurs et travailleuses d’aujourd’hui n’en ont jamais entendu parler. C’est ainsi que s’ouvre ce documentaire d’une heure et demi. Des interviews face caméra de celles et ceux qui nettoient quotidiennement les 350 000 mètres carrés de cette faculté. Des femmes, des hommes pour qui le nom de cette expérience, Le Balai libéré, n’évoque rien.

Cette approche de Coline Grando fait la force de son documentaire. Alors que l’on aurait pu s’attendre à la narration mythifiée d’une expérience passée, la réalisatrice a préféré la raconter en l’interrogeant avec la réalité de celles et ceux qui travaillent aujourd’hui. Avec une question en toile de fond : cette utopie serait-elle possible aujourd’hui ? Tout au long du film, nous suivons donc la rencontre des autogestionnaires d’hier, avec les ouvriers d’aujourd’hui, sous-traités, esseulés. Ils ont fait et font le même métier, mais de manière très différente. Celles du Balai libéré racontent leur fierté d’avoir pris en main leur outil de travail, en licenciant un patron « inutile et parasitaire » et en s’organisant pour être mieux payées, plus nombreuses, avec de meilleures conditions de travail.

Les ouvriers du ménage d’aujourd’hui parlent d’autre chose : des cadences, de la rationalisation, de la solitude. Ils ne se connaissent que peu entre eux. Sont seuls pour nettoyer des centaines de mètres carrés. En les suivant dans leurs tâches quotidiennes, l’habile caméra nous montre cette solitude. Seuls à astiquer un amphithéâtre, des salles de cours, des sanitaires, dans un silence que le bruit du chariot et de l’aspirateur vient uniquement rompre.

Méthodique solitude

C’est aussi cela qui fait la réussite de ce film : ne pas imposer lourdement ce qui se dévoile, comme une évidence, au fil des séquences. Ce que le capitalisme a fait au rêve autogestionnaire. En organisant méthodiquement l’esseulement des salariés, en imposant des appels d’offres où le prix (et donc les conditions de travail) reste un critère prépondérant, en facilitant la sous-traitance, en créant le maintien dans la peur de perdre son emploi : autant de critères empêchant toute constitution de force collective.

Pourtant, la rencontre des femmes de ménage des années 70 avec celles et ceux d’aujourd’hui permet de briser ce qui apparaît, au début, comme une spirale inéluctable. Au fil des discussions, des visionnages d’archives, des partages d’expérience, naît dans la tête de nombreux travailleurs cette question qui risque de ne pas les quitter de sitôt : si elles ont réussi, pourquoi pas nous ?

À savoir

Le film de Coline Grando, Le Balai libéré, sort en salle le 13 décembre. Une projection-débat est organisée le 15 décembre à 20 heures au cinéma le Saint-André-des-Arts à Paris. Un débat animé par Carole Rouaud de Politis, en présence de la réalisatrice, de la députée Rachel Kéké et de Pierre Jequier-Zalc, journaliste à Politis.

Pierre Jequier-Zalc  • 7 décembre 2023

https://www.politis.fr/

10 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

sncf (lutte ouvrière)

sncfSNCF – Rennes : débrayage au Technicentre Industriel

De grosses opérations de maintenance, prévues ces prochaines années sur les trains, vont nécessiter d’augmenter la production de pièces. C’est la raison mise en avant par la direction du Technicentre (TI) de Rennes pour faire passer une partie des 350 travailleurs de l’atelier en équipe de nuit.

Au mois de juillet, la direction avait commencé à réunir les travailleurs en petits groupes pour les convaincre, prime à l’appui, de cette nécessité du passage en nuit. Si certains ont accepté, tous le vivent comme un sacrifice supplémentaire pour réussir à finir le mois : pour que le salaire dépasse les 1 500 euros, il faut des années d’ancienneté. Il s’y ajoute l’aggravation des conditions de travail, avec les cadences en augmentation, les cheminots régulièrement chronométrés sur leur établi, le matériel de plus en plus vétuste et difficile à obtenir, la température, toujours plus basse dans l’atelier chaque hiver, économies de chauffage obligent.

Le 24 novembre, 70 ouvriers ont débrayé à l’appel de la CGT. Une prime ayant été octroyée dans d’autres services pour la « bonne régularité des trains », les cheminots du TI de Rennes réclament eux une prime de 700 euros. Si la direction raconte toute l’année que les cheminots sont « Tous SNCF », qu’elle verse donc la prime à tout le monde ! Lors du débrayage, les cheminots ont décidé de monter ensemble la voir. Ils ont d’abord pu y apprécier le chauffage, certains faisant remarquer qu’ils n’avaient plus les moyens de chauffer autant chez eux. Puis, ils ont pris la parole, répondu au mépris quotidien de la direction, et posé le problème des salaires trop bas.

La direction, surprise du nombre de cheminots présents, a sorti ses phrases creuses habituelles, sans rien céder. Mais ceux qui ont débrayé en sont fiers. C’était la première fois pour certains, et l’ambiance dans l’atelier a changé.

S’être retrouvés pour dire ce dont ont besoin les travailleurs est un bon début. Au TI de Rennes, il n’est pas dit que les débrayages s’arrêtent de sitôt.

Correspondant LO 06 Décembre 2023

10 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

quimper (lutte ouvrière)

manif hopital

Hôpital de Quimper : les Urgences à bout de souffle

Depuis plusieurs semaines, le personnel des urgences du Centre hospitalier de Quimper se mobilise pour dénoncer la situation catastrophique de son service.

Alors que sa capacité d’accueil est de 22 personnes, plus d’une cinquantaine de patients y passent souvent la nuit dans des conditions indignes. Plus de la moitié d’entre eux nécessitent une hospitalisation dans un service adapté à leur pathologie. Mais en raison de la fermeture de nombreux lits d’hospitalisation dans les services, en soins de suite et réadaptation (SSR) ou en Ehpad, ils sont contraints de stationner parfois jusqu’à quatre jours aux urgences.

Seuls ceux ayant besoin d’oxygène ou d’isolement pour raison infectieuse ou troubles psychiques disposent d’un box. Les autres se retrouvent dans les couloirs, des réserves, des bureaux, des salles d’attente. Il est impossible de dormir dans les couloirs, des toilettes peuvent y être effectuées au mépris de la dignité des personnes. Dans des salles emplies de brancards, des examens ont dû être réalisés de nuit, à la lumière d’un téléphone portable pour ne pas réveiller les autres occupants.

Le risque d’erreur augmente avec la dégradation des conditions de travail. La charge de travail, la pression psychique de tout le personnel devient insupportable et les départs s’accumulent. Les arrêts de travail se multiplient. Les soignants sont rappelés sur leur repos pour remplacer des collègues en arrêt. Le travail en sous-effectif est la norme. Chaque jour, il manque un à deux médecins SMUR, ce qui rallonge les délais d’intervention. Il manque aussi en permanence un à deux médecins et autant de soignants aux Urgences de Quimper.

Cette situation est aussi la conséquence et le révélateur de la dégradation générale du système de santé. En amont, les médecins généralistes et les professionnels de santé ne sont plus assez nombreux sur le territoire et les patients n’ont souvent d’autre alternative que d’aller aux urgences pour bénéficier d’une consultation médicale. Et en aval, les services d’hospitalisation et d’accueil sont saturés en raison de la pénurie de lits et de personnel. Cela oblige les Urgences à dispenser des soins aux personnes en attente d’une admission. Les responsables du gouvernement et l’Agence régionale de Santé ne peuvent mettre en avant une situation exceptionnelle et passagère comme lors de l’épidémie de Covid. C’est au contraire la recherche permanente d’économies et de rentabilité aux dépens de la santé qui est responsable de ce chaos grandissant.

Une lettre ouverte a été signée par la quasi-totalité de l’équipe du service des Urgences/SMUR de Quimper et Concarneau, dénonçant cette situation, et des reportages ont mis cette affaire sur la place publique.

À Brest et à Morlaix, les Urgences sont aussi mobilisées pour les mêmes raisons. En cas de grève, la direction réquisitionne systématiquement le personnel. Mais elle ne peut empêcher la colère de s’exprimer. Par sa lutte, le personnel des hôpitaux défend non seulement ses conditions de travail mais le droit aux soins et à la dignité pour tous.

Correspondant LO 06 Décembre 2023

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